Fiction: Un paradis ensanglanté (terminée)

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Itachi frappa la porte de son poing, il expliqua rapidement la situation.

...

- Il nous abandonne pour son rafiot ? J’y crois pas… moi qui pensais qu’il n’était pas un de ces foutus richtos...
- Omoi, tu n’y es pas… en sauvant le bateau c’est nous qu’il sauve ! Ça n’a rien d’égoïste, au contraire, il fait ça pour le groupe.
- Comment tu peux en être sûre Temari ? Tu lui fais confiance aveuglement à ce point ? Moi qui croyais que tu n’aimais que toi. De toute façon la corde a déjà été coupé, celui qui l'a sectionné a été en contact avec le bateau il y a de ça un moment. Pourquoi se dépêcher ? Il n’a aucune raison d’y aller seul en pleine nuit, plutôt qu’en groupe à l’aurore.

Temari dévia son regard et rougit, elle-même ne comprenait pas le comportement de l’aîné du groupe.

- Il faut que quelqu’un rattrape Shikamaru, s’il nous abandonne… on va tous crever ici…
- Bien… quelqu’un de volontaire pour aller à sa poursuite en pleine nuit à travers une forêt dans laquelle personne ne sait se diriger ?

Temari mettait en évidence l’incongrucité de ce plan.

- Et pourquoi on y va pas tous ensemble ?
- C’est sûr… quitte à se perdre, autant qu’on se perde tous !
- Plus on parle, plus on perd de temps ! Faudrait se décid…
- Je vais le faire.

Les jeunes se retournèrent simultanément vers la voix rauque qui venait de se proposer comme volontaire.

- Hors de question ! Manquerait plus qu’on le détache lui !

Suigetsu était révolté contre la proposition de Killer Bee.
Sasuke ne supportait plus le temps que les jeunes perdaient en discours inutile. Il savait que sa douce n’était pas tranquille et qu’elle n’avait qu’un seul souhait, partir au plus vite.

- Je vais l’accompagner.

Ce plan était loin d’être parfait, il était probablement le plus idiot, mais faute de temps et contre toute vraisemblance... il fut accepté.
Itachi détacha Killer Bee, il n’était pas particulièrement heureux, simplement soulagé de retrouver sa liberté. Lui aussi était soucieux du comportement du Capitaine¹.

-…les femmes et les enfants d’abord… Tu parles…

[1] Référence à Shikamaru qui est le seul du groupe à savoir naviguer.
Son frère Omoi était loin d’être rassuré et son cœur se serra en le voyant s’éloigner sur la plaine. Terumi était dans le même état, mais ses craintes étaient plus fondées, l’idée que son amour parte en compagnie d’un possible meurtrier à travers une forêt qui avait précédemment été le lieu d’apparition spectrale lui était insupportable. Sasuke sentit son regard le traverser, il ne se retourna pas, l’heure était grave.
On pouvait sentir l’air s’alourdir, la nuit commençait doucement à s’éclaircir, mais il fallait encore bien deux heures pour que l’aube libère les étudiants de l’obscurité. Les deux volontaires disparurent, avalés par la masse compacte qu’était la sylve².
[2] Forêt équatoriale

Itachi fit rapidement les comptes, un mort, un disparu, deux inconscients, six jeunes qui n’avaient plus leur destin entre leurs mains, résultats…

- On est mal partis…

Konan le regarda perplexe

- Qu’est-ce que tu as dit ?
- J’ai dit qu’il était hors de question qu’on reste ici à rien faire. Nous aussi, on va tout faire pour pouvoir partir d’ici sain et sauf.

Suigetsu leva le bras pour sentir le vent.

- Il va pleuvoir, des nuages se condensent à l'Est. Une bonne mousson comme on les aiment.
- Et comment tu le sais ? dit Temari curieuse.
- L'air... Il est ascendant.
- Intéressant... et alors ?

Konan sourit

- Ça veut dire qu'une dépression est en train de se former à proximité de l'île... et qu'apporte les dépressions ?

Temari rougit, honteuse de se sentir à ce point ignorante, incapable de comprendre les dernières paroles prononcées.

- Une bonne Cirrhose³ ?

[3] Maladie du foie causé principalement par l'abus d'alcool.
Konan soupira.

- Les dépressions apportent des averses.

La pluie future venait de faire émerger une idée dans le cerveau d'Itachi.

- Combien de temps avant qu'elle arrive ?
- Je dirais deux jours, ça dépend de la vitesse des vents.

Itachi sourit.

- J’imagine que personne n’a l’intention de garder des souvenirs ? Dans ce cas, je pense que ça ne dérangera personne qu’on allume un petit feu ?

Cette idée était géniale en de nombreux points, certes elle condamnait la plus grande partie du matériel de la maison, mais de toute façon la principale préoccupation était quitter l’île. Itachi pensait déjà à un moyen d’avertir les avions ou bateaux à proximité de l’île à l’aide d’un signal, au cas où Shikamaru avait vraiment pris la fuite. Mais plus important, le feu avait une utilité particulièrement intéressante pour les deux volontaires partis. Dans une forêt au paysage monotone, un point de repère était particulièrement important. Le seul aspect négatif fut le moment de la journée, la nuit ne permettait pas la visibilité de la fumée, mais les six jeunes décidèrent tout de même de préparer le feu en alimentant le bûcher.

Itachi, Suigetsu et Temari se chargèrent d’entasser le plus d’objet devant la maison, pendant que les autres étaient à la recherche d’un combustible. En fouillant dans les placards de la salle principale, Konan trouva quatre bouteilles de pétrole, devant servir à allumer les lampes présentes dans la maison. Elle les donna à Terumi qui sortit à l’extérieur et commença à vider le contenu sur le tas de gravas. Dans la maison soudain, on entendit hurler :

- Montez-vite !

Omoi se trouvait dans la chambre à Sasuke, très vite Temari, Itachi, Suigetsu et Konan arrivèrent.
Il affichait un large sourire qui s’opposait étrangement à l’objet qu’il tenait dans les mains.
Une hache couverte de sang, probablement celui de Saï, était là, l’arme du crime leur faisait face, mais quelque chose ne concordait pas.

- Il y a des incohérences dans tout ça, pensa Itachi.
- Vous voyez ! Je vous avais dit que mon frère n’avait rien fait.

Son sourire et ses yeux en disaient long. Il avait lui-même douté de la culpabilité de Killer Bee, et ce fut pour lui une délivrance de trouver la preuve de son innocence. Soudain son sourire se crispa et il devint blanc, la sueur perla sur son front.

- Mon frère est avec ce taré… Mon frère est seul avec lui !

Il se tourna pour courir, mais Itachi lui attrapa son pull. Il ne pensa pas à prendre garde à la réaction d’Omoi qui tenait la hache entre ces mains.

- Lâche-moi !
Pris sous le coup de l’émotion Omoi leva les bras, son corps forma une droite dont l’extrémité était affutée par la lame. Itachi fut tétanisé, par réflexe sa main se serra d’avantage, le temps se ralentit, il vit le mouvement vertical lui fendre la tête. Au dernier moment, Suigetsu plaqua au sol Omoi, l’assiégeant au passage de coups, ses nerfs craquaient. La lame fit une vrille et termina sa voltige en s’enfonçant dans le sol avec brutalité. Le miraculé tourna la tête très lentement, centimètres par centimètres et observa la trajectoire qu’avait pris l’arme. Lorsque qu’il comprit la chance qui lui avait épargné la vie une seconde fois, Itachi se retourna vers son sauveur qui battait toujours furieusement Omoi.

- Deux degrés… sur la gau… gauche Omoi et j’y perdais la...

Temari sépara les deux lutteurs qui n’avaient plus vraiment conscience de leurs actes, tous les événements qui avaient eu lieu les dix ta ligo aussi dernières secondes étaient liés aux instincts de l’Homme, non à sa conscience.

Elle sépara le jeune garçon impulsif, mais Omoi était déjà en train de se relever, se remettant momentanément de l’assaut qu’il avait subit. Itachi put voir la lueur de colère qui brillait dans ses yeux. Elle scintillait et s’apprêtait à rendre tous les coups qu’il avait reçu. Temari avait du mal à contenir Suigetsu, voyant à son tour le jeune homme métisse se lever, elle cria à Itachi :

- Bouge ton cul et viens m’aider ! T’auras tout le temps de rien foutre après !

Omoi s'élança sur Suigetsu, son bras prêt à se détendre pour frapper de toute sa violence le jeune bloqué par Temari contre le mur. Konan s'interposa si rapidement qu'Itachi n'eut pas le temps de la voir. Omoi n'arriva pas à ralentir emporté par la puissance de sa frappe. Elle lui tourna le bras, prit dans l'élan de la force de son coup, les muscles situés aux environs du triceps se déchirèrent légèrement. Il ne sentit rien, l'adrénaline, qui s'était déversée en lui lorsqu'il avait compris que son frère était en danger, était encore présente. De la même façon, qu'un jardinier qui se sectionne la main ne ressent pas la douleur pris sous le coup de l'effroi.

- Sasuke n’est pas le tueur ! Rappelle-toi, il était dehors quand Saï est mort ! Tout ça n’est qu’une mise en scène pour le faire accuser !

La voix douce de Konan lui transperça l’esprit, il s’arrêta.
La lueur dans ses yeux s’éclipsa et il tomba à terre, son regard était maintenant d’un noir exceptionnellement terne.
A travers la fenêtre, les premières lumières apparaissaient. Le silence emplit la chambre.

- Vous entendez ? Konan avait une ouïe particulièrement affinée.
- Nan, qu’est-ce qu’on devrait entendre ?
- Ecoute…

Itachi ferma les yeux, concentrant tous ses sens au niveau de ses oreilles.

- Des crépitements ?

Il regarda par la fenêtre, quelque chose d’anormal avait lieu. On distinguait la lumière du soleil s’élever à l’horizon, mais ses rayons n’éclairaient pas l’île. Or quelle était cette lueur qui éclaircissait la plaine ?

- Vous sentez ? dit Suigetsu avec dégoût.

Itachi avait une boule à l’estomac. Elle était similaire à celle qui l’avait frappé lorsque Saï et Killer Bee étaient introuvables.
Il sortit de la chambre, remonta le couloir, l’odeur s’emplifiait à proximité que le brun ténébreux se rapprochait de l’escalier. Konan le suivait de près, alors que les autres jeunes prenaient le même chemin mais sans réelle compréhension de la situation.
Il arriva en bas des escaliers, l’odeur était insoutenable. La peur le gagnait, titubant, répugné par l'odeur ; il s’arrêta devant la porte, l’aura lumineuse du bûcher brillait, contrastant inexorablement avec la forêt glaciale. Les flammes semblaient interminables et s’étendaient à une hauteur indéterminable, au-delà du champ de vision. Le feu dansait, toride, alimenté par les divers comburants qui composaient le tas.

-Nan ! nan ! NAN ! Putain qui a allumé le feu ?!

Suigetsu se tenait appuyé contre le mur, les yeux baissés, résignés.

Le groupe était cloîtré à l’intérieur de la maison, dans l’entrée, les yeux de Konan luisaient, gorgés d'eau. Les autres jeunes eurent la même réaction, les vents leur jetaient la fumée en pleine figure. Le brouillard noir venait se fixer sur leurs yeux humides, les cendres leur créaient des microscopiques brûlures sur leurs peaux qui s'asséchaient de secondes en secondes. La fumée leur brûlait les yeux et les forçait à détourner le regard... on crut même apercevoir, couler sur les joues d'Itachi, des larmes noires.
Konan se tourna vers les cinq adolescents, la mine déconfite.

- Eteignez le feu !

Temari et Suigetsu étaient déjà partis chercher de l’eau.

- Konan c’est trop tard, elle est…

Elle n'écouta pas et courut vers le feu, mais Itachi la rattrapa à 5 mètres, la tenant fermement pour que son regard ne croise plus le brasier, il n'aurait pas fallu que son esprit prenne une décision irraisonnable. Ses mèches tombaient sur l’épaule d'Itachi et ses douces larmes parcouraient les canaux épithéliaux de la peau du jeune homme. A travers les flammes... la silhouette était perceptible. Le brasier rougeoyant commençait à consumer le corps. Son visage d’ange, miraculeusement épargné, était sans expression et semblait dans un calme repos.

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