Fiction: Visions d'un Dieu Endormi

Pour Tenten, une mission banale au Pays du Vent va prendre des proportions épiques qui vont la plonger, elle et l'équipe chargée de la retrouver, au cœur d'une machination qui pourrait bien menacer le monde entier. Car les fidèles du Dieu à la Main Sanglante, Jashin, ont décidé de réveiller le Dieu Endormi…
Classé: -16I | Action/Aventure / Horreur / Spirituel | Mots: 125927 | Comments: 38 | Favs: 34
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Kris'ter (Masculin), le 27/11/2009
Après un looooong voyage parsemé de danger, le groupe de ninjas arrive enfin en vue de Commoragh.

Au court d'un arrêt forcé, ils firent la connaissance de Mujaki, un petit garçon qui leur avait assuré que Tenten était toujours en vie, mais prisonnière dans la cité du meurtre. Hélas, tout ceci était encore une manipulation du Grand Prêtre, l'enfant n'était qu'un pion subtilement manipulé par Jisha, une prêtresse de Jashin.

Shikamaru et Temari commencent à peine à démêler le vrai du faux dans toute cette affaire, mais le groupe n'est pas au bout de ses surprises…




Chapitre 10: Dans les Entrailles de Commoragh



Le Nukenin possède plusieurs formes et tu dois toutes les connaître. Tu dois identifier le Nukenin sous ses multiples déguisements et l’extirper de sa cachette.
Nous ne pouvons nous permettre le luxe de la pitié envers ses ninjas trop faible pour avoir choisi la bonne voie.
La pitié nous détruit : elle nous affaibli et sape notre détermination. Nous devons chasser de tels sentiments car ils sont indignes d’un Oinin au service de l’Hokage.
Le Nukenin ne devra jamais trouver le repos ou le pardon, ni dans cette vie, ni au-delà.
Il n’est rien de plus méprisable qu’un traître !


Un extrait du Premier Livre de l’Endoctrinement. Voilà ce qui tournait en boucle dans l’esprit de Sakura, depuis que le groupe avait chacun dû, sur les conseils de Mujaki, rayer le symbole sur leur bandeau, et ainsi passer pour des Nukenins pour pouvoir entrer dans Commoragh. Ils avaient été obligés de le faire pour la mission, mais cet acte n’allait sûrement pas être sans conséquences lorsqu’ils rentreraient chez eux. Ce signe gravé dans le métal n’était pas seulement ce qui servait à indiquer de quel village le ninja est originaire, mais c’était également une part importante et respectable de leurs traditions. Porté avec fierté en toutes circonstances, il symbolisait l’honneur et la fidélité désintéressée du ninja, ainsi que son renoncement à la fierté individuelle pour devenir part intégrante d’un ensemble au service de son Kage. Rayer ce symbole signifiait que le ninja avait craché sur tous ses serments de loyauté envers ses amis et son village pour ne rechercher que son profit personnel.

Peut-être allait-on leur interdire de revenir dans leur village natal ? Ou allait-on les exécuter à vue, et poser des questions après ? Sakura avait passé assez de temps avec Tsunade-sama pour se renseigner sur les méthodes des Oinins. Ceux-ci devaient affronter dans des combats particulièrement violents les pires criminels qui soient, des hommes et des femmes capables de survivre seuls ou presque dans un monde qui leur était désormais hostile. Autant dire que les Oinins ne faisaient pas dans la dentelle face à ces ninjas parfois extrêmement puissants et qui n’avaient, de toute façon, plus grand chose à perdre.

Shikamaru avait statué que pour le moment, récupérer Tenten était une priorité, et qu’ils s’occuperaient des éventuelles conséquences en temps utile. Neji et Lee avaient approuvé, naturellement, même si ils avaient eu du mal à le faire, tant le fait de bafouer tous leurs vœux, même pour faire semblant, était une tache indélébile sur leur honneur. Temari était plus réservée, tout comme Sakura, elle semblait savoir comment les Oinins procédaient.

Enfin, c’était fait maintenant, plus question de reculer.

Au détour du chemin, le groupe déboucha dans la plaine au centre de laquelle se dressait la forteresse. Ils s’arrêtèrent un instant, saisi malgré eux par l’aura malsaine et intimidante qui se dégageait de ce lieu. Le mur d’enceinte s’étendait sur leur gauche et leur droite aussi loin que portait la vue, escarpé, impitoyable, avec des contreforts épais placés tout les cinq cent mètres, et son surplomb haut comme une cinquantaine d’hommes, au sommet duquel Neji ne pouvait qu’entrevoir les minuscules silhouettes des soldats qui gardaient la citadelle.

“Bon, on est pas ici pour admirer le paysage.” Lâcha Temari, “en avant.”

Le groupe s’avança sur la route qui menait à la colossale porte principale, bien plus grande que celle de Konoha, dont le pourtour était taillé pour ressembler à la tête cornue d’un démon avec des flammes dansant dans ses yeux. Le sol autour d’eux était jonché de cadavres, d’ossements blanchis et d’armes rouillées. Des hordes de petit scarabées nécrophages grouillaient sur les corps, se disputant avec férocité chaque lambeau de chair putréfiée avant de les rapporter à leurs petits, nichés dans les milliers de crânes vides en partie enfouis dans le sol. Les vautours et autres charognards qui s’abritaient sur cette plaine subsistaient grâce aux déchets et aux cadavres catapultés par dessus les créneaux, en échange de quoi les soldats trouvaient en eux d’excellentes cibles à l’entraînement.

Traverser le pont-levis noirci par le sang qui avait coulé dessus au long des années fut une expérience déroutante, qui donnait aux ninjas l’impression de marcher sur la langue d’un démon prêt à les engloutir dans sa gueule, et cela avait sûrement été le but de la manœuvre. L’imposante double porte de la citadelle devait mesurer une vingtaine de mètres de haut, pour au moins trente de large et était couverte d’impressionnantes gravures représentants des scènes de guerre, bien que le passage du temps en ait érodé les détails et que des traînées noirâtres de sang séché s’y soient incrustées.

Neji leva les yeux et distingua des gardes qui s’étaient silencieusement postés sur des balcons de pierre pour les observer. Chacun portaient une arbalète à répétition pointée sur le pont-levis, afin de s’assurer que personne ne profiterait de l’occasion pour s’infiltrer à l’intérieur.

Avant même qu’ils ne puissent faire quoi que se soit, un craquement sourd raisonna et les deux vantaux de pas moins de quatre mètres d’épaisseur chacun s’ouvrirent lentement. «Entrouvrir», plutôt, car il n’y avait assez de place que pour ne laisser passer les ninjas un par un. On leur avait accordé le droit d’entrer dans Commoragh.



Le centurion Kolkis n’avait plus dormi depuis vingt-deux ans, depuis qu’enfant il avait été jeté dans les arènes de sélection pour se montrer digne des légions du Roi Hakkyou, ou périr dans la tentative. Dès lors, la soif de sang ne l’avait plus quitté. Il ne pouvait pas dormir, car chaque seconde perdue à la somnolence aurait pu être consacrée à prendre des vies, et la clameur de la bousculade l’avait à se point pénétré lors de son baptême de soldat que plus rien d’autre ne lui procurait le même frisson. Comme tous les centurions, la guerre était devenue son pain et le sang son eau, mais sur les remparts où il était aujourd’hui posté, seul l’entraînement pouvait espérer satisfaire son désir de tuer.

Cette volupté restait fade comparée aux saveurs qu’il avait goûtées sur un champ de bataille et dont il lui tardait de se délecter de nouveau. Le devoir devait cependant passer avant. Caduceia disposait, et lui s’assurait qu’elle était obéie.

Kolkis venait d’émerger d’une nuit consacrée à discipliner les plus négligentes des nouvelles recrues pour voir le matin éclore par-dessus l’horizon. Toute la longueur des remparts s’affairait à la relève de la garde : ayant sanglé leurs armures d’écailles emmaillotées de soieries carmin, les soldats reposés venaient remplacer ceux qui avaient veillé sans relâche durant la nuit. D’autres exerçaient leurs réflexes au cours de joute à la lance, disputée sur les larges avancées des fortifications qui s’alternaient avec les goulots étroits où les attaquants potentiels auraient à s’entasser. Plus loin sur la galerie, certains des canons de défense, des vestiges anciens et rarissimes dont les gueules ciselées à l’effigie de démon crachaient des projectiles de chakra1, subissaient l’examen et les tests de tirs quotidiens.

Les murs eux-mêmes constituaient un chef-d’œuvre d’architecture militaire, édifiés par des monstres domestiqués, et dessinés, selon les dires de certains, par le Roi Hakkyou en personne. Leur surface abrupte tournée vers l’extérieur du monde était d’un rose ocre, à l’apparence du grès, mais plus dur que n’importe quel granit ; les épais contreforts dont ils étaient étayés les prémunissaient contre les jutsus les plus destructeurs, et Kolkis doutait que même un jinchuuriki pût seulement les inquiéter. En plus de cela, les immenses draps de peau humaine qui en recouvrait la majeure partie n’avaient pas qu’un but ornemental puisque, bénis par les prêtresses de Jashin et depuis totalement réfractaire au chakra, ils empêchaient les ninjas de marcher sur les murailles et les obligeait d’utiliser des moyens «conventionnels» pour atteindre le sommet.

L’enceinte se creusait en de multiples angles afin d’entraîner les éventuels assaillants dans des endroits que surplombaient deux coursives, d’où il serait aisé de les cribler de carreaux. Aux abords du rempart, des douves et des barricades formaient un labyrinthe dans lequel les offensives de masse se briseraient, dont les éléments isolés ne pourraient se lancer à l’assaut que séparément. Et si l’un d’entre eux devait malgré tout réussir à prendre pied sur le chemin de ronde, des portions de celui-ci pouvaient être fermées pour piéger les occupants afin qu’ils fussent ensuite éliminés à loisir.

La plus efficace des défenses n’était cependant pas le rempart lui même. Chacune de ses sections était confiée à un centurion comme Kolkis, dont l’expérience était au service d’un attachement sans faille à Commoragh, afin que la cité demeurât un point d’ancrage à l’adoration vouée à Jashin. Aux ordres de chaque centurion, un millier d’hommes, tous rompus à l’usage de l’arbalète à répétition et au combat rapproché. Si le baraquement derrière le mur pouvait dégorger en une demi-heure suffisamment de soldats pour le garnir entièrement, on pouvait attendre de la garde en faction qu’elle suffirait à repousser toutes les menaces existantes dans le monde. Parmi les défenseurs évoluait un grand nombre de bêtes de chairs, des monstrueuses abominations mutantes créées par les Biopistes, chargé de vomir leur acide sur les attaquants ou de les démembrer à grands coups d’ergots tranchants.

Toutefois, seuls les centurions savaient quelle arme serait employée devant une menace véritable. Ces tours aux décorations élaborées qui se dressaient à intervalles réguliers le long de la muraille n’avaient pas un simple but ornemental ; ce n’était pas non plus des vigies, mais de petits temples de Jashin, aux intérieurs tapissés de sang et aux carrelages couverts de symboles complexes. Le Roi Hakkyou avait passé un pacte avec le Dieu à la Main Sanglante et sa dévotion lui assurait qu’il pouvait, disait-on, invoquer à la rescousse de son royaume une armée de Buveurs de Sang, des monstrueux démons de Jashin qui se repaissaient de la souffrance autant que de la chair.

Les soldats l’ignoraient, bien entendu, puisqu’ils devaient être ceux dont la mort alimenterait les besoins du rituel et serait l’ultime épreuve imposée à leur loyauté.

Un des conscrits, à peine scarifié, s’empressa de rejoindre Kolkis sur les remparts.

“Centurion, les troupes placées à la surveillance de la porte nord souhaitent vous informer qu’un groupe de cinq ninjas se dirige vers la ville.”

Son supérieur pouvait sentir la peur que le jeune homme éprouvait devant lui. Du haut de ses deux mètres de muscles, dans ce corps dont pratiquement chaque centimètre carré recelait une des cicatrices de sa ferveur, il savait tenir d’avantage du monstre que de l’humain rassurant.

“Des Nukenins ?”

“Probablement, centurion, mais conformément aux nouveaux ordres, j’ai été envoyé pour vous le faire savoir.”

“Espérons que cela ne se limite pas qu’à cela, trop de temps a passé sans que nous n’ayons rien à tuer. Montre-moi.”

Le soldat emmena Kolkis jusqu’au poste de guet. Là, le centurion tendit une main et reçut une longue-vue de bronze. Son œil exercé parcouru les corps des ninjas qui marchaient sur la route menant à la forteresse, à deux kilomètres de là, il trouva rapidement leurs bandeaux, et les symboles barrés qui étaient dessus.

“Cinq Nukenins…” dit-il, une pointe de regret dans la voix, “une de Suna et quatre de Konoha. Dommage.”

“De Konoha ?” Répéta un des soldat, “comme celle qui a massacré trente-cinq soldats du régiment Vae Victis il y a trois jours ? Devons-nous les abattre ?”

Les arbalétriers armèrent et se préparèrent à libérer leurs mortels projectiles dès que leur centurion leur en donnerait l’ordre.

“Non.” Répondit simplement Kolkis en haussant les épaules, “si ces soldats-là sont morts, c’est parce qu’ils étaient faibles et qu’ils le méritaient.”

Il rendit la longue-vue de bronze et descendit au poste de garde. Il tenait à voir arriver ce groupe de ninjas de ses propres yeux, Tenten avait fait une réputation aux habitants de Konoha, et il voulait s’assurer que celle-ci n’était pas usurpée.



À peine entrés, les ninjas se retrouvèrent confrontés à un groupe d’une dizaine de gardes peu amènes au visage dur, de ceux dont les trop nombreuses horreurs qu’ils avaient contemplées avaient fini par tarir les émotions. Ceux-ci étaient aux aguets, guettant le moindre prétexte pour abattre les nouveaux arrivants.

Un petit homme grassouillet aux yeux porcin s’approcha du groupe en trottinant et les accueilli avec un sourire forcé. Il leur posa toute une série de question sur leur provenance et les raisons de leur présence ici. Les ninjas y répondirent de leur mieux, restant évasif sur les raisons de leurs désertions respectives.

Une fois l’interrogatoire terminé, l’homme caressa son bouc soigneusement lissé de ses doigts épais en plissant les yeux, puis il annonça au groupe qu’ils ne pouvaient entrer dans Commoragh qu’après avoir signalé leur arrivée au bureau des admissions.

“Les inscriptions se font ici.” Leur dit-il en désignant une porte latérale.

Le sixième sens des ninjas les incitait à la prudence, l’homme mentait certainement, il pouvait tout simplement s’agir d’une cellule de prison qui les attendait derrière cette porte. Temari l’attrapa soudain par le col et le tira vers elle, approchant son visage à quelques centimètres du sien avant de s’exclamer :

“Comment oses-tu nous importuner avec des formalités aussi triviales ?”

Elle le repoussa d’un geste méprisant et l’homme s’écroula à terre. Poussant un grognement de protestation, il se releva en jurant qu’il allait leur apprendre les bonne manières, et que ça allait leur faire mal par où ils apprendraient !

Les gardes levèrent leurs arbalètes et se préparèrent à passer à l’attaque, mais Temari ne se laissa pas impressionner pour si peu et clama d’un air farouche :

“Si tu nous retardes une seconde de plus, tu auras droit à un nœud dans les tripes… mais encore faut-il que tu en aies ! Et maintenant, laisse-nous passer !!”

Sa menace fit son petit effet et l’homme sembla perdre toute confiance en lui. Il ordonna vivement aux gardes de rester calmes tout en reculant alors que la blonde avançait vers la ville d’un pas décidé. Les autres ninjas lui emboîtèrent le pas, mais à peine avaient-ils parcouru quelques mètres qu’ils entendirent un bruit derrière eux : le claquement sinistre de la détente d’une arbalète !

Alors que le chuintement aiguë d’un carreau déchira l’air dans leur dos, Lee se retourna subitement pour saisir le projectile au vol ! Ce réflexe fulgurant lui sauva la vie, et alors que le groupe se retourna en s’attendant à devoir se battre, les gardes éclatèrent de rire. Le centurion Kolkis, qui avait visiblement ordonné le tir, les gratifia d’un sinistre :

“Bienvenu à Commoragh, étrangers…”

Déconcertés par cet accueil, les ninjas tournèrent les talons, non sans jeter de brefs coups d’œil derrière eux, et s’enfoncèrent dans la ville.



Dans sa cellule humide, Tenten était assise en tailleur à même le sol glacé, tentant de reprendre le contrôle de son corps en attendant son prochain combat. Elle avait appris que le poison qui enduisait les naginatas des Gardes Noirs s’appelait, non sans raison, le tueur de chakra. Il était extrait des néomnes, des plantes dont le suc agissait sur les tenkensus de la même manière que le curare sur les muscles - s’asseoir ainsi lui avait demandé un effort considérable - et avait la particularité de ne jamais être éliminé par l’organisme, à moins d’avoir l’antidote. Ces geôliers lui injectaient une petite dose de contre-poison à durée limitée juste avant de la lâcher dans l’arène et une heure plus tard, le poison recommençait à faire effet, rendant toute fuite impossible. En attendant, elle était donc condamné à se battre ou mourir pour le plaisir des habitants de Commoragh, car elle avait été «promue» gladiateur.

Un bruit dans le couloir lui fit ouvrir les yeux, une nouvelle patrouille de gardes arrivait pour faire sa ronde. La cellule de la kunoichi étant profondément enfouie sous le sol, celles-ci constituaient donc le seul repère temporel de Tenten.

La patrouille arriva devant la porte et le judas s’ouvrit. L’un des gardes fixa longuement la jeune fille avec un regard concupiscent. Elle sentait bien que celui-ci avait une envie dévorante d’abuser d’elle, ce qui aurait été simple vu son état. Mais quelque chose le retenait, pour le plus grand soulagement de Tenten. L’homme soupira et referma violemment le judas avant de reprendre sa ronde.

La kunoichi supposait que Dohyou, l’organisateur des jeux de l’arène de Commoragh, avait donné des ordres pour qu’elle soit en pleine forme avant de se battre.


“Tu manques de chair.” Lui dit-il peu après que le med-nin ait soigné ses blessures, “j'aime que mes gladiateurs sois bien musclés, mais tu possèdes peut-être la Force de l’Esprit. J’ai vu des combattants soulever un bœuf à mains nues se faire tuer par des individus chétifs mais qui avaient le feu sacré. As-tu le feu sacré, femme de Konoha ? As-tu assez de flamme pour offrir un spectacle décent devant la foule avide de combat ?”

Tenten ne répondit pas, mais le regard qu’elle lui lança en avait dit suffisamment long.

“Oui, je le vois dans tes yeux. Désormais, tu vas te battre pour moi ; te battre et peut-être mourir sur le sable de l’arène.”


Tenten sentit une vague de désespoir s’abattre sur elle en regardant les murs suintant de son cachot. Comment allait-elle pouvoir se sortir de ce guêpier dans lequel elle s’était fourrée ? Et même si Konoha envoyait une équipe de secours, comment pourraient-ils la retrouver ? Il y eu à nouveau du bruit dans le couloir. Une nouvelle patrouille, déjà ?

Le cliquetis métallique d’une clé se fit entendre, et quelque seconde plus tard, la lourde porte en fer de la cellule s’ouvrit en grinçant. Un jeune homme d’une vingtaine d’années entra précautionneusement dans le cachot, et la kunoichi poussa un soupir de soulagement en reconnaissant Erwan, le jeune med-nin d’une vingtaine d’années qui lui avait sauvé la vie après son arrivée ici.

Il portait une longue veste de velours rouge ornée de gros boutons d’ivoire et ouverte sur un thorax d’une maigreur ascétique. Ses long cheveux blancs ramenés en queue de cheval tombaient en mèches plates jusqu’à sa taille. Son bandeau frontal était orné du symbole de Commoragh, le symbole de Jashin lui-même. Son visage était élimé, glabre et cendreux, ses yeux vert, très clair, examinèrent la kunoichi qui lui faisait face avec tristesse.

Lorsqu’on lui avait dit de s’occuper d’une jeune prisonnière afin qu’elle soit apte à se battre dans l’arène, il ne s’attendait certainement pas à ça. L’état de kunoichi était dramatique : elle avait trois côtes et un fémur cassés, une épaule déboîtée, un morceau de bois épais comme le pouce planté dans le ventre sur une dizaine de centimètre, sans oublier les coupures et autres contusions qui constellaient son corps et son œil gauche fermé par un hématome boursouflé.

Le med-nin s’était démené comme un diable, sans compter les heures, pour sauver Tenten, et pas seulement parce que son père lui avait clairement signifié que sa vie dépendait de la survie de la prisonnière.

“Comment te sens-tu ?” Lui demanda-t-il d’une voix qui se voulait aussi neutre que possible.

“À ton avis ?”

Tenten avait répondu sèchement. Malgré tout ce que le med-nin avait fait pour elle, elle se méfiait. Le temps qu’elle avait passé dans Commoragh lui avait appris à être dure, ou au moins, prudente. Devant l’expression blessée de son interlocuteur, toutefois, elle se ravisa et lui présenta de timides excuses, que le jeune homme accepta en hochant la tête.

“Bon, voyons comment tes blessures ont supporté ton dernier combat.” Dit-il en s’approchant de la kunoichi pour l’examiner.

Il lui ôta son pantalon et sa chemise. Celle-ci était forcée, par le poison, de se laisser faire tandis que les doigts experts d’Erwan courraient avec précision sur les lignes souples du corps de la kunoichi, aussi délicatement que les mains d’un amant, et bien qu’il ne s’approche pas de ses attributs féminins, ses caresses provoquaient en Tenten une sensation indéfinissable, surprenante, un étrange mélange de sujétion délicieuse et de soumission intolérable. Elle n’arrivait pas à se décider quant à savoir si ce que lui faisait le med-nin était plutôt agréable où franchement répugnant. Mais elle ne pouvait nier qu’il y avait un érotisme certain dans ce qui était en train de se passer.

Elle frissonna.

“Désolé, je t’ai fait mal ?” S’enquit Erwan en retirant immédiatement ses mains.

“Non, c’est… le froid…” expliqua-t-elle promptement, tentant de cacher son embarras. Était-elle à ce point «en manque» ?

Le med-nin n’insista pas. Il rhabilla Tenten et se plaça pour s’asseoir à quelques pas devant elle, les coudes sur les genoux, les mains devant son visage. Lui aussi tentait de dissimuler son émoi, cette fille faisait naître en lui un sentiment étrange.

“Si tu as froid, pourquoi t’asseoir sur ce sol humide?” Lui fit-il remarquer, “ce n’est sûrement pas bon pour toi.”

“Le froid me permet de sentir mon corps, pour tenter d’en reprendre le contrôle et de combattre le poison.”

Erwan soupira. Un soupir désolé.

“Ça ne fonctionnera pas, tu ne reprendras jamais le contrôle de ton corps, pas de cette façon en tout cas. La seule solution est d’avoir une dose de contrepoison.”

“Je sais.” Répondit Tenten en souriant, “mais ça n’est pas ça qui m’empêchera d’essayer.”

Le med-nin observa la kunoichi un long moment en gardant le silence. Cette fille était tout ce qu’il n’était pas : ingénieuse, combative, déterminée… Alors que lui avait du mal à gérer sa vie et qu’il souffrait de l’énorme pression que les espoirs de son fou-furieux de père faisaient peser sur lui.

“Qu’est-ce qu’un homme comme toi fait dans une ville comme Commoragh ?” Demanda subitement Tenten, “il y a du bon en toi, je le sens, alors pourquoi rester ici ? Pourquoi ne pars-tu pas pour une autre pays, en laissant cette ville et ses mœurs sanglantes derrière toi ?”

Erwan se redressa instinctivement et croisa les bras sur son torse. Elle avait mit le doigt sur un point sensible. Bien-sur, il aurait voulu s’enfuir : tourner le dos à cette ville, à son destin, recommencer une nouvelle vie ailleurs, en laissant derrière lui cet héritage maudit qui poursuivait sa famille depuis douze générations… Mais décevoir son père était au dessus de ses forces…

“On est pas toujours maître de son destin…” lâcha-t-il à voix basse avant de se lever et de se diriger vers la sortie.

“Tu sais, j’ai un ami qui pensais ça lui aussi.” Lui lança Tenten, “il imaginait être comme un oiseau en cage, prisonnier de son destin. Mais un jour, quelqu’un lui a fait comprendre que si l’oiseau tenait à sa liberté, alors il crochèterai la serrure avec son bec.”

Le med-nin s’arrêta un instant sur le pas de la porte.

“L’allégorie est intéressante.” Dit-il simplement en refermant derrière lui.



Sakura n’arrivait toujours pas à croire qu’elle avait laissé Shikamaru la convaincre que son idée de séparer le groupe pour chercher Tenten était la meilleure chose à faire pour le moment. Ça n’avait aucun sens, leur amie avait été capturée par les soldats de Commoragh et devait donc, en toute logique, se trouver dans la cellule d’une prison. Ils auraient dû commencer leur investigation par là au lieu de partir aux quatre coins de la ville à la recherche d’une piste qui n’existait pas.

Enfin… Qui n’existait probablement pas.

En tout cas, c’était ce que Mujaki leur avait dit et le gamin n’avait, à première vue, aucune raison de mentir. Mais Shikamaru semblait sceptique et avait insisté pour qu’on retrouve la trace de Tenten, du moins, qu’on puisse refaire son parcours depuis son entrée dans la cité. Temari était d’accord avec lui. Les cinq ninjas étaient donc partit chacun de leur coté, et Sakura tournait en rond depuis presque deux heures dans ce village dont les rues formaient un véritable labyrinthe illogique. Celui qui avait construit cette cité devait être soit un génie, soit un fou.

Après maints tours et détours, elle finit par déboucher sur une place au centre de laquelle se trouvait une fontaine d’eau croupie. Les restes d’un panneau indicateur vermoulu signalaient vaguement trois directions différentes, et pour parfaire le tableau, un homme hirsute pourvu d’une barbe poisseuse était avachi au pied du poteau, la tête renversée sous un pichet en grès crasseux, se remplissant le gosier d’un alcool à l’odeur indéfinissable.

La rose tenta de lire les panneaux parfaitement indéchiffrables, mais en vain. L’homme affalé à terre émit un rot sonore, puis plongea son regard au fond de sa chope désormais vide, la contemplant d’un air triste. Percevant la présence de la kunoichi devant lui, il leva le nez vers Sakura, s’essuya la bouche d’un revers de main et l’interpella :

“Hey… Hey… Gamine, t’aurais pas - hips - une pié…piécette ou deux ? C’est p…pour que ch’puisse - hips - a… a… aller encore m’en j’ter un p’tit dernier - burp - à la Chauge Crossue… heu… non… heu… à la Sauge Crochue… ouais… C’est la tata… taverne des - hips - des ninjas ça…”

Sakura regarda cette loque humaine ravagée par l’alcool avec un mélange de dégoût et de pitié.

“La taverne des ninjas, hein ?” Lui dit-elle avec condescendance, “parce que tu vas essayer de me faire croire que tu es un ninja toi ?”

“M…moi ?” Répondit le gros ivrogne, “oh non… hihi… pas moi… chuis pas un n…ninja moi - hips - Mais t…toi t’en es une, toi, de ninja… de Konoha, hein ? Hein ? - burp -”

“Et comment tu sais que je suis de Konoha ?” Demanda Sakura en levant un sourcil.

“Bin… À c…cause du sym - hips - symbole sur ton bandeau… hihi… t’es bête…”

La rose se sentit idiote, évidement, le symbole sur son bandeau la désignait comme une kunoichi du Village Caché de la Feuille, forcément.

“Mais t’es pas lap… la première que j’vois d’là-bas - burp -” poursuivis le soûlard, sans se rendre compte que Sakura ne l’écoutait plus vraiment, “a la Sauge Crochue… yavait une fille comme toa… avec p…plein d’armes… Elle - hips - elle était pô trop gentille d…d’ailleurs ta cop… copine… Elle a… aaah… tué trois gars s’soir là… C’tait pô juste… y voulait j…juste rigoler ‘vec elle…”

La rose tiqua en entendant ça. Une kunoichi de Konoha ? Avec plein d’arme ? Tenten ? Ce pochtron en savait peut-être plus qu’il n’y paraissait. Ce n’était sûrement rien, mais ça valait le coup de se renseigner.

“Et elle est où cette fameuse taverne ?” Lui demanda-t-elle, aussi gentiment que possible, en se penchant sur lui, tentant de ne pas faire trop attention à l’odeur ; subtil mélange d’alcool frelaté, de sueur et de crasse.

“Tu… tu veux y aller à la Chau… Sauge Chor… Corch… - hips - là-bas ? T’as bin raison gamine, mm… même que ya du bon saké la-bas… Mais - burp - ils le servent pas à l’œil, s’tu vois s’qu j’veux dire.”

Son visage se fendit d’un sourire torve, dévoilant une rangée de dents gâtées et mal alignées, tandis qu’il avançait une paume calleuse. La rose refusa naturellement de débourser le moindre yen pour ce sac à vin.

“Bah, j’me disais bien qu’t’avais une bobine de radin…” lâcha le vieux pochtron en se relevant tant bien que mal, “si c’est c…comme ça, dit-toi qu’j’ai mieux haff… faire que d’gacher ma salive…”

Sur ce, il s’éloigna en titubant dans une ruelle, la main toujours serré sur son pichet de saké désormais vide. Sakura le regarda disparaître avec un soupir las, puis elle se concentra à nouveau sur le panneau, une des rues devait bien mener à la Sauge Crochue.

Soudain, elle se rendit compte : son bandeau, elle s’en servait comme un serre-tête, et l’ivrogne était à ce moment là assis devant elle, il ne pouvait donc pas voir le symbole qui était dessus, puisqu’il était situé au sommet de son crâne.

La rose décida de le retrouver pour lui faire avouer ce tout qu’il savait. Elle s’enfonça dans la rue crasseuse où il avait disparu, plongé dans l’ombre projetée par la forteresse. Elle l’aperçut tourner dans une ruelle adjacente et elle se lança à sa poursuite. Arrivée au coin, elle le vit tourner à un autre croisement, et elle accéléra pour ne pas le perdre de vue. C’était fou, l’ivrogne titubait alors que Sakura courrait à pleine vitesse, mais elle n’arrivait pourtant pas à le rattraper. Le dernier croisement donnait sur une impasse, mais le pochtron avait disparu.

Sakura dégaina immédiatement deux kunais et se mit en position de combat, tous les sens en alerte. Ça puait le piège à plein nez ! Son regard allait dans toutes les directions à la recherche d’un mouvement suspect, mais il ne semblait rien devoir arriver. Elle expira lentement, cette ville la rendait paranoïaque.

Toujours sur ses gardes, elle fit demi-tour pour retourner là d’où elle venait, mais elle se rendit rapidement compte qu’elle ne savait plus par où elle était passée. Les rues n’avaient tout de même pas changé derrière elle ? En tout cas, elle ne reconnaissait rien. Comment pouvait-on se perdre aussi vite ?

En plus, aucun signe de vie n’émanait des masures qui enserraient l’étroite chaussée dont de lourdes barres de fer et d’épais volets en bois protégeaient chaque issue, précaution indispensable et justifiée dans cette cité mal famée. Elle fini par atteindre un carrefour où elle fit halte pour choisir sa direction, lorsqu’elle fut distraite par un mouvement dans la pénombre.

Émergeant d’un porche obscur, un homme livide, drapé dans un sombre manteau pourpre ourlé de soie écarlate, s’approcha d’elle :

“En voilà un drôle endroit pour se promener, princesse.” Lui susurra-t-il d’une voix mielleuse, “a moins que tu ne cherches un peu deeee… réconfort…”

La rose lui répondit qu’elle n’avait aucun besoin de réconfort, et surtout pas du sien, mais lorsqu’elle voulut se remettre en en route, elle se retrouva soudainement incapable de faire le moindre geste, pétrifiée par le regard de l’homme : un regard lancinant, animé d’un inquiétant flamboiement rougeâtre, alors que l’obscurité autour d’elle semblait s’épaissir à chaque seconde, prête à l’engloutir.

• Du Genjutsu ! • Réalisa Sakura.

Confiant dans l’efficacité de son jutsu, l’homme s’approcha de sa victime qui ne devait normalement plus être capable de faire le moindre geste à présent et lorsqu’il tendit ses mains cadavériques vers la rose, son manque de discernement vis-à-vis du choix de sa victime vint le frapper comme une évidence : Sakura brisa l’illusion à cet instant.

Pris par surprise, l’homme n’eut pas le temps de faire le moindre geste de défense lorsque l’uppercut de la Genin le cueillit en pleine mâchoire, le projetant en l’air comme un pantin désarticulé et lui cassant trois dents au passage.

Craignant que tout ce raffut n’attire plus d’indésirables, Sakura s’éclipsa rapidement sans un regard vers la dépouille du coupe-jarret mal inspiré.

Après avoir parcouru un dédale de ruelles sombres et de passages tortueux, elle finit par déboucher sur une place… la même place où elle avait rencontré l’ivrogne. Autour de la fontaine, une foule bruyante s’était rassemblée pour assister à un combat à main nue entre deux mauvais garçons. S’approchant, elle demanda à un des spectateurs le chemin de la Sauge Crochue et, à sa grande surprise, celui-ci se montra ravi de lui offrir son aide. Le brave homme lui expliqua rapidement comment de rendre dans la rue où se trouvait ledit estaminet.

Suivant ses indications, Sakura déboucha dans une rue commerçante animée. Les enseignes des marchands, peinte grossièrement, représentait ici un tessen ensanglanté, là un cheval ailé ou un crâne fracassé sur fond de soleil levant. Cependant, aucune ne ressemblait de près ou de loin à la Sauge Crochue et la rose commençait à désespérer de ne jamais trouver ce maudit bouge, quand une rumeur de voix avinées provenant d’un édifice à trois étages parvint jusqu’à elle. Bien que les murs ne fussent ornés d’aucune enseigne, la clameur et le brouhaha qui s’échappaient des portes de chêne grandes ouvertes étaient suffisamment explicite.

Au moment où Sakura franchit les portes de la taverne, le brouhaha s’éteignit brusquement et toutes les têtes se tournèrent vers elle. Les clients la dévisagèrent tous, puis les regards se détournèrent et ils reprirent leur bavardages. Après avoir descendu une volée de marche, la rose se fraya un chemin à travers la foule bruyante et l’atmosphère enfumée pour s’accouder au comptoir dégouttant de saké. Avant qu’elle ai pu dire quoi que ce soit, une plantureuse servante posa avec fracas un sakazuki en bois sous son nez et le remplit de saké.

“Le premier c’est pour la maison.” Grogna-t-elle d’une voix peu amène, “mais les autres, c’est pour ta poche, vu ?”

“Entendu.” Acquiesça Sakura en hochant la tête.

Elle humecta la «mixture» qui se trouvait dans son verre, mais rien qu’à l’odeur, ça ne lui donnait vraiment pas envie d’en boire ne serais-ce qu’une goutte. Ainsi, tout en renversant subrepticement la boisson par terre, la rose jeta un coup d’œil discret à la clientèle de l’établissement. Une clientèle peu recommandable, composée en majeure partie de malandrins et autres Nukenins qui s’exposaient sans retenu. Ici, un Oinin devait pouvoir réaliser son quota d’élimination en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire.

À condition qu’il survive.

Comment se faisait-il qu’il y ait autant de Nukenins d’ailleurs ?

Certains n’avaient pas ou plus de bandeau, mais la plupart arboraient encore «fièrement» le symbole de leur ex-village. Sakura en identifia un de Konoha, trois de Suna et quatre de Kumo. D’autres venaient de pays de moindre importance, mais disposant pourtant d’un village caché suffisamment important, comme le Pays de la Cascade ou le Pays du Riz. Sakura conclut que ces villages là ne devaient disposer de services d’Oinins en nombre suffisant, ou étaient trop petit pour pouvoir entretenir les effectifs pléthoriques d’un des cinq grands villages cachés.

Les derniers Nukenins venaient des petits pays comme le Pays de l’Ours, le Pays de la Montagne ou le Pays des Crocs, des contrées qui n’avaient pas ou plus de village caché à proprement parler. Ces Nukenins-là devaient donc vivre une vie de mercenaires en mettant leurs talents de ninjas au service du plus offrant.

Comme tous les Nukenins présent ici en fait : une vie faite d’aventures et d’improvisations, mais sans véritables buts ni grandes aspirations autres que survivre pour voir le jour se lever une fois de plus.

La rose se sentait mal à l’aise au fond d’elle-même. Pourquoi avaient-ils fait cela ? Pour quelles raisons avaient-ils tourné le dos à leurs villages et à leurs amis ? Démantèlement du village caché pour cause de restriction budgétaire de la part du Daimyo ? Conflit d’intérêts ? Volonté indépendantiste ? Tentative de coup d’état avortée, comme pour Zabuza ? Rêves grandiloquents de puissance, comme pour Orochimaru ? Désir brûlant de vengeance, comme pour Sasuke ? Ça ne faisait aucun doute : si elle avait pu sonder la quarantaine de personnes qui étaient avec elle dans la taverne, elle aurait trouvé une quarantaine de raisons différentes.

C’est en finissant de renverser son saké par terre qu’elle se dit que jamais, jamais elle ne pourrait trahir son village. Trop de chose restait à faire pour elle à Konoha, parmi lesquelles, en priorité, protéger Naruto.

Et retrouver Sasuke

À peine Sakura eut-elle reposé son sakazuki vide sur le comptoir que la grosse servante s’approcha prestement pour le remplir.

“Ça sera 600 Yen.” Grommela-t-elle.

Sakura tira de sa bourse une pièce de 500 et une pièce de 100 qu’elle posa sur le bar et, au moment où la serveuse allait les ramasser, la rose lui saisis le poignet pour la retenir.

“Je cherche une kunoichi nommée Tenten.” Dit-elle en rajoutant autant de mystère que possible à sa voix, “vous savez où elle se trouve ?”

“Tu sais petite, je vois tellement de monde ici, je peux pas me souvenir des noms de tout ceux que je sers.” Grogna la servante en haussant les épaules.

“Alors faites un effort.” Insista Sakura sans lâcher sa prise, “elle a les cheveux coiffés avec deux chignons de chaque coté de la tête, et elle se trimbale avec toute une panoplie d’arme.”

“Ah oui, elle ! Elle a passé quelques jours ici, oui. Mais elle se bat dans l’arène à présent.” La serveuse désigna un programme cloué au mur, “et maintenant, lâche-moi, ou j’appelle Chegga !”

La rose la relâcha sans hâte excessive et, abandonnant son sakazuki sur le bar (où il fut rapidement «réquisitionné» par un autre client), elle se dirigea vers le tableau des combats. Celui-ci, couvert de graffitis, de grossièretés et autre dessins charmants, détaillait les rencontres de la semaine dans l’arène. La majorité des noms inscrits au crayon étaient accompagnés sobriquets très évocateurs, comme Trend de dessus les corps entassés, Thiazi que suivent les vautours, ou encore Norsak le faiseur de veuves. Elle finit quand même par trouver ce qu’elle cherchait.

La rose sortit un morceau de papier pour y noter rapidement les prochains combats que la kunoichi allait livrer puis, ayant appris ce qu’elle voulait savoir, Sakura quitta rapidement la taverne pour retrouver ses compagnons. Elle passa par les toits cette fois-ci, pour aller plus vite. Pas question de passer encore trois heures à errer dans cette maudite ville.

En y réfléchissant, quelqu’un avait menti dans cette affaire, soit Mujaki, soit la serveuse, mais vu ce qui s’était passé avec l’ivrogne, au fait qu’il l’ait volontairement égarée dans les ruelles le temps que la petite bagarre se mette en place, tout semblait confirmer les soupçons de Shikamaru à propos d’une manipulation à grande échelle. Tout cela ne présageait rien de bon…



[1] Oui, une sorte de chidori à distance. Ça y est, j’entends déjà les lecteurs hurler “Hérésie !” devant leur écran, mais laissez moi vous expliquer. Les servants chargent le canon en poussant le corps d’un esclave (vivant bien entendu) dans le creuset situé à l’arrière de la machine. La chair de la «munitions» fond alors en un instant, coulant comme de la cire aux pieds de l’équipage, tandis qu’un mécanisme démoniaque aspire le chakra de l’esclave. Celui-ci est ensuite transformé en un éclair d’énergie corruptrice, puis projeté vers sa cible dans un spasme répugnant. Il va sans dire que l’esclave ne survit pas au procédé, mais après tout, ils sont là pour ça.



Sakura était à l'honneur dans ce chapitre, j'ai également présenté un personnage qui aura un grand rôle à jouer par la suite, mais vous le découvrirez bien assez tôt ;)

Décrire le système de défense de Commoragh à été assez passionnant. Pour en faire cette cité-forteresse, je me suis beaucoup inspiré des travaux de Sébastien Le Prestre de Vauban (ceux qui ne le connaissent pas, Wikipédia est votre amie), accommodés à la sauce Jashin, bien entendu :D

Le prochain chapitre va être celui des retrouvailles, avec une Tenten au top de sa forme face à des grosses brutes sanguinaires ';..;'




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