Fiction: Un étranger aux yeux de Lune (terminée)

On lui avait depuis toujours répété que les étrangers étaient indignes de confiance, qu'ils étaient différents, et que pour cela, il valait mieux ne pas les fréquenter. Alors lorsque son père, en rentrant de voyage, ramena au Riad une famille d'outre-mer, Tenten n'en fût pas des plus ravies... D'autant plus que ce garçon à la peau trop pâle et yeux singulièrement nacrés avait apparemment décidé de ne pas la laisser tranquille ! Et si les vieux préjugés étaient mis de côté, que se passerait-i
Romance | Mots: 8984 | Comments: 0 | Favs: 1
Version imprimable
Aller au
Noussy (Féminin), le 06/04/2013
J'avais depuis longtemps dans l'idée de faire un OS avec une ambiance orientale... Et voilà qui est fait o/ Tenten fait décidément une bien bonne africaine u.u

Bonne lecture !




Chapitre 1: Un étranger aux yeux de Lune



Même à cette époque-là, je n’étais sûrement pas une fille ordinaire aux yeux de mon entourage. Je paraissais bizarre, trop dévergondée, trop libertine, peut-être un peu trop dynamique et certainement trop cultivée. J’avais une vision du monde totalement différente des gens qui m’entouraient. Cependant, étant la fille unique d’un riche commerçant qui avait en plus une certaine influence sur la petite ville où j’habitais, j’avais le privilège de ne pas être regardée de travers, comme l’aurait été une autre. J’aimais d’ailleurs répandre mes idées autour de moi, usant peut-être un peu de la position de mon père, car j’étais sûre que, bien que mes actes et mes paroles folâtres en outraient sans doute plus d’un, je ne recevrais aucune punition. Du moins, en dehors des gifles que m’administrait proprement mon père lorsqu’il jugeait que je dépassais les bornes. J’étais dans mon propre monde, refusant les idées que je jugeais inutiles, et veillant à garder ce qui était beau, préservant avec soin mon identité que les étrangers méprisaient tant.

J’avais conscience de ce qui se passait autour de moi, je m’arrangeais toujours pour me mettre au courant au bon moment. Je connaissais toutes les personnes qui circulaient au Riad El Behja1, ma demeure et mon royaume, homme ou femme, bien que la tradition ancrée dans les premiers les faisaient baisser les yeux lorsque je voulais entamer une conversation. A cette époque, les blonds, les trop blancs, les yeux clairs attiraient ma curiosité, et ma méfiance. J’avais tout de même un peu assimilé le fait que les étrangers étaient sournois et hautains.

C’est pour cela que lorsqu’El-Hussein m’avait annoncé la venue d’invités d’autres terres, en précisant qu’ils séjourneraient au Riad, ma première réaction ne fût pas des plus aimables :

« -Quoi ?! Pourquoi ici ? Pourquoi ils n’iraient pas dormir dans un hôtel comme d’hab’ et nous laisser en paix ? m’insurgeai-je en interrompant mon repas.
-Ce sont des invités importants, et il serait mal convenu de les accueillir autrement que comme nous l’ont appris nos grands-pères, c’est-à-dire suivant l’étiquette…»

Je boudai en mordant dans ma Rghifa2 au miel, sourcils froncés, me replongeant dans la contemplation de ma table de petit-déjeuner. Le thé à la menthe fumait encore dans une grande théière argentée gravée de gracieuses arabesques emmêlées. Les petits gâteaux aux amandes, roulés dans du miel pur, étaient disposés sur une grande assiette en porcelaine blanche peinte de bleu et de doré, à côté du grand pain fraîchement cuit à l’aube par le cuisinier du Riad. Il l’avait sûrement emmené au grand four commun au coin de la ruelle, tenu par un moustachu jovial qui n’avait pas chaud même en passant toute une journée à travailler devant sa grande fournaise de terre.

De l’huile d’olive où baignaient des olives noires et vertes, du fromage blanc venu de la montagne, de la confiture d’abricot mise dans un petit bol, tout cela était disposé sur une table ronde au milieu du salon, pour constituer le repas matinal d’une jeune fille de dix-sept ans qui n’en mangeait même pas le quart. C’est sur une pensée apitoyée pour toute cette nourriture gâchée que je pris un gâteau et le tendis à la jeune fille brune qui se tenait tête baissée derrière le maître de maison.

« -Matsuri, goûte ça, c’est super bon ! Naruto se surpasse quand il s’agit de sucreries !
-Merci, Lalla, mais j’ai déjà mangé, répondit-elle en ne me jetant qu’un bref regard. »

Je grimaçai. Je n’aimais pas cette appellation qui me donnait la désagréable impression d’avoir soixante ans. Et encore moins de la bouche de ma meilleure amie qui n’était ma cadette que de six mois. Cependant, devant El Hussein, elle était obligée de l’utiliser, de peur d’être punie. Je n’avais pas mon mot à dire là-dessus, bien entendu. Non seulement j’étais une fille, mais en plus je n’avais même pas encore de fiancé. Mon père avait donné les pleins pouvoirs à ce dictateur barbu. Grommelant, je me levai, lui mis le gâteau dans la main et lui glissai à l’oreille un discret « Tu me le paieras » auquel elle sourit malicieusement en me remerciant poliment.

« -Lalla, il faut te préparer avant cet après-midi. Matsuri te préparera un bain et Sidi3 votre père vous a recommandé un caftan plus… décent que celui que vous portez d’habitude, reprit El-Hussein en me scrutant de bas en haut.
-Mmh, acquiesçai-je en soupirant de lassitude. »


Assise sur un tabouret, enroulée dans une serviette immaculée, je vis mes chignons tout neufs se défaire impitoyablement sous les doigts de leur créatrice même. La vapeur, s’échappant de l’eau ruisselante du robinet en cuivre forgé, masquait la mosaïque colorée du sol et des murs de son rideau flou, prêtant à l’atmosphère un air irréel. Je suivais des yeux les mouvements silencieux du peigne en ivoire, du pot en cuivre travaillé aux dessins tracés à la main, la bouteille d’eau parfumée… Je soupirai.

« -Je me demande à quoi ils ressemblent… chuchotai-je comme pour ne pas briser l’ambiance fragile qui s’était installée.
-Lee m’a dit que les derniers étrangers qu’il avait vus étaient tout blancs comme le marbre de la fontaine du Riad, qu’ils rougissaient rapidement au contact du soleil, et qu’ils n’aimaient pas la pluie non plus, rapporta Matsuri d’une voix aussi basse. Il a dit qu’ils s’étaient émerveillés devant les ânes du maréchal-ferrant !
-Tu es sérieuse ? éclatai-je de rire. Il n’y a pas d’ânes, en Europe ?
-Non ! Et ils ont aussi apporté plein de trucs bizarres avec eux… Mais tu sais, Tenten, même s’ils disent tous qu’ils sont sournois et manipulateurs, j’aimerais bien en épouser un, d’étranger…
-Pourquoi ? m’étonnai-je.
-Parce qu’ils sont tous beaucoup plus riches que tous les hommes d’ici ! A part ton père et le Sultan, bien sûr, mais eux ils sont déjà pris, fit-elle en riant.
-Tu ne penses qu’à l’argent, toi, petite cupide, répliquai-je en riant. »

Matsuri essora mes cheveux et les enroula dans une serviette blanche. Je me levai en m’étirant, puis me dirigeai vers une pièce moins humide et plus fraîche où un caftan rouge brodé d’or m’attendait. Par « décent », El Hussein voulait dire cinq centimètres plus long que celui que je portais à l’intérieur, et qui m’arrivait aux chevilles. C’était certes moins habillé, mais bien plus pratique pour se déplacer.

Celui-ci était constitué de deux pièces superposées, l’une opaque, rouge cerise finie et brodée de doré, et la deuxième transparente, pailletée d’or et de rouge, sous forme de gilet long. La ceinture, elle, était toute en or massif, incrustée de diamants et de rubis, finement travaillée et décorée par un orfèvre du répertoire de mon père. Un tour de khôl autour des yeux, un collier en or autour du cou, le miroir reflétait la moi officielle. Le voile doré, que Matsuri posa délicatement sur mes chignons tressés de nouveau, couvrait le dessous de mon visage. Ce n’était qu’une simple formalité, vu que je sortais bien au souk tous les lundis sans le porter.

« -Ils arrivent quand ? demandai-je.
-A deux heures de l’après-midi, répondit Matsuri. Sidi a demandé à ce que tu l’accueilles devant la porte interne.
-Comme d’habitude, quoi, soupirai-je. Mais j’ai encore au moins une heure, non ? Je vais aux cuisines, tu me rejoindras ?
-Je te le déconseille ! Ils te marcheront dessus sans s’en rendre compte tellement ils sont tous débordés par la préparation du déjeuner et du dîner ! Si c’est Naruto que tu veux voir, je lui dirai de venir au salon puisque je dois descendre en cuisine pour le boulot.
-Non, dis-lui que je l’attendrai au jardin, souris-je, et demande Lee pour cet après-midi aussi, s’il te plait, je ne l’ai pas vu depuis une semaine.
-Si tu continues à traîner comme ça avec tous ces garçons tu finiras vieille fille, se moqua la brunette.
-Impossible ! Rien que pour l’argent de mon père, ils seraient tous prêts à m’épouser même si j’avais une réputation de sorcière ! Ces pauvres crétins, avares et arrogants… »

Ma meilleure amie émit un petit rire.

« -Et la voilà qui recommence ! Avec toutes les insultes dont tu les traites, j’ai fini par avoir pitié d’eux ! »


Les allées étroites et sinueuses, ombrées par les orangers en fleur et les hautes plantes verdoyantes, étaient pavées de bleu, blanc, vert et rouge. Au milieu, la fontaine en marbre blanc luisait sous le quasi-éternel soleil estival, dont l’aveuglante lumière se reflétait sur la surface du liquide pur, faisant jaillir une multitude de minuscules éclats de diamants du point d’où l’eau était censée émerger. Les oiseaux, invités temporaires des immenses jardins du Riad, créaient une symphonie chaotique de leurs petites voix fluettes, complétant ce tableau si familier d’une touche sonore. C’est dans cette atmosphère sereine que je reçus le seul blond en qui j’avais réellement confiance, notre chef cuisinier et mon ami depuis trois ans, Naruto.

« -Salut, tête blonde, l’accueillis-je.
-Bonjour, Lalla, répondit-il sur un ton taquin.
-Tu répètes ça, tu te retrouves à barboter avec les poissons rouges, menaçais-je. »

Le cuisinier éclata de rire et je boudai, les bras croisés. C’était plus fort que moi, cette appellation trop polie me mettait toujours hors de moi, même si je savais parfaitement qu’il ne faisait que plaisanter. Naruto, le cuisinier hors pair que mon géniteur avait déniché dans les hauteurs du Rif, était un grand garçon aux yeux d’un bleu saphir magnifique et au sourire plus resplendissant que le soleil de midi en plein mois d’août.

« -Si tu m’as appelé ici, ce n’est sûrement pas parce que je t’ai manqué, n’est-ce pas ? devina-t-il.
-Exactement, acquiesçai-je avec entrain. J’ai du nouveau ! »

Naruto eut tout de suite la réaction que je voulais voir.

« -Je suis à vos ordres ! s’écria-t-il en imitant le salut militaire. Rien ni personne n’est plus discret que moi !
-Ça se voit rien qu’au volume de ta voix, faux-colonel, me moquai-je, les poings sur les hanches. »

Naruto se gratta l’arrière de la tête, une expression gênée sur le visage.

« -Je ne me suis fait prendre qu’une fois, quand même… bouda-t-il.
-Et heureusement pour toi et moi que Matsuri était là pour nous couvrir.»

Je sortis un parchemin scellé des pans de mon jupon et le tendis au cuisinier, après m’être soigneusement assurée qu’aucun curieux ne traînait dans les parages. Il le dissimula dans sa large ceinture bleue, vérifia encore les alentours et ajouta à voix basse :

« -Tu as encore du courrier. Je te les apporterai plus tard.
-Je t’en serais fortement reconnaissante, répondis-je sur un ton faussement formel. »

Naruto sourit, puis me fit un galant baise main.

« -Très bien, j’accomplirai ma mission une fois de plus, avec la discrétion la plus totale. Si vous le permettez Lalla…
-Naruto ! hurlai-je, énervée, alors qu’il s’éloignait rapidement, en éclatant de rire. »

Je levai le menton vers les oranges toutes mûres en cette saison. Un fruit me tomba lourdement sur le front.

« -Aïe !! »


« -Pourquoi n’ai-je pas le droit de descendre ? C’est pas juste ! Même El Hussein est en bas ! Je suis la seconde propriétaire de cet endroit, non ? râlais-je au continu à côté d’une Matsuri visiblement exaspérée.
-Arrête de te plaindre, tu me casses les oreilles ! C’est pas comme si t’allais pas aller à leur rencontre plus tard, de toute manière ! Je te connais par cœur, depuis le temps… »

Penchée au-dessus de l’un des nombreux balcons du Riad, positionnée de façon à ce que la porte d’entrée et le hall sans toit soient dans mon champ de vision, je rouspétais contre cette stupide étiquette qui m’obligeait à me confiner sur mon perchoir. En effet, El-Hussein avait décrété qu’il était indécent pour une jeune femme de rencontrer des étrangers avant son père, et qu’il ne fallait donc pas que je sois présente pour la cérémonie d’arrivée. Je savais qu’il aurait bien aimé m’enfermer dans une chambre tout le temps de leur séjour… Heureusement que mon père était là !

« -Ah ! Les voilà ! m’exclamai-je soudain, excitée. »

Matsuri poussa un soupir, l’air de dire « Désespérante, celle-là ». Au loin, devant la ruelle que surplombait la grande porte de bois noir du Riad, une caravane approchait au pas. Mon père était en tête sur son beau Pur-Sang noir un peu poussiéreux à cause du voyage, droit et fier comme à son habitude. J’apercevais son sourire depuis mon emplacement, et je dus me faire violence pour ne pas lui faire de grands signes en hurlant un énorme « Bienvenue ! ». Un coup d’œil à El-Hussein finit de m’en dissuader : J’allais me prendre un savon monumental… Et pour cause ! Derrière mon père et ses deux aides qui marchaient derrière lui, une sorte de machine bruyante et luisante au soleil de début d’après-midi avançait lentement sur quatre roues noires aux jantes argentées. Je la reconnus tout de suite : Une automobile ! Il n’y en avait que très peu en ville, une ou deux, tout au plus, et leur passage poussiéreux et assourdissant faisait un peu peur à tous ceux qui ne savaient pas vraiment ce que c’était.

L’engin s’arrêta devant l’entrée de la demeure, dont la porte à deux battants avait été ouverte en grand pour l’occasion. Mon père descendit dignement de sa monture, la laissa aux palefreniers, et se retourna vers l’auto qui s’était arrêtée près de la grande porte en bois ornée de clous géants. La porte avant s’ouvrit, et laissa sortir un grand homme blond vêtu d’un costume impeccablement repassé. Il ouvrit, en grande cérémonie, la porte avant gauche, celle qui faisait directement face à l’entrée du Riad. Un homme en descendit, grand, brun cette fois, et très pâle. Il portait ses cheveux longs, et les avaient laissé retomber sur ses larges épaules rehaussées d’un smoking d’un blanc immaculé. Ses yeux étaient couverts de lunettes de soleil mais son expression, même de l’endroit éloigné où je me trouvais, me paraissait figée telle une statue de marbre. Il scruta la façade de leur futur logement, s’arrêtant sur les gros clous décoratifs fixés à la porte en bois, et sur la grande poignée en cuivre en forme de paume ornée de henné en volutes.

Derrière lui, de la porte arrière sortit un jeune homme fort ressemblant au premier invité. Il avait les cheveux très longs, encore plus que les miens. Il aida la dernière personne à sortir de l’automobile. C’était une jeune fille, dont les longs cheveux bleutés glissaient sur ses frêles épaules. Elle donna le bras au jeune brun après avoir lissé sa courte robe mauve, puis ils suivirent tous les deux mon père et l’homme aux lunettes à travers le hall d’entrée, d’un pas léger et maîtrisé.

El Hussein vint s’incliner devant mon père et ses invités, avant de les conduire au salon. Je suivis des yeux le petit groupe tandis qu’ils passaient juste au-dessous du balcon sur lequel je me trouvais, les scrutant d’un regard méfiant. Méfiance qui tourna vite à l’énervement lorsque je distinguai parfaitement le coup d’œil méprisant que jeta le jeune homme aux domestiques qui passaient devant lui en lui souhaitant la bienvenue en arabe.

« -Non mais t’as vu ça ? T’as vu comment il a regardé Mounir ? Il se prend pour qui, l’autre ? m’indignai-je immédiatement.
-Tenten ! Tu parles trop fort, ils vont t’entendre ! »

A peine Matsuri avait-elle fini sa phrase que le garçon, brusquement, leva les yeux vers l’endroit exact où je me trouvais. Loin de baisser les yeux comme l’aurait indiqué l’étiquette, je soutins ses deux prunelles… Couleur de lune ? Je fus surprise par cette teinte pour le moins singulière mais je ne détournai pas le regard pour autant, jusqu’à ce qu’il le fasse, son geste devenant trop voyant à mesure qu’il dépassait mon perchoir…

« -J’espère pour toi que El Hussein ne t’a pas vue, sinon, tu risques de passer un sale quart d’heure… soupira ma meilleure amie en rentrant à l’intérieur. »


« -L’éducation est avant toute chose un excellent moyen de défense. Votre esprit est accaparé par une idée que… Ah, non ! C’est immonde ! Je n’y arriverai jamais ! »

Faisant les cent pas dans l’allée du jardin, abritée par une multitude de grandes feuilles vertes et encore fraîches de rosée, je me lamentais sur mon manque d’inspiration. Une plume et un bout de parchemin à la main, un encrier posé en équilibre sur le rebord d’une petite fenêtre, je scrutais intensément le ciel d’un bleu rosé où surgissait le soleil à nouveau. Il était à peine quatre heures du matin, mais c’était le seul moment où je pouvais me retrouver seule sans être constamment surveillée par le vieux El Hussein ou l’un de ses sbires. Et dans ce coin de la demeure, on ne pouvait entendre mes jérémiades. C’est que j’avais tendance à dialoguer littéralement avec moi-même, sarcasmes, fous-rires et réflexions hasardeuses compris… Mais je ne pouvais m’empêcher d’extérioriser mes pensées dans ce coin reculé de la demeure, sous le ciel saupoudré d’étoiles parfaitement visibles. Le silence aidant, j’avais l’impression d’être seule au monde. Et cela m’aidait à réfléchir, même si j’avais conscience que si l’on m’observait dans ces moments, on penserait sans aucun doute que j’étais folle ou possédée... D’autant plus que l’on ne comprendrait aucun mot de ce que je disais, étant donné que je m’exprimais en langue étrangère.

« -Reprenons…L’éducation est avant toute chose un excellent moyen de défense. Notre esprit peut être comparé à un tas d’argile brut, grossièrement amassé dans un coin d’atelier. Cette terre passe par le modelage, la cuisson, la peinture, le vernissage… Pour enfin arriver à l’état d’un vase solide et prêt à l’emploi. L’apprentissage, s’il est structuré, oblige l’esprit simple à traverser sainement toutes les étapes nécessaires pour atteindre enfin, ou se rapprocher du moins, du but ultime : la sagesse. Bien, c’est beaucoup mieux ! m’exclamai-je satisfaite.
-Je suis d’accord. »

Je sursautai tellement fort que je faillis faire tomber ma plume.

« -Calmez-vous, je n’ai aucune mauvaise intention. Vous comprenez ce que je dis, n’est-ce pas ? »

Quelle ne fut ma surprise lorsque, à la place d’El Hussein, ou pire, de mon père, je vis s’avancer le jeune étranger que j’avais vu arriver cet après-midi-là ! Il arborait la même expression impassible que je lui avais vue lors de son entrée au Riad et lorsque je suis allée les saluer avant le déjeuner mais il fallait avouer que, dans la lumière de l’aube, il paraissait vraiment beau.

« -Mmm… Je croyais que tout le monde dormait… répondis-je en reprenant contenance.
-Le décalage horaire, expliqua-t-il simplement. »

Là, n’était pas mon problème… Pourquoi ne s’en allait-il pas ? J’avais impérativement besoin de me retrouver seule pour pouvoir travailler ! Minute, me dis-je soudain, et s’il allait tout raconter à mon père ?

« -Oh ! Je… Hum…Ce que je fais, maintenant… bredouillai-je, ne sachant comment lui dire poliment de contenir sa langue.
-Vous écrivez ? Ou peut-être copiez-vous simplement. Ces idées peuvent-elles vraiment être l’œuvre d’une… indigène ? fit-il sur un ton méprisant. »

J’étais déjà assez remontée contre lui depuis son arrivée et cette remarque le fit monter en grade dans ma liste des personnes « à trucider ».

« -Et bien si, figure-toi que c’est possible ! C’est dommage que je ne puisse publier qu’en langue étrangère, mais tu n’as aucun droit de m’accuser de plagiat !
-Qui vous a donné l’autorisation de me tutoyer ? me toisa-t-il.
-Je ne vois même pas pourquoi le vouvoiement existe. Il n’a été inventé que pour mettre de la distance entre les gens, je ne l’aime donc pas et je ne l’utilise pas.
-Vous utilisez notre langue, utilisez-la à notre manière, répliqua-t-il durement. Pour une personne qui a perdu son identité originelle, ce détail ne devrait pas poser problème. »

Surprise, je demandai des explications.

« -Ce sont là des pensées de nos terres. Des personnes vivant toujours dans un monde traditionnel et renfermé ne peuvent penser de la sorte. Pour en arriver là, vous avez dû vous déporter de la vision de votre peuple. »

Comment osait-il m’accuser d’avoir renié ma culture ? En proie à une indignation à son summum, je crachai, retenant péniblement ma rage.

« -Es-tu arrogant au point d’oublier que la pensée évolue ? Que ceux de chez toi étaient ignorants un jour avant d’apprendre à penser, puis à écrire ? Notre peuple a lui-même sa propre sagesse, mais vous autres ne l’admettez pas par dédain. Et c’est nous que tu traites de peuple renfermé ? »

L’étranger me fixa un instant, surpris ou agacé, je n’aurais su le dire, puis soupira de lassitude et se retourna pour regagner l’intérieur. Néanmoins, malgré la frustration que je n’avais toujours pas calmée, je n’avais pas encore réglé nos comptes.

« -Attends une minute ! Hum… Ne dis à personne que tu m’as trouvée ici en train d’écrire… »

Il se retourna lentement, et je déglutis difficilement en me traitant mentalement de tous les noms. Une lueur intéressée, qui ne présageait rien de bon, brillait au fond de ses pupilles claires.

« -Et pourquoi cela ? demanda-t-il avec une note narquoise.
-Pour rien ! Ce n’est pas la peine d’encombrer tout le monde avec un fait aussi insignifiant ! Je veux dire… Une jeune fille n’est pas censée être vue d’un étranger en pleine nuit, et je ne suis pas censée être là, alors…
-Et quelle relation cela a-t-il avec l’écriture ? s’amusa-t-il à remarquer. »

Il fallait avouer que je ne trouvais aucune réponse satisfaisante à cette question un peu trop pertinente comparée à mon incapacité à mentir correctement… Mon imagination travaillait à toute vitesse à la recherche d’une raison valable mais elle ne fût pas assez rapide.

« -Je ne leur dirais pas… déclara-t-il en se retournant vers l’entrée du Riad. »

Je m’apprêtais à le remercier poliment en oubliant momentanément tout conflit…

« -…A une condition, acheva-t-il en s’arrêtant devant la porte. »

Mon remerciement resta coincé entre mes cordes vocales.

« -Comment ça des conditions ? m’offusquai-je en oubliant toute retenue.
-Prouve-moi que tu es restée attachée à ton passé. On m’a dit que vous avez des contes traditionnels intéressants, ici. Raconte en moi un demain soir avant que je ne m’endorme. »

Ne m’y attendant pas du tout, surprise au possible par cette requête farfelue, je le scrutai, interdite, l’air un peu bête.

« -Tu amèneras une servante ou un garde ou qui tu voudras, si tu n’as pas confiance mais si tu ne viens pas, je ne garantis pas que ton secret puisse demeurer comme tel, ajouta-t-il avant de rentrer sans attendre de réponse. »


Je me fondais dans l’ombre. J’étais une ombre. Je me faufilais entre les poutres colorées de mosaïques, me mouvant telle un félin, souple, silencieuse…

« -C’est en jouant aux chats apeurés que tu vas nous faire repérer, s’exaspéra Matsuri, marche normalement et personne n’osera te demander où tu vas…
-Chuuut, tais-toi, chuchotai-je, paniquée, si El Hussein nous voit, on est fichues…
-On n’aura qu’à dire que tu as besoin d’aller aux toilettes. Si tu te comportes comme ça, ils ne vont jamais nous croire, par contre… »

C’est que je n’avais absolument rien à faire dans cette aile de la maison réservée aux invités, et être vue reviendrait à signer mon arrêt de mort ! Oui mais j’avais parfaitement conscience que si je n’obéissais pas sagement à la « condition » du type à la coiffure de fille je risquais bien pire qu’une simple punition de routine…

Je soupirai de résignation. Arrivée devant une grande porte noire cloutée de cuivre luisant, je frappai deux coups discrets à l’aide de la grande poignée en forme de paume décorée de ces gracieuses arabesques propres au Henné. Elle s’ouvrit soudain, laissant apparaître mon « hôte » qui s’effaça pour nous laisser entrer. Matsuri était un peu nerveuse, je le voyais bien. Elle me jetait tout le temps des regards inquiets et d’autres méfiants à l’étranger. Je la comprenais, à vrai dire. Se retrouver la nuit dans la chambre d’un garçon à l’insu de tout le monde, n’est ni prudent ni moral mais je n’avais pas vraiment le choix.

Il portait un pantalon et un haut à longues manches ouvert sur le haut de son torse. La couleur gris clair de l’ensemble s’harmonisait si bien à la couleur de ses yeux qu’il aurait été probable que l’habit ait été fait sur commande. Ses cheveux étaient lâchés, et il avait apparemment à peine fini de les brosser, à en croire le peigne d’ivoire qui traînait encore sur la commode. Il s’assit directement sur son grand lit à baldaquin, et m’invita à côté de lui, sur un fauteuil posé près de la tête du lit. Hésitante, je m’installai.

« -Je suis content de voir que tu es raisonnable, commença-t-il. »

Il ignora royalement mon regard noir.

« -Tu permets que je m’allonge ? demanda-t-il tandis qu’il s’exécutait sans attendre ma réponse.
-Je t’en prie, installe-toi confortablement, sifflai-je en le fusillant du regard. »

Il posa sa tête sur l’un des nombreux coussins colorés qui se bousculaient sur le matelas. Je pris une profonde inspiration.

« -Quelle genre d’histoire aimes-tu?
-N’importe lesquelles du moment que ça n’a rien à voir avec Cendrillon ou le Chat Botté, répondit-il en fermant les yeux.
- Très bien, souris-je, je te raconte l’histoire de la fille du marchand et de l’héritier du Sultan. Hajitek u majitek4, dans un grand Riad au centre de la ville vivait un vieux marchand qui avait fait fortune dans la vente de tissus. Ce marchand avait une fille qu’il aimait énormément, et qu’il adorait choyer.
-Et la belle-mère apparaît bientôt ? m’interrompit mon auditeur sur un ton ironique.
-Je te prierais de ne pas m’interrompre, grognai-je.»

Il me fit signe de continuer. Je soufflai en levant les yeux au plafond.

« -Je disais donc, le marchand avait une fille qu’il aimait beaucoup et dont il s’occupait très bien, puisqu’elle était sa seule descendance. Elle s’appelait Aicha, comme sa défunte mère. Elle avait de grands yeux noirs qu’elle savait cerner de khôl, de longs cheveux sombres qui ondulaient dans son dos…
-Un peu comme Hinata, commenta le jeune étranger.
-Qui est Hinata ? demandai-je, malgré l’irritation causée par la nouvelle interruption.
-Ma cousine, répondit-il sans ouvrir les paupières. »

Je fis le lien avec la jeune fille qui l’accompagnait, son oncle et lui. Oui, je m’étais renseignée malgré moi…

« -Bref, Aicha était vraiment belle, et en plus de cela, avait une voix qui pouvait faire fondre le cœur du plus dur des hommes. Elle aimait sortir sur sa terrasse, à l’aube, chanter le soleil et le beau temps, la paix et l’amour, en arrosant ses plantes et ses fleurs qui poussaient bizarrement plus vite que les autres.
-Encore une fille parfaite au début du conte. Ça commence bien… maugréa le brun.
-Laisse-moi finir, m’exaspérai-je. Un jour, le fils cadet du Sultan, voulant passer ses vacances au calme, vint s’installer dans la grande demeure adjacente à celle du Riad. Tout le village était au courant, mais les voisins du prince ne s’en préoccupèrent pas plus que cela. Seulement, Aicha n’avait pas remarqué que la fenêtre attenante à la chambre du jeune homme avait une vue plutôt bonne sur sa terrasse et un matin, alors que le prince n’arrivait pas à dormir et qu’il avait ouvert la fenêtre pour se rafraîchir, il fût spectateur du rituel journalier de la belle brune et, subjugué par tant de grâce, il tomba immédiatement sous son charme. »

Je fis une pause, vérifiant par la même occasion que mon public était encore réveillé. Rassurée, je repris.

« -Depuis, tous les matins, il l’interpelait de la sorte : « Belle inconnue au visage d’ange et à la voix de miel, je t’offrirai mille coffins d’émeraudes et cent caftans brodés de fils d’or et incrustés de diamants. Acceptes-tu de m’épouser ? » Mais Aicha, inlassablement, répondait toujours la même chose : « Moulay, Je ne veux ni pierres ni or. Toi qui as étudié le savoir de nos pères et qui a appris la voie de Dieu, il ne devrait pas t’être difficile de savoir ce que je veux. » Et elle laissait le beau prince dans le mystère et la confusion. »

Je m’arrêtai, un sourire aux lèvres en pensant au moment où ma grand-mère m’avait raconté cette histoire. Le garçon, étonné par mon silence soudain, ouvrit un œil interrogateur et demanda d’un ton pressant mal camouflé :

« -Et que s’est-il passé ensuite ? »

Je souris de satisfaction devant l’intérêt que mon conte avait suscité chez le jeune étranger. J’émis un petit rire malicieux.

« -Tu as sûrement entendu parler de Shéhérazade, même de là d’où tu viens, n’est-ce pas ?
-Vaguement, marmonna le jeune homme.
-Disons que je m’inspire d’elle ! Il se fait tard, et je risque de me faire prendre à tout moment. Nous verrons demain pour la suite ! »

Je me levai et m’apprêtai à quitter la pièce d’une démarche triomphante lorsque je me souvins d’un détail.

« -Au fait, je m’appelle Tenten. Mais évite de m’appeler par mon prénom devant tout le monde, s’il te plait.
-Pourquoi tu me le donnes, alors ?
-Parce que ça me fait bizarre de parler à un anonyme, déclarai-je en haussant les épaules. »

J’ouvris la porte pour sortir lorsque j’entendis la voix du brun se lever derrière moi.

« -Moi, c’est Neji. Neji Hyûga.
-Enchantée, fis-je poliment avant de disparaître pour de bon derrière le bois noir. »


« -Thami Jaber. »

Je sursautai si fort que je renversai mon pot d’encre sur le bord de la fenêtre. Mais je ne m’en aperçus même pas tant la panique qui s’était emparée de moi était forte. L’étranger se tenait debout devant moi, les bras croisés, ses yeux profondément plongés dans les miens, scrutant ma réaction qui, à mon plus grand malheur, faisait office d’aveu.

« -Comment as-tu su ? demandai-je en essayant de calmer les battements de mon pauvre cœur malmené.
-J’ai trouvé ton texte sur l’éducation dans le journal, ce matin. »

Ah, oui…

« -Signé par un nom d’homme, continua le brun en haussant un sourcil.
-Pourquoi crois-tu que je me cacherais pour écrire, si c’est pour me dénoncer en signant "Tenten" ? raillai-je. »

Je soupirai en constatant que ma robe de nuit était tâchée d’encre, et qu’elle était donc bonne pour faire office de chiffon.

« -Tu n’es pas venue, ni hier, ni ce soir, fit remarquer Neji.
-J’étais occupée, dis-je simplement sans prendre la peine de le regarder.
-Demain, ordonna-t-il sans, bien sûr, faire un pas pour m’aider à ranger les dégâts causés par son effet de surprise. »

Je ne répondis que pas un léger grognement, mais fus tout de même au rendez-vous. Puis au suivant et au suivant…

« - Le prince, après avoir déterré des trésors d’imagination pour lui proposer toutes les richesses et les beautés que la terre pouvait lui offrir, désespérait de satisfaire un jour sa bien-aimée. Mais Aicha restait intransigeante. D’ailleurs, elle s’attristait de jour en jour devant les propositions du jeune homme, et toujours déçue de sa réponse, elle ne cessait d’espérer qu’il devinerait un jour. Celui-ci, devant le refus borné de sa bien-aimée, avait le moral au plus bas. Le monde entier lui paraissait fade et insignifiant, et, déprimé, il ne trouvait pas le sommeil. »

Cela faisait exactement six jours que je venais continuer mon histoire. J’avoue que j’inventais parfois des péripéties inexistantes dans la version originale du conte, histoire d’allonger un peu le récit et gagner du temps. Certains soirs, je faisais des pauses, et la discussion se terminait souvent en guerre froide mais je revenais toujours le lendemain. Je n’avais pas tellement le choix de toute manière.

Neji, une main derrière la nuque, avait comme à son habitude les yeux fermés.

« -Un matin, alors qu’il emplissait l’air frais de ses soupirs mélancoliques, Aicha sortit sur sa terrasse et le remarquant à sa fenêtre, lui sourit en se courbant légèrement. Le prince la dévora des yeux. Son cœur battait à tout rompre et ses pensées l’avaient quittées. Cette sensation lui était à présent familière mais ce matin-là, elle fut plus intense encore, si intense que sans réfléchir, il sauta de sa fenêtre sur la branche de l’arbre qui lui faisait face, puis sur le muret qui séparait son jardin de celui de Aicha, pour enfin arriver en un dernier saut juste devant sa belle qui le regardait, perplexe.
-C’est un bon acrobate, ton prince, ironisa Neji. »

Je ne fis pas attention à lui et continuai.

« -Il lui prit les mains, s’agenouilla devant-elle, et déclara d’une voix désespérée : « Belle Aicha au cœur d’or et au sourire plus pur que l’eau de source, tu as mon cœur et mon âme, et je te les donne avec joie. Je te le demande pour la dernière fois et je tremble devant toi d’appréhension : Accepte-tu de m’épouser ? ». Aicha toute émue, regarda amoureusement le prince et répondit « Moulay, je commençais à perdre espoir. Je ne veux ni or ni richesses, car réunies, elles ne sauraient égaler un cœur aimant. J’accepte, du fond de mon cœur, de devenir ton épouse. » Et c’est ainsi que Aicha devint princesse, et vit heureuse avec son prince qui ne cessa jamais de l’aimer comme au premier jour. »

Je souris, rêveuse, en fixant le vide quelques instants, puis baissai les yeux vers le Hyûuga allongé sur son drap blanc. Il avait toujours les yeux fermés et ne dit rien.

« -Voilà, c’est fini ! signalai-je. J’espère que ça t’a plu et que tu n’as pas oublié notre contrat. Au revoir. »

Toute contente d’avoir terminé ma part du marché au bout de six jours de servitude, je me levai pour m’en aller mais c’était trop beau pour être vrai…

« -Où vas-tu ? demanda-t-il, les yeux grands ouverts et fixés sur moi, aussi perçants que des poignards.
-Dans ma chambre pour dormir, haussai-je les épaules, comme si c’était une évidence.
-Qui t’en a donné la permission ? »

Je frissonnai. Oh non… Je me rassis lourdement, les bras croisés sous ma poitrine, boudeuse. Ce garçon était un véritable tyran ! Il se leva, une esquisse de sourire amusé accrochée aux lèvres, et tira le tabouret de la coiffeuse pour s’asseoir devant moi. Il me regarda dans les yeux, je détournai les miens malgré moi peu après.

« -Brosse-moi les cheveux. »

Je clignai des yeux plusieurs fois, le temps d’assimiler l’ordre.

« -Pourquoi le devrais-je ? m’insurgeai-je.
-Parce que je te le demande et que j’ai aussi la possibilité de te menacer. »

Je soupirai de résignation, me levai et attrapai le peigne posé sur la coiffeuse. Je jetai un coup d’œil gêné à Matsuri, mais elle s’était endormie sur sa chaise. Timidement, je pris une mèche de cheveux noirs entre mes doigts, y glissai l’ivoire blanc-cassé et entrepris, doucement, de démêler méthodiquement les pointes. Bizarrement, j’aimais le toucher doux de cette cascade de soie, et je me surpris à retarder un peu la fin de ma tâche rien que pour prolonger le plaisir que me procurait le contact de mes mains avec les longs cheveux de Neji.

Lui ne disait rien, ne bougeait pas et ne se plaignait pas lorsque je tirais trop fort. Le silence qui s’était installé n’avait rien de lourd ou de gênant, au contraire. J’avais un peu honte de me le dire, mais cela avait je-ne-savais-quoi de complice qui me fit sourire. Finalement, il avait beau être arrogant et assez froid, j’avais fini par m’habituer à la présence du Hyûuga au Riad El Behja. Non, au-delà de l’habitude, j’en étais venue à apprécier sa présence, même si je jouais le rôle de semi-esclave.

« Il n’est pas mauvais, quoi… »

Je posai la brosse à son emplacement initial en soupirant discrètement.

« -Autre chose ? murmurai-je. »

Ne pas réveiller Matsuri. Ne pas briser l’ambiance…

Neji se retourna vers moi au bout de quelques secondes, et encore une fois, me regarda droit dans les yeux. Je les soutins, obligeant mes prunelles à plonger dans ces deux lunes plus chaudes qu’auparavant. Il se leva, s’approcha tandis que je le fixais, surprise. Sa main se leva et s’approcha de mon visage. Mon cœur se mit à battre plus vite sans me demander mon avis.

« Que se passe-t-il ? »

Je paniquai un peu lorsque ses doigts effleurèrent mes cheveux… et en retirèrent une fleur d’oranger. Il la jeta sur la coiffeuse avec un minuscule sourire énigmatique et chuchota sans se retirer :

« -Tu es passionnée.
-Pardon ? fis-je, prise de court.
-Tu es ordonnée et assez posée mais spontanée. Tu es fière, au bord de l’orgueil, mais tu n’as pas assez confiance en toi. Ton style est doux, tu ne cherches pas à provoquer, et n’accuses personne directement. Je ne sais pas si c’est de la prudence ou de la peur. »

Je restai muette, ne sachant que répondre au portrait qu’il faisait de moi aussi soudainement. D’où tirait-il ces conclusions ? De mes contes ?

« -Tu peux être méprisante et tranchante, mais aussi compréhensive et souple. Peut-être un peu trop souple.
-Comment tu… ? bredouillai-je.
-Un texte est bien plus qu’une suite de mot, c’est un reflet de l’auteur. Je lis le journal tous les matins… répondit-il. »

Il avait construit cette image si étoffée de ma personnalité rien qu’en lisant mes écrits ? Le fait qu’il ait réussi à me mettre à jour aussi rapidement et aussi facilement me mit mal-à-l’aise et encore un peu sonnée par la stupeur, je bredouillai un « Hum… J-je dois y aller ! » et lui souhaitai hâtivement une bonne nuit en tirant dehors une Matsuri à moitié endormie.

Les jours suivants, quelque chose me poussa à vouloir éviter l’étranger aux yeux perle le plus possible. Je ne déjeunai donc pas dans le salon, ne me promenai pas dans le jardin, vérifiai la sécurité d’un couloir avant de l’emprunter… Et passai donc mes journées en compagnie de Naruto dans les cuisines, lisant un livre et commentant à voix haute pour un blond plus ou moins intéressé. L’après-midi du quatrième jour pourtant, je dus monter à la chambre de mon père pour lui demander un encrier – pour mes lettres, hum – mais ne l’y trouvai pas. Je demandai à El Hussein qui m’apprit entre deux ordres qu’il était sorti avec l’étranger et sa fille.

« Seulement sa fille ? me demandai-je en laissant le barbu à son étiquette. »

« -Je m’ennuie. »

Je sursautai. Quand on pense au loup… Neji était appuyé sur une poutre, me barrant le passage, une expression dure sculptant ses traits. Dans une tentative d’escapade, je me raclai la gorge, prenant un air aimable.

« -Hum… Va cueillir des oranges. C’est bon, les oranges, et ça occu…
-Non. »

Je soupirai d’agacement.

« -Qu’est-ce que tu me veux ? demandai-je, droit au but.
-Que tu me serves de guide. J’ai envie de sortir. Je ne me souviens pas t’avoir donné l’autorisation de ne plus venir chaque soir, ce sera ta compensation.
-T’avais qu’à sortir avec ton oncle ! m’exclamai-je en voulant le contourner.
-J’allais m’ennuyer encore plus, répondit-il en me bloquant une nouvelle fois le passage. »

Nouveau soupir, plus prononcé. Cédant à ses iris aussi acérés que des couteaux, je l’emmenai au marché d’abord, où je fus obligée de lui « offrir » des babioles qu’il appelait « souvenirs ». Neji marchait allègrement derrière moi, les traits détendus. Bizarrement, mon humeur se calqua automatiquement sur la sienne, et j’oubliai ma réticence à sortir. Je lui fis visiter les petites ruelles bleues en labyrinthes, les bazars d’où émanait une odeur de cuir travaillé et d’argile fraîche, le petit musée d’art traditionnel où jouait un groupe de gnawa… Pendant toute la promenade, j’ouvrais la marche, commentant comme un guide touristique, traduisant les blagues des marchands et des artisans, choisissant les lieux les plus intéressants à visiter et les choses les plus jolies à voir.

« -Bon, je suis épuisée, finis-je par déclarer. On rentre !
-Et la mer ? »

Surprise, je dus admettre que faire le tour de la médina sans voir la mer était un sacrilège. Du haut de la falaise, l’infinie étendue bleue semblait se déployer jusque derrière les montagnes espagnoles. Je m’assis sur les rochers polis par le temps et les vents, Neji prit place à côté de moi. Le soleil, lentement, glissait derrière les vagues en leur léguant un peu de son éclat doré et orangé, leur proférant plus de grâce et de majesté qu’elles n’en avaient déjà.

« -Pourquoi caches-tu tes écrits à ton père ? demanda soudainement le semi-étranger. »

Je soupirai.

« -Les gens ne sont pas prêts à écouter sérieusement les dires d’une gamine. Mon père fait partie de mes lecteurs, et certains de mes propos peuvent le toucher et le faire réfléchir. C’est le cas uniquement parce qu’il ne sait pas qu’il est remis en cause par sa fille de dix-sept ans. »

Un petit sourire, ironique malgré moi, étira mes lèvres.

« -Ça et publier est réservé aux hommes. Je ne sais pas qui est l’idiot qui a décrété ça, me lamentai-je.
-Et s’il venait à savoir ?
-Sa fierté en prendra un sacré coup, ris-je, mais ce n’est pas ça qui le motivera le plus pour me punir, je le connais. Ce sera plutôt le fait que, comme je suis une fille, publier sans son accord et sous un pseudonyme pour le leurrer n’est vraiment pas digne de mon éducation. »

Je jouai avec un caillou avant de le jeter à la mer, quelques mètres plus bas.

« -Je ne lui en veux pas de penser comme ça. Après tout, c’est seulement ce qu’il croit juste…
-Et pour le maître de maison ? demanda Neji. »

Je ris, amusée devant la moue d’antipathie du brun. Décidément, El-Hussein n’arrivait pas à se faire apprécier !

« -Oh ! Lui, il pense seulement qu’être cultivé, pour une femme, est une erreur, pouffai-je, il serait capable d’inventer une histoire exagérée qu’il raconterait à mon père rien que pour m’empêcher de toucher une plume, le vieux barbu ! »

Bizarrement, parler de tout cela me faisait du bien. Même si c’était à lui.

« Surtout parce que c’est à lui… »

Je rougis soudain fortement au moment où cette pensée avait sournoisement sauté de nulle part.

« -On rentre ! m’écriai-je brusquement en me levant. »

Le Hyûga parut étonné mais se leva tout de même et me suivit sans un mot. Nous traversâmes le marché où les commerçants commençaient à emballer leurs marchandises, passâmes devant la grande fontaine de la place et nous engageâmes dans la grande allée qui menait au Riad El Behja, tout cela dans un silence total… Soudain, je me retournai. Neji, une main posée sur mon bras, semblait lire dans mes iris d’un regard impitoyablement observateur. Gênée de me sentir aussi transparente, je bredouillai :

« -Q-qu’est-ce que tu…
- Tu avais raison : Tu es vraie. Tu n’as pas été modelée par des pensées étrangères. »

Un sourire triomphant illumina mes traits. J’avais reçu sa reconnaissance, et la confirmation que j’avais réussi à garder mon authenticité ! Avant que je ne pus répondre, je vis Lee courir vers notre direction, avant de s’arrêter juste devant nous pour reprendre son souffle.

« -Tenten, il y a un problème ! s’écria celui-ci sur un ton alarmé.
-Que se passe-t-il ? m’enquis-je, soudain prise d’un mauvais pressentiment.
-Ton père… »

J’écarquillai les yeux de surprise. Comment était-ce possible ? Comment avait-il… ?

« Matsuri ne m’aurait jamais trahi, Naruto et Lee non plus. Je suis plus que certaine que personne ne nous a vu ni entendu pendant les échanges de lettres… Minute, et si… ? »

L’idée même m’était douloureuse mais c’était la seule explication logique. La seule qui me venait à l’esprit. Je me tournai immédiatement vers Neji, qui n’avait pas compris ce que mon ami m’avait rapporté en arabe.

« -Toi… C’est toi qui as fait ça, n’est-ce pas ? grondai-je, envahie par un sentiment de colère mêlé à de la déception.
-Fait quoi ? demanda-t-il en levant un sourcil.
-On me l’avait pourtant bien dit, que les étrangers n’étaient pas dignes de confiance ! m’emportai-je. Mais même si t’as mauvais caractère, je me suis dit que ce n’était pas tout à fait vrai, que tu étais une exception, que même si tu avais posé une condition ennuyeuse en échange de mon secret, tu t’y tiendrais jusqu’au bout, et j’avais même fini par t’apprécier ! Mais maintenant que tu n’as plus besoin de moi, juste avant ton départ, tu me poignardes dans le dos, espèce d’ordure ! »

L’expression du traître était passée de l’indifférence à l’ennui, puis à l’énervement pour en arriver à de la pure colère. Il me fixa d’un regard noir pendant un moment avant de répliquer sur un ton grave.

« -Si dès que tu as des ennuis, tu conclus immédiatement que je suis le coupable, c’est toi qui as un problème, pas moi. Ne me mêle pas à tes futilités, et règle tes affaires par toi-même si tu en es seulement capable. »

Et il rentra au Riad sans me jeter un seul regard de plus. Refoulant mes larmes, je pris une profonde inspiration en serrant les poings d’appréhension. Je ne toucherais peut-être plus jamais une plume ou un parchemin, je serais suivie par quelqu’un toute la journée et serais gardée la nuit, je serais mariée de force à quelqu’un de stupide, mon public oublierait mes écrits et je pourrais dire adieu à mon ambition… A mesure que j’avançais vers le bureau de mon père, escortée par un El-Hussein jubilant de me voir ainsi dénoncée, je m’auto-démoralisais en anticipant la sentence que j’aurais à subir…


« -Tenten, qu’est-ce que tu fais, ils partent d’une minute à l’autre !
-Et alors ? Qu’ils s’en aillent ! »

Très peu encline à me tirer du lit pour souhaiter bon voyage à un traître, je me concentrai plutôt à dissimuler mes yeux bouffis. Que m’avait-il pris ? Je n’avais pas fermé l’œil de la nuit. L’image d’un jeune homme aux yeux perle hantait littéralement mon esprit, et à chaque fois que l’idée d’une séparation définitive m’effleurait l’imagination, mes glandes lacrymogènes se vidaient d’elles-mêmes, sans demander mon avis. J’avais bien perçu les bruits des préparations de leur voyage, et plus les minutes passaient, plus le sentiment d’insupportable chagrin me submergeait. Toutefois, parallèlement, à chaque fois que je me souvenais de la punition que j’avais reçue à cause de lui, l’affreux sentiment d’avoir été trompée refaisait surface. Tiraillée entre ma fierté et mon angoisse grandissante, j’enfonçai encore une fois mon visage dans mon coussin en gémissant.

« -Mais enfin, qu’est ce qui te prend ? Tu t’es disputée avec ton copain blanc ? Tu avais l’air de bien l’aimer, pourtant !
-Je n’aime pas les mouchards, répondis-je avec hargne.
-Il a mouchardé quoi ? »

Oubliant mes yeux rouges, je levai vers Matsuri un regard qui semblait dire « Tu le sais bien… ». Elle sembla comprendre.

« -Attends, rassure-moi… Tu ne crois tout de même pas que c’est Neji qui a rapporté ton secret, si ?
-Comment ça, je crois ? Qui veux-tu que ce soit ?
-Idiote, m’insulta la brune en envoyant voler mon drap, je croyais que Lee te l’avais précisé, pourtant !
-Préciser quoi ? »

Ma meilleure amie me regarda dans les yeux d’un air sévère.

« -El-Hussein est entré dans ta chambre hier, Tenten. Il a trouvé le sceau avec lequel tu signes tes articles. Le sceau de « Thami Jaber » ! »

Je fis un bond phénoménal et pris à peine le temps de mettre mon peignoir par-dessus mon pyjama avant de dévaler les escaliers en courant. En bas, les préparatifs s’achevaient, tous les domestiques étaient devant la porte souhaitant chaleureusement bon voyage aux invités. Invités parmi lesquels je cherchai un certain jeune homme… En vain.

« Où pourrait-il être ? »

Il m’avait dit une fois que l’endroit le plus beau du Riad était le jardin, je me dirigeai donc automatiquement vers l’arrière de la demeure. Il était là, debout devant la fontaine, le regard perdu parmi les poissons rouges. Dans le soleil matinal, ses longs cheveux que j’avais si soigneusement brossés l’autre soir luisaient d’un éclat lustré. Les mains dans les poches, les yeux fixes, il ressemblait à une statue de marbre particulièrement séduisante. A cette pensée, je sentis mes joues s’empourprer mais ma gêne fût vite balayée lorsque Neji leva les yeux vers moi, rapidement remplacée par de l’appréhension et une énorme vague de honte.

Il me fixa un instant, impassible, puis repris l’observation de la poiscaille sans piper mot. Je déglutis, imaginant à quel point il devait se sentir vexé, blessé, énervé… Je ne savais laquelle au juste, mais aucune de ces émotions ne me faisait honneur. Timidement, mon cœur battant la chamade, inquiète à souhait, je m’avançai lentement jusqu’à m’arrêter de l’autre côté de la fontaine éteinte. Comme il ne levait toujours pas ses prunelles dans ma direction, je me raclai la gorge.

« -Je suis désolée, m’écriai-je avec tout le remord qui me rongeait. Je te demande sincèrement pardon pour mon comportement. Je… J’ai tiré des conclusions hâtives, mais je t’assure que je ne le pensais pas vraiment… C’est juste que, je… Je pars à la montagne pour deux ans, conclus-je d’une voix brisée, je… ne pourrais plus voir personne. Je n’aurai pas le droit d’échanger des lettres… N-ni d’écrire quoique ce soit… Et… et je ne te reverrai peut-être jamais… Et je ne veux pas… »

Neji, qui jusque-là ne faisait que me regarder sans laisser paraître la moindre émotion sur son visage, s’approcha lentement de moi, contournant l’ornement de marbre blanc. Dans un hoquet de surprise, je me vis soudain entourée de bras, doucement, comme timidement. Alors que mes larmes ne tarissaient pas, je me sentis bercée tandis qu’il me fit asseoir sur le rebord de la fontaine.

« -Je sais, murmura-t-il.
-Q-quoi ? hoquetai-je.
-J’ai appris hier soir pour la punition. »

Il se tut, continuant de se balancer délicatement de droite à gauche. Je fermai les yeux, essayant de me calmer.

« -Je suis désolé, souffla-t-il soudain. Si je ne t’avais pas fait sortir hier après-midi, l’autre n’en aurait pas profité…. »

Je me redressai sans me dégager de son étreinte.

« -Arrête ça, si ça n’avait pas été hier, il aurait trouvé un moyen un jour, de toute manière ! Ce n’est pas du tout de ta faute ! »

Neji sourit doucement.

« -Pourtant j’ai voulu me faire pardonner…
-Comment ça ? m’étonnai-je.
-J’ai parlé à ton père. »

Il détourna son regard. Son expression gênée m’alarma.

« -Tu lui as dit quoi ? m’écriai-je.
-Que… Hem… Que je demandais ta main… »

Perplexe est un qualificatif bien faible pour décrire l’état dans lequel j’étais à ce moment-là. Bouche bée, les yeux écarquillés, je n’assimilais toujours pas le contenu de sa dernière réplique.

« -Il a accepté, non sans un interrogatoire solide auparavant… J’en ai parlé à mon oncle, et il a dit en gros que je pouvais faire ce que je voulais. Tu ne pars pas en montagne, on s’installe à trois rues d’ici dans le Riad que mon oncle est venu acheter. »

L’expression que j’arborais n’était même pas descriptible. Neji me scruta un instant avant de détourner une nouvelle fois le regard.

« -Je tiens à préciser que tu as le choix, évidemment. Je ne profite pas de ta situation pour t’imposer quoi que ce soit.
-J-je… bredouillai-je, les yeux ronds. Tu n’aurais pas dû aller aussi loin… pour te faire pardonner ! m’exclamai-je, frustrée que mon mariage soit la conséquence d’un remord.
-Tu te doutes bien que ce n’est pas la seule raison, dit mon éventuel fiancé en détournant le regard.
-Et quelle est ta raison ? demandai-je, un peu inquiète. »

Neji poussa un soupir.

« -Pour un écrivain, faut-il tout expliquer avec des mots ? Tenten… »

Il mit un genou à terre devant moi et me prit une main. Ses yeux de lune plongèrent dans les miens un regard décidé, bien que gêné.

« -Je ne veux pas nous voir séparés… Jamais… Je me suis attaché à… ta personnalité et je… ne peux imaginer passer ma vie avec une autre que toi. Est-ce que… veux-tu m’épouser ? »

Je clignai des yeux plusieurs fois, interloquée au possible, bouche bée devant cette déclaration faite sur un ton embarrassé si mignon qui contrastait tant avec la personnalité blasée du Neji que je connaissais. Soudain, ne pouvant plus me retenir, j’éclatai de rire.

« -Hum… Ce n’est pas du tout une réaction appropriée, bougonna-t-il.
-C’est juste que… Tu es tellement loin du romantique prince de Aisha ! déclarai-je entre deux fous rires.
-Pas tant que ça… Je te déclare ma flamme, en ce moment, comme l’a fait ton acrobate, fit-il remarquer sur un ton un peu énervé. Enfin, si ta réponse est non, je comprends, je… »

Je me jetai littéralement à son cou en continuant de rire, ne pouvant m’arrêter.

« -Je t’aime aussi, idiot, avouai-je en rougissant, profitant de ce qu’il ne pouvait pas me voir. C’est plus simple qu’un discours entrecoupé, tu vois ?
-Hum, approuva-t-il en me rendant mon étreinte. Je t’aime… J’apprends vite, tu vois ? »

Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants… Les jolies fins toutes niaises n’existent pas que dans les contes finalement !


[1] Riad El Bahja : Riad : http://fr.wikipedia.org/wiki/Riad_(Maroc)
El Bahja : Joie, Bonheur
[2] Rghifa : Crêpe marocaine.
[3] Lalla, Sidi : Appellations de grand respect.
[4] Hajitek ou Majitek : L'équivalent de "Il était une fois".



Mon Dieu ce que je déteste cette fin T.T J'avais beau me creuser les neurones, je ne savais pas comment terminer et j'ai fini par péter les plombs et affliger à mon pauvre OS cette fin immonde >.> Et depuis, je n'ai toujours pas de meilleure idée... Inspiration quand tu disparais *GrosSoupir* Et à part la fin, qu'avez vous détesté ? O:) Et les descriptions étaient-elles assez claires ? Je devais peut-être en mettre un peu plus mais il fait déjà 8900 mots, le texte alors... ^^' Bisous ! (-^o^-)/



Chapitres: [ 1 ] Chapitre Suivante »



Veuillez vous identifier ou vous inscrire:
Pseudo: Mot de Passe: