Visions d'un Dieu Endormi


Fanfiction Naruto écrite par Kris'ter (Recueil de Kris'ter)
Publiée le 21/09/2011 sur The Way Of Naruto



Le voyage de retour vers Konoha se poursuit dans la joie et la bonne humeur… approximativement.

Après une soirée agitée dans une auberge pas très tranquille, les ninjas vont pourvoir reprendre la route, mais la présence de Temari dans le groupe ne va pas arranger les choses pour le pauvre Shikamaru.



Chapitre 20: Les Ténèbres s'agitent



Dans la forêt, le manipulateur d'ombre était en mauvaise posture. Tayuya venait d'activer son sceau maudit pour invoquer ses géants qui lui en faisaient voir de toutes les couleurs. Shikamaru était parvenu à comprendre comment elle les contrôlait pour parvenir à mettre en place un plan ingénieux, avec tout le matériel qui lui restait, pour en prendre le contrôle avec sa technique de manipulation des ombres. Tayuya s'était retrouvée obligée de faire disparaître ses trois géants, mais elle était loin d'être vaincue et avait utilisé le niveau 2 de son sceau maudit.

La kunoichi avait alors recommencé à jouer de sa flûte et Shikamaru s'était retrouvé emprisonné dans une illusion dont il s'était libéré en se cassant lui-même l'index. Il avait ensuite utilisé l'Étreinte Mortelle de l'Ombre sur Tayuya qui, sûre de sa victoire, s'était approchée pour lui porter le coup de grâce. Mais il était épuisé et commençait à se retrouver à court de chakra. De plus, la puissance du sceau maudit allait donner assez de force à son adversaire pour rompre sa technique. Désireuse d'en finir une fois pour toute avec cet agaçant avorton, Tayuya s'était précipité sur lui pour le tuer.

C'est là que son rêve prit une direction différente de ce qui s'était passé en réalité. Un an auparavant, Temari était arrivé à son secours et sa Lame de Vent avait repoussé Tayuya. Shikamaru avait expliqué la situation à la blonde du désert qui n'avait pas écouté ses conseils et avait invoqué Kamatari pour découper la forêt en même temps que Tayuya qui finit sa vie déchiquetée par la faux de la belette du vent.

Mais pas cette nuit.

Non, dans le songe de Shikamaru, Temari était arrivée mais n'était pas intervenue et Tayuya avait enfoncé son kunai dans le ventre du manipulateur d'ombre. Elle et la blonde du désert s'étaient ensuite moquées de lui, raillant sa faiblesse et son impuissance, avant que Tayuya n'enfonce sa main dans le ventre ouvert du Nara. Il sentit les doigts glacés de la kunoichi farfouiller dans ses entrailles avant qu'elle ne referme sa main sur son cœur.

Il se réveilla en sursaut, se redressant d'un bond sur son lit inondé de sueur, la douleur dans sa poitrine persista un moment.

C'est alors qu'il remarqua la fumée.

Lâchant un "Galère…", il bondit en jetant les draps de côté, gagna rapidement la porte, la déverrouilla et retira la barre qui la bloquait. Il se retrouva dans une fumée épaisse et vit la lueur des flammes.

"AU FEU !!!" rugit-il, aussi fort qu'il le put. Il remercia intérieurement Asuma-Sensei qui lui avait dit qu'en tant que chef d'équipe, il se devait de savoir hurler assez fort et avec assez d'autorité pour que ses ordres soient entendus et exécutés malgré le vacarme des combats. "AU FEU !!!" hurla-t-il encore. Cette fois, des gens commencèrent à sortir en chancelant de leurs chambres.

Shikamaru revint en courant dans sa chambre et enfila ses sandales en toute hâte. Lee et Neji était déjà levés, aiguillonnés par le danger, ils rassemblèrent au plus vite leurs biens dans leurs bras et sortirent sans tarder de la pièce. Tous les occupants des chambres fuyaient maintenant, et on entendait les cris et les gémissements de ceux qui tentaient d'échapper à l'incendie qui faisait rage. Malgré la fumée et la chaleur qui leur montaient à la tête, les ninjas aidèrent à fuir ceux que les vapeurs avaient étourdis. Le manipulateur d'ombre vit la figure blafarde et terrorisée de Shigefumi quand il passa en trombe devant lui, encore vêtu de sa chemise de nuit.

Passant à l'aveuglette par la porte principale, les clients sortirent dans le froid, et tous les ninjas étaient parmi eux. L'Âne Pendu était en feu et les flammes montaient, léchant le vieux bâtiment voûté. Plusieurs personnes tentaient en vain d'éteindre l'incendie en jetant des seaux d'eau sur les flammes ou de les étouffer avec des couvertures, mais le manque de coordination les empêchait d'être efficaces.

Un groupe d'hommes se tenait dans la rue, juste devant l'auberge, brandissant des torches enflammées. L'ivrogne que Sakura avait empêché de tuer un innocent plus tôt dans la nuit se tenait au milieu des incendiaires, un couteau dans une main et une torche dans l'autre. La rose en déduisit qu'ils avaient dû continuer leur beuverie et que l'alcool leur avait donné assez de «courage» pour revenir finir ce qu'ils avaient commencé.

"Mais qu'avez-vous fait ?" geignit Shigefumi.

"La ferme, sale rat !" cria l'un des hommes, "C'est ta damnée auberge qui attire ces gens ici !"

"Amenez-le-moi !" ordonna l'instigateur de toute cette violence, "Je suis venu finir le travail !"

Sakura, la tunique ouverte exposant son top, s'avança à grand pas vers le groupe, sa mâchoire serrée et ses yeux brûlants de colère lui donnant un air farouche. Arrivée à dix pas, sans un mot, elle bondit en avant et enfonça son poing dans la tête de l'agitateur. Le bruit des os de son crâne qui craquèrent fut assourdissant et du sang, des fragments d'os et des morceaux de cervelle aspergèrent les autochtones ivres, qui restèrent figés sur place sous le choc. La rose dégaina un kunai et se dressa face aux dix hommes qui restaient.

"Espèce de salope !" jappa l'un d'entre eux, un jeune homme à peine plus âgé qu'elle.

Il lança sa torche sur la kunoichi et se précipita en avant avec son couteau. Sakura esquiva souplement le tison et, d'un agile pas sur le côté, elle évita l'attaque maladroite de l'ivrogne avant de lui écraser son poing dans la figure, l'abattant sans un bruit. Les autres levèrent leurs armes, le visage courroucé et sombre, aucun d'entre eux ne semblait être capable de réaliser la portée de ce qu'ils avaient fait, ni qu'ils s'étaient mis dans de beaux draps. Une voix bourrue, presque un grondement, stoppa net les ivrognes avant qu'ils ne puissent attaquer de concert :

"C'est une belle nuit pour mourir !" menaça Lee, "Avancez un peu, qu'on sache si votre heure a sonné !"

Le Fauve de Jade fit un pas massif en avant pour se placer à côté de Sakura et la Rose vit qu'il était en tenue de combat - il n'avait même pas dû l'enlever pour dormir - et que ses yeux jetaient des éclairs, il semblait particulièrement impressionnant et il se dégageait de lui une aura de menace presque tangible. C'était une technique d'intimidation que lui avait appris Gaï-Sensei, avec elle il pouvait faire douter même les ninjas les plus motivés. Les ivrognes restèrent sur place, l'indécision se lisant sur leur visage. Aucun d'entre eux ne voulait mourir ici. Sakura sentit le vent tourner.

"Vous deux !" aboya Shikamaru qui avait observé la scène et pointait deux hommes du doigt, "Assurez-vous que votre défunt camarade soit enterré. Les autres, allez éteindre l'incendie !"

Sa voix était impérieuse et ne laissait pas de place à la discussion. Les hommes réagirent instantanément, toute velléité de combat s'étant subitement évaporée chez eux. La rose se dirigea vers le jeune qui l'avait attaqué. Il était encore en vie car Sakura n'avait pas infusé de chakra dans son coup, mais son nez était cassé et il allait avoir un beau cocard. Elle passa quelques instants à le soigner avant de se diriger vers l'endroit où se trouvaient ceux que la fumée avait intoxiqués.

Les ninjas aidèrent les villageois qui luttaient contre l'incendie avec les moyens du bord, et il était impossible de savoir s’ils avaient le dessus. Dommage qu'aucun d'entre eux ne maitrisât le Suiton. Shigefumi l'aubergiste se tordait les mains, sautant d'un pied sur l'autre et ne faisait pas grand chose d'utile. Temari avait organisé les habitants en équipe pour qu'ils étouffent plus aisément l'incendie qu'ils réussirent finalement à éteindre au moment où les premières lueurs de l'aube éclairèrent le ciel. Le feu avait ravagé la cuisine ainsi qu'une bonne partie de la salle commune et du premier étage, mais le bâtiment était plus ou moins intact, même s’il faudrait sans nul doute des mois pour le rénover.

Leur visage couvert de suie, les ninjas ne s'attardèrent pas ici plus longtemps et se mirent en route vers le Pays du Feu, vers Konoha. Neji jeta un dernier coup d'œil aux incendiaires. Ils auraient quitté le village d'ici une heure s’ils savaient ce qui était bon pour eux. La justice était rapide et impitoyable - même trop parfois - dans les villages éloignés des grandes villes. Ceux-ci appliquaient leur propre justice, exigeant souvent d'un juge qu'il se montre impitoyable lorsque la culpabilité d'un criminel était évidente. Malheureusement pour l'accusé, cette justice lui était rarement favorable. C'étaient invariablement les gens différents où mal-aimés qui étaient montrés du doigt lorsqu'un enfant tombait malade «sans aucune raison» où qu'une vache ne donnait plus de lait, et même s’ils avaient la preuve indéniable de leur innocence, leurs protestations tombaient souvent dans l'oreille d'un sourd car il n'y avait pas de méthode plus efficace pour mettre fin à une dispute que de tuer l'une des deux parties.



Sadatoshi s'extirpa péniblement de son futon, les yeux rouges et la tête encore embrumée par les festivités de la veille. Il savait qu'il aurait dû se lever plus tôt pour participer aux entrainements matinaux auxquels l'astreignait son père, mais il préférait de loin faire la fête toute la nuit que de suivre la voie qu'avait choisie pour lui son paternel. Cette pensée en amena une autre dans son esprit confus et Sadatoshi réalisa combien il était curieux que son père ne soit pas encore venu le réveiller. Des rayons de lumière filtraient au travers des volets, jouant avec les grains de poussières flottant dans l'air. Le soleil était déjà bien haut dans le ciel et il devait être bien plus tard qu'il ne l'avait cru.

De vagues souvenirs de la nuit précédente commencèrent à refaire surface dans son esprit. Il avait rencontré une jeune femme magnifique à la taverne et elle lui avait promis tellement de choses. Si seulement il pouvait se souvenir de ce qui était arrivé ensuite. Il se rappelait vaguement de ses promesses irrésistibles et d'une étrange odeur de jasmin à laquelle se mêlait la senteur du cuivre oxydé et du sang fraîchement versé. Il était sûr qu'elle lui avait demandé de faire quelque chose pour elle. Sa requête lui avait d'abord paru absurde, mais l'absurde devient souvent logique après quelques verres de saké et les désirs de cette tentatrice avaient fini par devenir les siens. Il se souvint avoir pensé que même si, sur le moment, ce qu'elle désirait n'avait pas le moindre sens, aucun prix à payer ne semblait être trop élevé pour passer ne serait-ce qu'un petit instant seul avec elle.

Alors qu'il luttait pour se souvenir de ce qu'elle lui avait demandé, sa tête le lança et commença à lui tourner. Il posa les mains contre le mur de sa chambre pour ne pas perdre l'équilibre. C'est alors qu'il remarqua les traces. Était-ce… du sang sur ses mains et ses avant-bras ? Il sentit ses cheveux se dresser sur sa tête et eut une sueur froide. Un terrible pressentiment lui serra le cœur. Il ouvrit la porte de sa chambre et se précipita dans le couloir mais trébucha alors sur quelque chose de froid et d'inerte.

Il hurlait encore lorsque les gardes le trouvèrent enserrant de ses bras tremblants la dépouille atrocement mutilée de son père, le Daimyo du Pays de la Rivière.


Morithia «Tisse l'Ombre» était satisfaite de la façon dont son plan avait fonctionné. Il était de notoriété publique que les relations entre le père et le fils étaient pour le moins tendues, et ce n'était pas peu dire. Personne n'allait prendre l'histoire de Sadatoshi au sérieux. La mort du Daimyo des mains de son propre fils avait deux objectifs : d'une part cela allait plonger la capitale dans l'anarchie et la confusion, grâce aux luttes de pouvoir que la secte était déjà en train d'orchestrer, d'autre part cet assassinat n'allait pas faire de la victime un martyr dans le cœur des habitants du pays.

Morithia n'avait pas acquise son titre de «Tisse l'Ombre» pour rien. C'était une experte en manipulation et elle adorait ce qu'elle faisait. Pour elle, il n'y avait pas de savoir plus appréciable que celui soutiré par la ruse, de trésor plus précieux que celui acquis par le vol, de victoire plus totale que celle remportée sur la volonté même de son ennemi ! En infiltrant son foyer, on le privait de tout sentiment de sécurité… Sa volonté finissait alors par flancher et tant que la lumière n'était pas faite sur l'intrusion, le doute persistait et grandissait dans son cœur, le conduisant inévitablement à sa propre destruction. Une telle stratégie pouvait briser le moral d'un homme et lui ôter toute volonté de vivre. Plonger sa dague dans le dos de quelqu'un était à la portée du premier venu, mais seul le vrai maître pouvait pousser sa victime à se jeter volontairement du haut de sa tour.

Le Centurion Krartil allait être satisfait. D'ici quelques jours, le Pays de la Rivière serait prêt à être moissonné par sa Légion.



Cela faisait trois heures que les ninjas courraient sans répit sur la grand route couverte de poussière ocre et bordée d'ornières menant au Pays du Feu. De chaque côté, les herbes chuchotantes de la plaine frémissaient langoureusement sous la caresse de la brise matinale. Ils ne rencontrèrent que peu de villages mais chaque bosquet, au bord de la route, abritait quelques masures. Le soleil était presque à son zénith lorsque Shikamaru décida de ralentir pour se mettre au niveau de la blonde du désert.

Il avait pas mal réfléchi depuis que le groupe avait quitté Suna, et encore plus depuis qu'ils avaient quitté l'auberge, imaginant toutes sortes scénarios improbables sur le fait que Temari les ai retrouvé ici et qu'elle ait voulu se joindre à eux pour le reste du voyage. Ceci étant dit, la première partie n'était pas très dure à expliquer, puisque l'Âne Pendu était la seule auberge du Pays de la Rivière situé sur la route entre Konoha et Suna. Il avait même envisagé que la kunoichi de Suna ait abandonnée son village pour le suivre au Village Caché de la Feuille, mais il avait rapidement mis de côté cette idée farfelue. Le manipulateur d'ombre était à côté d'elle maintenant, il prit son courage à deux main et se lança :

"Écoute, Temari…" commença-t-il à voix basse, "Pour ce qui s'est passé l'autre nuit…"

"De quoi est-ce que tu parles, Shikamaru ?" répondit-elle.

"Très drôle… Non, je voulais te dire que… Enfin je… Je suis amoureux de toi."

"Ah." fut la seule réponse de la blonde du désert.

"Et c'est tout ce que ça te fait ?" demanda Shikamaru, déstabilisé.

"Et tu voudrais que ça me fasse quoi ?" dit-elle en haussant les épaules, "Écoute Shikamaru, t'es un garçon gentil, mais cette nuit là j'avais juste besoin de quelque chose et tu me l'as donné. Je me suis servi de toi. Rien de plus rien, de moins."

Après avoir tranquillement lâché cette bombe, Temari accéléra et planta là le manipulateur d'ombre anéanti, le cœur ravagé. Il parvint néanmoins à donner le change et faire comme si de rien était, et le groupe parcourut - dans une ambiance bien plus maussade - une vingtaine de kilomètres avant d'arriver aux abords d'un village, un petit bourg fluvial où ils ne rencontrèrent pas âme qui vive. Il semblait que les habitants s'étaient enfuis en toute hâte, sans rien emporter de plus que le strict minimum. Un volet claqua au vent dans le lointain et Neji fut saisi par un frisson prémonitoire. Utilisant son Byakugan pour scruter le village, il ne tarda pas à découvrir qu'ils n'étaient pas seuls : non loin d'eux, une quinzaine de pillards étaient en train de passer en revue le fruit de la mise à sac des maisons.

Avançant discrètement jusqu'à l'angle d'un mur, les ninjas jetèrent un coup d'œil sur les mouvements des soldats de Commoragh.

"Ce sont des Cavaliers Noirs." fit remarquer Temari.

Ces hérauts de Commoragh chevauchaient en avant des Légions et étaient les yeux et les oreilles des Centurions. Maîtres de l'attaque éclair et du raid audacieux, mobiles à l'extrême, ils parcouraient la terre à la recherche de proies, tendaient des embuscades aux lignes de ravitaillements adverses et harcelaient les colonnes de renforts - ou de fuyards. Experts dans l'utilisation de l'arbalète à répétition et de l'épée à lame courbe, ils étaient tous des cavaliers exceptionnels, capable de diriger leur cheval avec les genoux et de planter des carreaux entre les yeux de leur adversaire en plein galop.

Deux d'entre eux étaient en train de charger leur butin dans un chariot brinquebalant auquel étaient attelés deux chevaux robustes, tandis que les autres remplissaient fébrilement paquetages et poches de leur butin. Les misérables saccageaient tout ce qu'ils ne pouvaient pas emporter, laissant derrière eux des monceaux de débris.

Considérant qu'ils avaient passé suffisamment de temps ici, leur chef ordonna de se remettre en route mais, rendu sourd par leur cupidité, ses hommes ne semblaient pas disposés à lui obéir, jusqu'à ce qu'il en frappe un avec le plat de sa lame pour l'exemple, les persuadant rapidement d'obtempérer. Grommelant et jurant, ils disparurent dans une petite ruelle latérale et c'est à ce moment que les ninjas décidèrent d'agir.

Tenten lança un kunai qui s'enfonça avec précision dans la gorge du chef du groupe mais, aussi incroyable que cela puisse paraitre, ne le tua pas sur le coup ! Il porta ses mains à sa gorge pour en arracher la lame qui en dépassait avant d'attraper son arbalète à répétition pour tirer sur les ninjas mais, au même moment, une vague de douleur le foudroya et l'arme lui glissa des mains, désormais inoffensives. L'homme défaillit et vida les étriers pour tomber sans vie sur le sol.

Alertés par le bruit, les deux Cavaliers Noirs de la charrette se retournèrent pour en connaître l'origine et se retrouvèrent nez-à-nez avec les deux autres membres de l'équipe Gaï. Ils passèrent de vie à trépas avant même de comprendre ce qui venait de leur arriver, le premier terrassé par le Poing Souple du Hyuuga, le deuxième les cervicales brisées par le Fauve de Jade. Les autres Cavaliers Noirs réapparurent au bout de quelques minutes sur des destriers nerveux et les ninjas leur tombèrent dessus comme la foudre.


Eiichiro arriva en dernier sur la place du village quand son regard accrocha un mouvement insolite sur sa gauche. Cavalier Noir sans talent, fils d'un des plus puissant Dynaste de Commoragh, il servait depuis prêt de 8 ans dans la Légion du Centurion Korzah. Il savait qu'en échouant ici sur ordre patriarcal, il avait définitivement renoncé à ses rêves de gloire. Alors qu'il était âgé de 6 ans, il s'imaginait déjà Exécuteur de Jashin : ombre silencieuse et mortelle, maître en ninjutsu et expert en poison. Mais la force, l'agilité, la maitrise du chakra et ses rouages ne lui avaient jamais accordé leurs grâces et il s'était retrouvé ici.

Ce destin contrarié avait fait de lui un Cavalier Noir besogneux et mal-aimé. Le chef de son équipe, qui aimait s'entourer des meilleurs, ne lui avait jamais pardonné d'avoir été placé ici grâce à l'intervention de son père, pourtant il n'avait pas ménagé ses efforts pour lui inculquer des bases solides et faire de lui un cavalier émérite. Eiichiro ignorait que son chef baignait à présent dans son propre sang, tout comme il ignorait que les efforts de ce dernier auront été vain.

Ceux de Konoha s'étaient rués sur le groupe de Cavaliers Noirs comme des rapaces. L'idée d'aller aider ses compagnons à combattre n'avait même pas effleuré l'esprit d'Eiichiro, en fait il ne songeait qu'à survivre aux secondes qui allaient suivre. Les ninjas avaient vu le cavalier hésiter, puis faire volte-face pour tenter sa chance vers la sortie du village. Une kunoichi aux macarons, debout sur le toit d'une maison, avait aligné Eiichiro et lancé un kunai dans sa direction. Le projectile atteignit le Cavalier Noir juste avant qu'il ne tourne au coin d'une ruelle et s'enfonça sans difficulté dans son dos, s'arrêtant à moins d'un centimètre de son cœur.

La douleur foudroya le Cavalier Noir de l'intérieur. Il fit une vrille incontrôlée et s'écroula de tout son poids. Il regarda son cheval partir alors que la vie l'abandonnait. Chaque respiration était une souffrance et des bulles rosâtres se formaient au coin de ses lèvres. Son sang l'étouffait. Il sentait les battements de son cœur s'espacer et se ralentir. Au prix d'un effort démesuré, il était parvenu à soulever sa main pour dégainer son arme et la serrer contre sa poitrine ; il ne savait pas au juste pourquoi mais il était persuadé que Jashin allait être sensible à ce cadeau.


Sakura, Lee et Neji s'étaient littéralement projetés au milieu du groupe, la rapidité et la force de l'attaque avait pris les Cavaliers Noirs totalement au dépourvu aussi plusieurs tombèrent lors des premières secondes. Mais ils s'étaient vite repris et avant de s'égailler comme une volée de moineaux, surprenant les ninjas par leurs talents de cavalier. Néanmoins, ils étaient plus efficaces dans les grandes étendues et le combat de rues n'était pas à leur avantage. Ils rompirent rapidement le combat avant de s'enfuir en longeant la rivière. La Lame de Vent de Temari en blessa deux de plus dans leur course, mais pas assez pour les tuer, ceux-ci avaient pris trop d'avance pour que les techniques de la blonde du désert soient pleinement efficaces et les ninjas renoncèrent rapidement à les poursuivre.

Peu désireux d'être encore ici quand les survivants reviendraient avec des renforts, le groupe décida sagement de sortir au plus vite du village. La route descendait vers une vallée peu profonde, passait par un pont en bois qui traversait un cours d'eau endormi, puis remontait de l'autre côté vers le sommet de la colline en haut de laquelle se trouvait la frontière entre le Pays de la Rivière et le Pays du Feu.

L'après midi passa rapidement et sans encombres, tandis que les ninjas suivaient la route à travers d'interminables prairies qui alternaient avec de profondes forêts. Celle-ci suivait le fleuve Xanijes, l'artère principale amenant la vie jusqu'au cœur de ce royaume sylvestre qu'était le Pays du Feu. Depuis des siècles, les bûcherons et les fermiers utilisaient ce fleuve pour transporter le bois, le charbon, les vivres et autres produits à travers ses grandes forêts. Le groupe arriva bientôt devant un moulin en brique blanche dont la roue à aubes brassait les eaux avec un bruit régulier et réconfortant. Après avoir passé le moulin et franchi un grand pont de pierre, les ninjas arrivèrent en vue d'un groupe de maisons agglutinées autour d'un petit monastère. Des funérailles avaient lieu dans le cimetière qui jouxtait le bâtiment et au milieu des tombes fraichement creusées, des moines vêtus de Kesa1 visiblement trop grandes pour eux étaient en train de descendre un cercueil au fond d'une fosse.

Shikamaru remarqua un détail étrange cependant. Il se rappela que Chôji lui avait maintes fois parlé des moines de cette région qui étaient réputés pour leur gloutonnerie, et aussi des innombrables anecdotes racontant leurs incroyables festins où l'on ne servaient pas moins de 36 plats différents ! Pourtant, malgré leurs amples Kesa qui dissimulaient en partie leurs silhouettes, on pouvait voir que les moines qui défilaient devant le groupe ne semblaient pas particulièrement enveloppés, ils semblaient même plutôt musclé en vérité. Le manipulateur d'ombre décida de s'arrêter pour présenter ses respects aux défunts qu'ils enterraient.

À leur approche, les moines s'écartèrent de la tombe et se mirent en ligne face à eux, gardant les yeux braqués sur les ninjas, une de leur main cachée dans les plis généreux de leur Kesa. Shikamaru leur demanda le nom des malheureux défunts, mais il ne reçut pour toute réponse que l'écho de sa propre voix. L'empathie de Neji lui permis de rapidement comprendre que la présence du groupe gênait les moines devant eux. Soudain, comme obéissant à un signal muet, les moines sortirent d'un même mouvement des kriss dégoulinants de poison de sous leur Kesa et passèrent à l'attaque en poussant des cris de déments.

Les ninjas n'eurent pas le temps de réfléchir, les faux-moines furent sur eux en un instant. Shikamaru hurla des ordres et le groupe les accueillit comme il se devait, frappant d'estoc et de taille avec leurs poings et leurs kunais. L'attaque était d'une brutalité inouïe, leurs adversaires ne se souciaient nullement de se défendre, se concentrant uniquement sur l'attaque. Le sang commença à couler à flot et le son des rugissements et des cris parvint jusqu'au monastère d'où d'autres «moines» ne tardèrent pas à émerger. Ils foncèrent sur les ninjas en hurlant le credo de leur dieu :

"Du sang pour le dieu du sang ! Des crânes pour le trône de Jashin !"

Tenten lançait des kunais entre ses coéquipiers qui se battaient au coude à coude, faisant mouche à chaque fois. Temari soulevait de véritables tourbillons de mort, tranchant membres et têtes. Lee se battait comme un possédé, il tourbillonnait dans la foule de moines qui se jetaient sur lui, fracassant les crânes et brisant les poitrines avec une férocité ahurissante. Le chef, un homme immense couturé de cicatrices, s'avança soudainement vers le Fauve de Jade, les yeux injectés d'une soif de sang inimaginable, il fit tournoyer sa hache en direction de la gorge de Lee.

Le ninja s'inclina en arrière et le coup fatal lui siffla au visage, il riposta en envoyant son pied dans la poitrine du chef, brisant quelques côtes et le faisant reculer d'un pas. Le Fauve de Jade s'avança vivement et écrasa son talon sur le crâne de son adversaire qui fut projeté sur le côté dans un répugnant craquement d'os. Ignorant des blessures qui auraient eu raison de n'importe qui, l'homme eut tôt fait de récupérer et envoya son poing dans la figure de Lee qui recula, la tête résonnant comme une cloche. Il enchaîna avec un brutal coup de coude qui atteignit le Fauve de Jade à la tempe et le ninja se retrouva sur le dos sans trop savoir comment. Il voyait flou, des points lumineux dansaient devant ses yeux et le chef était dressé au dessus de lui.

Un kunai s'enfonça au niveau du cœur dans la poitrine de l'homme qui poussa un hurlement, il en prit un deuxième dans la gorge puis un troisième dans l'œil et le chef s'écroula enfin au sol, son sang s'écoulant de ses blessures mortelles. En voyant que Lee était en mauvaise posture, Tenten s'était immédiatement précipitée dans sa direction. Neji lui avait emboité le pas. Un moine se jeta sur elle en poussant un grognement de fauve mais elle l'esquiva habilement en se décalant sur la gauche. Le Hyuuga intercepta le moine avant qu'il n'ait pu se retourner et l'élimina proprement.

Le ninja aux yeux d'ivoire se détourna du cadavre pour voir si Tenten était blessée mais la maître d'arme était à présent aux côtés de Lee qui s'était remis sur pieds, malgré la douleur qui résonnait dans son crâne.

"Est-ce que ça va ?" lui demanda la kunoichi.

Le Fauve de Jade lui répondit en grimaçant un sourire, adoptant la pose du Nice Guy©, et les deux se jetèrent dans la bataille qui avait tourné à la mêlée indistincte. Neji se joignit à eux, détournant les attaques qui prenaient Tenten pour cible, il abattit un moine tandis que celui-ci glissait dans une mare de sang et se retrouvait à genoux, il plongea ensuite pour intercepter un coup de kriss qui aurait tué la maître d'arme par derrière.

Sakura enfonça son poing dans le visage d'un moine et la force du coup le repoussa sur le côté où il s'affala. Un poing s'écrasa sur sa poitrine et elle vit une lame s'élancer vers sa gorge qui fut interceptée au dernier moment par une ombre. Avec un geste de remerciement vers Shikamaru, elle se jeta à nouveau en avant. Une lame lui entailla l'épaule et elle grimaça de douleur, trébuchant. Le coup fatal ne vint pourtant pas, le Nara était à nouveau intervenu - mais de manière plus direct cette fois - plantant un kunai dans la gorge du moine.

Malgré tout, le cours du combat commença à pencher en faveur des ninjas. De moins en moins nombreux, les moines n'arrivaient tout simplement plus à prendre l'ascendant sur le groupe et commencèrent à battre en retraite, démoralisés et frustrés. Les ninjas n'avaient aucune intention des les laisser s'échapper et, sur l'ordre de Shikamaru, Tenten saisit deux de ses rouleaux de parchemin qu’elle déroula en même temps qu’elle bondissait en tournant sur elle même pour déclencher la Danse du Dragon Ascendant, faisant pleuvoir un déluge de projectiles acérés sur les fuyards.

Lorsque la maître d'arme toucha le sol, plus aucun des moines n'était en état de se battre, ni même en état de courir, bien que plusieurs d'ente eux fussent en train de gémir de douleur, effondrés dans l'herbe du cimetière. Sakura s'occupa de soigner les blessures que ses compagnons avaient récolté lors du combat tandis que Shikamaru et Temari s'approchaient chacun de leurs côtés des moines blessés qui agonisaient. Sans cérémonie, ils leur soulevèrent brusquement la tête en arrière et leurs tranchèrent la gorge avec leur kunais avant de passer aux suivants.

Pas question de laisser le moindre de ces monstres en vie.

La Rose se demanda pourquoi des adeptes de Jashin étaient venus semer la terreur dans un coin aussi paisible du Pays du Feu, mais la réponse était par trop évidente. À l'intérieur du monastère, la vérité s'imposa aux ninjas dans toute son horreur : dans les chambres et les couloirs gisaient les cadavres des moines qui l'habitaient à l'origine. Tous avaient été atrocement mutilés et leurs visages étaient figés dans un masque d'effroi. Plusieurs d'entre eux avaient été dépouillés de leurs vêtements, probablement pour procurer des déguisements à leurs assassins. Les Saintes Icônes avaient subit le même traitement, même la statue de Bouddha avait été renversée et décapitée.

"Mais pourquoi les Pillards voudraient-ils prendre le contrôle de ce monastère ?" demanda Lee, effaré à la vue d'un tel carnage.

"Je suppose que cela fait partie de leur plan d'invasion du Pays du Feu." répondit sombrement Neji.

"C'est en effet leur tactique habituelle lorsqu'ils lancent une campagne à grande échelle." confirma Temari. "Ils commencent par établir un réseau d'agents à leur solde à travers tout le pays qu'ils veulent mettre à sac. Ces groupes ne sont pas toujours composés uniquement d'adorateurs déments de Jashin - bien qu'ils n'en manquent pas - et sont très bien entraînés, organisés, hautement motivés et œuvrent contre les autorités en répandant propagande et anarchie avant de se livrer à des actions militaires telles que sabotages, attentats et émeutes. Une fois l'offensive lancée, ils se regroupent en une armée qui attaque le pays de l'intérieur même."

"C'est comme ça qu'ils ont fait au Pays de la Terre." confirma le ninja aux yeux d'ivoire.

"Vous pensez donc que les Pillards vont s'attaquer au Pays du Feu ?" demanda Sakura, l'air abattu à la pensée d'une telle éventualité.

"J'ai bien peur qu'ils n'aient déjà commencé à mettre leur plan en pratique." répondit Shikamaru en désignant de la main les corps désarticulés des malheureux moines.

Accompagnés par ces funestes pensées, le groupe de ninjas décida de remettre de l'ordre dans le temple et d'enterrer les corps des vrais moines dans les tombes que leurs assassins avaient creusées à cet effet. Une fois leur macabre tâche accomplie, ils se remirent en route, sous un ciel qui commençait à se parer d'un voile de brume grise, désireux de rentrer au plus vite afin de prévenir le Hokage de la menace qui planait sur le pays. Tout autour d'eux, les immenses plaines herbeuses ondulaient doucement, tel un océan d'émeraude sous le souffle d'une brise fraîche qui venait de l'ouest.

La route traçait une longue ligne droite, entrecoupé de temps à autres par des sentiers conduisant aux fermes et aux habitations des environs. Moutons et vaches paissaient tranquillement aux bords de la route, l'air était chargé de senteurs variées de fleurs sauvages et d'herbe humide.

"On a pris pas mal de retard, mais en forçant un peu, on devrait atteindre Konoha en fin de soirée." estima le manipulateur d'ombre, désireux de ne plus avoir à rester dans l'entourage de Temari.

"Je n'en suis pas aussi sûre." rétorqua Tenten en désignant une barrière de nuages noirs arrivant rapidement de l'ouest, "Espérons que nous arriverons à distancer l'orage."

La route se rétrécit bientôt pour devenir une simple piste à l'orée de la forêt, s'enfonçant profondément dans la masse de pins et de hêtres. Le ciel s'obscurcissait de minute en minute et la bruine qui commençait à tomber se transforma rapidement en pluie battante, traversant les frondaisons et commençait à s'écraser sur les épaules des ninjas. C'est alors qu'ils arrivèrent en vue d'une providentielle auberge. Attirés par la chaude lueur orangé du feu de bois qui filtrait à travers les fenêtres de l'établissement, ils s'arrêtèrent devant la porte pour lire le panneau défraichi qui la surplombait et annonçait : «Auberge du Roi des Forêts - 750¥ la chambre». Ils pénétrèrent dans la chaleur accueillante de la salle commune, alléchés par un délicieux fumet.

"Entrez ! Entrez !" leur lança une voix amicale, "Venez vous réchauffer auprès de l'âtre." Un homme trapu, portant sur l'œil droit un bandeau aussi noir que sa barbe, se tenait derrière le bar, ne laissant apparaitre que le haut de son petit corps rondouillard. "Ces jeunes gens se laisseraient-ils tenter par quelque chose ?" s'enquit-il en désignant de la main les corbeilles de biscuits dorés et les tonnelets de saké qui s'alignaient sur le comptoir.

Les ninjas étant effectivement épuisés et affamés, ils ne se firent pas prier et s'installèrent près du feu. Une serveuse apparut rapidement, portant un grand plat de viande rôtie, et se mit à remplir généreusement les assiettes des ninjas qui commencèrent à manger avec grand appétit. Tandis qu'ils se restauraient, ils remarquèrent qu'au bar, le tavernier versait pour deux de ses clients une dose de liquide clair dans deux petites coupes. Elles n'étaient pas plus grosses que des dés à coudre, mais personne dans la taverne n'avait l'air de trouver ça étrange. Le premier prit la sienne et offrit l'autre à son camarade.

"À ta santé !" dit-il.

"Et à la tienne !" répondit le premier.

Les deux homme renversèrent la tête en arrière et avalèrent l'étrange breuvage en quelques gorgées nerveuses. L'alcool leur brûla immédiatement le nez et la bouche, leur laissant la gorge sèche et irritée. Le second se mit à tousser tandis que l'autre encaissa avec stoïcisme.

"Pas mal…" croassa-t-il, "On s'en fait un autre ?"

Incapable de parler, son ami ne put que hocher la tête, des larmes coulant de ses yeux rouges. Curieuse, Sakura interpella la serveuse alors qu'elle passait à côté de leur table et lui demanda ce que les deux hommes avaient bien pu avaler pour être dans un tel état.

"C'est de l'Eau de Foudre ! Spécialité de la maison !" lança l'aubergiste par dessus le bar, rayonnant de fierté. "Vous voulez goûter ?"

Les ninjas refusèrent poliment, sauf Lee qui disait qu'un tel breuvage ne pouvait qu'embraser la Flamme Étincelante de la Jeunesse ! Tenten et Neji se mirent à paniquer en entendant ça et durent déployer des trésors de persuasion pour empêcher le Fauve de Jade de boire un truc aussi costaud. Celui-ci finit par promettre, un peu à contrecœur, de ne pas toucher à cette Eau de Foudre, au grand soulagement de ses deux coéquipiers.

Après que les ninjas aient avalé leur copieux repas, l'aubergiste leur remit les clés de petites chambres pleines de courants d'air mais dans lesquelles ils n’y dormirent pas moins comme des souches.

Demain, ils seraient enfin de retour à Konoha.



[1] Robe teinte en ocre des moines bouddhistes, constituée de plusieurs pièces assemblées qui se drape autour du corps, passant sous le bras droit, un pan reposant sur l'épaule gauche



Les pièces se mettent place sur l'échiquier. Le Pays de la Rivière va tomber devant les Pillards, et le Pays du Feu semble être le prochain sur la liste. Shikamaru et son équipe arriveront-ils à revenir à Konoha à temps ?