Fiction: Un paradis ensanglanté (terminée)

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Ils n’étaient plus qu’à cinq minutes de l’île. Shikamaru était le plus âgé du groupe, il venait juste de fêter son 18ème anniversaire quelques jours auparavant. Son appartenance à la « haute-société » était rarement sujet de conversation. Il faisait partie d’une riche famille américaine qui possédait plusieurs puits de pétrole à Bakassi¹, son père lui avait offert un « Silverstone », un luxe qu’aucun autre étudiant n’aurait eu le plaisir de côtoyer dans sa vie. Il était l’organisateur du voyage et grâce à son permis voilier, fraîchement obtenu par son patriarche, ils avaient tous pu se libérer, pendant deux semaines, du stress des cours. Shikamaru était incontestablement le maillon principal sans qui tout cela aurait été impossible. Ses amis ne l’aimaient pas pour son argent, au contraire ils appréciaient que malgré sa fortune, il n’était pas imbu de sa personne, ni prétentieux du train de vie qu’il menait en dehors des cours. Il représentait toute l’humilité de la planète à lui tout seul.
Sur le pont du bateau, le parquet flamboyant décomposait la lumière du soleil et prenait des teintes allant de chatain à doré. La moue était douce et le vent très souple, il semblait caresser les visages des jeunes gens qui regardaient en direction de l’îlot.

[1]Presqu'île du Nigéria regroupant 12% des réserves mondiales de pétrole.

- Au fait Shikamaru, comment tu connais l’existence de cette île et comment tu sais qu’elle est inhabitée ?
- Il y a huit mois, je suis parti avec mon oncle en Océanie, sur les archipels de Kiribati, j’ai croisé là-bas deux pêcheurs qui ont accepté de me faire visiter les îlots aux alentours. Ils m’ont garanti que cette île, avait été abandonnée il y a de ça des siècles.
- Et personne n’est revenu y habiter depuis ? dit Saï un brin hésitant.
- L’île n’a que très peu de ressources, elle ne permet pas d’y vivre à long terme, selon eux le sol n’est pas propice pour l’agriculture, les sédiments dans la terre y sont insuffisants…ou quelque chose comme ça, le seul truc qui pousse ici c’est cet arbre que les pêcheurs appellent « Kiroï ». Mais ne vous en faîtes pas, j’ai fait le plein de ressources avant d’embarquer. Et puis… L’île n’a pas reçu de visiteurs depuis des décennies, on devrait bien trouver ce qui a réussi à pousser.
- Terre à l’horizon ! Cria Konan en pointant la plage de son doigt.

En réalité, le vocabulaire n’était pas adapté puisque que la terre était à l’horizon depuis longtemps. Mais elle voulait dire par là que le bateau allait enfin s’amarrer puisque l’île était à deux cent mètres. Personne ne pensa à lui perfectionner son vocabulaire nautique, quel broutille…, corriger ses pauvres lacunes aurait gâché ce moment magique, personne ne voulait voir disparaître son magnifique sourire.
On amarra le bateau à deux rochers d’une distance de trente mètres l’un de l’autre. Sasuke se chargea de plonger à l’eau, on lui lança deux cordes qu’il attrapa. Il nagea jusqu’au premier rocher, l’escalada de sa formidable condition physique, puis effectua un plongeon et sans ressortir de l’eau atteignit le second rocher. Il était probablement le plus sportif du lycée. Sur le bateau, des yeux bruns foncés l’observaient, ils brillaient et admiraient le corps athlétique du dauphin bronzé. Sasuke sentit le regard de sa tendre lui traverser littéralement de part en part. Il se retourna alors qu’il n’était qu’à deux mètres d’atteindre le sommet du caillou. Il regarda délicatement Terumi, ils plongeaient l’un et l’autre, mutuellement, dans le regard de l'autre, elle lui sourit et l’adolescent bronzé lui fit un geste de la main droite pour acquiescer. Sa main gauche avait une prise très peu stable, la roche glissait en grande partie à cause des algues qui venaient se loger dans les creux lors des marées hautes. Il sentit soudain sa main faiblir, puis son corps s’abattit en un claquement vif sur l’eau. Konan et Terumi se mirent toutes deux à rire. Il ressortit de l’eau, le sourire aux lèvres en rougissant, et remonta presque aussi vite qu’il était tombé. Le bateau bien attaché, Shikamaru, capitaine d’un jour, jeta l’ancre, chacun était déjà prêt à partir, bien décidé de profiter pleinement de ces deux semaines paradisiaques.
Le canot de plastique, mis à l’eau pour l’occasion, pouvait accueillir six personnes, deux traversées étaient donc nécessaires. On divisa les amis en deux groupes, pour la première traversée Sasuke, Terumi, Saï, ainsi que les deux frères jumeaux Omoi et Killer Bee qui venaient de se réveiller et Temari qui était restée très discrète depuis que l’île était à portée de vue ; subjuguée par ce paysage, elle qui n’avait jamais voyagé depuis sa naissance. Elle semblait isolée du monde, son regard constamment tourné dans la même direction amusait quelque peu les jumeaux. Eux qui venaient de se réveiller, de leur longue sieste causée par les médicaments contre le mal de mer, n’avaient pas observé l’apparition grandissante de la beauté du paysage.

Le canot partit, dix minutes plus tard, Sasuke était de retour seul après avoir déposé les cinq passagers sur la plage, il avait été désigné comme passeur. Il portait autour de son cou un linge noir dont il s’était servi pour s’essuyer au retour de la corvée de l’amarrage. Il s’enroba la tête avec et amusa la galerie en imitant la Mort tout au long de la traversée. Le deuxième groupe embarqua, composé cette fois de Sasuke, Shikamaru, Suigetsu, Itachi et Konan. Shikamaru jeta un dernier coup d’œil à son yacht, il était ému de le quitter, une peur matérialiste le prenait tout à coup, il craignait qu'il lui arrive malheur. Ses sourcils se froncèrent, son regard se ferma, ce qui n’échappa à aucun des amis.

-Ça va aller Shika ? Tu vas tenir le choc ?

Shikamaru se tourna vers Suigetsu, il crut d’abord que la remarque était sincère, son esprit devenait enfantin et ne captait même plus l’ironie dans la voix de son ami. Il le regarda et éclata de rire lorsqu’il comprit enfin, à la vue du léger rictus que tentait de masquer le jeune homme sarcastique.

-De toute façon aucun de vous ne sait manoeuvrer un navire !

Itachi était émerveillé du spectacle qui s’offrait à lui. L’eau si pure, d’un bleu qui tanguait entre le cristal et le saphir, laissait transparaître un fond marin jaune vif, les poissons exotiques étaient au rendez-vous. Ils donnaient les dernières couleurs qui manquaient au fond marin pour se doter d’un éventail de couleur arc-en-ciel. Le soleil était légèrement descendu, la chaleur était plus agréable que sur le bateau et l’eau semblait retenir la lumière, comme si celle-ci voulait la garder jalousement, avant de finalement la renvoyer dans le ciel azur. Le vert prédominait sur toutes les teintes de l’île. La plage était très étendue et se terminait de chaque cotés par des rochers de couleur rouge comme ceux qu’avaient escaladé Sasuke. Au loin une immense colline surplombait tout le plateau. Son coté Ouest semblait conduire au pic des marches d’escalier, mais en réalité l’effet d’optique était causé par l’agencement des cailloux.
La chaloupe atteignit la plage, le premier groupe s’était allongé en attendant les retardataires. Sasuke aidé d’Itachi et de Suigetsu tirèrent la bouée orange sur le sable, à environ vingt pieds, pour la mettre hors d’atteinte des vas-et-viens de l’océan. Itachi était bleu à force de tirer la masse volumineuse du canot. Sa dimension était beaucoup plus importante que pouvait le laissait penser la chaloupe lorsque celle-ci était à flot.

- Tu devrais faire un peu de sport ! Mourir pour un si petit effort en début de vacances ça serait dommage.

Killer Bee se jeta par terre, il riait à s’en tordre l’estomac. Son frère Omoi n’était pas aussi excentrique et se contenta de suivre les rires des autres jeunes.

- Bon on se met en route, la maison n’est pas très loin.

Konan avait cru mal comprendre, elle n’en avait pas parlé, mais lorsque Shikamaru avait informé les autres du décor naturel de leur lieu de vacances, elle s’était inquiétée, en bonne citadine, du lieu de repos nocturne. Vivre sur une île déserte pourquoi pas, mais pas dans n’importe quelles conditions. Elle sourit et dit avec vivacité :

- Une maison ?!

Il posa son sac, et regarda l’assistance qui lui faisait face :
- Bien sûr, vous ne pensiez quand même pas que je n’allais pas préparer le terrain pour notre arrivée. Je vous ai dit être venu par ici, il y a huit mois. J’ai tout de suite donné l’ordre…

Il s’arrêta ce n’était pas digne de lui, de se donner ainsi un air si supérieur.

- …mon père a envoyé une vingtaine d’ouvriers pour construire une villa. Il s’en servira par la suite comme maison secondaire. Il a pour futur projet d’aménager une piste d’atterrissage pour pouvoir partir aisément ou importer des vivres.

Tous les jeunes se regardèrent, bien sûr aucun ignorait la fortune de sa famille, mais ils avaient pensé qu’elle avait tout de même des limites, des limites qui apparemment n'étaient pas de l’ordre de la compréhension humaine de l’économie de leur jeunes cerveaux juvéniles.

- Bien allons-y ! On y sera dans une heure à pas tranquilles.

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