Fiction: Excuses (terminée)

"Aujourd’hui est comme une nouvelle aube dans ma vie. Oui, oui, pour ceux que ça intéresse, je me remets en question et fais profil bas pour la première fois de mon existence. Normal me direz-vous, vu mon attitude de ces derniers temps." Un one-shot sur la difficulté de faire des excuses par quelqu'un qui s'y connaît autant qu'un pinguin en peinture (vive la comparaison je sais xD). J'ai nommé Neji Hyûuga. Enjooy !!
Humour / Romance | Mots: 4424 | Comments: 5 | Favs: 10
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Saya-chan (Féminin), le 21/08/2009
Ma résurrection.
Quasiment magique.

Moreover, c'est un de mes textes que j'aime le plus. (Ou peut être que c'est parce que j'ai cru l'avoir perdu à tout jamais.) Le thème m'est assez cher en plus d'être inhabituel. Je suis un peu comme Neji, j'ai du mal avec les excuses ^^. Alors je m'arrange pour ne pas avoir à en faire. Ou le moins souvent possible. En écrivant ça, j'espérais un peu que ça dédramatiserait le sujet. Je pense que c'est quelque chose de très important et que l'orgueil est dérisoire face à une nécessité. Enfin, mtnt j'essaye d'appliquer le principe ;-). Ce qui est le plus difficile je vous l'accorde x).
Voilà. Je suis vmt, vmt contente de pouvoir vous faire partager ce texte.
=D




Chapitre 1: "La honte est dans l'offense et non pas dans l'excuse" P-C Nivelle.



Aujourd’hui est comme une nouvelle aube dans ma vie.
Oui, oui, pour ceux que ça intéresse, je me remets en question et fais profil bas pour la première fois de mon existence.
Normal me direz-vous, vu mon attitude de ces derniers temps.
Après tout, j’avais hurlé, tempêté pendant des semaines. J’ai boudé, été désagréable avec tout le monde, j’en ai même insulté quelques uns qui ont croisé ma route quand il ne fallait pas… Bref, j’ai été minable. Pathétique en fait.
Et c’est maintenant, après tout ce cirque, que je m’en rends compte. Que me reste-t-il à faire sinon baisser la tête et présenter mes excuses à tout un chacun… Et surtout à elle. J’ai été odieux, j’en conviens maintenant. Alors, c’est résigné et avec la tronche d’un condamné que je vais la voir sur son perchoir favori, face à la falaise des Hokage. La mort dans l’âme à l’idée de me faire envoyer paître même si ce serait parfaitement justifié. J’avais de loin dépassé les bornes.

FLASH BACK

- Mais non ! Pas comme ça enfin ! A moins que tu ne préfères que ton adversaire profite de cette garde ridicule pour t’embrocher comme un poulet !! Tu dois être plus efficace dans tes mouvements !!
- Ca va j’ai compris… râla-t-elle en levant ses ravissants yeux noisettes au ciel.
- C’est cet abruti de Sabaku qui te distrait.
J’avais pas pu m’en empêcher. C’était naze, je le savais, mais ça me faisait du bien de remettre en cause le bel exilé de Suna, devant elle.
- Tu m’expliques ce que Kankurô vient faire ici ? Se fâcha-t-elle.

Je ne m’expliquais rien du tout. Depuis quelques jours, il n’était plus un secret pour personne que le marionnettiste en mission diplomatique à Konoha, avait des vues sur ma coéquipière. Et qu’il ne la laissait pas de marbre non plus, selon toutes apparences. Et inexplicablement, j’étais devenu exécrable. Je jugeais ce mec insupportable, quoi qu’il fasse, et je passais mon temps à rabaisser Tenten. Non-non, ce n’était pas la première fois que je l’agressais de cette manière, et vraisemblablement elle perdait patience.

- Tu veux que je te dise, Neji Hyûuga ? T’as un problème, un sérieux problème de mégalomanie.

J’ai d’abord écarquillé les yeux devant cette attaque inattendue.
« Moi ? Mégalomane ? »

- C’est toi qui as un problème, Tenten, ais-je répliqué trop froidement. Tu ne devrais pas mêler ta vie de ninja et tes… sentiments pour lui.
J’avais craché mes derniers mots. Ils me tuaient, sans que je sache pourquoi.
- Nan mais c’est QUI qui a mêlé Kankurô à la conversation, s’écria-t-elle. Pas moi !

« Pourquoi réagit-elle aussi violemment ? m’étais-je demandé. Ce qu’elle ressentait à l’égard de cet étranger devait vraiment être fort, finalement… »
Et cette pensée m’acheva.

- Laisse tomber, Tenten m’étais-je entendu murmurer. Tu devrais quitter la voie de ninja, elle n’est pas faite pour toi.

J’avais été trop loin, je le savais. C’était mesquin et pitoyable. Le pire c’était que ça ne m’avait en aucun cas soulagé. Et je l’avais mise en colère. Plus que ça, elle était devenue folle. Stupeur passée, la rage avait déformé ses traits et elle s’était jetée sur moi en hurlant :

- Je ne permet à PERSONNE de me dire ça, et surtout pas à TOI Neji Hyûuga !!

Ensuite, il a fallu que je me défende, et efficacement s’il vous plaît, pendant que Lee et Gaï-senseï observaient la scène, visiblement perplexes.
La joute avait fini par un ex-æquo frappant. Et nous étions rentrés chez nous après un dernier regard noir, trop exténués pour ajouter quoi que ce soit.

FIN FLASH BACK

Tous les jours avant ce violent échange, alors qu’elle était plus ou moins disposée à passer l’éponge sur mon attitude, je rajoutais une couche de méchanceté mesquine et gratuite. J’agissais comme un imbécile et je me détestais pour cela. Mais c’était plus fort que moi. Il suffisait que je vois Tenten rire, ou sourire, pour imaginer qu’elle pensait à lui, et alors je ne me contrôlais plus.
Jalousie… J’avais depuis longtemps identifié ce sentiment sans pour autant le comprendre. Tenten était ma coéquipière point barre. Je n’appréciais pas l’idée qu’elle puisse négliger l’entraînement pour une occupation aussi futile que l’amour. (C’était surtout sur ce sujet que nous nous disputions. Ou plutôt que je l’attaquais.) Plutôt légitime, mais de là à réagir comme je le faisais… A défaut de trouver une explication plus plausible, je laissais ma rancœur m’envahir et je la blessais. Cette fois n’a pas été la pire. Je faisais mieux chaque jour… Je finissais par exceller dans l’art de la faire pleurer de rage (ou d’autre chose ?) bien qu’elle masqua systématiquement ses larmes.

Mais après ce soir là, elle ne me parla plus. A l’entraînement elle demandait désormais à Lee de se battre avec elle, et quand elle retournait chez elle le soir, elle ne me saluait plus. Ce n’était pas grand chose, mais j’en ai souffert.
Lee et Gaï eux, me considéraient, consternés. Je n’ai pas jugé nécessaire de leur demander pourquoi ils arboraient cette grimace condescendante. Je savais très bien ce qu’ils allaient me répondre. Et je n’avais absolument pas envie de l’entendre.
Je me sentais très mal.
Mais cette période de froid glaciaire entre ma coéquipière et moi eut le mérite de me faire réfléchir sur moi-même ce qui n’est pas chose courante. Ca n’a pas été très facile, la remise en question n’étant pas franchement mon point fort. Mais avec l’aide précieuse de ma cousine, qui à défaut de savoir manier les armes pour faire honneur à notre famille, maîtrise parfaitement la psychologie, j’ai fini par comprendre. Il m’a fallu un jour de plus pour avaler ce que je venais de découvrir, et deux pour rassembler mon courage et l’humilité nécessaire afin de faire ce qu’il était obligatoire que je fasse.
M’excuser…
Ce verbe (surtout pronominal) m’avait toujours été étranger. Je n’ai pas la moindre idée de comment il faut présenter des excuses. Demandez-moi d’exécuter autant de poings du Hakke que vous voulez, interrogez moi sur toutes les techniques de nos ancêtres, ou alors mettez moi au défi de ne pas sourire pendant des mois, voilà qui reste dans l’ordre de mes habilités.
Quant à s’excuser…
Mais le fait est que je n’avais pas vraiment le choix. J’aurais pu vous dire que je m’aplatissais par terre pour le bien de notre équipe, pour conserver les liens solides qui nous unissaient, mais la véritable raison était bien plus égoïste. J’aimais Tenten et je ne supportais pas l’idée de ne plus lui parler. (Même si on devait se disputer voire se battre à chacune de nos rencontres je préférais ça au silence). Mais maintenant, l’idée d’amour de ma part était un peu dérisoire comparé au danger que représentait notre dispute. En plus, il était bien peu probable qu’elle me saute dans les bras, après toutes les horreurs que j’avait craché. Surtout si elle en aimait un autre. Donc je me devais de cacher la vérité, pour mon amour propre autant que pour la survie de la team. Je n’avais qu’à m’excuser au nom du remord que j’éprouvais pour avoir fragilisé les liens au sein de l’équipe, tout ça parce que j’étais de mauvaise humeur… Qu’elle gobe ou non, n’était pas important. Le principal c’était qu’elle accepte mes excuses et que tout redevienne comme avant. Facile…
En théorie.

Je l’ai retrouvée à l’endroit dont je savais qu’elle aimait s’y rendre, pas vraiment pour rêvasser comme les filles ont l’habitude de le faire, mais pour suer sang et eau à améliorer ses techniques.
C’était la fin de l’après midi et le soleil déclinant rougissait la falaise en face d’elle. Elle exécutait un enchaînement d’attaques plus ou moins spectaculaires, basées sur la vitesse et la précision, domaines dans lesquels elle excellait depuis l’académie. Je l’ai observée un moment. Si elle avait senti ma présence elle n’en montra rien, m’ignorant même royalement. J’attendis donc qu’elle s’écroule de fatigue avant de m’approcher.
Elle s’était assise hors d’haleine, et se releva d’un bond m’entendant arriver. Probablement qu’elle ne voulait pas me laisser le moindre avantage. Je m’efforçai de paraître calme et assuré, mais je n’en menais pas large. (Ceci reste entre nous.) Elle me dévisageait, et ses yeux étaient de glace. Je ne pouvais m’empêcher de la trouver belle même si c’était pas vraiment l’objet de ma visite.

- Je viens en paix, précisai-je, plus raide que la bûche.
- T’as plutôt intérêt, grinça-t-elle.
Je pris une grande inspiration avant d’avancer d’un pas et de baisser la tête.
- T’as le droit de me frapper. Vas-y, défoule toi, je l’ai bien mérité.
J’ai attendu quelques secondes, les mâchoires crispées. Pour moi il était logique qu’elle m’envoie au tapis, c’était la manière la plus normale de faire souffrir quelqu’un. Mais à la place elle a haussé les épaules et dit :
- J’ai pas envie. C’est pas drôle si tu te défends pas.
- Tu veux que je me défende ?
J’étais prêt à tout pour qu’elle oublie
- Non, je suis fatiguée.

Je restai perplexe. La confrontation ne se déroulait absolument pas selon mes plans, et dieu sait combien j’en avais imaginé. J’ai hésité, ne sachant pas quoi faire. Finalement, mettant dans la mesure du possible mon orgueil en veille, j’ai attrapé sa main comme un coéquipier et j’ai prononcé les premières excuses de toute ma vie.
J’ai expliqué à quel point je m’en voulais de l’avoir blessé, que c’était indigne de moi et d’elle surtout, que je m’étais conduit comme un imbécile enfin tout ce que j’ai précédemment cité. J’ai répété mes excuses, j’ai bafoué mon honneur une bonne cinquantaine de fois, mais évidemment ça ne lui a pas suffit. Il a fallu qu’elle pousse les investigations là où il ne fallait surtout pas qu’elle les pousse.

- C’est bien gentil tout ça, dit-elle quand j’eus enfin terminé, mais si je n’ai pas une bonne raison de comprendre pourquoi tu en es arrivé à des extrémités pareilles, comment veux tu que j’accepte tes excuses ?
Là, j’étais bien embêté.
Et donc forcément, j’ai gaffé.
- Ca ne te regarde pas.
Mais que me prit-il au juste ?
Il était clair que si elle avait pu, elle m’aurait fusillé sur place. Mais il lui faudrait attendre encore un peu.
- Tu appelles ça des excuses, Hyûuga ? J’aurais dû me douter que ça n’irai pas plus loin que ça.
C’était injuste ! Elle n’avait pas qu’à poser les mauvaises questions aussi.
J’eus cependant la présence d’esprit de garder ma remarque pour moi.
- Tu peux toujours courir pour que je te pardonne quoi que ce soit, ajouta-t-elle, avec un sourire amer et un regard assassin.

Jusqu’à présent, j’ignorais que les deux pouvaient aller ensemble. Que les femmes sont étranges et compliquées…
Il fallait à tous prix que je revienne sur mes pas.
- Je ne voulais pas…
- Economise ta salive, cracha-t-elle, j’ai plus envie de te parler.

Je voulais m’avancer vers elle, mais ni une ni deux, là voilà qui saute dans le vide. Je sentis mon cœur faire une drôle de pirouette dans ma poitrine. Ce n’était pas du vide dont j’ai eu peur. Se rattraper aux nombreuses gouttières qui courent le long de tous les bâtiments de Konoha est à la portée de n’importe quel ninja. Non, ce que j’avais du mal à avaler c’est qu’elle me fuie. Après tout ce que ces maudites excuses m’avaient coûtées, j’avais quand même réussi à la faire fuir. Qu’on m’explique.
Trop tard pour que je lui coure après.
Encore un jour à supporter pendant lequel elle fera comme si je n’étais pas là. Encore une nuit sans dormir.
J’étais si furieux que je manquai de fracasser un pilier avec un poing de Hakke. Quel imbécile ! Ce serait encore plus difficile maintenant !
Mais quoi ? Je ne pouvais quand même pas lui dire que je l’aimais ? J’avais l’intime conviction que ce serait le summum de mes bourdes.


- Quel idiot… lâcha Hinata ce qui était sans doute la plus grande insulte qu’elle eût jamais proféré.
- Quoi ? M’exclamai-je, agacé. Je me suis EXCUSE !
- Pour l’ignorer deux minutes après…
- Hein ?
- Le « Ca ne te regarde pas » était une boulette.
- Je m’en étais aperçu, oui.
- Mais Neji, c’est normal qu’elle soit furieuse, c’est comme si tu lui avais claqué la porte au nez, après la lui avoir gentiment ouverte.
- Une porte ? Quelle porte ?
Elle a prit son air le plus doux possible, comme si elle s’apprêtait à expliquer l’alphabet à un enfant de cinq ans, complètement novice et pour le moins agité.
- Il faut que tu comprennes quelque chose, c’est que pour les autres il y a comme un mur tout autour de toi qui les empêche de t’approcher.
- Un…
- Pas un mur véritable s’empressa-t-elle d’ajouter, devinant que je n’y comprenais goutte. Si tu préfères c’est ton attitude qui agit comme une barrière. Tu te rends inaccessible, tu en as conscience ?
Je fronçai les sourcils, pensif. Oui, après ma récente introspection, j’avais découvert pas mal de choses dont je ne soupçonnais pas l’existence, et ce concept en faisait partie.
Je hochai la tête.
- Bon, ben là imagine que tu lui as ouvert une petite entrée dans ce mur et qu’après l’avoir presque invitée à entrer tu lui claques la porte au nez.
Je cillai.
C’était dingue, mais je voyais où ma cousine voulait en venir. Enfin, ça ne résolvait pas le problème.
- Ok, mais qu’est ce que j’étais sensé dire alors ?
- Ca c’est à toi de voir.
J’ouvris de grands yeux.
- Tu veux pas me le dire ?
C’était la première fois que ma cousine refusait quelque chose à quelqu’un.
- Non.
Elle me regardait avec ses yeux si semblables aux miens, en plus grands et bordés de longs cils. J’étais abasourdi.
Elle eut un petit sourire face à ma réaction, puis me chassa de sa chambre en me souhaitant bon courage. J’hallucinais. Mon dernier recours, ma propre cousine, me lâchait !


Le lendemain fut une dure journée. Tenten refusait toujours de m’adresser la parole et j’ignorais comment lui ouvrir à nouveau la porte qui, d’après Hinata, menait à moi-même. J’ai eu beau chercher, je n’ai pas trouvé d’autres moyens de la déverrouiller autre que de m’excuser encore. J’étais certain qu’il en existait, mais je n’y connaissais rien, et j’avais peur de faire encore des gaffes. Je me suis donc résolu à aller présenter de nouvelles excuses, et cette fois, je n’avais plus d’autre choix que de lui dire la vérité concernant mes sentiments.
Mais j’avais tiré les leçons de mon échec précédent, et je décidai donc de procéder différemment. Autrement dit, alors qu’elle se battait furieusement contre un arbre, je lui sautai dessus.

Elle eut d’abord comme réaction de fuir le combat, refusant par le fait le moindre contact avec moi, mais j’insistais, revenant à la charge chaque fois qu’elle m’esquivait, et comme prévu, elle finit par céder. La lutte fut d’une rare violence même si j’évitais de me donner à fond. Lee et Gaï-senseï finirent par quitter les lieux échangeant des regards complices. Tenten les ignora concentrant toute son attention sur les coups qu’elle m’infligeait. Son visage était crispé et ses muscles tendus dans des efforts constants pour m’atteindre. Je virevoltais parfois pas assez vite, pour éviter les lames tranchantes qu’elle lançait dans ma direction, et j’eus recours à plusieurs kaiten quand aucune autre option ne se présentait ce qui arrivait relativement souvent. Rendue euphorique par ses succès, elle faisait preuve de plus en plus d’audace contrecarrant mes coup avec une rare adresse, se mettant en danger de façon systématique ce qui m’obligeait bien souvent à bloquer mes attaques.
Finalement, feignant de glisser sur l’herbe humide, (ce qui ne m’arrivait jamais) je basculai en arrière et attendit qu’elle veuille bien me plaquer une de ses lames sous la gorge. Elle avait le regard assassin et n’oublia pas d’appuyer sur le fil redoutablement aiguisé de son arme. Je n’osai plus faire un geste. Tout à coup, j’aurais presque eu peur pour ma vie.

- Tu m’as laissée gagner, Hyûuga, gronda-t-elle, visiblement furieuse.
J’ai tenté le sourire.
Mauvaise manœuvre, elle écumait littéralement de rage.
- Mais si tu avais perdu tu m’aurais jamais pardonné, rétorqua-t-il.
Tenten plissa les yeux. Elle paraissait peser le pour et le contre de la question.
- Je préfère quand tu te donnes à fond. Sinon j’ai l’impression que c’est parce que…
Elle s’était tue avant la fin de sa phrase et moi je mourrais d’envie de connaître la suite. Je l’encourageai, mais elle me foudroya du regard et exerça davantage de pression sur la lame qui me meurtrissait le cou.
- Tu m’énerves !! s’écria-t-elle, sans raison apparente.
Puis toujours aussi imprévisible, elle relâcha la force du tranchant et se laissa tomber à côté de moi.
- J’en suis désolé, murmurai-je, pas sûr de moi.
Elle eut un rire amer.
- Tu sais, commençai-je, mal assuré, je voulais… répondre à ta question de la dernière fois.
Elle tourna les yeux vers moi, suspicieuse.
- Je ne veux plus de ta réponse.
J’ai froncé les sourcils.
- Pourquoi ? C’est toi qui avait raison, j’aurais pas du te répondre comme ça. J’étais venu pour m’excuser, pour le bien de l’équipe et je…
- Pour le bien de l’équipe ?

Inexplicablement, son visage que j’avais vu s’éclairer un peu alors je que j’exprimais mes regrets, s’était refermé brusquement. J’essayais de comprendre, de mettre en pratique les quelques notions de psychologie féminine qu’Hinata avait bien voulu me donner.

- Oui, j’ai mis en danger notre entente en me comportant comme ça, j’ai été idiot.
Elle a soupiré.
- Tu répètes toujours les mêmes choses, mais j’imagine que tu es sincère. Alors j’accepte tes excuses… pour le bien de l’équipe.
Et puis, tout à coup j’ai compris. Les choses s’éclaircissaient dans mon esprit, son attitude me paraissait moins obscure. Pour un peu j’aurais battu des mains tellement j’étais émerveillé. Mais il fallait que je vérifie deux ou trois trucs avant de me lancer.
- Dis, je ne veux pas que tu te fâches et si je vais trop loin frappe moi, mais je voulais savoir… ce qu’il y avait vraiment entre ce Kankurô et toi.
Elle m’a scruté sans répondre, alors j’ai poursuivi pour combler le silence.
- Parce que j’ai insinué et dit des choses, mais en fait j’en savais rien.
J’ai humblement baissé la tête attendant le châtiment dû à mon impertinence. Mais elle a simplement poussé un nouveau soupir.
- J’aurais bien voulu te faire croire le contraire, répondit-elle d’une voix lasse, mais il n’y a rien entre Kankurô et moi. C’est juste un mec sympa qui… a un faible pour moi. Mais ça n’ira pas plus loin, je ne suis pas intéressée.
J’ai lentement hoché la tête. Tout concordait. Allais-je finalement comprendre les filles ?
- Je suis vraiment désolé de tout ce que j’ai pu dire sur vous deux, de ce que j’ai dit sur toi, ajoutai-je.
Je sentais déjà mes épaules s’alléger ; c’était quelque chose de presque magique.
Alors j’ai achevé.
- J’étais jaloux. Je ne voulais pas te le dire parce que je pensais que c’était un sentiment stupide qui ne méritait pas que j’y prête attention. Alors j’ai tout laissé s’envenimer et après je pouvais plus revenir en arrière. Jusqu’à ce que tu décides de ne plus me parler et là…
J’ai jeté un rapide coup d’œil vers elle. Elle me regardait, ses yeux noisettes attentifs, les doigts crispés sur ses genoux. J’ai respiré à fond avant de continuer.
- J’ai eu peur. Parce que j’avais pas envie de te perdre, ni de perdre l’équipe, vous êtes ce qui me permet de tenir quand le reste m’angoisse trop.
J’ai effleuré la marque sur mon front d’un geste machinal, mais c’était inutile, elle avait compris.
- Donc j’ai réfléchi. Je me sentais vraiment mal, coupable en fait. J’ai pas mal discuté avec Hinata aussi. Elle m’a ouvert les yeux sur ce que j’étais aux yeux des autres. C’est ce qui a précipité mes excuses. J’aurais voulu tout rattraper, mon attitude, mes sarcasmes…
Là elle m’a interrompu.
- On ne veut pas d’un nouveau Neji…
J’ai hésité.
- Moi si. Je ne veux plus jamais te blesser comme je l’ai fait.
Elle a secoué la tête.
- Ca fait partie de toi. Et même si tu n’étais pas venu vers moi, je crois que j’aurais quand même fini par te pardonner… (Elle a haussé les épaules dans une moue fataliste) Je tiens à toi.

A ces mots mon cœur avait commencé à battre plus vite dans ma poitrine, et je devais me concentrer pour empêcher ma voix de trembler. Ses paroles me touchaient. Qu’on me manifestât une affection était quelque chose d’assez nouveau pour moi. J’avais conscience maintenant d’être quelqu’un d’hautain et de froid. Qu’on réussisse à m’aimer malgré ça, me semblait aussi étrange qu’euphorisant. En dépit de mes efforts pour me rendre invulnérable j’avais encore besoin d’amour.
Gênée par mon silence, Tenten s’était mise à arracher de l’herbe, les sourcils froncés et les joues roses, qu’elle dissimulait entre ses genoux. Son comportement et ses raisons, m’apparaissaient clairement. Je la trouvais adorable. J’aurais voulu la prendre dans mes bras. Une pensée subite me traversa l’esprit et je fis marche-arrière : je commençais à réagir comme une fille !
Elle avait perçu mon mouvement. Elle avait levé les yeux vers moi. J’ai essayé de résister à son regard, à tout ce visage qui me happait. Tous les arguments rationnels ont défilé dans ma tête, plaidant pour que je me détourne de ma coéquipière, que je revienne à une vie normale, sans qu’aucun ne me paraisse suffisant.
Devinant mon trouble avec son instinct typiquement féminin, Tenten m’examinait en se mordant nerveusement la lèvre inférieure.
Je me suis demandé quel idiot j’étais pour être passé à côté de ça pendant si longtemps.
Et j’ai craqué.

- Moi aussi je tiens à toi, ai-je avoué, avec l’impression tétanisante de m’y prendre comme un manche. En fait je… je t’aime.
Je me suis sentis me ratatiner sur moi-même, et rougir jusqu’à la racine des cheveux.
Tenten avait arrêté de se mordre les lèvres. En fait elle ne bougeait plus du tout.
J’aurais voulu disparaître.
J’ai failli me lever mais elle m’a retenu.
- Ne t’enfuis pas… pas après avoir sorti quelque chose comme ça, a-t-elle dit en me dévisageant avec une expression indéchiffrable.
Je ne réfléchissais plus. J’en étais subitement incapable. Mes efforts pour me reprendre, prononcer une phrase sensée ne menaient à rien, je me sentais vide et tourbillonnant.
Elle paraissait méditer. Probablement sur la véracité qu’elle jugeait douteuse de mes propos. Je n’osais pas me défendre.
Soudain, elle s’approcha, jusqu’à ce que nos visages ne soient plus qu’à quelques centimètres.
- Alors c’était vraiment de la jalousie… au sens propre ? Tu étais jaloux ?
Son visage rayonnait de l’intérieur. J’ignorais comment cette prouesse était possible.
- Je te l’ai dit… ai-je rappelé.
Elle riait carrément.
- Je ne te croyais pas ! Qui aurait cru un truc pareil ?!
Je me sentais me relâcher un peu. Son sourire avait des vertus relaxantes.
- Neji jaloux…
Son rire emplissait mes oreilles de sa musique en cascade.
- Excuse moi, mais c’est drôle.
J’acquiesçai en silence, même si moi je n’avais pas franchement trouvé ça hilarant.
- Et ça me fait tellement plaisir.
Sans que j’ai eu le temps de prévoir quoi que ce soit, elle avait retrouvé son sérieux. Je battis des paupières quand elle se pencha vers moi.
- Fais moi penser à aller remercier Hinata… murmura-t-elle avant de poser ses lèvres sur les miennes.
J’eu la présence d’esprit de me taire tandis qu’elle m’embrassait. Et que je l’embrassais aussi.


Croyez le ou non, il y a quand même quelque chose de bien chez moi : je m’adapte très vite aux nouvelles situations. Ma relation avec Tenten a rapidement cessé de m’impressionner, et j’ai eu tôt fait de prendre de nouvelles habitudes de couple. Comme lui réserver mes week-end que je passais auparavant à m’entraîner, où l’attendre à la fin de nos séances communes pour que nous rentrions ensemble. Je ne suis pas le petit ami parfait, je suis bien trop égocentrique encore pour ça, mais je fais des efforts. Et même si nous nous disputons souvent, plutôt violemment d’ailleurs, j’ai l’impression cependant que je ne m’en sors pas si mal.

BONUS :

Deux soirs après notre réconciliation, alors que je raccompagnais Tenten chez elle, nous tombâmes sur Kankurô qui l’attendait devant sa porte. Il n’avait pas l’air très surpris de nous voir ensemble et je soupçonnai Tenten de ne pas avoir été très discrète sur notre relation, puisque la moitié de Konoha nous jetait des regards entendus quand nous nous baladions. Néanmoins il n’avait pas l’air ravi non plus.
Il adressa un sourire à Tenten et un signe de tête à moi, et se décolla du mur auquel il était adossé.

- Salut.
Je devais paraître plutôt hostile, puisque Tenten me fila un coup de coude avant de s’avancer pour saluer son visiteur.
Je ne pouvais m’empêcher de scruter ses réactions tandis qu’il se penchait vers elle pour lui faire la bise. Et puis après une hésitation presque imperceptible il s’approcha de moi, la main en avant.
Je me détendis aussitôt.
- Ravi de faire ta connaissance, Hyûuga, assura-t-il de sa voix grave. Tenten m’a beaucoup parlé de toi.
- De toi aussi, prétendis-je.
Je sentis mon amie serrer mon bras, et la chaleur envahit ma poitrine.
- Je venais dire au revoir, annonça soudain Kankurô en regardant Tenten. Mon frère me rappelle, je dois retourner à Suna.
- Vraiment ?
L’autre hocha la tête, et montra son sac du pouce.
- Tout est là. Je pars dès ce soir.
- Bon…
Tenten avait l’air peinée.
- Si tu reviens un de ces quatre, tu seras toujours le bienvenu ici, m’entendis-je dire.
Bon sang, qu’est ce que cette fille me faisait faire ??
En tout cas, Kankurô avait l’air content.
- Merci.
- De rien, ajouta Tenten en s’avançant pour le serrer dans ses bras.
Je n’étais même pas jaloux.
Grandirais-je ?
- Vous aussi, n’hésitez pas à passer à Suna un de ces quatre !
- Promis !
L’étranger eut un grand sourire, et rabattit sa capuche sombre sur son crâne avant de nous adresser un dernier signe.
- A plus !
- Ciao !!
Il disparut très vite parmi les toits. Après avoir baissé le bras une fois qu’elle fut certaine de ne plus le distinguer, Tenten se tourna vers moi. Son visage rayonnait, et une flamme qui m’était alors inconnue brillait dans ses prunelles.
- Tu sais quoi ? demanda-t-elle à brûle pourpoint.
Puis sans attendre la réponse…
- Je t’aime Neji Hyûuga.
Je sentis un sourire heureux affleurer sur mon visage, et la chaleur à nouveau déferla dans ma poitrine.
- Moi aussi je t’aime.
Oooh oui.




Pour une fois je ne vais pas faire un roman pour clore mon chapitre.

"Si Dieu existe j'espère qu'il a une bonne excuse" Woody Allen.
Je vous l'accorde, à part le mot "excuses" pst dans la citation il n'y a pas bcp de rapport avec cette fic, mais que voulez vous, j'ai rit. Et j'espère que vous ferez de même.




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