Fiction: Attrape-moi si tu peux!

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Hinata poussa la porte de la prison et attendit que le gardien daignât venir à sa rencontre. C'était un homme gras, l'air peu intelligent et il fumait un immonde cigare qui laissait échapper un nuage de fumée malodorant pour les visiteurs. La jeune femme fit fi de tout cela et demanda avec empressement au gardien qu'il la guide à la cellule du criminel numéro 666.

- Euh, excusez-moi à l'avance de mon impolitesse mais vous êtes ? Demanda-t-il en retirant son horrible cigare de ses lèvres.
- Inspectrice Hyûga. Du Commissariat l'A.N.B.U.
- Ooooh! Mais il fallait le dire plus tôt ma p'tite dame ! S'excusa le gardien en s'inclinant bien bas. Je ne pensais pas que vous viendriez si vite !
- Et bien comme vous pouvez le voir, je suis ici donc...
- Oui oui, je vous y emmène tout de suite !

Les deux personnes traversèrent les multiples et sinueux couloirs de la prison avec empressement. Hinata détestait cet endroit. La prison Nord étant réservée aux hommes et celle du Sud aux femmes, il était toujours difficile pour Hinata de venir ici : les prisonniers y étaient vulgaires, parfois violents et ils se comportaient la plupart du temps comme de véritables sauvages. Beaucoup la huèrent et la sifflèrent sur son passage. Pourtant, elle n'était pas spécialement jolie. Enfin, d'après elle. Brune, des yeux gris pâles qu'on les aurait presque dit nacrés, une poitrine dans la moyenne, des jambes longues et fines. La jeune Hyûga avait pourtant de quoi plaire... Mais sa timidité maladive la rendait inapte à bien des situations embarrassantes, et traverser ces couloirs en faisait parti.

- P-Pourrions-nous p-presser le pas? Bégaya-t-elle en jetant des regards par dessus son épaule gauche.
- Euh... Bien sûr ma p'tite dame.

Plus le temps passait et plus Hinata se sentait mal à l'aise.

Puis ils arrivèrent enfin devant la cellule de Kyuubi. Le gardien hésita un instant mais finit par ouvrir la porte. Une fois cela fait, Hinata se glissa à l'intérieur. Elle sursauta en entendant la grille se refermer derrière elle.

- Je suis désolé ma p'tite dame mais... Enfin... J'ai reçu des ordres et...
- Bien sûr, je comprends. Lui répondit la belle d'une voix douce.

Elle n'en était pas moins rassurée. La jeune femme ne distinguait rien à travers la pénombre et l'interrupteur était à l'autre bout de la pièce.

- Flûte... Jura-t-elle entre ses dents.

Avec l'obscurité, il lui était impossible de distinguer le prisonnier. Cependant, un souffle dans son cou dénudé la fit se retourner et elle retint un cri en surprenant le criminel juste derrière son dos.

- On est perdu princesse? Lui demanda-t-il d'une voix suave avec une certaine note de menace.

Et comme les femmes ne perdent jamais leurs réflexes lorsqu'il s'agit des hommes, Hinata le gifla violemment, faisant ainsi tituber l'homme qui avait déjà bien du mal à tenir debout à cause de la camisole.

- Aïeuh! Se plaint-il en essayant sans grand succès de frotter sa joue endolorie. Ca fait mal!

Ni une ni deux, l'inspectrice se jeta sur l'interrupteur et l'activa, baignant ainsi la cellule d'une douce clarté.

Ce qu'elle y vit alors fit rater à son coeur plusieurs battements. Cet homme... On aurait presque dit un ange. Il avait les traits fins bien que son visage soit déformé par la douleur du coup que la jeune femme venait de lui infliger. Elle n'avait pourtant pas l'impression d'avoir frappé fort... Trois fines moustaches zébraient chacune de ses joues lui donnant ainsi l'air d'un petit chat perdu. Ses cheveux blonds comme le soleil cascadaient sur son front, comme une rivière d'or et Hinata avait bien du mal à ne pas plisser des yeux. En parlant de ses yeux... Ceux de Kyuubi étaient bleu océan... Et l'inspectrice avait envie de s'y noyer... Oui... Ils lui semblaient si doux et si froids à la fois... Des yeux de tueur.

- Vous n'êtes pas bien de me frapper comme ça ? Grogna le criminel en question en tournant vivement la tête vers l'héritière des Hyûga.

La voix grave et chaude, bien que menaçante, de son interlocuteur sortit Hinata de sa rêverie et la fit, bien malgré elle, rougir.

- Génial... Soupira l'homme en observant la jeune femme qui lui faisait face. C'est parce qu'ils étaient en manque de personnel compétent qu'ils vous ont envoyé ici ? Demanda Kyuubi d'un ton nonchalant.

Hinata faillit s'étouffer. La belle image qu'elle avait de cet homme venait de s'effacer. C'était une brute sanguinaire, un voleur, un animal, rien de plus rien de moins.

Serrant ses petits poings délicats, Hinata désigna une porte close sur la droite et invita le blond à entrer. Ce dernier lui sourit mais s'exécuta sans broncher. Ils entrèrent dans une salle dont les murs blancs étaient hermétiques et où les seuls objets présents étaient une table, deux chaises et un lustre crasseux. La pièce était carrément miteuse. Hinata grimaça. Et après, on s'étonnait quand les prisonniers tombaient malades...

Sans que la jeune femme eût besoin de lui demander, le blond s'assit tant bien que mal sur une des chaises et attendit patiemment que son interlocutrice fasse de même. Cette dernière se décida enfin et prit place. Sans savoir réellement pourquoi, la belle hésitait à regarder celui que tout le monde appelait Kyuubi, de peur d'être de nouveau envoûtée par son regard de glace.

- Vous allez rester silencieuse encore longtemps ?
- Pardon ?
- C'est pas que je m'ennuie hein, Mademoiselle, mais j'ai pas que ça à faire alors si vous pouviez vous presser un peu... Ça m'arrangerait !
- J-Je... Bégaya la pauvre inspectrice.
- V-Vous ? L'imita-t-il.

S'en fut trop pour Hinata qui relâcha toute la pression qu'elle avait accumulé ces derniers temps.

- Non mais vous avez fini? Vous vous prenez pour qui ?
- Un homme Mademoiselle. Lui répondit le blond à l'air angélique.
- Un homme ? Désolé de vous contredire Môsieur, mais vous n'êtes pour moi qu'un gagne-pain. Je vais faire mon boulot et je vous ferai cracher tout ce que vous savez, vous pouvez me croire ! Lui jeta-t-elle au visage.
- Je demande à voir ça ! Jubila-t-il sans retenir le large sourire qui étirait son visage.

Qu'est-ce qu'il adorait jouer avec les nerfs des gens... Sasuke en savait quelque chose...

- Ça suffit !
- Oh non, ça ne suffit pas... Mademoiselle la froussarde.
- J-Je... N'importe quoi ! Commença-t-elle en paniquant.
- Déjà vous bégayez, un. Et vous serrez convulsivement vos poings, deux. Et dernier point, vous évitez mon regard... Je vous fais peur ? Sourit l'homme d'un air mauvais.
- Non ! Hurla Hinata. Je ne vous permets pas ! Vous ne me connaissez pas ! Rien ! Vous ne savez rien de moi, de ma famille, de mes relations, de mon quotidien ! Alors taisez-vous ! Je ne suis pas faible !

Elle ne savait pas pourquoi, mais ce fut la première fois qu'elle se mettait ainsi en colère. Elle, d'habitude si calme, si douce... Elle venait, en l'espace de quelques secondes, de lâcher tout ce qu'elle avait sur le coeur depuis des années.

- Vous savez que vous m'excitez à vous mettre en colère comme ça ? Ricana-t-il tout en regardant avec attention la jolie couleur pivoine qui vint colorer les joues de celle qui l'interrogerait.

D'abord, il allait se montrer doux comme un agneau ... oui ... Se la mettre dans la poche et en tirer tous les profits qu'il pouvait ... puis il retournerait sa veste si vite qu'elle n'aurait même pas eu le temps de dire "ouf". Et surtout, il s'arrangerait pour la sauter bien comme il faut ... avec son air de sainte-nitouche, il y avait des chances que cette gamine soit encore vierge. Ses plans étaient tous aussi machiavéliques les uns que les autres mais celui-ci dépassait sans aucun doute l'entendement humain ! Ce qui d'ailleurs, faisait jubiler intérieurement notre bandit.

Hinata, qui ne se doutait pas une seule seconde du plan diabolique que le malfrat élaborait dans sa tête, se calma puis sortit de sa veste un petit bloc note et un crayon qu'elle avait rangé dans la poche intérieure de sa veste qu'elle n'avait d'ailleurs toujours pas retirée.

- Commençons. Dit-elle d'un ton sec, ce qui fit sourire le jeune homme.
- Je vous écoute.
- Votre nom, prénom et âge.
- Pardon ?
- Je vous demande de me donner votre nom, votre prénom, et votre âge !
- Vous êtes débile ou quoi ?

La remarque fit à Hinata l'effet d'un coup de poing. Jamais, ô grand jamais, quelqu'un ne l'avait horripilée à ce point.

- Non, je ne suis pas débile aussi, je vous prierai de répondre à mes questions sans rechigner. Répliqua la jeune femme d'une voix égale, en essayant de ne pas trahir ses sentiments.

Elle avait une de ses envies de le...

- Je pense qu'on peut s'arranger... Sourit-il d'un air langoureux.

Il avait une de ses envies de la...

- Je pense surtout que vous feriez mieux de me répondre.
- Vous me menacez ? Demanda le blond d'un sourire narquois.

Décidément, même dans la pire situation, ce type continuait de sourire imperturbablement.

- Non... Soupira la jeune femme d'un air las. Mais j'aimerai que vous coopériez avec moi. Et je vous aiderai, dans la mesure du possible bien sûr.
- Vous avez un rendez-vous ?
- Pardon ? S'étonna Hinata.
- Ben vous ne cessez de reluquer votre montre alors je me suis dit que...
- Pas spécialement... Soupira-t-elle de nouveau en baissant la tête.

De toute façon, Shino ne l'avait certainement pas attendu...

- Il n'a pas l'air d'être quelqu'un de particulièrement attentionné... Souffla le prisonnier en regardant le plafond, comme si de rien n'était.
- ...

Hinata ne répondit pas, ce qui conforta Kyuubi dans son idée. Berner cette gamine serait si facile que ça en serait presque ennuyeux.

Il bailla, comme si la fatigue le gagnait soudainement.

- On ne pourrait pas reporter l'interview à plus tard Mam'zelle ? Je suis un peu fatigué.
- Vous êtes fatigué après avoir dormi toute la journée ?
- Je me serai bien frotté les yeux pour vous le prouver mais... Dit-il en désignant d'un coup de menton ses bras attachés. Je ne peux malheureusement pas donc vous devrez vous contenter de me croire sur parole.

Hinata soupira une nouvelle fois. Il allait la rendre folle.

- Bien.

Elle se leva et sortit après que Kyuubi soit retourné dans sa cellule, pièce adjacente dans laquelle ils se trouvaient précédemment. L'inspectrice appela le gardien pour que ce dernier vienne lui ouvrir la grille. En sortant, elle jeta un dernier coup d'oeil à sa dernière chance de s'en sortir pour son travail. Elle ne voulait pas faire le plaisir à son père d'abandonner. Pas cette fois. Même si cela allait s'avérer beaucoup plus compliqué que prévu.

- Bonne nuit...
- Naruto. Compléta le jeune homme sans se retourner.
- Hein?
- Je m'appelle Naruto.
- ... Et bien ... B-Bonne nuit Naruto.
- Bonne nuit Hinata.

Elle allait tourner les talons lorsque des sueurs froides la firent frissonner. Quand avait-elle dit à cette homme comment elle s'appelait ?

Elle ne put cependant pas avoir de réponse. Un regard en arrière lui confirma ce qu'elle pensait. La cellule était de nouveau plongée dans le noir et seuls deux perles azur luisaient d'un éclat bienveillant dans la pénombre.

Les apparences sont parfois trompeuses...

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