Fiction: Visions d'un Dieu Endormi

Pour Tenten, une mission banale au Pays du Vent va prendre des proportions épiques qui vont la plonger, elle et l'équipe chargée de la retrouver, au cœur d'une machination qui pourrait bien menacer le monde entier. Car les fidèles du Dieu à la Main Sanglante, Jashin, ont décidé de réveiller le Dieu Endormi…
Classé: -16I | Action/Aventure / Horreur / Spirituel | Mots: 125927 | Comments: 38 | Favs: 34
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Kris'ter (Masculin), le 04/10/2009
Ok. Alors au départ ce chapitre devait nous permettre de suivre le voyage des ninjas à travers le désert, mais je me suis rapidement rendu compte que c'était à peu près aussi passionnant qu'observer l'évolution d'une bactérie au microscope -_-

Alors j'ai changé, pour mettre un peu moins de "un kilomètre à pied, ça useuh, ça useuh" et un peu plus de Path du groupe Apocalyptica ^^

Bref ! Ça va déménager ! >_<




Chapitre 6: le Tyran du Désert



Les vingt-huit cavaliers cheminaient dans le désert tandis qu’au loin, les premières lueurs du jour liseraient d’or les dunes sombres. Leurs chameaux avançant avec prudence sur le sol glissant, mais en dépit de cette avance précautionneuse et du troupeau d’une quarantaine de moutons qu’ils escortaient, Gedrik savait qu’ils progressaient à un bon rythme. Il se retourna sur sa selle, pour s’assurer que le troupeau restait bien groupé. Gedrik était grand, svelte et élancé, enveloppé dans une longue cape usée par les tempêtes de sable mais toujours bien entretenue, il portait un pantalon beige ainsi que des bottes en tissu de la même couleur et sa tête était coiffée d’un turban blanc. Le plaid couleur sable si commun au Pays du Vent était négligemment fixé à son torse, ses extrémités déchirées recouvrant la poignée tissée de son épée. Il portait également une dague dissimulée dans sa botte gauche. Ces deux armes avaient été forgées de ses mains six ans plus tôt, mais elles étaient aussi acérées qu’au premier jour. Mallein, le ninja de Suna, lui avait enseigné leur maniement et il s’était révélé un excellent élève. Pour compléter son arsenal, Gedrik était armé d’une arbalète à verrou rudimentaire, qu’il portait à l’épaule.

Il savait qu’il serait bientôt à la maison. Il lui tardait de se blottir dans sa couche moelleuse et d’étreindre son épouse, Maeren. Cette dernière semaine passée dans les montagnes pour rassembler les bêtes qu’ils allaient tuer avait été particulièrement éprouvante, comme si le vent et le sable avaient conspiré pour punir les humains qui avaient osé défier le désert. Mais ils seraient chez eux sous peu et Gedrik pouvait presque sentir le goût du steak que Maeren préparerait lorsque Gohbar aurait commencé à abattre le troupeau.

Il entendit derrière lui un juron réprimé et se retourna pour voir quelle en était la cause. Il sourit avec malice quand il vit son cousin Faergus chevaucher pour le rattraper.

«Chevaucher» était d’ailleurs un terme par trop flatteur pour qualifier le comportement pour le moins erratique de Faergus sur une selle. Avec ses larges épaules et son cou épais, le cousin de Gedrik faisait penser à un ours. Cette ressemblance était accentuée par son visage fatigué et couturé de cicatrices, son épaisse barbe noire et son nez aplati par trop de coups. Le chameau qu’avait pris Faergus était au moins aussi buté que lui, si bien que Gedrik ne pouvait que comprendre l’envie de sa monture de se débarrasser de cet encombrant cavalier, un sentiment qui devait être réciproque. Il ignora l’inconfort de son cousin pour mieux admirer la vue qu’offraient les dunes devant lui alors que les voyageurs approchaient de leur destination.

Le soleil s’était levé depuis à peine une heure lorsqu’ils furent enfin en vue de l’Oasis des Mille et Un Chameaux. Nichés aux abords d’un petit lac naturel, un des trop rares points d’eau du Pays du Vent, Gedrik distinguait déjà les habitants qui vaquaient à leurs occupations sur la place du village entre les maisons aux murs blancs. De la fumée montait paresseusement de la forge tandis que du côté du village le plus proche des cavaliers, à proximité du lac, Gohbar le boucher préparait le corral qui allait accueillir les moutons.

Gedrik éperonna sa monture, son entrain renouvelé à la perspective de revoir Maeren et d’engloutir enfin un repas plus consistant que des galettes de blé et de la viande séchée. Seules les bêtes semblaient avoir du mal à accélérer, mais quelques cris et des coups bien placés de Faergus firent rapidement tout rentrer dans l’ordre.

Gedrik détourna son regard de la scène alors qu’il aperçut quelque chose à la limite de son champ de vision. Il plissa les yeux et leva la main pour abriter son regard de la caresse ardente du soleil du désert. Quelque chose avait bougé derrière une dune de l’autre côté du village, il aurait pu en jurer.

Il sortit instinctivement son arbalète qu’il arma promptement.

“Des ennuis ?” Demanda Faergus.

“Je ne sais pas. Mais je crois que j’ai vu quelque chose.” Expliqua Gedrik en pointant la dune au loin.

Faergus regarda à son tour tout en décrochant l’arbalète placée dans son dos.

“Je ne vois r…” Commença-t-il, au moment même où une centaine de soldats lourdement armés et arborant les couleurs de Commoragh émergeaient de derrière les dunes en direction de l’oasis.

Les pillards fonçaient à vive allure vers le village, hurlant des cris de guerre sauvages et hargneux. Les premiers carreaux s’envolèrent du groupe d’arbalétriers resté en arrière, arrosant le village d’une pluie de mort et d’acier.

“Par tout ce qui est Saint !” Siffla Gedrik en éperonnant sa monture, délaissant complètement le troupeau pour partir au galop. Sans regarder en arrière, il savait que ses hommes le talonnaient.

La grêle de tir s’intensifia, des hurlements résonnèrent dans le village et une terreur sans nom s’empara du groupe alors qu’ils imaginaient déjà ces effroyables pillards dans leur maison. Sans tenir compte des risques que comportait une telle cavalcade, ils forcèrent leurs montures à accélérer sur le sol inégal. Les pillard commençaient déjà leur attaque et se dispersèrent, deux groupes monté sur des chameaux se détachant de chaque flanc pour encercler le hameau, tandis que le reste fonçait vers la place centrale.

Leurs intentions étaient claires : nul ne devait s’échapper…



Quelques minutes plus tôt, sur la place du village.

“Et moi, je vous dit qu’il est hors de question que nous vous payons une somme pareil !” Tonna Temari, d’un air excédé.

Cela faisait quinze bonnes minutes que le groupe de ninjas était aux prises avec Suli. Le marchand avait en effet «omis» de parler des tarifs hier soir, et il leur avait présenté la note avant qu’ils ne partent.

Celle-ci était tout simplement astronomique, avec un montant proprement scandaleux au goût de la blonde du désert. Suli avait en effet tout comptabilisé : la nourriture (qu’il avait pourtant présentée comme un buffet «à volonté»), la chambre (qui était à mille lieux du quatre étoiles que son prix laissait croire), et la représentation des saltimbanques (qui n’étaient pourtant pas originaire de l’oasis), il avait même été jusqu’à leur faire payer les conseils qu’il leur avait donnés.

“Écoutez, nous sommes en mission officielle ici !” S’exclama Temari.

Celle-ci se sentait mal à l’aise, bien qu’elle le cache adroitement. C’était elle qui avait amené le groupe ici, et elle aurait dû prévoir le coup de la facture. Elle essayait donc de faire valoir le poids du village de Suna pour infléchir la décision du marchand, ou au moins faire baisser la note, mais celui-ci ne voulait visiblement rien savoir.

C’était de la folie. Ses coéquipiers et elle-même n’avaient pas une telle somme sur eux, et quand bien même ils l’auraient, ils n’allaient tout de même pas se délester de 58 000 ¥ par personne pour une nuit dans la chambre miteuse d’un oasis minable !

“Tout se paye extrêmement cher dans le désert.” Déclama le marchand d’un ton suffisant, “qui plus est, nous sommes étranger à vos histoires, alors payez, ou subissez-en les conséquences.”

En entendant cela, Temari blêmit.

Les conséquences. S'ils ne payaient pas, Suli venait clairement de menacer qu’il irait en référer au Seigneur du Pays du Vent, et les relations entre le Village Caché du Sable et le Daimyo étaient suffisamment tendues pour que ce genre d’incident diplomatique dégénère de façon dramatique. Son frère, Gaara, n’était Kazekage que depuis quelques mois, et s'il disposait d’un certain soutient auprès de la jeune génération, les anciens du village et les puissants du Pays du Vent n’attendaient qu’un simple faux-pas de sa part pour se débarrasser de lui (et de Shukaku par la même occasion).

Suli en était visiblement tout aussi conscient que Temari, et il profitait largement de la situation. Elle se sentait insultée par ce que le marchand était en train de faire, mais aussi forte que soit sa frustration, elle ne pouvait permettre à des étrangers de ruiner les efforts de Gaara pour trouver sa place dans le cœur des gens, de détruire la vie sociale que commençait à avoir son jeune frère avant même qu’elle n’ait commencé.

Shikamaru lâcha un “Galère…”. Il avait remarqué le brusque changement d’attitude de la blonde.

Des villageois munis de fourches et d’outils divers se rapprochèrent pour connaître la raison du vacarme et se rangèrent en ligne derrière le marchand dont le visage s’éclaira d’un sourire satisfait, à présent qu’il avait des témoins.

“Que disiez-vous déjà ? Ah oui, que vous alliez payer la note rubis sur l’ongle, n’est-ce pas ?”

Temari bouillonnait intérieurement, mais elle ne pourrait rien y faire, pour le moment, il fallait qu’elle range sa dignité dans sa poche. Pour le bien de Suna. Pour le bien de Gaara ! Elle allait annoncer sa réédition quand un cri d’alerte retentit soudain, un des villageois arriva en hurlant, terrifié :

“Des pillards ! Des pillards de Commoragh ! Ils arrivent droit sur nous !”

Les villageois paniquèrent et se précipitèrent en hurlant dans leur maison pour tenter de se mettre à l ‘abris.

“Oh non !” S’exclama Suli, devenu blanc comme un linge, “il vont incendier le village, nous réduire en esclavage et pire encore, voler mes marchandises !” Il se tourna vers les ninjas, “par pitié, si vous avez du cœur, vous devez nous sauver !”

“Ah, je regrette, mais je crois que ça va pas être possible.” Déclara subitement Shikamaru.

Les quatre ninjas se tournèrent vers lui, l’air effaré par ce qu’ils venaient d’entendre.

“Mais… Pourquoi ?” Demanda le marchand, plus désespéré que jamais.

“Parce que nous sommes étranger à vos histoires,” répondit nonchalamment le ninja en haussant les épaules, “et en plus, obtenir l’aide de gens comme nous se paye extrêmement cher. Maintenant, si vous voulez qu’on se batte pour vous, il va falloir payer, ou en subir les conséquences.”

Les membres du groupe échangèrent des regards entendus, ils avaient compris, tout comme Suli, où voulais en venir le manipulateur d’ombre. Les premiers carreaux d’arbalètes commençaient à tomber sur le village.

“D’accord-d’accord.” Déclara promptement le marchand, “sauvez mon oasis et j’oublierai la facture.” Puis il s’éloigna en courant pour se mettre à l’abri.

“Bon, et maintenant, on fait quoi, monsieur Pleurnichard ?” Demanda Temari.

Shikamaru fusilla la blonde du regard, puis se tourna vers les troupes de Commoragh, dont deux groupes montés sur des chameaux s’étaient détachés de chaque flanc pour encercler le village, tandis que le reste fonçait vers la place centrale. Ses coéquipiers attendaient de lui qu’il prenne les bonnes décisions. Il aurait voulu que ce rôle ne lui échoie pas, mais les événements semblaient en avoir décidé autrement.

C’était comme jouer au Shogi en n’ayant plus que cinq pièces, face à un adversaire qui avait récupéré les trois quarts de vos jetons. C’était un défi. Cependant, dans des conditions pareilles, aucun plan, aussi brillant fut-il, ne pouvait résister au contact de l’ennemi. Les premiers mouvements devaient être décisifs pour créer des conditions favorables pour la suite. Après… Il faudrait improviser.

Shikamaru se retourna vers ses amis pour leur exposer le plan :

“Ok. Temari, tu vas devoir nous protéger des tirs du régiment d’arbalétrier de la dune là-bas, afin qu’on ait pas besoin de s’inquiéter en plus de ce qui nous arrive par le dessus.”

“Ça marche !” Répondit celle-ci en décrochant son éventail de son dos.

“Lee, ton rôle à toi sera de partir à l’assaut des arbalétriers, une fois que tu les auras neutralisés, Temari pourra se joindre à nous pour combattre les pillards, ses techniques Futon seront un atout majeur face à la multitude des assaillants”

“C’est comme si c’était fait !” Assura le Fauve de Jade.

“Sakura, il va falloir que tu protèges Temari des troupes au sol, puisqu’elle devra se concentrer sur ce qui arrive du ciel. Tu devras aussi nous aider, Neji et moi, à éliminer un maximum de pillards.”

“Bien compris.” Dit la rose en hochant la tête.

“Bon, on va se battre à un contre trente en moyenne, ça ne va pas être une partie de plaisir, alors pas d’imprudence, gardez les yeux ouverts et même si j’aime pas mettre la pression, si l’un de nous foire, ça risque de mal tourner.”

“Trente contre un…” Répéta Neji, “c’est pas vraiment équitable.”

“Surtout pour eux !” Clama Lee en prenant la pose du nice guy.

Sur ces dernières paroles, les cinq ninjas gagnèrent leurs positions, sans grand espoir, mais non sans détermination. La bataille pour l’Oasis des Mille et Un Chameaux venait de commencer…



Temari s’était placée sur le toit de la plus grande des maisons en ouvrant son éventail. Les bourrasques de vent qu’elle générait, chargé de chakra, brisaient et dispersaient les carreaux qui tombaient sur le village. C’était une tâche importante, mais vraiment pas intéressante, Lee avait intérêt de se dépêcher de réduire le groupe des tireurs au silence afin qu’elle puisse se joindre à Shikamaru, Sakura et Neji. Le frisson galvanisant qu’elle avait reconnu comme sa soif de combat s’était allumé en elle et elle espérait bien qu’on lui laisse une chance de l’exprimer…


Lee devait se charger des arbalétriers qui faisaient pleuvoir leurs carreaux sur l’oasis. C’était une tâche importante, et il n’allait pas y aller par quatre chemins : la ligne droite était la meilleure solution. Le fait qu’il fut contraint de se tailler un chemin dans le mur compact d’ennemi qui fonçait sur l’oasis n’était qu’un détail dont l’Enthousiasme Passionné de la Jeunesse n’allait pas s’encombrer. En plus, ils venaient les uns après les autres se jeter sur ses poings, comme si ils se sacrifiaient avec joie pour l’empêcher d’atteindre le sommet de la dune.

Animé d’une farouche détermination, le Resplendissant Fauve de Jade de Konoha s’enfonça dans cette horde de pillards, frappant avec l’inlassable ardeur d’une machine de mort, laissant sur son passage un sillon de membres démis, d’os brisés et de corps sans vie. Mais il perdait du temps, les arbalétriers étaient encore loin…


Neji se mit en posture de combat et activa son Byakugan alors que les pillards se dirigeaient vers lui. En quelques minutes, il fut cerné par un groupe de guerriers hurlants, ce qui était une bonne chose puisqu’il devait éliminer le plus de soldats possible afin de sauver les villageois. C’était une tâche importante, et il se laissa engloutir par la horde pour mieux la foudroyer de l’intérieur. Telle une ombre insaisissable, plus dur que l’acier, plus souple que la soie, il tailla dans la meute avec la vaillance digne d’un tigre, semant la mort et l’épouvante dans les rangs à chacun de ses mouvements. Cependant, en dépit de sa bravoure, il savait qu’il risquait à tout moment d’être submergé sous la multitude, mais il était un Hyuuga, le ninja le plus doué de sa génération, et il n’apporterait pas la honte à son clan en mourant de la sorte ! De plus, il avait encore un tas d’objectifs à atteindre, et la mort n’en faisait définitivement pas partie.

Il se déplaça entre deux maisons, afin de canaliser les ennemis dans un espace restreint ou la multitude allait jouer contre eux. Ceux massés allaient faire obstacle à ceux placé derrière, alors que la poussé venant de l’arrière empêcherait ceux de devant de battre en retraite ou de chercher un meilleur chemin.

Il vit des mouvements derrière lui grâce à la vision panoramique conférée par son Byakugan, une partie des soldats tentait de le prendre à revers. Qu’est-ce qu’ils s’imaginaient ? Pouvoir le prendre par surprise ? Neji tourna subitement sur lui même et utilisa le Tourbillon Divin. Les pillards furent violemment repoussés en arrière, percutant leurs camarades placés derrière eux, s’empalant sur leurs armes en retombant. Les survivants furent impitoyablement piétinés à mort par la meute avide de lacérer la peau du ninja aux yeux d’ivoire. Celui-ci n’allait pas leur rendre la tâche facile pour autant…


Un autre soldat, la cage thoracique réduite en bouillie, fut projeté en arrière, télescopant les pillards qui se trouvaient derrière lui, par un coup de Sakura. Son rôle était double : elle devait neutraliser un maximum de soldats tout en protégeant Temari des pillards équipés d’arbalètes à répétition qui auraient voulu l’abattre. C’était une tâche importante, son équipe comptait sur elle et elle ne faillirait pas !

Un coup de poing balancé projeta un autre soldat vers ses compagnons. N’ayant pas la capacité de s’occuper directement de dizaine d’ennemis à la fois comme ses coéquipiers, Sakura se livrait à une sorte de jeu de bowling, se servant de la force de ses coups boostés au chakra pour utiliser les corps de pillards comme autant de projectiles. Et il fallait reconnaître que c’était diablement efficace.

Elle aperçut soudain à une trentaine de mètres d’elle un pillard équipé d’une arbalète à répétition qui tenait la blonde du désert en joue.

“Temari !” Hurla la rose, “attention à gauche ! L’arbalétrier !”

L’avertissement de Sakura, combiné aux réflexes foudroyants de Temari, la sauvèrent d’une mort certaine. La blonde du désert pivota sur le coté juste à temps et le carreau mortel se contenta de lui entailler l’épaule. Mais déjà le tireur ennemi réarmait fébrilement son arme, furieux de son échec et bien décidé à régler définitivement le compte de la kunoichi à l’éventail.

Sakura ne lui en laissa pas le temps. Elle sauta pour avoir une ligne de vue dégagée sur le tireur et lui lança un kunai qui parti en sifflant droit vers sa tête. L’homme poussa un cri étranglé, il bascula en arrière en émettant un horrible gargouillis et s’effondra dans la poussière de la ruelle, la gorge transpercée par le projectile de la rose, qui en profita pour atterrir sur un pillard, le poing en avant, et enfoncer l’homme dans le sol.

Son coté med-nin prit le dessus et elle jeta un œil inquiet vers Temari. Celle-ci ignorait royalement sa blessure et continuait de repousser les carreaux qui tombaient sur le village. Rassurée, Sakura se reconcentra sur les soldats qui continuaient d’affluer vers elles…


Les arbalétriers avaient repéré le ninja vert qui leur fonçait dessus. Une partie d’entre eux tentèrent de l’abattre avec leurs carreaux, mais il était bien trop agile pour qu’ils puissent le toucher, et surtout bien trop rapide. Ils n’eurent le temps de tirer que deux salves avant que Lee ne percute leur ligne, et trois d’entre eux moururent dans l’instant.

C’étaient de jeunes soldats à peine scarifiés, l’habitude du combat de leurs aînés leur faisant défaut, on les assignait à cette position afin qu’ils assurent un tir de couverture. Leur part du butin en était grandement réduite, bien sur, mais c’était ainsi. Face au Fauve de Jade, ils décrochèrent la lance qu’ils avaient dans le dos et se mirent en position de défense.

Juste à coté de Lee, les mains d’un des pillards tremblaient et la pointe de son arme dansait à quelques mètres des yeux du ninja. Feintant sur la droite, le Fauve de Jade vit le pillard changer de position et chargea, il attrapa la hampe de la lance et envoya son pied dans le genou de son adversaire qu’il brisa dans un craquement sinistre. Le soldat s’effondra en hurlant. Un nouveau coup le réduisit au silence.

Lee frappait de droite et de gauche, avec une force et une rapidité surhumaine, chacun de ses coups laissait un soldat mort ou agonisant s’écrouler sur le sable de la dune sans qu’aucun n’arrive à le toucher. Mais les pillards tenaient bon et le Fauve de Jade sentait que ses forces n’allaient pas tarder à faiblir.

Il se retrouva face à un autre pillard et ce fut lui qui se retrouva victime d’une feinte grossière quand le soldat fit dévier sa lance au dernier moment, creusant un sillon sanglant sur le front du Fauve de Jade. Du sang chaud jailli devant ses yeux, immédiatement remplacé par un voile d’ardeur écarlate. Lee activa alors la Porte Initiale et la Porte de la Guérison, et se fut une véritable tornade de destruction qui s’abattit sur les pillards.

Prise au dépourvu par le regain d’énergie de cet assaut meurtrier, la troupe ennemie fut brutalement balayée de la dune. Les survivants tentèrent de se replier en bon ordre mais le Fauve de Jade ne l’entendait pas de cette oreille et poursuivit son attaque. Un vent de panique balaya les rangs clairsemés des pillards qui se mirent à détaler dans le plus grand désordre, transformant leur retraite en complète déroute.

Lee les laissa s’enfuir dans le désert, le contrecoup venant de l’ouverture des deux premières portes de chakra commençait déjà à se faire ressentir et il posa un genou au sol, exténué, mais satisfait d’avoir mené sa tâche à bien. Il se tourna vers l’oasis pour contempler la bataille à l’issue encore incertaine qui se déroulait en contrebas quand il les vit arriver…


Pour Shikamaru, ça commençait à devenir “Galère…”, et le mot était faible. Bon, en fait ça l’était depuis le début mais ça ne s’arrangeait vraiment pas. Les immenses ombres que projetait le soleil matinal lui avaient données beaucoup de matière première pour ses jutsus, mais tout de même. Il avait perdu le compte du nombre de pillards qu’il avait étranglés, il s’était servi de certain comme des boucliers humains face aux carreaux que lui décochaient leurs congénères et il en avait même réussi à en noyer quelques uns dans le lac à coté de lui, mais il y en avait toujours plus qui lui fonçait dessus, et il était à bout de force.

Ce genre de combat était ennuyeux. Bien-sûr, pas ennuyeux parce qu’il ne s’y passait rien, bien au contraire, de ce coté-là il se serait volontiers ennuyé un peu, mais plutôt dans le sens où il n’y avait rien à prévoir au delà de la minute. En fait, dans un combat pareil, il semblait futile de se projeter aussi loin dans un futur qu’on était pas sûr d’atteindre. Il s’agissait juste de réagir assez vite aux événements et de la manière la plus appropriée.

Il s’agissait juste de tuer ou d’être tué.

Il se demandait comment allaient les autres. Les bruits des combats emplissaient les oreilles du manipulateur d’ombre : les cris de guerre, le fracas des armes, le blatèrement des chameaux et les hurlements d’agonie se mêlaient dans une effrayante cacophonie. Au moins, ça voulait dire que la bataille continuait toujours et qu’ils étaient encore en vie, mais il espérait que ses amis s’en sortaient mieux que lui.

Un mouvement derrière lui attira son attention et il se retourna juste à temps pour voir avec horreur un pillard armé d’une hache à double tranchant à quelques mètres de lui, prêt à frapper. Shikamaru n’avait plus le temps de rediriger son ombre, il se jeta sur le coté, mais pas assez vite, et l’homme lui asséna un violent coup de taille qui lui ouvrit la cuisse jusqu’à l’os et l’envoya rouler au sol. La douleur fulgurante fit sombrer le manipulateur d’ombre dans une miséricordieuse inconscience, aussi ne vit-il pas l’énorme hache s’élever à la verticale de sa gorge pour le décapiter…


Un puissant tourbillon dispersa de tous cotés un groupe de pillards déchiquetés. Le régiment d’arbalétriers avait à peine cessé de tirer, grâce à Lee, que Temari s’était jetée dans la bataille, en modifiant presque instantanément le cours. Ses techniques Futon tranchaient, tronçonnaient, éviscéraient… bref, la blonde du désert faisait un véritable massacre dans les rangs des hommes de Commoragh. Mais serait-ce suffisant pour inverser le cours de la bataille ?

Ici en tout cas, oui, car face à une telle boucherie, la résistance des pillards fut de courte durée : peu désireux de se faire tailler en pièces, ils abandonnèrent leur positions pour s’enfuir en pleine débandade vers le désert, laissant Temari et Sakura à court d’ennemis. Ce fut une victoire mineure, certes, mais une victoire quand même.

Les deux kunoichis décidèrent de se séparer, La rose irait voir comment se débrouillait Neij et Temari allait prêter main forte à Shikamaru qui allait “sûrement encore avoir besoin qu’une femme lui tienne la main,” avait-elle dit en riant.

Hélas, les paroles de la blonde du désert se révélèrent cruellement exactes, car lorsqu’elle arriva en vue du manipulateur d’ombre, elle vit avec une terreur sans nom qu’un pillard dans son dos allait lui porter un coup de hache ! Shikamaru s’était jeté sur le coté, mais il avait réagi avec un temps de retard et le coup l’envoya rouler, inconscient, sur le sol. Lorsque le soldat leva sa hache pour achever le travail, le sang de Temari ne fit qu’un tour.

La kunoichi lança avec son éventail une Lame de Vent plus puissante qu’elle n’aurait jamais cru possible. Lorsqu’il fut pris dans le tourbillon, l’homme à la hache hurla de douleur tandis que chaque partie de son corps semblaient vouloir aller dans une direction différente, puis il fut littéralement déchiré, mis en lambeau par la technique de Temari.

Se précipitant sur Shikamaru, la blonde se sentit soulagée en constatant qu’il respirait encore. Elle défit rapidement sa ceinture en tissu pour l’enrouler autour de la jambe du manipulateur d’ombre et lui faire un bandage de fortune. Ce n’était pas la panacée, mais au moins ça allait ralentir le saignement jusqu’à ce que Sakura puisse s’en occuper.

Mais il fallait d’abord qu’ils restent envie. Temari se releva et enjamba le corps inerte à ses pieds, défiant quiconque de s’approcher et tuant tous ceux qui essayaient.

La blonde entendit soudain un cri de guerre féroce. Une trentaine de cavaliers émergeaient d’un verger au triple galop. D’autres pillards de Commoragh ?

Non. Cela n’en était pas…


Les cavaliers de Gedrik étaient parvenus à la périphérie du village d’où ils repoussèrent immédiatement les combattants qui s’y trouvaient et le corps de bataille des pillards apprit rapidement l’existence d’une menace sur ses arrières. En hâte, il se divisa en deux, une partie de la horde continuant son assaut sur le village pendant que l’autre pivotait pour affronter les cavaliers.

L’arrivée de Gedrik fut comme une vengeance divine. Avant que les pillards n’aient eu le temps de se regrouper, ils attaquèrent. Les soldats furent pris de désespoir face à eux et ils n’opposèrent que peu de résistance avant de fuir. Leur attaque les emmena au cœur du village, massacrant des dizaines de pillards qui ne parvinrent pas à ralentir leur progression.

Mais les forces de Commoragh restaient considérables. Bien que Gedrik et ses hommes aient repoussé des ennemis par dizaines, beaucoup d’autres luttaient encore. Pris par surprise par cette attaque inopinée sur ces arrières, il avait fallu un certain temps avant que les pillards ne se redéploient, mais finalement, leur supériorité numérique commença à l’emporter.

Tout ceci était observé à travers les volets clos des maisons. Au début, les habitants poussèrent de grande acclamations en voyant les soldats fuir dans toutes les directions. Puis les voix s’éteignirent quand les cavaliers commencèrent à plier sous le nombre. Craignant que leurs sauveurs ne soient éliminés sous leurs yeux, les villageois se saisirent de toutes sortes d’armes improvisées et, poussant une clameur sauvage, sortirent de chez eux pour se ruer sur les pillards. Les deux groupes s’entrechoquèrent furieusement dans un jaillissement d’étincelle et de sang, tranchant les membres, brisant les crânes et fauchant les vies par dizaine.

Les soldats ne se laissèrent cependant pas déborder très longtemps, ils se regroupèrent pour former en toute hâte une ligne de défense, contraignant les villageois à les affronter dans un féroce corps à corps. Mais ceux-ci étaient animés du feu sacré de la vengeance, réduisant à néant les tentatives de plus en plus désespérées des pillards pour contenir leur poussée implacable…


Le chef de guerre se tenait à l’écart du village, encadré par une escouade d’une dizaine de serviteurs de combat aux yeux vitreux assurant sa protection. L’homme était doté d’un physique impressionnant. Non qu’il fût d’une taille exceptionnelle - il ne mesurait guère plus d’un mètre soixante-dix - mais sa carrure et sa corpulence, elles, l’étaient. Son corps massif et musculeux était moulé dans une armure d’une facture remarquable et surmonté d’un visage adipeux dont la grossièreté était accentuée par la présence d’une balafre fraîche courant en diagonale de la racine de ses cheveux au lob de son oreille.

Il observait comment la bataille se déroulait, et ça n’allait pas, vraiment pas du tout. Le régiment d’arbalétrier avait fuit face à un seul ninja. Ils n’avaient de toute façon servi à rien puisque la blondasse à l’éventail avait fait dévier tous leurs carreaux. S'il arrivait à retrouver ces misérables, il leur ferait payer cher leur couardise et leur incompétence !

Ce village aurait dû être une proie facile pourtant ! D’accord, il y avait eu des ninjas de passage et ça n’avait pas été prévu, mais tout de même. Et où étaient les Exécuteurs de Jashin qui s’étaient infiltrés dans le village ? Ils étaient sensés devoir éliminer les éléments dangereux… comme ces cinq ninjas par exemple. Le chef de guerre était persuadé que tout ceci était l’œuvre de la prêtresse qui accompagnait les Exécuteurs. En plus, c’était elle qui les avait fait attaquer le matin au lieu de le faire en pleine nuit. Pourquoi l’avait-il écoutée d’ailleurs ? Il savait pourtant qu’on ne pouvait pas faire confiance à ces femmes.

Son détachement de pillards, fort de cent trente-six volontés féroces, s’était quand même fait botter les fesses par cinq gamins, et maintenant que le groupe de cavaliers avait poussé la population à prendre les armes, ses hommes se faisaient laminer.

La plupart avait d’ailleurs commencé à fuir, il devait être le commandant des troupes les plus peureuses de tout Commoragh. Il aperçut une fille au cheveux roses qui courrait dans sa direction. N’ayant pas envie de se déranger pour si peu de chose, il prononça le mot-clé qui allait libérer la potion de grifsan dans l’organisme de ses serviteurs de combat et les transformer en machine à tuer berzerk. Ils commencèrent à pousser des grognements de rage à peine contenus à mesure que les fioles de liquide rouge-orangée qu’ils portaient sur eux se vidaient dans leur corps. Certains commencèrent à se lacérer les uns les autres afin de satisfaire l’insatiable désir de tuer qui avait été insufflé dans leurs esprits. D’un geste ferme, le chef de guerre pointa du doigt la kunoichi et ordonna d’une voix autoritaire :

“Elle. Tuez-là !”

Dans une clameur féroce, les serviteurs de combat chargèrent Sakura, leurs yeux emplis de fureur. Le chef de guerre hocha la tête de satisfaction. Elle, au moins, elle allait mourir.

“Je garderai sa tête en souvenir,” se dit-il, “parce que tout de même, les cheveux roses, c’est pas banal…”


Sakura trouva rapidement le Hyuuga, entouré d’une trentaine de cadavres qui formaient sur le sol un macabre tapis de corps enchevêtrés, il n’avait visiblement pas besoin d’aide. Cherchant des yeux un nouvel ennemi, la rose repéra subitement le leader de l’attaque et, comprenant que sa mort serait un coup rude porté au moral des pillards, elle se dirigea prestement vers lui. Il était entouré par une sorte de garde prétorienne aux yeux exorbités, la bave aux lèvres, dans un état de folie sanguinaire qui avait dû leur être inspiré par quelque jutsu maléfique. Ils se ruaient sur la kunoichi aux cheveux roses en poussant des cris de démence.

“Pour Konoha !” Rugit Sakura en réponse en se précipitant à leur rencontre.

La rose renversa les serviteurs de combat comme un taureau furieux, et avant qu’il n’ait eu le temps de réaliser ce qui leur arrivait, ils gisaient sur le sable, morts. Le combat avait été si rapide que le chef de guerre en resta pantois, il ressentit un tressaillement dans son échine lorsque la kunoichi se tourna vers lui.

Désormais seul face à elle, le chef de guerre décrocha le bouclier de son dos et dégaina son katana en marmonnant un flot de malédictions, prêt à recevoir la kunoichi. Sakura esquiva sans difficulté son attaque et répliqua en le frappant à la poitrine. Il parvint de justesse à bloquer avec son bouclier mais le coup, boosté au chakra, fut si violent qu’il enfonça sa protection et lui brisa net l’avant bras. Il n’eut le temps que de hurler de douleur, la deuxième attaque de la rose l’atteignit en plein visage et sa tête éclata comme un fruit trop mûr sous l’impact.1


La nouvelle de la mort du chef de guerre se répandit comme une traîné de poudre. Le moral des soldats survivants s’effondra et l’armée de pillards sombra dans la confusion. Certain se mirent à tourner en rond, courant ça et là, sans aucun ordre, d’autre tentaient de poursuivre le combat, mais ils étaient trop peu nombreux pour garnir tous les fronts et la horde se désintégra. Les survivants tentèrent de fuir devant la furie des villageois, mais ils furent tous rattrapés et passés par les armes. Deux heures après le début de l’attaque, la horde de Commoragh était éparpillée et détruite, des centaines de mort gisaient sur le terrain, et autant de blessés attendaient les soins de Sakura. La bataille était terminée.



[1] “BOOM ! Headshot !” comme diraient les fans de FPS. Sakura, quelques grammes de finesse dans un monde de brutes.



Pfiou ! J'espère que vous avez eu autant de plaisir à lire ce chapitre que j'en ai eu à l'écrire. Ça m'a obligé à modifier quelque peu la trame de l'histoire tel que je l'avait prévu, mais ça en valait la peine à mon avis.

On pourrai penser que mettre en scène une telle bataille est plus dur qu'un simple combat en un contre un, mais en fait pas du tout, l'action est venu très facilement, donnant un chapitre dont je ne suis pas peu fier ^^

Ceci dit… Je m'auto-congratule mais et vous, qu'en avez-vous pensé de cette bataille ?




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