Fiction: Chocolat blanc (terminée)

Elle a seize ans. Elle veut une vie normale et faire ses propres choix mais son père refuse. Il l'oblige a prendre des cours particuliers pour qu'elle soit à la hauteur de sa famille. Elle a l'impression d'être en cage. Il a vingt-six ans. Il doit faire le prof pour une gamine en crise. Il est parti de chez lui pour se libérer. Il veut juste profiter de sa vie. Il l'insupporte, elle l'amuse, et pourtant...
Classé: -16I | Romance | Mots: 50935 | Comments: 192 | Favs: 161
Version imprimable
Aller au
starmornielna (Féminin), le 19/10/2009
Coucou ^^
Et un nouveau chapitre de plus, j'espère qu'il vous plaira =)

Bonne lecture à vous <3




Chapitre 6: Jalousie



« La jalousie, c’est comme un poison. Ca blesse, ça s’incruste dans la tête, le cœur et le sang. Ca émiette le cœur, ça brûle les veines, ça fait souffrir. Le poison c’est comme la jalousie, à trop forte dose, ça tue. »



Plic… Ploc…

Depuis toute petite, Hinata avait toujours aimé le silence. Celui, rêveur, de la nature où la caresse du vent apaise l’esprit, où les bruissements de feuilles, de tiges et de fleurs révèlent un monde miniature inimaginable, grouillant de vie. Elle aimait tout particulièrement s’assoir dans l’herbe, le soir, alors que le soleil traçait de ses rayons mourants un dégradé orangé sur le ciel assombri, et que le vent caressait doucement sa longue chevelure et sa peau trop pâle. Dans ces moments-là, elle se sentait vivante. Et c’était avec un plaisir non dissimulé qu’elle restait souvent des heures avec lui, ce silence qu’elle aimait tant. Mais aujourd‘hui, dans cette pièce froide plongée dans la pénombre, coincée entre le lavabo et la baignoire, elle le haïssait : il n’avait jamais été aussi bruyant de vérité.

Les genoux ramenés contre sa poitrine, la tête enfouie dans ses bras, ses longs cheveux éparpillés sur ses épaules, Hinata se perdait. Trois heures qu’elle était là, dans cette position, à même le sol, dans le noir le plus complet. Elle portait encore le pyjama de la veille qu’elle avait enfilé à la va-vite, avant de s’enfuir lâchement devant sa honte.

Elle se sentait… sale ? Non, plutôt répugnante. Etait-ce vraiment ce qu’elle avait voulu ? Mais que désirait-elle réellement ? Un frisson la parcourut brutalement, comme une petite décharge électrique, tandis qu’une boule se formait dans sa gorge. Son rêve de toute une vie, son idéal, ce pourquoi elle avait passé sa vie à se battre lamentablement, essayant de prouver à tous qu’elle n’était pas une ratée et qu’elle pouvait changer pour se montrer à la hauteur ; ne se réaliserait que de cette façon si scandaleuse ? C’était ça le prix à payer pour être libre ? Non, elle avait dérapé tout simplement. Le monde que lui faisait découvrir Itachi l’avait grisé, elle s’était laissée emporter par cet inconnu qui la ravissait et l’effrayait à la fois, le goût de l’interdit avait pris une saveur de révolte contre ses chaînes qu’étaient les valeurs de sa famille et son père. Et, en abrutie qu’elle était, elle avait été largement trop loin. Conséquences, en plus d’avoir honte de ses actes, tellement qu’elle ne trouvait toujours pas le courage de sortir de cette pièce et d’affronter ses erreurs, elle était devenue en quelque sorte une libertine. Elle ne valait vraiment pas mieux que ces filles qu’elle voyait souvent à son lycée, qui couchaient juste pour le plaisir. Etait-ce la seule façon qu’elle avait d’exister ?

Son cœur se serra à cette pensée : si jamais son père apprenait ce qu’elle avait fait, elle n’aurait plus jamais l’espoir d’être quelqu’un à ces yeux. Plus jamais.

Plic…Ploc… font les larmes d’Hinata sur le carrelage froid…


Neji Hyûga était un lève-tôt. Il se réveillait toujours aux aurores pour s’entrainer. Pratiquant le karaté depuis son plus jeune âge et participant à de nombreuses compétitions qu’il gagnait le plus souvent, il aimait s’entraîner le matin. Rien de mieux pour commencer la journée qu’un footing suivi d’exercices intenses des mouvements de karaté. Une fois cela accompli, il petit-déjeunait le plus souvent en compagnie d’Hinata. Mais aujourd’hui, c’était différent : quand il entra dans la salle-à-manger, sa cousine n’était pas là. Il s’assit tout de même à sa place en se disant qu’elle devait sans doute avoir eu un léger retard, mais un mauvais pressentiment le submergea. Depuis qu’il la connaissait, elle avait toujours été d’une ponctualité sans égale. Et les heures de repas étaient très précises dans cette famille, être en retard à l’un deux signifiait chez les Hyûga un grand manque de discipline. La jeune-fille prévenait toujours lorsqu’elle ne prenait pas l’un deux. Et comme son déjeuner avait été servi, il en déduisit qu’elle aurait du être là. Masquant son trouble, il s’assit à sa place et entreprit de se restaurer. Mais plus le temps passait, et plus l’inquiétude le rongeait. A la fin de son repas, il se leva sans un mot et quitta la pièce. Même s’il ne le montrait pas, il était très inquiet pour sa cousine. Et malgré son apparente froideur, elle était, avec Tenten, l’une des rares personnes pour qui il donnerait sa vie s’il le fallait. Ce fut donc pour cela qu’il se dirigea vers sa chambre.

Lorsqu’il arriva devant la porte, aucune lumière ne filtrait en dessous. Il mit la main sur la poignée et l’ouvrit doucement. Comme il s’en doutait, la chambre était plongée dans la pénombre la plus totale. A tâtons, il se dirigea vers la fenêtre et l’ouvrit en grand. Et pour son plus grand étonnement, le lit de la jeune-fille n’était pas défait. Là, il eut du mal à contenir sa panique. Il se mit à imaginer tout un tas de situations de plus en plus angoissantes sur la cause de la disparition de sa cousine. S’était-elle faite enlevée ? Lui avait-on fait du mal ? Etait-elle blessée ? Mais l’une d’entre elles le figea sur place : et si elle avait fugué ? Car il ne pouvait le nier, la pression qu’exerçait son oncle sur la jeune-fille était de plus en plus lourde au fil des années. Et il savait que son rêve le plus cher était de fuir sa famille. Et peut-être son oncle avait-il été vraiment trop loin cette fois et que la jeune-fille, déjà très sensible, avait décidé que la seule solution qu’elle avait si elle voulait vivre sa vie comme elle l’entendait était la fuite.

Il sortit de la chambre en fermant la porte derrière lui, la mine sombre et une crainte sourde lui serrant les entrailles. Il avait décidé de demander conseil à Tenten, peut-être savait-elle où son amie se serait réfugiée. Mais son portable était dans sa chambre. Il parcourut donc le couloir d’un pas ferme. En passant devant la salle de bain, il entendit un gémissement, comme un couinement de jeune animal blessé. Intrigué, il ouvrit la porte et pénétra dans la pièce plongée dans le noir. Par reflexe, il alluma l’interrupteur. La lumière jaillit de l’ampoule et éclaira vivement le lieu. Ses yeux le piquèrent et il cligna des paupières avant de s’habituer à la nouvelle luminosité. Il analysa rapidement la pièce et vit, avec effarement, d’où provenaient les sons qu’il avait entendus dans le couloir. Sa cousine était là, prostrée, la tête enfouie dans ses bras, se balançant légèrement d’avant en arrière en sanglotant. Il savait qu’elle l’avait entendu, mais elle ne bougea pas et ne prit même pas la peine de le regarder. Très inquiet, Neji verrouilla la porte derrière lui et s’assit en face de sa cousine. Il n’avait jamais été très doué pour comprendre les sentiments des autres. Petit, après la mort de son père, il s’était muré dans un silence complet, ne parlant que pour l’essentiel et privilégiant son existence en dénigrant celle des autres. Il se rappelait, avec honte, qu’à cette époque il trouvait lui-aussi Hinata faible et sans intérêt. Ce n’est qu’à la mort de sa tante, qui avait toujours était là pour lui malgré son arrogance et son dédain, qu’il prit conscience de sa bêtise. Malgré ce qu’il laissait entrevoir, sa tante était pour lui comme une mère et sa mort l’avait autant meurtri que celle de son père. Il décida, comme acte de pardon envers cette femme qu’il estimait, aimait et respectait beaucoup, de protéger ce qu’elle aimait plus que tout : ces deux cousines. C’est ainsi qu’il constata que malgré son apparente fragilité et vulnérabilité, la jeune Hinata était bien plus forte qu’il ne le pensait. Elle se pliait à tous les ordres de son père sans broncher, donnant le maximum d’elle-même afin de lui plaire et faisant passer les autres avant elle. Une part de lui-même l’admirait. Et depuis ce jour, il la protégeait à sa manière. Et le calme quasi olympien que possédait Neji était mis à rude épreuve en ce moment même. Il se sentait bouillir de colère en la voyant ainsi, il n’avait plus qu’une envie : exploser le crâne de celui ou celle qui avait osé faire du mal à sa cousine. Mais il n’en laissa rien paraître car il savait très bien qu’elle refuserait de lui parler s’il le lui disait. Il devait avant tout être là pour elle et l’aider du mieux qu’il pouvait, pour le reste il verrait bien plus tard.

Il s’avança doucement et tendit la main pour caresser les cheveux de la jeune-fille. Il la sentit frémir tandis que ses sanglots redoublèrent. De plus en plus troublée, il l’attira à lui et l’enlaça tendrement en la berçant, une main caressant son dos, l’autre perdue dans ses cheveux. Elle enfouit sa tête dans le cou de son cousin, s’accrochant à lui comme à une bouée de secours.

Combien de temps étaient-ils restés ainsi, il n’en avait aucune idée, mais quand les pleurs d’Hinata se furent calmés, il prit la parole.

« Hinata, qu’est-ce qui s’est passé ? lui murmura-t-il d’une voix douce.

-Je…je… j’ai fait une énorme erreur…

- Les erreurs, ça se répare, ne t’inquiète…

-Non, non, le coupa-t-elle, tu ne comprends pas, je… je ne pourrais jamais la réparer…. Jamais…

-Mais qu’as-tu fait de si grave ? J’avoue ne pas comprendre là.

-…

-Répond-moi Hinata, je ne peux pas t’aider si tu ne me parles pas ! »

Devant le silence de sa cousine, Neji attrapa son menton de ses doigts et leva le visage boursouflé de tristesse vers le sien. Il la fixa, intensément, plongeant son regard laiteux dans celui de la jeune Hyûga. Les siens étaient blancs striés de veines rouges, désemparés, hagards, douloureux. Et là, il comprit. Sur le coup, il écarquilla les yeux alors qu’Hinata baissait la tête, honteuse.

« Qui ?

-Je… hésita-t-elle, je ne peux pas te le dire…je… comprends-moi !

-Ecoute, tu n’as pas vu autant de garçon que ça, alors tu peux bien me le dire, à part les domestiques et ton prof de… »

Et là encore, la vérité lui claqua au visage.

« Non…

-Je t’en pris, paniqua-t-elle, promets- moi que ça restera entre nous. Il… il n’est pas plus en tort que moi… »

Une part de lui voulait aller éclater la tête de ce type qui avait osé poser ses mains sur sa cousine. Mais elle avait raison, ils étaient en tort tout les deux et c’était à eux seuls de s’en sortir. Lui ne devait être là que pour elle, pour la soutenir, pour l’écouter et l’aider si elle le demandait. Mais ils ne devaient absolument pas les juger. Et c’était bien plus dur à dire qu’à faire. Il hocha la tête pour qu’elle comprenne qu’il ne ferait rien contre cet homme… du moins il essaierait.

« Merci Neji, lui dit-elle en se blottissant contre lui.

-Tu l’aimes ?

-Je… je n’en sais rien… »

Il lui caressa les cheveux doucement, comprenant qu’en plus de se sentir terriblement coupable, elle était aussi très perdue et terrifiée par ses sentiments.

« Tu sais, tu ne peux pas rester ici éternellement, hésita-t-il, il va bien falloir que tu lui parles un jour. Et puis si tu t’absentes trop longtemps, ton père va se poser des questions.

-Je sais… je sais tout ça…

-Et bien soit forte et assume tes actes… ce n’était peut-être pas une si grosse erreur. En restant là, assura-t-il, tu ne fais que te faire du mal.

-Tu as raison, excuses-moi.

-Pourquoi tu t’excuses ? »

Hinata se dégagea de lui et sourit en guise de réponse. Il souffla de soulagement, elle allait mieux c’était déjà ça. Il se leva à son tour, une impression d’impuissance accrochée à chacun de ses mouvements. Au moment de franchir le seuil, il se retourna et la fixa intensément.

« Je serais toujours là, si tu as besoin de quoique ce soit. N’hésite pas à venir me voir.

-Merci, pour tout… »



Dans une chambre aux murs bleus pâles et aux rideaux blancs, un jeune-homme était allongé sur son grand lit en bois, les mains croisées derrière la tête et les yeux dans le vague. Itachi Uchiwa avait toujours été quelqu’un de réfléchi, de sérieux et de calme. Plus jeune, il rêvait d’être encore plus doué que son père et de briller dans le monde des affaires. Il portait fièrement son nom, et sa seule raison de vivre était l’honneur de sa famille. Il en avait même repoussé son petit frère, avec qui aujourd’hui il entretenait des relations plus froides que fraternelles. Il avait pris conscience de ses chaînes et de l’autoritarisme dont faisait preuve son père vers la fin de l’adolescence, lorsqu’il était aussi âgé qu’Hinata actuellement. Son meilleur ami et lui avaient décidé de monter leur propre entreprise dans un domaine totalement dénigré par la famille Uchiwa. Kisame, doué pour la communication et lui, doué pour les affaires, avaient de quoi réussir facilement. Mais ce n’était pas une situation convenable pour l’héritier de la famille, qui était destiné à suivre les traces de son père. Aujourd’hui, s’il faisait le bilan de sa vie, il était plutôt fier de lui. Il s’était opposé à sa famille, son projet était toujours d’actualité et en bonne voie, malgré l’absence de fonds. Mais au niveau sentimental, c’était le vide complet.

Il avait déjà eu des relations avec quelques filles, la plus longue avait duré un an, mais elle l’avait plaqué. Il était soi-disant trop obsédé par son projet d’avenir pour vivre en couple. Et puis il avait rencontré la jeune Hinata. Au début, il ne faisait que la provoquer, il voulait voir jusqu’où cette gamine pourrie gâtée pouvait aller. Puis, ça lui avait plus, certes ce n’était que des baisers innocents, mais il savait qu’ils frôlaient déjà l’interdit. Il avait alors fermé les yeux, à cause de cette sensation qu’il n’avait jamais ressentie avant, cette petite touche aérienne, comme un saut à l’élastique, libératrice et terriblement enivrante. Il avait passé outre la petite voix de sa conscience qui lui criait qu’il fallait arrêter maintenant ce petit jeu avant de faire une véritable connerie. Mais il était un Uchiwa, il savait ce qu’il faisait… enfin il croyait savoir… La réalité était vraiment bien plus dure à avaler : il avait bel et bien couché avec Hinata Hyûga, dix ans de moins que lui, future héritière de la prestigieuse famille Hyûga et lycéenne en rattrapage à ses heures perdues. Il s’en voulait. Il savait qu’il était en tort, que ce qu’il avait fait été vraiment stupide ! Déjà le fait qu’elle soit dans la même situation que lui les avait rapprochés. Néanmoins, la veille, durant toute la journée le petit jeu innocent auquel ils se livraient n’était plus si innocent que ça. Il n’avait pas réfléchi. Pour lui, elle était intouchable, prohibée et ça le faisait vibrer. Il soupira en se prenant la tête dans les mains, quel con ! En plus, il ne savait pas du tout quoi faire et ça le rendait fou ! Ca ne lui ressemblait pas tout ça, un Uchiwa est toujours sûr de lui quoi qu’il arrive… De rage, il frappa violemment le matelas. Comment une fille pouvait le mettre dans un tel état ?

Une sonnerie stridente le fit revenir à la réalité. Qui pouvait bien le déranger ? Les gens ont le don d’appeler aux moments les plus inopportuns ! Poussant un soupir à fendre l’âme, Itachi se leva de son lit et entreprit de trouver son portable dans les vêtements éparpillés au sol. Dire qu’elle était partie sans même lui laisser un mot… m’enfin, ce n’était pas le moment de penser à cela, il venait de mettre la main sur l’appareil. C’était Kisame qui cherchait à le joindre et apparemment c’était la neuvième fois. Il leva les yeux au ciel et décrocha. Son ami pouvait être particulièrement lourd quand il s’y mettait.

« Allo, Kis’. Qu’est-ce que tu me veux ?

-Hey, t’es de mauvais poil ou quoi ! Et puis qu’est-ce que tu foutais ? J’essaie de te joindre depuis hier soir !

-Viens-en aux faits, s’il te plait, soupira-t-il, j’suis assez occupé là.

-Ben j’voulais savoir si ça tenait toujours pour cette aprèm. J’ai trouvé un moyen d’obtenir les fonds nécessaires sans passer par tes parents.

-Euh… t’es sûr que t’es pas drogué ?

-Ben non, je me suis jamais drogué et tu le sais, alors pourquoi tu me demandes ça ?

-Laisse tomber, s’énerva-t-il, t’es vraiment trop con !

-Mais…

-Bref, le coupa-t-il, explique-moi d’où vient cet argent.

-C’est trop long, viens vers deux heures au bar, avec tout les papiers et tu verras. J’dois te laisser, j’ai du travail.

-Ok, à toute.

-Et au fait, tu ramènes toujours la gamine ?

-Normalement oui, à tout à l’heure Kis’ »

Il raccrocha et jeta son portable sur son lit. Avant d’oublier, il sortit une chemise cartonnée sur son bureau, vérifia si tout était bien à l’intérieur, puis il prit des vêtements propres et sortit de sa chambre. Aujourd’hui était vraiment une journée pourrie. Dans le couloir, alors qu’il ne demandait rien à personne, le domestique Jean-Eude lui barra la route. Il soupira bruyamment, se moquant complètement que le vieil homme le prenne mal, et le fixa de manière désabusé.

« Que voulez-vous ?

-Je m’inquiétais monsieur, susurra-t-il, vous n’êtes pas venu déjeuner ce matin. En tant qu’hôte, il est de mon devoir de m’assurer que tout va bien pour vous.

-Hn…

-J’ai aussi remarqué que mademoiselle Hinata n’était pas présente elle aussi. Sauriez-vous par hasard ce qui lui arrive ?

-Aucune idée, répondit-il, maintenant j’aimerais aller me doucher, alors si vous voulez bien m’excuser. »

Itachi passa devant lui sans le regarder. Ce type était vraiment un fouineur, s’il lui avait parlé ce n’était pas pour rien. Il était le genre de personne à tout faire par intérêt et reconnaissance, ça le jeune Uchiwa en était sûr. Et son instinct lui disait aussi de se méfier, sinon il aurait encore plus de problème qu’il en avait déjà. Il soupira, décidément les problèmes s’accumulaient de plus en plus. Et en parlant du loup, il tomba nez à nez avec la jeune Hyûga devant la porte de la salle de bain. Elle devint subitement rouge, baissant les yeux en triturant ses longs cheveux mouillés. Par reflexe, Itachi attrapa le bras de la jeune-fille et la poussa à l’intérieur de la pièce. Il verrouilla la porte car Jean-Eude était encore dans les parages. Il alluma même la douche, au cas où. Hinata, elle, n’avait pas bougé de place. Debout, contre un mur, elle regardait partout sauf vers lui. De toute façon, il allait bien devoir lui parler un jour ou l’autre, alors autant le faire maintenant. Il croisa les bras contre sa poitrine et s’adossa au mur.

La jeune Hyûga était vraiment mal à l’aise. En sortant de la salle de bain, elle ne s’attendait pas du tout à tomber nez à nez avec son professeur, qui était honnêtement la dernière personne à qui elle voulait parler. Et puis là, dans cette pièce, la jeune-fille sentait qu’elle allait vraiment s’évanouir si le silence perdurait. Elle commençait d’ailleurs connaître par cœur l’assemblage du carrelage sur le sol.

« Bon on ne va pas y passer la journée, annonça brutalement Itachi en faisant sursauter la jeune-fille, on a fait une connerie, on peut rien faire pour revenir en arrière.

-Mais…

-Et bien sûr ça ne se reproduira plus, la coupa-t-il.

-Euh, d’accord…mais…

-Bon, maintenant que tout est clair pour nous deux, je dois de dire autre chose. Cette après-midi, j’ai rendez-vous avec Kisame, et tu m’accompagnes.

-Et pourquoi je dois…

-Je t’attendrais donc vers treize heures trente au garage. Je prendrais ma moto comme la dernière fois.

-Ah, et bien…

-Super, bien maintenant je vais me doucher, donc si tu pouvais me laisser, ça m’arrangerait.

-Oh ! Bien sûr, paniqua Hinata en rougissant furieusement, je m’en vais. »

Devant la porte close de la salle de bain, Hinata se demandait ce qui avait bien pu se passer. Elle avait la douloureuse impression que quelque chose lui avait échappée. Il avait était clair pourtant, et c’était le mieux à envisager dans leur situation. Ils avaient fait une erreur, qui ne se reproduira pas et ainsi personne n’en saurait rien. Sa vie reprendrait son cours normal et tout rentrerait enfin dans l’ordre. Pourtant, une sensation étrange lui brulait la poitrine et elle avait une très forte envie de pleurer. Etait-elle triste ? Mais pourquoi ? Non, ce n’était pas ça… mais alors quoi ? La jeune-fille se sentait encore plus perdue que tout à l’heure et surtout elle ne comprenait absolument rien aux émotions qui l’envahissaient. Elle avait l’impression d’être montée dans un train en marche et d’avoir oublié un bagage, sans savoir lequel. Etrange, se dit-elle en entrant dans sa chambre.


Hinata Hyûga courrait comme une folle dans les couloirs de sa maison, ses longs cheveux voletant derrière elle. Elle déboula dans le garage avec cinq minutes de retard, quelle idée aussi de se reposer un peu sans mettre le réveil. M’enfin, elle s’arrêta devant la moto de son professeur, essoufflée, le visage rougit par l’effort. Itachi, quant-à lui, était déjà assis sur son véhicule. Il lui tendit un casque qu’elle s’empressa de prendre, avant de s’installer elle-aussi sur l’appareil. Aucun mot ne fut échangé, aucun, pas même un reproche pour son retard. Elle avait à présent un goût amer sur le bout des lèvres et une touche de déception dans le regard. Mais déçue de quoi ? Elle ne saurait le dire. La moto démarra dans un vrombissement sonore et sortit à vive allure de la propriété, tandis que la jeune-fille s’accrochait tant bien que mal autour de la taille de l’Uchiwa.

Ils arrivèrent quelque temps après au bar où il l’avait emmenée la première fois qu’ils étaient sortis tout les deux. A ce souvenir, elle ne put s’empêcher de sourire. Elle avait bien aimé cette sortie, c’était différent de ce qu’elle faisait d’habitude, et surtout c’était complètement nouveau. Aujourd’hui, penser à ça la déprimait. A croire qu’elle ne savait pas ce qu’elle voulait…

Elle suivit Itachi à l’intérieur du bar. Le décor était toujours le même que la dernière fois, sauf qu’il n’y avait pas autant de monde, c’était d’ailleurs presque vide. Toutes les tables étaient vides, sauf une seule où trois personnes discutaient. Elle reconnu Kisame, l’étrange serveur et meilleur ami d’Itachi, par contre les autres lui étaient totalement inconnus. Il y avait tout d’abord une fille, particulièrement jolie selon Hinata, dans le genre beauté froide avec son teint pâle et ses cheveux bleus foncé où une rose blanche était fixée. L’autre personne était un homme qui semblait très jeune. Pourtant elle trouvait qu’il se démarquait du groupe, qu’il faisait plus vieux, elle ne saurait expliquer pourquoi. En tout cas il était particulièrement beau, comme sculpté, avec son visage enfantin, ses cheveux rouges et sa peau blanche. Itachi l’entraina vers eux et ils prirent place avec eux.

« Salut Kis’, Konan.

-Bon Itachi, t’as les papiers ? Demanda Kisame.

-Oui, tout est là, répondit-il en lui tendant la chemise qu’il avait emportée.

-Très bien, bon Ita’ je te présente Sasori, un artiste très prisé en ce moment, qui accepte d’exposer chez nous et surtout de nous sponsoriser.

-C’est vrai ? S’étonna le jeune Uchiwa.

-Je suis tout à fait d’accord pour vous sponsoriser, sachant que le nom Uchiwa est célèbre, beaucoup de personne viendront, expliqua Sasori, donc mes œuvres seront bien vendus. Je gagnerais en popularité et en finances.

-Très bien je comprends, annonça Itachi, bien je suis d’accord. »

Hinata se sentait totalement invisible. Elle avait l’impression de faire partie du décor, elle ne savait même pas pourquoi il avait tenu à ce qu’elle soit là. Chez elle, elle se serait beaucoup moins ennuyée. En plus, ils commençaient à parler sérieusement affaires et elle n’y comprenait rien à rien. Mais elle n’était pas la seule d’ailleurs, Konan semblait elle aussi mourir d’ennui.

Après quelques minutes qui paressaient des heures à la jeune Hyûga, Itachi et Kisame avait enfin fini de s’entretenir avec Sasori. Tous se levèrent et Hinata, un peu désemparée, se leva à son tour et les suivit, un peu en retrait, au comptoir. Kisame passa derrière et servit quatre bière. La jeune-fille remarqua qu’elle avait été oubliée. Elle était là, debout, derrière eux, seule. Ca paraissait hautement improbable mais malheureusement c’était vrai. Elle les vit trinquer, rire, plaisanter, se taquiner. Alors qu’il passait le balai, un serveur la bouscula : il l’ignora complètement. Peu à peu, la jeune-fille se sentait de plus en plus invisible, distante, comme si la scène à laquelle elle assistait s’éloignait de plus en plus. Elle ne s’était jamais autant sentie seule et humiliée. Et surtout, elle ne comprenant pas ce qu’elle venait faire là, elle n’avait pas demandé à venir ! C’était lui qui avait voulu qu’elle vienne, lui qui lui avait ordonnée, lui qui l’avait pressée ! Ses yeux la piquèrent et une boule la prie à la gorge. Elle avait envie de crier, de pleurer, de taper, de montrer son existence, de leur dire qu’elle était là, de lui dire qu’il lui faisait mal, trop mal, que c’était un salop et qu’elle voulait rentrer.

Un bras autour d’une taille, une tête sur une épaule, un baiser sur le front et tout s’écroulait.

Un vide dans la poitrine, le cœur au bord des lèvres.

Une impression fulgurante d’être dans des montagnes russes.

Une sensation de tournis, un poids sur l’estomac, un frisson.

Des yeux écarquillés, doute, peur, incompréhension, douleur.

Un goût salé, un spasme, un tremblement, un trou béant à la place du cœur.

Des cheveux qui volent, des pas, un sanglot, une porte qui claque.

Un bras autour d’une taille, une tête sur une épaule, un baiser sur le front et tout s’écroulait.

Elle courait droit, toujours tout droit, bousculant les passants, ignorant ce qui l’entouraient. Tout ce qu’elle voulait c’était mettre le plus de distance entre elle et ce bar branché. Pourquoi, mais pourquoi avait-elle si mal ? Pourquoi pleurait-elle ? Il n’y avait rien entre eux, juste une poignée d’hormones et un grain de folie. Il était libre, ils ne s’aiment pas, elle le savait. Alors pourquoi ? Et puis à quoi rimait son comportement, l’inviter dans un endroit pour l’oublier au profit de quelques copains c’était ça sa vision du « tout est clair entre nous » ? Et malgré ses paroles, il ne pouvait pas la traiter comme un fardeau après ce qu’ils avaient vécu, il n’avait pas le droit de faire ça ! Et puis cette fille, Konan, Hinata n’avait jamais ressenti ça, c’était un sentiment étrange, mélangeant envie, colère et tristesse. Elle était si belle cette fille aux cheveux bleus, elle avait de la prestance, du charisme. Alors qu’elle, elle était aussi intéressante qu’un tournesol sur une tapisserie de grand-mère.

Elle s’arrêta net. Non, ce n’était pas possible, elle était jalouse de cette fille. Alors, ça voulait dire que… non, ça ne pouvait pas être ça ! Elle leva les yeux et remarqua enfin où elle se trouvait. En fait, elle n’en avait aucune idée. Devant elle, il y avait un petit parc pour enfant, avec un toboggan rouge délavé par la pluie, deux balançoires, quelques platanes et un bac à sable. Il était désert.

Lentement, la jeune-fille traversa la route, entra dans le parc et s’assit sur une des balançoires. Elle se berça doucement, respirant le calme et profitant du vent, doux, qui lui caressait la nuque. Un cri la fit revenir à la réalité. Une petite fille, toute rousse, se précipita dans le bac à sable et entreprit de construire un château, avec pour seuls outils ses mains et son imagination. Hinata sourit à cette scène, elle se revoyait dans cette petite, les yeux rêveurs et un sourire innocent sur le bout des lèvres.

« Qu’est-ce que tu fais là ? »

Hinata sursauta brusquement en étouffant un cri. Elle ne l’avait même pas entendue s’approcher. Assise à côté d’elle sur l’autre balançoire, Karin la regardait en fronçant les sourcils.

« Et bien, t’as une tête à faire pleurer un mort.

-Bonjour…

-Tu sais, fit Karin en détournant la tête, les hommes sont tous des porcs. Quoiqu’ils fassent, ils feront toujours pleurer les femmes, c’est dans l’ordre des choses.

-Comment…

-Rho, ne me fait pas cette tête, je suis loin d’être une conne. Ce que tu vis, je l’ai vécu tout simplement.

-Ah ben…

-Et je suis persuadée, la coupa-t-elle, que celui qui te fait pleurer a des cheveux longs, des yeux insaisissablement noirs et un nom de famille aussi célèbre que le tien. J’ai tord ?

-Non, soupira Hinata en baissant les yeux, tu as raison.

-Tu veux en parler ? »

La jeune Hyûga se tourna vers Karin, la jaugeant du regard. Au lycée, elle semblait très superficielle, trop même. Et là, elle ne lui avait jamais paru aussi… mature, aussi naturelle. En plus, elle ne portait pas ses ensembles chics et griffés qu’elle mettait d’habitude, mais un vieux jean un peu large, un tee-shirt vert tout simple et tes tongs. Mais de là à lui faire confiance, c’était peut-être un peu trop demander.

« Bon, je sais que je ne suis pas très digne de confiance, déclara la jeune rousse en remettant ses lunettes, et que je n’ai pas toujours été très sympa avec toi, mais comprends-moi, et je l’assume, j’ai trop d’ambition pour ne pas écarter les gêneurs potentiels. Et tu en es une ma vieille. C’est peut-être très hypocrite et pas très honnête, mais je monte les échelons à ma manière, en charmant et en me faisant passer pour une cruche doublée d’une garce. Ce monde de riche et d’influence ne s’apprivoise pas comme ça. Et j’ai ma méthode, tout simplement.

-Je… je comprends… mais…

-Allez, balance-moi tout, tu as besoin de te confier. Et si jamais j’ai le malheur de te trahir, je jure de dire moi-même à tout le monde que j’ai adoré Mme Bovary. »

Hinata sourit, cette fille était vraiment surprenante et elle s’en voulait un peu de ne pas avoir compris qu’elle jouait un rôle. Alors, elle lui raconta tout, sa rencontre avec son prof, le jeu auquel ils avaient joué, devenant de plus en plus sérieux. La soirée de la veille, où tout avait basculé. Ses doutes, ses peurs, ses incertitudes, ses incompréhensions, le comportement d’Itachi, et la scène dans le bar. Elle ne put s’empêcher de verser quelques larmes, mais Karin fit preuve de beaucoup de tact et ne l’interrompit pas une seule fois. A la fin de son récit, la jeune-fille se tut et seuls les cris de la petite fille dans le sable brisaient le silence.

« Tu la connais, osa Hinata en voyant le sourire de Karin qui fixaient l’enfant.

-Oui je la connais… c’est ma princesse. Hinata, fit-elle en se tournant vers la jeune Hyûga, tu es amoureuse ma vieille. Toutes mes condoléances. »




Alors, ça vous a plu?
J'espère que oui, en tout cas =)

Brefle, le prochain chapitre sera sur le thème du soupçon XP
Je n'en dis pas plus, suspens ^^

Merci de tous vos commentaires si encourageants, de me suivre et de me lire^^

Bizouxxxx et à bientôt <3




Chapitres: 1 2 3 4 5 [ 6 ] 7 8 9 10 11 12 Chapitre Suivante »



Veuillez vous identifier ou vous inscrire:
Pseudo: Mot de Passe: