Fiction: Visions d'un Dieu Endormi

Pour Tenten, une mission banale au Pays du Vent va prendre des proportions épiques qui vont la plonger, elle et l'équipe chargée de la retrouver, au cœur d'une machination qui pourrait bien menacer le monde entier. Car les fidèles du Dieu à la Main Sanglante, Jashin, ont décidé de réveiller le Dieu Endormi…
Classé: -16I | Action/Aventure / Horreur / Spirituel | Mots: 125927 | Comments: 38 | Favs: 34
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Kris'ter (Masculin), le 30/10/2009
Voici venuuu le teeemps des rires et des chaaants…

Ah, on me signale que ce n'est pas tout à fait ça la B.O. de ce chapitre. Mais ou en étions-nous au fait ?

Tenten avait disparu lors d'une mission menée conjointement avec des ninjas de Kiri. Après une brillante victoire de la kunoichi, l'unique survivante du groupe du Village Caché de la Brume avait sans aucun remord attaqué Tenten pour s'approprier pour elle seule tous les mérites de l'affaire.
Malheureusement pour elle (et heureusement pour Tenten), un mystérieux ange-gardien nommée Jisha élimina la kunoichi de Kiri et recueillit Tenten pour la soigner.
C'est pendant sa convalescence qu'elle dut accompagner des soldats de Commoragh, et bien que ceux-ci ne survécurent pas à la petite ballade, Tenten se retrouva obligée par la force des choses (et d'une tempête de sable) de faire halte dans la Cité du Meurtre…

C'est son petit séjour que nous allons suivre dans ce chapitre, sans oublier que, pendant ce temps, dans l'ombre, quelqu'un observe et complote ';..;'




Chapitre 8: la Cité du Meurtre



Au milieu de la nuit, dans la pénombre de la chambre inconfortable d’une taverne sordide nommée la Sauge Crochue, deux hommes fouillaient les affaires de la locataire, après s’être assurés que celle-ci n’en aurait plus jamais besoin grâce à deux kunais plantés dans la forme allongée dans le lit.

“Alors, ça vient ?” Chuchota le premier, désireux de ne pas rester ici plus longtemps que nécessaire.

“Doucement.” Répondit le second, “rien n’est jamais facile…”

“Si, mourir.” Fit une troisième voix, féminine.

Les deux voleurs se figèrent, tous les sens en alerte.

Ils se retournèrent quand une forme jaillit subitement de dessous le lit pour leur bondir dessus. La tête du premier voleur tomba de son cou comme si elle n’y avait jamais été attachée, le deuxième poussa un étrange couinement lorsque Tenten lui enfonça son ninjato dans le ventre, perforant ses entrailles et sectionnant sa colonne vertébrale.

Le troisième voleur, qui faisait le guet à la porte, faillit vomir lorsqu’il vit la lame de métal qui sortait du dos de son complice. Il commença à reculer en pointant son tanto vers Tenten, cherchant une échappatoire, mais elle se rua sur lui, sectionna son arme d’un moulinet de son ninjato et lui enfonça sa lame dans la poitrine. Le voleur poussa un cri strident, avant de se taire en crachant du sang.

Alerté par le bruit, Chegga, le propriétaire, et ses fils, deux brutes répondant au nom de Zhola et Gorgan, arrivèrent rapidement pour connaître les raisons de ce vacarme. Ils trouvèrent la kunoichi debout au milieu du couloir, un ninjato dans chaque main et trois cadavres sur le sol.

“On peut savoir ce qui s’est passé ici ?” Demanda Chegga d’un ton suspicieux.

“Ils ont glissé dans les escaliers.” Répondit Tenten. Elle se rappelait avoir vu ça dans un film, c’était le genre de fausse excuse qu’on donnait quand on s’était battu et qu’on ne voulait pas en parler.

“Mouais… Admettons…” Convint le propriétaire en fronçant les sourcils.

Chegga fit un geste de la main et ses deux fils traînèrent les corps des trois malandrins. Il regarda la kunoichi rengainer ses armes et retourner dans la chambre pour s’asseoir sur le lit.

“C’est le dixième cadavre que je dois dégager depuis que t’es ici, faudrait penser à t’calmer un petit peu.” Lui conseilla sombrement le propriétaire, “si tu veux faire carrière comme prêtresse de Jashin, c’est pas ici qu’il fallait venir dormir.”

Tenten hocha la tête pour signifier qu’elle avait compris et Chegga referma la porte.

La kunoichi soupira. C’était vrai, ces trois idiots étaient ses huitième, neuvième et dixième victimes depuis qu’elle était arrivée à la taverne. Elle en avait tué quatre au court d’une rixe lors de son arrivée dans l’auberge - mais ils l’avaient bien cherché aussi - trois autres avaient mordu la poussière le lendemain quand des ivrognes l’avaient prise à partie. Et c’était sans compter ceux qui l’avaient attaquée en pleine rue. Bon, elle aurait certainement pu éviter de se battre, mais personne n’avait rien trouvé à y redire car les lois de Commoragh étaient ainsi faites, tous les comportements, même les plus extrêmes, y étaient admis.

De toute façon, laisser sa conscience la travailler était futile ici. Pour survivre dans cette ville cauchemardesque, Tenten devait être prête à devenir l’innommable.

Elle retira les deux kunais que les voleurs avait plantés dans la couverture roulée en boule qu’elle avait mise sous le drap et retourna se coucher sous le lit. Ce n’était certes pas très confortable, mais ça lui avait sauvé la vie. Elle avait rapidement compris que la Sauge Crochue était un bouge qui jouissait d’une réputation détestable, même selon les critères peu élevés des faubourgs turbulents de Commoragh. Quand aux gardes de la cité, ils n’y mettaient jamais les pieds, moyennant une substantielle contribution versée chaque semaine au centurion du secteur, quoi qu’il advienne, ils ne patrouillaient jamais dans les parages. L’ordre qui y tenait lieu de loi était assuré par le propriétaire et ses deux fils, aux méthodes aussi expéditives qu’irréversibles.

La kunoichi s’installa du mieux qu’elle le put et essaya de se rendormir, mais ce n’était pas évident car son esprit était bombardé d’images violentes et sanglantes dès qu’elle fermait les yeux. Rêve ? Ou réminiscence ? Elle l’ignorait. Cauchemar et réalité se confondaient, à Commoragh…



Quatre heures plus tard, Tenten fut réveillée par un petit bruit et plaça d’instinct ses mains sur ses armes, mais il ne s’agissait que de deux rats, attirés par le sang sur le planché. Deux kunai bien placés accrochèrent les rongeurs à la plainte du mur.

La kunoichi s’extirpa de dessous le lit et s’étira. Elle avait des courbatures de partout et elle nota rapidement qu’une partie du sang des deux voleurs de cette nuit avait coulé vers elle pendant qu’elle dormait, ses habits en étaient maculés. D’ailleurs, ça faisait une semaine-et-demi qu’elle portait les mêmes vêtements et les mêmes sous-vêtements, ce qui lui donnait l’impression d’avoir dormi avec une hyène, il fallait qu’elle prenne un bain !

Le chant d’un coq vint saluer la présence du jour et Tenten rassembla ses affaires. Son sac et ses parchemins étaient remplis d’armes qu’elle avait récupérées sur les corps de ceux qu’elle avait tués, sans oublier la canne de Yoake. Jisha avait en effet eu, entre autre, la bonne idée de ramasser les deux ninjato et leur fourreau, et Tenten avait eu tout le temps de s’entraîner à leur maniement durant sa convalescence, et à comprendre le fonctionnement de leur capacité spéciale.

Une fois dégainées, les lames aspiraient le chakra de celui qui les utilisait afin d’alimenter leur tranchant acéré. Elles étaient en effet capables de découper l’acier, la pierre, le bois, la chair, le cartilage et l’os avec une égale facilité, mais de façon différente de ceux qui infusaient leur chakra dans leurs lames, comme Asuma-sensei.

La kunoichi était arrivée à la conclusion que ces lames brisaient les liens de la matière au niveau submoléculaire, avec pour résultats la désintégration des composants et leur dissipation sous forme vaporeuse. Cette interaction entre l’arme et la structure moléculaire de leurs victimes était assez fascinante, horrible à regarder, mais fascinante tout de même.

Après un petit-déjeuner frugal, elle déboucha dans la rue et fut comme à chaque fois agressée par l’odeur de mort qui baignait le village. Elle allait finir par ne plus s’en rendre compte, mais à chaque fois ça la frappait comme un coup au visage.

Arrivant sur une sorte de place du marché, elle se rendit compte qu’elle ignorait où trouver des thermes. Elle demanda son chemin à un marchand ambulant qui lui répondit en grommelant de prendre la rue Mih-Nan en désignant une venelle qui partait du côté ouest de la place. Tenten avait déjà pu constater que les habitants de la forteresse n’avaient rien à envier aux charmes du climat de la région : ils étaient aussi secs et inhospitaliers que ce dernier. Elle s’enfonça dans cette voie étroite flanquée d’échoppes d’herboristes et de parfumeurs qui la baignaient de leurs effluves mêlés.

À l’extrémité, la ruelle tournait abruptement sur la droite pour déboucher sur une artère plus large et Tenten se surprit à sourire sous le masque de poussière que son périple lui avait laissé sur le visage en apercevant le portail des bains publics.

Enjouée à l’idée de se laver enfin, elle accéléra le pas quand soudain, une dizaine de type à l’air mauvais émergèrent d’une ruelle adjacente, cherchant visiblement les ennuis. Tenten réalisa qu’elle avait commis une erreur à ne pas faire à Commoragh : ne pas avoir l’air sur ses gardes.

Sur un ordre de leur chef, les bandits se scindèrent en deux groupes, la moitié d’entre eux chargea tandis que les autres firent halte en attendant l’issue du combat et couvrir leurs compagnons au cas où des sauveurs gênants voudraient se joindre à la fête. Ces voleurs semblaient être habitués à procéder de la sorte lorsqu’ils s’attaquaient à des promeneurs solitaires, mais ces êtres crapuleux ignoraient sur qui ils étaient tombés cette fois et Tenten sourit à l’avance de la petite surprise qu’elle leur réservait, aux voleurs, et à la foule de badauds qui s’étaient regroupée pour assister à la scène avec délectation.

Sans attendre que les bandits lui tombent dessus, la kunoichi dégaina les Lames Jumelles d’Oomizu et chargea. Surpris, les deux voleurs qui devançaient le gros de la bande marquèrent un temps d’hésitation avant de frapper. Pas Tenten. Elle se jeta entre les deux hommes en faisant tournoyer ses armes d’un geste fulgurant. Les têtes des deux bandits allèrent rebondir dans les bas-côtés tandis que leur corps sanglants restèrent un instant debout avant de s’effondrer.

Frappé de stupeur, le chef des bandits rappela ses hommes. Ils se déployèrent en ligne devant Tenten dans un concert d’injures et d’imprécations alors que la rue retentissait des cris et des vivats à la perspective du combat spectaculaire qui s’annonçait. Le chef voulut exhorter ses hommes à poursuivre l’attaque, mais il fut gêné par la présence soudaine d’un kunai dans son œil gauche et il s’écroula dans un gargouillis.

Ces tueurs sans fois ni lois ne marquèrent qu’un bref temps d’arrêt devant la mort de leur chef, puis, sur un cri de vengeance, ils revinrent à la charge, avide de faire payer à la kunoichi la mort de leurs compères. Tout se passa alors très vite.

Tenten se rua sur les bandits, en abattant deux d’un seul coup. Avant même qu’ils ne touchent terre, elle pourfendit le torse du troisième et neutralisa le quatrième d’un crochet latéral qui sépara presque la tête de son corps. La lame du cinquième bandit lui frôla le visage en sifflant. Sans lui laisser une seconde chance, Tenten pivota et frappa comme la foudre, lui transperçant le cœur d’un coup net.

La kunoichi avait mené ce combat avec une telle adresse et une telle rapidité… C’en était trop pour les quatre voleurs survivants qui lâchèrent leurs armes et s’enfuirent en courant par là où ils étaient arrivés sans demander leur reste. Mais aucun homme ne cours plus vite qu’un kunai et les voleurs s’écroulèrent tous dans la ruelle.

La foule laissa exploser sa joie à l’issue du combat, les parieurs récupérèrent leurs gains, puis les villageois reprirent leurs activités habituelles. Ce genre de bagarres de rue étaient visiblement monnaie courante ici. Tenten fouilla les cadavres des voleurs, récupérant leurs bourses et leurs armes, même si la plupart étaient de piètre qualité. Le pillage de corps était aussi un bon moyen de récupérer de quoi vivre, à Commoragh.

Une fois sa triste besogne accomplie, la kunoichi se dirigea vers le grand bâtiment en briques rouges, elle passa le portail et pénétra dans un grand vestibule en marbre rose et blanc. Un homme âgé vêtu d’une longue robe blanche était assis près d’une porte au fond de la pièce, en train de lire un parchemin qu’il tenait tout près de ses yeux. Il n’avait pas vu la kunoichi entrer dans les bains mais détecta pourtant rapidement sa présence :

“Par tous les Dieux !” Dit-il en se pinçant le nez, “vous sentez encore plus mauvais qu’un bouc !”

Le vieil homme tendit une serviette à Tenten et lui désigna une porte en lui conseillant de se baigner toute habillée, car ses vêtements aussi avaient besoin d’un bon nettoyage. Elle acquiesça, et décida de ne pas relever la comparaison, tandis que le vieil homme reprenait sa lecture en plissant ses yeux myopes.

Derrière la porte se trouvait une grande entrée donnant accès à plusieurs salons ouverts qui comportaient chacun un bassin encastré dans le sol, alimenté en permanence par un courant d’eau parfumée.

Suivant les conseils du gardien des thermes, Tenten déposa son sac au sol et se plongea, toute habillée, dans l’eau fraîche. Ses muscles commencèrent à se détendre et, bientôt, elle ne sentit plus les contusions qui recouvraient son corps. Elle détacha ses cheveux, ferma les yeux et se bascula en arrière pour mettre la tête sous l’eau, de sorte à ce que seul son nez dépasse, et pour la première fois depuis deux jours, elle put enfin se relaxer.

Dans son cocon liquide, elle laissa son esprit gambader. Lorsque les ninjas de Kiri s’étaient précipités sur Yoake, la mission aurait dû être considérée comme terminée, et Tenten aurait logiquement dû rentrer au plus vite à Konoha. Mais elle avait tué Yoake elle-même, avait failli finir empoisonnée, et se retrouvait sous couverture dans un Village Caché ennemi, sans compter le symbole sur son bandeau frontal qu’elle avait dû rayer pour passer pour une Nukenin… Si on faisait le compte, elle avait dû enfreindre au moins une demi-douzaine de règles ninjas depuis qu’elle avait pris le bateau avec l’équipe de Kiri.

Mais son petit séjour ici n’avait pas été inutile. Elle avait en effet pu apprendre qu’une guerre se préparait, le Roi Hakkyou allait lancer ses armées sur le monde, et la kunoichi avait passé suffisamment de temps à Commoragh pour savoir que ça n’était pas une bonne chose du tout. Néanmoins, le maître de la cité pouvait être arrêté, et son sombre labeur naissant tué dans l’œuf, elle avait une chance unique d’empêcher un désastre de survenir, une chance qu’elle ne devait ni ne pouvait laisser passer.

Cependant, ça n’en prenait pas vraiment le chemin. Elle avait réussi à apprendre deux ou trois trucs à propos de sa cible, l’approcher était d’ailleurs relativement aisé, mais son bouclier invulnérable posait problème. L’empoisonnement aurait pu être une solution mais Tenten ne connaissait pratiquement rien dans ce domaine. Il fallait qu’elle réussisse à pénétrer son champ de force, d’une façon ou d’une autre, et rapidement. Le temps jouait contre elle… Et Lee lui manquait terriblement.

En pensant au Fauve de Jade, sa main droite se dirigea, presque inconsciemment, vers son entrejambe. Délicatement, ses doigts se glissaient dans ses vagues de peau, en petits cercles concentriques tout d’abord. La chaleur montait, ses caresses provoquaient de puissantes sensations qui remontaient le long de son corps, des vibrations qui envahissaient rapidement tout son être et troublaient son esprit…



Après avoir longuement trempée dans l’eau parfumée, s’être offerte un petit plaisir solitaire avant de se nettoyer vigoureusement, Tenten sortit du bain et pénétra dans une pièce où régnait une chaleur torride grâce à un puissant courant d’air chaud qui sécha ses cheveux et ses vêtements en quelques minutes.

En sortant de l’antichambre, alors qu’elle nouait ses cheveux pour refaire ses deux chignons (ce qui n’était pas évident sans peigne), elle se retrouva dans une autre salle, remplie de monde, où les conversations allaient bon train. Les bain publics faisaient la fierté des habitants de Commoragh et l’envie des autres cités du désert où l’eau était rare et utilisée avec parcimonie. Ils en avaient fait une sorte de forum où l’on se rassemblait pour discuter entre amis. D’après ce que Tenten pouvait saisir des propos échangés, la guerre qui se préparait était le principal sujet des conversations… Et l’on en pensait beaucoup de bien !

La kunoichi se fraya un chemin dans la foule, faisant «malencontreusement» tomber dans ses poches les bourses de trois marchands, et se dirigea vers la principale porte de sortie. Mais à peine fut-elle dehors que les portes des thermes se refermèrent violemment derrière elle. Un vent de panique souffla sur la rue lorsque le son atonal d’un cor d’alarme retentit.

Émergeant d’une poterne, une unité de gardes de la cité armés de lances et de filets plombés se fraya brutalement un chemin vers Tenten, à travers la cohue affolée des passants qui empêchait la kunoichi de battre en retraite. Arrivé à quelques mètres d’elle, l’énorme sergent borgne et barbu qui conduisait les gardes lui ordonna de jeter ses armes et de se rendre.

“Et plus vite que ça, chienne !” Gronda-t-il d’une voix très persuasive, “ou je t’arrache le foie et je le donne en pâture au corbeaux !”

Mais Tenten n’était pas du genre à se rendre sans combattre, d’un geste foudroyant, elle dégaina et faucha le garde le plus proche. Les autres soudards se figèrent sur place, éberlués, fixant tour à tour le corps sanglant de leur camarade et le visage impavide de la kunoichi. Mais les beuglements furieux de leur sergent eurent tôt fait de les ramener à la réalité et, visiblement plus effrayés par ses menaces que par les talents de combattante de Tenten, ils passèrent à l’attaque.

Ils essayèrent de la harponner avec leurs lances ou de l’empêtrer avec leurs filets, mais la kunoichi était aussi souple et insaisissable qu’une anguille, frappant de droite et de gauche avec une adresse étourdissante. Néanmoins, à peine avait-elle occis un garde que trois autres prenaient sa place… et un autre groupe de soldats arrivait. Ils avaient clairement l’intention de la noyer sous le poids du nombre.

• C’est ce que nous allons voir ! • Pensa Tenten.

Elle saisit deux de ses rouleaux de parchemin qu’elle déroula en même temps qu’elle bondissait en tournant sur elle même au dessus de la masse des gardes. Elle s’autorisa un sourire quand elle activa sa plus puissante technique.

Du sang et des morceaux de pavé giclèrent en tous sens alors que des milliers de projectiles acérés inondaient la zone, déchiquetant indifféremment armures et chairs et continuant de cribler les corps des soldats bien après leur mort. Lorsque Tenten toucha le sol, la rue s’était transformée en charnier, et les rares survivants regardaient la kunoichi avec une crainte mêlée d’horreur.

Tenten fit un mouvement de main pour rembobiner les parchemins et les rangea dans sa sacoche. Elle ne pouvait s’attarder ici plus longtemps, d’autres gardes allaient bientôt arriver. Elle ignorait pourquoi, mais «on» avait apparemment décidé qu’elle n’était plus la bienvenue ici.

La kunoichi prit la fuite en direction des toits. Elle devait réussir à atteindre les remparts de la cité, de là, elle pourrait disparaître dans les canyons et peut-être réussir à rejoindre Suna. Mais lui en laisserait-on la possibilité ?

Alors qu’elle atterrissait sur un toit, Tenten sentit une odeur d’ozone, accompagnée d’un parfum étrange. Soudain, elle se retrouva entourée de gardes qui étaient apparus, comme surgis du néant. Ils portaient tous une massive armure de plates complètes couleurs de cendre et trempée dans le sang des innocents. Sous leur casque cornu, des flammes de chakra brillaient à la place de leurs yeux, derrière le masque inhumain qui leur recouvrait le visage. Peut-être était-ce une illusion, mais leurs masques paraissaient chuchoter, grimacer et hurler, s’étirant de façon impossible pour du métal.

La kunoichi sentit ses poils se hérisser lorsqu’elle réalisa que ce n’était pas de simples soldats qu’elle avait en face d’elle, mais les troupes d’élite de Commoragh : la Garde Noire. Dans un synchronisme parfait, ils pointèrent tous ensemble leur naginata1 à la lame dégoulinante de poison en direction de Tenten.

Rapide comme l’éclair, la kunoichi se saisit de kunai, mais les guerriers ne réagirent pas en la voyant faire, et elle comprit vite pourquoi : leurs épaisses armures ne présentaient pas le moindre défaut. Elle les lança tout de même, espérant qu’ils toucheraient un point faible, mais ils rebondirent sur le métal qui émit un bruit creux.

Les Gardes Noirs passèrent simultanément à l’attaque dans un silence complet, très perturbant, avec une agilité inconcevable. Ils bougeaient aussi rapidement que Tenten alors que leur armure devait bien peser dans les quatre-vingt dix kilos ! Un coup bien placé outrepassa le gorgerin d’un des Gardes Noir et le décapita. Un flot de chakra jaillit de l’armure, totalement vide. Pire encore, le guerrier ramassa tranquillement sa tête et la remit en place avant de repartir à l’attaque !

Cela ôta à Tenten toute envie de poursuivre l’affrontement. Elle voulut tourner les talons pour fuir, mais ses adversaires ne lui en laissèrent pas le temps. Elle esquiva un coup de naginata qui lui fit malgré tout une entaille au bras.

Sur le moment, elle ne s’en inquiéta pas. Pourtant, la plaie commençait à la démanger. Une poignée de secondes plus tard, elle se sentit envahie par une immense fatigue, ses membres semblaient peser des tonnes. Les Gardes Noirs s’approchaient de plus en plus d’elle, et elle bascula en arrière.

Au début, elle ne vit que le bleu du ciel, puis son corps se retourna et elle vit les pavés de la rue, trente mètres plus bas, se précipiter vers elle à une vitesse terrifiante. Tous les muscles bandés dans l’attente du choc, un nœud de terreur lui tordant les entrailles, elle passa comme un boulet de canon à travers le toit en chaume d’une écurie et s’écrasa sur le sol dans un déluge de paille et de solives brisés.

Elle tenta de se relever, malgré le poison et la douleur atroce, mais elle fut rapidement maîtrisée par une horde de gardes qui lui lièrent les mains dans le dos et la débarrassèrent de toutes ses armes et autres possessions. Quelques instants plus tard, une prêtresse de Jashin arriva à bord d’un chariot bâché et flanqué d’un officier de haut rang.

“Tu nous auras donné bien du mal Tenten, mais nous te tenons enfin !” Jubila-t-elle, puis elle se tourna vers l’officier en pointant du doigt les rouleaux de parchemin, “apportez tout ça au Temple de Jashin, centurion, je me charge de conduire notre invitée à ses nouveaux appartements.”

La prêtresse fit un signe aux soldats qui soulevèrent Tenten comme un vulgaire paquet et la jetèrent sans ménagement à l’arrière du chariot. Au terme d’une course rapide et chaotique, le fourgon s’engouffra sous une monumentale arche de pierre et dévala une rampe de pierre pour s’immobiliser en grinçant dans la cours souterraine d’une sinistre prison.

De nouveaux gardes extirpèrent sans douceur la kunoichi du chariot et, en guise de bienvenue, lui offrirent une copieuse ration de coups de botte et de gourdin. Puis ils la traînèrent, à demi-inconsciente, le long d’un dédale de couloirs sombres avant de la balancer au fond d’une cellule crasseuse…



Dans la salle du trône étaient réunis ce que les habitants de Commoragh appelaient pudiquement “les trois piliers” : le Roi Hakkyou, qui représentait le pouvoir Législatif et (surtout) Exécutif ; la commandante Caduceia, qui était le Bras Armé de Commoragh et, par extension, du Roi Hakkyou en personne ; et le Grand Prêtre de Jashin, qui incarnait la volonté du Dieu tutélaire de la cité.

Chacun avaient ses propres attributions et dictaient des règles et des lois qu’ils imposaient à ceux qui dépendaient d’eux, sans toutefois éprouver aucune honte à ne pas les respecter eux-mêmes. La seule règle, tacite mais rarement violée, était de ne jamais interférer dans les affaires des deux autres, sauf cas exceptionnels, comme lors de la bataille des Pierres de Sang, lorsque les troupes de Commoragh, sous le commandement de Caduceia et du Grand Prêtre de Jashin, rasèrent le Village Caché de la Roche jusqu’à ses fondations.

Si les trois piliers s’étaient réunis aujourd’hui, c’est parce que l’un d’entre eux avait transgressé cette règle. Les membres de la Garde Noire étaient sous l’autorité exclusive de Caduceia, et une des prêtresses s’en était servie pour arrêter une Nukenin de Konoha.

Le Grand Prêtre tenta de se justifier en arguant que cette kunoichi avait osé proférer des paroles à l’encontre du culte de Jashin, ce qui méritait son arrestation musclée.

“Cela n’excuse en rien l’utilisation de la Garde Noire.” L’arrêta le Roi Hakkyou d’un ton aussi grinçant que le raclement d’un clou sur de la pierre. “Tu as les Exécuteurs de Jashin pour régler ce genre de… problèmes.”

“Sssans oublier la trentaine de soldats qui sssont mort dans l’opération.” Rajouta Caduceia.

“En plus oui.”

“J’ignore ce qui à bien pu passer par la tête de ma prêtresse.” S’empressa de rectifier le grand Prêtre, manifestement impatient d’aller remplir son devoir autre part, “je ferais le nécessaire pour tirer cette affaire au clair.”

Sur ces mots, il salua brièvement le couple devant lui et s’éloigna. Alors qu’il allait atteindre la porte, le Roi Hakkyou l’interpella :

“Prends garde Moyashi, tu te crois intouchable, mais tu ne l’es pas !”

Le Grand Prêtre de Jashin grimaça sous sa capuche. Personne n’osait l’appeler par son prénom2, à moins que ce quelqu’un ne se réjouisse à l’idée d’être écorché vif avant de finir sur l’autel sacrificiel. Il grogna, et sortit de la salle du trône sans rajouter un mot.

Lorsque les portes se refermèrent, le Roi Hakkyou secoua la tête. Ses mains formèrent un «V» retourné devant son visage, et il tapota ses doigts les uns contre les autres. À ses coté, Caduceia se tenait prête à exécuter le moindre de ses ordres. Elle n’avait jamais su ce qui, au juste, motivait sa fascination pour le maître de Commoragh, mais elle lui vouait un amour aussi aveugle qu’inconditionnel. Elle lui appartenait. Elle était l’instrument de sa perfidie.

“Trop de secrets enfouis.” Siffla le Roi Hakkyou.

“Monssseigneur ?”

“Je suis entouré de mensonge, je sens un piège…”

“Un complot contre vous, maître ?”

“Peut-être.”

“Dois-je vous lire les rapports des Tourmenteurs qui ont interrogé les devins ?”

“Inutile.” Il ferma les yeux et pensa à voix haute, “Moyashi prépare quelque chose, j’en suis persuadé. Il peut se faire passer pour un fou, mais il très intelligent et extrêmement rusé. Un peu trop rusé même…”

“Puis-je vous sssuggérer de le faire éliminer ?”

Le ton de Caduceia était parfaitement neutre, pourtant évoquer d’éliminer l’un des trois piliers de la cité était une hérésie de la pire espèce, même au sein d’une cité dédiée au meurtre comme Commoragh.

“Sa mort n’est pas souhaitable.” Répondit le Roi Hakkyou, “pas pour le moment en tout cas. Les membres du culte pourraient croire que je cherche la vengeance là où il n’y aurait que justice. Il va nous falloir des preuves.”

Il ouvrit les yeux et, se tournant vers Caduceia, dit d’une voix glaciale :

“Fabrique-en si nécessaire.”



Le Grand Prêtre avait surgi comme un diable dans la sacristie, le regard sombre. Autour de lui, ses servantes s’égaillèrent pour se précipiter dans leurs alcôves. Elles étaient habituées aux sautes d’humeur de leur maître. Elles savaient que l’une d’entre elles mourrait aujourd’hui dans de terribles souffrances, il en était ainsi à chaque fois que la colère s’emparait du Grand Prêtre.

Akane, la prêtresse responsable de l’arrestation de Tenten se tenait au centre de la pièce. Il la frappa sur la joue. Une gifle conçue pour faire mal, les phalanges saillantes. Elle vacilla, s’excusa du bout des lèvres. Il la frappa à nouveau.

À cause d’elle, il avait eu à subir ce pénible entretient avec le Roi Hakkyou et sa garce à demi-démon. Qu’est-ce qui avait bien pu passer par la tête d’Akane ? N’aurait-elle pas pu utiliser les Exécuteurs de Jashin pour faire ça ? Vu l’état dans lequel Tenten se trouvait maintenant, le résultat aurait été le même. Et pire que tout, le maître de Commoragh était maintenant aux aguets, le doute allait aiguiser sa paranoïa. Tout pouvait encore s’écrouler, le temps jouait contre lui.

L’aura sanglante qui enveloppait le Grand Prêtre grandit jusqu’à emplir la pièce, puis l’étage, puis tout le bâtiment. Cette vague de Haine pure laissa tous les êtres vivants aux alentours pétrifiés par la peur. La prêtresse recula jusqu’aux murs de la sacristie et se recroquevilla sur elle-même, les tempes broyées, les jambes agitées de spasmes nerveux, elle finit par s’écrouler sur le sol.

Elle ne sentait plus ses membres, sa vie se résumait à la douleur insoutenable qui inondait son corps, comme si des lames chauffées à blanc la traversaient de part en part. Elle hurla de détresse lorsqu’elle eut l’impression que des serres plus chaudes que le feu de l’enfer et plus froides que le vide sidéral la démembraient, séparant sa chair de ses os et la déchirant jusqu’aux tréfonds de son âme.

La frustration du Grand Prêtre manqua de la tuer, mais il s’arrêta à temps. Les prêtresses lui étaient nécessaires pour les besoins du rituel. Akane se redressa lentement, les mains tremblantes. Elle s’adossa contre le mur et essuya le sang qui coulait de son nez. Il l’attrapa par les cheveux et la traîna hors de la sacristie en rugissant avec la voix de son Dieu courroucé :

“Je n’ai pas l’intention de laisser ton incompétence ralentir le réveil de Jashin ! Hors de ma vue !!!”



[1] Arme à lame courbe, très proche du fauchard occidental, dont la hampe pouvait atteindre jusqu'à deux mètres en longueur, utilisée autrefois sur les champs de bataille pour couper les jarrets des chevaux.

[2] Moyashi veut dire Pousse de Soja, ce qui fait un peu ridicule pour le chef d’une religion dédiée au meurtre et à la souffrance.



Voilà un chapitre bien sanguinaire et plein de chairs découpées en tranches de jambon. Mais c'était indispensable pour rendre une atmosphère sombre à souhait. Clairement, Commoragh n'est pas un village de Bisounours :)

Certains vont, bien évidement, trouver une certaine ressemblance entre les Gardes Noirs et Sasori des Sables Rouges, et je répondrai que c'est bien observé, mais j'expliquerai tout ça le moment venu ^^

Nous laissons aussi Tenten dans les ennuis jusqu'au cou, arrivera-t-elle à s'en sortir ?
Il faudra attendre un peu pour le savoir.




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