Une mission de rang C


Fanfiction Naruto écrite par elane. (Recueil de elane.)
Publiée le 20/10/2013 sur The Way Of Naruto



Le premier jour...


Chapitre 3: Premier Jour



PREMIER JOUR


Deux silhouettes, emmitouflées dans des capes de voyages, capuches rabattues sur le visage, se pressent dans les ombres bordant la route. En silence, elles se penchent dans un même mouvement sur un parchemin, déplié sur le sol.

PAF !

Se redressant maladroitement, une bosse identique sur le front, elles tentent de reprendre contenance en dévoilant leurs visages. Les deux hommes, le premier aussi blond et clair de peau que le second a les cheveux noirs et un teint hâlé, confrontent leurs regards.

- Nous allons enfin pouvoir prendre notre revanche sur cet insolent ! dit l’homme aux cheveux sombres.
- Enfin, répète son acolyte.

Soudain le souvenir de la cuisante humiliation qu’Hide Immamura leur avait infligée leur traverse l’esprit et ils baissent la tête dans un synchronisme parfait.

Le jour des qualifications des plus grands musiciens de Konoha pour le grand concours du pays des cascades. Un prix que leur ennemi avait gagné en choisissant une chanson populaire que tous connaissaient. Les frères Kama, bien qu’ayant gagné la deuxième place et un ticket pour le grand concours avaient objecté devant le jury que ce choix facile était irrecevable pour représenter dignement Konoha. Mais Immamura avait répondu qu’il n’y avait meilleure chanson pour représenter la Village de la feuille que celle qui parle au cœur de tous ses habitants. Et mis au défi par cette accusation, Immamura avait affirmé qu’il était capable de soulever la joie comme les pleurs avec une seule de ses chansons.

Et il avait joué.

Les étranges sonorités de cet instrument que personne n’avait encore jamais vu résonnaient encore à leurs oreilles. Un chant si doux et triste qu’il parlait à leur cœur, si profond qu’il leur avait ôté toute raison et toute volonté. Et ce n’était pas quelques larmes retenues mais des torrents incontrôlables que leurs yeux avaient laissés couler.

Oh humiliation suprême !

Et oui, il paierait !

- Le moment est venu, grand frère !
- Il s’est moqué de nous et il va le regretter !

Les deux frères acquiescent vigoureusement. Sur le plan déplié, la route qu’empruntent les voyageurs pour se rendre au pays des Cascades.



L’heure de leur vengeance a sonné.



Chance regarde avec un petit sourire Vert et Newbie en train de se lancer des défis tous plus ridicules les uns que les autres. Elle a bien du mal à retenir son rire lorsqu’ils essayent tous les deux d’entraîner Neige, sans succès, dans leurs bêtises. Vert essaye bien d’arguer le fait qu’il est le Chef de cette expédition et que Neige se doit d’obéir… Et Vert commence lentement à comprendre les difficultés inhérentes au rôle de chef de l’équipe sept !

Newbie, quant à lui, possède au moins autant d’énergie que l’inépuisable Vert et elle ne pensait pas rencontrer un jour quelqu’un de la trempe de son équipier dans ce domaine. La douleur sourde qui fourmille dans son abdomen lui rappelle qu’il frappe au moins aussi fort que lui. Elle constate que malgré son application à suivre les idioties de Vert, Newbie souffre encore du coup qu’elle lui avait porté. Elle remarque aussi que derrière son air enjoué, il est préoccupé. Étonnant car lors de leur affrontement, il n’avait pas montré une seule faille dans son air résolu.

A la première pause, elle devrait lui parler. Ce qui lui permettra d’échapper sans trop en avoir l’air aux tentatives d’approche un peu trop directe du jeune homme qu’ils escortent. Peut-être devrait-elle dire à Vert que l’allure qu’il avait adoptée n’était pas réellement adaptée à un civil ? Ce rythme a quand même l’avantage non négligeable de forcer Hide à plus se concentrer sur ses pas que sur elle. Alors non, elle ne dirait rien !

Vert annonce la pause tant attendue et Chance s’approche de Newbie.

- Tu frappes fort Newbie !
- Vous aussi Chance, sur le coup, j’ai bien cru que je n’allais pas me relever.
- Va falloir qu’on demande au Doc de nous rafistoler tous les deux, dit Chance.
- Je crois que ça va beaucoup l’amuser.
- Et moi, j’ai comme l’impression que tu connais déjà bien ta nouvelle équipe.
- Maître Gaï m’a longuement parlé de sa fameuse équipe sept.
- Je n’ai pas mis longtemps à comprendre que tu avais été son élève, dit Chance. T’es aussi coriace ! Et tu n’es pas plus doué que lui pour dissimuler que quelque chose te préoccupe.

Newbie rougit en baissant les yeux, mal à l’aise d’être aussi transparent.

- Je n’ai pas l’impression d’avoir vraiment gagné ma place dans cette équipe.
- Dis pas de bêtises Newbie ! En quelques minutes tu m’as prouvé que tu valais mieux que tous ceux qu’on avait vus avant.
- Nous n’avons pas fini le test. Un test sur ma spécialité et je n’ai pas vraiment eu l’impression d’avoir le dessus à aucun moment. Je…
- Tu me voles ma réplique Newbie. J’ai dû ruser uniquement pour tenter de rétablir l’équilibre.
- Et je me suis laissé avoir comme un bleu !
- Pas tant que ça, tu t’es repris plus vite que je ne l’aurais cru. Et je peux te dire que je suis rarement surprise par la vitesse d’un adversaire.
- Je…

Chance et Newbie perdent le fil de leur conversation et attrapent au vol une flèche sur laquelle est enroulé un bout de papier. Tous se penchent avec curiosité sur l’étrange message et froncent les sourcils en décryptant les quelques mots laconiques tracés d’une écriture anguleuse.



Immamura, jamais tu n’atteindras le pays des cascades.



Hide, déjà blanc comme un linge, pâlit un peu plus en voyant toute l’équipe sept relever la tête, un petit sourire en coin.

Au final, cette mission allait être plus intéressante qu’ils ne l’auraient cru.

- Des ennemis ? demande Le Doc.

Hide se rend bien vite compte que la question n’est que pure rhétorique et qu’il n’attend pas réellement de réponse. Et il est surpris de voir la même flamme illuminer presque tous les regards de cette équipe. Seul Neige semble immunisé contre cette folie contagieuse. Et alors qu’il s’apprête à répondre, Vert l’interrompt brutalement.

- Des amateurs apparemment.
- C’est sûr qu’annoncer sa présence de cette façon, c’est pas très professionnel, dit Newbie.
- Au moins, ils vont égayer un peu notre excursion, dit Le Doc.

Hide voit avec stupeur tous les membres de l’équipe hocher vivement la tête avec enthousiasme, même l’impassible ninja aux cheveux argentés s’est laissé emporter par la vague d’énergie effroyable qui émane de ses équipiers.

- Je passe devant avec Newbie, dit Vert, Mr Immamura, vous allez suivre pas à pas Chance, Neige et Le Doc assureront nos arrières.

Chance tourne un regard blanc à Vert, l’idée de faire tout le trajet avec le jeune homme sur ses talons ne lui plaît guère. Mais pourquoi avoir donné le commandement à Vert ? Sur le moment, elle ne parvient plus à se rappeler les arguments du Doc. Plus du tout.

Hide ne peut empêcher d’afficher un sourire ravi qui efface bien vite sa nervosité en se disant qu’il est forcé de suivre pas à pas Chance, de ne pas la quitter des yeux. Une attitude qui s’évanouit à la première injonction de la jeune femme.

- Baissez-vous !

Sans réfléchir, il se baisse et l’ombre d’une faux mortellement aiguisée balaye la scène à hauteur de ses épaules avant de se retrouver littéralement pulvérisée par un coup de pied de Vert. La goutte de sueur qui perle sur sa tempe n’a pas le temps de glisser jusqu’à sa joue…

- A gauche !

Un peu trop lentement, il fait un bond sur la gauche et tout le côté droit de la route s’effondre dans des profondeurs abyssales hérissées de pointes. D’un geste, Neige lui permet de reprendre son équilibre.

- A droite !

Il se déporte bien vite sur la droite, examinant la moitié gauche de la route. Avec précaution et presque de la curiosité, il l’effleure du bout du pied et de nouveau, sous ses yeux écarquillés, un précipice se forme sur la moitié du trajet.

- Sautez !

Sans réfléchir il s’exécute et voit avec horreur une lame faucher le sol à quelques centimètres de hauteur.
Et le plus effrayant dans cette scène surréaliste n’est autre que l’attitude de l’équipe sept qui s’amuse de tous ces pièges… Trop concentré sur chacun de ses pas et les indications de Chance, il en oublie aussi bien l’avantage de sa position que le danger qui l’entoure.

Il ne voit pas non plus les deux hommes, dans l’ombre, qui observent avec une expression un peu plus incrédule à chaque seconde tous leurs pièges devenus aussi inoffensifs que des jeux d’enfants.

Un éclair déchire le ciel qui se charge de lourds nuages noirs et il se rend compte que la nuit s’annonce. Déjà ! Le premier village prévu sur leur route se dresse au bout de la route et il a hâte de s’arrêter pour détendre ses muscles noués par la tension et la marche rapide qui lui avait été imposée.

Ses jambes le portent de plus en plus difficilement et il concentre toute son attention sur ses pieds pour ne pas s’effondrer lamentablement sur le sol et sursaute lorsqu’il entend :

- Vous vous en êtes bien sorti, dit Chance.

Incroyable comment quelques mots peuvent vous redonner une énergie que vous ne soupçonniez pas posséder. Et la seconde d’après, encore sous le coup euphorique de cette soudaine décharge d’adrénaline, il refuse son aide pour avancer…

Mais quel idiot !

Alors qu’il se sermonne violemment, il voit enfin apparaître l’unique auberge du Village.


Kakashi regarde le ciel noir qui gronde au loin et tous forcent le pas pour arriver au plus vite à l’auberge. Le vieil homme qui les accueille ne peut leur attribuer que trois chambres, une petite pour Chance et deux grandes pièces où il fait apporter des futons supplémentaires en s’excusant. Toutes ses autres chambres étaient déjà occupées par des concurrents et des futurs spectateurs du concours auquel ils se rendent.

Un éclair formidable transperce de son trait aveuglant l’obscurité et la pluie se met enfin à tomber en un rideau épais qui martèle avec force le toit et la vitre de la chambre. Lorsque leur hôte leur amène de quoi se restaurer, il n’a pas besoin de lever les yeux pour savoir que Chance s’est déjà éclipsée. La figure décomposée du musicien est à elle seule est un bon indice.

Tous l’avaient ressentie sans pour autant l’avoir démasquée, cette présence qui les suivait pas à pas depuis leur départ et qui n’a absolument rien de commun avec les deux comiques qui avaient posés quelques pièges sur leur trajet. Et Chance est partie pour tenter d’en savoir plus.

- Neige, dit Le Doc, va te reposer. Tu n’as qu’à prendre sa chambre, tu la relaieras plus tard.

Vert allait protester en disant qu’il n’avait encore rien avalé avant de constater, les yeux écarquillés que le bol de riz et de poisson qu’il s’était servi est déjà vide. En jetant rapidement un œil par la fenêtre où les gouttes redoublent d’effort pour tenter de s’infiltrer dans la pièce, le ninja au sharingan laisse échapper un soupir. L’idée de passer une partie de sa nuit sous cette tempête ne l’enchante guère. Alors qu’il s’apprête à quitter la pièce, son attention est attirée par Hide qui s’adresse aux membres de son équipe avec un sourire un peu trop grand pour être honnête.

- Vous ne l’avez jamais vu ! s’exclame Hide.

Vu quoi ? La curiosité, si rare chez lui, s’immisce lentement dans son esprit et il tend l’oreille. Il ne met pas longtemps à comprendre le sujet de leur conversation, le seul qui puisse illuminer d’une telle lueur moqueuse le regard du Doc.

- Je me demande bien ce qu’elle cache, dit rêveusement Le Doc.
- Peut-être une cicatrice, dit Newbie.
- Elle est peut-être dévisagée, renchérit Gaï, une brûlure, un coup de kunaï peut-être?
- Peut-être simplement qu’elle ne se trouve juste pas très jolie. Les femmes ont toujours des standards inaccessibles qui leur rendent la vie impossible, dit Le Doc. Même la femme la plus belle et la plus équilibrée du monde se trouvera toujours trop quelque chose. Trop grande ou trop petite, trop maigre ou trop grosse…
- Vous dites n’importe quoi, lâche Kakashi énervé par leurs suppositions qu’il trouve insultantes. Elle est bien plus belle que tout ce que vous pouvez imaginer.

Au regard que lui lance Le Doc, il comprend que toute cette petite scène n’avait été jouée que pour lui. Il se mord les lèvres en voyant avec quelle facilité il était tombé dans le piège grossier du Doc.

- Le Doc avait raison, dit Vert. Tu as déjà vu son visage, Kakashi !

Neige se fige. Difficile de nier, maintenant ! Et ils n’avaient non plus pas oublié ce jour où leur chef s’était énervé contre lui et avait prononcé son nom.

- A partir de maintenant, dit Le Doc avec enthousiasme, je lance « l’opération masque ». Nous avons deux jours jusqu’à la fin de la mission et nous allons tout faire pour voir ce que nous cache Chance !
- Un vrai défi ! s’exclament à l’unisson Vert et Newbie les yeux brillant devant la tâche à accomplir.

Tous acquiescent vivement et se penchent pour tendre l’oreille vers Le Doc qui a déjà un plan dans lequel Kakashi n’a aucune envie d’être embarqué. Il fuit bien vite l’assemblée des conspirateurs pour retrouver la petite chambre qui avait été réservée pour Chance.

Lorsqu’il se glisse dans la tiédeur des draps, il frémit un instant à la seule pensée que Chance se glissera elle-aussi dans ces mêmes draps quand lui n’y serait plus. Il soupire de dépit, il ne peut s’en prendre qu’à lui-même et à sa lâcheté, qu’il n’aurait jamais imaginée si grande, de n’avoir jamais rien tenté. Il suffit d’un seul regard de Yoshiko pour que toutes ses résolutions et le peu de courage qu’il est capable de rassembler s’évanouissent comme neige au soleil.

Comme neige au soleil.

Sur cette pensée, oh combien ironique, il s’endort quelques heures d’un sommeil troublé. A son réveil, il constate avec mauvaise humeur que le temps ne s’est toujours pas calmé. Avec une certaine lassitude, il s’apprête à sortir et retrouver Chance qui va sûrement être ravie de voir la relève arriver pour se réfugier à son tour sous les couvertures.



Il ne met pas longtemps à la trouver, assise en tailleur et perchée sur le toit de l’auberge. Immobile et totalement trempée, les cheveux plaqués sur le visage, ses épaules et son dos, elle fixe l’horizon. Elle semble insensible au ciel qui s’obstine à se déverser en un flux continuel d’eau glacée et au vent qui joue une complainte lugubre dans la nuit qui s’étire en longueur sous l’appel des nuages noirs qui camouflent l’aube naissante.

En silence, il s’assoit à ses côtés, tentant d’ignorer le froid qui le transperce de son étreinte violente. Chance se lève, lentement en s’appuyant sur son épaule et sa respiration s’accélère brusquement lorsqu’elle se penche pour glisser à son oreille.

- Il est là. Je sens sa présence mais je n’ai pas réussi une seule fois à le prendre en défaut.

Elle reste ainsi, immobile, sa main toujours posée sur son épaule.

- Ferme les yeux.

Ces même mots qu’elle lui avait dit le jour de leur première rencontre et aujourd’hui comme par le passé, il s’exécute en maudissant son cœur de s’affoler autant devant un simple souvenir et se concentre. Pendant un temps, seul le bruit de l’eau sur le toit emplit ses oreilles. Puis, il les entend, des sons mêlés au fracas des gouttes qui se heurtent aux tuiles du toit de l’auberge, des vibrations délicates qui semblent former des mots qu’il ne comprend pas. Il en oublie le temps qui passe, le froid et le vent et tente de comprendre le sens de cette mélodie qui s’échappe du ciel.

- Cette pluie n’a rien de naturel, continue Chance. Je ne sais pas qui est à l’œuvre mais c’est quelqu’un à prendre au sérieux. Je ne crois pas qu’il puisse échapper à ton regard. Je pense aussi qu’il vaut mieux attendre de connaître sa véritable cible avant d’agir.

Il étouffe un sursaut lorsqu’il sent la main de Chance s’éloigner et regrette un instant de ne plus sentir cette douce pression sur son épaule. Il ouvre grand les yeux en dégageant son bandeau frontal. Il frissonne en s’apercevant que son haut détrempé épouse un peu trop bien les courbes de sa peau blanche.

- Je crois que j’ai grand besoin d’une douche chaude, dit-elle avant de disparaître de sa vue.

Et moi, d’une douche froide, pense Kakashi, soulagé de savoir que son masque dissimulerait son sourire béat tout en fixant les cieux un peu trop prompts à son goût à lui accorder ce simple souhait.

Une fois Chance partie, il se met à scruter la nuit qui s’attarde à l’aide de son sharingan. Yoshiko avait raison, il voit les fils de chakra qui entourent la pluie d’un voile vaporeux. Sans peine, il distingue l’étrange et fascinante création qui s’en dégage et perdu dans sa contemplation, il oublie une seconde le fil du temps.

- La couleur rouge,
est répandue dans la pluie,
qui tombe au Printemps1.

Son sang ne fait qu’un tour au son de cette voix grave et profonde qui semble provenir d’un rêve. Il se retourne aussi vite qu’il le peut, un kunaï à la main.

Trop tard, bien trop tard !

L’homme qui avait surgit dans son dos pour disparaître aussitôt aurait eu dix fois le temps de lui planter une lame en plein cœur.

Et dans un souffle, la pluie s’arrête.







Notes :


[1] : Haïku de Sakuzo Takada






A bientôt pour le second jour...