Fiction: Visions d'un Dieu Endormi

Pour Tenten, une mission banale au Pays du Vent va prendre des proportions épiques qui vont la plonger, elle et l'équipe chargée de la retrouver, au cœur d'une machination qui pourrait bien menacer le monde entier. Car les fidèles du Dieu à la Main Sanglante, Jashin, ont décidé de réveiller le Dieu Endormi…
Classé: -16I | Action/Aventure / Horreur / Spirituel | Mots: 125927 | Comments: 38 | Favs: 34
Version imprimable
Aller au
Kris'ter (Masculin), le 11/12/2009
Les choses commencent à se préciser.

Après un long voyage parsemé de danger, le groupe de Shikamaru est enfin arrivé devant les portes de Commoragh. Sur les conseils du manipulateur d'ombre, ils s'étaient séparés afin d'essayer de retrouver la trace de Tenten, et c'est Sakura qui y parvint en découvrant que le kunoichi était devenu une gladiateur.

Celle-ci avait d'ailleurs échappée de peu à la mort suite à son arrestation musclé, grâce à un med-nin entouré mystères nommé Erwan.

Les choses commencent aussi à se préciser pour le Grand Prêtre de Jashin dont les plans pour réveiller le Dieu Endormi vont entrer dans leur phase finale…




Chapitre 11: Sang pour Sang !



Au milieu de l’après-midi, Erwan était assis sur une chaise dans le 9m² où il habitait. Une fenêtre étroite et grillée, percée très haut de façon à ce qu’on ne puisse l’atteindre, éclairait la pièce exiguë de pas plus de trois pas d’un mur peint à la chaux à un autre, et au décorum spartiate. Le med-nin était pratiquement certain que des cellules de prison étaient plus confortables que cette cage-à-lapin où son père l’avait installé. Cependant, ce n’était pas ça qui le préoccupait pour le moment, car le paternel lui avait fait parvenir une note ce matin. Le messager était venu le tirer du lit à l’aube pour lui apporter, en même temps qu'une autorisation.


Erwan, le temps nous manque, il va falloir passer à la vitesse supérieure. Tu trouveras ci-joint un laissez-passer pour obtenir une potion de grifsan que tu administreras entièrement à Tenten en même temps que le contrepoison, elle doit faire des étincelles dans l’arène !

PS : Quitte cet air de chien battu ! Comment ai-je fait pour engendrer une telle lopette ?!?


Même en quatre lignes, son père parvenait à le rabaisser. Il pouvait pourtant être très gentil parfois… mais pas souvent. Le med-nin aurait tellement voulu qu’il soit fier de lui, ne serait-ce qu’une seule fois. Mais malgré tous ses efforts, il n’y arrivait jamais… C’était sans espoir…

Il prit sur la table le petit flacon rempli d’un liquide rouge-orangé qu'il était allé récupérer au stock du laboratoire de la ville ce matin pour l’examiner. La potion de grifsan, ou potion de rage comme on l’appelait plus généralement, était réservée aux Exécuteurs de Jashin et aux serviteurs de combat que les capitaines-pillards utilisaient comme garde du corps, elles leur servaient à booster leur capacités martiales lorsqu’ils devaient affronter des adversaires un peu trop coriace. Ce puissant stimulant les rendait plus fort, plus rapide, plus agile et surtout beaucoup plus agressif, mais les effets secondaires sur le long terme ou a trop forte dose étaient catastrophiques : insomnies, crises de panique, hallucinations paranoïaques, épilepsies, hémorragies interne, détériorations cérébrale… et finalement la mort.

Ce n’était pas très grave pour les Exécuteurs, puisqu’ils vivaient rarement assez longtemps pour vraiment ressentir les effets négatifs de cette drogue, car quand l’un d’entre eux s’affaiblissait, il était sauvagement mis à mort par ses compagnons. Une tradition charmante, et acceptée par chacun : une mort violente était leur façon de rendre un dernier hommage à Jashin. Quant aux serviteurs de combat… Quand la potion ne faisait pas d’eux de mortelles machines de guerre frénétiques, ce n’était guère que des pantins humains avec lesquels les Tourmenteurs s’étaient un peu trop (ou pas assez) amusés. Ils avaient à peine plus de conscience d’eux-mêmes que les marionnettes qu’affectionnaient tant les ninjas de Suna. Pour ces malheureux, la mort n’était que délivrance.

À en juger par l’opacité du liquide, ceci devait être une formule concentrée. L’injecter entièrement à Tenten allait faire d’elle une junkie, incapable de se battre sans une nouvelle dose de cet «élixir». Erwan pourrait-il, en toute connaissance de cause, condamner cette fille si gentille à un tel destin ?

Son père disait que oui, mais son père n’avait ni sentiments, ni pitié, et était incapable de voir autre chose que le «dessein divin» dont il était, disait-il, le dépositaire.

Le med-nin reposa le flacon sur la table et le plaça sur le coté. Celui-ci se mit à rouler. Erwan le regarda s’approcher du bord. S’il tombait, il se briserait, et il ne pourrait pas l’injecter à Tenten. Ça aurait été un accident. Son père pourrait-il l’en tenir responsable ?

Le flacon avait atteint le bord de la table d’où il bascula, d’où Erwan le regarda tomber… Sa main partit en avant pour le rattraper à quelques centimètres du sol. C’était stupide. Son père n’accepterait pas l’accident comme excuse. De toute façon, son père n’acceptait pas l’échec, il n’acceptait rien d’autre que la perfection.

Le med-nin se leva en soupirant, il glissa le flacon dans sa poche d’un air résigné en se préparant psychologiquement à condamner Tenten à mort tandis qu’il quittait son studio. Son père était puissant, et lui n’en était que le fils raté.



Le groupe de ninja marchait rapidement vers l’arène en essayant de ne pas se perdre, les hautes maisons de ce quartier se tassaient les unes contre les autres, s’entremêlant de rue en rue pour former un dédale compliqué. Lorsque Sakura avait raconté ce qu’elle avait découvert, Lee avait proposé de partir immédiatement à l’assaut du colisée, mais Shikamaru préférait une approche plus prudente. Il avait remarqué, tout comme Neji et Sakura, qu’ils étaient discrètement suivis depuis leur arrivée à Commoragh, et agir dans la précipitation ne reviendrait qu’à clairement indiquer leurs intentions à leur ennemi.

Il allait falloir jouer tout en finesse, concept quelque peu obscur pour le Fauve de Jade, mais il faisait confiance au manipulateur d’ombre. Celui-ci avait décidé dans un premier temps d’aller à l’arène pour assister au combat de Tenten, et accessoirement, de s’assurer que c’était la bonne Tenten qu’ils allaient secourir.

Shikamaru avait déjà l’ébauche d’un plan pour tromper la surveillance de ceux qui les suivaient, et être ainsi plus libre d’agir, mais ils étaient encore trop tôt pour en parler.

Il avait également remarqué que de nombreux passants lançaient à Temari un regard oblique. La kunoichi s’en était également aperçue, et elle marchait fièrement, bien cambrée, le menton haut ; un vrai défilé de mode. Le manipulateur d’ombre se décida de lui faire la remarque :

“On dirait que tu as beaucoup de succès, tout le monde te regarde.”

“Jaloux ?” Lui demanda la blonde avec un sourire malicieux.

“Pas du tout…” répondit-il rapidement en détournant le regard, rougissant légèrement, “c’est juste que… heu…”

Le manipulateur d’ombre se lança dans une explication capilotractée que Temari écouta avec attention, et bien que la situation lui procure un plaisir non dissimulé, elle finit par l’interrompre :

“Aller arrête, tu t’enfonces. Je vais te dire pourquoi on me regarde comme ça : je suis la fille du quatrième, et la sœur du cinquième, et nous sommes dans un village qui a plus ou moins fait sécession avec le Pays du Vent. Ma présence ici en tant que Nukenin peut donc paraître équivoque… douteuse… ou parfaitement justifiée, suivant du coté où l’on se place.”

Shikamaru se garda de répondre, conscient qu’il venait de se ridiculiser, mais elle avait raison, son visage était forcément connu par ici. Il n’avait pas pensé à ça. Niveau discrétion, ce n’était pas l’idéal, ça risquait même de compliquer d’avantage l’évasion de Tenten.

Ils arrivèrent finalement devant l’arène. Un gigantesque cylindre de caillasse, celle-ci semblait avoir connu des jours meilleurs. Il manquait des morceaux de murs, surtout aux plafonds, mais ça semblait assez stable. Des affiches étaient placardées un peu partout, mais la plupart avaient été rendues parfaitement illisibles par le temps et les graffitis.

Après s’être acquitté du droit d’entrée, les ninjas prirent place sur les gradins qui entouraient la grande arène ovale de quelque dix mètres de profondeur dans laquelle gisaient une bonne trentaine de cadavres et dont les murs étaient hérissés de pointes et tachés de sang. Sept portes lourdement renforcées, situées de façon équidistante sur le pourtour de la fosse, devaient permettre aux combattants d’entrée et de quitter l’arène. Celle située directement sous la tribune officielle était cependant nettement plus massive que les six autres. Curieusement, une épaisse poutre en barrait l’accès depuis l’extérieur, comme si la menace représentée par ce qui se trouvait derrière cette porte était trop terrible pour prendre le risque de la laisser s’échapper.

Les spectateurs encourageaient d’un flot d’obscénités braillardes les deux derniers survivants du combat : deux gladiateurs massifs engagés dans un furieux corps-à-corps. La décapitation d’un des combattants mit une fin brutale au duel et le vainqueur quitta l’arène sous les acclamations des spectateurs tandis que les parieurs récupérèrent leurs gains. De nouveaux paris étaient lancés sur le combat suivant que l’aboyeur était en train d’annoncer.

“C’est celui-là.” Fit remarquer Sakura en relisant ce qu’elle avait noté sur son papier.

Des hommes portant des uniformes chamarrés allaient et venaient entre les travées pour recueillir les enjeux. L’un d’entre eux surgit à côté du groupe et tapota l’épaule de Lee pour attirer son attention :

“Vous voulez jouer ?” Leur lança-t-il en agitant une liasse de bordereaux devant le nez des ninjas pour les inciter à parier.

Les ninjas refusèrent poliment, l’homme haussa les épaules et continua son parcours. Une fois que toutes les mises furent collectées, l’aboyeur ordonna l’ouverture des hostilités.

“Ça commence.” Souffla Lee, “nous allons enfin revoir Tenten.”

“Oui, et, à ce propos, Lee, Neji, je vous rappelle qu’on doit se la jouer discret…” stipula le manipulateur d’ombre, “alors si jamais elle se retrouve en mauvaise posture dans la fosse, pas d’actions inconsidérées, c’est clair ?”

Les deux ninjas hochèrent la tête pour signifier qu’ils avaient compris, mais Shikamaru sentait qu’il allait devoir préparer son jutsu pour immobiliser les membres de l’équipe Gaï au cas où ça tournerait en défaveur de Tenten. Sakura était bien plus inquiète, elle avait vu les cotes des combattants et celle de la Genin était ridicule en comparaison. Elle croisa les doigts pour qu’on ne les oblige pas à assister, impuissant, à la mise à mort de leur amie.



Dans la salle d’attente, Tenten était allongée sur le brancard où les gardes l’avaient «posée». À ses côtés, Erwan s’apprêtait à lui injecter le contrepoison, mais il semblait hésiter. Elle se pinça les lèvres lorsqu’elle sentit l’aiguille lui percer la peau.

“Ça va ?” Demanda le med-nin.

“Bin, tu le sais… J’aime pas les piqûres…” lui rappela la kunoichi, ce qui fit sourire le jeune homme.

Le contrepoison qui commençait à courir dans l’organisme de Tenten lui permit de reprendre le contrôle de son corps. Elle se leva et fit quelques mouvements avec hésitation. Ses membres étaient encore engourdis mais elle savait que ça n’allait pas durer. La kunoichi se dirigea vers le râtelier d’arme situé derrière elle et sélectionna une paire de saïs1, des armes offrant un bon équilibre entre capacités offensives et défensives. Elle en prit un troisième qu’elle plaça dans sa ceinture, juste au cas-où, et se plaça ensuite devant la lourde porte qui donnait sur l’arène en attendant qu’elle s’ouvre.

Erwan l’avait observée. Il voulut lui donner quelques mots d’encouragement mais, ne sachant quoi dire, il lui demanda simplement :

“Tu es prête ?”

Tenten se retourna et lui répondit en souriant :

“Prête ? À tout… Résignée même.”

La porte finit enfin par s’ouvrir, la clameur qui entra dans la petite pièce donna un frisson à la kunoichi.

“Sois prudente…” murmura le med-nin pour lui-même tandis que la Genin s’engouffrait dans l’arène.


Norsak, dit «le faiseur de veuves», était un gladiateur impressionnant avec de nombreuses victoires à son actif. Le corps hâlé couturé de cicatrices, cintré dans un harnais serré, c’était un blond aux muscles puissants et à l’attitude volontaire. Tous les spectateurs qui l’observaient pouvaient aisément se rendre compte de son assurance : tout, de son maintient à sa démarche déterminée, indiquait qu’il n’était pas venu pour perdre.

Son regard balaya la surface de l’arène. En plus de lui se trouvaient quatre autres gladiateurs et deux groupes d’une dizaine d’esclave apeurés et affamés. Il regarda avec jalousie deux des combattants se jeter sur un des groupes d’esclaves pour les massacrer dans une mêlée sanglante.

“Ah les salauds.” Grommela-t-il, “ils vont rien me laisser !”

Puis son regard se posa sur le quatrième gladiateur, une gamine coiffée avec deux chignons qui observait le massacre des esclaves, située à peine à une vingtaine de mètres de lui.

Il la reconnut immédiatement : c’était la nouvelle qui avait envoyé trois de ses «collègues» ad patres la veille et s’était attirée les faveurs du public dans la foulé. Logiquement, il était inconvenant de s’attaquer aux autres gladiateurs avant d’en avoir fini avec les esclaves, mais s’il parvenait à infliger à cette petite présomptueuse une mort atroce, une partie de la gloire que cette gamine avait indûment récoltée rejaillirait sur lui. Pas question de laisser un autre que lui s’en charger !

Il se précipita sur elle en hurlant un flot d’injures et de malédictions, et Tenten se prépara à le recevoir de façon adéquate. Ils échangèrent quelques coups avant de se séparer, la confiance de Norsak vacilla : cette gamine n’était pas seulement douée, elle était dangereuse ; mais pas question de faire marche arrière maintenant.

“Tu es aussi forte qu’on le prétend.” Lui dit le gladiateur d’un ton paternel ignoble, “je te ferai l’honneur d’une mort particulièrement brutale !”

“Ça sera tout le contraire !” Lui cria Tenten en se ruant sur lui.

Le véritable duel commença alors. Les deux adversaires était presque aussi talentueux l’un que l’autre, frappant d’estoc et de taille, esquivant et parant, ripostant et contre-attaquant, tournant l’un autour de l’autre comme deux fauves. Quand l’un d’eux lançait une attaque rapide comme l’éclair, c’était pour être parée avec la même adresse.

Tenten lui décocha un furieux moulinet à la tête, que Norsak esquiva sans mal d’un souple bond sur le coté… exactement comme elle l’avait prévu. Profitant du champ libre, la kunoichi fit une longue glissade sur le sable et attrapa en passant un kunai sur le cadavre d’un combattant du match précédent. Elle fit un roulé-boulé et lança l’arme en direction du gladiateur qui lui fonçait dessus avec la ferme intention d’en finir rapidement.

Le cerveau de Norsak enregistra une aveuglante explosion nimbée de reflets écarlates, et ce fut bien le dernier service qu’il put rendre au gladiateur car la pointe d’acier du kunai venait de s’y enfoncer.


Les deux gladiateurs achevaient les derniers esclaves du groupe auquel ils s’étaient attaqués. Leur présence dans l’arène n’était faite que pour l’échauffement et le spectacle. La précision avec laquelle un gladiateur mettait à mort ses victimes ainsi que la forme de l’estocade finale étaient particulièrement appréciées par le public.

Cela permettait également aux spectateurs de se faire une idée du talent déployé par les combattants, lorsque ceux-ci mettaient un soin particulier à infliger un maximum de coups incapacitants à leurs proies avant de leur porter le coup de grâce. Certains esclaves duraient plus longtemps que les autres dans cet exercice, mais le résultat restait toujours le même, et puis de toute façon, tout les habitants de Commoragh savaient que les esclaves, c’étaient un peu comme les petits jouets des Kinder Surprise : c’est marrant un temps, mais ça casse vite si on joue trop avec.

Pour le moment, les deux hommes s’étaient battu côte-à-côte, mais il s’agissait surtout d’une alliance de circonstance. Une fois tous leurs «ennemis» abattus, ils se retourneraient aussitôt l’un contre l’autre. C’était une façon commune de procéder dans l’arène, les plus forts s’alliaient, se débarrassant du menu fretin, pour ensuite se mesurer dans un face à face mortel.

Certains gladiateurs ne respectaient pas cet accord tacite et profitaient de la moindre occasion pour tuer leurs «alliés» en les frappant dans le dos, mais ceux-ci étaient des lâches qui ne faisaient généralement pas long feu dans l’arène. D’autres jouaient les têtes brûlées et se battaient en solo quelles que soient les circonstances. Ceux-là s’attiraient généralement les faveurs du public, mais on n’était jamais à l’abri d’une surprise… comme Norsak l’avait appris à ses dépends.

Les deux gladiateurs l’avaient vu mourir. Ils avaient vu la culbute de Tenten… et le morceau de métal s’enfoncer dans le crâne du blond. Tout à fait inapproprié. Le faiseur de veuves était une légende dans l’arène, presque aussi admiré (enfin, plus craint qu’admiré) que Karn’Aj lui-même. Chacun des deux gladiateurs avait espéré se mesurer à lui en combat singulier… et cette gamine venait des les priver de cette chance. Dommage pour elle.


Les deux gladiateurs se déplaçaient vers Tenten. À deux contre un, ça allait, ils ne prenaient pas trop de risque. Ceci étant dit, vu la façon dont elle s’était débarrassée de Norsak, elle pouvait comprendre leur prudence.

La comprendre, certes, mais pas l’accepter.

Le premier, Koishi, qui passait sur sa gauche, était armé d’un kyoketsu shoge2 dont il faisait tournoyer le bout relié à l’anneau. Il fallait se méfier de celui-là, il possédait une arme dangereuse si elle était convenablement utilisée. Le deuxième, Mamoru, la contournait par la droite, avait un katana ainsi qu’un wakizashi qu’il utilisait en main gauche. Celui-là semblait très déterminé. Très expérimenté aussi, vu la façon dont il tenait ses armes.

Les yeux de Tenten se portaient alternativement sur chacun des deux gladiateurs. Ils manœuvraient pour l’attaquer dans deux directions à la fois. C’était faire preuve de sagesse.

“Bien.” Dit la kunoichi en se mettant en posture de combat, “qui mourra le premier ?”

“Mais c’est toi, qu’est-ce que tu crois ?” Répondit ironiquement Mamoru en passant à l’attaque, immédiatement imité par l’autre gladiateur.

Une attaque combinée. C’était faire preuve d’intelligence, mais ils n’avaient pas d’esprit d’équipe. Chacun d’eux se croyait le meilleur, ce qui allait causer leur perte.

Tenten les voyait s’approcher d’elle avec une acuité presque irréelle. Leurs mouvements lui semblaient entravés, décomposés.

La kunoichi ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Une force dont elle ne soupçonnait pas la puissance inondait ses veines. Ses doigts jouaient sur les gardes de ses saïs. Tout son corps hurlait une inextinguible envie de tuer.

Puis elle passa à l’action, et ce fut ce moment «magique» où le temps dérapait. Tenten bougeait avec la vivacité de l’aspic et eux semblaient nager dans de la mélasse. Ils pataugeaient, à la merci de cette précieuse seconde qui faisait toujours défaut quand la Mort s’approchait de vous pour vous prendre dans ses bras. Ce fut comme dans un film d’horreur, quand la bête attaquait au ralenti, mais cette fois le monstre de cauchemar était une kunoichi rendu folle-furieuse par la potion qu’Erwan lui avait injectée.

Tenten esquiva l’anneau du kyoketsu shoge que Koishi lui avait envoyé en effectuant une culbute au dernier moment et la chaîne barbelée ne passa qu’à quelque centimètre d’elle. L’inconvénient en se battant avec une telle arme à une telle distance était que la cadence des coups diminuait énormément. Koishi n’allait pas pouvoir réattaquer avant quelques secondes, amplement le temps pour Tenten de s’occuper du premier gladiateur.

À peine sur ses pieds, elle bondit sur Mamoru, bloquant les lames de son adversaire dans ses saïs et se projetant violemment en avant. Le nez du gladiateur émit un craquement sinistre lorsqu’il entra brutalement en contact avec le front de Tenten. Le coup lui brouilla la vue et le désorienta juste assez pour que la kunoichi puisse le placer entre elle et Koishi, se servant de lui comme bouclier.

L’anneau du kyoketsu shoge, affûté comme la lame d’un rasoir, s’enfonça dans le dos de Mamoru avec un bruit sourd. Les yeux du gladiateur trahirent sa surprise, il n’avait pas compris ce qui venait de se passer, et n’en aurait jamais l’occasion. Tenten passa au-dessus de son épaule et lui planta avec force un des saï dans le dos, bloquant par la même occasion l’anneau de Koishi entre les dents de l’arme. Mamoru bascula en avant et s’affaissa lourdement sur le sable de l’arène. Le sang à la commissure de ses lèvres gonflait en bulles écarlates, grésillant un petit peu.


Koishi paniquait. Il avait déjà participé à de nombreux combats, et il n’avait jamais vu un gladiateur se faire allumer aussi vite. Cette combattante… cette fille… était un Monstre ! Elle se tourna vers lui et il put vraiment voir ses yeux pour la première fois : deux puits rouge sang, pleins de rage, de haine et d’une soif de violence qu’il n’aurait jamais cru possible.

Le gladiateur réalisa soudainement deux choses. La première était que jamais il ne pourrait oublier la promesse de ce regard, du moins pas tant qu’il vivrait. La deuxième était que ça ne serait pas très long.


Dégainant le troisième saï de sa ceinture, Tenten commença à courir vers le dernier gladiateur à une vitesse incroyable, sans le quitter un seul instant des yeux, elle se projetait sur Koishi, sur ce corps qui appelait ses lames à le transpercer, remontant le long de la chaîne à la vitesse d’un trait d’arbalète.

Le gladiateur tenta d’esquiver, de se protéger. S’il avait eu toute la longueur de la chaîne, ça aurait été jouable, mais avec ce qui lui restait c’était impossible et, rapide comme l’éclair, Tenten lui plongea les deux saïs dans la gorge. D’un mouvement sec, la kunoichi tira sur ses lames en effectuant un mouvement de cisaille. La tête de Koishi tomba sur le sol. Son corps s’effondra en douceur sur le sable de l’arène.

Elle ramassa le katana de Mamoru et tourna son attention sur le groupe d’une dizaine d’esclaves qui restait. Son envie de tuer s’était muée en un besoin physique de meurtre. Elle ne réfléchissait plus. Elle ne voyait que ces gens qui piaillaient devant elle, désarmé, désorienté. Un sourire carnassier déformait le visage de la kunoichi. La tuerie ne pouvait s’arrêter maintenant !

Le temps d’un soupir, Tenten avait franchi les quinze mètres qui la séparaient des esclaves, et le massacre commença. Son katana chantait entre ses mains, détournant les attaques maladroites de ses adversaires et les découpant dans un jaillissement de fluides, de filaments et de cartilages.

Dans les gradins, la foule était en délire. Selon les spécialistes (aux premiers rangs, forcément), le spectacle était d’une beauté à couper le souffle. De leur coté, les ninjas de Konoha n’étaient pas vraiment de cet avis, et ils observaient, médusés, la tuerie qui se déroulait dans la fosse. Leur coéquipière tournoyait au milieu des malheureux comme une tempête. Bien sûr, ils ignoraient tous que le produit qu’Erwan lui avait injecté inspirait Tenten au-delà de toute logique. Ses gestes se déliaient. Ses frappes devenaient de plus en plus sauvages. Elle perpétuait le massacre des esclaves avec une grimace extatique.

Cette fille n’avait plus rien à voir avec la kunoichi qu’ils connaissaient…


Loin au-dessus d’eux, assis à l’ombre d’une des immenses statues grimaçantes qui ornaient le pourtour du stade, Erwan observaient à l’aide de jumelles le comportement de Tenten. Ce n’était pas très confortable, mais la vue était imprenable. Le soleil brillait dans son dos : même si quelqu’un regardait dans sa direction, il serait incapable de le distinguer. Un bon emplacement, c’était la clé.

Il baissa ses jumelles et fouilla dans sa poche pour en sortir le flacon de grifsan, encore au ¾ plein. Ses calculs s’étaient révélés exact, la kunoichi avait atteint les résultats escomptés sans qu’il ait eu besoin de lui injecter plus de produit. C’était une bonne chose, surtout pour elle, les effets secondaires allaient être minimes et il s’assurerait qu’elle n’en garde aucunes séquelles.

Mais cette injection avait également un aspect important pour Erwan, car c’était la première fois qu’il désobéissait à son père. Bon, ce n’était pas comme s’il l’avait défié ouvertement, mais ça restait néanmoins une petite avancée. Petite mais significative.

Le hurlement de la foule le ramena à son observation. Il rajusta les jumelles devant ses yeux et vit que Tenten était la seule encore debout dans l’arène. Elle s’était immobilisée. Autour d’elle, les cadavres des esclaves exhibaient leurs viscères, plantés dans des positions invraisemblables. Elle oscillait comme si elle était en transe.

• Les premiers contrecoups de la potion. • nota le med-nin. Pour en avoir déjà fait lui-même l’expérience, il imaginait sans peine ce que Tenten devait ressentir.

Couverte de la tête aux pieds du sang de ses victimes, elle ressemblait au Croquemitaine. La foule hurlait de joie. Erwan frissonna. Voilà ce que donnait un gentil ninja de Konoha sous l’effet d’une potion de rage. Finalement, quel que soit son village ou ses idéaux, un ninja n’était jamais qu’un vulgaire assassin, rien de plus, rien de moins.

Un terrible crissement semblable à celui d’une craie sur un tableau noir, mais mille fois plus fort, retenti soudainement et un grand silence s’abattit alors sur les gradins. L’aboyeur annonça que Dohyou, l’organisateur des jeux de l’arène de Commoragh, qui s’était avancé sur la tribune, allait faire une annonce.

“Mesdames et Messieurs, habitants de Commoragh, j’ai une grande nouvelle pour vous ! Devant les talents déployés par cette jeune combattante, Karn’Aj a décidé de descendre dans l’arène pour la défier !”

Dohyou laissa le temps aux spectateurs de discuter de ce qu’il venait d’annoncer, comme un murmure parcourait les gradins de l’arène. Karn’Aj, l’Invincible, le Seigneur de la Fosse, le Fournisseur des Enfers, le Poing de Jashin… Les surnoms ne manquaient pas pour ce monstrueux gladiateur dont on disait qu’il avait été béni par le Dieu à la Main Sanglante en personne. Puis l’organisateur des jeux de l’arène reprit la parole en faisant un maximum d’effets de manche :

“Tu affronteras Karn’Aj ici même, demain après-midi.” dit-il en désignant Tenten, “Prépare-toi bien pour ce combat, jeune fille, même si ça risque d’être un combat un peu bref. Hahaha !” Et il éclata de rire tandis que des gardes menottèrent les mains de la kunoichi, complètement stone, dans son dos pour la ramener à sa cellule.

L’aboyeur était en train d’annoncer le combat suivant quand Erwan quitta son perchoir. Son père n’avait rien laissé au hasard, et effectivement, il était passé à la vitesse supérieur : la rencontre entre Tenten et Karn’Aj n’aurais pas dû avoir lieu avant une semaine au moins. Arriverait-il à trouver une solution pour sauver la kunoichi dans un délai aussi court ? S’il prenait contact avec les ninjas de Konoha qui étaient arrivé ce matin, peut-être parviendraient-ils ensemble à enrayer le court des choses.

Non. Il était probable que non. «Ils» tueraient le Roi Hakkyou, permettant ainsi au Grand Prêtre de prendre le contrôle de la cité en accusant les ninjas de Konoha et pendant que la toute puissance de Commoragh s’attaquerait au Pays du Feu, son père briserait les sceaux qui emprisonnaient la forme physique de Jashin…

Il était inutile de s’inquiéter de ce qui allait arriver après, puisque le monde toucherait à sa fin et que rien ne pourrait l’empêcher. Voilà ce que se disait Erwan en se dirigeant vers le réseau souterrain de cellules situé sous l’arène, se demandant aussi quelle explication il allait donner à Tenten quant à son soudain accès de violence.


Après l’annonce, Shikamaru s’était renseigné auprès de son voisin à propos de ce «Karn’Aj», et ce qu’il lui avait expliqué n’était pas encourageant : Apparemment, c’était un gladiateur monstrueux doté d’une force colossale, capable de facilement déchirer un homme en deux à mains nues, un adversaire redoutable que personne n’avait jamais réussi à vaincre. Un combat face à Karn’Aj était synonyme d’une fin aussi brutale que sanglante, et si son adversaire arrivait à tenir plus de dix minutes, il faisait déjà partie de la légende.

Le manipulateur d’ombre se tourna alors vers ses compagnons :

“Bien, après tout ce qu’on vient d’apprendre… Il n’y a qu’une chose à faire.”

“Qui est ?” Demanda Sakura.

“Aller se promener.” Répondit-il le plus sérieusement du monde.

“Pardon ?!?”

La voix était celle de Lee, dont la réaction à la réponse donnée fut une profonde indignation. Shikamaru s’expliqua, tout en plaçant ses mains devant lui, de manière à bloquer un éventuel coup du Fauve de Jade :

“Ce n’est pas un problème que nous pourrons résoudre en se précipitant, le mieux est de réfléchir et d’en profiter pour visiter la ville. Mais avant tout, je vais aller pisser. Tu viens avec moi Neji ?”

Le Hyuuga hocha la tête et emboîta le pas au chef de l’équipe. Les filles échangèrent un regard plein d’incompréhension.

“Et vous avez besoin d’être à deux pour faire ça ?” Demanda perfidement Temari.

“Yep, mon médecin m’a interdit de porter des objets lourds.” Fanfaronna Shikamaru, et Neji soupira en levant les yeux au ciel.

La blonde secoua la tête. Le manipulateur d’ombre pouvait visiblement avoir de l’humour quand il voulait, mais là c’était vraiment pas le moment.

“Chef d’équipe ça, mon œil…” marmonna-t-elle.

Après avoir fait leur petite affaire, les deux garçons rejoignirent le groupe qui partit en ballade. L’autorité de Shikamaru semblait avoir pris un sérieux coup dans l’aile : Temari critiquait ouvertement son manque de courage et Sakura déplorait qu’ils se limitent à jouer aux touristes alors qu’il y avait tant à faire. Lee, quant à lui, boudait. Mais le manipulateur d’ombre s’en moquait, il savait qu’ils étaient suivis, même si ceux-ci restaient discrets, le groupe devait garder un air inoffensif, car si leur ennemi perçait à jour leurs intentions, ça risquait fort de très mal finir.


Deux gardes sortirent des toilettes qu’avaient utilisées quelques minutes plus tôt Neji et Shikamaru. Ils passèrent un instant à balayer du regard la foule autour d’eux d’un air aussi détaché que possible. Plusieurs spectateurs leur jetèrent des coups d’œil avec un air méprisant ; apparemment être garde à Commoragh n’était pas une fonction très valorisante, mais au moins le déguisement semblait efficace.

“On a combien de temps devant nous, tu penses ?” Demanda le premier.

“Avant qu’ils ne se rendent compte que des clones ont pris nos places ? Je dirai, dix minutes, un quart d’heure, si on a de la chance, mais pas beaucoup plus.” Répondit le deuxième, “sans oublier le risque que nos clones disparaissent d’eux même, car, en ce qui me concerne, ce n’est pas une technique que j’ai l’habitude d’utiliser, contrairement à Naruto.”

“Pareil pour moi, alors ne perdons pas de temps.” annonça le premier garde en se mettant en route, suivis par son compagnon. “Ah, ceci étant dit, Neji…”

“Oui ?”

“Je t’ai demandé de venir avec moi car ton Byakugan nous sera utile pour éviter les mauvaises rencontres dans les couloirs et ainsi nous déplacer le plus discrètement possible, pas pour que tu en profites pour faire du charme à Tenten, hein…”

“Ne t’inquiète pas pour ça Shikamaru, Sakura m’a déjà fait la leçon, je réglerai mes problèmes avec Lee lorsque la mission sera terminée.”

“Impec’ alors.”

Et les deux «gardes» s’engagèrent dans le réseau souterrain de cellules situé sous l’arène à la recherche de Tenten.


À suivre…




[1] mais non, l’arme, pas le ninja de la division Ne (Racine), grave les mecs…
[2] heu… bon là je vous conseil d'aller regarder sur Wikipédia parce que ça risque d'être assez long comme explication.





J'ai mit un maximum de temps à écrire ce chapitre, ce n'était pourtant pas les idée qui manquaient. Enfin… J'espère qu'il vous a plu :)



Chapitres: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 [ 11 ] 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 Chapitre Suivante »



Veuillez vous identifier ou vous inscrire:
Pseudo: Mot de Passe: