Fiction: A la vie, à la mort

Il est heureux, sa vie est calme et tranquille. Un jour, un froid mystérieux l'envoie à l'hôpital. Il devra se battre contre tous, sa famille et ses amis, pour survivre. Le début d'une lutte sans merci contre la mort...
Classé: -12D | Drame / Suspens | Mots: 21913 | Comments: 5 | Favs: 8
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Nejeri (Féminin), le 24/12/2011
J'adore ma scène de combat :D
Je traverse un grand moment de vide en ce moment... So grave difficile d'écrire, j'te jure ! Mais à la demande expresse de.... de...mes DEUX fans, je continue ! Non mais ! Et il sera encore plus long que les précédents ! Enfin, j'pense ! BWAHAHAHA !

P.S : ne lisez pas les notes en bas de page avant la fin du chapitre, c'est des petits délires perso et ça va casser le rythme de l'histoire !




Chapitre 7: Violence



[1]Oui, je sais, il y a deux rimes.
[2]Pour les incultes, référence aux premières lignes du chapitre 1. Oui, de la fiction.
[3]Pas mal, hein ? Allez, je vous autorise à le réutiliser. Comment ça, c'est quoi un oscillogramme ! HÉRÉTIQUES !!



Blanc. Tout est blanc. Manteau improbable de neige. C'est beau. La neige, cette année, je n'y croyais pas ; ou plutôt, je n'y croyais plus. Trois mois d'hiver, décorés seulement de traînées de pluie sur les fenêtres, c'est long. Quelques personnes dans la rue sont déjà réveillées, et découvrent avec joie les quelques flocons qui dégringolent dans le ciel.

Je me lèverais bien, moi aussi, pour aller admirer le léger manteau blanc qui recouvre Paris, mais la chaleur envoûtante de mon édredon me décourage.

7h du matin... Je me tourne sur le côté droit et rabat ma couette sur mes oreilles, cherchant désespérément à me rendormir. A bout de patience, je décide de combattre le mal par le mal et de faire un petit tour dans ma chambre. Ino dort profondément, cheveux épars sur le matelas, et Gaara... Il ne dort pas ? Sa tête est posée à angle droit sur le traversin et ses yeux fatigués sont grands ouverts. Pourtant, il ne bouge pas d'un pouce, il reste immobile et garde son regard posé sur le plafond. Encore un somnambule...

Sur la table de nuit d'Ino, une grande enveloppe de papier kraft me fait de l’œil. Posée de travers, décachetée violemment, elle ne ressemble pas du tout à une quelconque lettre affectueuse ; je ne connais personne qui enverrait à un ami une énorme enveloppe brune et rugueuse, et qui écrirait l'adresse aux caractères d'imprimerie. Tiens, mais en haut à droite, c'est le cachet de l'hôpital ? Mais pourquoi ne pas lui donner la lettre en main propre ? Ce bout de papier doit cacher des secrets impressionnants...

Non, Kimimaro ! C'est privé ! Tu n'as pas le droit de trahir sa confiance !
Oui, mais... Faut avouer que ça attise la curiosité... Qui oserait dire qu'il n'a pas envie de découvrir le secret de cette enveloppe ?

Je jette un coup d’œil à Ino endormie... Non, elle dort bien... Une dernière hésitation, et j’attrape furtivement la lettre et son emballage, avant de revenir le plus vite possible sous ma couette.

Bon, comme ça, personne ne me voit. Je n'ai pas de regards à soutenir ou de phrases à justifier. Avec une précaution religieuse, je sors le bout de papier de l'enveloppe. Un graphique. Un simple graphique. Ils sont pas bien, à l'hôpital, pour faire tant de mystères pour un simple graphique ? Il doit cacher bien des secrets, ce graphique, pour être si protégé !
Justement, qu'est-ce que tu fais encore en train de le lire ce papier confidentiel ? Kimimaro, repose ce papier !
Âge en abscisse, poids en ordonnée, tout est normal, jusqu'à la petite croix al cruzo de 16 ans et de 49 kilos. Loin d'être un poids lourd, ce chiffre reste dans la moyenne. Ino a sûrement tenté de camoufler ou de trafiquer ces résultats. En passant le rond de lumière derrière le bout de papier, je devrais pouvoir découvrir des traces de gomme.

Je cherche d'abord au dessus des 49 kilos, pensant au début qu'elle avait intérêt à s'amaigrir un peu, et finit en chou blanc. Soit je me suis trompé, soit le résultat réel se trouve...en-dessous. En-dessous des 49 kilos. Je fais taire les dernières protestations de la voix dans ma tête, et commence une méticuleuse inspection. Millimètre par millimètre, j'inspecte la feuille.

Je crois voir une autre trace de crayon, si effacée qu'elle paraît presque invis...

- Ino ? Ton père veut te voir !

Le bruit de la porte me fait sursauter brutalement. Je me retiens au dernier moment de froisser le papier, et continue ma comédie de sommeil en prenant tout de même la précaution d'éteindre ma lampe. J'entends un pas léger quitter la salle. Léger... Trop léger...

Je jette un œil au-dessus de ma couette : Ino est partie. Je me relève rapidement et court ranger la feuille à l'intérieur de l'enveloppe. Je n'aime pas ce que j'y ai découvert, et j'ai besoin de le partager avec quelqu'un. Quelqu'un qui connaît Ino, et qui l'apprécie autant que moi. Je n'en connais que deux. Par chance, ils sont dans la même chambre (chacune contient deux garçons et une fille, le quota féminin étant ici comblé par TenTen), ce qui m'évite d'avoir à parcourir l'hôpital dans le relatif état de choc où je suis plongé.

- Neji ? Sasuke ?
Le deuxième vient m'ouvrir après un petit temps d'attente, ses lourds cernes, avec ses yeux noirs, lui donnant des grands yeux qui le faisaient ressembler à un personnage de manga. Mon air gravissime le convainc de me faire entrer.
Sa chambre est plutôt spacieuse, et plus illuminée que la nôtre ; Neji et Tenten dorment bien (chacun dans son lit bien sûr), et mon hôte meurt d'envie de les imiter.

Je lui déballe toute la courte histoire, en remplaçant toutefois l'épisode gênant du vol du papier par une simple "trouvaille" par terre. Il n'a pas besoin de le savoir.
- Alors je me suis dit que le vrai chiffre devait être plus bas, continué-je, et j'ai cherché vers les 45-46 kilos, mais il n'y avait rien. Et la seule trace de gomme que j'ai trouvé, elle était dans les...
- Quesquispas ? grogne Neji en relevant la tête.
Sasuke porte son doigt à ses lèvres en lui intimant l'ordre de se taire. Je répète mon récit, sous les yeux de plus en plus écarquillés de Neji.
- Et la seule trace qui aurait pu être effacée, elle se trouvait juste au-dessus des 36 kilos.

Sasuke ouvre de grands yeux ronds, Neji fronce les sourcils. Oui, je suis sûr d'avoir bien vu. Non, je n'ai pas confondu.
- C'est pas possible, murmure Neji.
- C'est impossible, renchérit Sasuke.
- Malheureusement si.
- Je ne sais pas quoi penser, dit le Hyûga en triturant une mèche de cheveux. Ino est mince, je le sais, mais de là à la savoir...
Lui non plus n'ose pas prononcer le mot. Je crois que nous avons tous compris la maladie d'Ino. Si je m'en étais douté !
- Anorexique, achève le brun. Mais elle ne devrait pas aller dans un institut spécialisé ? Je veux dire, sa maladie ne se soigne pas avec des médicaments...Il faudrait en parler à Tsunade !
- Elle est partie, contredit l'Uchiwa. En stage, pour quelques semaines, Shizune est passée directrice par intérim.

Nous restons silencieux un moment. Soudain, un détail insignifiant me frappe : Sasuke a la salmonellose, Neji est en attente d'une opération des yeux, Ino est anorexique (on a beau savoir, c'est toujours dur de mettre cette douleur sous un mot) et la seule personne dont j'ignore encore le pourquoi de son séjour à l'hôpital, c'est... Gaara.

Pour briser le silence, Sasuke propose une petite sortie dehors. Je n'ai pas le courage de remonter dans ma chambre, et j'ai besoin de me changer les idées. Nous descendons donc les escaliers en silence, et poussons la porte du grand bâtiment blanc pour nous retrouver à l’extérieur. Petit détail : il neige et... je suis en T-shirt.

Je fais demi-tour pour aller chercher quelque chose de plus chaud, tourne la poignée de la porte ; mais rien ne se passe. Elle est fermée à clé, le verrou bien enfoncé de l'extérieur. En un instant, je vois apparaître devant mes yeux mon geste, que j'avais cru anodin, de claquer la porte. Oh non !

Neji est en même tenue que moi ; Sasuke, lui, a vêtu un gros pull et une chaude doudoune. Je lui jette un regard meurtrier : il hausse les épaules.
Le brun a déjà entamé un petit enchaînement pour se réchauffer, et compenser sa tenue légère ; il saute partout en remuant les bras, j'aurais presque envie de rire si je n'étais pas en train de mourir.

Après avoir essayé de convaincre Sasuke de me prêter sa doudoune, et tambouriné violemment contre la porte sans le moindre résultat, j’ai fini par rejoindre Neji dans son étrange danse de la pluie. Je saute partout dans la neige, sans arriver à contrer mes mains plus rouges à chaque minute, et mes doigts qui, à chaque seconde, deviennent de plus en plus durs à bouger sans m'arracher un grognement de douleur.

Soudain, je sens une douleur aiguë se glisser dans mon dos. Un froid si intense qu'il en devient brûlant. Je hurle en silence, tout mon corps uni dans un frisson de souffrance. Je me retourne, une lueur de haine dans le regard. Et je vois Neji, une main dans la neige, l'autre encore trempée témoigne du projectile qu'il vient de me lancer. Je hurle, attrape une boule de neige, et la lance en plein dans le torse de mon agresseur qui n'arrive pas à esquiver. Dans un accès de rage, il plonge son pied dans le mélange glacé et le ressort violemment, expédiant au passage une pluie de projectiles sur moi. Je me retiens au dernier moment de hurler, et le mue en une grimace tordue. J'ai trop mal.

Je me rue sur Neji et lui expédie de toutes mes forces mon genou dans les côtes. Il se plie en deux, chute vers le sol en m’attrapant par le col et je m'effondre à sa suite.

Nous nous relevons rapidement ; mon poing l'atteint au menton, son coude se heurte à mon estomac, mon pied lui fauche les jambes, sa paume me cogne les côtes. Je me plie en deux, tout mon air expiré d'un coup, et essaie désespérément de regonfler mes poumons d'un peu d'air. C'est impossible.

Un petit rappel rapide des conseils de mon entraîneur de taekwondo me font reprendre le dessus. Un coup bien placé du tranchant de la paume le fait s'agenouiller ; un coup de genou à la base du cou l’expédie au sol, le souffle tremblant. Il se relève, une lueur démente dans les yeux, et me saute dessus en enfonçant son crâne dans mon estomac. Vite relevé, je crispe mon poing et donne toutes mes forces dans un dernier coup. Neji m'imite.

Mes jointures explosent au moment du choc ; nous restons en suspens, nos deux poings poussant de toutes nos forces, puis nous finissons par craquer et je m'effondre au sol aux côtés de mon adversaire, la respiration sifflante, une inquiétante douleur au ventre.

La neige est si gelée qu'elle en devient brûlante : je sens des milliers d'aiguilles pénétrer à travers mon léger T-shirt, trempé de neige fondue ; j'ai si mal que je pourrais hurler, mais je n'ai plus la force de me relever. En un effort indicible, je tourne la tête vers mon adversaire : le sourire que je lis sur son visage est la preuve que j'attendais : non seulement ses attaques n'étaient pas empreintes de haine, mais je crois avoir enfin trouvé le rival de combat que je cherchais. Et il est devant moi, ses grands yeux blancs plantés dans les miens.


- Et après, que s'est-il passé ?
- Je me suis réveillé, transi de froid, par la main de Sasuke ; avec son portable, il avait appelé l'hôpital qui était venu lui ouvrir. On m'a emmené rapidement à l'intérieur et après quelques bains chauds et des frictions énergiques, j'ai retrouvé une couleur plus proche du beige peau que du rouge homard.
- Vous êtes vraiment des abrutis, tous les deux, soupire Ino, approuvée par TenTen. Qu'est-ce que vous êtes allés faire en T-shirt dans la neige ?
Je reste muet. Un coup d’œil à TenTen m'informe qu'elle aussi désapprouve nos jeux idiots. Et qu'elle s'inquiète autant pour Neji qu’Ino s'inquiète pour moi. Ce qui ne semble pas déplaire au Hyûga, en passant. Il est allongé dans le lit à côté de moi, le temps de notre mini-convalescence Sasuke et moi avons échangé de chambre pour que je sois avec Neji. Dès que ma gorge enrouée le permet, j'ai de longues discussions avec lui sur le combat, les valeurs et les arts martiaux. J'ai découvert en lui un partenaire agréable et un adversaire de taille. Pendant nos longs dialogues, nous sommes tombés d'accord sur ce que nous allons faire une fois rétabli. Chaque fois que j'y repense, je sens des picotements dans tout mon corps, des picotements d'excitations.

Les clés dans ma main. Elles sont là, bien présentes, ces clés magiques. Les clés du paradis n'auraient pas plus de valeur. Neji sur mes talons, je glisse l'objet dans la serrure. La porte s'ouvre en grinçant.
- Il est trop sympa le sous-directeur qui remplace Shizune !
- J'en rêvais de cette salle, murmure Neji. Oh, j'ai trop envie de commencer l'entraînement maintenant !
- Non, Kabuto a précisé qu'on devait d'abord ranger la salle avant de s'entraîner au taekwondo. J'ai pas envie d'abuser de sa confiance.
Mon coéquipier soupire, mais finit par se plier aux ordres de Kabuto.

La salle n'a rien de grand ni de majestueux. Neuf mètres carrés à tout casser, des matelas éventrés sur le sol et quelques ballons de football dans un coin. Pourtant, ni l'un ni l'autre ne faisons attention à ces détails, tout à notre joie de pouvoir combattre de nouveau. Rien de plus frustrant qu'un match nul.
Une fois tout rangé dans les coins, nous pouvons commencer. Neji place son bras gauche paume tournée vers moi, et ramène l'autre en arrière, je me place en position de combat. Enfin nous pouvons combattre, sans que le froid nous ralentisse ou nous handicape ! Je suis sûr d'avoir la même lueur dans les yeux que Neji, et la même expression triomphante lorsque nos deux corps se heurtent en combattant.

Nos entraînements, bien que brefs, sont intenses ; une demi-heure par jour à suer de toutes nos forces. Nos combats se soldent souvent par des matches nuls, mais heureusement je parviens parfois à triompher. Sasuke souvent nous arbitre, et avoir un spectateur décuple nos forces. J'ai perdu un peu de ma force après trois mois d'inaction, mais en cette mi-janvier je redeviens celui que j'étais avant, je me rappelle les conseils de mon ancien prof, Orochimaru-sensei, et je revis tous ces instants... C'est tellement bon de redevenir soi !



Mes mains sont serrées tellement fort qu'il en sort presque du sang. La poignée de la mitrailleuse laisse une trace barrée sur ma paume. Ma jambe droite n'est plus qu'un immense trou noir, une souffrance absolue. Mon cœur bat à m'en exploser le torse, ma respiration retrouve lentement ses repères. Mes vêtements couverts de boue m'interdisent quelque mouvement brusque que ce soit. Au loin, une rafale. Amie ou ennemie ? Je ne saurai jamais.
Je me tasse un peu plus dans le coin où je suis caché. Il faut que je tienne. Que je tienne. Nouvelle rafale. Je plaque ma main droite sur mon oreille. Mais l'horrible brouillard de sons transperce ma paume. Et je lâche ma mitrailleuse, pour couvrir de mes deux mains mes oreilles. Ce bruit d'apocalypse, ce bruit de mort, je ne peux pas le supporter.

A ma droite, j'entends un bruit. Faible, presque étouffé. Je ne mets qu'une seconde à ramasser ma mitrailleuse et à placer mon doigt à un millimètre de la gâchette. Le bruit vient d'un homme, qui rampe dans la boue jusqu'à ma médiocre cachette. Sa voix est un murmure rauque.
- Ki... Kimimaro... De l'eau...
J'ai reconnu l'uniforme brun-vert de mon camp. Ami. L'homme a le visage tellement ensanglanté qu'il est méconnaissable.
- Désolé, je n'ai rien.
- De l'eau...
J'ai envie de dire qu'apaiser un instant sa soif ne serait que retarder ses souffrances. Que l'horrible tache rouge-brun sur son uniforme ne laisse aucun espoir. Mais les mots ne sortent pas de ma bouche. A la vue de l'horrible brûlure qui entache son bras droit, je sens un violent haut-le-cœur me remonter dans la gorge, et je me plie en deux pour ne pas vomir mes intestins. Je retrouve juste assez de force pour attraper l'homme par l'épaule et le traîner à l'abri. Je n'ai pas envie qu'il me fasse repérer. L'homme se retourne lentement sur le dos, et rattache sa longue chevelure en queue de cheval. Ses grands yeux blancs sont soulignés par d'immenses cernes noires, ses traits sont durcis ; il a trop hurlé...
- Qui es-tu ?
- Kimimaro, tu ne me reconnais pas ? C'est moi... Neji Hyûga...
Dès que j'entends ce nom, j'entends mon cœur se retourner de nouveau. Cette masse en sursis, cette épave ensanglantée, cet homme à qui j'ai refusé mes dernières rations d'eau potable, c'est mon meilleur ami Neji Hyûga ?
- Oh, Neji, je suis tellement désolé... J'aurais voulu...
- Je vais mourir, rétorque-t-il abruptement. Et je voudrais donner un sens à ma vie. Adieu.
J'ai à peine le temps d'entendre ses paroles qu'il rassemble ses dernières forces et se lève en vacillant. Cet homme qui est arrivé pitoyablement, sa dignité éparpillée sur le champ de bataille, son honneur perdant son sang dans quelques trous d'obus, c'est étincelant de patriotisme exacerbé qu'il s'est relevé. Je ne comprends que trop tard ce qu'il veut faire. Je n'ai pas le temps de hurler, ni même de fermer les yeux. Mon dernier ami Neji Hyûga sort de la cachette, la mitrailleuse au coude. Je n'ai pas le temps de lui dire à quel point son acte est imbécile. Le hurlement terrifiant des mitrailleuses ennemies le fait à ma place. Et je le vois s'écrouler, son visage délicat planté dans la boue. La buée opaque qui s'échappe de nos bouches en plein hiver a disparu de ses lèvres. C'est tout ce qui me rattache à la vie qui vient de s'écrouler dans cette eau vineuse, tous mes sentiments humains qui sont transpercés des balles adverses... Neji m'a fait repérer, et je vois rapidement trois soldats ennemis qui me transforment en fantôme, le visage figé en un dernier cri d'horreur...

- Tricheur ! Trois fois que tu gagnes !
- Et non, je suis fort c'est tout...
- Attends, on était deux et ça fait trois fois que tu nous tues tous les deux ! D'accord, tu te débrouilles aux jeux-vidéos, mais là je crie à l'abus !
- Hns.
Sasuke lâche un simple haussement de lèvres et pose la manette par terre.
- Je suis imbattable à War for War IV, lâche-t-il. Même à deux, vous vous êtes fait complètement laminer.
- C'est ta faute aussi, Kim ! J'avais perdu les trois-quarts de ta vie et toi tu fais le radin avec ta bouteille d'eau !
- Et oui, on est en guerre...
- T'es con !
J'esquive de justesse la pantoufle lancée par Neji.
- Bon, on se fait une nouvelle partie ? Vous reprenez les bruns-verts ?
- Non, c'est bon, t'as gagné la partie. Je vais réviser, pour changer.
- Oh, t'es pas marrant Kim !
- Je te rappelle, monsieur Neji Hyûga, que nous n'avons obtenu l'accès à notre salle d'entraînement qu'en l'échange d'une promesse de travail acharné !
- Pff...

C'est vrai que j’exagère un peu. A trois, nous avons réussi à soutirer à une Shizune débordée une autorisation de sortie de l'hôpital en semaine, et Neji et moi passons deux jours chez le jeune Uchiwa. Mais bon, je pense que notre "directrice" a assez de travail pour en plus devoir s'occuper de deux bambins buissonniers. En avant pour une fiche d'exercices de maths.

Je m'assieds dans le salon, ma fiche sur les genoux, mais je m'aperçois vite que je ne peux pas me concentrer avec les hurlements répétés que provoque les jeux de guerre. Je sors de la pièce et referme la porte derrière moi. C'est silencieux. Forcément, avec un aussi grand appartement ! Ce n'est pas la bâtisse Hyûga, mais pour un seul habitant ça reste franchement grand. Cent mètres carrés pour simplement une personne, c'est pas mal. Heureusement que les parents Uchiwa lui ont laissé un joli compte en banque.
Je ne résiste pas à l'envie de faire une petite visite de l'appartement. Bizarrement, je m'attendais à trouver du luxe partout, du luxe évident et de mauvais goût, mais pas du tout : je ne trouve que des objets chics mais pas trop.

Au fond du couloir, une pièce plus noire que les autres ; par les panneaux accrochés à sa porte, par le sac Eastpak négligemment abandonné dans un coin, par le bureau couvert de cahiers divers et variés, je déduis qu'il s'agit de la chambre de Sasuke. Avec un sentiment de honte, je m'introduis dans l'antre secret.

La pièce est vraiment sombre, et l'Uchiwa n'a rien fait pour l'arranger ; au contraire, il semble avoir voulu la rendre encore plus obscure, et je dois me résoudre à allumer la lumière pour pouvoir faire un pas dans la pièce.
Soudain, je reçois un violent éclat de lumière dans les yeux.
Je cherche d'où peut venir le flash, la lampe que j'ai allumée n'est pas très forte. En fait, tout ce que je remarque c'est un cadre photo dans un coin. Il brille -non- il irradie. C'est impressionnant, au milieu de tout ce noir, ce petit cadre. Rien qu'en un coup d'œil, je vois qu'il s'agit d'une belle journée d'été.

Je ne résiste pas à la curiosité et m'empare de la petite photo. C'est bien une photo estivale, de juillet ou août. Un petit parc, aux arbres en fleurs, l'herbe verte, le ciel bleu. Un jeune homme aux cheveux noirs ébouriffés tient par la taille une jeune fille aux longs cheveux blonds attachés en queue de cheval. Ils sont beaux, ils sont souriants, ils sont heureux. Ils sont Sasuke Uchiwa et Ino Yamanaka. Sasuke et Ino. Ensemble et heureux. Elle, heureuse comme elle ne l'a jamais été avec moi.

Je voudrais les détester, je voudrais les haïr, je voudrais leur en vouloir mais je n'y arrive pas. Pire que tout, il y a une petite voix qui me murmure : ils vont bien ensemble...
En regardant de plus près le cadre, je m'aperçois qu'il n'est pas plat mais plutôt épais. Il y a d'autres photos derrière celle-là. Sans me contrôler, je sors le petit paquet. Un, deux, trois, quatre, cinq. Cinq photos, en comptant celle du parc. Cinq photos, peut-être même pire encore que celle que je viens de voir.
La deuxième. Sasuke qui tient dans ses bras la blonde, les mains posées sur ses hanches, les yeux fermées, et Ino les bras enroulés autour de sa taille. Ils dansent un slow.
Je rassemble tout mon courage pour regarder la troisième : les deux amis allongés dans l'herbe, à un centimètre l'un de l'autre, leurs joues collées. La quatrième est encore pire ; Sasuke plonge parfaitement dans l'eau bleue d'une rivière où nage Ino, en maillot de bain, les cheveux lâchés, les yeux rivés sur le corps musclé de l'Uchiwa.

Ils vont vraiment bien ensemble.

Quelle force noire m'a poussé à tourner la quatrième photo, à replonger le couteau dans la plaie et le retourner dans le sang ? Je n'en sais rien. Mais je l'ai fait, sans réfléchir. Et la photo m'a atteint au cœur. Un frisson glacé a parcouru mon dos. C'est injuste. C'est horriblement injuste. J'essaye de détourner les yeux, mais c'est trop tard. L'image est incrustée dans mon cerveau. Et je vois une jolie fille blonde, la tête en arrière, ses lèvres posées sur celles d'un grand jeune homme aux mèches noires. Et l'emblème des Uchiwa sur la manche de son T-shirt.

J'aime un beau garçon, intelligent, travailleur, sympathique, agréable, peu bavard. Il a de beaux cheveux et des yeux magnifiques. Il est à l'hôpital...
Non... Non...
Dans son nom, il y a un u et un a.

Pourquoi est-ce que j'ai mal comme ça ? Je le savais, non ? C'était Neji ou Sasuke. Hyûga, Uchiwa. Un des deux, forcément. Et ça n'a pas été Neji, c'est tout. Est-ce qu'on souffre vraiment autant quand on s'attend à une chose.

Peut-être que tu pensais -non, tu espérais- que ce que ce soit quelqu'un d'autre... Que tu connais mieux....

Cette idée me traverse. Non, c'est impossible. Je ne pensais quand même pas que ce garçon si beau, si intelligent, et dont Ino est si amoureuse, ce garçon au nom en U et en A, c'était....
Moi ?
Hyûga, Uchiwa, Kaguya.
Mais non, impossible ! Comment ai-je pu l’espérer un instant ! Évidemment qu’Ino était amoureuse de Sasuke ! Depuis le début ! N'empêche, ça fait mal. Très mal. Trop mal. Je ne peux pas rester ici, ni regarder Sasuke en face. Sans voir immédiatement s'interposer la photo maudite, la photo du baiser...

Sans faire de bruit, ni prévenir mes deux amis, j'attrape mon manteau que je fais sauter sur mes épaules et sort discrètement de l'immense appartement.1 Il fait encore plus froid que dans mon souvenir.

Mes dents claquent. Chaque poil qui recouvre mon corps se hérisse en une barrière dérisoire contre le froid glacial de février. Je remonte mon blouson, je baisse la tête et je me recroqueville un peu plus.2
Est-ce que ça va me hanter toute ma vie ? Ces quelques minutes, un peu de froid et un cours de mathématiques, est-ce qu’elles vont me poursuivre jusqu'à la fin de mes jours ?

Je me remémore le très long chemin de l'hôpital à l'appartement Uchiwa, où mes deux amis et moi avions pris un taxi, payé par Sasuke. Je fouille mes poches : pas d'argent. Aucune idée d'un quelconque trajet en transport en commun. Et ni le temps, ni l'envie de le faire à pied. Alors comment rentrer à l'hôpital ? Je balaye la rue du regard ; mes yeux se posent sur une borne Vélib. Une petite bosse dans la poche de mon blouson m'informe que j'ai ma carte sur moi. Parfait. Je tape mon code, insère le petit bout de plastique à code-barres et enfourche le bicycle en direction de l'hôpital.

Je pédale, je pédale à toute vitesse, je pédale dans le froid à m'en éclater les mollets. Et dès que je sens mes jambes ralentir, la photo marquée au fer rouge dans tout mon être se réveille violemment et devient un carburant surpuissant, qui fait tourner mes jambes deux, trois, cinq fois plus rapidement.
La distance qui m'avait parue si longue dans mon cerveau me semble diablement courte. Peu à peu, l'étrange flamme qui s'était emparée de mon être à la vue du baiser s'étouffe, s’attise, malgré les quelques braises qui entraînent toujours mon vélo à toute vitesse. Je vais traverser la moitié de Paris, freiner violemment devant l'hôpital, escalader les escaliers, m'arrêter devant Ino, et... ? Que vais-je bien pouvoir lui dire ?
Ino, tu as embrassé Sasuke ?
Mouais. Encore faudrait-il en avoir le courage.
Quelle mauvaise magie m'a fait sortir de l'appartement, à la poursuite d'une hypothétique réponse aux questions qui se bousculent dans ma tête ? Je n'en sais rien. En tout cas, elle a disparu.

Mon Vélib ralentit, ralentit... Je crois que j'ai peur de la réponse de mon amie. Et si elle me disait que oui, qu'elle l'aime à la folie ? Est-ce que je pourrais y survivre ? Lorsque je ne suis plus qu'à deux ou trois stations de métro de l'hôpital, mon vélo a tellement ralenti que je dois pédaler violemment pour ne pas qu'il s'arrête.
Et en passant devant la borne Vélib la plus proche de mon immeuble blanc, je prends même la peine de m'arrêter et de ranger précautionneusement la monture à son emplacement.
Le bâtiment hospitalier Hokusai se dresse devant moi, à une centaine de mètres. Seuls me séparent de lui son jardin, un passage clouté et quelques mètres de trottoir de chaque côté. Jamais son énorme silhouette ne m'a paru aussi menaçante. Je rassemble mon courage et m'avance sur le passage clouté.

Même si j'ai pris la peine de m'arrêter au rouge, je suis tout de même un petit peu trop en avant sur la route.

C'est là que je l'ai entendu. Le cri -non- le hurlement. Je n'ai pas tout de suite associé le son à sa cause. Pourtant, je sais que ce son n'est pas une bonne nouvelle, et qu'il faut que je recule. Tout de suite. Mais ce paragraphe, si long à lire et à écrire, tient en temps réel en environ 1 ou 2 secondes. Trop peu de temps, je pense, pour analyser la situation et réagir.
Puis j'ai vu une image se poser sur le cri. Ou plutôt, un mot. Qui m'a fait réaliser la gravité de la situation. Pneus. Un hurlement de pneus.
Avant que j'ai le temps de me demander ce que j'allais bien pouvoir envisager de faire, j'ai senti des mains fines mais puissantes agripper mes épaules et me tirer en arrière. C'est la dernière chose que j'ai réalisé avant de basculer.

Dans un état...étrange. Ni vraiment conscient, ni inconscient, plutôt comme si tous les événements se déroulaient trop vite pour que mon cerveau puisse tous les comprendre. Les quelques secondes qui ont suivi sont à jamais effacées de ma mémoire. Tout blanc. Ou plutôt, tout noir.

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Quand je retrouve enfin (plus ou moins) l'usage de mes sens, je suis assis sur le sol. Mais est-ce vraiment le sol, cette surface irrégulière et métallique ? Mes mains tâtent mon socle pour avoir la réponse. Non, ce n'est pas le sol. C'est dur, c'est glacé.
Autour de moi, des gens parlent. Je les entends vaguement comme étouffés.
Est-ce que j'ai mal ? Pas vraiment. Je sens vaguement une douleur au pied droit, et mes jambes tremblent plus fort que l'oscillogramme d'une tension alternative3. Rien de cassé, je pense.

Je fais enfin l'effort de baisser les yeux. Je suis assis sur un scooter. Hum. D'accord.

Je vois la silhouette floue d'une jeune fille aux cheveux de feu s'avance vers moi. Grands yeux noirs, peau pâle, mèches délavées, tout dans sa physionomie semble converger vers un adjectif : faible. Elle tend sa main vers moi pour m'aider à me relever. A peine mes doigts ont effleuré les siens que je reconnais les mains qui m'ont savamment tiré en arrière de la route.

- C'est toi qui m’as sauvé ?
Elle hoche la tête positivement.
- Comment t'appelles-tu ?
Elle baisse les yeux et secoue la tête. Elle refuse de me le dire.
- Merci infiniment, dis-je en souriant. Je m'appelle Kaguya Ki...

A peine ai-je prononcé son nom que ses yeux creux s'écarquillent, la peur plantée au fond de sa prunelle. Elle ouvre la bouche, comme pour prendre la parole, et lâche mes mains. J'avais complètement oublié que j'étais toujours suspendu à elle, et je retombe violemment sur le truc métallique. La douleur ne me lance qu'un instant, mais elle est vive. Je n'ai pas le temps de m'apitoyer sur mon sort, et regarde la jeune fille disparaître sans pouvoir l'arrêter...

Qu'est-ce qui lui est arrivé ? Non, ce n'est pas le plus urgent. Qu'est-ce qui m'est arrivé ? Route. Hurlement. Mains qui me font reculer. Trou noir. Assis sur un scooter.
J'ai toutes les pièces du puzzle, mais je suis incapable de les arranger. Quel est le lien qui les relient toutes entre elles ?

Je décide que je suis déjà suffisamment resté assis. Les deux mains bien ancrées sur le sol, je pousse lentement, et finis par me relever plus ou moins. Mais je dois m'appuyer contre un mur pour m'éviter de perdre à nouveau l'équilibre. Je regarde de travers le scooter bariolé qui me servait de siège. Avec sa carrosserie jaune, sa selle vert fluo, son guidon violet et les petits palmiers rouge vif qui ornent l'ensemble du motocycle, je pense que s’il ne m'avait pas fauché les jambes, le véhicule m'aurait rendu aveugle.

Attendez. Fauché les jambes ? Les pièces du puzzle s'assemblent lentement dans ma tête... Je vois avec une précision cinématographique la scène se dérouler de nouveau : le motocycle fluo perdre le contrôle, ses pneus hurler en enflammant la route, la carrosserie glisser sur quelques mètres sur le sol pour venir me faire tomber au sol.... Et moi me "réveiller", assis sur le scooter, me demandant ce qui s'était passé !

Tout autour de moi me convainc que j'ai raison, jusqu'à la longue traînée de goudron qu'a laissé le scooter pendant sa glissade.

Mes jambes ont arrêté leur danse chaotique, et je parviens plus ou moins à tenir debout. Les voix qui discutaient autour de moi après l'accident on disparu.
Un homme au visage recouvert d'un casque de moto orange court vers moi en hurlant.
- Ooooooh, Tobi est teeeeeellement désolé, il espère que vous n'avez rien, oooooh, Tobi est un méchant garçon, Tobi est désolé d'avoir perdu le contrôle de son scooter, oooooh, désolé, désolééééé !
J'en déduis que l'homme qui m'avait renversé, le motard casqué en orange et le dénommé "Tobi" ne font qu'un. Il tente de me donner son numéro de téléphone, de me porter jusqu'à l'hôpital mais j'arrive à le repousser, et à partir en boitillant. A mettre le plus de distance possible entre le scooter et moi.

J'ai peut-être sous-estimé ma blessure au pied droit. J'ai du mal à avancer, et je dois m'appuyer régulièrement sur un mur pour ne pas m'effondrer. Heureusement que je suis juste à côté de l'hôpital, je n'ai pas un trop grand trajet à parcourir. Je traverse le jardin gelé, pousse lentement la porte. La chaleur emplit immédiatement mon corps, et ce n'est que là que je me rends compte que je suis frigorifié. Je prends immédiatement la décision d'aller savourer un chocolat chaud à la cafétéria après m'être expliqué avec Ino.

Finalement, mon texte me vient tout seul alors que je suis en train de grimper les trois étages. Je vais simplement lui dire : Je t'aime Ino. Et attendre sa réaction. Je pousse la porte de la salle 307 en tremblant. Allez, Kim !

- Ino ? Je voulais te dire que, voilà, depuis qu'on se connaît, je t'aime bien, et en fait, je voudrais savoir, si, tu vois, enfin un peu plus, et si tu voulais me dire....
Pas de réaction.
- Si tu étais sortie, enfin, tu vois, Sasuke, et si vous, tu sais...
Toujours pas de réaction. Je relève la tête pour me donner du courage :

...la pièce est vide de toute présence humaine. Enfin, si on exclut celle de Gaara que j'ai cessé de qualifier "d'humaine". Tant mieux ou tant pis ? De toute façon, je doute qu'elle aurait compris quoi que ce soit à la tirade que je viens de débiter. Mon cœur se serre un instant, puis il se libère et s'allège, comme soulagé de ne pas avoir à affronter la réponse d'Ino et ma douleur. Quel soulagement y a-t-il à reculer de quelques pas avant de sauter dans le vide ?

Je repense au chocolat chaud, et décide d'aller en goûter un, seul avec moi-même. Je redescends donc les escaliers, pressé de frotter mes mains gelées contre le bol bouillant. J'ai presque oublié la douleur lancinante qui traverse mon pied droit.
Une fois arrivé au bar, je commande un bol de chocolat qu'on me sert presque immédiatement, contre une pièce de quarante centimes. Le récipient précieux entre mes doigts, je pars m'asseoir à une table, tranquille, à côté de la fenêtre.
Je ne peux pas attendre. A peine assis, je fais couler le liquide brûlant à l'intérieur de ma bouche.

C'est comme si quelqu'un avait allumé un feu à l'intérieur de ma gorge. C'est bouillant, c'est merveilleusement agréable. Mes doigts sont devenus rouge écrevisse au contact du bol. Une gorgée, encore une... Le lait m'enflamme la langue. C'est bon, c'est même délicieux. Je penche encore un peu plus le récipient, et reste là, assis, à sentir le chocolat embraser tout mon corps. J'ai chaud, j'ai si chaud...

Bien plus tôt que je le voudrais, les dernières gouttes du liquide coulent au fond de ma gorge. Je crois que je vais en reprendre un deuxième. Quarante centimes pour du bonheur liquide, ce n'est pas cher.
- Oh, salut Kim !
Alors que je m'apprêtais à me lever, Sakura s'avance vers moi et pose son thé à la menthe juste sur la chaise en face, avant d'hésiter un instant puis de s'asseoir. Tout d'un coup, me vient l'envie de poser ma question.
- Sakura, tu n'aurais pas vu Ino ?
- Ino ? Ah non, elle est à la piscine avec Hinata et Temari. Elle est partie aux alentours de quatorze heures, elle ne devrait pas tarder à rentrer. Tu voulais lui demander quelque chose ?
Le regard suppliant que je lui jette la convainc de ne pas insister.
Nous restons tous deux silencieux, à contempler la pluie qui s'est mise à tomber par la fenêtre. Ploc, ploc, ploc. Le jardin est trempé. Il y aura un orage, ce soir.


- Tiens, là voilà !
Je relève la tête, perdu dans mes pensées. Effectivement, cette jolie blonde qui traverse la cafétéria, c'est Ino ! Je me relève rapidement et cours vers elle.
Ou plutôt, essaie de courir. Car c'est ce moment-là que choisis ma jambe pour me rappeler que je suis censé boiter et avoir mal au pied droit. Même en souffrant le martyre et en faisant des pauses, je n'avance pas vite du tout.
- INOOOOOO !
Hum. Peut-être pas une si bonne idée que ça de hurler à travers la cafétéria. La moitié du bar se tait et se retourne vers moi. Heureusement, Ino en fait partie.

- Kim ? Oui, qu'est-ce qui t'arrive ?
Je marche lentement vers elle, la main crispée sur ma jambe douloureuse.
- On peut parler en privé ?
Nous sortons de la salle pour nous asseoir sur un des bancs de l'accueil, le plus proche, où heureusement personne n'a eu l'idée de venir nous écouter. Je suis seul. Aurais-je le courage de faire sortir les mots de la bouche où ils sont prisonniers ?

- Et bien, voilà, lâché-je.
Je prends ma respiration.
- Je voulais te parler... du 11 novembre. Tu te rappelles de ce qu'on a fait ?
- 11 novembre... (Elle fouille dans sa mémoire) le jour où on est allés au parc jouer de la guitare et discuter ?
- Exactement.
- Et alors ?
- Tu m'avais dit quelque chose... sur l'homme dont tu étais amoureuse.
- Un u et un a... A l'hôpital... C'est ça ? répond la blonde.
- Oui. Je pense que...

Rien à faire. Les mots n'arrivent pas à sortir. Allez ! Vas-y ! Arrête de te torturer ! ALLEZ !
Je prends mon élan et saute dans le vide.

- ...tu pourrais me dire de qui tu es amoureuse ?
Elle reste silencieuse un instant.
- Tu... tu n'avais pas deviné ? questionne-t-elle.
- Non...
- Je pensais, pourtant... Bon, je veux bien te le dire... Tu es sûr que tu ne sais pas ?
- Non, vraiment pas...

Elle va le dire... Mon cœur bat la chamade... Ses lèvres sont juste à côté des miennes...




- Mais, Kimimaro... C'est Sasuke Uchiwa, bien sûr...




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