Fiction: Sois jeune et tais-toi (terminée)

Hinata a toujours craint l'avenir, s'est tue le présent, a effacé le passé, ses souvenirs. Son père et les autres hommes de son clan ne lui permettent pas de rêver à autre chose que sa prison. Pourtant lorsqu'elle se croit arrivée dans une ultime impasse, les Free Hugs abattent le mur et lui présentent une nouvelle route. Une fois qu'on a connu la liberté, on ne craint plus ses chaînes. On se surprend même à vivre...
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shikacool (Féminin), le 25/07/2009
Yo le peuple ! Les Free Hugs, vous connaissez ? "All the same", des Sick Puppies ?
Un mouvement, une chanson. Géniaux, c'est le mot.

Et puis le titre se rapporte à un écrit qui date des années soixante, lorsque les étudiants voulaient plus de liberté, moins de tabous.

Ma fic' porte donc sur cette recherche de liberté, et la découverte de ce mouvement des Free Hugs, donc. J'ai trouvé qu'Hinata était le personnage idéal pour ça.

Bon, je n'en dis pas plus, sinon j'vais pas pouvoir m'arrêter xD

Bonne lecture !




Chapitre 1: One-shot



Je déteste les vacances.

Surprenant, n’est ce pas ? C’est plutôt rare de croiser une adolescente de quinze ans qui ne bénit pas la fin des cours. Je fais partie des exceptions.
Vous vous demandez sûrement pourquoi. Parce que je m’ennuie, parce que je préfère travailler, parce que mes amies me manquent ? Oui, ce sont de bonnes raisons. Hélas mes motivations à moi ne sont pas aussi simples.

Je déteste les vacances parce que, pendant deux longs mois, je quitte la France pour le Japon, et rejoins ma famille dans un village où le temps s’arrête du nom de Konoha no Kuni. La famille, ou devrais-je dire le clan Hyûga, est très puissant là-bas.

Quand j’étais petite, j’adorais y aller. J’adorais les jolis kimonos que l’on m’offrait, les maisons si caractéristiques du pays et retrouver mes cousins, mes grands-parents. Quelle naïveté.

Qu’est ce qui a changé, alors ? Peut être que me rendre dans cette île oubliée du monde me « fane » et revoir les darons me « soûle, un truc de ouf » ?
Une fois encore, vous êtes complètement à côté de la plaque, si je peux me permettre.
Depuis quelques temps, on me parle de quitter la France et d’habiter dans le domaine familial. On me « forme » à être une jeune fille bien comme il faut. J’ai appris à coudre, à cuisiner, à faire le ménage. A me taire et à quitter la pièce en présence des hommes.

On me parle mariage. On me parle descendance, on me dit : « baisse les yeux, Hinata. Fais honneur à ton clan. »

Sois jeune et tais toi. J’aime beaucoup cette citation, qui date des années soixante, lors de la révolte étudiante contre De Gaulle.

Mon Dieu, je me surprends à rêver d’évasion, dans cette petite chambre tapissée de dragons et d’une carte du Japon. Si seulement je n’étais pas née dans ce clan misogyne, si seulement je pouvais rester en France, à tes côtés, Naruto !

Ah oui, j’ai oublié de le présenter. Pourtant Dieu sait quelle importance il a dans ma vie.

Naruto Uzumaki est grand, beau, blond, avec des yeux bleus, de grandes dents blanches, un sourire qui me fait fondre. Il a le don de me faire oublier ma condition, mes devoirs, mes soucis. Il a le don de me faire reprendre courage, et d’espérer qu’on me vienne en aide, qu’on me libère de ces chaînes qui me retiennent à mon père et à la ceinture qu’il utilise pour me battre.

Je ne sais pas ce que j’éprouve pour lui. Amour, gratitude, admiration ? Peut être un mélange des trois.
Il est le seul à venir me parler, en classe. Les autres n’ont jamais réalisé que j’existais, moi Hinata Hyûga, que j’étais une élève de leur classe, comme eux.
Je dois plus leur faire l’effet d’un fantôme triste, j’imagine.

- Hinata ! Viens aider à mettre le couvert !

Je me lève en rejetant mes longs cheveux noirs en arrière. Père m’a offert un magnifique kimono aujourd’hui : bleu nuit avec un éventail parme dessus, de la couleur de mes yeux. Il m’a même autorisé à me passer du khôl pour le dîner. Ca doit être un jour important, j’ai un peu peur. Je sors néanmoins de mon refuge et me dirige dans la cuisine.

Dans le couloir, ma petite sœur Hanabi pousse un cri de joie en me voyant. Elle me saute littéralement dessus avec un petit rire frais, un rire d’enfant insouciant et naïf.

Sa réaction vous semble peut être disproportionnée. Elle a beau être ma sœur, nous ne nous voyons pas souvent. Mon père s’applique à nous éloigner, sans doute pour que je ne la dresse pas contre le clan. Elle est déjà assez difficile à tenir, si en plus je me mettais à lui parler de ce qui l’attend, lorsqu’elle sera devenue femme…

Le repas a l’air somptueux. Les cuisiniers se sont vraiment surpassés, aujourd’hui. En quel honneur ? Je suis de plus en plus méfiante, à tort sans doute. La force de l’habitude, tout simplement.

Tandis que je dispose verres de cristal, assiettes décorées, baguettes laquées et serviettes peinturées, le regard de mon cousin Neji ne me quitte pas. Je le sens dans mon dos, c’est une impression désagréable, mais dont je me suis accommodée. Les femmes sont toujours étroitement surveillées dans la maison.

Ayant fini ma tâche, je me tourne innocemment vers lui et lui adresse un sourire courtois. Il est tranquillement appuyé sur le mur du jardin, et me fixe de ses yeux pâles, l’air étonnement songeur. Comme il est de coutume, il a été désigné en tant que « protecteur » de l’aînée de la branche principale des Hyûga, c'est-à-dire moi. Il a toujours pris soin de m’ignorer, alors pourquoi ce changement de comportement tout à coup ? Ai-je quelque chose à craindre ? Non voyons, Neji est sans conteste le meilleur combattant du clan et le garde du corps le plus intelligent du pays.

L’heure du repas est arrivée, on sonne la cloche dans l’arrière cour. Les hommes débarquent dans le patio en parlant fort et à toute vitesse. Ils s’assoient autour de la grande table tandis que nous les femmes, attendons, debout, à l’écart, qu’ils soient tous bien installés afin de les servir.

C’est toujours pareil.

Les femmes mangent dans la cuisine ce qu’il reste des plats. Je m’apprête à les rejoindre quand mon père me retient :

- Attends, Hinata. J’ai quelque chose à t’annoncer.

Je me stoppe net et me retourne, tremblante. A-t-il un quelconque reproche à me faire ? Ma tante me regarde d’un air désolé avant de repartir dans la cuisine, et Neji me dévisage à nouveau de son air froid. Tous les hommes ont le regard rivé sur moi, chose peu commune. Je suis gênée, je me balance d’un pied sur l’autre, attendant le sermon qui ne vient pas.

- Hinata, j’ai reçu à ce jour une demande en mariage. Pour toi.

Un hoquet d’effroi m’échappe. Une demande en mariage, pour moi ?! Père ne me laisse pas le temps d’assimiler la nouvelle qu’il poursuit déjà :

- Elle vient du clan Uchiwa. Le fils cadet, Sasuke, souhaiterait te prendre pour épouse.

Tout mon corps voudrait hurler son horreur mais je me contente d’acquiescer en silence. Sasuke Uchiwa, devenir mon mari ? C’est un homme vil, imbu de lui-même, et certainement aussi machiste que mon père.

- Alors, tu ne dis rien ? s’impatiente mon père. C’est un grand honneur qu’un riche héritier tel que lui souhaite épouser une empotée comme toi. Je dois même dire que c’était inespéré !
- J’en suis très heureuse, Père. Mais… ne pourrait on pas attendre ?

Ces mots sont sortis de ma bouche avec précipitation, presque contre ma volonté. Des exclamations outrées s’élèvent autour de la table. Mon Père frappe la table du poing et gronde :

- Ce n’est pas à toi de choisir, femme ! Je t’aurais imaginée plus soucieuse de la fierté de ton clan. Hors de ma vue !

Je m’incline précipitamment et me rue dans ma chambre. Ma tante me crie de venir manger, mais je ne bouge pas. Comment pourrais-je avaler quoi que ce soit avec cette horreur qui broie mes entrailles, avec cette boule dans ma gorge ?
Retenant mes larmes avec peine, je m’effondre sur le lit et cache ma tête dans un coussin. Chaque année depuis trois ans, je redoutais ce voyage au Japon, de peur qu’on me prive du peu de liberté qui me restait, en me mariant. Et chaque année je revenais, soulagée, pour une autre année en France. J’avais espéré être tranquille jusqu’à ma majorité. Idiote.

Que faire, à présent ? Accepter mon sort, épouser cet Uchiwa et renoncer à être une personne à part entière ? Je deviendrai alors mère de famille à seize ans peut être, silencieuse et soumise. On m’arrachera mes enfants, un par un, comme on m’aura arraché ma liberté. Peut être mourrais-je en couches comme ma mère à la naissance d’Hanabi.

Ou alors… Ou alors je fuis, maintenant, là, tout de suite. Je n’ai rien à perdre, après tout. Si je parviens à Sapporo, je pourrai m’en sortir. Sapporo est la capitale de l’île, c’est une grande ville, moderne. Là-bas je pourrai demander de l’aide.
Je deviens folle. Cet espoir insensé me hôte la raison. Je me lève d’un bond, enfile un jean, un pull à capuche, noue mes cheveux en chignon et rabat la capuche dessus. Je n’ai pas d’argent, pas de biens. Juste une fenêtre qui donne sur la rue. Juste quelques rêves pour bagages. J’ouvre doucement la fenêtre, jette un dernier coup d’œil à ma chambre et passe dehors.

Je dois faire vite, à présent. Il doit être autour de midi, le soleil est haut dans le ciel. Où aller, par quel moyen ? La panique me prend lorsqu’un étrange klaxon retentit derrière moi. Je m’écarte juste à temps pour ne pas être renversée par un scooter orange. Un garçon brun est juché dessus et se stoppe net. Il se retourne et dit d’un air enjoué :

- Oups, désolé. Je suis vraiment un baka moi ! Rien de casser ?

Par réflexe, je baisse les yeux. Je parviens à balbutier :

- Oh, euh, n… non, tout va bien.

Le garçon me dévisage. Il me demande :

- Marrant, je pensais connaître toutes les jolies filles du village. Comment ça se fait que ton visage ne me dis rien ?
- Je… Je n’habite pas ici, en fait. Je suis là en… vacances.
- Tout s’explique, alors ! Et tu t’appelles comment ?

Je relève la tête et me décide à le regarder normalement. Il est plutôt mignon, avec ses dents pointues, ses yeux noirs et ses deux triangles rouges sur les joues. Mais s’il continue à parler aussi fort, il attirera l’attention des hommes de la maison que j’essaie de fuir…

- Je m’appelle Hinata.
- Moi c’est Kiba. Tu vas à la journée Free Hugs, toi aussi ?
- Journée… quoi ?
- Free Hugs ! Tu ne connais pas ? Viens alors, je t’emmène. Ca serait bête que tu loupes ça.
- Désolée, mais je dois absolument aller à Sapporo…
- Pas de problème, c’est justement dans un centre commercial de la ville que le rassemblement a lieu.

L’idée est tentante. Je dois m’éloigner au plus vite, et ce garçon me propose de m’accompagner gratuitement.

- Eh bien…. C’est d’accord. Merci, Kiba.
- Y a pas de quoi mamzelle ! Monte à l’arrière, et tiens toi bien.

Enserrant son blouson de cuir de mes bras, je regarde ma prison qui s’éloigne. Le vent fait tomber ma capuche et fait s’échapper des mèches folles de mon chignon. Mais je m’en fiche. Je sens que la liberté arrive à grands pas.
Free hugs… câlins gratuits en anglais. Est-ce que c’est ce que je crois ?
Devant, j’entends Kiba fredonner allègrement :

I don't mind where you come from
As long as you come to me
I don't like illusions I can't see
Them clearly

I don't care no I wouldn't dare
To fix the twist in you
You've shown me eventually
What you'll do

Je souris en l’entendant chanter. Il a une belle voix, en plus. Et j’aime beaucoup le morceau qu’il a choisi. Les paroles, surtout, font vibrer mon âme.

Les maisons traditionnelles se font rares, nous avons quitté la campagne. Nous voilà au milieu des immeubles, des panneaux publicitaires colorés, du bruit, de la vie. De la liberté.
Sapporo s’ouvre à nous.

Kiba gare son scooter dans un coin et m’aide à descendre. Puis il me prend par la main et m’entraîne en expliquant :

- Dans ce centre commercial, le but n’est pas de donner ton nom ou tes origines. Aux Free Hugs on s’en fout que tu sois clandestin, prisonnier en cavale, malade ou martien. Ce qui compte, c’est donner un peu de ton affection à ceux qui en ont besoin. Tu vois le principe ?
- Je crois, oui…

C’est tellement différent de ce que je connais ! Ce hall de centre commercial est bondé de gens qui s’enlacent en riant. Kiba me tend une pancarte où il est marqué « Free Hugs ». Il en prend une lui aussi, et la lève au dessus de sa tête.

- Fais comme moi !

J’obéis, un peu mal à l’aise. Mon appréhension redouble lorsque je vois une fille blonde se jeter dans les bras de Kiba, et lui, lui rendre son étreinte à grands renforts de rires.
Je n’ai pas le temps de baisser ma pancarte. Une fille aux étranges cheveux roses s’approche et, avec un peu plus de retenue que la blonde, me prend dans ses bras.

Go ahead tell me you'll leave again
You'll just come back running
Holding your scarred heart in hand
It's all the same
And I'll take you for who you are
If you take me for everything
Do it all over again
It's all the same

Kiba m’adresse un immense sourire. Ce sourire a plus de force que le vent de la tempête. Tempête qui renverse mes dernières hésitations. Je serre dans mes bras la fille aux cheveux roses. A l’extérieur, ce geste peut paraître anodin. Mais au fond de mon être, le déclic se fait, emportant dérision et bâtissant certitudes. Ce contact me fait prendre conscience d’une chose : là où je vivais, le nom, le sang, l’attitude, le physique même, tous ces critères étaient primordiaux. J’en avais presque oublié ce qu’est l’affection spontanée, comme ça, sans jugement, juste parce qu’on en a envie. Cette même affection dont fait preuve ma sœur Hanabi, et que l’on perd en grandissant…

C’est merveilleux. Les étreintes passent et repassent, les rires s’élèvent, la musique vit. La liberté, ma liberté, me tend les bras, comme le font ces passants.

Une fille avec deux chignons sur la tête se balade dans le hall, portant fièrement un tee-shirt où il est marqué : « j’ai un cancer ». Elle met les gens au défi d’ignorer sa particularité.
Kiba et moi nous approchons timidement, lorsqu’un garçon à la coupe au bol saisit la main de la fille aux chignons en arborant le même tee-shirt, où l’inscription diffère : « ma copine a un cancer ».
Nous n’hésitons plus un instant. Brandissant nos pancartes « Free Hugs », nous nous étreignons tous les quatre. Notre mêlée dure longtemps, jusqu’à ce que je sente qu’on tire sur mon pull. Je me retourne, et voit une minuscule fillette aux cheveux roux me souriant d’un air candide. Je me baisse à sa hauteur et lui tend les bras. Elle se blottit contre moi avec tant de fougue que j’en tombe en arrière. Elle éclate d’un rire clair qui me rappelle Hanabi. Les yeux remplis d’étoiles et le cœur chantant d’émotions, je me redresse en chancelant, regardant la fillette courir vers d’autres passants, comme une poupée imaginaire. Kiba me rattrape et me sers contre son cœur. Troublée, je me dis qu’il ressemble à Naruto, par bien des côtés. Qu’est ce que je ressens pour lui ? C’est peut être trop tôt pour le savoir, me direz vous. Je ne l’entends pas de cette oreille…

Je vous dirais simplement ceci : entre trois, c’est peut être pas mal de gratitude, un peu d’admiration. Mais c’est le troisième choix qui l’emporte…

S’ajoute à notre étreinte la fille aux macarons, son petit ami, puis la petite rouquine, la fille aux cheveux roses, la blonde… Au final, nous formons une seule et même étreinte où la bonté désintéressée fleurit.

Hours slide and days go by
Till you decide to come
And in between it always seems too long
All of a sudden

And I have the skill, yeah I have the will
To breathe you in while I can
However long you stay
Is all that I am

Le soir est là. Mes espoirs vont-ils rentrer sous terre ? Tout s’est passé tellement vite… Le hall se vide. Perdue dans mes pensées, je ne remarque pas tout de suite que Kiba m’a délicatement pris ma pancarte des mains et est en train d’écrire au verso. Je me penche pour déchiffrer :
« It isn’t all the same. »

Il me tend le feutre. Je le prend et écrit en m’appliquant :
« Sois jeune et vis ta vie comme tu l’entends. »

Je suis tellement bête. Les espoirs ne peuvent pas s’enfoncer. Ils s’envolent, là, avec les étoiles. Et s’ils brillent suffisamment fort, si on y croit assez, ils deviennent réalité, n’est ce pas ?
Kiba et moi nous redressons en même temps. Il me dévisage d’un drôle d’air, et je surprends mon cœur à accélérer son rythme de battement.

- Hinata, ça te dirait qu’on aille se balader ?

- Beaucoup, Kiba…



Terminus, tout le monde descend ! xD oui je sais, ça vole pas haut...

Bon, alors, vos impressions ? Ne lésinez pas d'ssus, sinon j'me transforme en chèvre >< (et j'vais brouter les pâquerettes, puisque mon humour se situe à peu près à ce niveau... x'D)

Merci d'avoir lu les gens !

Zibouilles ! Bêêêê ! =P




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