Fiction: In My Lonely Day Still Loving You (terminée)

[One-Shot] Temari vient de se faire larguer. Seule avec elle-même et face à ses sentiments, elle marche désoeuvrée en hurlant silencieusement. C'était sans compter sur une certaine fatalité...
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Sondocane (Féminin), le 08/05/2009
Fiction inspirée simplement de 3 chansons : Behind Blue Eyes de Limp Bizkit, Still Loving You de Scorpions et Lonely Day de SOAD ^^
Je me suis dit que mettre un visage sur ces personnages serait pas mal ;)
Je pense que les persos choisis sont ceux qui collent le mieux avec les caractères...
Bonne lecture




Chapitre 1: In My Lonely Day Still Loving You



Je déambule, perdue dans la nuit opaque et glaciale, m’orientant simplement à l’éclat de la lumière tamisée que projettent les réverbères et de la continuité du trottoir. Je fume, envoyant valser dans l’air des volutes de fumée qui s’entrelacent et se confondent puis s’évaporent comme un rêve inachevé. Je fume à m’en donner le vertige, à m’en réduire la voix, parce qu'il ne me reste plus que ça : fumer pour essayer de me concentrer sur autre chose mais mécaniquement je ne m’en rends même plus compte. Aspirer puis expirer et recommencer. J’essaie de me faire une raison mais ses paroles me reviennent comme un coup de fouet lancinant dont chaque mot m’écorche un peu plus profondément.

Les rues sont désertes, presque comme mortes. Les ombres des grands arbres se forment, s’étirent et se tassent. Pas un bruit. Seulement celui du vent dans les feuillages, celui d’une voiture qui passe et disparaît aussitôt et celui de mes pas traînant, fatigués, meurtris de ce corps qu’ils portent comme un poids mort. Le froid devient plus intense à mesure que le temps avance. Je n’ai qu’une légère doudoune mais pas besoin de lutter ou plutôt est-ce inutile. Le corps humain peut très bien résister aux basses températures mais seulement de façon temporaire. Le froid, lui, se propage en se nourrissant de chaleur, il la trouve comme un serpent rampant, progressant de façon sournoise. Le froid trouvera toujours un moyen de s’immiscer quelque part, comme l’eau, par une quelconque fissure, léchant la peau, la brûlant au passage, à la recherche de la moindre interstice.

Pourquoi cette mélancolie ? Pourquoi suis-je dans la rue ? Dans le noir et le froid ? Mon petit appartement a beau être accueillant et chauffé, il s’est refroidit instantanément à l’entente de ces mots qui se sont répercutés en écho sur les murs et ont imprégné tout ce qu’ils pouvaient dans leur danse effrénée, s’accrochant à mon corps dans cet ultime espoir de voir ma souffrance grandir et de les nourrir abondamment, me lacérant de leurs griffes crochues faisant perler ma douleur par les pores de ma peau, aspirant avidement ce qu’il me restait d’intact. J’ai fuis dans le froid qui attiserait ce feu démentiel, dans ce silence qui dissiperait ces cris de banshees et dans cette obscurité qui ne laisserait deviner aucune autre présence que la mienne. Et pourtant rien n’y fait.

J’arrive à un pont de pierre. C’est ici pour la première fois qu’il m’a dit ces mots, qui se sont d’ailleurs contredits avec les derniers. Je m’accoude au large rebord glacé en sortant une nouvelle cigarette. Le croissant de lune se reflète, ondulant à la surface de la rivière sombre et frémissante. Le bruit furtif d’une paire d’ailes ou d’une queue battant la surface pour replonger en eaux troubles, c’est tout ce qu’il y a. Le froid a maintenant élu domicile dans mon corps, je le vois ronger, arracher, sucer chaque organe, chaque goutte de sang. Je me le perçois comme une forme blanche incertaine comme ma fumée. Je tremble depuis un bon moment avec parfois de violents soubresauts, ma mâchoire est serrée à son maximun et me lance une douleur aigüe qui me descend dans le coup. Mon visage et mes mains sont comme paralysés. Je suis vraiment anesthésiée, alors pourquoi cet étau me compresse-t-il encore ?

Il me faut maintenant oublier pour mieux repartir. C’est douloureux mais seul le temps et ma volonté pourront le changer. Je ne croyais pas que ce sentiment de dépendance, plus encore que la drogue ou l’alcool pouvait nous fragiliser à ce point où on en viendrait à se détester soi-même, à se maudire de cette faiblesse qui nous fait pleurer ou espérer. Je lui ai tout donné et il a tout brisé avec quelques mots plus tranchants encore qu’une lame aiguisée, plus durs que l’acier et plus froids que la glace. " Je ne t’aime plus, je ne peux pas continuer ". Je ne pleurerai pas même si mon cœur se compresse à en exploser, et que l’envie de me foutre en l’air me dévore langoureusement. Je ne laisserai pas ce pitoyable sentiment me faire sombrer plus encore.

Aujourd’hui je me suis faite larguée. Sans explications, peut-être est-ce inexprimable ? Mais les yeux dans les yeux est une réalité qui ne peut s’effacer avec le temps car un regard emplit de vérité ne s’oublie pas. Il reste ancré, imprimé quelque part dans votre corps, dans votre mémoire et vous consume avec délectation et patience. Je ne me doutais pas de ses pensées. Encore ce sentiment qui m’a aveuglé. Et sans ma moitié, sans lui, je me sens vide, perdue, fade. Comme si ma vie gravitait et ne dépendait que de lui. Mais sans lui, cette gravitation n’a plus de sens car je suis seule, sans lumière, sans cet aimant attractif qui m’attirait de plus en plus. Seule dans le noir, dans un espace vide et silencieux, sans couleurs, sans vie.

Je me redresse et regagne la rue faiblement éclairée. Je déambule comme un pantin désarticulé sans son marionnettiste, sans expression dans une marche funèbre. J’enfonce de nouveau mes mains congelées dans la fourrure de mes poches. Je laisse une voiture passer et en voulant traverser, une bouffée glaciale m’envahit subitement. Trahison. Honte. Mensonge. Une déferlante d’émotions me traverse, me griffe, me brûle, me saccage mais je reste avec mon visage de pantin. Il est sur le trottoir d’en face, une fille dans ses bras. Ils rient, s’embrassent, s’aiment. Elle lui défait sa queue et ses sombres cheveux retombent sur ses épaules. Crinière de jais. Magnifique. Une seconde voiture passe et me klaxonne légèrement pour me faire reculer. Attirer par le bruit il lève les yeux et les plantent directement dans les miens, une lueur grave mais aussi de fierté y dansent. Et ses mots continuent de me frapper jusqu’à l’asphyxie.

La fille à la cascade de fils d'or me regarde puis lui chuchote quelque chose. Il ressert son bras sur sa taille et le froid devenu glace me transperce les organes de ses pics affamés. Le monde autour n’existe plus, seul son visage ressort de ce décor terne. Et je m’avance lentement, comme un bout de ferraille vers son aimant. Je suis son pantin. Il tire les ficelles de ma vie. Trop tard pour résister, j’ai succombé à la douleur, à ce sentiment d’amour. Les yeux dans les yeux, je me rapproche de lui. Je n’entends pas le klaxon, ce n’est que quand les phares m’éclairent et m’éblouissent que je me tourne vers mon destin, ma fatalité finalement. Puis sa voix puissante qui s’élève au-dessus du moteur rageur, dans un cri de désespoir. Le choc. Le noir. Et encore ce vide. Un dernier moment de complicité avant la faucheuse. Me suivra-t-il ? Pleurera-t-il ? Je n’en voudrai retenir que sa voix cassée mais je ne peux rien faire. Rien sentir. Ces vies éphémères qui grouillent encore autour de moi ne veulent plus rien dire. Je n’en perçois plus le sens, plus le but. Maintenant je ne suis plus rien.


La poupée brisée s’est faite fauchée par un ivrogne paumé




Voilà vous avez bien reconnu le couple Shikamaru & Ino ^^
Laissez vos impressions ça fait toujours plaisir ;)




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