Visions d'un Dieu Endormi


Fanfiction Naruto écrite par Kris'ter (Recueil de Kris'ter)
Publiée le 14/03/2011 sur The Way Of Naruto



Deuxième partie du chapitre final de la saga de Commoragh.

Tout ne se passe pas toujours comme on l'avait prévu…



Chapitre 15: le Crépuscule du Maître (deuxième partie)



Sakura avançait rapidement dans la rue qui serpentait dans un labyrinthe inextricable de ruelles mal pavés, étroites et désordonnées, bordées de maisons aux façades courbes qui semblaient prêtes à s'effondrer à tout moment. La plupart des bâtiments semblait avoir été construit à la va-vite, puis élevé petit-à-petit avec les années, ce qui faisaient que la pierre des murs utilisée pour bâtir les étages supérieurs était rarement de la même couleur que celle des étages du bas. Les contre-allées enténébrées étaient bouchées par des tas d'ordures et la Rose pouvait apercevoir, ici et là, un nuage de mouches volant au dessus d'un cadavre de chien, de chat, où d'humain. L'odeur qui empuantissait ce quartier était à vous soulever l'estomac.

Tout ceci formait un bien triste spectacle et Sakura se dit que l'Azukarijo n'allait pas faire exception mais lorsqu'elle tourna au dernier coin de rue, elle sentit soudain son sang se glacer dans ses veines en découvrant pour la première fois la sombre et imposante silhouette qui s'élevait devant elle. La Rose avait étudié l'architecture militaire, et la perfection de la ziggourat qu'elle avait sous les yeux était à couper le souffle.

Un vaste bastion assez grand pour contenir des centaines de combattants s'élevait, menaçant, au milieu d'une place dégagée, l'essentiel de sa structure blindée enfouie dans le sol. La géométrie de ses angles était sans défauts, la précision de ses constructions une merveille. Un long mur d'enceinte reliait les deux imposantes tours rondes inclinées vers l'intérieur située de chaque cotés et entre les deux, Sakura pouvait apercevoir ce qui semblait être une buté en forme de V. Celle-ci protégeait le mur d'enceinte et la porte des attaques directes, en plus d'avoir pour fonction de canaliser les attaquant directement en face des tours en fournissant un tir croisé : chacun des cotés de la buté faisaient face à l'une des tours, de sorte à ce qu'il n'y avait aucun angle mort ou s'abriter. Elle comprit aussi pourquoi un tel lieu avait été choisi pour abriter l'Azukarijo : les bâtiments environnants devaient pouvoir être rapidement abattus pour gêner les éventuels attaquants.

Lorsque Sakura s'approcha de la porte, une cloche se mit à retentir sous le porche derrière l'imposante sarrasine1 en fer. Au pied du mur, un homme la contemplait d'un regard fixe, les mains crispées sur un trait d'arbalète qui lui traversait le cœur. Elle frissonna.

"Un factotum devant la herse !" lança une sentinelle d'une voix forte.

"Ouvrez la porte !" répondit une autre voix.

Sakura rabattit la capuche de son déguisement afin que son visage reste dans l'ombre, elle entendit le crissement des chaines sur la pierre et fixa son regard sur la herse, mais rien ne bougeait. À sa grande surprise, une porte dérobée s'ouvrit au pied du mur et un garde sortit de l'ombre, lui faisant signe d'entrer. La Rose le suivit le long d'un couloir de pierre qui menait à un enclot fortifié, en levant les yeux, elle aperçut les visages d'une douzaine de soldats qui la contemplaient à l’abri du parapet encerclant les hauts murs qui l'entouraient. Ils étaient tous armés d'arbalètes qu'ils pointaient sur elle, guettant ses moindres gestes. Un portillon qui devait permettre de sortir de l'enclot était gardé par deux membres de la Garde Noire, chacun équipé d'une longue naginata à la lame dégoulinante de poison qu'ils pointèrent en direction de Sakura tandis que le garde qui l'avait fait entrer lui demanda d'un ton rogue :

"Qui es-tu ? Et pour quelle raison veut-tu entrer dans l'Azukarijo ?"

Sakura se présenta et lui tendit l'autorisation, prête à tout pour se sortir d'ici en cas d'urgence, n'ayant qu'une confiance limité en son déguisement et les faux-papiers donné par Erwan.


"L'Azukarijo est l'un des endroits les mieux gardés de tout Commoragh." annonça le med-nin en désignant l'endroit sur la carte de la ville, "C'est là que se trouvent les réserves de drogues de combat et de poisons, ainsi que les laboratoires qui permettent de les fabriquer. On y trouve aussi des bêtes de chairs en état catatoniques qui n'attendent que la guerre pour être réveillées. C'est également d'ici que part toute l'eau potable de la ville, en d'autres termes le site est d'une importance stratégique, c'est pourquoi il va vous falloir un déguisement et une bonne raison pour pouvoir y entrer."

"Je suppose que tout est prévu, n'est-ce pas ?" demanda Sakura, celle qui avait été désignée pour aller récupérer l'antidote.

"En effet." répondit Erwan en sortant un laissez-passer ainsi qu'un dossier qui permettrait à la Rose d'usurper l'identité d'un factotum. "L'homme dont tu vas prendre la place s'appelait Cagath, le Biopiste qu'il servait l'a envoyé à l'Azukarijo pour lui amener une décoction indispensable pour ses recherche, malheureusement il se trouve que ce Cagath a été victime d'un accident mortel il y a quelques heures."

Le ton employé par le med-nin laissa supposer aux ninjas que la mort de cet homme n'était surement pas si «accidentelle» que ça.

"Et une fois à l'intérieur, que devrais-je faire ?" s'enquit la Rose.

"Tu devras te rendre ici." expliqua Erwan en pointant le doigt sur une autre carte qu'il avait déplié, "Le Kusuriya, c'est là que tu trouveras l'antidote. Les factotums sont assez communs dans l'Azukarijo, aussi ta présence ne devrait pas éveiller de soupçons, ceci dit sois quand même prudente, il y a des Exécuteurs de Jashin en faction là bas."


Le garde inspecta le document avec circonspection, son expression révélant ses doutes au sujet de l'authenticité, mais il finit par lui rendre son papier et l'autorisa à quitter l'enclot. La Rose se mit immédiatement en route, s'enfonçant des les couloirs sombres et tortueux, elle avait fort heureusement bien étudié le plan qu'Erwan lui avait donné et trouva rapidement son chemin vers le Kusuriya. Si tout se passait bien, elle pourrait entrer, récupérer l'antidote et ressortir sans que personne ne se doute de rien.

Elle pouvait le faire. Elle avait déjà réalisé des missions d'infiltration comme celle-là, c'était aussi pour ça que Shikamaru l'avait envoyée ici. Elle avait assisté à un trafic de drogues pour en photographier tous les participants, elle avait mangé à moins de deux mètres du chef d'une bande de bandits qui terrorisait toute une région pour recueillir des informations sur leurs prochains déplacements ; le tout était de se sentir concerné, de donner l'impression d'être de la partie.

Pour l'instant ça avait l'air de marcher, elle avait déjà franchi les deux premiers postes de contrôle sur son chemin sans que les gardes ne lui posent de problèmes. À mesure qu'elle avançait, elle remarqua qu'à intervalle régulier, tous les trente pas environs, d'autres passages bifurquaient du tunnel principal. Il y avait de l'activité dans nombres de ces boyaux secondaires et, cédant à la curiosité, Sakura finit par s'arrêter devant l'un d'eux pour observer ce qui s'y passait. Elle découvrit qu'il était occupé par un Biopistes et deux factotums penchés sur une table en pierre et ayant à portée de main tout un matériel complexe et étrange. Sur la table était allongé un homme et dont les membres étaient ligotés à l’aide de courroies et qui émettait des supplications plaintives malgré son bâillon. En s’approchant discrètement, la Rose fut prise d’un haut-le-cœur en se rendant compte que les trois «scientifiques» étaient en train de disséquer leur malheureux cobaye alors que celui-ci était encore vivant et conscient !

Ils contemplèrent le résultat de leur sinistre ouvrage en hochant la tête avec dépit. La Rose vit l’homme tressaillir malgré ses liens, puis s’immobiliser brusquement. Le Biopiste se pencha alors pour examiner le cœur mis à nu, puis il s’adressa en grommelant à ses assistants, se plaignant que l’expérience avait échoué, une fois de plus. Une telle cruauté inhumaine emplissait la Rose de colère, mais elle se garda d'intervenir, de peur de compromettre sa mission et elle ne tarda pas à déguerpir. Elle arriva bientôt en vue d'une vaste porte en acier devant laquelle se trouvaient 5 soldats qui discutaient. Elle s'approcha d'un pas assuré, ayant désormais bien plus confiance en son déguisement, et les salua en sortant son laissez-passer. Le plus gros des gardiens lui arracha brusquement le document des mains pour l’examiner rapidement, puis se tourna vers ses camarades et leur fit un clin d'œil.

"Alors comme ça, on veut aller au Kusuriya ?" demanda-t-il à la Rose en ricanant, rapidement imité par ses compères.

"Heu… Oui, et alors ?" demanda Sakura en haussant un sourcil, elle n'aimait pas ce qui était en train de se passer.

"J'veux bien t'laisser passer." expliqua le soudard avec une lueur d'avidité dans les yeux, "Mais ça te coutera 1200 ¥."

"Chacun." Renchérit un autre garde.

• Magnifique. Ils essayent de me racketter. • pensa la Rose, "Et pourquoi je devrai payer pour se rendre au Kusuriya ?" demanda-t-elle sans se laisser impressionner.

"Parce que mes amis et moi, on est à ce poste de contrôle." répondit un soldat en souriant largement.

"J'aimerais bien voir où il est écrit que je dois payer le passage !" s'énerva Sakura.

"Et nous on aimerait bien voir ton argent." gronda un des gardiens, perdant patience.

La Rose était coincée, elle ne pouvait pas sortir d'argent à moins d'abandonner son déguisement, aussi décida-t-elle de jouer le tout pour le tout :

"C'est grotesque !" s'exclama-t-elle d'un air farouche, "Je ne vais pas me laisser racketter par des gardes corrompus ! Mon maître Biopiste vous fera rôtir dans votre propre graisse !"

"Emparez-vous de lui !!!" ordonna le gros garde, visiblement peu impressionné - même plutôt énervé - par la menace.

Deux soldats se jetèrent sur elle pour la maîtriser, le gros gardien gloussa de plaisir à l'idée de dépouiller ce qu'il prenait pour un simple factotum. Après il lui trancherait la gorge et ferait disparaitre le cadavre, l'Azukarijo était assez grand pour qu'on ne le retrouve pas avant plusieurs jours. Cependant, Sakura avait saisi ou il voulait en venir, et n'allait pas se laisser faire.

Abandonnant son déguisement, elle se débattit et parvint à se libérer de l’un de ses gardiens pour enfoncer son poing dans la figure de l’homme, qui ne ressemblait plus à grand chose après l’épisode. Avec une vivacité incroyable, la Rose projeta son pied dans l'entrejambe du gros soldat, lui écrasant sa masculinité, puis elle pivota, faisant tourner son poignet de manière à ce que le coude de celui qui la maintenait se retrouve pointant vers le plafond. D’un coup violent vers le bas, Sakura disloqua le bras tendu du soldat. Les coups suivants mirent fin aux souffrances des deux gardes.

Bouches-bée, les deux soudards restant s'immobilisèrent et regardèrent avec des yeux ronds de stupeur les corps sans vie de leurs camarades. Redoutant de subir un sort identique, ils échangèrent un regard inquiet, mais les longues années d'impitoyable discipline guerrière qu'ils avaient derrière eux finirent par avoir raison de leur frayeur et, tels des automates, ils brandirent leur épée. Sakura ne leur laissa pas le temps de se mettre en mouvement, elle se projeta en avant et le premier soudard tomba au sol, un kunai profondément enfoncé dans la chair tendre de sa gorge. La Rose tourna sur un talon, esquiva un coup de sabre et enfonça violemment son poing dans le menton du dernier garde, emportant la base du crâne sur le coup.

Le dernier soldat venait à peine de s'écrouler mort aux pieds de Sakura qu'elle entendit des bruits de pas précipités venant vers elle, les cris d'agonie des hommes devaient avoir résonnés dans le couloir. Comprenant qu'il serait suicidaire de rester plus longtemps sur place, la Rose renonça à fouiller les cadavres et, sans l'ombre d'une hésitation, elle ouvrit la porte en acier et détala comme une flèche pour sauver sa peau, pestant contre l'avidité de ces soudards qui l'avaient forcée à abandonner sa couverture. Elle ignorait cependant que le fait de retrouver des gardes morts n'était pas inhabituel : les Exécuteurs de Jashin en tuaient parfois un ou deux quand ils s'ennuyaient de trop.

Sakura était au beau milieu du corridor quand elle entendit le pas d'un garde qui s'approchait, ses bottes heurtant le sol dans un bruit sourd. Vive comme l'éclair, elle se plaqua contre le mur le plus proche et utilisa le Jutsu de Camouflage afin d'échapper à son regard. Retenant son souffle, elle vit le soudard passer à moins d'un mètre d'elle, mais il ne remarqua pas sa présence. Elle sortit de sa cachette pour se faufiler comme une ombre derrière lui, sa main vint se poser sur le nez et la bouche du garde alors que la lame d'un kunai s'enfonçait dans sa nuque, entre la troisième et la quatrième vertèbre, comme Tsunade-Sensei lui avait appris à faire. Ses nerfs coupés net, l'homme s'écroula rapidement et en silence, mais avant même que le corps n'ait glissé au sol, la Rose avait déjà disparu dans le corridor. Un autre soldat se profila au détour d'un couloir, un éclair scintilla dans la main de Sakura alors qu'elle passa sans ralentir à coté du garde. Celui-ci s'écroula en portant la main à sa gorge, essayant futilement d'en ôter le kunai qui s'y était enfoncé mais ne put produire qu'un gargouillis désespéré.

La Rose accéléra encore le pas, le Kusuriya n'était plus très loin maintenant.



Dans une petite ruelle, Lee et Neji s'arrêtèrent au pied du mur d'un immeuble situé en bordure du grand temple de Jashin et levèrent la tête pour prendre mesure de sa hauteur. Neji s'accrocha au mur et commença à l'escalader sans effort, mais Lee ne pouvant se servir de son chakra afin de coller à la paroi, celui-ci devait utiliser une façon plus traditionnelle pour grimper en haut du bâtiment, ce qui n'allait pourtant pas arrêter l'Exaltation Étincelante de la Jeunesse ! Le corps du Fauve de Jade se ramassa sur lui-même avant de bondir dans une détente fulgurante, il gravit le mur sans ralentir, usant de la moindre aspérité pour donner un nouvel élan a son ascension. Au dessus de lui, Neji l'observait faire, et bien qu'il lui en coutait de l'admettre, son coéquipier savait parfaitement compenser sa totale inaptitude à malaxer son chakra. Il sourit en se disant que sans Gaï-Sensei, Lee n'aurait sans doute jamais réussi à ne serait-ce que devenir Genin.

En un instant, les deux ninjas avaient atteint les toits et observèrent l'édifice dont l'architecture brutale et martiale dominait les maisons environnantes. Le temple qui leur faisait face ressemblait plus à une petite forteresse qu'à un lieu de culte, tout à fait dans l'esprit de la divinité belliqueuse à laquelle il était voué. Les arcs-boutants étaient ornés de statues aux traits adoucis, estompés par des décennies d'expositions aux éléments, elles représentaient des saints de cette religion : tous des tueurs dévoués à Jashin. Les deux ninjas s'autorisèrent une pause pour faire le point.


"Neji et Lee, vous aller avoir une mission délicate." expliqua Shikamaru, "Erwan veut que nous placions cette bombe dans l'arène, mais le problème, outre le fait que nous risquons de tuer Tenten dans l'opération, est que si nous faisions ça, nous éliminerions un tyran pour le remplacer par un autre, encore pire. Il vaudrait mieux l'éviter, c'est pourquoi vous allez vous introduire dans le Grand Temple de Jashin où vous y placerez la bombe, ce qui aura pour effet de non seulement détruire le cœur spirituel de la ville, mais également de tuer le Grand Prêtre qui y réside en permanence."

Neji n'était pas de cet avis :

"Je pense qu'il serait plus judicieux de placer cette bombe alchimique dans l'Azukarijo. Commoragh est une ville située en plein désert, les habitants ont besoin d'eau potable pour survivre, et comme toute l'eau est extraite là-bas je pense qu'il n'est pas insensé de faire de la destruction de ce site une priorité."

"Il n'a pas tort." approuva Temari, "L'eau est une ressource primordiale dans le désert. Les frapper dans leur foi va les désorienter, c'est certains. Mais frapper leurs réserves d'eau douce les obligera à aller en trouver ailleurs, et il n'est pas dit que tout le monde puissent survivre aux voyages."

Le manipulateur d'ombre réfléchit à la question quelques instants, cela avait un certain sens, mais le Grand Prêtre devait être éliminé pour décapiter définitivement Commoragh.

"Nous ferons comme j'ai dit. Sakura, si tu as une occasion pour saboter leurs pompes ou leurs réserves d'eau, il ne faudra pas hésiter, mais ta priorité reste l'antidote pour Tenten. Quant à vous, Lee et Neji, vous irez placer la bombe alchimique au temple. Il doit être bien gardé, alors soyez extrêmement discrets. Il est indispensable que personne ne sache ce que vous allez y faire, en fait il serait même mieux que personne ne sache que vous y êtes allés."


Ils se regardèrent un instant, puis, hochant chacun la tête, ils se mirent à courir sans difficulté sur les tuiles en terre cuite, pourtant rendues glissantes par le sable qui s'y accumulait, déposé par les tempêtes qui balayaient régulièrement la cité. Au faite du toit, les deux ninjas bondirent et semblèrent s'envoler, ils atterrirent souplement vingt-huit mètres plus loin sur le chemin de ronde du temple. Jetant un bref coup d'œil sur la place en contrebas afin de s'assurer que personne ne les avait repérés, Neji remarqua que le lieu était tout de même étrangement désert mais il mit ça sur le compte du spectacle qui allait se dérouler dans l'arène, la nouvelle du combat entre Tenten et Karn'Aj ayant été largement diffusée.

Ils marchèrent le dos vouté le long des remparts vers une porte en fer encastré dans le mur dont il ne fallut pas plus de quelque secondes au ninja au yeux d'ivoire pour en crocheter la serrure et découvrir un corridor illuminé par des torches courant vers la droite et vers la gauche, ainsi qu'un garde assis dos au mur qui ronflait avec conviction, sa tête casquée de cuir penchée sur l'épaule et sa lance étendue à ses pieds. Les deux ninjas passèrent devant lui et refermèrent sans un bruit la porte.

Guidés par le Byakugan du ninja aux yeux d'ivoire, les deux se dirigèrent vers la droite, jusqu'à un palier où trois soldats s'étaient dissimulés pour jouer aux cartes, buvant du saké et se partageant une pipe à tabac à l'arôme puissant. Les soudards étaient si absorbés par leur jeu qu'ils ne virent pas s'approcher les deux ninjas, et lorsqu'ils s'aperçurent enfin de leur présence il était trop tard : tombant sur eux comme la foudre, les trois gardes furent promptement réduits au silence. Lee et Neji trainèrent les corps à l’abri des regards pour éviter qu'une éventuelle patrouille ne les découvre et ainsi ne laisser aucune trace de leur passage dévastateur.

Cette pénible tâche accomplie, les deux ninjas se hâtèrent de descendre en silence les escaliers mais ils stoppèrent au dernier palier, un garde était posté devant la sortie, et bien qu'il leur tourne le dos, celui-ci semblait bien plus alerte que les quatre qu'ils avaient croisés jusque là. Lee eut une soudaine idée et remonta les marches quatre à quatre. Neji haussa un sourcil en s'inquiétant, étant donné que les idées du Fauve de Jade impliquaient toutes sans exception des cris enthousiastes, de la passion débordante et surtout des pieds placés un peu n'importe où, mais surtout dans la figure.

Il le vit descendre avec une des bouteilles de saké des gardes joueurs d'en haut, ce qui ne fit qu'inquiéter d'avantage le ninja aux yeux d'ivoire, connaissant les effets redoutables que l'alcool avaient sur le Fauve de Jade. Avant que Neji n'ait pu dire quoi que ce soit, Lee avait enjambé le rebord du palier d'où il bondit sans hésiter dans le vide. Les pieds en avant, il retomba de tout son poids sur le dos du garde, contraignant sa vilaine trogne à embraser le sol avec une ferveur aussi soudaine qu'imprévue et l'assommant pour le compte. Le Fauve de Jade resta un instant étourdit par la violence du choc, mais il recouvra vite tous ses esprits ; quant au garde, la superbe bosse qui déformait son front laissait présager qu'il lui faudrait un certain nombre d'heures avant de retrouver ses sens.

Lorsque Neji arriva, Lee avait placé le garde dos au mur, versant un peu de saké dans sa bouche et plaçant la bouteille dans sa main, laissant croire qu'il s'était saoulé et avait fini par s'écrouler ivre-mort. Le Fauve de Jade adopta la pose du Nice Guy™ devant le Hyuuga, fier de ce qu'il avait fait. Neji leva les yeux au ciel et soupira d'un air las.

Ils franchirent la porte qui donnait sur la tribune et découvrirent pour la première fois l'intérieur du temple dont la voute raisonnait du brouhaha d'une foule de fidèles présente à l'intérieur de la nef. Les deux ninjas s'approchèrent discrètement de la claire-voie et furent frappés par l'architecture.

Les colonnes cannelées s’élevaient d’une cinquantaine de mètres vers la voûte noyée dans les ombres et la fumée du sanctuaire. Enchâssés dans des alcôves, des vitraux hauts de quinze mètres représentaient d'horribles scènes de massacres, dont les images brillaient à la lumière éclatante du soleil du désert. L'une d'elle attira particulièrement l'attention des deux ninjas et, malgré la répulsion qu'elle leur inspirait, ils n'arrivaient pas en détacher leur yeux : il s'agissait d'un groupe d'hommes et de femmes en proie aux pires souffrances, livré à la férocité d'énormes chiens qui les mettaient en pièces. Cette image leur était d'autant plus insupportable qu'ils reconnaissaient, en ces malheureux, les habits des gens de Konoha !

Ils détournèrent tristement la tête, interprétant cette image comme un avertissement de ce qui arriverait s’ils venaient à échouer et continuèrent d'examiner le reste du hall du temple. Au centre, de part et d'autre de l'allée principale, deux rangées de statues de pierre se faisaient face, formant une haie jusqu'au chœur, et bien que ces statues soient d'apparence humaine, l'expression de douleur et de désespoir intense qui se peignait sur leurs visages déformait leurs traits au point de les rendre grotesque. Le chœur était plutôt obscur, le faible éclairage n'en était assuré que par des cierges et des encensoirs fumants, ainsi que par des chandeliers ornementés.

En observant la masse de personne située en dessous d'eux dans la nef, Lee et Neji se rendirent compte qu'il ne s'agissait pas de fidèles, comme ils l'avaient tout d'abord pensé, mais des soldats en armes. Un régiment complet avait apparemment investi le temple, il y avait au moins 300 gardes qui s'entassaient depuis le narthex jusqu'au chœur, certains occupés à de basse besognes, d'autres exerçaient leurs réflexes au cours de joute à la lance, et tandis que les deux ninjas se creusaient vainement la tête en essayant de comprendre pour quelle obscure raison le temple fourmillait de soldats, c'est à ce moment que le regard du ninja aux yeux d'ivoire tomba sur les deux corps sans vie sur les marches menant à l'autel.

Ils étaient allongés sur le dos, immobiles, leurs yeux aveugles résolument fixés sur la voute du temple. Leurs corps nus étaient percés de plaies sombres, leurs os disloqués et leurs membres tordus selon des angles incongrus. Une plaie s’ouvrait au centre de la poitrine des deux victimes, révélant des côtes brisées. Quelques heures auparavant, ces cadavres avaient été des hommes et quelle qu’ait été leur fin, elle avait été violente, mais il n’y avait cependant pas assez de sang dans les environs. L'un d'eux avait son visage encore intact ; il était jeune, sans doute pas plus de douze ans, sa peau était lisse, son torse imberbe. Neji remonta vers le tissu rouge sombre qui drapait le bloc de pierre qui servait d’autel et il comprit sur-le-champ où était tout le sang.

Le tissu en était détrempé. Le liquide cramoisi gouttait de ses bords, touchant le sol en longs filets poisseux et commençait à y cailler. Au centre étaient posés deux objets bulbeux et humides. Le ninja aux yeux d'ivoire comprit avec une révulsion sans pareille ce que c'était. Les cages thoraciques ouvertes. Les trous béants dans la poitrine des cadavres. Leurs cœurs étaient posés là.

Deux cœurs.

Il y eut un long silence, pendant lequel Neji ne put que combattre l’horreur qui l’envahissait. Lee lui toucha l'épaule, lui demandant ce qui lui arrivait. Le Fauve de Jade n'ayant pas l'acuité visuelle des Hyuuga, il ne pouvait saisir toute l'horreur de la scène qu'offrait le chœur du temple. Le ninja aux yeux d'ivoire se secoua et tenta de retrouver l’assurance avec laquelle il avait entamé cette mission. Lui qui, au début, doutait de l'utilité de détruire ce temple comme le leur avait demandé Shikamaru était désormais convaincu que ce lieu maléfique devait être purgé par le feu et l'acier.

Se déplaçant aussi silencieusement que des ombres le long de la tribune, Neji et Lee s'arrêtèrent au dessus d'un escadron d'une trentaine de soldats qui petit-déjeunait à grand bruit d'une montagne de quartiers de viande arrosés d'une immonde piquette aux relents saumâtres. Les deux ninjas écoutèrent leurs bavardages dans l'espoir de glaner quelques renseignements sur ce qui se passait, mais leur patience ne fut guère récompensée : ces stupides soudards semblaient uniquement se soucier de rivaliser de mauvaise foi et de vantardise en exagérant les sanglants succès des derniers affrontements auxquels ils avaient participé dans les rues de la cité. Cette lamentable discussion de corps de garde apprit néanmoins une information d'importance aux ninjas : sous le chœur du temple se trouvait une profonde crypte, un endroit que Neji jugea idéal pour y placer leur engin de mort.



Le tunnel d'égout dans lequel se déplaçaient le Grand Prêtre de Jashin et son escorte était sombre et moite, de gros cafards grouillaient sur les murs de béton couverts d'algues gluantes. Le sol du boyau était invisible sous la soupe infâme de trente centimètres de profondeur qui le recouvrait et chaque pas laissaient s'élever des vapeurs de gaz putrides à l'odeur asphyxiante qui prenaient les membres du groupe à la gorge. À intervalles réguliers, des canalisations déversaient leurs eaux sales qui tombaient en cascades du plafond et nombre d'entre elles étaient colorées en jaune vif ou en brun rougeâtre car cette section des égouts passait juste sous le quartier de la confection de Commoragh où la Guilde des Tisseurs faisait fonctionner ses nombreux ateliers de foulons2. Les teintures usées étaient jetées directement dans l'égout, colorant ainsi les eaux graisseuses du collecteur principal.

Peu après la messe de ce matin, des informateurs étaient venus le prévenir que Caduceia était en train de réunir un régiment complet de soldats avec l'intention d'investir le temple. Le Grand Prêtre savait ce que cela signifiait : le Roi Hakyou avait décidé de se débarrasser de lui. Celui-ci ignorait cependant qu'il s'y était pris trop tard, sa mort était déjà programmé, tout avait été soigneusement préparé.

En attendant, il ne pouvait se risquer à une confrontation directe qui pouvait compromettre tout son plan, et malgré le fait que cela l'enrageait, il avait dû s'éclipser rapidement du temple en employant un passage secret menant dans les égouts, où il se trouvait à présent, jusqu'à une cache dans laquelle il pourrait attendre bien à l'abri l'explosion de la bombe dans l'arène. Se débarrasser de Caduceia serait ensuite une simple formalité.

Elle avait au moins eu le bon goût de lui laisser le temps de faire les sacrifices matinaux, car ça l'aurait vraiment ennuyé de ne pas pouvoir rendre l'hommage approprié à Jashin. Tuer était une nécessité pour le Grand prêtre, bien que cela fasse bien longtemps que cela ne lui procurait plus aucun plaisir. Toutes ces années d'office lui avaient permis d'explorer en profondeur chacune des facettes de l'âme humaine. Il avait découpé, torturé, broyé, étranglé, lacéré et démembré un nombre incalculable d'êtres humains au cours de sa longue vie, même s’il était à présent incapable de se remémorer la moindre de ces scènes. Elles se confondaient toutes en un vague souvenir d'horreur banale dans lequel s'était peu à peu dilué son intérêt pour le massacre. Tuer était devenu pour lui un acte machinal, un peu comme quand un quidam disait "Bonjour" ou "À vos souhaits".

Pour les gens du peuple, Jashin était souvent associé à tort avec Shinigami, car leurs doctrines étaient relativement proches, mais c'était faire là une erreur grossière. Shinigami était le Dieu de la Mort. Un dieu intransigeant, impartial, sérieux et parfois sévère. Il entendait faire comprendre que la mort faisait partie de la vie, que ce n'était pas un châtiment, mais plutôt une nécessité à laquelle il était vain d'essayer à tout prix d'échapper, car s’il y avait un commencement, il devait y avoir une fin. Ces adeptes assistaient les mourants, les morts et leurs familles, s'occupant des funérailles et s'assurant que les affaires des morts étaient réglées correctement. Dans des cas exceptionnels, ils pouvaient offrir une mort rapide et sans douleur à ceux pour qui celle-ci ne serait que délivrance.

Nuance subtile, Jashin lui était le Dieu du Meurtre. Un dieu mesquin, capricieux, tyrannique et sadique qui affectionnait surtout les morts violentes ou rituelles. Pour lui, l'existence même de tous ces êtres qui s'entêtaient à ne pas vouloir mourir était une aberration, la vie ne pouvait être prolongée que si elle servait de grandes causes pour la mort. Il était du devoir de ses adeptes de chercher à abattre toutes formes de civilisations afin que le monde s'effondre dans un maelström de carnage et d'autodestruction. Aucun de ses fidèles ne devait ni ne pouvait rester sans tuer et ils n'étaient pas du genre à faire dans la dentelle : quand un groupe d'adepte se retrouvait à cours de victimes, ils étaient tout à fait capable de se sauter à la gorge les uns les autres et cela se soldait invariablement par la mort du plus faible d'entre eux. Telle était la cruelle vérité que découvrait, souvent trop tard, ceux qui côtoyaient les adorateurs de ce dieu.

Malgré le fait qu'il soit à la tête d'une religion entièrement dédiée à Jashin, le Grand Prêtre n'avait heureusement pour lui jamais totalement succombé à la frénésie assassine du Dieu à la Main Sanglante. Il savait qu'une fois que le voile rouge était tombé devant les yeux d'un ninja, sa survie était hypothéquée, or le Grand Prêtre avait une mission à accomplir.

Les dix Exécuteurs qui étaient partis du temple avec lui pour l'escorter n'étaient plus que six maintenant. Le Grand Prêtre en avait tués trois de ses propres mains dans sa frustration, le dernier avait glissé sur une immondice caché dans la vase et était tombé la tête la première dans le liquide visqueux. Le flot de déchets toxiques avait pénétré par son nez et sa bouche ouverte, il avait à peine eu le temps de se relever en vomissant un flot de matière glaireuse avant de s'écrouler raide mort, terrassé par les bacilles qui proliféraient dans cette fange.

Le groupe avança rapidement jusqu'à une lourde et solide herse en fer. La carcasse décomposée d'un homme était écrasée de l'autre côté de la grille, le cadavre avait été dévoré par les habitants du cloaque et il ne restait plus sur ses os mis à vif que quelques lambeaux de chair pourrie. Près de la herse dépassait légèrement du mur une étroite plate forme en pierre qui menait à un passage vouté et sombre au bout duquel se trouvait un escalier qui montait vers la surface. Le Grand prêtre désactiva les sceaux de protection et s'engouffra dans le passage qui le mena vers une pièce construite au dessus du tunnel. Les Exécuteurs rebroussèrent chemin avec l'ordre d'aller vérifier que tout se déroulait selon le plan, non pas que le Grand Prêtre s'attendait à ce que quelque chose dérape mais ces longues décennies de guerre lui avait appris qu'on était jamais plus vulnérable que lorsqu'on se croyait justement à l’abri de toute embûche. Tout avait été méticuleusement prévu, mais un coup de théâtre était toujours possible.

Le Grand Prêtre s'assit dans un fauteuil en ébène et ôta ses bottes, incommodé malgré lui par la puanteur fétide des égouts qui parvenait encore jusqu'à ces narines, mais cette gène n'était qu'un faible prix à payer en comparaison de ce qu'il allait réaliser, et la récompense allait être à la hauteur de ses efforts. Au moment où son ancien Village Caché avait été réduit en cendre par les ninjas d'Iwa, le Grand Prêtre avait su que son heure était venue. Après l'entrevue entre Hakkyou et le Daimyo, pousser les survivants à commettre un massacre dans le palais (pendant lequel tous prêtèrent allégeance à Jashin) avait été aussi facile que de pousser des petits enfants à jeter des pierres sur un oisillon tombé du nid.

Suivant les Visions que leur avait envoyées leur nouveau Dieu, ils s'étaient dirigés vers les canyons de Bran-Ô-Kor jusqu'au monastère au fond duquel se trouvait la tombe-prison où la forme physique de Jashin avait été enchaînée après sa défaite. Là, le groupe, qui s'était attendu à devoir affronter de nombreux moines-ninjas, ne trouva que des ruines : ceux qui avaient jurés de protéger l'humanité des ravages du Dieu à la Main Sanglante avaient peu à peu succombé à l'insanie provoqué par les Visions du Dieu Endormi.

Lorsque le groupe était entré dans la crypte, devant la manifestation physique de Jashin enchainée ici, le Grand Prêtre était tombé à genoux et avait entonné les prières de dévotion. Il avait cru toucher au but, mais le Dieu était trop faible pour être réveillé maintenant, de nombreux sacrifices allaient être nécessaire pour lui redonner la force de s'élever à nouveau. La rumeur que le monastère était à nouveau habité s'était répandue comme une trainée de poudre, des centaines d'adorateurs s'étaient présentés devant ses portes pour pouvoir servir leur Dieu et ses nouveaux Hérauts, le village de tentes devint bientôt une ville, qui fut transformé en forteresse par Hakkyou : Commoragh était née.

Mais le Grand Prêtre avait fini par comprendre que jamais Hakkyou ne le laisserait briser les liens de Jashin, il avait besoin du Dieu pour assoir son pouvoir : il ne servait pas Jashin, il se servait de lui, et il méritait la mort pour cette hérésie. Le maitre de Commoragh n'était qu'un sot : il savait qu'il avait fait un pacte avec le diable, mais il n'avait simplement jamais réalisé ce que ça allait lui coûter.



Tapie dans l'ombre d'une alcôve, Sakura observait les soldats devant une porte au dessus de laquelle se trouvait un symbole représentant un mortier et un pilon, indiquant que c'était là le Kusuriya. L'antidote pour Tenten était désormais à porté de sa main, mais il fallait préalablement se débarrasser des deux gardes qui n’étaient pas très vigilants et affichaient une trop grande décontraction, ce qui allait leur coûter la vie. Ils étaient adossés contre le mur, fumant et bavardant, leurs armes situées bien trop loin de leurs mains. Cette stupidité était impardonnable, mais la Rose se montrait toujours reconnaissante quand ses ennemis faisaient preuve d’une telle bêtise. Comme souvent avec les soldats, ils se plaignaient de leurs affectations et de leurs supérieurs. Sakura savait qu’ils n’allaient plus se lamenter bien longtemps. La kunoichi sortit de l'ombre et fonça sur la porte. Le premier garde mourut sans faire un bruit, le kunai de la kunoichi ayant frappé à la base du crâne. Il s’écroula et la Rose récupéra sa lame avec autorité avant de virevolter et de tenter de la planter dans la gorge du second garde, mais celui-ci eut le réflexe salvateur de plonger en arrière.

Sakura se lança sur lui, pour se retrouver nez à nez avec la pointe de l'arbalète à répétition du soldat qui pressa immédiatement la détente ! Dans un geste désespéré, la Rose leva son arme pour tenter de dévier le carreau mais elle n'y parvint qu’à moitié : le trait ricocha et creusa un sillon sanglant dans son cuir chevelu. La kunoichi tomba sur le côté en grimaçant de douleur, le garde s'était prestement remis debout en réarmant son arbalète et un nouveau trait fila vers Sakura qui parvint néanmoins à l'esquiver à temps et le carreau alla se ficher dans le sol. Poussant un juron de dépit, le soldat encocha fébrilement un nouveau trait mais il dut retenir sa main quand deux autres soudards qui faisaient leur patrouille découvrirent le combat et se ruèrent sur la Rose en tirant leurs armes de leurs fourreaux.

D'un entrechat, la kunoichi esquiva une botte furieuse, puis plongea souplement pour éviter un moulinet avant de contre-attaquer avec la rapidité d'un cobra. Les deux gardes s'effondrèrent sur le sol avec la même expression d'incrédulité stupéfaite dans leurs yeux cruels, puis Sakura pivota rapidement sur ses talons pour faire face au dernier soldat au moment où il tirait son troisième carreau avec un ricanement sinistre. Anticipant sa trajectoire, la Rose s'élança vers le trait, et à la seconde même ou il allait l'atteindre, elle fit un bond sur le côté pour l'éviter. Complètement déconcerté par qu'il venait de voir, l'ombre de la terreur passa sur les yeux du soudard juste avant que Sakura ne lui place son poing en plein ventre, l'envoyant mesurer la taille du couloir de la longueur de son cadavre.

La Rose souffla un instant en remerciant intérieurement le ciel que les soldats qu'elle venait d'affronter n'aient pas eu l'idée d'appeler plus de renfort. Elle posa sa main sur la vilaine entaille à la tête que le garde lui avait faite et une douceur tiède se répandit alors sur son cuir chevelu tandis que son jutsu de soin guérissait la plaie. Lorsqu'elle ôta sa main, il ne restait plus traces de la blessure, pas même la moindre petite cicatrice. Une fois que ce fut fait, elle poussa la porte du Kusuriya qui n'était pas fermé à clé.

Sakura eut soudain l'impression qu'un danger imminent la menaçait. En effet, si cette pièce se trouvait être l'endroit où l'on gardait précieusement, tel un trésor, les drogues de combat, les potions, les poisons et leurs antidotes, alors pourquoi la porte n'était-elle pas verrouillée et sévèrement gardée ? Frémissant d'anxiété, elle se glissa prudemment à l'intérieur, il s'agissait bien du Kusuriya et elle regarda les centaines de bocaux de verres, soigneusement étiquetés, dont les nuances de teintes diverses et irisées coloraient les grandes étagères sur lesquelles ils s'entassaient. Il y avait là toutes les substances possibles et imaginables, de la poussière la plus ordinaire à la précieuse poudre d'or, sans compter les liqueurs et les ingrédients les plus divers, il y avait aussi des dizaines de jarres contenant toutes sortes d'herbes et d'épices qui étaient alignées contre les murs. Le regard de la Rose tomba sur un bureau sur lequel se trouvait un registre posé à côté d'un crâne reconverti en encrier. Elle commença à inspecter le livre pour trouver oà était rangé l'antidote pour Tenten quand un grondement sourd s'éleva derrière elle.

La kunoichi se retourna vivement et découvrit avec effroi pourquoi la porte n'était pas fermée : le gardien des lieux - une créature féline contrefaite de la taille d'un petit cheval dont les muscles saillants roulaient sous sa peau glabre - la fixait avec ses yeux cruels. Retroussant ses babines en révélant une rangée de crocs aiguisés comme des poignards, le Tigre de Jashin poussa un grognement féroce avant de s'élancer toutes griffes dehors sur Sakura qui eut à peine le temps de se jeter sur le côté pour éviter la charge furieuse de la bête.

Le monstre atterrit sur le bureau qui vola en éclat, arrosant la kunoichi d'une pluie d'écharde. Celle-ci n'eut pas le temps de se redresser que le Tigre de Jashin fut déjà sur elle, la clouant au sol, elle parvint de justesse à placer ses mains sous la gorge du monstre, maintenant à grand peine à quelques centimètres de son visage la gueule écumante du monstre qui rugissait. Sakura frappa des deux pieds dans le ventre de la bête, son coup boosté au chakra propulsa le Tigre de Jashin au plafond qu'il percuta avec violence, avant de retomber au sol avec fracas.

La kunoichi se releva, un peu groggy mais heureuse d'être encore en vie, cependant l'animal n'était pas mort lui non plus ! Il se relevait déjà tant bien que mal, fusillant la Rose de ses yeux verts. Il boitait, son dos saignait abondamment et il devait avoir quelques cotes cassées, mais il semblait malgré tout bien décidé à faire de Sakura son quatre heures. Elle le regardait droit dans les yeux, comme si elle aussi était un prédateur. Le Tigre de Jashin semblait néanmoins souffrir de ses blessures, mais même si ses mouvements étaient moins rapides, il restait malgré tout une sympathique machine à tuer.

Il sauta vers elle et la Rose fit un pas de côté, frappant au passage, mais son kunai glissa sur la peau épaisse de la bête. Elle jura ; ni ses leçons de Taijutsu, ni ses combats contre les gardes ne l’avaient préparé à pareil affrontement : ce n’était pas un duel, mais un véritable corps à corps ; primitif, sauvage et sans merci. Le Tigre de Jashin bondit à nouveau, sa mâchoire se referma en claquant sur l'avant-bras de Sakura et il la jeta à terre. Le grondement de la bête emplit les oreilles de la kunoichi qui cria alors qu'une douleur fulgurante remontait le long de son bras.

Elle abattit son kunai dans la tête du tigre mais la pointe ricocha sur le crâne dur comme pierre. Donnant un dernier coup désespéré, elle enfonça sa lame dans l'œil de la bête qui la relâcha en poussant un grognement de fureur et de douleur mêlée. Sakura se remit sur pieds, ignorant la souffrance qui irradiait de son bras en charpie et cherchant un moyen d'en finir rapidement avec le monstre devant elle qui secouait frénétiquement la tête pour en déloger le kunai qui dépassait de son œil.

Les yeux de la Rose tombèrent sur un sabre, posé opportunément au sol à quelques mètres d'elle, et une idée germa dans son esprit. Elle fit un roulé-boulé, attrapant l'arme au passage et, le sabre pointée vers le sol, la kunoichi se jeta sur le Tigre de Jashin qui tint bon, ramassé sur lui-même, les crocs découverts par un rictus de rage.

Sakura frappa en un arc large, et la bête bondit, sautant vers elle pour éviter l’attaque. La Rose avait anticipé l’action et fit vriller sa lame, transformant le coup de taille en estocade, appuyé par tout l’élan de sa charge. Le sabre alla à la rencontre du monstre, traversant sa gorge et s’enfonçant profondément dans son corps. L’animal tomba, arrachant l’arme des mains de Sakura comme un sang épais giclait de la blessure. Il fut pris de convulsions, essaya de se relever, essaya de grogner, découvrit une dernière fois ses dents et mourut.

Sakura tomba à genoux en grimaçant à cause de la douleur dans son bras, mais elle imposa sa main sur la blessure et mit en œuvre ses jutsus de guérisons sans perdre un instant. Peu à peu, elle sentit les os et les tissus déchirés se ressouder sous l'effet du chakra régénérateur qu'elle leurs insufflait. Se faisant, elle se pencha sur le cadavre du Tigre de Jashin dont les yeux vert devenaient vitreux, prenant progressivement l'aspect dur et froid du jade. Tsunade-Sensei aurait surement été fière de sa disciple : elle avait porté une botte techniquement parfaite, suscitant une blessure profonde, la lame s’était enfoncée dans la cage thoracique par le dessus, touchant sans doute le cœur et les poumons sur le trajet.

La Rose porta son attention sur le registre et recommença à le feuilleter, mais elle ne put que constater avec dépit que celui-ci était couvert de grosses taches noires : l'encrier s'était renversé dessus lorsque le Tigre de Jashin avait percuté le bureau. Elle décida de passer en revue tout les produits alignés sur les étagères. Heureusement, les habitants de Commoragh semblaient très méthodiques, et pas seulement dans l'horreur, leur classement n'était pas très compliqué à comprendre et après seulement quelques minutes de recherche entre les étagères, elle mit la main sur ce qu'elle était venue chercher. Elle embarqua deux ampoules d'antidote ainsi qu'une de poison - ce genre de mixture allait certainement intéresser les Apothicaires de Konoha - ainsi que quelques produits dont elle connaissait les propriétés.

Les réflexes de Sakura la repoussèrent sur la gauche avant même que son esprit n'enregistre la menace : un kunai qui s’enfonça avec un bruit sec dans l'étagère à l'endroit où elle se trouvait une seconde plus tôt. Se tournant dans la direction d’où celui-ci était venu, elle constata qu'un homme était entré dans la pièce, si silencieusement qu'elle ne l'avait pas remarqué, se tenant là où elle s'était battu avec le Tigre de Jashin. La Rose déglutit avec difficulté en voyant que ce n'était pas un simple garde, mais un Exécuteur de Jashin !

Erwan leur avait parlé de ses ninjas au service du Grand Prêtre. Tous étaient au niveau des meilleurs Juunins des autres Villages Cachés, des tueurs chevronnés avec un goût prononcé pour le meurtre et la mutilation. En d'autres termes, s'attaquer à cet homme, même s’il était seul, serait aussi suicidaire que d'essayer de s'en prendre à Kakashi-Sensei. Elle devait pourtant sortir d'ici ! Cependant, le ninja n'attaquait pas, se contenant de la regarder avec un sourire mauvais, et Sakura réalisa ce qui était en train de se jouer. Elle avait déjà observé des triades de prédateurs opérer de cette façon, l'un d'entre eux se dévoilait, laissant leur victime se focaliser sur lui, et c'était à ce moment que l'attaque survenait. Elle ne venait pas de face, non, mais par les cotés, de deux autres prédateurs que la proie n'avait même remarqués. Sans hésiter plus longtemps, la kunoichi tenta de passer en force et se jeta en avant vers l'Exécuteur. La réaction fut immédiate : deux kunais s'enfoncèrent profondément dans son dos.


Le corps sans vie de la Rose tomba lourdement aux pieds de l'Exécuteur, et celui-ci fut rapidement rejoint par deux autres ninjas qui étaient dissimulés dans le Kusuriya, ceux qui venaient de lancer les projectiles mortels, les deux kunais ayant chacun pénétré entre les vertèbres thoraciques pour toucher la moelle épinière.

"Une bonne chose de faite." dit l'un d'eux.

"Exact, par contre comment elle a pu arriver jusqu'ici est une question qui va nécessiter des réponses, et ceux à qui on va demander ne vont pas aimer." grogna le premier en se penchant sur le cadavre…

… qui disparu dans un nuage de fumée, laissant la place à un gros rondin de bois…

… auquel était accroché 4 parchemins explosifs !

"Petite futée…" arriva juste à admettre l'un des Exécuteurs au moment où tout sauta.

La puissance de l'explosion souffla les deux premières rangées d'étagères et fit basculer les suivantes dans un fracas de verre brisé, provoquant un bel effet domino qui s'étendit rapidement à tout le Kusuriya dans lequel les vapeurs nocives de toutes sortes de produits se mélangèrent en un cocktail mortel. Emergeant de cette apocalypse par le trou dans le mur du fond qu'avait fait Sakura pour s'échapper, les trois Exécuteurs de Jashin toussaient et maudissaient la kunoichi, lui promettant mille morts. L'un d'entre eux attrapa un des soldats qui étaient venus voir ce qui se passait et lui ordonna d'un ton agressif :

"Va donner l'alerte ! On a un intrus, une fille aux cheveux rose. Je la veux morte ou vive, d'ailleurs morte serait beaucoup mieux !"

Il relâcha le soldat qui s'éloigna aussi vite qu'il le put, tant à cause de sa terreur que pour exécuter l'ordre qu'on venait de lui donner. Personne n'avait jamais réussi à entrer dans l'Azukarijo sans y être invité et à en ressortir vivant. Les trois Exécuteurs jurèrent que cette petite garce ne serait pas l'exception !



Neji et Lee étaient à présent dans une chambre déserte emplie d'une profusion de sacs, de caisses, de coffres et de barriques de chêne. En face d'eux se trouvait une porte à travers laquelle le Hyuuga inspectait le transept qui s'étendait derrière. C'est alors que les sens aiguisés de Lee perçurent un léger couinement derrière lui. Intrigué, il s'approcha à pas de loup vers l’origine du bruit, mais les craintes du Fauve de Jade se dissipèrent lorsqu’il découvrit deux rats aux oreilles déchirées engagés dans un duel farouche autour d'un os garnis de chair. Lee étouffa un rire en voyant, contre toute attente, le plus petit mettre finalement son adversaire en fuite et emporter avec fierté sa prise conquise de haute lutte.

Il regarda le petit rat s'éloigner en trottinant quand Neji lui fit signe d’approcher. Il lui expliqua qu’il avait pu voir deux portes massives taillées dans une solide épaisseur de cristal situé sur le côté du chœur et qui semblait mener à la crypte, mais le passage était toutefois gardé par des soldats qui patrouillaient par dizaines dans et autour de la nef. Le ninja aux yeux d’ivoire préféra ne pas parler de la puissante aura de haine et de perfidie se dégageait des sous-sols, ni que son Byakugan lui avait permit d’y détecter une présence infiniment ancienne et malveillante.

Adoptant une pose grandiloquente de Sentai 3, Lee proposa de passer en force en laissant l’Énergie Débordante de la Jeunesse les transporter vers la victoire ! Neji soupira en pinçant la racine de son nez, comme pour se soulager d'une migraine, et demanda au Fauve de Jade s’il comptait vraiment affronter 300 soldats armés jusqu’aux dents à lui tout seul, sans oublier que Shikamaru leur avait clairement demandé de rester discret. Après quelques minutes de réflexion, Lee fut forcé d’admettre que son coéquipier n’avait peut-être pas tout à fait tort : Gaï-Sensei lui-même disait (pas trop souvent quand même) que la Jeunesse n'était pas immortelle. Le Hyuuga fut ravi de voir qu’une petite étincelle de sens commun venait de s'allumer dans les ténèbres opaques de l’esprit de son coéquipier, ce qui était suffisamment rare pour être noté.

Après avoir entrebâillé la porte, les deux ninjas se hâtèrent de rassembler des sacs et des caisses qu'ils entassèrent près de l'ouverture puis, arrachant du mur une des torches poisseuses qui éclairaient la pièce, Neji alluma avec soin ce petit feu de joie improvisé. L'amas de matériaux bien sec s’embrasa rapidement, dégageant de lourdes volutes d'une âcre fumée grise qui s'échappèrent le long du transept en direction des gardes qui donnèrent rapidement l'alerte. Renforcées par un groupe de soldats, les sentinelles se précipitèrent vers la porte. Neji et Lee entendirent les gardes sacrer et jurer dans un concert de quinte de toux puis la porte s'ouvrit à la volée et deux soudards furent propulsés à grand coup de bottes dans la pièce enfumée avec l'ordre impérieux d'éteindre l'incendie dans les plus brefs délais !

Déployant leur art du camouflage et profitant de la confusion, les deux ninjas parvinrent à sortir de la pièce au nez et à la barbe des soldats et filèrent comme des voleurs en direction des portes dans lesquelles ils découvrirent un tour béant et noirci par les flammes à l'emplacement de la serrure de cristal qui les avaient autrefois maintenues fermées. Se glissant sans difficulté entre les portes endommagées, Lee et Neji pénétrèrent dans la pénombre d'un tunnel descendant en pente douce, s'enfonçant profondément sous terre en décrivant une interminable spirale, pour déboucher finalement sur un étroit passage au somment d'un vertigineux escalier qui semblait s'enfoncer dans les entrailles de la terre et dans lequel ils s'engagèrent avec précaution.

Au fur et à mesure de leur descente, l'air devenait de plus en plus humide et glacial tandis que les marches suintantes se couvraient d'araignées velues et autre créatures grouillantes qui détalaient en tous sens à chacun de leurs pas. Ils avaient déjà compté plus de quatre-vingt marches quand ils arrivèrent enfin au pied de l'escalier, face à une imposante porte noircie par les ans et l'humidité. Voyant qu'elle était légèrement entrouverte, les deux ninjas glissèrent un regard furtif dans l'entrebâillement, et le spectacle qu'ils y découvrirent les glaça jusqu'aux os.

Derrière les lourds battants de la porte noire s'étendait une salle aux proportions gigantesques d'un temple baignant dans une lumière cramoisie en dépit de l'absence totale de torches : cette étrange lueur rubiconde jaillissait en fait des murs eux-mêmes, illuminant une colossale idole, tel un géant d'outre-monde, situé en son centre et qui baignait jusqu'à la taille dans un liquide carmin. Les deux ninjas sentirent planer sur cet endroit une aura maléfique qui l'enveloppait comme une chape de brouillard, les prenant à la gorge et menaçait de les asphyxier. Devant la porte partait un long pont de pierre à peine assez large pour laisser passer deux personnes de front qui s'avançait jusqu'à un large piédestal s'élevant du lac carmin juste devant l'idole.

Celle-ci prenait la forme d'un guerrier musculeux à la tête canine - un loup ou un chacal - au torse puissamment musclé recouvert par une cuirasse en airain. Ses bras puissant cerclés de torques métalliques étaient disposés en croix, accrochés de part et d'autre aux murs du temple par d'immenses chaines qui serpentaient autour de son corps et dont anneaux étaient si grand qu'un homme aurait pu se tenir debout à l'intérieur. Des parchemins aussi larges que des draps étaient fixés à intervalle régulier et sur chacun d'entre eux étaient calligraphiés des sceaux de confinement d'une puissance indicible. Lee attira l'attention de Neji sur une des mains de l'idole, celle-ci dégoulinait en permanence d'un liquide carmin qui tombait en grosses gouttes dans le lac où l'idole baignait.

C'est à ce moment que les deux ninjas se rendirent compte que toute l'influence maléfique de cette salle venait en fait de l'idole elle-même : ils avaient devant leurs yeux une représentation fidèle du Dieu à la Main Sanglante dont le réalisme était saisissant - et pas dans le bon sens du terme. Un mouvement attira le regard des deux ninjas, il y avait quelqu'un assis sur l'autel au centre du piédestal, une femme avec un corps puissant et svelte aux formes curieusement attirantes et dont la peau blême était ornée d’un canevas lisse. De là où ils étaient, ils pouvaient voir qu'elle ne portait aucune arme, mais il était clair qu'elle n'en avait pas besoin : cette femme rayonnait d'une incroyable aura de puissance physique, plus grande encore que celle de Gaï-Sensei.

Était-ce une de ses Prêtresses de Jashin dont Erwan leur avait parlées ? Ça ne correspondait pas trop à la description. Enfin qui cela pouvait être importait peu : elle se tenait entre eux et leur objectif et devait par conséquent être éliminée, même si…

"Celle-là va nous occuper un moment." crut bon de faire remarquer le Fauve de Jade.

• Un euphémisme. • pensa Neji.

À l'instant où le Hyuuga formula cette pensée, un hurlement de menace et de défi jaillit de la gorge de la femme qui sauta brusquement de l'autel et se précipita vers la double-porte noire en pierre. Caduceia venait de repérer les ninjas !




À suivre…

[1] Herse constituée de pieux pointus et mobiles, pouvant s'abaisser pour protéger l'entrée d'un château fort ou d'une ville.
[2] Bâtiment (le plus souvent un moulin à eau) où l'on foulait les draps.
[3] les séries live japonaises avec des héros en costumes bariolés qui se battent contre des monstres en latex, parmi lesquelles la plus connue est sans conteste Bioman.



Sakura démasquée… Lee et Neji face à Caduceia… Ça pourrait difficilement être pire.

Et Tenten dans tout ça ? Et Temari et Shikamaru ?