Fiction: Les plus beaux moments

Les shinobis de Konoha ont tous un souvenir auquel ils sont très attaché... Qu'ils éprouvent tendresse, honte, joie lorsqu'il remonte à la surface ! Voici donc les plus beaux moments de la vie de nos shinobis !
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Liosalfar (Féminin), le 29/01/2007
Etant donné que les souvenirs seront très différents, le genre peut passer de la tendresse à l'humour en trente secondes (enfin, en un chapitre..)

Voilà, j'espère qu'elles vous plairont !




Chapitre 4: Shino



L'enfant s'accroupit devant la masse grouillante, et l'observa attentivement. Il s'assura que nul ne l'observait, et ses mains potelées, déjà expertes, attrapèrent une volée d'insectes. Tel un fautif, le petit garçon aux cheveux noirs disparut dans sa chambre et s'y enferma.

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“Shino ?”, s'étonna la mère, semblant avoir entendu un léger bruit, avant de hausser les épaules et continuer la vaisselle : peu importe ce que faisait son fils, les Aburame n'étaient pas connus pour leur prise de risques... Malgré son jeune âge, Shino était déjà extrêmement prudent et habile. Bientôt, son père pourrait lui révéler qu'il hébergeait une cohorte de punaises Kikkai.
La femme sourit doucement : leur fils serait un vrai Aburame.

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Shino arriva peu après dans la cuisine. Attrapant un tabouret de ses bras courts, il le traîna de toute sa jeune force sur une bonne partie de la longueur de la cuisine, arrachant une grimace désagréable à sa mère : il faudrait songer à changer les tabourets, ils raclaient contre le sol, et dieu que c'était horripilant...
Le petit garçon termina enfin son périple et se hissa maladroitement sur le tabouret, avant de se dresser sur la pointe des pieds et tendre les doigts vers une étagère...
En vain.
Il se tourna alors vers sa mère :
“Maman Sawako...”, commença-t-il doucement. “Pourriez-vous me donner un verre ? Je suis trop petit pour les attraper...
“Tu as soif, Shino-kun ?”, commença la mère en s'essuyant les mains, s'apprêtant à servir quelque chose à son fils. “Tu veux de l'eau ou autre chose ?”
Le gamin sembla alors gêné, puis murmura :
“Non merci, mère... Je... voudrais simplement un verre.”
Son regard s'éclaira alors que sa voix se faisait plus assurée :
“Je voudrais me servir seul, mère ! Si je suis encore trop petit pour atteindre l'étagère, je peux me verser de l'eau !
-Le pichet est encore un peu lourd...”, grogna Sawako, suspicieuse.
-Au robinet...”, sourit le petit garçon.
La mère réfléchit quelques secondes, puis haussa les épaules, tendant à son fils un petit verre, un léger sourire sur les lèvres.
“Voilà, Shino-kun !
-Merci, mère !”, s'exclama-t-elle en sautant du tabouret, filant vers la salle de bain.
Sawako attrapa une assiette, et la plaça sous l'eau chaude. Son fils commençait à grandir, et à s'écarter légèrement de son aide... Il était précoce. Du fond d'elle-même, elle sentit gonfler un maternel sentiment de fierté.

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“Vous ne m'échapperez plus...”, siffla le petit garçon, son arme terrifiante à la main...
Souriant d'un air innocent, il s'assura que nul pourrait venir le déranger en verrouillant sa porte, et reprit son activité.

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“Bonsoir...”, sourit Shibi en rentrant chez lui.
-Tiens, tiens, mais qui voilà ?”, sourit Sawako. “Tu enchaînes les missions à un tel rythme qu'on ne te vois plus à la maison...
-Bah...”, répondit le nouvel arrivant. “Je fais mon boulot, non ?”
Sawako n'insista pas : son mari n'était pas connu pour son sens du bavardage. La plupart de leur conversation se résumait au strict minimum. Il lui avait fallu du temps à elle, pauvre étrangère à la famille amie des insectes, pour comprendre que leur mode de dialogue était plus basé sur les gestes qu'autre chose... Et, intagible bavarde, elle avait dû apprendre à se contrôler, apprendre à sa taire, à n'ouvrir sa bouche qu'en cas de nécessité ultime... Avant que les parents de Shibi ne la reconnaissent comme véritable Aburame, et lui offrent en gage de reconnaissance filiale une colonie de punaises Kikkai, logée à présent contre son coeur.

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Un soudain hurlement les fit sursauter tous deux... Et Shibi, habituellement si calme et flegmatique, afficha sur son visage ce qui ressemblait à s'y méprendre...
A une expression de panique.
“Ca venait de la chambre de Shino !”, cria-t-il en s'y précipitant, immédiatement suivi par Sawako.
-SHINO !”, appela cette dernière en arrivant près de la porte, alors que les hurlements reprenaient. “SHINO, REPONDS !”
Seuls les cris de son enfant, déchirant son coeur de mère, l'atteignirent.
Shibi, pendant ce temps, s'acharnait sur la poignée.
“C'est coincé !”, s'exclama-t-il, la voix troublée par la peur qui suintait désormais de tout son corps à la simple idée qu'il ait pu ariver quelque chose à son fils.
“SHINO !”, répéta la mère, la voix angoissée, sentant poindre un désespoir et des sanglots qu'elle savait ne pas pouvoir retenir. “SHINO, JE T'EN SUPPLIE, ESSAIE D'OUVRIR !”
Peine perdue. Le seul signe de vie de leur fils, c'étaient ces hurlements de souffrance qui traversaient la porte...
Et ce n'était pas un bon signe.
“Je vais passer par notre fenêtre.”, finit par annoncer.
Sawako hocha la tête, et le vit disparaître dans la pièce contiguë, leur propre chambre... Ensuite, vint l'attente, la si douloureuse attente...
“Pitié, n'importe qui... Faites que rien de grave... Rien de grave n'ai touché mon fils...”, pria-t-elle en joignant les mains, s'enfonçant les ongles dans la peau.

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Passer d'une fenêtre à l'autre ne fut qu'un jeu d'enfant pour un shinobi aussi entraîné que Shibi. Mais il manqua cependant quitter la margelle et s'écraser au sol, terrorisé par le spectacle qui s'offrait à lui à travers la transparence de la vitre.
Au beau milieu d'un essaim tourbillonnant d'insectes volants, Shino, recroquevillé, hurlait de toute la puissance de ses poumons. Les insectes, agglomérés, mouvant telles un gigantesque serpent, lui fondaient dessus, lui arrachant des cris de souffrance, avant de reprendre de la hauteur, et recommencer leur sinistre danse. Sur le sol, une lignée de sang coulait doucement, alimentée par les multiples coupures ornant désormais la peau de son fils. Alors que le père peinait à reprendre ses esprits, confus devant pareille scène, il vit les yeux de son fils s'écarquiller de terreur, alors que le hurlement de sa femme lui parvenait par l'autre fenêtre laissée ouverte.
“SHINO ! SHIBI, JE NE L'ENTENDS PLUS !”
Le visage baigné de larmes de sa femme apparut dans l'air de la nuit, et répéta...
“Shibi...”
Ce dernier bataillait avec la fenêtre, coincée. Il avait beaucoup plus ces derniers jours, et, à son grand désespoir, les battants de la fenêtre, gorgés d'eau, avaient gonflé... Et lui interdisaient l'accès à la chambre.
Il reporta le regard dans la chambre, et ce qu'il vit lui arracha un hurlement :
“NON !”
La bouche de son fils désormais inconscient, était pleine d'insectes : les punaises étaient en train de l'asphyxier !
Ce fut le déclic : risquant à tout instant la chute, Shibi prit un léger élan, et, d'un coup d'épaule bien calculé, frappa la fenêtre. Cette dernière gémit, résista... Avant de céder et s'ouvrir.
L'essaim d'insectes s'éleva alors que le père s'interposait.
“Qu... Qu'est-ce que vous lui faites ?”, s'écria-t-il en se tournant vers le nuage calmé par son arrivée, prenant son fils contre lui. “C'est un Aburame, comme moi, mon fils ! Vous... voulez donc briser le lien qui unit nos familles ?”, murmura-t-il.
Les insectes, comme il devait s'y attendre, ne répondirent pas, mais une partie de l'essaim l'invita à s'approcher d'une table. Encore cloîtrées sous un verre retourné, une vingtaine de punaises se débattaient furieusement. Sur la table, deux à trois autres se traînaient lamentablement, et Shibi vit alors ce qui avait déchaîné la furie des insectes : les punaises libres...

Ne voleraient plus jamais. Leurs ailes, désormais inutiles, avaient été arrachées par les doigts du petit garçon. A leur extrémité pendait encore le lambeau de chair qui habituellement les actionnait. Parfois, ce n'était pas une aile, mais une patte qui gigotait encore sur la table, au milieu d'une petite trentaine de cadavres.
Serrant son fils inconscient, Shibi comprit son odieux crime : son enfant avait capturé des punaises en profitant de la confiance que le peuple insecte accordait aux membres de sa famille. Puis il les avait torturées, démembrées... Avant qu'il ne subisse lui-même leurs foudres.
“Epargnez-le...”, demanda-t-il en se tournant vers le nuage mouvant. “Il... il est encore jeune... Il ne sait pas que son existence est liée à la vôtre... Shino ne sait rien des Aburame... Il est encore petit...”, termina-t-il. “Je me porte garant de tout crime qu'il commettra envers vous après son instruction, mais je vous demande clémence...”
Le nuage frémit, hésita... Avant de s'étioler : une nouvelle fois, les punaises pardonnaient... Comme elles lui avaient pardonné sa propre curiosité, lui Shibi Aburame, lorsqu'il n'avait encore que cinq ans. Oh, ça, il le connaissait, le crime de son fils... Il l'avait lui-même commis... La curiosité enfantine qui poussait à l'expérience... A l'odieuse expérience de la torture... Shibi frémit doucement en tournant la clef de la serrure, livrant passage à sa femme désemparée.
“Shino ! Shino...”, pleura-t-elle en le prenant des bras paternels et le berçant contre elle. “Shino...”
Shibi soupira doucement, et se mordit la lèvre : à chaque génération d'Aburame, c'était pareil... Pourtant, il avait essayé... De lui apprendre le respect des civilisations animales... Il avait échoué. Demain, lorsque Shino serait réveillé, il lui révèlerait tout... Le pacte avec les punaises, leur fureur destructrice... Tout.

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Shino se dressa dans son lit, en sueur. Sa respiration haletante sifflait dans sa chambre silencieuse, troublant le zonzonnement calme de sa colonie de punaises.
“Encore ce cauchemar...”, soupira-t-il intérieurement en ramenant ses genoux à lui, et y enfonçant son front.
Ses camarades, en le voyant ainsi, ne l'auraient pas reconnu. Sans le col qui dissimulait ses lèvres, et ses lunettes noires, son visage perdait ce flegme distant qui horripilait tant Kiba, et devenait si aisément lisible... Si... révélateur de ses émotions. Ses prunelles noires étaient fuyantes, glissantes, terrifiées à l'idée de se poser sur la ruche de terre et de carton mâché où ses punaises passaient le plus clair de leur temps lorsqu'il dormait. Ses membres, d'habitude fermes et habiles, tremblaient faiblement. Sur ses tempes roulaient de légères gouttes de sueur, comme sur son front et ses joues...
Shino passa une main hésitante sur son visage, et goûta : ce n'était pas de la sueur... Malgré les années, malgré le pardon des punaises... Il s'en voulait, il s'horrifiait au point de se faire lui-même pleurer. Ecartant les draps, il se leva, et se dirigea vers la salle de bain.
“Shino ?
-Hm ?
-Qu'est-ce qu'il y a ?”
Le visage étonné de Sawako se dessina dans l'ombre : elle venait de quitter la cuisine, et allait se coucher.
“Rien, mère...”, rassura l'adolescent. “Je... j'avais un peu soif.”
Sawako hocha la tête, et disparut dans sa chambre, laissant son fils se rafraîchir. Ce dernier s'enferma dans la salle de bain, et remplit le lavabo d'eau, comme à chaque fois qu'il faisait... cet horrible songe. Son visage s'enfonça dans l'onde transparente, chassant ses larmes séchées et sa sueur, sa peur... Mais pas sa honte. A tel point que lorsqu'il se redressa et croisa son reflet dans le miroir, il ne put supporter son regard, et s'en détourna, dégoûté, prit d'une envie de vomir.
Lorsqu'il retrouva la tiédeur et l'obscurité de sa chambre, il s'approcha de la ruche, et caressa la paroi de carton mâché. Quelques punaises, intriguées, en sortirent, et se mirent à courir sur son bras, confiantes. Shino prit une grande inspiration, s'agenouilla, et murmura doucement :
“Pardonnez-moi...”
Il savait qu'elles avaient déjà pardonné. Déjà oublié, pourrait-il presque dire. Pourquoi lui accorderaient-elles leur pleine et entière confiance alors ?
Mais il ne pouvait s'en empêcher. Demander pardon, une fois encore... Car, à ses yeux, son crime était impardonnable.

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Impardonnable.
Inoubliable.
Inexpiable.
Jamais, non, jamais, il ne s'effacerai.



Voilà, fini pour Shino...
Prochainement... Hinata.




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