Attention, cette fanfiction de Naruto est catégoriée spoil, c'est à dire qu'elle peut évoquer des passages du manga qui ont été publié au Japon mais pas encore en France. Sa lecture est donc susceptible de vous gacher le plaisir proccuré par le manga. Pour enlever ce message et voir toutes sections Spoil du site, rendez vous dans vos options membres.


Fiction: Poison

Une fic qui lie mes deux précédentes et en dédicace à osmosis et capo (HuHu). En tout cas on y retrouve les éléments habituels : réflexions, amour, cynisme et tout le tralala.
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kakasha (Féminin), le 26/04/2009
Avant de lire ce texte, je conseille de lire (parcourir du moins) mes deux précédents, histoire de connaître les personnages et les actions qui sont rappelés ici.
Comme d'hab, les personnages sont inspirés de connaissances (WoNiennes)




Chapitre 1: Full Moon



POISON

- Le prisonnier n’a-t-il donc rien à dire pour sa défense ? Ne souhaite-t-il pas implorer ma clémence ?
Llan éclata de rire :
- Maître Kazekage, j’ai perdu une matinée superbe à écouter mensonges et calomnies. Je ne voudrais pas la gâcher d’avantage en y ajoutant la vérité. Mais pour être tout à franc avec vous Kazan, j’ajouterais que c’est une belle matinée pour mourir. Alors, finissons-en !
Il rit à nouveau et regarda la foule qui s’était assemblée dans la cour du palais du Kage pour assister à son procès. « Pauvre Kazan, s’il savait que la moitié de ces gens est venue le voir se ridiculiser et que l’autre attend le moment opportun pour me délivrer. » Il fit un discret clin d’œil à Tokeru qui souriait paisiblement dissimulée sous une large cape.

La jeune femme avait pris la tête des ninjas de Konoha quand Llan avait été fait prisonnier. Personne n’avait compris comment le maître Hokage, si puissant, avait pu être pris au piège. D’ailleurs, l’opinion générale était majoritaire sur l’hypothèse que c’était une ruse de Llan et de son élève Tokeru pour envahir et détruire définitivement Suna. Le village du sable était considérablement affaiblit depuis la fin de la guerre ; et, pire, il était isolé, sans allié. Mais ils avaient réussi à piéger Llan et ce n’était pas un détail à prendre à la légère.

Soudain, Tokeru bondit et planta son katana à quelques millimètres du cou de Kazan. Elle fit tomber sa cape, créant des murmures de surprise : les ninjas de Konoha étaient venus délivrer leur maître ! Peut être même qu’ils détruiraient en cendres Suna !
La jeune fille dit ironiquement :
- Oui, finissons-en. Et, confirmant la crainte des habitants du village du sable, elle ordonna : tuez-les tous. Qu’il ne reste plus aucun homme, femme ou enfant capable un jour de porter une arme et de se venger.
Kazan reprit ses esprits à grand peine et fixa les yeux verts qui le détaillaient d’un air sauvage. Il eut soudain peur, peur de cette femme au manteau blanc qui semblait prête à le dévorer. Il choisit de jouer lui aussi la carte de l’ironie. Elle reprit, s’asseyant sur les genoux du Kage
- Quel dommage pour un si grand Kage d’avoir des actes qui traduisent sa nature maléfique. Tu as déclaré la guerre et voulu tous nous voir morts n’est ce pas ?
Il la regarda, elle était telle une lionne prête à bondir et à l’achever. Non, une lionne ne pouvait pas avoir un regard ironique, un si beau regard.
- C’est vrai je voulais et je veux votre mort. Je peux donc être mis avec les gens mauvais. Et toi, es-tu mauvaise ?
Elle lui sourit :
-Je ne pense pas. Je ne cherche qu’à me défendre et à accomplir ma mission.
-Mais es-tu capable d’actes mauvais ?
Elle l’embrassa dans le cou, sensuellement. Le Kage frémit. Ils auraient pu être amants dans un autre monde. Deux âmes fières et indépendantes. Elle lui chuchota à l’oreille :
- Chaque homme est en mesure de faire le mal. Nous avons tous des désirs auxquels il faut que nous résistions.

Elle l’embrassa puis se leva. Oubliant son désir de celle qui l’avait dominé, il essaya de se saisir du katana planté pour tuer la kunoichi. Aucuns de ses membres ne lui répondit : Tokeru se tourna vers la cour où une centaine de corps gisaient :
- Le poison que je t’ai injecté en t’embrassant t’a immobilisé. Tu vas mourir lentement.
Furieux, Kazan éclata :
- Si je te retrouve… gronda-t-il.
Mais Tokeru ne le laissa pas finir :
- S’il te plait, ne me promets rien, et surtout pas que l’on se reverra. Les insultes me mettent hors de moi et les menaces m’ennuient. Et quand il m’arrive de me mettre en colère ou de m’ennuyer, je peux me montrer violente. Ni toi, ni moi n’avons intérêt à ce que cela se produise. Et, de toi à moi, il y a peu de chances que nous nus retrouvions. Dans ce monde du moins.
Elle reprit son katana et partit rejoindre les ninjas de Konoha. Suna était à eux. Le seul survivant était Kazan. Une fois arrivée devant Llan, elle sourit et le salua :
-Bon retour parmi nous sempaï.
-Merci Tokeru. Tu as fait du bon travail.
-Il fallait bien que quelqu’un s’en charge. Je resterai ici demain pour faire le ménage, je vous rejoindrai une fois que j’en aurai fini. Je pense que je laisserai cependant une troupe d’une centaine de ninjas ici. L’armée attend sous le couvert des arbres avec les équipes médicales.
L’Hokage ne répondit pas et avança, les autres ninjas à sa suite vers le palais où ils passeraient la nuit.

Une fois tous rassemblés dans la grande salle, ils fêtèrent le retour de leur Hokage. Ce dernier avait entraîné Tokeru dans un endroit plus sombre de la grande salle où ils se tenaient.
- Tu as impressionné tout le monde, moi le premier. Ta puissance est devenue phénoménale. Néanmoins, je serais curieux de savoir quels médecins tu comptes laisser ici.
- Merci Maître. Je pense que l’équipe de Tanya fera l’affaire.
- Ne crains-tu pas pour sa vie ? C’est une mission dangereuse même si leur alliance est rompue, les alliés de Suna pourraient réagir. Tu enverrais ta propre sœur dans une mission dont elle pourrait ne pas revenir ?
Elle le regarda, songeuse, et reprit enfin :
- Un sacrifice ? Il s’agit juste de garder un village où tous les hommes, femmes et enfants ont été massacrés. De plus, c’est une ninja, elle risque sa vie à chaque mission et s’en tire toujours brillamment, j’ai confiance en elle. Elle est bien plus forte que moi.
Elle hésita un instant et reprit doucement : puis-je vous poser une question ?
- Bien sûr.
Llan s’appuya contre le mur froid et prit la jeune femme dans ses bras.
- Je sais que l’on est ce que l’on souhaite être, qu’il n’y a pas de formes déjà données, pas de moules, mais pourquoi certains choisissent la voie du mal ?
- Le mal n’épargne personne Tokeru. Rien ni personne. Il est comme une peste qui se répandrait dans le cœur des hommes. Il en touche certains, les corrompt aussitôt, d’autres en portent les germes qui grandiront ou non. Seuls les plus forts peuvent y résister.
- Et ne pas résister au plaisir que j’ai de t’embrasser, est-ce une part de mal ?
Dit-elle en souriant dans la pénombre.
- Le désir est un étranger que l’on croit connaître. Personne ne peut dire avec certitude s’il est bien ou mal. Le mal pourrait venir du fait que toi et moi avons des époux respectifs. Mais j’aime ce mal.
Sans attendre, il l’attira vers les couloirs du palais, loin des regards des autres ninjas.

Llan et son escouade partirent à l’aube, laissant derrière eux Tokeru et quelques hommes qui devaient veiller à ce que le village soit nettoyé et sûr. Il n’était pas question de le laisser à la disposition d’autres villages qui pourraient en tirer avantage.
Ils arrivèrent le lendemain à Konoha sous les vivas de la foule venue accueillir son Maître Hokage libre et victorieux. Des grandes fêtes avaient été organisées à cette occasion. Elles durèrent trois jours entiers, les ninjas envoyés en mission se hâtèrent de rentrer, les apprenties kunoichi firent de magnifiques bouquets de fleurs. On but, on mangea, on dansa.

A son retour deux jours plus tard, Tokeru alla immédiatement rejoindre son mari Riska qui l’attendait. Depuis la mort de Akea, sa précieuse amie, il avait maigri et ne composait plus de poèmes. A présent, il se consacrait entièrement dans la confection de poisons. D’homme doux et lumineux, il était devenu rude et taciturne. Tokeru n’arrivait plus à la comprendre. Elle avait essayé mais cela avait été vain. Perdue, elle s’était réfugiée dans les bras de Llan et vivait avec ce fragile équilibre. Pourtant, quand elle arriva devant Riska, il lui sembla que quelque chose avait changé en lui. Et ce fut avec surprise qu’elle le vit sourire.
- Je suis heureux de te revoir Tokeru.
Alors, elle lui sourit et le laissa l’enlacer.
- Moi aussi… Moi aussi.

Ce soir là, ils parlèrent longtemps tous les deux. Ils se retrouvaient, Riska se confiant à Tokeru et elle, le comprenant et lui expliquant tout :
- Akea était une femme juste et généreuse qui a eu une mauvaise mort. Mais sa mort n’est pas la fin de tout. Toi comme moi avons vu beaucoup de choses de ce monde et nous avons pu en tirer des enseignements.
- De ce que j’ai appris, le mal est toujours gagnant et fort.
- Nous n’avons vu qu’une partie du cercle qu’est la vie. Le bien et le mal se pourchassent à l’infini. Ainsi, si tu rejoins le cercle au mauvais moment, tu trouveras le mal qui triomphe. Mais si tu continues d’avancer, tu le verras perdre au profit du bien, gagner à nouveau et perdre encore… il en est de même depuis toujours et pour l’éternité.
- Alors rien ne peut être accompli car immanquablement ce sera détruit ?
- Comment vois-tu le verbe « accomplir » ? Ce qui importe n’est pas de gagner car c’est une chose éphémère. Seule la lutte compte.
- Pourquoi lutter contre l’inévitable ?
Répliqua Riska qui à cet instant ressemblait à un petit garçon perdu. Tokeru le prit dans ses bras et lui chuchota :
- Accroches toi à cette question, médites-la. C’est la plus grande arme contre le mal et le désespoir. Que peut faire un homme alors qu’il est petit et faible ? Pourquoi essayer d’être bon alors que cela signifie être méprisé ? Pourquoi ne pas faire comme les autres : voler un peu ? Pourquoi lutter pour se faire écraser ? Pourtant, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, ces questions éclosent dans le cœur d’une seule personne, elles vont se répandre, passer d’un individu à l’autre, puis à deux, puis à cent…
Riska la regarda, chercha dans ses yeux à comprendre.
- Tout cela me dépasse. Je n’arrive pas à comprendre.
Tokeru prit le temps de réfléchir et répondit :
- Tu as montré à Akea un chemin à suivre. Elle t’en a montré un aussi. Celui là, tu l’enseigneras mêlé avec le tien. Plus il y aura d’hommes qui suivront cette route grâce à toi, plus grand sera l’accomplissement et la gloire d’Akea. Sa mort ne changera rien à cela. Si un jour tu venais à te décourager et à choisir un chemin contraire, dans le mal, le souvenir d’elle en sera amoindrit.
Elle l’embrassa tendrement sur le front et reprit malicieusement :
- Tu as une sorte de dette envers elle.
- Mais comment suivre son chemin alors qu’elle n’est plus là pour me le montrer ?
- Commence par écarter la haine de ton cœur. C’est l’arme préférée du mal.
Elle se leva et sortit dans le jardin qui jouxtait leur maison. Ses paroles tourbillonnaient dans son esprit, elle espérait avoir réconforté Riska mais craignait d’avoir eu des paroles trop abstraites. Quand Riska la rejoignit, elle se pelotonna dans ses bras et ils regardèrent les étoiles en silence.
L’esprit de Riska était lui aussi troublé : « Comment pouvait-il ne pas haïr ceux qui avaient tué Akea ? Ne méritaient-ils pas sa haine ? Il regarda des primevères : « C’est facile pour elles, songea-t-il, lorsqu’elles meurent, elles se contentent de retourner au chaud dans leur bulbe en attendant l’année d’après. Pourquoi les hommes n’avaient-ils pas cette chance ? »
Ils restèrent longtemps ainsi à regarder les étoiles. Quand ils se couchèrent, Tokeru glissa au jeune homme :
- Tu es un homme, cesse de fuir le passé et de t’enfermer dans ton chagrin. Tu n’as pas à craindre le futur non plus. Tout ce que nous possédons c’est l’instant présent. Jamais l’homme n’aura autre chose que l’instant présent entre ses mains.

Le lendemain, Konoha se réveilla avec le bruit d’une nouvelle des plus affligeante. Des derniers alliés de Suna : le clan des Avatars était apparu. C’était impensable. Pour tous, ils étaient morts, tués par la loi de Suna qui voulait que les clans vivants hors du village soient exterminés pour ne pas être des refuges de révolte. Pourtant, ils venaient de reprendre le village du sable et avaient décimé les ninjas de Konoha restés sur place. Un messager du clan était venu voir le Maître Hokage à l’aube. La rumeur s’étendit vite : la guerre était déclarée.
Tokeru et Riska avaient été appelé tôt chez Llan pour trouver une solution. Quand ils arrivèrent, il y avait déjà une dizaine de ninjas de la plus grande élite en grand débat.

- Leurs talents sont extraordinaires, nous ne pourrons pas les vaincre, disait l’un d’eux.
- Tu es bien défaitiste Hiyomi, rit doucement Llan, consacre donc ton esprit à la question de savoir comment les battre et non de comment ils pourraient nous vaincre.
- Ce ne sera pas si simple, leur clan est puissant et ils nous haïssent profondément.
Ce fut Riska qui lui répondit :
- Il n’y a aucun doute là dessus. Mais s’ils vivent et respirent, ils doivent pouvoir mourir. Il suffit de trouver le moyen de les tuer.
Tous le regardèrent avec stupéfaction. Depuis la mort d’Akea, il ne venait plus aux convocations et personne ne le voyait. Il y eut un silence pendant lequel tous réfléchirent sur ce moyen de vaincre leurs ennemis. Tokeru le brisa la première :
- Nos ennemis doivent être très puissants et difficiles à vaincre. Et leur nombre doit être assez important pour avoir dû décimer les hommes laissés là-bas. Elle médita un instant et reprit : Peu de gens résistent aux lames de Tanya. Qui sont-ils ?
Hiyomi lui répondit avec violence :
- Ce n’est pas maintenant qu’il faut réagir Tokeru. C’était avant. Que t’apporterait leur nom ? Que comptes-tu faire ? Leur faire payer leurs crimes ? Toi qui as tué plus que tout autre ninja de ce village ? Tu veux jouer à la justicière maintenant qu’il est trop tard pour jouer à la stratège prudente et avisée ? Ça ne marche pas avec moi.
Blessée, elle se tourna vers la baie vitrée et se coupa de la conversation.
Un long moment passa où des idées furent proposées, rejetées, discutées. Tokeru se tourna soudain vers eux :
- Le poison est sans doute la solution. Rien ne peut être fait contre lui.
Tous la regardèrent : elle avait trouvé la solution.
- Llan, reprit-elle, donne-moi une trentaine d’hommes. Nous ralentirons leur avancée le temps que l’armée soit équipée et arrive.
- C’est de la folie, s’écrira un ninja, tu vas te faire tuer et avec toi tu mènes trente ninjas à la mort ! Je m’oppose à cette intervention ! On te disait intelligente Tokeru, autant que Llan même. Mais au final tu n’es que folie et inconscience !
Quand il eut fini, Llan se leva, s’approcha de l’accusateur et dit :
- L’intelligence, et notamment celle de Tokeru, est à la fois une épée et un bouclier. Si tu veux quelque chose, il te faut préparer une action. Il te faut penser à tout ce qui pourrait mal tourner et te faudra songer aux moyens d’y remédier. Ensuite, tu agiras. Il ne sert à rien de parler indéfiniment, il faut agir ! Tokeru possède l’esprit le plus vif de Konoha et a un immense talent. Elle sait se servir de ce talent et contrairement à toi, ne laisse jamais le désespoir envahir son cœur. M’as-tu compris ?
- Je crois Maître.
- Je me contenterai de cette réponse pour aujourd’hui. Et souviens-toi que cette ruse a déjà fonctionné avec l’équipe de Miho.
C’était la fin de la réunion pour le ninja qui sortit la tête basse.
Llan soupira et se tourna vers les autres :
- Y a-t-il d’autres oppositions ?
Personne ne répondit.
- Très bien, poursuivit-il, Tokeru, tu choisiras quarante hommes. J’ai besoin de deux jours pour réunir l’armée. Riska, je suis désolé de te confier cette tache mais il faudrait que le poison soit près demain, tu es le seul à pouvoir le préparer. Tu le donneras aux armuriers pour qu’ils l’enduisent sur les lames et les flèches. Je pense que chacun devrait en posséder également une fiole sur lui.
Tous se levèrent et sortirent. Llan appela Tokeru avant qu’elle ne sorte :
- Il y a une chose que tu ne sais pas. Ils n’ont pris aucun otage cette fois, Tanya a été exécutée la première.
Il crut qu’elle allait défaillir tant elle devint blanche. Lentement elle se reprit :
- Je la vengerai. Je tuerai l’homme qui a osé porter la main sur elle.
- Sois prudente, je ne veux pas te perdre.
La kunoichi lui sourit :
- Ils nous ont déclaré la guerre, Llan. A eux maintenant de comprendre ce que cela signifie.
Elle sortit rejoindre Riska.

Une fois chez elle, Tokeru alla directement dans la pièce qui servait de salle d’armes. Lentement, elle en fit le tour, caressant du bout des doigts ces katana qui avaient fait d’elle la plus grande kunoichi du village. Tant de sang coulé, tant de vies arrachées et de familles brisées. Tout cela la dégouttait. Elle s’arrêta et contempla l’arme posée devant elle. Blanche, longue, il émanait d’elle une aura qui aurait effrayé un cœur sensible. Une aura de mort. Elle la prit et la sortit de son fourreau : la lame était noire et ne reflétait que les yeux de la jeune femme. Les légendes sur cette arme étaient nombreuses, une arme de mort, de destruction, qui tenait sa couleur exceptionnelle du sang de ses victimes. Personne, disait-on ne pouvait la contrôler. Elle finissait toujours par vous tuer.
- Tu vas prendre Sijo ? dit Riska d’une voix douce
Elle frissonna, elle ne l’avait pas entendu entrer.
- Oui.
- Pourquoi ? Un sabre moins dangereux ne conviendrait pas ?
- Il n’est pas dangereux, Riska, son âme et mon âme communiquent parfaitement. Je ne risque rien. Seuls les faibles se font posséder car ils ont peur, ils se fient trop à son pouvoir.
- Tu es bien la seule à en être certaine.
Il vint la prendre dans ses bras et lui murmura à l’oreille :
- Quelle est la chose que tu ne m’as pas dite et que justifie le fait que tu sortes Sijo de son sommeil ?
- Ils ont tué Tanya. Voilà pourquoi.
Elle se dégagea et sortit.

Riska la rejoignit sur les remparts, dans l’air frais de la nuit.
- Quand nous nous en irons demain, dit Tokeru. Tu dois venir avec nous. Je ne crois pas en l’hypothèse d’une armée unique marchant en un seul corps vers le village. Ils ont dû se séparer et d’autres viendront par le sud.
Il se tourna vers elle pour protester mais elle ne lui en laissa pas le temps, elle se mit sur la pointe des pieds et l’embrassa.
Ils restèrent un long moment à contempler la forêt endormie.
- Qu’est ce que la mort Riska ? Où va-t-on après avoir vécu ?
- Pourquoi me poses-tu cette question ?
- Ton père est mort. Tu dois connaître le sujet.
- Je sais seulement ce que l’on m’a dit pour me réconforter, répondit Riska, le regard perdu dans le lointain.
- Quoi ? Tu n’as donc aucune légende réconfortante à m’offrir ? Demanda-t-elle, presque désespérée.
Il l’a regarda, et se rendit compte qu’elle n’était plus une intrépide kunoichi mais une jeune femme qui craignait de mourir bientôt.
- Tu ne mourras pas demain, assura-t-il. Les légendes rassurent mais ne sont pas la vérité. La vérité est là, devant toi, devant nous. Tu sauveras le village et tu deviendras la première légende avec une histoire vraie.
- On parie ? lui rétorqua-t-elle, un sourire aux lèvres.
- D’accord.
Ils restèrent un long moment encore sur les remparts à contempler dans le silence de la nuit la forêt qui s’étendait devant eux.

La nuit passa, paisible. Quand le village s’éveilla à l’aube, les alliés de Suna étaient aux portes de Konoha, narguant l’adversaire avec insolence. Les Avatars, ancien clan, immense, aux techniques inconnues, reconnaissable entre tous par leurs cheveux bleus. La panique monta, les civils coururent se réfugier dans les abris pendant que les ninjas se rassemblaient dans les quartiers généraux pour attendre les ordres de Conseil.
Au Conseil, personne ne savait que faire. Certains proposaient une sortie massive pour défier l’ennemi directement et éviter un siège tandis que d’autres préconisaient une fuite par les montagnes et prendre l’ennemi à revers. Seuls Llan, Tokeru et Riska se taisaient, la mine sombre. Il n’y avait qu’une seule solution, se battre et mourir.
« Proposition insensée ! Folie ! Pourquoi ne pas faire appel à la Garde Blanche temps que vous y êtes ! »
Tous trois sursautèrent et regardèrent le ninja qui venait de s’exclamer. Un brouhaha s’éleva, plongeant la pièce dans le chaos. La Garde Blanche était un corps de l’armée mythique.
Composée de cent hommes aux talents rares, entraînés depuis leur plus tendre enfance au combat, elle était tenue secrète par les hauts dignitaires du village. Ses membres étaient l’élite du village, les Anbu, anonymes et invisibles. Ordinairement, ils étaient dispersés en équipe avec d’autres ninjas mais lorsqu’il le fallait, ils rejoignaient les rangs de cette armée exceptionnelle pour combattre et éradiquer toute menace. Llan était leur seul et unique chef, ils ne recevaient d’ordres que de lui et de Tokeru son bras droit.
Ils étaient parfaits. Vêtus de blanc, armés de katana à la lame brillante et froide dont le tranchant était mortel, on ne survivait pas à un combat contre l’un d’eux.
Llan regarde Tokeru en quête de son avis. L’expression de la jeune femme lui fit peur. Les yeux brillants, ses lèvres figées dans un sourire d’une ironie morbide, elle s’était tendue. L’évocation d’un combat désespéré avait réveillé en elle des instincts de mort.
- Pourquoi pas ? Et elle se leva et sortit, laissant le Conseil ébahi.
Llan et Riska réagirent les premiers et coururent à sa suite.
Dans le village, la rumeur s’amplifia : la Garde Blanche si secrète allait se former et sortir à la lumière pour défendre le village aux yeux de tous. Ils étaient sauvés.

Leur nombre fit rire l’ennemi deux fois plus nombreux, ce qui fit apparaître l’éternel sourire ironique de Tokeru. La Garde Blanche se mit en ligne, silencieuse et fascinante dans la perfection de ses mouvements. Ninjas exceptionnels pour une mission exceptionnelle, ils ne craignaient pas l’ennemi et la mort. Leur assurance tranquille provoqua un mouvement dans la masse des adversaires.
Un homme s’avança de quelques pas, suivit de cent autres hommes. Une invitation à un duel.
- C’est un piège, dit l’homme situé à droite de Tokeru
- Bien sûr que c’est un piège, lui répondit-elle. La question est de savoir comment ils vont attaquer. Ce ne serait pas amusant qu’ils soient faibles comme ceux de Suna.
-Ils viennent pour tuer cette fois, ils ne sont pas pris par surprise.
-Et alors ?
Elle s’avança vers l’homme qui semblait être le chef des Avatars. Ses vêtements rouges sang juraient avec ses cheveux bleus foncés coupés courts, Tokeru méprisa immédiatement ce petit homme fier et hautain dont les yeux ne quittaient pas ses formes.
- Je suis Hayate. Tu es plus jeune que je ne pensais, dit l’homme. Si on devait croire tes exploits, tu aurais au moins cinquante ans.
- Il vaudrait mieux y croire. A tous.
- Donc, tu es vraiment plus vive que l’éclair ?
Tokeru ne répondit rien. Le reflet d’une dague fila dans l’air. Elle lança sa main gauche et ses doigts se resserrèrent autour du poignet d’Hayate. La lame ne rata que de quelques centimètres la poitrine de la jeune femme.
- Plus vive que l’éclair, dit Tokeru les yeux brillants.
Hayate se débattit pour se libérer de cette poigne de fer. Elle leva la main droite et la lueur du soleil se refléta sur la lame d’argent de son couteau.
- Et deux fois plus mortelle.
Elle plia soudainement le bras, et le couteau partit s’enfoncer dans le cou du chef des alliés de Suna. Hayate se débattit plus faiblement et s’écroula. Tokeru soupira, dégagea la lame du corps pour remettre le couteau dans sa botte et dégaina Sijo.




Juste un merci à capoeiriste qui a supporté la correction du chapitre.



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