Bienvenue dans ce petit hors saison qui va vous raconter la toute première mission de Flamme. Je vous avoue… Ca me démangeait de me lancer dans cette petite histoire. Rassurez-vous, elle ne sera pas bien longue et les chapitres se succéderont assez vite.
Pour les curieux, il s’agit de la fameuse mission dont Gaï parle dans "Les lettres d'Itachi". Un peu d'action, beaucoup d'humour et un petit aperçu de l'ancienne équipe sept!
Chance parcourt le couloir des yeux et tombe sans surprise sur Le Doc qui l’attend patiemment. Il veut en savoir plus sur cette présence qu’ils avaient tous ressentis. Son regard se tend vers l’eau qui ruisselle sur le sol à chacun de ses pas.
- Va te changer. On parlera après.
Elle hoche la tête et disparaît dans la petite chambre.
Le Doc fait alors un petit signe de la main, Newbie est déjà prêt à agir. Il se glisse dans l’ombre et subtilise sans peine le masque détrempé que Chance avait abandonné sur son trajet et le lui montre comme un trophée.
Et toute la petite assemblée des conspirateurs attend le retour de Chance.
Et leur déception est à la mesure de leur attente lorsque Chance sort de la chambre, rhabillée de la tête au pied avec un nouveau masque, la réplique exacte de celui que Newbie tient dans sa main qu’il dissimule maladroitement comme un enfant pris en faute.
Bien sûr, Chance a une tenue de rechange complète, masque compris. Mais Le Doc ne s’en formalise pas, il y aurait d’autres occasions.
- Montre, dit-il.
Chance se laisse examiner sans broncher et Le Doc après un haussement d’épaule surpris commence à appliquer ses mains sur la blessure.
- Tu frappes fort Newbie, dit-il.
Gêné au plus haut point, il baisse la tête, confus.
- Bah, tu n’étais pas en meilleur état toi-même, dit Le Doc. Newbie, tu devrais aller te reposer.
Newbie s’éclipse et Le Doc attend quelque instant avant de reprendre tout son sérieux :
- Tu as appris quoi ?
- Peu de choses. Il utilise la pluie pour se camoufler. Mais je sais qu’il n’échappera pas à Neige.
- C’est bien pour ça que je te l’ai envoyé, dit Le Doc.
- Je m’en doutais, il n’avait pas l’air spécialement ravi de passer une partie de sa nuit sous ce déluge, dit Chance. Il va falloir être particulièrement sur nos gardes tant qu’on ne connait pas sa cible.
Le Doc se perd dans la contemplation de la petite grenouille grise que Chance a glissée à sa ceinture.
- J’ai compris depuis longtemps pourquoi tu gardes ton masque, dit-il, mais si tu laisses des indices aussi flagrants, tout le monde même Vert et Newbie vont finir par arriver aux bonnes conclusions.
Il n’y a qu’un disciple de l’ermite aux grenouilles pour porter une telle chose, pense-t-il. Un souvenir…
- Je n’ai jamais prétendue pouvoir te cacher quoi que ce soit, dit Chance. Et je pense que tu as parfaitement compris que la seule personne que j’essaie de leurrer, c’est moi et moi seule.
- Et ça fonctionne ?
- Pas vraiment.
- Alors pourquoi ne pas l’abandonner, cet artifice inutile?
Chance soupire. Elle s’apprête à répondre lorsqu’elle se rend compte d’une chose étrange. La pluie a cessé et à peine est-elle surprise que Kakashi débarque en courant, hors d’haleine. Le Doc maudit cette interruption qui avait brisé une tentative qui n’avait pas l’air si mal engagé.
- Qu’est-ce qui s’est passé ? demande Chance.
Le Doc et Chance, bien vite rejoints par toute l’équipe et Hide, sont étonnés de voir une telle expression de panique chez l’impassible Neige.
- Il utilise une technique héréditaire que je suis incapable de percer, dit Neige. J’ai cru au début qu’il était plus rapide que toi. Mais en fait, c’est moi qu’il a ralenti.
- Comment ? demande Le Doc.
Kakashi affiche un air contrarié.
"Je ne vais quand même pas leur dire qu’il a eu le temps de se glisser dans mon dos, me déclamer trois vers et qu’il a disparu sans même que je puisse le voir", pense-t-il en grimaçant.
- Neige ?!
- Je ne sais pas comment, mais il aurait eu dix fois le temps de me planter un kunaï en plein cœur et moi, je n’ai fait qu’entendre le son de sa voix.
- Nous sommes vulnérables tant qu’on n’en sait pas plus, dit Le Doc. Je vais devoir réfléchir rapidement à un plan. Chance et Vert allez dormir un peu. Newbie, tu relaies Vert à la surveillance d’Hide. Neige, tu restes avec moi.
Tous acquiescent en silence, habitués aux directives simples et efficaces du Doc qui attend de se retrouver seul face à Kakashi pour lui parler :
- Nous devons rapidement trouver sa cible, dit Le Doc.
- La seule chose dont je suis sûr, dit Kakashi, c’est que ce n’est pas moi. Qui alors ? Ou quoi ?
Le Doc baisse la tête dans cette attitude que Kakashi connaît bien. Il passe en revue les différentes possibilités et commence à réfléchir à un plan.
- Je ne peux négliger aucune piste. Mais tant que je n’en sais pas plus, il va falloir le laisser prendre l’initiative, dit Le Doc.
- On peut dans un premier temps changer notre itinéraire, dit Kakashi.
- Ça nous évitera les deux idiots qui nous suivent depuis le début, approuve Le Doc. Il est plus que probable que sa cible soit l’un d’entre nous. Va te reposer quelques heures pendant que je réfléchis à tout ça.
Kakashi acquiesce mais hésite.
- J’aimerais que tu me tiennes au courant du plan, des deux plans, dit Kakashi.
Le Doc baisse la tête.
- Et tu sais très bien que c’est la seule chose que je ne peux pas faire, dit Le Doc.
- Pourquoi ?
- Parce que c’est la seule chose qu’elle ne me pardonnerait pas.
Kakashi n’insiste pas, tout à fait conscient de ce que s’attirer les foudres de Chance signifie. Il s’éloigne en le laissant seul, en proie à ses souvenirs.
Le Doc repense au jour où Chance était venue le voir au sein de son équipe. Il n’avait jamais espéré pouvoir intégrer l’ANBU, ne connaissant que trop bien ses limites physiques. Et lorsqu’il l’avait vu faire faire irruption dans son équipe, il avait supposé qu’elle cherchait à tester son chef. Un ANBU, encore moins un capitaine de Kuro, ne pouvait s’intéresser à un medic-nin aussi insignifiant que lui… Mais il se trompait et les regards d’ahuris lancés par ses équipiers qui n’avaient jamais été tendres avec lui, à eux seuls, valaient leur pesant d’or.
Méfiant, il l’avait suivie sur les hauteurs d’une colline à l’extérieur des murs de Konoha et elle avait sorti un échiquier de shogi et lui avait proposé une partie… Un test auquel il ne s’attendait pas vraiment ! Les yeux écarquillés, il avait dû rester deux bonnes minutes à fixer comme un idiot le plateau ! Puis il avait commencé par jouer quelques coups classiques pour évaluer la force de son adversaire.
Il ne mit pas longtemps à percer les points forts et les faiblesses de son adversaire. Une capacité de calcul impressionnante en combat local, capable de développer des trésors d’ingéniosité pour sauver une situation qui semblait perdue ou une pièce perdue associé à un manque total de vision globale qui lui donna assez vite l’avantage.
Aucun compromis.
Aucun sacrifice.
Elle pointa ses pièces du doigt :
- Plan A.
Puis elle montra son propre jeu :
- Plan B.
Pas besoin d’un long discours entre les deux joueurs pour se comprendre. Il savait sans demander qu’il n’aurait droit qu’à un et un seul sacrifice dans ses futurs plans B. Comme il savait qu’elle assurerait sa protection contre ses dons de stratège. Un bref instant, il avait été tenté de poser une question. Mais la seule chose sur laquelle il arrivait à focaliser son esprit, c’était sur cette chance qu’elle lui offrait. Et quand elle lui avait tendu la main, il l’avait pris sans hésiter.
Et si cette situation lui plait de moins en moins au fil du temps, il ne trahirait pas la seule chose qu’elle lui ait jamais demandée.
Alors à chaque mission, il travaillait sans relâche avec une précision toujours plus minutieuse ses plans A.
Dissipant les restes de ses souvenirs, il force son esprit à revenir à la situation présente. Il en sait trop peu pour élaborer un plan efficace, il doit attendre et rester vigilent. Et d’une façon qu’il n’aurait su expliquer, il ne se sent pas aussi alerte qu’il aurait dû l’être.
Quelque chose allait se passer, quelque chose qu’il ne pourrait anticiper, plus déroutant que dangereux.
Pourquoi cette étrange certitude envahit son esprit avec une telle force ?
Cette mission est décidément de plus en plus intéressante, pense-t-il avec un petit sourire en coin.
Les rayons froids d’un soleil encore timide percent les vestiges noirs du déluge qui s’est déversé toute la nuit et la petite troupe fait marche d’un bon pas.
Dans l’ombre, deux silhouettes les observent avec un sourire mauvais.
- Cette fois, ils ne nous échapperont pas, grand frère !
Acquiesçant vigoureusement, l’aîné fixe d’un air sombre l’embarcadère où une barque attend les voyageurs souhaitant traverser le fleuve pour continuer leur route vers le pays des cascades. Leur plan est infaillible.
Le Doc fait un petit geste de la main et sous les yeux incrédules des deux conspirateurs, l’équipe sept tourne les talons et longe le fleuve. Hide fixe avec appréhension le ponton dont ils s’éloignent un peu plus à chaque pas.
- Faites un petit coucou, dit Newbie tout sourire en lui désignant un fourré obscur qui s’agite frénétiquement sans une once de vent.
Chance jette un œil au Doc. Ils allaient traverser le fleuve à un endroit où il serait suffisamment large pour permettre à l’homme qui les suit de prendre les devants en terrain découvert tout en justifiant leur détour grâce aux deux idiots qui en voulaient à Hide.
Bien joué, comme toujours.
Et elle déchante assez vite lorsque Vert lui demande de porter Hide pendant la traversée. Rengainant quelques répliques cinglantes, elle surprend un regard complice entre Vert et Hide qui lui fait rapidement comprendre que toute protestation serait des plus inutile. Mais ce qu’elle ne s’explique pas, c’est la mine sombre de Neige et l’expression de Newbie et du Doc qui affichent un air de connivence qui ne lui plait pas du tout. Mais alors pas du tout !
Pourquoi moi, pense Chance avec un air résigné, quand elle sent Hide, affreusement gêné de ne pouvoir réprimer un petit sourire béat, se glisser maladroitement sur son dos et ses bras enserrer ses épaules. Vert, tu ne paies rien pour attendre !
Insufflant un flux de chakra sous ses pieds, elle s’avance sur l’eau à la suite de Vert qui ouvre la marche. L’étendue du fleuve est suffisamment grande à cet endroit pour forcer l’homme qui les suit à se dévoiler. Et à attaquer. Elle voit toute son équipe se tendre, prête à agir. Chance agrippe d’une main son katana qu’elle avait décroché de son dos et resserre son emprise sur la garde. A chaque pas, la tension monte d’un cran et à peine ont-ils atteint le milieu du fleuve que l’homme se montre.
Enfin !
Perdu dans une cape sombre dont le col dissimule jusqu’à son visage et laisse apparaître deux yeux aussi clairs que perçants et un bandeau frontal rayé sur toute sa longueur dont l’insigne du Village de Kumo est presque illisible. Un bâton surmonté de trois cercles de métal lui barre le dos, tintant d’une étrange manière à chacun de ses pas.
- Au souffle du vent
Le soleil dans les nuages
Prend des airs de lune.1
A ces mots, la tempête se lève et l’eau se trouble sous leurs pas. Cloués littéralement sur place, l’équipe sept est réduite à observer une monstrueuse montagne aqueuse s’élever dans leur dos et leur adversaire qui s’avance lentement sous le ciel qui s’assombrit jusqu’à devenir noir.
Chance constate avec horreur que seul Hide est encore capable de bouger.
- Attrapez un kunaï, demande dans un souffle Chance.
Choqué, Hide glisse son bras sur sa hanche et plonge sa main dans la poche de Chance.
- Vous êtes prêt à obéir quel que soit l’ordre que je vous donne ? demande Chance.
- Oui.
Lui, au moins, il obéit pense Chance en voyant Hide dissimuler la lame du mieux qu’il peut. Mais elle ne peut s’empêcher de frémir lorsque l’homme montre son visage. Le déserteur de Kumo qu’ils avaient pourchassé le jour où ils étaient tombés sur Immamura et son père ! Et il s’avance vers elle et personne d’autre. Sa cible serait-elle réellement Hide ?
Il faut agir au plus vite. Chance ouvre sa paume et ce simple geste lui coûte une énergie folle.
- Frappez de toutes vos forces !
Ne comprenant que trop bien ce qu’elle lui demande, il refuse dans un premier temps. Mais devant l’homme qui s’avance il finit par s’exécuter. Le son de l’acier qui transperce la chair, le sang qui coule de la plaie se mêlant à l’eau lui arrachent un rictus d’effroi. Submergée par la douleur, Chance reprend enfin ses esprits et recule. Mais le mur d’eau retenu par le ninja de Kumo gronde dans son dos, prêt à exploser et l’empêche de faire un pas de plus.
- Je ne suis pas votre ennemi. Du moins pas aujourd’hui. Je suis juste revenu récupérer ce qui est mien.
- Récupérer ce qui est vôtre, répète sans comprendre Chance.
- Je pense que votre ami sait très bien de quoi je parle.
Il se plante devant Chance et tend la main. Hide la fixe avec appréhension en se disant qu’il avait toujours trouvé que c’était trop beau pour être vrai… Et qu’il avait malheureusement eu raison de le croire.
- Libérez-les d’abord ! demande-t-il d’une voix qui à sa plus grande surprise est haute et claire.
L’homme referme doucement sa main et étouffe un petit rire moqueur. Mais lorsqu’il voit Hide sortir son ocarina, celui-là même qu’il avait égaré en échappant de justesse à l’équipe sept, il se ravise.
- Libérez-les ou je l’utilise !
Cette fois, le déserteur éclate d’un rire franc.
- L’utilisez ! Vous ? Impossible, il ne répond qu’à moi !
- Vous voulez parier ? dit Hide avec une assurance déroutante.
Le ninja au bandeau méconnaissable s’avance un peu plus et Chance acculée ne peut faire autrement qu’affronter son regard moqueur.
- Bien.
Il détache de son dos un long bâton surmonté de trois anneaux d’argent qu’il pose devant lui. L’onde métallique qui se propage emplit l’air d’une sourde complainte, une risée noire parcourt l’eau et tous semblent se réveiller d’un long et terrifiant rêve.
Chance, soulagée de voir son équipe à nouveau maître de ses mouvements, fixe le mur d’eau qui n’a cessé de grossir et recouvre une partie du ciel, prêt à les engloutir à tout moment. Elle s’apprête à parler mais Hide la devance :
- Laissez-les rejoindre la rive et je vous le rends !
L’homme a l’air plus amusé qu’ennuyé par l’audace d’Hide.
- Vous n’êtes pas vraiment en position de négocier quoi que ce soit, dit-il.
- Vous croyez ? D’une simple pression, je peux le détruire…
Chance sent le cœur d’Hide battre à tout rompre contre son dos mais sa voix ne laisse percevoir aucun trouble. Les eaux recouvrent cette fois entièrement le ciel et Chance sent que l’emprise de l’homme sur ses sens est encore là, sous-jacente, prête à reprendre sa place à la moindre injonction de sa part. Rarement elle ne s’était sentie aussi vulnérable…
- Bien, acquiesce le nukenin de Kumo contre toute attente.
A contre-cœur, les membres de son équipe s’éloignent et elle voit Hide déposer l’étrange instrument de musique dans la paume tendue de leur ennemi. Le temps se suspend à son geste et le ninja de Kumo inspecte son bien avec un soulagement évident.
- Laissez-moi vous montrer un petit aperçu de ses charmes, dit-il.
Portant l’objet à sa bouche, il entame une petite mélodie aussi simple que mélancolique qui leur fait perdre le cours du temps. A peine relèvent-ils les yeux que le ninja de Kumo a disparu.
Et le mur d’eau s’effondre dans un fracas effroyable sur Chance et Hide, encore prostrés par l’écoute des quelques notes qui résonnent encore sur les parois aqueuses qui déferlent à toute vitesse sur eux.
Sur la rive, Neige se précipite en enchaînant les signes aussi vite qu’il le peut :
- Mer de glace.
Un battement de cœur avant de s’abattre sur Chance et Hide, l’eau se solidifie en une sculpture complexe, cliché d’une catastrophe annoncée destinée à ne jamais être.
A deux kilomètres en amont du fleuve, à cet instant même, une barque tente de rejoindre la rive sud du fleuve. A son bord, les deux frères ennemis jurés d’Hide progressent d’un bon rythme lorsque soudain, leurs rames se heurtent à une surface des plus solide. Les deux musiciens fixent sans y croire l’embarcation prise dans les glaces. Après avoir tâté de leur main la couche de glace pour en éprouver la solidité, ils se décident à tenter quelques pas sur la glace…
- CHANCE ! s’écrie Le Doc.
Le cri du Doc rompt le sort aussi enchanteur que violent, et Chance tombe sur le sol gelé en reprenant ses esprits.
- Dépêchez-vous, cela ne tiendra pas longtemps ! s’écrie Neige.
A peine les deux frères se sont-ils éloignés, qu’une fissure lézarde la glace dans un déchirement grinçant ! Ils se mettent alors à courir sur la glace qui se morcelle de plus en plus, effectuant quelques acrobaties périlleuses pour sauter de bloc en bloc avant de se retrouver, tous les deux, bloqués sur le dernier fragment de cette banquise éphémère qui se fond irrémédiablement dans le fleuve.
Résignés, ils observent en soupirant leur ultime refuge disparaître dans les flots …
Newbie apparaît aussitôt et prend en charge Hide dont les jambes flageolantes n’auraient pu le porter bien loin et Vert prend Chance par le bras pour l’aider à avancer jusqu’à la terre ferme, une expression de soulagement criante sur le visage.
- Tout le monde va bien ? demande Chance.
- Mieux que toi, en tout cas, dit Le Doc en regardant la plaie ensanglantée qui lui déchire la main.
- Les sarcasmes attendront qu’on soit à l’abri, si tu permets, réplique Chance. Sérieusement Vert, pourquoi tu me l’as collé sur le dos !
- Pour qu’il puisse plus facilement t’enlever ton…
Le Doc et Newbie l’empêchent d’aller plus loin en plaquant leurs mains sur sa trop grande bouche…
- Mon Dieu, s’exclame Le Doc.
Tout d’un coup, cette étrange impression qu’il avait ressentie en écoutant les notes jouées par le ninja de Kumo prend tout son sens.
- Hide, dites-moi exactement ce que peut faire cet instrument que cet homme voulait à tout prix récupérer.
- Tout ce que je sais c’est que j’arrivais à faire passer n’importe quelle émotion avec la plus simple des mélodies, répond Hide. Je…
- Oh mon Dieu, reprend Le Doc…
Tous fixent avec appréhension Le Doc qu’ils n’ont encore jamais vu aussi bouleversé et n’osent interrompre ses réflexions…
- Je vous propose qu’on arrête là la mission et qu’on retrouve cet enfoiré de Kumo et qu’on le ramène en pièces détachées au boss ! s’exclame Le Doc.
Peu habitués à un tel langage de la part du Doc, tous se demandent en silence s’ils n’auraient pas perdu la raison…
- Vous n’avez toujours pas compris !
Le déni simultané de toute l’assistance lui arrache un demi-soupir.
- Alors vous êtes encore plus bêtes que moi ! Neige, essaye de dire que les défis de Vert t’amusent. Chance essaye de me soutenir que tes plans B ne sont pas des plans suicidaires ! Vert essaye de me dire qu’on ne t’a pas forcé la main pour quitter cette équipe !
A tour de rôle, ils ouvrent la bouche, stupéfaits et incapable de protester ou même d’émettre le moindre son.
- Tu veux dire…
- Qu’il nous a ôté toute capacité de mentir !
Horrifiés par la révélation, ils se dévisagent en silence…
- Hide, à votre avis, combien de temps cela peut durer ? demande Chance.
- Je ne sais pas…
Inutile de préciser que c’est la vérité, pense Hide.
- Pour moi, cela ne durait pas plus que le temps de la chanson.
- Il n’y a plus qu’à espérer que cette farce ne soit pas trop longue, dit Le Doc.
- Si ça s’éternise, je suis assez tenté par ton plan initial, dit Neige.
- On le retrouve et on le ramène en pièces détachées à la momie2, répète Chance en acquiesçant de la tête. Tentant…
Il reprenne la marche en tentant d’appréhender tout ce qu’un mot de trop pourrait entraîner de fâcheux.
- Le seul que ça ne va pas trop gêner, c’est Vert, dit Neige…
- Qu’est-ce que tu insinues par là ?! rétorque Vert blessé.
- Que tu n’es pas du genre à réfléchir avant de parler, dit Neige. Alors la notion même de mensonge doit t’être complètement étrangère.
- Neige ! dit Chance pour couper court à la discussion. Tu t’excuses immédiatement et on reprend. On ne va quand même pas rentrer dans son jeu aussi facilement !
- Pas envie !
- Kakashi ! s’insurge Chance.
- Yoshiko !
- Du calme les enfants, dit Le Doc.
Devant le ton autoritaire du Doc qui, à peine une seconde plus tard, se retient à peine de rire devant leur gaminerie, ils se reprennent.
- Heureusement qu’il ne nous a pas empêchés de rester silencieux, ajoute Le Doc d’un ton impérieux.
Hide regarde les membres de l’équipe sept progresser dans un silence tendu, conscient que chaque mot pouvant s’échapper de leur bouche pourrait se révéler blessant et faire éclater les minces conventions qui protègent de leur barrière hypocrite toute relation humaine.
Rien, décidément rien ne se déroule comme il l’avait prévu.