Attention, cette fanfiction de Naruto est catégoriée spoil, c'est à dire qu'elle peut évoquer des passages du manga qui ont été publié au Japon mais pas encore en France. Sa lecture est donc susceptible de vous gacher le plaisir proccuré par le manga. Pour enlever ce message et voir toutes sections Spoil du site, rendez vous dans vos options membres.
Un idiot obstiné et rancunier, une cadette des Hyûga froide et arrogante. Cela ne peut pas faire bon ménage. Lorsque les complots s'apprêtent à se réaliser et d'un nouvel élément est en passe de les rejoindre, c’est au tour des villages de trembler.
chonaku (Féminin), le 06/12/2009 Bonjour, pardonnez moi du retard. Bonne lecture ^^
Chapitre 2: invitation à jouer
Comme convenu, les missions reprirent le lendemain, ne leur laissant aucun moment de répit. Ils furent presque heureux de faire des missions de rang C, tant leur nouveau professeur prenait constamment des missions, pour combler leur retard selon lui. Le garçon marmonnait dans son épaisse écharpe que c’était du sadisme déguisé en bienveillance.
A peine étaient-ils rentrés de la énième chasse au chat Tora (pas casanier pour un sous, celui là), qu’ils devaient aider à transporter les affaires de famille de marchant qui allait passer l’hiver dans la capitale, avant de faire une course pour le village voisin. Vers midi, la routine des missions les avaient tellement épuisés qu’ils s’affalaient plus ou moins sur leurs chaises. Enfin, le garçon s’affalait sur la chaise, la fillette s’efforçant de rester la digne héritière de sa famille. C’était là, à l’échoppe de ramen, que leur maitre les laissait, allant ils ne savaient où, certainement manger ailleurs.
Hanabi regrettait toujours qu’il parte, parce que son porte monnaie maigrissait plus qu’il ne grossissait, malgré les missions en nombre importante, ce qui n’améliorait pas son humeur. Heureusement, ce jour là, le genin agit avec courtoisie, et sortit son porte monnaie de son pantalon noir, avant que la fillette fasse de même. Intérieurement, la dite fillette poussa un cri de joie, et fut sur le point de remercier le destin de lui être enfin agréable.
Machinalement, le jeune shinobi prit sa commande, puis celle de son équipière, ses yeux noirs semblaient fatigués, et sa main trembla en donnant les billets. Cela intrigua Hanabi, certes, ils étaient lassés et épuisés, mais le genin avait le teint livide, et les manières d’un garçon qui n’avait pas son quota d’heure de sommeil, voire qui n’en avait plus. Le fait était d’autant plus intriguant que ce n’était pas la première fois qu’elle remarquait ces détails.
Pourtant, dès qu’il tournait sa tête vers elle pour lui sourire, rire ou vanter pour la millième fois ses prétendus exploits, quand était simplement ce crétin obstiné, vantard, boudeur, fort en gueule, et attachant qui était son équipier, elle oubliait presque tout. Presque.
« Bonne appétit, Hanabi ! » Souhaita Konoha-maru en souriant.
Il prit ensuite les baguettes sur le comptoir et les plongea dans son bol. De la fumée s’échappait de la mixture d’un agréable jaune brun, contrastant avec les quelques ingrédients colorés qui servaient de suppléments.
« Toi aussi, Konoha-maru. » Répondit-elle, tout en faisant de même avec son propre ramen au bœuf, puis en portant les grasses et épaisses pâtes à sa bouche.
Elle aimait bien ces moments où ils étaient tout les deux, bien qu’elle ne le laissa jamais paraitre. Hyûga Hanabi n’était pas une de ces filles fragiles et démonstratives, et ne le sera jamais. On n’est pas sentimental chez les Hyûga, et Hanabi ne se dérogeait pas à la règle.
Devant eux, Teuchi leur adressait un sourire satisfait, le genre de sourire qu’il adressait à ses plus fréquents clients, ceux qu’il appréciait bien, l’imbattable étant Naruto, à qui il avait offert un ramen spécial pour son examen chûnnin. Ses stagiaires s’occupaient attentivement, l’un en nettoyant, l’autre aidant sa fille en cuisine. Le gérant de l’échoppe aimait bien ses abrutis et incapables d’élèves, mais il était navrant de constater que le nombre de leur bêtise croisait dangereusement lorsque les jeunes hommes étaient réunis, il était donc nécessaire de les séparer.
« Un autre de bol de ramen au miso, s’il vous plait, chef. » Demanda le genin, avec un une étincelle gourmande et joyeuse dans son regard noir.
Des pièces sur le comptoir, encore une fois. Hanabi qui sourit, parce que c’était son ami, et non parce que ce n’était pas à son tour de payer. Des vapeurs s’échappaient de leurs bols, leurs chatouillant le visage. L’air était froid, mais cela ne les gênait pas, car c’était la petite bise d’automne, pas encore le souffle âpre de l’hiver. Dehors, les feuilles tombaient, comme milles petites étoiles filantes jaune, brunes, et rouges. Cela faisait trois jours qu’ils avaient repris les missions, trois jours qu’ils se reposaient ici, jusqu’à midi trente.
« On devrait se préparer, il est bientôt l’heure. »
« Je dirais que c’est ma faute. Attendons un peu, s’il te plait. »
« Même toi, tu serais incapable de manger un bol complet en cinq minutes. »
« Tu paries combien ? » Osa l’enfant, en regardant son équipière avec ce sourire confiant, et le regard plein de défi.
Le ciel était bleu, le soleil brillait, faisant luire les tuiles rouges, roses, brunes, et bleues des toits, faisant briller les yeux blancs de la fillette. Ils se battirent du regard un moment. C’était un jeu de plus. Un jeu qui servait à se détendre avant l’entrainement. Quelque chose qu’ils faisaient lorsqu’ils étaient seuls. Le bol fumant arriva, épicé et chaud comme Konoha-maru les aimait. Il se saisit de sa nourriture, comme un chat d’une pelote de laine, puis, fixa de nouveau Hanabi.
« Dix ryos. » Lança-t-elle, son désagréable sourire de petite peste dédaigneuse aux lèvres.
D’un geste rapide et précis, loin de ses ordinaires mouvements brusques et maladroits, l’enfant saisit ses baguettes. Les secondes, et les minutes leurs échappent comme l’eau entre les doigts. La voix cisaillé par une mue récente, l’adolescent marqua le début de la course, du pari enfantin. Pendant qu’il commençait à manger, Hanabi prit un malin plaisir à compter les minutes à voix hautes, tout en surveillant l’heure.
Un.
Pour elle, c’était leur nombre d’années de dispute, de paris, de missions, de combats, d’amitié, et d’autres choses qu’elle avait découvert récemment, et qu’elle appréciait plus ou moins. C’était un temps infime, relativement court. Cependant, Hanabi trouvait que c’était suffisant pour vouloir que le temps s’arrête. Néanmoins, un an désignait aussi une absence à l’origine irrésolue, et incomprise, celle d’un cousin qu’elle considérait comme un frère, lors d’une bataille où elle avait vécu, plus spectatrice d’actrice, la guerre.
Un an, c’était assez pour apprendre à aimer un équipier insupportable, obstiné, boudeur, vantard, brave, mais ce ne serait jamais assez pour soigner toutes les blessures.
Deux.
Leur équipe. Le plus souvent, elle servait de cerveau, lorsque Konoha-maru fonçait tête baissée, les poings serrés. Le premier à plonger dans la bataille, le premier à être blesser. Le premier à sourire, à se relever, inlassablement, comme si les erreurs et les défaites n’étaient que le prélude aux plus grandes victoires. La fillette était plus discrète, plus impassible, moins sensible en apparence aux douleurs et aux joies de la vie. La mission et l’entrainement avant tout. Plus ninja que son gamin d’équipier. A eux deux, ils formaient une paire soudée, mais déséquilibrée, inégale.
Deux, c’était assez pour s’entraider, mais pas assez pour être une équipe. Pas encore assez.
Trois.
A présent, c’était leur nombre, grâce à ce nouveau professeur issu de son propre clan, de sa propre branche. Un professeur que ne supportait pas Konoha-maru, sans qu’elle ne sache exactement pourquoi. Elle ne s’en formalisait pas, puisqu’il y avait des choses qu’elle ne comprenait absolument pas chez son équipier, et qu’elle ne comprendrait probablement que plus tard. Leur professeur était gentil, très gentil, assez compréhensif, et souriait d’un sourire trop forcé pour ne pas être joué. Elle ne voyait rien venir, et ne l’aurait sans doute pas voulu.
Trois, c’était encore incomplet pour être une véritable équipe. La sienne, et celle de l’Idiot.
Quatre.
C’était son chiffre espéré, trois équipiers, un professeur. Konoha-maru, elle et un autre encore inconnu apprenant ensemble, sous l’égide d’un maitre. Ils seraient une vraie équipe, pas la preuve que le Hokage avait perdu de son influence, et le Conseil pris du pouvoir. Une équipe soudée, liée, pleine d’espoir pour l’avenir. Elle ne parlait à personne de ces choses, les trouvant futiles, dérisoires et inutiles.
Elle allait murmurer le chiffre cinq, lorsque Konoha-maru s’arrêta, puis, engloutit le restant du bol dans la bouche, tout en courant vers le terrain d’entrainement.
C’était de la triche, un autre défi, parce que le genin détestait perdre. Alors, Hanabi étouffa son indignation, et sa rage, avant de payer le bol, et de se mettre en chasse, en sautant de toit en toit, le soupir de l’automne caressant son visage, et avec le soleil comme guide. Konoha-maru allait payer son manque de fair-play, elle le jura sur son honneur de kunoichi.
Pourtant, c’était un petit sourire malicieux et gamin qui naissait lentement sur son visage bourru. Elle le rattrapa, et lui continua de courir, tout en lui jetant de temps à autre des regards moqueurs et gamins. Comme l’enfant qu’il serait toujours. Pour le meilleur comme le pire.
Pendant ce temps, un enfant remua sa tête lourde, murmurant des mots incohérents de ses lèvres sèches, gémissant des plaintes qui ressemblaient à des sanglots. Des mains froides et vieilles épongèrent encore une fois son front brûlant de fièvre, repoussant ensuite les mèches blondes gênant ses yeux clos.
Un geste qu’elle avait l’habitude de faire autrefois, sans pour autant y être habituée, sans pour autant apprécier le fardeau d’un inconnu soufrant qui comptait sur elle, et l’inquiétude sourde qui accompagnait inlassablement les soins. Le malade respira difficilement, avalant laborieusement l’air qui devait le faire souffrir. La femme se pencha sur l’enfant, enveloppé de chaudes et moelleuses couvertures qui cachaient ses bleus, ses blessures, et la trace de cette arme empoissonnée qui l’avait terrassé.
Un garçon courageux, mais stupide ou ignorant. Son visage fiévreux était livide et crispé, témoignant de longues nuits blanches, de terreurs enfouis profondément, trop selon elle, avoir ses ennemis près de soi permettait de les surveiller. Elle était bien placée pour le savoir. Un geste convulsif rompit ses réflexions, la forçant à s’occuper de son malade. Ayant peur qu’il ne s’étrangla avec la décoction, la vieille femme avait pratiquée ces remèdes familiaux qu’elle détestait, des gestes manuelles précis, un regard perçant, un goût amer dans la bouche.
L’enfant respirait mieux, mais ne cessa de délirer, les mots étaient hachés, incompréhensibles, sans suite logique, et interrompus parfois par une brusque fatigue, avant de reprendre, tel un sinistre monologue. La femme le massa, l’encourageant à détendre ses muscles, à dormir. Les mots se perdirent dans l’ambiance chaleureuse de l’âtre, pour laisser place à un souffle plus tranquille, moins rauque. Soupirant, elle se décida à chercher la décoction posée sur le haut de l’étagère remplie de livres. Ensuite, la vieille kunoichi se rassit à son ancienne place.
D’une main, elle souleva le crâne de son malade, touchant ses cheveux fins, clairs et hérissés, de l’autre, la femme porta la tasse à la bouche de l’alité, qui reçut le liquide sans se plaindre. Par prudence, la soigneuse versait le liquide par intermittence, comptant quelques minutes avant de remettre du liquide, guettant le moindre signe d’étouffement. Heureusement, tout se passa bien.
Reposant doucement la tête du gamin, elle attendit encore un moment, avant de remettre du bois dans le brasero, songeant avec amertume que l’hiver serait rude au village de Kiri, et encore plus pour les paysans pauvres, et les malheureux qui erraient dans les rues. Le pays était l’un des plus pauvres du monde, et survivre dans l’archipel était un combat de tous les instants. L’enfant en avait fait l’expérience durant son combat éclair, un pugilat de plus dans un quartier tendu, il avait eu le tort de manifester une arrogance sans pareille, ou bien, son adversaire avait eu le sang trop chaud, et la lame susceptible.
Quelques heures plus tard, l’enfant ouvrit pour la première fois ses yeux, les faisant papillonner, comme s’il voulait voir une autre réalité, un autre paysage que ces murs blancs, qui semblaient l’emprisonner en lui brûlant ses yeux bruns. A ses côtés, brûlait un feu qui ne s’éteignait pas, le calmant sans savoir pourquoi. Son premier geste fut de remuer sa main droite sous les couvertures, il ne perçut que la douceur du drap, sans son arme, Kioku, ni son autre bien, plus précieux encore. Mal à l’aise, il fit de même pour l’autre bras, constatant la même chose lorsqu’il plia les doigts cherchant les lames de Meiyaku, son autre shuko. Malgré la douce chaleur émanant du brasero, le froid s’infiltra en lui. Volé. Il avait été volé, après avoir été battu. Une boule amère serra sa gorge, comme un étau.
Il voulut se lever, mains ne le put. Son corps, encore trop affaibli par la fièvre, ne réussit à le porter de quelques millimètres sans plus. Il se résignait à devoir ramper, lorsque le bruit d’une porte qui coulisse se fit entendre, et d’une voix sèche et désagréable lui ordonna de ne pas bouger. L’enfant failli répondre violement, lorsqu’elle le devança :
« J’ai eu un mal de chien à te maintenir en vie, alors ne vas pas crever sans permission. Compris sale gosse ? »
« … Dites-moi juste… où sont … mes affaires... » Articula difficilement l’enfant, si bien que son vis-à-vis ne perçut pas la quasi menace sous entendus dans un ordre mal placé.
Soudainement, un visage prit la place du paysage mural d’un blanc crayeux. A choisir, le garçon aurait préféré le plafond: c’était le visage désagréable d’une vielle femme, ridée aux coins des yeux, de la bouche, et au milieu du front. Non, en fait cette ride là naissait du froncement de ses sourcils fins, faisant plisser ainsi ses yeux clairs. De longues mèches de cheveux noirs vinrent chatouiller le visage du petit malade. Celui ci observait attentivement le visage dur, disharmonieux, comme taillé sur du bois mort, livide et séché avec un couteau mal aiguisé. Ne connaissant pas les pensées de son malade à son égard, la vielle femme demanda froidement :
« Tu parles de tes shuko, ton bracelet à grelot et ton sac ? Je les aie rangés dans une autre pièce, tu les récupéreras plus tard. En attendant, dort un peu. Je vais te préparer une tisane. A mon avis, tu ne préférerais pas la boire à cause de l’odeur, mais les bons remèdes ont toujours un gout exécrable. Si tu as un problème, appelle moi.»
La femme allait se lever, lorsque la voix faiblarde du garçon lui demanda encore quelque chose, il devait chercher une femme dans cette ville. Elle resta silencieuse, même lorsque le garçon murmura avec peine son nom, perdu dans les méandres de sa mémoire, certainement affaiblie par les récents événements. Si l’enfant aurait été debout, il aurait probablement vu le léger mouvement qui prit la main de la femme, dévoilant subtilement que les souvenirs lui étaient revenus. Presque intacts malgré la distance, et le temps.
« Tu l’as trouvée gamin, c’est moi. Par contre, je t’interdis de prononcer ce nom, c’est compris ? Tu m’appelleras madame Tanaka, comme tout le monde m’appelle ici. Tu ne sortiras que sous ma permission, et je t’accompagnerais dans tous tes déplacements, entendu ? »
« Mais je… je ne dois pas rester ici moi… je dois aller à... à… »
« Pour l’instant, tu n’es pas foutu de dire ce que tu as à faire, alors, n’essaie pas de me contredire. En plus, un peu de repos ne pourras que de faire du bien. Ensuite, pour ta gouverne, regarde ce qu’un seul combat à fait de toi. Franchement, mettre un gosse tel que toi dans une situation pareille…» Acheva elle froidement plus pour elle, que pour lui.
Elle avait dû se le dire maintes et maintes fois songea le garçon, en essayant de se rappeler en vain de ce qui l’avait réduit en compote. Rien n’y fit, il ne se souvient que de sa marche, d’un village, et après, c’était le trou noir. Lassé, il se contenta de respirer, de se détendre.
Plus tard, la femme vint, portant dans ses doigts blanchis et crochus un liquide malodorant et brunâtre qu’il eut du mal à avaler. Comme plus tôt, la dite madame Tanaka le laissait boire au goutte à goutte, veillant avec froideur, presque indifférent son malade. Une fois le breuvage ingurgité, l’enfant fit une moue écœuré, comme un gamin forcé et contraint de boire le sirop pour la toux qu’il aimerait tant jeter par la fenêtre. Un vague sourire apparut sur le visage de la femme, mais le voyageur était trop occupé à cligner des yeux, et à faire des grimaces pour le voir. Le sourire disparut aussi vite était né.
« Je t’avais dit que les bons remèdes ont souvent mauvais goût. »
L’enfant ignora le ton sarcastique de la voix pour se concentrer sur l’horrible visage de sa sauveuse, qu’il trouvait trop froide, désagréable, et franchement laide. Cependant, il cherchait dans ses traits un autre visage, plus jeune, bien avant que tout cela n’arrive. Il ne trouva pas, sans doute à cause du temps et de la vieillesse de la femme, accru par la dureté de son regard, et de ses manières. Déçut, il baissa son regard, observant le kimono gris de la femme, tranchant avec sa ceinture rouge vif. De nature curieuse, il regarda ensuite autour de lui. La pièce était simple, presque austère, une fenêtre derrière lui, le lit dans lequel il dormait, des murs d’un blanc crayeux, une étagère au dessus duquel était accroché un tableau.
Au premier plan, deux personnes de dos contemplaient d’une plateforme le paysage d’une ville au soleil couchant. L’artiste avait préférée axé l’étude sur les différents contrastes : celui de l’ombre et de la lumière, des couleurs froides comme le bleu, le vert avec des couleurs chaudes telles que le jaune, l’orange, ou le rouge, et l’opposition blanc, noir. Les formes se confondaient avec les couleurs, donnant l’impression incertaine que c’était les couleurs qui formaient les formes du dessin. Les maisons étaient alignées en quartiers, comme cela était le cas pour la majorité des villes du continent, et au loin, des ombres semblaient sculpter des trois visages de pierres dans la falaise.
Au coin droit du tableau était calligraphié dans une écriture assurée et calme, presque trop calme, trop froide comme dénuée d’émotion, des mots que l’enfant n’aima pas : « ce qui perdurera toujours. »
Bon sang, que faisaient ce tableau dégoulinant de guimauve, et ce mot niaiseux dans la maison d’une vieille acariâtre ? Si elle lui répondait qu’elle l’avait eu de son amant qui s’était tué dans un tragique accident, puis était revenu d’entre les morts pour peindre cette horreur et ce mot, il était certain de rendre l’âme, à nouveau.
« Il te plait ? » Demanda sans émotion la femme, en suivant le regard du jeune malade, qui ne savait mentir, mais ne voulait pas risquer de se faire empoissonner par celle qui le tenait entre ses griffes acérés de commère misanthrope et ridée. Il ne dit rien, ce qui était la meilleure réponse, du moins de son point de vue.
« Je l’ai eu d’un homme dont j’ai été follement amoureuse. Nous nous baladions romantiquement jadis, nous tenant la main avec passion. Hélas, il est mort dans un tragique accident, et j’ai été contrainte de me remarier, ce qui été d’usage dans mon village. Heureusement pour moi, mon fiancé est mort, sans que personne ne sache comment. On l’a retrouvé sans vie, gisant dans le salon. A ses côtés, se tenait le tableau achevé de la dernière œuvre de mon mari, qui a réalisé mon souhait : revenir un court instant, en me laissant un message. N’est ce pas romantique ? »
« Je dirais plutôt… pathétique. » Répondit avec sincérité le gamin, avant de pâlir à l’idée des conséquences de ces paroles.
La femme, loin de paraitre énervée, rit d’un rire jaune, avant de rassurer le gamin qui pensait se couper la langue pour mieux s’étouffer avec. Au moins, son agonie aurait été plus ou moins courte.
«Rassures toi, c’est un banal et vieux cadeau de mariage d’un ami. Un ancien camarade d’école sinistre, morbide, égocentrique, brutal, introverti, sadique, pervers et cruel, mais qui savait peintre. Mon fiancé et lui s’entendaient plus ou moins bien, selon les jours. Cette œuvre résulte en partie d’une blague, et d’un pari. Je n’en dirais pas plus. » Résuma t elle brièvement d’une voix froide où ne perçait aucune émotion.
Le garçon décida qu’il ne supportait pas la femme, et qu’elle détenait l’humour le plus pourrit de l’archipel, voire du monde. Tout d’abord, sa première blague fantastico-mièvre ne l’avait pas fait rire, si en plus elle pensait lui faire croire que l’on pouvait s’entendre avec un peintre pareil, elle le connaissait mal.
Ne voulant pas relancer la discussion, et pris d’une soudaine fatigue, il s’enfonça plus profondément dans les couvertures, comme un chaton sur le point de s’endormir.
La femme se leva, tout en ajoutant au passage qu’il mettra une semaine avant d’être pleinement rétabli. Le garçon n’eut pas même la force de maudire son destin, et s’endormit. La dernière chose qu’il vit, fut le plafond d’un blanc détestable. Puis, le noir, les draps sous et sur son corps, le protégeant du froid et de la pluie.
Lorsqu’il s’éveilla à nouveau, le feu dans l’âtre s’était éteint, et la pluie avait achevé de battre le monde de son eau insipide et froide. Il faisait jour, pourtant l’enfant voyait mal les contours de la pièce, à cause de la lumière grisâtre que répandait les fentes du volet, derrière le dos de l’enfant, qui se retourna, et l’ouvrit brusquement. Les contours de firent plus nets, révélant un bento sur l’étagère, accompagné d’un mot. Il sauta du lit, attendit un moment que ses jambes s’arrêtent de trembler, et pris le petit papier jaune. Apparemment, Madame Tanaka était partie régler un problème, et avais donc dû le laisser seul, mais elle lui avait préparé le petit déjeuner. Posant le papier, il ouvrit la boite, qui contenait des boulettes de riz, des gâteaux (froids), du riz (froid aussi), une étrange salade verte comportant des crevettes, et de la salade, des radis, et une mixture verte non identifiée, et enfin, des pâtes glaciales, avec des ingrédients dont le garçon ne put se rappeler le nom. Aurait-elle lu dans ses pensées de la veille et aurait donc décidé de le punir ?
N’ayant plus vraiment faim depuis la découverte du contenu de la boite, il prit un des onigiri qu’il grignota, tout en observant les tranches des livres de l’étagère. La première rangée ressemblait plus à un assemblage de manuscrits, et de brouillons plus ou moins volumineux. Il en prit un au hasard, et en lu un extrait à voix haute, car l’écriture et le nom de l’auteur lui disait vaguement quelque chose.
« ‘Et pour toute réponse, la femme embrassa l’homme, le faisant frissonner. Ils se collèrent l’un l’autre, sentant leurs peaux imprégnées de sueurs à travers les tissus de leurs vêtements. Les mains brunes de l’homme enlevaient doucement le kimono parme de la belle brune, révélant une peau blanche, et douce. Les yeux ambrés de sa compagne brillaient d’un dé …’ Beurk ! » S’exclama avec dégoût le garçon de douze ans, qui referma le livre, et le reposa avec empressement à sa place.
Comment pouvait t on ne serait ce que penser à lire ce navet, se demandait le gamin, qui ne pouvait plus manger quoique ce soit à cause de l’extrait du nanar. Il regarda les autres livres de la rangée, et constata avec stupéfaction qu’ils étaient tous du même auteur. Pareils pour ceux des autres rangées, et il comprit pourquoi le nom de l’auteur lui disait quelque chose : la dernière rangée ne comportait que les livres de la série : « le paradis du batifolage ».
Dans un brusque éclairement, il se souvient à qui appartenait la maison, la chambre, l’étagère, et donc en toute logique, les livres. Immédiatement, il changeât de questionnement intellectuel extrêmement complexe : que faisaient ces daubes dans la maison d’une quinquénaire acariâtre, autoritaire, froide, asociale, désagréable au possible, et de toute évidence, vaccinée à l’érotisme, la mièvrerie, et la pornographie ? A moins qu’elle soit sujette à la schizophrénie ?
Non, son maitre ne l’aurait pas envoyé dans les bras d’une malade ; quoiqu’il connaissait une personne qui aurait put lui faire cette très mauvaise farce. Si tel était le cas, il était dans de beaux draps.
Quelques coups à la fenêtre le tirèrent de ses réflexions. Se retournant, il vit un garçon de son âge, lui sourire, l’enjoignant à ouvrir la fenêtre. L’inconnu portant une épée derrière son dos, son premier reflexe aurait été de lui refuser l’occasion de lui trancher la tête. Non, ce n’était pas de la paranoïa. C’était de la prudence, la plus élémentaire et saine prudence qui lui disait de se fier plus au sourire carnassier de l’adolescent, qui révélait sa dentition particulière, plutôt que ses manières gamines. Et, puis, ses cheveux bleus lui paraissaient étrangement familiers. Il secoua négativement la tête. L’enfant parut extrêmement contrarié, et refit signe au gamin d’ouvrir la fenêtre. Tout en posant son épée loin de ses mains sans doute expertes au maniement du sabre. Finalement, la curiosité prit le dessus sur la prudence, signe que ce n’était pas de la paranoïa, et ouvrit la fenêtre.
Alors, l’adversaire de son dernier combat sourit joyeusement, ce qui n’annonçait rien de bon.