Fiction: Le bonheur est un privilège rare (terminée)

L’obscurité. Le froid. Le vide. Plus rien. Ses yeux se ferment. Elle doit lutter, mais elle ne peut plus. Froid l’engourdit. L’eau emplit ses poumons et l’entraîne inexorablement vers le fond. Elle ne peut plus lutter. C’est trop tard. Tout est fini... Un one-shot Sasuke/Sakura pas forcément très joyeux.
Drame / Romance | Mots: 1687 | Comments: 15 | Favs: 29
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yume-chan (Féminin), le 28/04/2009
Un one-shot très difficile à écrire et à lire en écoutant une musique calme et triste. (Je vous conseil Somewhere de Within Temptation)
Bonne lecture.




Chapitre 1: Le bonheur est un privilège rare



L’obscurité. Le froid. Le vide. Plus rien.

Ses yeux se ferment. Elle doit lutter, mais elle ne peut plus. Le froid l’engourdit. L’eau emplit ses poumons et l’entraîne inexorablement vers le fond. Elle ne peut plus lutter. C’est trop tard. Tout est fini.


La falaise surplombait la mer, rivalisant avec sa beauté et sa puissance. Le flot venait lécher le pied du massif crayeux avec rage, effritant un peu plus à chaque passage la pierre blanche. La mer était plus forte. Fatidiquement, elle gagnait à chaque passage un peu plus de terrain sur la falaise, comme si toute l’immensité de son étendue ne lui suffisait pas. Les vagues s’écrasaient dans un bruit fracassant contre la paroi rocheuse qui malgré tout opposait plus de résistance qu’il n’y paraissait.

Ce spectacle majestueux des éléments, Sakura l’observait depuis de longues minutes. Elle était assise au bord de la falaise, les pieds dans le vide, sans peur. Son regard était perdu dans le vague. Elle formait une étrange statue aux cheveux d’un rose peu commun et aux yeux aussi verts et brillants que la pierre de jade ornant son cou. Elle porta sa main à son cou et glissa ses doigts sur la pierre verte. Cette pierre, elle était le synonyme de l’espoir et de la vie pour elle.
Sa main retomba dans l’herbe haute qui l’entourait et son regard plongea dans l’eau quelques dizaines de mètres plus bas. L’écume laissait des traces blanches sur le bas de la falaise. Elle pouvait rester des heures à regarder le va-et-vient incessant de l’eau sombre. Rien n’aurait pu l’arracher à la contemplation de ce spectacle magique différent à chaque vague, tout simplement imprévisible. Ou presque…

Elle sentit une présence derrière elle ou plutôt sa présence. La seule qui pouvait la contraindre à quitter des yeux l’océan si mortellement dangereux qu’elle observait pourtant avec envie. Rien d’autre ne comptait. Plus rien n’existait à part lui. Elle tourna la tête et ses yeux se perdirent dans l’abyme des siens. Des yeux ténébreux et froids, qui correspondaient à la perfection avec sa personnalité. Son visage d’albâtre était impassible comme toujours et d’une beauté si incroyablement parfaite. Il se tenait immobile devant elle, seuls ses vêtements ondulaient dans le vent marin.
Sakura se leva calmement. Son anxiété, si forte quelques heures auparavant, avait été emportée au large. La puissance sauvage de l’océan avait le don de l’apaiser. Elle passa une dernière fois sa main sur son pendentif et lui fit face. Elle replongea son regard dans le sien, mais cette fois, elle ne fut pas la seule à se noyer. Ses cheveux balayés par le vent flottaient derrière elle, dégageant son visage fin. Ses yeux déstabilisants ressortaient plus que jamais. Teintés d’une lueur de détermination, ils emportèrent Sasuke dans un flot de sentiments encore inconnus.
Elle. Elle seule arrivait à lui faire connaître ces choses là. Ses sentiments, il avait toujours voulu les oublier. Accompagné de sa volonté de fer, les choses avaient toujours étaient faciles jusqu’au moment où elle était entrée dans sa vie. Il avait résisté de toutes ses forces, sans savoir qu’il était déjà trop tard la première fois où son regard avait croisé le sien. Il avait mit du temps à le comprendre. Trop. Et pourtant elle était toujours là.
Elle l’avait attendu. Il était venu. Rien d’autre ne comptait pour elle. Le temps et le passé n’étaient plus importants. Avec délice elle se plongeait dans son regard après cette longue absence. Sa sérénité était telle qu’elle ne s’impatienta pas de cet interminable échange de regard. Au contraire, elle le savourait dans son intégralité.

- Tu as changé Sakura…

Sa voix grave et envoûtante la fit frissonner. Elle avait cru ne jamais plus l’entendre. La joie qui l’envahissait en cet instant était indescriptible. Il fit un pas vers elle. Tout n’était de froideur et impassibilité dans son attitude mais elle, elle savait qu’au fond tout ça n’était qu’une façade. Un masque pour se protéger de ce monde cruel et injuste. Elle l’avait toujours su et n’avait jamais perdu espoir malgré toutes ses tentatives pour la repousser. Il n’avait pas eu le choix. Il ne voulait pas souffrir, alors il était partit.
Son cœur s’était brisé à ce moment et pourtant elle n’avait jamais cessé de l’aimer. Son amour pour lui avait mûrit et grandit avec elle et il n’en était que plus fort. Elle ne demandait qu’à le partager.
Il l’avait comprit. Il avait comprit que jamais elle ne lui ferait du mal et il était revenu. Il se sentait vulnérable mais il le faisait pour elle. Elle le méritait.
Il s’avança encore vers elle, incapable de quitter cet air impassible. Seulement, il savait qu’elle avait conscience que tout n’était que mensonge. Elle souriait. Un simple sourire, si naturel et sincère, qui le transporta. Il hésita devant une telle vague de sentiment mais son regard le convainquit.
Elle était toujours immobile. Elle l’attendait. Elle attendait qu’il soit prêt sans impatience. Enfin, il arriva à son niveau. Elle se mit à trembler. Elle avait peur. Peur qu’il la laisse encore, qu’il lui brise le cœur encore une fois. Peur de la force de ses sentiments. Elle était submergée par l’émotion et quand sa main frôla sa joue, elle crut que son cœur allait exploser. Cette fois, contrôlée par une volonté indépendante, de sa raison, elle s’avança à son tour vers lui. Un pas, un minuscule pas qui combla le vide qui les séparait encore quelques secondes plus tôt et ils s’immobilisèrent.

- Tu es revenu, souffla-t-elle.
- Tu n’aurais pas dû m’attendre, répondit-il.
- Mais je l’ai fait.
- Pourquoi ?
- Tu étais seul et remplis de haine. Tu ne voulais pas l’admettre, mais tu avais besoin d’aide. J’étais la seule à le savoir, c’est pour ça que j’ai attendu.
- Tu as vraiment changé Sakura…
- Tu es parti si longtemps…
- Me pardonneras-tu un jour pour tout le mal que je t’ai fait ?
- Je ne t’en ai jamais voulu… Laisse-moi t’aimer…

Sasuke leva la main vers le visage de Sakura qui ferma les yeux. Il posa la main sur sa joue, puis du bout des doigts il dessina le contour de ses lèvres d’un geste infiniment tendre. Sakura se laissa faire, tremblante de bonheur. Elle finit par rouvrit les yeux. Elle ne fut même pas surprise par la proximité du visage de Sasuke. Du bout des doigts, elle caressa sa joue à son tour. Jamais il ne lui avait permit d’être aussi proche.
Elle retira sa main de son visage et voulut se reculer mais Sasuke ne lui en laissa pas l’occasion. Il déposa sa main sur sa taille et s’empara de ses lèvres. Sakura ferma les yeux et laissa son cœur exploser du bonheur inconditionnel qui s’infiltrait dans chaque fibre de son corps. Leurs souffles se mêlèrent. Sasuke se laissa emporter dans ce flot irrésistible d’émotions jusqu’alors inconnues pour lui.

- Tu as le droit d’être heureux Sasuke, murmura Sakura avant que Sasuke ne capture à nouveau ses lèvres.

Lorsqu’ils se séparèrent, Sakura recula d’un pas, encore étourdie par l’émotion. Sous elle, la mer continuait son travail acharné. Elle rongeait minutieusement la roche depuis des années, gagnant chaque fois quelques millimètres de plus. Parfois, à force d’attaques incessantes, elle remportait une grande bataille…
Sakura sentit à peine le sol trembler sous ses pieds. Tout se passe si vite. Trop vite.
Le rugissement de la mer parvint à ses oreilles et elle comprit. Un sourire pur dessiné par le bonheur en personne étira ses lèvres.

- Je t’aime Sasuke.

La falaise se fissura et le bloc de roche tomba dans l’océan victorieux emportant avec lui une créature insignifiante face à sa puissance. Elle ne l’était pas aux yeux de Sasuke qui vit son cœur s’envoler sous ses yeux. Pas un cri ne franchit ses lèvres. Il n’en eut pas le temps. Le sourire de Sakura se grava dans son esprit. Il ferma les yeux et plongea à son tour.

L’eau est glacée. La mer déchaînée. Comment lutter contre une telle puissance ?

Elle ne regrette rien. Le malheur l’avait suivit comme son ombre pendant des années, mais à présent c’est le bonheur qui accompagne ses derniers instants.

Il était revenu. Il l’avait laissée l’aimer.


Sakura se sentait emportée par les remous de la mer. Elle était ballottée dans les flots. Elle avala une gorgée de liquide salé, puis une autre. Une vague plus haute que les hautes la submergea totalement. Elle était à bout de force. Le froid engourdissait ses muscles et elle fut bientôt incapable de faire un seul mouvement. Elle se sentait entraînée vers le fond. Soudain, elle sentit son pendentif de jade se détacher. La lumière disparut et l’obscurité l’entoura. Elle ferma les yeux. Il était trop tard. Elle acceptait la fatalité et partait heureuse. L’eau remplit ses poumons, mais elle ne sentait plus la douleur. Une douce chaleur l’envahit. Elle sentait les lèvres de Sasuke sur les siennes, ses mains sur sa taille. Elle ne s’était jamais sentie aussi vivante qu’à ce moment-là, alors il pouvait bien être le dernier. Finalement, elle sentit l’inconscience arriver. Elle l’accueillit presque avec soulagement. Elle eut tout juste le temps de sentir un bras se refermer sur sa taille avant de sombrer définitivement. Son dernier sourire figé éternellement sur ses lèvres.

Sasuke parvint au rivage après de longues minutes de lutte. Il la tenait fermement dans ses bras. Il sortit de l’eau et se laissa tomber à genoux dans le sable. Il déposa délicatement le corps inerte de la jeune fille et écarta de son visage quelques mèches humides. Quand son visage fut totalement dégagé, il sentit son cœur se briser une seconde fois. Elle souriait.
Un cri franchit enfin ses lèvres. Un cri de douleur et de désespoir. Un cri adressé à la mer qui lui avait enlevé ce qu’il avait de plus précieux. Il passa sa main sur le visage de la jeune fille et déposa une dernière fois ses lèvres sur celles, glacées et bleuies par le froid, de Sakura.

- Je t’aime Sakura, murmura-t-il. Mais tu avais tort. Je n’ai pas le droit d’être heureux…




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