Fiction: Un paradis ensanglanté (terminée)

Une île inhabitée depuis des siècles comme destination de vacances. Un choix étrange, et lourd de conséquence... Disparition, paranoïa, tension, horreur, fantôme, meurtres... Malgré les liens d'amitié qui les unissent depuis l'enfance, rien n'est plus fort que l'instinct de survie... Place au massacre ! Ne vous faites pas d'illusion...Sur une île personne ne viendra vous sauver....
Classé: -12D | Action/Aventure / Horreur / Mystère | Mots: 42586 | Comments: 75 | Favs: 48
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naruto_best (Masculin), le 20/03/2013
"Toi qui entre ici abandonne tout espoir."



Chapitre 20: Le palais de Dité



L'éclat, le vide, l'espoir, la désolation, c'est une douleur perpétuelle que d'être confronté à des notions antagonistes en un laps de temps infime. Pour supporter la transition, bien plus d'une vie serait nécessaire...Les lois sont ainsi faites : nous n'en avons qu'une et encore ! Comment l'homme peut-il supporter l'accablante vérité ? En connaissant le bonheur, pourrions-nous penser ; mais fut-il déjà que le bonheur existât. Qu'une joie efface une peine est un calcul bien simpliste, il ne s'agit pas d'un simple rendement utilitariste1. En réalité, la moindre contrariété nous met la tête au-dessus d'un puis au fond indiscernable. L'unique raison qui explique que l'homme ne soit pas encore tombé dedans, il faut la chercher du côté des efficaces défenses mises en place par l'esprit : parmi elle l'oubli. La joie ne permet pas de contrecarrer la désolation, il faut être plus subtil. La béatitude n'efface pas, elle éclipse. On perçoit dès lors clairement les dangers et fébrilités qui pourraient mener derechef l'homme au-dessus du puis. Une conjonction fatale est nécessaire : la cessation de cette dite gaieté et une réminiscence désastreuse d'un malheur enfouit. Evidemment, si la première est courante, la seconde l'est moins. Dieu soit loué, sinon il serait probable que ou vous ou moi serions déjà en chute libre...

[1] Courant de pensée de la philosophie pratique de la morale développée en association par Mill et Bentham qui prône qu'une action est bonne si elle tend à maximiser le bien du plus grand nombre. Bien sûr on comprend immédiatement les conséquences pernicieuses qui en résultent : marginalisation des minorités au profit de la majorité, etc.
(Fin de la digression) Ici le terme a pour but d'imager ce système bien connu de "balance" que représente cette doctrine éthique.

Itachi était un embryon, il flottait, ou plutôt avait perdu la sensation de toucher le sol à l'instant même où son regard s'était éteint. Dépourvu de la vue et du toucher que lui restait-il pour avancer dans cette forêt, hormis l'odorat et l'ouïe ? Les émanations humides du bois lui emplissaient le nez de senteurs exotiques et marbrées. Privé d'une partie de ses sens, les parfums étaient amplifiés comme si le jeune pénétrait à l'instant dans une parfumerie luxueuse ou une cuisine mondaine. De l'ouïe, il lui parvint les sons éclatants des gouttes se disloquant sur le sol et contre les branches, sa propre respiration rugissait comme un moteur de locomotive dont l'air sous pression jaillissait de son nez et venait frotter délicatement contre ses parois internes, créant un sifflement que le jeune homme essayait de faire taire par instant, alors que son corps réclamait lui de l'oxygène. Ses diverses tentatives échouèrent et l'acharnement avec lequel Itachi tentait d'instaurer le silence en vinrent à lui faire perdre équilibre. C'est alors qu'enfin l'enfant toucha le ventre de sa mère. Le sol était mouillé, spongieux, sale, le nouveau-né chu sembla s'imprégner de la terre : ses mains étaient boueuses. Il agita vigoureusement ses mains pour les nettoyer, mais la fange gicla et l'aspergea en plein visage. C'était comme de se débattre dans des sables en mouvement : toute lutte entraînait l'enfoncement progressif.
Itachi se calma et établit sa position.
- J'ai couru pendant trois minutes à grande foulée. Plusieurs chutes et déviations m'ont certainement écarté de ma trajectoire initiale. Mais je peux le sentir, je ne suis pas loin.
Maintenant habitué à l'obscurité ambiante, il semblait à l'adolescent que ses pupilles étaient anormalement dilatées, de telle sorte qu'il distinguait désormais pleinement les formes des troncs évasés qui composaient le Kiroï. Toutefois, le paysage s'était métamorphosé en un ciel de pur néant allié à un horizon gris, strié, dont la disposition récurrente ne cessait de produire ce sentiment inexorable d'oppression.
- Ce n'est pas une illusion d'optique. Cette oppression est réelle...intrinsèque à l'île. Il faut y accoster pour qu'elle nous ficelle et face de nos ses pantins, pensa-t-il.
Puis, le vent souffla dans son dos. La bourrasque cognant les troncs créait un semblant de rire, ce dernier causé par les brusques variations de fréquences, elles-mêmes induites par les différentes caractéristiques des troncs que caressait langoureusement le vent. Tantôt dense, tantôt léger, rugueux, desséché ou froid et humide. Ces fluctuations étaient le langage de l'île, bientôt des chuchotements emplirent l'air, partout autour les piliers devinrent vivants, les arbres se mirent à bouger et des yeux poussèrent sur chacun d'entre eux. C'était une angoisse qui faisait agoniser lentement le jeune. Les arbres le heurtaient, ricanaient sans vergogne de ses chutes dont eux-même étaient coupables en laissant traîner leurs pattes.
- Je suis devenu fou, ça y est.
Le jeune gambadant se mit lui même à rire. Le rictus était affreux, les yeux exorbités, Itachi était double, il se fit peur à lui-même et sa folie ne cessa de croître dans cette forêt. Il cru discerner un temps la petite fille blanche à la robe rouge du coin de l'oeil. Il lui courut après, il fallait la tuer ou mourir, il suffoquait, elle semblait lui échapper du regard direct, mais apparaissait toujours en périphérie. Il était devenu un monstre. Il gambadait, sautillait, puis soudain au détour d'un arbre il lui sauta dessus sentant qu'il se tenait à proximité ; elle lui échappa. Avant même qu'elle ne bifurqua à nouveau, il lui sauta dessus et lui agrippa ses jambes de ses ongles. Il remonta alors le long de corps tangible comme un félin le long d'un arbre et là, secoua de façon incessante ce petit corps fébrile, il en vint à la retourner et lui griffer le visage si violemment qu'un cri strident émana de ce corps augmentant incommensurablement sa fureur. Comme une réponse à un appel, une voix se fit entendre au loin, sortant Itachi de sa torpeur. Il accourra sans hésitation à ce nouveau point de repère que la providence lui accorda.
Moins de dix secondes s'écoulèrent avant que la forêt accouchât du jeune lucide. Des fins brins d'herbes vinrent lui chatouiller les mollets entraînant Itachi dans une gaieté fabuleuse. Enfin, il était sorti de cet indéfini enfer, il avait reconnu l'appel de l'un de ses camarades, mais n'avait pu discerner lequel précisément.
- Suigetsu, c'est toi j'en suis sûr.
Il passa au galop le flanc ouest de la maison qui était parcouru de quelques vitres. La maison était éteinte, sombre, silencieuse. Rien n'y faisait, la ferveur du jeune ne diminua pas d'une goutte. Il arriva aux portes et les ouvrirent. Une surface de lumière délimitée par les battants de la porte immergea l'entrée.
- Je suis là qui a appelé ?
Un ange passa.
Il avança jusqu'au salon là où deux yeux brillants le fixaient. Il alla s'asseoir dans le fauteuil d'en face et remarqua aussitôt que de cet angle de vue les deux jambes du protagoniste se croisaient anormalement, comme si ce dernier l'attendait depuis longtemps, puis la douleur lui fit changer de position.
- Shika comme je suis content de te voir, tu ne devineras jamais ce qui vient d'arriver ?
Aucune réponse, hormis une inclinaison de tête que le jeune prit pour un signe d'interrogation, ne montra un quelconque enthousiaste en réponse à celui d'Itachi.
- Tout-à-l'heure dans la forêt, alors que j'étais perdu, le fantôme m'est apparu. Et je crois nous en être débarrassé si tu veux tout savoir !
Il commença, alors à lui raconter en omettant des détails que le jeune avait déjà sincèrement oublié.
Le silence pesa lourd soudainement.
- Tu entends ?! Nos problèmes sont résolus.
A cette remarque Shikamaru ne put se contenir davantage :
- Alors ça tu vois j'en doute...
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
Les yeux de sont interlocuteur commencèrent alors à miroiter et le transpercèrent de part en part.
Alors un souvenir nauséeux lui revint à l'esprit subitement comme directement lié à la scène qui se tournait. Un jour qu'il avait séché les cours pour s'évader spirituellement en regardant les nuages, il avait trouvé son père à son retour chez lui dans son fauteuil. Itachi avait alors longuement imaginé l'histoire qu'il allait lui inventer, ce qu'il fit avec hâte dès son arrivée. Ce dernier resta de marbre, les mains croisées, le regard tranchant au-dessus de ses doigts. Il y avait dans l'air une odeur nauséabonde, une impression inconfortable : la sensation que le père détenait une vérité, avait un coup d'avance qu'Itachi ignorait, mais dont il savait qu'elle entraverait son histoire. Le père se leva, marcha d'un pas titubant et prit son garçon par les épaules en s'abaissant à la hauteur de ses yeux pour y plonger les siens. Il semblait scruter l'âme d'Itachi pour y déceler un semblant de vérité. Puis, les fermant, il lui dit :
- Ton professeur est venu me voir pour me dire que tu étais absent. En partant en direction de l'école, je t'ai vu couché, à rêvasser.
- Tu le savais, donc depuis le début ?
Il comprit alors que les yeux du patriarche étaient semblables aux yeux de l'examinateur qui, travaillant avec une souris, la regarde se débattre jusqu'à épuisement. Quel pouvoir terrifiant que celui de la vérité ! Quel formidable avance possède le savant sur l'ignorant.
C'était ces yeux que Shikamaru détenaient à l'instant, pourtant Itachi disait la vérité et s'il il ne mentait pas, c'était que son ami détenait une information décisive.
- Qu'est-ce que tu sais ? dit Itachi précipitamment.
- Tout désormais. L'absolu, le néant, ce qui est véridique et fabulation. Désormais tout est clair. Tu sais, j'ai cogité beaucoup depuis que Saï est mort. Chacun de mes gestes ou des mes mots étaient destinés à comprendre qui nous voulait du mal.
- Moi aussi et je l'ai...
Mais Shikamaru l'interrompit brusquement.
- Il y avait des incohérences, des contradictions. C'était inexplicable...tu as même failli me faire croire pendant un court instant à cette histoire de fantôme...
La discussion commença à s'envenimer.
- Mon pauvre, je sais très bien ce que tu t'imaginais, ton esprit était aussi lent que celui des autres, voire pire, tu n'as pas vu ce qui était sous ton nez.
Alors qu'Itachi se leva excédé par les propos invraisemblables de Shikamaru. La bouche d'un fusil jaillit soudainement de la silhouette qui lui faisait face et alla se coller subitement sur son coeur :
- Si tu fais le moindre mouvement ou si tu ne te calmes pas...je reprendrai la vie que je t'ai gracieusement octroyée.
Il fallut en certain temps au jeune pour comprendre la situation. Ce mouvement de valse que créait l'espoir et la désillusion, semblable au flux et reflux de la mer, usait progressivement les nerfs de ces êtres fragiles. Le regard de Shikamaru faisant lui aussi une intrigante danse sur le corps d'Itachi. Parfois, il se fixait à ses pieds, remontait lentement par sinuosité jusqu'à ses mains avant de le transpercer vigoureusement. Cette comédie, bien qu'intrigante, ne plaisait pas à Itachi. Les mystères il y en avait eu bien assez pendant ces trois derniers jours, sans qu'il faille en rajouter plus que de raison.
- Pourquoi me détruis-tu du regard ainsi ?
Il sembla hésité de la réponse à fournir, puis sembla se résigner en une formulation simple :
- Fiat Lux !



Avant dernier chapitre, voire avant-avant dernier chapitre. Je sais que j'ai de la peine à tenir mes engagements, que se soit en publication ou longueurs de textes (mais je dois nécessairement avouer que je n'ai pas l'art d'être prolixe). J'envisage également de commencer une nouvelle histoire qui germe à petit feu dans ma tête.
Je n'aurai qu'une chose à dire à ceux qui me comprennent : "La Divine Fleur est la Comédie du mal."




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