Fiction: Lune bleue (terminée)

France, XVII° siècle de notre ère. Dans une petite ville de campagne habite Temari, fille de couturière réputée, âgée d'une dizaine d'années. Sa vie se résumerait au nettoyage de la chambre de ses frères s'il n'y avait pas ce mystérieux hôtel du nom de Lune Bleue, qui concentre tous les plus sombres secrets de cette ville. Un après-midi qu'elle s'attarde devant l'entrée, un drôle d'homme s'approche d'elle et de son amie...
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Rahjenaimar (Féminin), le 06/06/2012
Voilà, je recommence une fiction, que j'avais commencé à écrire il y a un bon moment, et que j'ai entièrement revisitée pour en faire quelque chose de plus abouti. Un premier jet, c'est jamais terrible !
Alors voilà, en espérant que vous apprécierez ce chapitre ! :D




Chapitre 1: Épingles à nourrice et botte de foin



Lors d'une matinée du mois d'avril de l'an 1657, en France, la population, bourgeoise et modeste, sortait difficilement d'un hiver mouvementé pour le Royaume, après de sordides affaires d'agitation à Paris, qui s'étendait aux campagnes, troublant le cours paisible de la vie des gens simples.
Situé au nord de la chaîne montagneuse du massif central, coincé entre des remparts de pierres et de terre, un petit village était déjà en pleine activité : les marchands, paysans et artisans se réunissaient dans les rues pavées où s'écoulait le limon des habitations, sur les pas des portes, sous les fenêtres, afin de commercer ou d'échanger les derniers potins, dont chacun apportait une version différente. La plupart d'entre eux n'étaient de retour en ville que récemment, reprenant les affaires après la morsure et l'engourdissement de l'hiver. Un crieur public annonçait les variations des prix à la cour du Roy, ainsi que les places des nobles, attentivement suivi par quelque dames recouvertes de froufrous qui gloussaient lorsqu'on clamait l'arrivée d'un notable dans les environs.

A l'écart de l'agitation de la place centrale s'animaient de modestes foyers, entassés le long des remparts, vacant à leurs occupations habituelles.
Dans l'un deux, au premier étage branlant et construit de travers, une petite fille armée d'un balais trop lourd pour elle, ses cheveux blonds, secs et impossibles à coiffer maladroitement écartés du visage par quatre couettes, s'escrimait à dépoussiérer un plancher sali par le temps. Elle portait une épaisse jupe de laine bleu marine et un chemisier orange aux épaulettes rouges. Cet ensemble coloré était d'autant plus frappant que ses grands yeux d'enfant étaient d'une rare couleur vert foncé. Tout à sa besogne, elle marmonnait, renfrognée :

« Quel ennui dans cette maison... Pourquoi c'est encore moi qui suis de corvée de ménage ? En même temps, mes deux frères sont incapables de tenir convenablement un balais... Mais quand même, c'est vraiment trop... »

La petite fille n'eut pas le temps d'achever sa phrase : tandis qu'elle se passait une main sur le front pour éponger temporairement la sueur, elle entendit une voix l'appeler du rez-de-chaussée :

« Temari, ma fille, viens là !
- J'arrive, maman ! » répondit la petite blonde.

Elle lâcha avec soulagement le manche du balais et quitta la pièce, puis dévala les escaliers en bois.
La maison où elle vivait avec sa mère et ses deux frères n'était pas des plus luxueuses : il y avait plusieurs trous dans la chaume du toit qu'il fallait sans cesse reboucher avec des tresses de paille sèche nouées entre elles, les latrines – en plein air – se trouvaient à l'arrière de la maison, et ils se passaient régulièrement de viande aux repas. Mais ils étaient tous plus ou moins en bonne santé et cette habitation faisait partie de ces celles qui, chaleureuses et où il fait bon vivre, accordaient toujours volontiers une place de plus à ceux qui demandaient un toit pour la nuit.

La mère de Temari, qui assurait seule les besoins de la famille, était une couturière de la boutique d'étoffes et de vêtements pour les personnes aisées du centre du village. Douée de ses mains comme de sa langue, elle savait faire des manières pour tenter les riches et les inciter à essayer toute sorte de tenues, robes et parures. Son travail de qualité était toujours très apprécié et elle parvenait, malgré sa condition de femme seule, à mener une vie digne et sans histoires. Blonde comme sa fille, elle ne possédait pourtant pas ses yeux. Très belle, séduisante, elle portait toujours des vêtements cousus par elle-même pendant son temps libre, et qui malgré leur simplicité étaient d'une fraîcheur sans pareille.
Cette pauvre mère déplorait d'ailleurs le comportement souillon de sa fille, qui s'évertuait à être effrontée, vulgaire et malicieuse. Elle était certaine que, si elle ne veillait pas au grain, sa fille porterait des pantalons comme ces fille de rues. Elle n'avait évidemment rien contre les enfants des miséreux, mais elle tenait à ce que ses enfants puissent vivre décemment dans le futur. Et cela, elle devait le leur apprendre dès à présent. C'était l'aspect superficiel de la mère de Temari, qu'elle gardait inconsciemment de sa propre mère, des années après qu'elle se soit enfuie avec un amant non reconnu par sa famille. Un vagabond de passage.

Temari entra dans la pièce qui faisait office de cuisine, atelier et garde-manger. Sa mère était assise devant sa machine à coudre, les sourcils froncés. En voyant sa fille, elle s'exclama, une lueur d'agacement dans le regard :

« Ah, enfin te voilà ! Il faut vite que tu ailles me chercher des épingles à nourrice chez Madame Bellamie. Je dois terminer de travailler cette étoffe, et je n'en ai plus, mais je ne peux pas quitter mon travail des yeux en raison de... »

Elle s'interrompit, voyant que Temari, l'écoutant, n'avait pas bougé.

« Mais qu'est-ce que tu fais encore là ? aboya-t-elle. File me chercher ces satanés épingles ! »

Temari s'exécuta et sortit de la maison, trop heureuse d'échapper à la corvée de ménage. Au dehors, le ciel était gris clair et la rue pavée encore humide. Les odeurs habituelles de pain chaud du four du boulanger et du purin de l'écurie étaient atténuées. Le toit des habitations bancales était plongé dans la brume du début de printemps. Elle songea qu'il avait dû pleuvoir peu avant qu'elle ne mette le nez dehors. Cette pensée lui fut confirmée par la voix enrhumée d'un garçon :

« 'Jour, mam'zelle ! Vous échappez de peu à la rincée, moi j'vous l'dis. Vous devriez pas sortir comme ça, ouaip. Il fait encore frais. »

La petite blonde s'arrêta pour le saluer. Il s'agissait de son voisin, un gosse de son âge, bagarreur et possédant le langage familier des paysans extérieurs à la cité. Ses yeux rieurs étaient à moitié dissimulés derrière son écharpe qui masquait du même coup les traces rouge en forme de canines tracées sur ses joues. Son pantalon de toile déchiré et son bonnet enfoncé de travers lui donnaient un air de mauvais garçon, mais il était le plus sincère que la fillette eût pu rencontrer dans sa vie. Il ne pouvait s'empêcher de traiter Temari comme une lady en raison de son admiration pour sa mère.

« Bonjour, Kiba ! Arrête de m'appeler « mam'zelle », j'ai horreur de ça et tu le sais.
- C'est bien pour ça que j'le fais ! répliqua-t-il avec un air taquin. »

Temari fit la moue, contrariée. Puis, une idée lui traversant l'esprit, elle sourit, et déclara avec un air supérieur :

« Hé bien, la « mam'zelle » n'a rien à voir avec les gens comme toi, pauvre vaurien ! Laisse-moi et passe ton chemin, j'ai une affaire importante à régler. »

Surpris, le garçon mit un temps avant de répondre :

« Navré d'vous avoir dérangée, chère mam'zelle, j'pensais pas à mal, j'vous l'jure. »

Et il s'inclina bien bas.
Les deux enfants éclatèrent de rire. Puis, avec un sourire d'excuse, Kiba rentra chez lui, rappelant ainsi à la fillette qu'elle devait aller chercher des épingles pour sa mère. Elle se remit en marche, l'esprit tourné vers les souvenirs qu'elle gardait de sa rencontre avec le fils Inuzuka – le nom de famille de Kiba. Elle rentrait chez elle ; il se faisait tard et elle commençait à avoir froid quand une petite bande d'enfants des rues surgit de nulle part pour lui voler ses chauds vêtements d'hiver. Il avait alors bondi d'on-ne-sait-où pour les mettre en déroute. Il s'en était pris plein la figure, bien sûr, et Temari avait dû le ramener chez elle pour soigner son nez cassé. Sa mère le connaissait pour ses vagabondages fréquents en ville et voulait le mettre dehors à peine l'avait-elle découvert dans la chambre de sa fille.
Mais une fois les événements pris en compte elle avait décidé de lui prêter la petite bicoque rattachée à la maison dont ils se servaient pour ranger une brouette et trois sachets de grains pour qu'il puisse s'installer. Il leur avait alors expliqué qu'il venait en ville uniquement pour chercher des médicaments pour son père cloué au lit dans la campagne. Et la mère de Temari avait débloqué des moyens insoupçonnés pour faire venir le père de sa cabane campagnarde jusqu'en ville pour recevoir des soins directement. C'était « bien normal d'aider un homme dans le besoin » affirmait-elle. N'empêche que quand elle avait vu Kiba le nez ensanglanté sous les couvertures de sa gamine elle avait tenté de la faire sortir à coups de pieds.

Après un bon quart d'heure à courir les pavés, la demeure de Madame Bellamie, une construction en lambris décorée de rideaux épais aux fenêtres qui couraient sur les deux étages, fut en vue. Ce n'était d'ailleurs pas bien compliqué de trouver cette maison : c'était la plus haute du village, elle rivalisait avec le clocher de l'église. Temari ressentait une aversion particulière envers cette demeure, où vivait une dame qu'elle n'appréciait guère depuis que celle-ci avait osé gifler son petit frère pour une histoire de bas souillés. Et quand la blonde avait rétorqué que les bas de cette affreuse femme étaient sales avant que Gaara ne marche dessus, elle s'en était prise une également. Autant dire que le courant ne passait pas vraiment entre elles... Mais comme Madame Bellamie était une amie de Madame no Sabaku, la mère de la petite blonde, l'une et l'autre gardaient un comportement diplomatique quand elles se retrouvaient dans la même pièce.

La boutique de ladite dame était en fait son hall d'entrée élargi puis repeint, meublé et rénové des dizaines de fois pour s'accorder aux modes les plus récentes. Contrairement aux craintes de Temari, ce n'était pas Madame Bellamie – qui avait des cheveux blancs et bouclés, un faux grain de beauté sous le nez et un corps gras et mou dans l'ensemble – derrière le comptoir mais une jeune femme brune, plutôt jolie, et assez mal à l'aise. De toute évidence, elle n'était pas à cette place depuis longtemps et ne devait pas trop savoir comment se comporter. Toutefois, elle avait un physique engageant, et après un sourire timide à sa petite cliente, elle lui demanda :

« Je peux vous aider ?
- Oui, répondit la fillette, je cherche des épingles à nourrice par paquets de trente.
- Ah, mais c'est qu'on ne fait plus de paquets par trente, fit la vendeuse, embêtée. Nous n'en faisons plus que par cinquante, vingt et dix. Si vous en voulez trente vous pouvez prendre vingt et dix, mais cela vous reviendra à plus cher, donc je vous propose un paquet de cinquante, plus simplement. »

Temari, qui n'avait suivi de ce quasi-monologue que les mots « plus cher » et « paquet » se contenta de hocher la tête comme si elle avait compris. Elle ne voyait pas vraiment pourquoi on ne pouvait pas lui vendre trente épingles – ça n'aurait tué personne ! – mais apparemment c'était impossible pour des raisons inconnues. La jeune femme s'activa aussitôt pour aller chercher les épingles en question et revint en annonçant le prix.
Temari paya sans un mot et fit mine de sortir mais son côté fourre-son-nez-partout et effronté refit surface ; elle se retourna.

« Dites, c'est quoi votre nom ?
- Moi ? s'étonna la femme. Je m'appelle Shizune. Et toi ?
- Temari. Et vous venez d'où ? Je vous avais jamais vue.
- Oh, je... »

La jolie jeune femme regarda autour d'elle bien qu'elles fussent seules dans la boutique. Ses joues se creusèrent, ses lèvres se pincèrent, elle jaugea la petite fille du regard et puis se pencha par dessus le meuble qui faisait office de comptoir. Elle dit à voix basse :

« Je veux bien te le dire, mais c'est un secret, compris ? »

Sa curiosité piquée au vif, Temari acquiesça.

« Bien, poursuivit la brune en chuchotant. En fait, je viens de Paris. »

Les yeux de l'enfant s'agrandirent. Paris ! La capitale ! La Ville Lumière !
Sur sa lancée, Shizune, toujours penchée en avant, poursuivit :

« La vérité c'est que... Paris n'est plus une ville très sure. Les émeutes des révolutionnaires sont devenues excessives et violentes. Ma petite sœur et moi sommes parties alors que notre maison était en train de brûler, avoua-t-elle. Mais on n'est pas censé quitter la ville en ce moment, à cause des brigands qui profitent de la situation pour piller les maisons et les commerces, alors, si quelqu'un apprenait qu'on a filé, nous serions... mises hors d'état de nuire, tu comprends ? »

Temari allait répondre quand une voix tonitruante, qu'elle identifia comme celle de l'antipathique propriétaire des lieux, rugit à l'étage :

« SHIZUNE ! VIENS ICI TOUT DE SUITE ! »

La jeune femme frémit puis, dans une grimace, se résolut à aller voir sa patronne. Avant de laisser sa confidente seule, elle la regarda en mettant un doigt sur ses lèvres. La petite no Sabaku lui fit un sourire signifiant : « Pas de soucis ! Avec moi votre secret est bien gardé ! »

Le ciel s'était dégagé pendant la discussion entre la vendeuse et Temari. Le clocher de l'église sonna quinze heures. La blonde songea que sa mère pouvait bien attendre quelques minutes de plus et elle décida de faire un détour par l'angle de la troisième rue avant la sortie du village...

De très nombreuses fois, les pas de Temari l'avaient amenée dans cette partie du village, car c'était à cet endroit que les personnalités faisaient escale quand elles étaient de passage. C'étaient les rares rues à être relativement propres et où l'air ne comportait pas une curieuse odeur, car elles étaient entretenues afin d'attirer ceux qui pouvaient se permettre de dépenser de l'argent en futilités et faire vivre une partie des habitants – ceux qui étaient plus ou moins liés aux deux ou trois maisons closes et aux deux tavernes réputées.
Mais ce n'était pas cela qui attisait la curiosité de Temari. Les notables qui passaient et repassaient par son village n'avaient pas d'importance à ses yeux. Pour elle, ce qui comptait, c'était un unique bâtiment, qui était à lui seul – elle en était certaine – le cœur de tous les mystères et secrets de la région. Son imagination d'enfant créait et imposait à son esprit toute sorte de scénarios fantasques qu'elle ne parvenait pas à oublier totalement.

Elle s'arrêta. Le fameux hôtel qui avait hanté les rêves de son enfance se trouvait devant elle. Au dessus de l'entrée, les deux mots LUNE BLEUE peints en rouge écarlate éclataient sur la façade. Elle n'avait jamais su ce qu'il y avait à l'intérieur, ni pourquoi elle n'avait pas le droit d'y entrer. « Interdit aux personnes n'ayant pas de lien direct avec l'hôtel », qu'on lui disait. Mais même sa meilleure amie n'avait pas pu la renseigner, alors qu'elle était la fille héritière de la riche famille entretenant ce bâtiment.
Tant absorbée par sa contemplation de l'hôtel, la petite blonde ne remarqua pas que sa meilleure amie était sortie et sursauta quand elle l'apostropha :

« Tema ! Qu'est-ce que tu fais là ?
- Hinata, enfin ! s'exclama-t-elle à son attention, feignant de l'attendre. Je finissais par croire que tu ne descendrais jamais !
- Je suis là, pourtant. »

Hinata possédait des cheveux d'un noir lustré et brillant qui retombaient dans son dos en une cascade noire, et en une frange sur son front, au dessus de ses yeux étrangement clairs. Elle était d'une nature timide et bégayait comme personne quand il y avait dans son entourage des gens qu'elle ne connaissait pas. Bien plus polie et discrète que Temari, elle était douce et bien éduquée, préférait les robes aux pantalons, se déplacer en voiture1 plutôt qu'à cheval et adorait se faire belle. En résumé, une vraie coquette aux habitudes de bonne famille.
Toutes les deux, elles étaient comme le jour et la nuit. Il était mpossible d'expliquer leur amitié si solide. Et pourtant, là était le résultat : deux fillettes inséparables et de nature curieuse, bien que la discrétion d'Hinata l'empêchât parfois de suivre Temari dans ses histoires un peu trop folles pour elle.

« Bon alors, qu'est-ce que tu veux ? lui demanda Hinata.
- Moi aussi je suis ravie de te voir, ironisa Temari.
- Ah, pardon ! Je voulais dire : je suis très heureuse de te voir ici et maintenant mais, chère Tema, je souhaiterais que vous m'expliquassiez la raison de votre venue.
- Hein ? fit la blonde, pas très sure d'avoir compris.
- Pourquoi t'es là ?! répéta Hinata plus simplement.
- Ah. Bah, je voulais juste te dire bonjour. Et puis... tu savais qu'il y avait une nouvelle vendeuse chez la grosse Bellamie ?! »

Son amie parut soudain plus intéressée :

« Non, je savais pas ! Elle est comment ?
- Brune, jolie, et gentille ! Et... tu sauras jamais d'où elle vient ! »
- Quoi, elle vient d'où ? »

La no Sabaku se mordit la lèvre, honteuse à l'idée de briser sa promesse. Mais son habitude de tout raconter à Hinata, qui, de toute façon, était bien plus digne de confiance qu'elle, eut raison de son hésitation et elle se décida à avouer ce secret qu'elle ne réussirait de toute façon jamais à garder pour elle :

« Elle vient de Paris. Mais chut ! Il ne faut pas que ça se sache, sinon elle risque d'avoir de gros ennuis. Et... »

Elle aurait bien aimé lui dévoiler tout ce qu'elle savait, mais une voix forte l'interrompit :

« Dites donc ! Voilà de bien jolies demoiselles !

Hinata blêmit d'un coup et se cacha derrière son amie. Elle avait horreur des inconnus, même ceux ayant l'air gentil. Et celui-ci était loin d'avoir la physionomie parfaite pour mettre en confiance : de longs cheveux noirs attachés en catogan, des yeux vivaces sur un visage blanc crayeux et fin comme celui des statues fantomatiques en pierre de l'église, et une tenue stricte et imposante. S'il n'avait eu ce gentil sourire enjôleur, les deux fillettes auraient déjà filé sans demander leur reste. Il avait cependant en lui ce quelque chose attractif qui intéressait Temari au plus haut point, l'encourageant à lancer :

« Bonjour, monsieur !
- Bonjour, jeune fille, répondit l'homme. Que faites-vous par ici, toutes seules ?
- Oh, nous ne sommes pas perdues, si c'est ce que vous croyez. Nous discutons juste.
- Hé bien, sourit-il avec amusement, mesdemoiselles, je souhaiterais vous inviter chez moi pour prendre... la boisson qui vous plaira. Cela vous tente ? »

La blonde réfléchit une petite seconde, jeta un coup d’œil à Hinata qui la suppliait du regard, et se dandina d'un pied sur l'autre, mal à l'aise. Accepter, ne pas accepter ? Ses yeux glissèrent vers l'entrée de l'hôtel, et elle eut soudainement le sentiment, comme une évidence, que cet homme et l'hôtel étaient liés. Son cerveau se mit en marche immédiatement, la poussant à accompagner cet homme, qui ne semblait par ailleurs pas bien méchant, quoi qu'un peu inquiétant. Mais Dieu ne disait-il pas que l'apparence d'un chrétien n'influençait pas sa foi ?
Le regard pétillant, elle hocha la tête et, entraînant la petite brune avec elle, se mit à marcher aux côtés de cet homme inconnu.

Tout en marchant, l'homme faisait la discussion. Il était un marchand ayant fait arrêt sur la route de Lyon pour la nuit, dans une auberge en dehors de la ville.
Mais cela faisait déjà un moment qu'ils avaient quitté les dernières maisons et toujours pas une auberge en vue. Les fillettes commençaient à avoir froid, et étaient fatiguées. Lasse, Temari désirait à présent rentrer chez elle, mais quand Hinata lui demanda de les excuser car elles allaient repartir, l'homme l'empoigna sauvagement par le bras et la gifla de toutes ses forces. La brunette, complètement surprise, se mit à pleurer, à moitié sonnée, et il la laissa choir sur la route cahoteuse. Temari se précipita vers son amie mais le « gentleman » la retint par l'une de ses quatre couettes et lui tordit le bras pour qu'elle ne bouge plus. Il saisit violemment la brune restée à terre et se remit en chemin.
La petite blonde vociférait et tentait de mordre la main moite qui s'appliquait sur sa bouche, sans succès. Hinata restait immobile, terrifiée par cet homme si violent.

L'homme jubilait tout en pensant à la prochaine fortune qui l'attendait. Tout se déroulait parfaitement... La seule chose qu'il n'avait pas prévue, ce fut la silhouette hargneuse qui se jeta sur son dos pour lui faire lâcher prise. Malgré la tombée de la nuit, Temari reconnut cette personne.

« Filez, mam'zelles ! s'écria Kiba. Ce type-là, c'est un vendeur ! »

L'homme se redressa rapidement et envoya l'importun dans le fossé. Son visage cireux se tordit en une expression sauvage et il se jeta en avant pour saisir le poignet d'Hinata qui lui avait échappé quand Kiba lui était tombé dessus.
La petite brune poussa un hurlement terrible.







[1] Il s'agit bien sûr ici de carrosses ou de diligences tirés par des chevaux !




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