Le Weekly Shônen Jump, communément appelé chez nous le Jump, ou WSJ, est un hebdomadaire japonais de large diffusion dont les pages sont majoritairement des planches de mangas, on appelle cela la prépublication. Créé en 1968 par une compagnie japonaise aujourd'hui très puissante dans le milieu du divertissement, la Shûeisha, il a fêté en 2008 ses 40 ans de publication.


Qu'est ce que le Weekly Shônen Jump ?

Le Jump est donc un magazine publié chaque semaine au Japon, le lundi, qui fait office de recueil pour une vingtaine de séries de manga possédées par la Shûeisha. Ces séries sont de type Shônen, elles visent majoritairement un lectorat masculin. Les amateurs japonais du Jump sont d'ailleurs bien plus jeunes que les lecteurs français de manga, avec la plus grosse partie des lecteurs entre 9 et 14 ans. Chaque série est représentée par un chapitre, et la diffusion de ces chapitres est appelée prépublication au Japon. Chaque édition du magazine fait donc entre 450 à 500 pages, les planches de manga étant complétées et accompagnées par soit de la publicité, soit des présentations de produits dérivés. Ainsi, il arrive souvent que le chapitre de Naruto soit accompagné par la présentation d'un jeu vidéo Naruto, ou bien de celle d'un film, etc. Chaque semaine une à deux séries sont mises en avant à l'aide de pages couleurs, ou de la couverture du numéro. Il y a environ 50 numéros chaque année, la publication étant ponctuellement stoppée lors de la Golden Week par exemple, ou des vacances. Ceci permet donc à chaque série d'être globalement mise en avant six fois dans l'année, du moins pour les plus populaires.

Le tout est vendu pour 240 yens, ce qui représente aujourd'hui un peu moins de 1.50 €. Il est imprimé sur du papier que nous appellerions recyclé, et la qualité de l'impression est vraiment à la hauteur du faible prix: dégueulasse. Seules les publicités et les pages couleurs sont imprimées correctement, et sur du papier glacé. Il arrive parfois que le Jump soit accompagné d'un poster, notamment en fin d'année. Cette mauvaise qualité d'impression est due au mode de consommation du Jump, il ne s'agit pas là de faire une collection à relire plus tard, mais de lire puis de jeter par la suite. Pour collectionner, la Sûeisha publie par la suite les séries les plus populaires en volumes reliés comme nous les connaissons en Europe. Le tout est bien entendu à lire dans le sens Japonais.

L'histoire du Weekly Shônen Jump

En 1968 la société japonaise Shûeisha profite du nouvel engouement japonais pour les mangas pour lancer un bimensuel qui leur est réservé. Son nom : le Weekly Shônen Jump. C'est d'ailleurs là un choix des plus bizarre puisque Weekly possède la notion de publication par semaine, et donc d'hebdomadaire. L'équipe en charge du projet choisi un pirate comme logo pour le magazine, car ils sont d'après eux à l'abordage de la bulle manga de l'époque. Ce premier essai n'est tiré qu'à quelques 100 000 exemplaires, alors que le pays compte bientôt 100 millions d'habitants, et les éditeurs seront très sceptiques quant à l'avenir du projet. Malgré tout, un an plus tard, il devient hebdomadaire et ses ventes commencent à grimper. Privilégiant les histoires de type Shônen, soit des mangas pour garçon, le Jump trouvera son public dans les jeunes adolescents Japonais, et c'est ainsi que deux ans plus tard, le 36ème volume dépasse le million d'exemplaires.

Ce succès n'en est qu'à son début, et au fil des années chaque édition va voir son nombre d'impression augmenter, grâce à l'arrivée de séries très populaires. Suite à la publication de Kochikame, le magazine dépasse les 2 millions d'exemplaires. Viendront s'ajouter à son catalogue Kinnikuman, Dr Slump, Captain Tsubasa, Ken le Survivant, et bientôt Dragon Ball. Cette série va faire exploser ses ventes, et c'est ainsi qu'en 1995, dix ans après le début de la série de Toriyama, le Jump établit son record à plus de six millions d'exemplaires tirés.

La recette du Jump

Bien qu'une vingtaine de séries soient prépubliées à chaque numéro, l'équipe éditoriale a dû mettre en place des stratagèmes pour garantir et maintenir la qualité au sein du magazine. En effet, il aurait été impossible pour celui ci d'atteindre une telle popularité si une série impopulaire continuait d'y être prépubliée par exemple. La concurrence étant très rude entre les hebdomadaires de prépublication, c'est par son catalogue de série que le Jump a pu s'imposer.

Ainsi, un système de sondage a été mis en place à chaque numéro grâce à la présence d'une carte postale à envoyer gratuitement. Celle ci permet à tout lecteur de donner la liste des histoires qu'il apprécie et de répondre à des questions précises sur le magazine. Il arrive ainsi que des séries précédemment prépubliées soient tout simplement enlevées de la ligne éditoriale du magazine à cause de leur impopularité.

Bien que strict et pouvant mener à des injustices pour les auteurs dont les séries se voient ajournées, ce procédé était indispensable au maintien de la qualité. C'est ainsi que certaines séries peuvent être publiées pendant de longues années, comme Dragon Ball, ou parfois arrêtées au bout d'une vingtaine de chapitres. Il est très rare d'entendre parler de ces séries en Europe, car même au Japon il arrive souvent qu'elles ne soient même pas publiées en volume reliés.

Le Jump aujourd'hui

Actuellement, le Weekly Shônen Jump, tout comme l'industrie du manga au Japon est en période de ralentissement. Malgré les efforts fait, le marché est arrivé à saturation et les ventes du Jump ont cessé d'augmenter, passant de plus de 6 millions d'exemplaires pour un numéro de 1995 à quelques 3 millions en 2005. Cette baisse est en partie compensée par l'explosion de l'export de la culture nipponne à travers le monde, où le Jump est parfois publié comme en Allemagne ou aux Etats-Unis.

Si la série phare du magazine, Dragon Ball, est terminé il y a de ça quelques années déjà, le catalogue du magazine monopolise toujours autant les charts japonais, avec en ce moment même la publication de Naruto, mais aussi One Piece, Bleach, Hunter x Hunter, D.Gray-man ou encore Death Note, récemment terminé.

Avec la popularisation du manga à travers le monde et l'augmentation de l'importance d'Internet, le Shônen Jump est aussi victime du piratage. Il est désormais habituel de retrouver sur Internet le scan complet d'un numéro trois jours avant sa publication au Japon. Ce phénomène est d'autant plus important dans les pays où il n'est pas traduit, notamment en Europe et aux USA où sévissent les équipes de scantrad qui permettent aux fans de chacune des séries publiées de suivre la prépublication dans leur propre langue. Il est évident que ce phénomène fait parti des causes du ralentissement de son industrie, bien que certains moyens aient été mis en place pour le contrer. Ainsi il est possible au Japon de lire le Jump sur son téléphone portable, en version électronique notamment dotée d'animations sur les cases.


Rédigé par Teiki, dabYo. Corrigé par Kazuma