Fiction: Un paradis ensanglanté (terminée)

Une île inhabitée depuis des siècles comme destination de vacances. Un choix étrange, et lourd de conséquence... Disparition, paranoïa, tension, horreur, fantôme, meurtres... Malgré les liens d'amitié qui les unissent depuis l'enfance, rien n'est plus fort que l'instinct de survie... Place au massacre ! Ne vous faites pas d'illusion...Sur une île personne ne viendra vous sauver....
Classé: -12D | Action/Aventure / Horreur / Mystère | Mots: 42586 | Comments: 75 | Favs: 48
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naruto_best (Masculin), le 12/08/2013
"On ne manipule que ceux qui ne voient pas la réalité."
Divjak

[Au modérateur] Il n'y a pratiquement aucune faute je m'en porte garant. Veillez donc à ne pas me rajouter d'autres fautes comme dans le chapitre précédent et je vous remercie par avance de votre rapidité pour la publication.





Chapitre 21: Épilogue d'une épopée fantastique



Le ciel était particulièrement étrange en cette soirée. Aucune étoile ne transperçait l’obscurité, aucun scintillement autonome ne glissait le long de la voûte nocturne comme si cette île fut hors du temps et de l’espace ! À nous peuples civilisés, combien d’entre nous savent encore contempler le voile d’un ciel azuré, où germent par floraison progressive de petites perles, imposantes, comme témoins invétérés de notre insignifiance. Les constellations ont déjà quelques millénaires, c’est que ces pâles objets inanimés ont su transcender les âges et les esprits. À l’échelle de l’homme, elles sont éternelles, à leurs yeux étincelants nous ne sommes rien, ou disons plutôt que nous n’avons pas le temps d’exister. Nous sommes éphémères, donc beautés serions-nous tentés de penser par syllogisme. Que nenni, fuyez la civilisation un temps pour vous plonger émerveillés dans cette grandeur qui contient en elle toute la magnificence de l’univers. Ceux qui ont eu la chance d’observer la Voie Lactée connaissent leur place, serait-il plus juste de dire qu’ils la connaissent davantage à nous autres citadins. Il faut fuir la lumière pour pouvoir mieux la percevoir. Contempler le majestueux ballet souverain et cosmique que cette poussière futile sait pourtant effectuer avec grâce. On dit souvent que lever les yeux au ciel c’est remonter le temps, loin d’être une formule poétique, il s’agit en réalité d’une exactitude physique. Nul besoin de machine désuète quand on possède deux pupilles prêtes à se dresser dans l’immensité interstellaire. Certains n’y voient que du vide saupoudré d’ennui, il s’agit pourtant d’une enquête approfondie sur nos fondements et origines. " Élève-ton regard et connais-toi toi-même." aurait pu dire un adage fameux si quelqu'un avait détenu la formulation parfaite et concise.

Le ciel est une source à jamais d’inspiration dont les hommes oublient l’importance à mesure que le monde tourne, car il faut avancer j’en conviens. Mais à trop courir, ne risquons-nous pas de perdre de vue tous nos impératifs ? Certes le sage est seul… toutefois avec lui-même. Qui peut en dire autant ?
Loin de toutes civilisations, la voûte étoilée de l’île aurait dû laisser transparaître le sublime nuage de Magellan ou encore une célèbre route où le lait a débordé jadis. Mais comme un éternel pied de nez tendu par l’île à ses habitants, le ciel ne se parait que d’un disque ocre tournant à l'écarlate. La lune perchée haut dans l’éther semblait inexplicablement proche de l'océan en cette soirée comme prête à s’y écraser pour se refroidir. Le plus angoissant était, outre la sensation de proximité, cette teinte rouge cendrée que redore parfois les charbons ardents en cheminé. L’astre (car nous pouvons désormais lui donner ce nom tant il illuminait le paysage), tempérait la froideur de la nuit si bien que brusquement Itachi eut la sensation d’étouffer de chaleur. Le sol encore humide à l’extérieur dégagea brusquement la plus immonde humidité dont les pays tropicaux connaissent la rudesse. Celle-ci s’engouffra dans la maison mal isolée qui ne pouvait se prévenir d’un si grand malheur. Au moment où Itachi entendit Shikamaru prononcer la formule latine1, la lumière jaillissant brusquement comme affolée du plafond laissa à Itachi l’affreuse image de cette lune gravée dans son esprit. Shikamaru avait encore le doigt sur l’interrupteur, ses yeux de jais avaient récupéré un aspect anodin si bien que la méfiance d’Itachi retomba malgré les menaces de son compagnon. Ce dernier était effectivement assis comme l’avait préétabli Itachi, mais son assurance semblait s’être dissipée au moment même où la lumière baigna la pièce ; le dos légèrement en arrière, ses mains s’agrippèrent au velours alors que les muscles de ses bras bandèrent. Enfin son regard, l’instant qui suivit le flash, frémit comme par effroi ou étonnement.
Itachi ne remarqua même pas que le courant avait été rétabli dans la bâtisse.

[1] Référence à la dernière phrase du chapitre précédent

- Où sont Suigetsu et Konan ?
- Dehors, dit froidement le plus âgé entre ses lèvres.
- Tu disais avoir tout compris, alors qu'attends-tu pour m'expliquer ?

Mais Shikamaru resta muet, le regard vitreux et figé sur une partie du corps d’Itachi que ce dernier ne parvint pas à déterminer. Son expression et son immobilité était plus effrayante que les statues de l’église Scuola Granda di San Rocca à Venise. Ces dernières ont pourtant le visage meurtri par l’effort en raison du fait qu'elles semblent porter tout le poids de l’édifice sur leurs épaules.
Soudain un bruit de grincement se fit entendre, annonçant la venue de Suigetsu.

- Tu es là Itachi ? Tu nous as fait une belle frayeur, nous étions prêts à partir quand tu n’as plus donné signe de vie.
- C’est inexplicable, alors que je me marchais avec Konan, il m’a semblé que je tombai soudainement dans les vapes. D'ailleurs Konan va bien ?!
- Ne t’en fais pas, elle est revenue en pleurs il y a environ quatre heures pour nous prévenir que tu avais eu un malaise. Mais la pauvre ne savait plus par où vous étiez passés. Temari, Konan et moi-même sommes donc partis à ta recherche.
Durant ce cours échange, le jeune homme n’avait pas bougé de sorte qu’il était encore à distance de ses deux compagnons. Naturellement, l’envie lui prit de serrer Itachi dans ses bras.
- Tu sais, Konan s’est fait un sang d’encre tu aurais dû la voir, elle était inconsola…

Le jeune s’arrêta à trois mètres, comme s'il venait d’apercevoir quelques monstres invisibles qui planaient autour d’eux. Il fixait ardemment une zone légèrement plus haute que le sol où pendaient les mains d’Itachi à son corps. C’est alors qu’Itachi comprit que Shikamaru fixait ce même point depuis que la lumière avait été activée.

- Mais tu saignes ? dit Suigetsu circonspect tandis que son ami montait ses deux breloques mécaniquement au niveau de ses yeux.
- Tu es tombé, tu en as aussi au niveau des genoux. Je vais te panser ne bouge pas.

Ses mains étaient rouges, presque bordeaux et dès l’instant où Itachi aperçut l’état de ses membres supérieurs, une odeur âcre et ferrugineuse lui monta au nez lui donnant par la même occasion la nausée. Il dut se retenir de régurgiter en mettant une de ses deux mains devant lui. Shikamaru restait stoïque, isolé dans un silence morbide. Chacun de ses globes semblait suivre une main, non pas dans une sensation proche de celle qu’inspire le strabisme, on avait l’impression que chaque pupille était harponnée à Itachi et ne pouvait désormais plus s’en détacher. Soudain sa voix martela la glace dans laquelle les jeunes étaient enfermés. Mais la vérité que contenait Itachi ne pouvait rester comprimée plus longtemps, il fallait qu’elle éclate, qu’elle explose et sorte de lui.

- Shikamaru ! Écoute, je crois avoir compris ! C'était comme un éclair qui éclata dans mon esprit, tout m'est venu instamment tout à l'heure. Laisse-moi t’expliquer mon idée ; ce ne sont que des suppositions, mais elles méritent d'être entendues tu ne trouves pas ?
- Je t'écoute, dit le jeune dont les yeux semblaient s'illuminer d'intérêt.
- Commençons par la fin et remontons progressivement. Omo…Il s’arrêta, car prononcer chacun des noms des disparus lui était insupportable. Il ne parvint pas ainsi, tout le long de son explication à prononcer un seul des noms appartenant aux jeunes sans les écorcher. Omoi était agonisant dans le lit après que Sasuke lui a touché le foie et les nerfs de sorte que le malheureux était paralysé dans un état critique et léthargique. Nous n’étions que cinq, toi, Konan, Suigetsu, Temari et moi. Même si le dire me perce le cœur, je crois que Suigetsu l'a achevé à notre insu. Il est ce que l'on pourrait appeler un ange de la mort…
- Ah oui ? Intéressant comme hypothèse.
- Oui, souviens-toi avec Terumi, il l’a tuée par compassion. Je pense qu’il s’agit d’une bonne âme, tourmentée par la souffrance des autres et qui a préféré achever ses amis plutôt que de les voir souffrir. Le syndrome de "L’ange de la mort" est presque une pathologie en soi, je ne pense pas que l’on ait à porter un jugement moral sur ce qu’il a fait… Ses valeurs diffèrent des nôtres, mais pourquoi en seraient-elles moins nobles. Itachi commença dès lors à verser des larmes qui ne s’arrêtèrent qu’à la fin de son monologue.
- Et Sasuke alors ?
- Sasuke était blessé rudement, mais pas de façon mortelle. Je ne pense pas que l’on puisse l’attribuer à Suigetsu cette fois-ci puisque les circonstances sont différentes. La balle avait fusionné avec son torse, mais ne semblait pas lui être fatale. Tu sais que Teru…Terumi était la meilleure amie de Konan ? Elles étaient si unies que deux sœurs jumelles n’auraient pas eu plus de tendresse l’une pour l’autre. Imagine, je dis bien imagine que Konan et Terumi aient passé un pacte pour s’occuper l’une et l’autre de leurs familles en cas de décès. J’entends par là : aider à supporter le deuil, s’occuper de la santé des proches, et cetera. C’est le genre de discussion que deux amies peuvent aborder un soir de mélancolie, je suppose.
- Continue.
- Dans ce cas, mets-toi un instant à la place de Konan. Sa meilleure amie vient de mourir laissant derrière elle un jeune homme accablé par le deuil dont le poids de l’amour — encore frais — augmente infiniment sa peine. Elle voit ce jeune, son ami, l’amour de sa meilleure amie affublé d’une balle dans le torse écrasé par la charge que crée le remord. Ne jugerais-tu pas bon à sa place de les réunir ? Ne serait-il pas plus criminel de laisser endosser à Sasuke le poids de la mort de Terumi, lui qui n’était pas là pour la protéger, car il avait accepté la mission qu'on lui avait confié afin d'écourter le voyage ; comme le lui avait supplié Terumi avec insistance...?
- Konan aurait donc tué Sasuke tu penses ?
- Par la pensée certainement, sur le papier, dans les faits elle est trop émotive, c’est une fleur fragile. La seule vue du sang l’aurait rendue incapable d’accomplir son dessein. C’est pourquoi, je suppose qu’elle a fait part à Temari de sa pensée. Elle est plus pragmatique, c'est pourquoi elle a certainement cédé aux larmes d’une jeune amie dont les confidents (deux amants désormais séparés) ne demandaient qu’à être réunis. Ça n'a certainement pas été facile pour elle d'accomplir ce geste, mais au vu des éléments qui précèdent elle a jugé objectivement que c'était le mieux à faire.
- Concernant Bee, il n’y a aucun doute Sasuke l’a tué devant nous.
- Oui venons-en à Terumi.
Et les deux jeunes continuèrent leur enquête en chuchotant de peur que Temari, Konan ou Suigetsu ne les entendent.
- Terumi était seule dehors pendant que nous cherchions de quoi allumer un feu. Tu n’étais pas là et j’ai de ce fait longtemps cru que tu pouvais être le coupable. J’étais avec Konan, Temari, Omoi et Suigetsu. Cette fois-ci tu vois, je pense davantage à une dispute qui aurait mal tournée. Suppose qu’Omoi apporte du bois et croise Terumi. Il sait son frère traité par Sasuke comme un meurtrier et partage avec son amie ses inquiétudes. Cette dernière prend naturellement la défense de Sasuke, peut-être même le traite-t-elle de héros. La discussion s’envenime et chacun campe sur ses positions. C’est alors qu’Omoi la pousse par un accès de rage similaire à celui qui a failli me coûter la vie ; après tout son frère est quand même accusé d'avoir sauvagement commis un meurtre. Comment pourrait-il supporter de le voir traiter ainsi ? Terumi est alors probablement inconsciente suite à un choc qu'elle a reçu en tombant. Elle pesait moins d'une cinquantaine de kilos, elle est donc naturellement vulnérable et sujette à s'évanouir. Omoi la croit morte ou bien il pense que cette involontaire violence exagérée jouera contre lui et contre son frère dans le procès qui leur sera fait. La peur et le manque de lucidité ont fait le reste, il s’imagine tout simplement pouvoir faire disparaître le corps en le brûlant, c’est un coup de poker, s’il réussit son frère et lui sont sauvés. Il prépare donc son coup astucieusement, prépare un retard à mèche afin que le feu puisse prendre lorsque le jeune sera en sécurité dans la maison. Là, je ne l’explique pas encore, car Omoi a emporté ce secret avec lui, soit qu’il trouve la hache par hasard, soit qu’il la place lui-même dans la chambre de Sasuke, toujours est-il qu’il nous avertit pour nous éloigner du feu qui commence à prendre sur la plaine. Mais comment un jeune homme pourrait-il connaître la portée de l’odeur nauséabonde propre à la chair brûlée ? Son plan était presque parfait, mais là encore il n’avait pas prévu que le feu épargnerait en partie Terumi et encore moins que cette dernière soit toujours vivante. La suite tu la connais.
- Et Saï alors ?
- Je crois que tout le nœud du problème est réellement là. Nous avons suspecté Bee car il était le seul dans la maison avec Saï. Mais si le meurtre avait eu lieu plus tôt ? Tu te souviens qu’à notre arrivée Sasuke, Omoi et Temari sont restés seuls dans l’après-midi. Je suspecte Sasuke d'avoir voulu nous rejoindre à la cascade une fois reposé. Je te pose une question : As-tu vu Terumi et Saï à la cascade ? Moi non ou très peu, à de vifs et brefs instants. Envisage une seconde qu'en réalité les sentiments de Terumi n'aient pas été entièrement et exclusivement dévoués à Sasuke. C'est une belle fille, elle n'a jamais eu de problème pour charmer les garçons, d'ailleurs Sasuke est le plus sportif du lycée ; regarde à quelle vitesse il est tombé dans ses filets. De plus, tu ne trouves pas que Saï et Sasuke se ressemblent quelques peu ? Pour faire court voilà ce que je crois : Sasuke arrive près de la cascade, mais surprend Saï et Terumi ensemble peut-être à se charmer l'un l'autre innocemment ou plus ardemment. Cet athlète ne supporterait pas d'être trompé, lui aussi est un charmeur invétéré. Fou de rage, il court au bateau chercher une corde et une hache de secours, étant sportif il est le seul à pouvoir accomplir cet exploit aussi rapidement.
- Mais Sasuke était dehors quand Saï a été tué.
- Ça tu vois, c'est ce qui m'a donné le plus de fil à retordre. Selon moi, Saï était déjà mort quand Terumi a crié.
- Tout le monde l'a vu.
- Non, tout le monde a cru le voir, nuance ! Un élément m'a paru invraisemblable dans le discours de Terumi. Tu te souviens qu'elle a dit avoir vu une petite fille à là cascade ? Mais comment serait-ce possible en pleine nuit sans lumière de voir les arbres au alentour depuis le bassin de la cascade ? Il y fait bien trop sombre à cette distance. En fait, Sasuke et Terumi y sont allés bien plus tôt qu'on ne le pense, peut-être même que le soleil n'était pas encore totalement couché. Là, Terumi a cru entrevoir rapidement une forme, Konan aussi a cru la voir, moi de même, je pense à une hallucination causé par la monotonie du paysage. Cette petite fille ne l'a pas immédiatement effrayée, mais elle est toutefois restée dans sa mémoire. La soirée a continué, mais à un moment Sasuke a dû décider de s'absenter, prétextant une envie ou qu'en sais-je ? Ce ne sont pas les idées qui nous manquent quand on a planifié un meurtre. Le voilà qui court et ne doit pas mettre plus de deux minutes pour arriver ici. Ce soir là, j'ai entendu des bruits de pas, j'ai pensé sur le moment qu'il s'agissait de Terumi et Sasuke. En réalité, je crois à présent que Sasuke a demandé à Saï de le rejoindre dans la chambre durant la soirée. Sasuke profite certainement de la confiance que Saï lui porte pour lui planter la hache (qu'il a préalablement cachée dans la chambre) quand ce dernier lui tourne le dos au niveau du cou. Mais à ce moment un événement inattendu qu'il ne pouvait prévoir arrive : sa tendre risque de le faire repérer. J'ai entendu deux cris ce soir là. Pense une seconde à Terumi, seule depuis maintenant quatre minutes dans une forêt obscure où aucune lueur n'est là pour la rassurer. Elle panique, appelle Sasuke qui ne répond pas et crie plus fort alors qu'elle voit peut-être à nouveau la petite fille qui l'avait troublée plus tôt. Sasuke au premier cri sait qu'il risque gros. Je ne sais d'où lui est venue cette idée, mais le voilà qui prend un pull à Saï et l'enfile pour dissimuler le sang qui imbibe le sien (mais qui commençait déjà à coaguler). Il coiffe ses cheveux pour ressembler vaguement à celui qu'il vient de tuer et au deuxième cri sort de la chambre pour donner l'illusion que Saï est encore vivant. Souviens-toi, aucune lumière ne fonctionnait, de plus la chambre de Saï est la dernière dans le couloir si bien que les portes sont plongées dans un noir absolu. Dans la précipitation et l'obscurité ambiante Suigetsu croit voir Saï derrière lui, alors que Bee le voit sortir. Encore une fois, son corps d'athlète prend le dessus, d'une manière ou d'une autre il parvint à s'éclipser pour rejoindre Terumi avant nous. Il la rassure légèrement et lui explique qu'il devait aller se changer. La pauvre étant en état de choc ne comprend pas réellement la situation. Enfin, nous arrivons. Tout de suite elle nous parle de ce fantôme, mais uniquement de la première fois où elle l'a clairement vu, c'est-à-dire en début de soirée en compagnie de Sasuke. À ce moment la disparition de Bee et Saï nous est connue, nous repartons donc en sens inverse. Arrivés à la maison, Sasuke s'est éclipsé pendant que nous étions tous à la cuisine, dans l'obscurité totale rien ne lui était plus facile. Il dissimule toutes les preuves, la hache dans sa chambre et décide de pendre Saï pour simuler un meurtre sauvage et inhumain, utilisant même à profit l'histoire de ce fantôme que Terumi a vu. Moi aussi j'ai cru le voir tout à l'heure, mais il n'existe pas en réalité. Lorsque Sasuke utilise la chaise pour pendre Saï, il manque son affaire et tape l'un des pieds contre le plancher. C'est le bruit qu'on a tous entendu. Il sort pour nous rejoindre, mais nous entend au bas de l'escalier, il ouvre précipitamment la première porte qu'il trouve, s'y cache et attend que nous montions pour réintégrer notre groupe ni vu ni connu.
- Et bien sûr...Terumi qui aurait pu corroborer tes dires est morte...
- Chacune de mes preuves était un de nos amis désormais défunt...En supposant que la hache ait bien été retrouvée dans la chambre de Sasuke et qu’Omoi n’y soit pour rien. C’est l'explication la plus cohérente. Peut-être même que Sasuke l'ait cachée autre part et qu'Omoi la trouvant ait choisit d'accuser Sasuke par un heureux hasard. Là encore, Omoi a emporté ce secret avec lui.

Un silence plana, car Shikamaru apparut comme insatisfait quant à cette partie.

- Mais comme je te l’ai dit ce premier meurtre reste à mon sens inexpliqué et semble le moins clair.
- Peut-être le fantôme, dit Shikamaru si bas qu'Itachi ne remarqua même pas que ce dernier avait parlé.
- Tu te souviens m’avoir dit de recouper les informations hein Shika ?

- Tu vois cette colline là-bas ? Pour déterminer sa distance, il nous suffit de prendre une mesure à partir de deux points d'observation et de croiser les deux données pour obtenir la distance. Pour arrêter là l'exemple, en recoupant les informations des deux meurtres, il est possible d'éliminer certaines personnes de la liste des suspects.

- C’était là une erreur qui n'a fait que nous empêtrer davantage dans l’incompréhension. On recherchait un meurtrier, en réalité il y avait huit coupables. Recouper les informations ne pouvait mener à terme que dans une voie sans issue.
Shikamaru resta silencieux.
- Hé bien qu’en dis-tu ?
- ...
- Tu ne dis rien ?
- J’avais cru... J'avais cru comprendre moi aussi toute cette histoire sans fin, chaque pièce était à sa place sauf une qui restait encore insoupçonnable. Tout me paraissait logique, mais rien ne collait en réalité, j'ai pensé comme tu l’as dit qu’il fallait chercher un homme, en réalité c’était le cas, mais ils sont deux.

Itachi fronça les sourcils, car il ne comprenait pas vraiment. Toutefois l’air de son interlocuteur l’effraya particulièrement et semblait de mauvaise augure. Tout le temps que dura le monologue de Shikamaru, ses yeux s’attachèrent jalousement à suivre les mouvements des bras d’Itachi.

- Une belle démonstration, plausible. Mais en vérité, j’en ai une meilleure à te proposer si tu le veux bien. Itachi, as-tu régulièrement des vertiges ou des moments d’absences ?
Le jeune réfléchit un instant avant de rétorquer que tout ceci n’avait aucune importance et qu’il ne voyait pas en quoi cela le regardait.
- Très bien, dans ce cas tu ne me laisses pas le choix. Te souviens-tu des paroles de Terumi, ses dernières paroles ? Je n’étais pas là c’est Suigetsu qui me les a rapportées.

Terumi bougea ses lèvres et Itachi crut comprendre le message.

- Elle a dit « Pardon », je pense qu’elle voulait s’excuser auprès de Sasuke.
- Es-tu sûr de toi ? Elle n’a pas dit « Pardon », mais « Pourquoi ». Les autres n'ont pas dû comprendre pourquoi elle t'avait dit ça, mais cet élément m'a troublé... Pauvre Terumi... Quelle horreur, quelle atroce vision pour elle que de voir la personne qui l’a mise dans le bûcher lui prodiguer les premiers secours…
Itachi resta muet, abasourdi.
- Itachi c’est toi qui l’as mise là avant d’allumer le feu. Tu crois vraiment qu’Omoi était en possession de feu ? Moi je fume, j’ai mon briquet. J’aurais d’ailleurs eut l’air du parfait meurtrier je suis étonné que tu ne m'aies pas choisi. Mais toi Itachi, tu aimes jouer avec le feu depuis qu'on est gosse, je suis sûr que tu as une boîte d’allumette sur toi.
- Tu dis n’im…

Shikamaru l’interrompit et mima une fouille de ses poches que le jeune exécuta à son tour. Il fut surpris de sentir au fond d'une d'entre elles une dureté insoupçonnée aux formes régulières, il serra sa main autour de l’objet et la sortit en tremblant.

- Tu vois ?

La boîte sentait le souffre, la bande bordeaux semblait avoir été grattée à de nombreuses reprises et plusieurs allumettes manquaient effectivement.

- Et alors ? dit Itachi en balbutiant. J’ai simplement oublié cette boîte en partant de chez nous.
- Très bien, venons-en à Sasuke. Si tu es de bonne foi, dis-moi sans réfléchir dans la seconde ce que tu as dit à Temari.

Le jeune se remémora rapidement la scène afin de prouver sa bonne foi.

- N'enlève surtout pas la balle !

- Je lui ai dit de ne pas enlever la balle et d’attendre car il faudrait aviser plus tard.

Shikamaru resta blême :
- Curieux, Temari m’a pourtant dit qu’elle avait retiré la balle selon tes propres conseils.
- Elle ment !
- Ça n'est pas son genre.
- Alors c’est la tempête qui a dû couper la conversation. Sous la pluie battante le message s'est altéré !
- J’en doute, j’étais à même distance d’elle que vous l’étiez pour l’un l’autre, et je l’ai parfaitement entendu m’appeler à l’aide pour me signaler l’hémorragie à la suite de l’extraction de la balle.

Itachi commençait à palpiter, ses yeux clignaient de moins en moins. Il pensa à un complot où tous tentaient de se couvrir en lui mettant ça sur le dos.

- Foutaises !

Brusquement, il entendit Shikamaru crier :
- Nan ne... ça Temari !

Ce souvenir le percuta si violemment qu’il perdit un instant son souffle. Et alors ? Sa version des faits était encore plausible.

- Omoi c’est toi aussi…
- Ne me mets pas ça sur le dos ! C’est toi qui avais encore son cou entre tes mains !
- Quand je suis arrivé, Konan était dans la chambre près du corps, elle semblait perdue et ramassait quelque chose près d’Omoi qui semblait être tombé par terre. Curieusement en me voyant elle a pris peur et est sortie de la chambre alors que j’allais voir l’état inquiétant de notre ami. C’est à ce moment qu’elle s’est mise à crier sans raison, vous êtes arrivés en moins de deux et avant même de comprendre j'étais ligoté dans une chambre annexe.
- Et pourquoi m’accuser moi qui n’étais même pas là, pourquoi n’avoir rien dit de suite quand on te l’a demandé ?
- Je ne savais pas qui était dans le coup. Konan a protégé quelqu'un c’est évident. Je ne sais pas qui exactement mais c’était obligatoirement un de vous deux2, voire même les deux. J’ai préféré garder le silence en te mettant en garde.

[2] Suigetsu et Itachi présents lors de l'interrogatoire

- …j’ai dit la vérité, je n’ai pas à me justifier. Je sais que je n’ai rien fait et tu devrais peut-être davantage te poser de questions sur Konan et Suigetsu…

- La colère de Suigetsu me semblait justifiée… mais ton calme, il m’intrigua. Pourquoi ce zèle à tout épreuve Itachi ?
- Tu vas me mettre mon sang froid sur le dos encore ? Voilà la meilleure.
- À la découverte de Saï il t'a manqué pourtant...
- Je t'emmerde ! Tu mélanges ce qui n'est pas comparable !

Le jeune prenait garde toutefois à ses propos se sentant toujours menacer par le Ninjato3 que pointait discrètement le jeune sur lui et que Suigetsu n’avait pas vu.

[3] Court Katana d'une cinquantaine de centimètres.

- Tu étais calme, car tu savais qu’à ce moment précis, plus qu’à n’importe quel moment tu étais couvert et hors de danger. Tu es parti avec Konan peu de temps après. Je suppose qu’elle a voulu te demander des explications ou bien même te montrer ce qu’elle avait trouvé.
- Assez ! Moi aussi je peux jouer à ce jeu ! Si soudain un malaise m’a pris sur place, c’est de ta faute et de celle de Temari. Avant de m’écrouler j’ai divagué, j’étais drogué c'est certain, quel hasard que moins de vingt minutes auparavant Temari m’ait apporté une tasse de thé !
- Et pourquoi me mets-tu dans le sac ?
- Pour te montrer à quel point l’accusation est facile quand la preuve fait défaut.
- Tes allégations sont futiles et superficielles, toutefois si cela peut te consoler effectivement ce que tu dis est plausible, car dans cette histoire le plus curieux c'est qu’aucune preuve ne subsiste, c'est un crime parfait, je veux dire l'ensemble. Et puis après tout…nous ne sommes que des gamins, pas des enquêteurs… Toutefois j’ai une preuve… Refus d’accepter la vérité, troubles visuels auditifs, déformations de la réalité et accès de colère…Itachi, tu ne trouves pas étrange d'avoir résolu une enquête en quelques minutes ? Comme si ton inconscient avait préparé cette histoire il y a de ça bien plus longtemps que tu ne le penses... Itachi je sais ce que tu as...Tu souffres d’aliénation mentale, aussi appelé schizophrénie.
- Bien sûr ! Fais-moi passer pour un fou, voilà ton plan !
- La paranoïa en fait partie. Je te le redemande : As-tu parfois des absences et vides ?

Le doute s’installa et le jeune hésita. Tout se bouscula brusquement.

Itachi releva la tête, tout se chamboulait à une vitesse fulgurante dans son esprit, les images défilaient à toute allure comme pour chercher à quel moment tout ceci avait commencé.
Son cerveau ne tarderait plus à lui aussi délirer.
Soudain, le bruit de la pluie lui apparu comme un rire, ce même rire qu'il avait entendu avant de découvrir Saï, l'île se moquait de lui, d'eux.

- Je…

- Que m’arrive-t-il ? pensa-t-il.
- Je ne comprends plus…tout cela est invraisemblable…

- Tu mens…

« L’île est en train de les rendre fous ! Tous…et moi le premier. »
- Que m’arrive-t-il ? pensa-t-il.
- Je ne comprends plus…tout cela est invraisemblable…
- Peut-être que ce n’est pas eux qui sont devenu fous, mais bien moi.
- Quand le rêve avait-il débuté ? Quand tout cela a-t-il commencé ?

L'assassin était peut-être simplement fou allié, et il l'aurait côtoyé pendant 2 ans sans s'en apercevoir ?!
- Impossible quelque chose ne tourne pas rond dans cette histoire…
Itachi était en haut d'une falaise, son cœur battait inexplicablement rapidement. En contrebas, il distingua soudain les corps de ses compagnons, ils jonchaient le sol tout le long de la pente. Ils étaient tous morts, Konan également. Il voulut la rejoindre, mais son cerveau et ses jambes ne s'accordaient pas. Il courait en direction du précipice. Il se retourna à nouveau, un rire…non…"le" rire glaceur de sang était à sa poursuite. Il arriva au bord de la falaise, son esprit apeuré dispersait toute vraisemblance dans ses actions. Le rire se rapprocha à un mètre de distance au niveau de sa nuque, évoluant soudainement, passant de guilleret à sadique. Il se retourna pour affronter ce qu'il fuyait depuis le début.

Il se retourna...c’était lui. Le visage illuminé, les yeux plissés.

- Ce n’était qu’un rêve ça ne veut rien dire…
- Ne dit-on pas que le rêve est le moyen pour le subconscient de s’exprimer ?
- Tu mens…Je…Tu me manipules !
- Je ne voulais pas en venir là, mais ta réticence ne me laisse pas le choix. Tu sais que Temari, Konan et Suigetsu sont partis te chercher ?
- Oui, dit Itachi haletant comme présentant le pire.
- Itachi tu as vu tes mains ?
- Oui, je suis tombé à de nombreuses reprises dans la forêt.

Shikamaru hochait déjà la tête en signe de contradiction.

- Regarde mieux. Tu ne vois rien ? Où sont les plaies, les coupures, la peau rosée par le sang ? Ce n’est pas ton sang…

Le jeune leva sa main une deuxième fois pour regarder plus exactement les blessures. Le sang avait formé des cailloux et commençait déjà à pailleter, il observait les contractions et décontractions des fissures que le liquide rouge formait une fois séché. Ce dernier tomba alors par secteur sur le sol tel de la cendre, laissant à jour une peau impeccable et légèrement brunie.

- Qu’est-ce que ça signifie ?
- Tu as déjà oublié ce que tu m’as dit ?

– Tout à l'heure dans la forêt, alors que j'étais perdu, le fantôme m'est apparu. Et je crois nous en être débarrassé si tu veux tout savoir !

- Nan…

Il était devenu un monstre. Il gambadait, sautillait, puis soudain au détour d'un arbre il lui sauta dessus sentant qu'il se tenait à proximité

- C’est impossible…

il lui sauta dessus et lui agrippa ses jambes de ses ongles. Il remonta alors le long de corps tangible comme un félin le long d'un arbre

- Non, non, NON !

secoua de façon incessante ce petit corps fébrile, il en vint à la retourner et lui griffer le visage si violemment qu'un cri strident émana de ce corps

Ses mains tremblèrent.

- Ne t’en fais pas, tout ira bien…

Les larmes affluèrent, alors que le jeune tombait à genoux ses forces l’abandonnant une à une. Les mains le long du corps remontèrent pour attraper sa chevelure avant de finalement se serrer autour de son cou et y planter ses ongles. La douleur le fit émettre un cri de désespoir.

- À présent, je serais ton ange gardien... Je te protégerai de toute cette misère humaine...

Shikamaru se leva avec difficulté pour avancer vers son ami.

- Je suis désolé Itachi…Ton fardeau doit être horrible à porter.

Le jeune homme ne répondit pas les yeux révulsés, il ne bougeait plus et semblait plonger dans un état de profond anéantissement qui inspira une commisération sincère à Shikamaru : il ne put s’empêcher à son tour de verser une larme et laissa tomber son sabre à terre.

- En ce qui concerne le meurtre de Saï, sache qu'à présent j'ai peur du noir... D'ailleurs je ne doute pas que tu "l" 'aies vu à un moment où un autre... Moi aussi je sens sa présence.

- Si tu existes…montre-toi...

Ses pas, craquelant sur le parquais mat de ce bois si sombre, battaient à l’unisson le tempo du concert que lui offrait son cœur. Soudain, à l’instar d’un trou dans le sol, Itachi remarqua que le plancher, devant la dernière chambre devenue zone sinistrée après le meurtre particulièrement sanglant qui y avait été commis, était strié par des lames sombres régulières qui formait un ovale. Le sang de Saï s’était avec le temps faufilé dans les rainures du bois, comme pour vouloir rappeler son existence. Il est vrai que le meurtre de Saï avait été effacé de leurs esprits, comme un mécanisme de défense pour conjurer la réalité. Brusquement, dans le coin supérieur du couloir il distingua une ombre. Enfin, il la voyait !

(...)

- Patrouille V630, nous arrivons sur place. Pouvez-vous me rappelez pourquoi on doit se farcir ce boulot de merde ?
- Désolé commandant, mais on a signalé une bâtisse installée clandestinement sur une île non loin de votre position. Cette île étant dans votre secteur, obéissez à la directive ou si vous préférez, venez rendre vos rapports que vous avez accumulés en deux mois.
- Bien reçu on y va.

La radio grésilla.

- Pfff qu’est-ce que des gens ont bien pu aller foutre sur cette île ?
- C’est pas l’île du sanctuaire patron ? On raconte pas mal d’histoire, cette terre aurait été maudite par Shiva elle-même.
- Ouais, ouais, j’connais l’histoire. Mais c’est pas c’t’ île. Celle là, je la connais pas.

Le bateau accosta sur une plage déserte où l’expédition composée de cinq hommes se lança à la recherche de la maison. Après avoir tournés en rond pendant une bonne heure, ils repérèrent l’antre brune sur une plaine sauvage. La scène semblait apocalyptique, la maison était en piteux état. Plusieurs fenêtres étaient brisées, certaines portes étaient déboîtées, la toiture scalpée de façon éparse laissait voir des fondations béantes et pourries par le temps. La plaine était composée d’herbes hautes qui entravaient la progression et dans lesquelles parfois des épines invisibles venaient entailler les jambes, on tentait alors de se baisser pour apercevoir les fautives, mais aucun homme ne sut dire avec exactitude si telle ou telle herbe était responsable de ces blessures, il semblait que leurs pointes rentraient malignement dans la chair à l'instar d'aiguilles affutées, alors que parfois elles étaient aussi inoffensives que du coton. Sans logique quelconque aucune. La nature tentait et était en train de parvenir à reprendre ses droits sur la maison. Des arbres à moins de vingt pieds laissaient tomber leurs rameaux et pénétraient par des orifices diverses le long de la façade, un des hommes remarqua même une racine qui donnait la curieuse impression de s’enrouler autour d’un des piliers. L’état de la maison laissait soupçonner qu’elle avait été construite il y a longtemps, peut-être vingt ans, ou moins, en vérité la chose était difficile à dire. Les hommes rentrèrent dans cet abysse inquiétant pour en explorer les tréfonds. Le rez-de-chaussée était vide, seule une chaise était encore présente dans ce qui semblait être un salon. La poussière présente sur le dossier laissait imprimer en évidence une silhouette adossée. Les hommes sortirent leurs lampes de poche pour monter les escaliers puisqu'aucune lumière ne fonctionnait. Les marches grinçantes, semblables à une symphonie macabres, rythmaient la montée en procurant un ineffable sentiment d’angoisse pour ces hommes qui en avaient pourtant vu bien pire au cours de leurs carrières. Ils arrivèrent dans un long couloir où le malaise se fit sentir presque viscéralement. Un à un on ouvrit les chambres. Chacune était en parfaite état, de sorte qu’elles auraient aussi bien pu être habitées il y a une décennie qu’il y a une semaine. Le contraste entre l’intérieur et l’extérieur était édifiant. Enfin on arriva au bout du couloir, la première porte ouverte fut celle de gauche. La chambre était propre et bien rangée malgré un désordre très net au niveau du drap. Soudain, on entendit la porte d’en face grincer, chacun se retourna vivement et aperçut à mesure que l’espace s’agrandissait une silhouette recroquevillée sur elle-même. Lorsqu'on l’éclaira avec une lampe de torche, la tête fit un brusque mouvement en arrière et on y découvrit deux globes exorbités vermeils. Des infections purulentes attaquaient ces yeux qui semblaient ne plus vouloir se fermer et que les paupières n'avaient plus protégés depuis longtemps. Le corps squelettique de l’homme, car on ne savait présumer s’il était jeune ou vieux tant la physionomie était abîmée, était terminé par une boite concave surmontée d’une touffe de cheveux dont les pointes étaient noirs, mais les racines grises. Cet homme reclus sur lui-même fut emmené, sans qu’aucune plainte ou réclamation ne se fasse entendre. On le questionna vivement, longuement avec acharnement pour savoir qui il était, son âge et ce qu’il faisait ici. Le squelette rachitique aurait inspiré la pitié au plus insensible des mécréants sur terre ; à chaque pas on croyait voir ce corps se casser en deux par les vertèbres ou tomber en cendre comme une illusion qui prendrait fin tout net et s'envolerait. Cet homme était fou ; pourtant tous les bilans psychologiques que lui firent les plus éminents spécialistes de leurs temps étaient trompeurs. Car aucun de ces soi-disant spécialistes ne s’était intéressé à savoir l’unique fait qui ici nous importe véritablement :

Depuis quand était-il réellement fou ?

La folie est de temps en temps responsable du pire, mais en est également parfois la conséquence directe et insoupçonnée.




"Les hommes m'ont appelé fou ; mais la science ne nous a pas encore appris si la folie est ou n'est pas le sublime de l'intelligence."
Edgar Allan Poe


The End




Comme vous vous en doutez voici la fin. Je m'arrête là, car ça ne ferait qu'étirer avec longueur une histoire qui me semble tomber juste. Donc la fin est signée et bien sûr à vous de préférer le scénario qui vous semble le plus plausible, car vous l'aurez compris avec le titre et la citation, j'aime le fantastique qui comme chacun le sait : ne donne jamais de réponse absolue et préfère le doute à la certitude.



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