Visions d'un Dieu Endormi


Fanfiction Naruto écrite par Kris'ter (Recueil de Kris'ter)
Publiée le 10/09/2009 sur The Way Of Naruto



Que se passe-t-il quand un ninja disparaît en mission sans laisser de trace ? On l'abandonne à son sort ou on envoie une équipe de secours ?

On envoi une équipe de secours bien sur. Une équipe de choc comme vous allez le voir, hihi.
Vous allez aussi faire la connaissance avec la commandante en chef des armées de Commoragh, le genre de personne à ne pas croiser au détour d'une ruelle sombre…

Accessoirement, vous serez convié à un repas «galère» chez les Nara et à un repas ennuy… heu… digne chez les Hyuuga. Bon appétit ^^



Chapitre 4: Demoiselle en Détresse



Aujourd’hui, repas de famille galère chez les Nara. Les adultes parlaient du changement de génération et du fait que Shikamaru n’avait toujours pas l’ombre d’une petite copine. Celui-ci expliquait qu’avec tout le boulot donné par son rang de Chuunin, il n’avait pas le temps de s’occuper d’une fille galère, et Yoshino lui fit alors remarquer qu’il était pourtant «naturel» de nos jours d’avoir ses premières relations sexuelles aux alentours de quinze ans. En entendant cela, la grand-mère cria au scandale, disant qu’il n’y avait plus de jeunesse, que les jeunes de son temps savaient se tenir et n’étaient pas aussi délurés que ceux d’aujourd’hui. Shikamaru, qui avait jusqu’ici évité de parler quand on ne lui posait pas une question directement (son père lui avait appris la discrétion lors de telles réunions de famille), rappela un détail à sa grand-mère :

“Grand-maman, je te rappelle que tu as eu maman à dix-sept ans…”

Qu’est-ce qu’il n’avait pas dit là. Les mots étaient sortis de sa bouche avant qu’il ait eu le temps d’y réfléchir vraiment. Shikamaru put clairement voir sur les visages des gens autour de lui, comme dans un film, le compte à rebours s’afficher : cinq, quatre, trois, deux, un, mise à feu ! Sa mère se mit à hurler à propos du respect des anciens, sa grand-mère se mit a hurler à propos des méthodes d’éducation utilisées par sa fille. Les hommes gardaient le nez dans leur assiette, même si, intérieurement, Shikaku et les deux grand-pères étaient tous les trois morts de rire.

Shikamaru termina son assiette, en tentant de ne pas faire attention au volume sonore. Une fois celle-ci vide, il se leva de table, prétextant qu’il avait rendez-vous chez l’Hokage, et s’éclipsa.

À présent, il marchait dans la ville, le nez en l’air, regardant les nuages. Ses oreilles sifflaient encore, son père devait sûrement être la victime des cris de sa mère à présent. Okay, le rendez-vous chez l’Hokage était bidon, mais au moins ça semblait suffisamment crédible pour pouvoir quitter la maison comme ça. Il haussa les épaules en soupirant un “Galère”. Il aurait tant voulu être un nuage. Eux au moins étaient libres d’aller où bon leur semblaient, se laissant porter sur les ailes invisibles des courants d’air pour dériver, sans obstacles et sans soucis, vers d’autre lieux du monde. Il se demanda ce qu’était devenue Temari, ça faisait longtemps qu’il n’avait plus eu de ses nouvelles.

Il stoppa net. Il venait bien de penser à la fille galère comme si elle lui manquait ? Il se tapa la main sur le front : ce n’était pas possible, une fille devait être douce, gentille et aimante, tout ce que Temari n’était pas. Il y avait déjà un tyran féminin à la maison, alors il n’était aucunement nécessaire d’en ajouter un deuxième, encore pire, à son existence.

Le glapissement d’un aigle le ramena à la réalité. L’Hokage voulait le voir. L’excuse se révélait être moins bidon que prévu et ça c’était galère. Avoir une mission maintenant ne le branchait vraiment pas du tout… maintenant, ou plus tard, d’ailleurs.

Ne pouvait-on pas simplement oublier qu’il existait ?



Dans la famille Hyuuga, les repas n’étaient pas aussi folkloriques que chez les Nara. Tradition oblige, c’était des moments très dignes, parfois même un peu sinistre. On n’y parlait rarement, et jamais sans y avoir été invité. À table, chacun était placé en fonction de son rang et de ses capacités, les deux allant souvent de paire. Le Seigneur Hiashi, le chef de la famille, était assis au début de la table, à la place d’honneur. À sa droite se trouvait sa fille cadette, Hanabi. À sa gauche, se trouvait sa femme.

Source de nombreuses controverses avec les Anciens du Clan, Neji se tenait à une place inimaginable pour un membres de la branche parallèle, à savoir : à droite d’Hanabi, ce qui était considéré comme un honneur insurpassable dans cette famille traditionaliste à l’extrême et attestait sans conteste du respect que portait le Chef du Clan au fils de son défunt frère.

À gauche de sa femme, se tenait sa fille aînée, Hinata. Ce n’était pas une place très fameuse qui la mettait au rang de membre issue de la chair du Chef du Clan, mais guère plus. Cela convenait néanmoins à la jeune fille, celle-ci n’ayant jamais vraiment couru après les honneurs. Cette place était toutefois une sorte de «promotion», puisqu’avant l’examen des Chuunin, elle avait été reléguée à l’autre bout de la table, une place extrêmement humiliante pour un membre de la Sôke. Son père avait néanmoins pris conscience de sa volonté de progresser, mais ne pouvant se déclarer ouvertement fière d’elle (tradition oblige), il l’avait installé à cette place-ci.

“Père ?”

La voix d’Hanabi avait troublé le silence religieux qui régnait.

“Oui, Hanabi ?” Répondit doucement ce dernier.

“Puis-je vous poser une question ?”

Le Seigneur Hiashi hocha la tête pour signifier son accord.

“Qu’est ce qui fait d’un ninja un Kage ?”

Le Chef de la famille considéra un instant la question. Hanabi s’intéressait-elle déjà aux arcanes du pouvoir ? Où bien n’était-ce là que la question d’une enfant intriguée sur les capacités de ceux qui les gouvernaient tous ? Quelle qu’en fut la raison, cela nécessitait une réponse appropriée.

“Un Kage est l’un des cinq plus puissants ninjas du monde, un vétéran de centaines de batailles possédant une expérience inégalable de l’art du combat et dont le parcours est jonché des cadavres des adversaires terrifiants qu’il a occis.”

Hanabi signala que ça, elle le savait déjà, aussi son père poursuivit.

“Il ne suffit toutefois pas à un Kage d’être un grand ninja, il doit également faire preuve de talents de tacticien extraordinaires, puisés dans le savoir de ses prédécesseurs et au cours d’innombrables décisions prises dans le feu des combats. Ces ninjas sont comme ses fils et ses filles et il peut leur faire confiance pour donner leur vie au moindre de ses ordres, c’est pourquoi il doit savoir prendre mesure de ses responsabilités et préserver la vie de ceux qui le suivent, tout en accomplissant sa tâche et en préservant l’honneur de son village. Il aura d’ailleurs connaissance de l’histoire complète de celui-ci et devra en garder les secrets.”

“Un peu comme vous, père ?”

Hanabi avait posé la question de façon spontanée. Elle admirait grandement son père et écoutait avec attention chacune de ses paroles. Les Anciens grommelèrent à propos du fait que la jeune fille coupait la parole au Chef du Clan, violant ainsi l’étiquette, mais Hanabi était trop jeune pour s’en rendre vraiment compte.

“En partie, oui.” Il toussota avant de reprendre. “Le Kage sera également l’incarnation vivante de son village et devra conduire en conséquence ses éventuelles tractations diplomatiques, car un village ninja est souvent lié par des dettes d’honneur et des pactes anciens qui priment sur la simple autorité des fonctionnaires d’un pays. Ceux qui désirent qu’un Kage envoie ses ninjas au combat doivent avoir une bonne raison de le faire.”

Hinata écoutait également avec attention. Pour autant qu’elle se souvienne, Naruto n’était pas exactement ce que son père était en train de décrire. Ses joues rosirent alors qu’elle pensait au blond. Cela allait bientôt faire six mois qu’il était partit avec Jiraiya-sama, peut-être serait-il plus mâture à son retour de son entraînement avec le Sanin. Hiashi continua son explication en se tournant vers Neji.

“De plus, un Kage est le dirigeant de son village et des immenses ressources que cela implique. Les plus grands risques qui le guettent résident d’ailleurs dans le pouvoir qui lui est conféré, car un village ninja est une force à même de dévaster un pays entier. Même un ninja peut ressentir la fierté, la colère, la vanité et la jalousie, car si leurs esprits valeureux les poussent chaque jours à des actes héroïques, c’est dans ces valeurs que naissent les graines menant à la damnation. Chaque ninja, et un Kage plus que tous les autres, doit faire attention aux chemins qu’il emprunte, et peser en permanence le pour et le contre tout en honorant son village et ses ancêtres.”

Si Neji s’était rendu compte qu’une partie de ce qu’avait dit son oncle visait directement ses problèmes sentimentaux avec Tenten, il n’en laissa rien paraître. Hanabi posa encore une question, ne parvenant pas à comprendre une partie de l’explication son père :

“Que sont les «graines menant à la damnation» ?”

“Vois-tu, Hanabi, de dangereux individus ont parfois été mis à la tête de Village Caché, des personnes qui n’auraient peut-être jamais dû devenir ninja, et encore moins atteindre un poste aussi élevé. Ainsi, au lieu d’être dirigé par quelqu’un dont le seul but est de protéger son village, son pays et l’humanité, les ninjas se retrouvent sous les ordre d’un mégalomane égocentrique qui ne met sa puissance qu’au service de ses propres intérêts. Certains ont été tenus en échec par des ninjas plus nobles qu’eux avant que leur soif de pouvoir ne conduise les leur à la ruine. Les villages de ceux qui ont été emmenés dans un conflit armé finissent toujours, quant à eux, par payer le prix de leur folie.”

Hanabi voulu poser une dernière question mais son père l’en empêcha d’un geste de la main.

“Je ne peux t’en dire d’avantage aujourd’hui.” Puis, s’adressant à l’assemblée, “ méditez mes paroles, mes enfants, et ne les oubliez surtout pas.”

Les Anciens murmurèrent leur approbation avec l’analyse du Chef du Clan, tandis que Neji et Hinata se rappelèrent comment Orochimaru avait réussi à manipuler le quatrième Kazekage. Faisant appel à sa fierté et à son courage, jouant de ses rancunes et de ses sentiments, il était parvenu à l’entraîner dans son attaque contre Konoha. L’homme avait payé de sa vie son alliance sacrilège avec le Sanin renégat. Suna s’était tenu au bord du gouffre et aurait pu payer la folie du Kazekage au prix fort. D’autres Villages Cachés, plus belliqueux que celui de la Feuille, n’auraient pas hésité un instant à profiter de cette faiblesse pour le rayer de la carte.

La porte de la salle à manger coulissa silencieusement et une servante annonça doucement qu’un messager s’était présenté à la résidence : l’Hokage demandait à voir Neji dans les plus bref délais…



Rock Lee mangeait un sandwich sur le pouce en se rendant au bureau du Hokage, il n’avait pas très faim de toute façon. Cinq jours. Cela faisait cinq jours que Tenten avait été envoyée en urgence sur une mission qui, elle lui avait assuré, n’aurait pas dû durer plus de deux ou trois jours, maximum.

“Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé.” Lui avait dit Gaï-sensei, et c’était vrai. L’enthousiasme passionné de Lee avait baissé d’un demi-ton (ce qui pouvait presque passer inaperçu pour quelqu’un d’extérieur à la team), et il se sentait étrangement vide, comme s’il lui manquait une partie de lui même.

Il était arrivé quelque chose à Tenten, il en était persuadé, et l’Hokage qui allait sûrement l’envoyer en mission, il ne serait même pas là lorsqu’elle rentrerait… si elle rentrait. Il fallait qu’il réussisse à convaincre Tsunade-sama de lui permettre d’aller à la recherche de son amoureuse. Elle était peut-être prisonnière de pervers qui lui faisaient faire toute sorte de choses embarrassantes, comme dévoiler les fruits de son jardin secret, où pire encore !

Dans son esprit se forma le tableau horrible de sa chère Tenten, désespérée, très dénudée, et dont le collier relié à une chaîne l’attachait à la merci de vieux pervers lubriques. Il secoua la tête pour faire partir cette image insupportable. Elle n’était pas du genre à se laisser faire de la sorte ! Une nouvelle image, bien plus rassurante se forma, où il arrivait sur un magnifique cheval blanc, la coupe au bol impeccablement immobile malgré le vent de la Justice qui soufflait dans la cape finement ouvragée que la Vertu avait placée sur ses épaules. Il aveuglait les méchants par la pureté étincelante de ses sentiments (et de son sourire Colgate) et les abattait en distribuant les roundhouse kick tel Chuck Norris. Puis il pulvérisait le grand méchant par la seule force de la Fureur Enflammée de la Jeunesse. Enfin, il sauvait Tenten de son horrible prison, et, la prenant dans ses bras, il l’emmenait vers l’horizon où ils allaient vivre heureux jusqu’à la fin des temps…

Bon, ok, il était hautement improbable qu’une telle chose arrive dans la vraie vie. N’empêche, ça avait de la gueule. C’est en pensant à ça qu’il poussa la porte du bureau de l’Hokage.

“Bonjour Lee.” Le salua Shizune. “Puisque te voici arrivé, nos allons pouvoir commencer, n’est-ce pas Tsunade ?”

Dans le bureau, l’Hokage pestait en cherchant quelque chose dans la pile de documents qui encombrait son bureau, Shizune se tenait à sa droite, peinant à cacher sa déconvenue d’avoir une Sensei aussi peu ordonnée. Il y avait également Neji, l’air digne ; Shikamaru, l’air ennuyé ; et Sakura, l’air impassible.

“Peut-être que si vous évitiez de tout poser n’importe où…” se risqua la rose.

“Ce n’est pas le bordel sur mon bureau, si c’est c’est ce que tu veux dire, Sakura.” Lui répondit Tsunade.

“Je n’ai…” commença Sakura.

“En fait, il faut voir ça de plus loin.” Expliqua l’Hokage, “c’est un système de classement très complexe et très élaboré qui… Ha !!! Je l’ai !” Elle brandit triomphalement une feuille de papier, “Je savais bien que je l’avais mise ici.”

Reprenant son air sérieux, elle dévisagea les quatre ninjas devant elle, puis reporta son attention sur la lettre qu’elle avait dans les mains.

“Bien, il y a quelques heures, j’ai reçu un message du Mizukage. Je vous épargnerai le blablabla, mais voici la partie qui va vous intéresser : «En ce qui concerne la mission pour laquelle nous vous avions emprunté une kunoichi, celle-ci est un succès en demi-teinte. Bien que la Nukenin ait été éliminée, aucun membre de l’équipe n’a survécu». Après ça, il y a une longue litanie en forme de condoléances. En gros, elle nous annonce froidement que Tenten est morte dans l’exercice de ses fonctions.”

Les quatre ninjas accusèrent le coup. Le cœur de Lee rata un battement.

“Tenten… morte ?” Parvint-il à dire, livide. Neji était tout aussi bouleversé, mais il le cachait mieux. Tsunade poursuivit sans leur laisser le temps d’en dire plus.

“Néanmoins, connaissant la Mizukage, tout ce que contient cette lettre est sujet à caution. Votre amie est peut-être encore en vie, même si le fait qu’elle ne soit toujours pas revenue au village peut sembler inquiétant. Il est également possible qu’elle soit prisonnière à Kiri… où pire encore. C’est pour cela que je vous ai convoqué ici : vous allez partir au pays du Vent pour mener l’enquête.”

“Excusez-moi, Tsunade-sama.” Dit Shikamaru, espérant éviter d’avoir à partir en mission. “Mais pourquoi envoyer quatre ninjas pour ce qui ne semble être qu’une simple mission de rang C ?”

Le regard de l’Hokage se fixa froidement sur le ninja mou.

“Parce que, contrairement à ce que tu penses, c’est une mission de rang B, qui pourrait même passer au rang A. Vous allez vous mettre en route en direction du Village Caché du Sable, à la frontière vous serez rejoint par un ninja de Suna qui vous accompagnera et vous guidera à travers la vaste étendue du désertique Pays du Vent. Shizune ?”

L’apprentie de Tsunade tendit un dossier à Shikamaru, lui expliquant que tous les renseignements qu’il devait avoir sur l’endroit où ils allaient devoir se rendre étaient compilés là-dedans.

“Tu sera le chef de la mission, Nara. Je veux vous voir partir dans une heure, et je ne veux entendre aucune jérémiade de ta part !”

“Okay okay, on y va…”

Les quatre ninjas quittèrent le bureau pour aller se préparer, Lee en tête. Soudain, Shikamaru se retourna avant de passer la porte :

“Heu… Juste une question comme ça : c’est qui le ninja de Suna qui va nous rejoindre ?”

“Ils ne l’ont pas précisé.” Répondit vaguement Tsunade, avec un petit sourire en coin, que Shikamaru nota.

“Je vois… Je sens déjà que ça va vraiment être galère…”

“Qu’est-ce que j’ai dit à propos des jérémiades !?!” Hurla l’Hokage, mais Shikamaru n’était déjà plus là.

Lorsque Tsunade fut seule avec Shizune, celle-ci lui demanda, de but en blanc :

“Pourquoi avoir envoyé Neji et Lee dans cette mission, sans Gaï ? Auriez-vous oublié que le Hyuuga ne supporte plus Lee depuis que ce dernier sort avec Tenten. Et pourquoi ne pas avoir dit à Shikamaru qui était la kunoichi qui allait se joindre à eux ?”

“Pour la première question, j’espère justement que Neji se décidera une fois pour toute à lui dire ce qui se passe, et quand l’abcès sera crevé, ça ne pourra aller que mieux dans l’équipe. Pour Shikamaru, s’il savait que Temari allait les accompagner, il aurait trouvé tous les prétextes pour se défiler, et je compte sur elle pour secouer la nouille trop cuite qu’est ce garçon.”

Shizune hocha la tête.

“Je vois. J’espère juste que ça ne va pas compliquer davantage leur mission, car si Tenten a été capturée par les soldats de Commoragh…”

“Alors la mort aurait été une solution moins cruelle. Prions pour que ça ne soit pas le cas… et pour que nos ninjas ne commettent pas d’imprudence. Je n’ai pas envie que la mission passe au rang S.”

Tsunade avait confiance en ses ninjas, mais une partie d’elle même était d’accord avec Shizune. S’ils s’approchaient trop de Commoragh, elle ne reverrait aucun d’eux en vie.



Marchant nonchalamment dans les rues pour rentrer chez lui, Shikamaru essayait de récapituler ce qu’il allait devoir prendre comme équipement pour une mission dans le désert, en plus du matériel de combat et des rations. Une grande gourde et quelques tablettes de pilules d’hydratation1 semblaient le choix le plus évident. Un couvre-chef aussi, pour ne pas rester tête nue sous le soleil, encore que s’évanouir à cause d’une insolation serait une bonne excuse pour ne rien faire. Mais Lee serait capable de le frapper pour qu’il se réveille, et servir de punching-ball au Fauve de Jade, ça serait plutôt galère.

Il avait rapidement lu le dossier que lui avait remit Shizune, et ce n’était pas encourageant. La zone où avait disparu Tenten jouxtait une région contrôlée par un espèce de seigneur de guerre secondé par un fanatique religieux. Les deux tenaient plus des bouchers sadiques, sanguinaires et sans pitié que de l’être humain. Un ninja de Suna qui connaissait la région serait en effet une aide précieuse car retrouver la kunoichi n’allait pas être évident.

Il se demanda pourquoi Tsunade avait souri à la mention du ninja en question. Ça n’allait tout de même pas être la fille galère qui allait les accompagner ? Après tout, c’était possible. C’était même plus que probable en fait, qu’elle se soit portée volontaire pour cette mission, juste pour le tourmenter. Il considéra un instant l’option de se casser une jambe pour éviter d’avoir à la rencontrer, mais qui le remplacerait pour mener l’équipe qui allait chercher Tenten ? En plus, s’il était cloué au lit à la maison, il serait avec sa mère à longueur de journée, ce qui représentait une perspective vraiment galère.

Shikamaru avait l’impression de tomber de Charybde en Scylla. Rester avec sa mère ? Où être avec Temari ?

Finalement, lui qui, une heure plus tôt, voulait avoir des nouvelles de la fille galère, il allait être exaucé…



Le Roi Hakkyou était agité. Et quand le Roi Hakkyou était agité, Jashin n’obtenait pas son tribut du grand autel de la ville, d’où l’hérésie que constituait la moindre de ses contrariétés.

Les portes de la salle du trône s’ouvrirent en laissant pénétrer un air chaud. Un attroupement de sages entra en clopinant aux côtés de Caduceia, le cauchemar incarné qu’il avait placé à la tête de ses troupes. Un des érudits devait sans doute être Vai’Gar, le premier de ses devins, mais le maître de Commoragh avait de toutes façons depuis longtemps cessé de se forcer à retenir les visages de chacun de ses sous-fifres.

Ces sages étaient tous des hommes et des femmes vieillis prématurément par la proximité du donjon. Leur maître se souvenait, la plupart du temps, d’étouffer les maléfices de l’édifice lorsque des mortels inférieurs avaient à y entrer, mais même ainsi, dans les vapeurs de l’encens distillé à partir du sang des innocents, la mélopée des âmes emprisonnées prélevait son coût sur ceux qui devaient en faire l’expérience. Aux yeux du Roi Hakkyou, ses serviteurs se ressemblaient tous, à moins qu’il n’obligeât ses sens à s’abaisser au niveaux de ceux des mortels. Il les contraignait donc à s’habiller de couleur distinctives afin de les différencier selon leur fonction.

“Monseigneur…” le salua le meneur du groupe, vêtu de blanc. Il s’agissait probablement de Vai’Gar, mais qui il pouvait bien être lui importe peu, tant qu’il se conformait à ses ordres et lui donnait les réponses qu’il voulait entendre. “Nous avons accouru à l’annonce de votre convocation. Il nous peine grandement que vous soyez contrarié au point de solliciter notre conseil.”

“Quelque chose a bougé dans le nord-est. La cargaison qui aurait dû détruire Suna a disparu. Commoragh se sent menacé. Je veux savoir par qui, et pourquoi.”

“Les auspices sont complexes…” se disculpa vaguement un autre sage à la robe émeraude.

Le Roi Hakkyou tourna son regard vers lui :

“Tu n’existes que pour me servir,” lui rappela-t-il avec sévérité, “Devrais-tu choisir de plus m’être utile, tu choisirais de plus vivre. Est-il une puissance dans le monde qui me soit une menace ? Ces hôtes que nous n’avons pas invitées conspirent-ils à lever une armée pour la lancer sur Commoragh ?”

Le sage en blanc se mit à gesticuler amplement :

“Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour apaiser vos peurs, monseigneur. Nous sommes simplement… tout à fait conscient de l’importance de la tâche qui nous incombe.”

“Tout à fait conscient.” répéta le sage en vert avec un sourire forcé et tout les porteurs d’autres couleurs s’empressèrent d’acquiescer.

“L’Amanokawa est particulièrement active,” continua le sage en blanc, “comme votre seigneurie le sait, c’est un signe de changement. Le Dragon est lui aussi très haut dans le ciel et le Boeuf a été observé au sein d’étranges configurations. Tout converge pour nous prévenir d’un conflit et d’un grand désespoir.”

“La forteresse est-elle en péril ?” Demanda le maître de Commoragh en haussant un sourcil.

“Rien dans ce monde ne peut vous porter ombrage, monseigneur, cependant… sans doute certaines personnes ont-elles quelque hostilité à votre égard.”

“Et je serai bien contrarié qu’il n’en fût pas le cas.” Admit le Roi Hakkyou, “Caduceia ?”

La commandante des armées s’avança. Caduceia était à demi démon, et il s’agit là de sa meilleure moitié, le reste d’elle n’étant que pure malveillance humaine. Il se racontait qu’elle avait été capturée par une secte de démonologistes qui comptaient accomplir une grande invocation dont elle devait être une des victimes, mais n’en ayant jamais été une dans l’âme, elle s’était tout simplement refusée à laisser le démon jaillir de sa chair. Les deux s’étaient ainsi retrouvé mêlés en une entité à la beauté dérangeante, doté de l’autorité naturelle à laquelle seul pouvait prétendre un authentique monstre.

À l’intérieur de cette silhouette subtilement déformée par les tentatives du démon désireux de s’échapper, lui et la mortelle avait fini par atteindre un compromis. Le corps qu’ils habitaient ensemble était puissant et svelte dont la peau blême était ornée d’un canevas lisse, surmonté par un visage aux larges yeux et aux dents aiguisées. Caduceia ne portait que peu de protection, non pas pour divulguer ses formes curieusement attirantes, mais parce qu’une raison inexpliquée les faisait se déformer afin de refuser toute armure, même façonnée sur mesure. En fin de compte, cela était sans conséquence car il fallait bien plus qu’une simple blessure pour l’inquiéter.

“Vous désirez monsseigneur ?” Dit-elle avec le sifflement succinct de sa langue serpentine frôlant son palais.

“Quelles nouvelles des défenses orientales?”

“Nous avons antissipé vos appréhension. La garde à été doublée sur l’enceinte extérieur et nous accumulons le ssang sacrificiel au cas où des invocations seraient requises. Les Nukenins arrivent de partout, attirés par les promessses de combats et toujours plus de bêtes de chairs sont ssortit des cuves d’incubation chaque jour. Nos espions n’ont rapporté aucun mouvement de troupe vers la cité, mais donnez en l’ordre et nous ratissserons le désert jusqu’à ce qu’il n’y vive rien de plus gros qu’un rat.”

Le maître de Commoragh sourit en entendant ces nouvelles, ce qui effraya visiblement les sages. Puis il chassa la proposition de Caduceia d’une main :

“Pareille campagne mobiliserait des hommes, ce que nous ne pouvons nous permettre que si réellement une armée de ninjas décide de nous imposer sa présence. Surveille le nord-est, mais que tes bataillons se tiennent près à intervenir où et quand il le faudra.”

Le Roi Hakkyou restait pourtant préoccupé. Commoragh n’était plus la même, l’écho de la pierre autour de lui avait changé, la haine qui auréolait le donjon semblait plus immédiate, plus prononcée. Il émanait du dieu endormi sous sa cité une sorte de démence irascible que le Roi Hakkyou sentait bouillonner sous la surface des choses et flotter tout autour de lui comme des milliers de poings minuscules qui lui tambourinaient la peau. Celui-ci savait-il quelque chose que le maître de Commoragh ignorait ?

“Jashin est toujours immobile sous la cité, n’est-ce pas ?”

Cela lui fut confirmé par un concert de murmures affirmatifs.

“Bien, que ma volonté soit faite et surtout tenez moi informé des nouvelles prédictions. Je ne voudrais pas que notre attention soit détournée de la majesté du Dieu à la Main Sanglante par quelque intrusion malvenue.”

Après s’être inclinés, les sages s’éclipsèrent dans une aura de soulagement quand ils réalisèrent qu’aucun d’entre eux ne mourraient cette fois. Caduceia les suivit d'une démarche qui laissait entrevoir sa force inhumaine.


La persistance de leurs dires continuerait de résonner pendant des heures dans la salle du trône, où seul le Roi Hakkyou pouvait les entendre. Il lui fallait se méfier de ceux qui l’entouraient, aussi ressassa-t-il les échos de la conversation. Leur voix avaient-elles été teintée par le mensonge? Il sentait qu’ils étaient effrayés, tous, animés par l’obsession de lui convenir. Cela lui était familier, mais il y avait autre chose, une amertume qu’il n’avait pas encore ressentie.

La pitié. Ils le prenaient en pitié. Était-elle née de son apparence si particulière? Non, on pouvait trouver d’autre phénomène plus saisissant à chaque coin de rue. Alors quoi ? Devait-il lui arriver quelque chose? Quelque chose dont ils pensaient qu’il ne comprendrait pas ? Il prit mentalement note d’en faire torturer deux ou trois pour découvrir s’ils osaient lui cacher une part de leurs divinations.

Encore des distractions impromptues. Il lui venait presque l’envie d’exterminer ceux qui avaient le potentiel de lui causer tant de déplaisir, mais cela n’en valait même pas la peine : en se jetant dans la gueule de ses légions, les ninjas se détruiraient eux-même. À tout instant, cinq mille légionnaires étaient en place sur les remparts, Caduceia pouvait en rameuter deux cent cinquante mille si nécessaire. Une brèche devait-elle être ouverte dans les murs, les envahisseur se déverseraient dans un périmètre infesté de ses troupes, et si par un hasard fortuit quelques uns d’entre eux réussissaient à passer outre, le Roi Hakkyou faisait désormais stationner la Garde Noire dans le donjon, et ceux-ci n’attendaient qu’une semblable opportunité.

Lorsqu’il considèra le tableau d’ensemble, celui de son emprise sur la région et des défenses inviolables de sa cité, il n’y avait vraiment pas de quoi s’en faire…



[1] Mais non, pas de l’eau en poudre.


Je sais, c'est le chapitre 4 et l'intrigue se met à peine en place, mais ça ne va pas aller en s'améliorant, héhé.

Sinon, la description des attributs d'un Kage est un petit trip perso, dites-moi si j'ai vu juste, selon-vous ?

Certains vont dire que la deuxième partie du chapitre, sur le Roi Hakkyou, est juste du remplissage. Peut-être que oui, mais c'est toujours plus intéressant de donner un background à l'ennemi, ça lui donne un peu plus de profondeur que simplement "cay leu méssan", non ?

Et OUI, il va y a voir un Shika-Tema…
/me repousse la horde de fan en délire
Attendez… ATTENDEZ ! Ça risque d'être quelque peu différent de ce que vous avez l'habitude de lire sur ces deux là… et je n'en dirai pas plus :)