Fiction: Paralèlles

Tokyo de nos jours. Neji, riche héritier d'une grande famille industrielle, enfermé dans sa bulle de luxe, se perd un jour dans la banlieue de la grande capitale japonaise. Il y rencontre Tenten son exact opposé : orpheline effrontée et extravertie, elle règne avec sa bande d'amis des rues sur la vaste banlieue Ouest. Confrontation entre deux milieux ou fresque urbaine romantico-réaliste. ^^ = Sujet de BASE !! (De multiples dérives sur d'autres persos et couples se feront dans cette fic... qu
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Saya-chan (Féminin), le 08/07/2016
Dans les chapitres précédents : Kurenaï est retrouvée saine et sauve, mais Sasuke et Sakura ne sont pas au bout de leurs peines pour autant. La guerre contre les Uchiwa est bel et bien entamée. De son côté, Temari se rapproche un peu plus de Shikamaru mais le garçon continue d'adopter une attitude ambiguë à son égard. Quant à Gaara, il semble qu'il se soit enfin trouvé un ange gardien, en la personne d'Hinata, la jeune cousine de Neji.



Chapitre 30: Réconciliations



Deux semaines plus tard, samedi matin

D'un geste assuré, Sakura toqua trois fois contre la porte en bois de la chambre marquée 225. Quelques secondes plus tard, celle-ci s'ouvrit sur une silhouette maigre vêtue d'une robe de chambre en soie rouge. Le visage émacié encadré par des cheveux noirs indisciplinés s'éclaira en reconnaissant la visiteuse.
- Sakura, la salua Kurenaï. Je t'en prie entre. Ça me fait plaisir de te voir.
- Je vous ai apporté des fleurs.
- C'est très gentil.
La jeune femme se saisit du bouquet et fila les déposer dans un vase dont elle vida le contenu précédent qui avait commencé à faner. La petite chambre d'hôtel était remplie de fleurs, il y en avait partout : sur le rebord de la fenêtre, sur la table de chevet, sur le bureau et même dans la salle de bain. La plupart était des roses blanches. Au regard interrogateur de Sakura, devant l’homogénéité de la présence florale, Kurenaï sourit.
- C'est Itachi. Il ne se passe pas un seul jour sans que je ne reçoive des fleurs de sa part. Les roses blanches, c'est un de ses trucs.
Sakura s'assit sur le rebord du lit tandis que Kurenaï s'affairait à faire du thé.
- Depuis que nous nous sommes mis d'accords sur le fait que je resterai à Tokyo pour que la police puisse garder un œil sur moi, c'est comme s'il essayait d'être encore plus présent que lorsque je lui rendais visite à Kôchi.
- Sa manière à lui d'apaiser son sentiment de culpabilité, présuma Sakura.
- Certainement. J'aimerais qu'il comprenne que je ne lui en veux pas, mais il en est incapable. J'ai bien peur que son obsession de vengeance sur sa famille ne soit devenue encore plus dangereuse depuis mon enlèvement.
Sakura resta silencieuse un moment. Depuis que Kurenaï avait ouvert les yeux à l'hôpital, elle était venue lui rendre visite plusieurs fois, parfois en présence de Sasuke mais la plupart du temps seule, car ce dernier avait été très pris par les derniers événements de l' « affaire Uchiwa » comme l'appelait désormais tous les journaux. Mais jamais elle n'avait pu se résoudre à aborder avec elle ce que la jeune femme avait vécu aux mains de ses ravisseurs.
- Tu sais qu'il refuse catégoriquement qu'on aborde la question ? J'ai essayé de lui dire d'abandonner, que ça n'avait pas d'importance pour moi, mais il ne veut rien entendre. Je crois qu'il imagine le pire quant à ce qu'ils m'ont fait.
Elle trembla un peu en servant le thé et un instant, Sakura fut tentée de changer de sujet. Mais quelque chose l'en empêcha. Peut être après tout, Kurenaï avait-elle besoin d'en parler. Elle garda prudemment le silence.
- Il ne devrait pas. Je veux dire, c'était... (elle se tut un instant pour chercher un adjectif approprié) abominable bien sûr mais... (elle poussa un profond soupir, comme pour extérioriser le souvenir). En fait, je crois que si je suis restée vivante aussi longtemps c'est parce que je ne supportais pas la torture. Dès qu'ils essayaient de me faire quelque chose, je m'évanouissais immédiatement ce qui les empêchait complètement de m'interroger.
Sakura s'était glacée, mais c'était apparemment inutile. Kurenaï parlait sur un ton qui bien que tendu, paraissait révéler une anxiété davantage tournée vers Itachi que vers sa propre expérience. « Des fois, se faire du souci pour les autres est le meilleur moyen de lutter contre ses propres peurs » se dit elle.
- Donc ce que j'ai vécu est certainement très loin de tous ces films affreux qu'il doit être en train de se faire.
Devant l'expression troublée de Sakura, elle se reprit.
- Loin de moi l'idée de minimiser mon expérience... Ce que je veux dire c'est que c'est du passé maintenant, et j'aimerais qu'Itachi se concentre davantage sur l'avenir... notre avenir, plutôt que sur ces histoires qui le minent depuis si longtemps.
Sakura hocha la tête.
- Je comprends. A vrai dire, moi aussi j'aimerais que tout cela se termine au plus vite et qu'on puisse enfin passer à autre chose, tous ensemble. Mais malheureusement, on dirait que ça vient seulement de commencer...
Elle jeta un regard de biais à la une du journal qui traînait sur le bureau. Kurenaï sourit tristement.
- Il ne nous reste qu'à prendre notre mal en patience.
- En tout cas, reprit tout à coup Sakura, je voulais vous remercier de n'avoir rien dit à propos de la vidéo aux policiers quand ils sont venus vous interroger. Bien sûr, maintenant tout est sorti, mais à l'époque c'était important qu'ils ne sachent rien de l'enquête que nous étions en train de mener sur les Uchiwa.
Kurenaï haussa les épaules.
- Quand tu es venue me voir pour me demander de garder le silence là-dessus, je ne sais pas pourquoi, ça ne m'a pas traversé l'esprit de faire autre chose. Je crois qu'après tout ce temps, j'ai fini par vous faire une confiance aveugle... Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne chose cela dit !
Elles rirent. Sakura savoura ces quelques secondes suspendues, durant lesquelles, tournés en dérision, les événements qui les tourmentaient depuis plusieurs mois avaient soudainement perdu leur pouvoir destructeur.

Après avoir pris congé de Kurenaï, quelques minutes plus tard, au moment de s'éloigner dans le couloir, elle entendit distinctement son amie tourner deux fois la clé dans la serrure avant de retendre la chaînette par-dessus le chambranle.

Elle était sur le point de faire signe à un taxi quand son téléphone vibra. C'était Ino. Comme à son habitude, celle-ci ne s'embarrassa pas de présentations.
- Sakura, qu'est ce que c'est que cette histoire ?
- Quelle histoire ? Demanda cette dernière, bien qu'elle sache pertinemment de quoi il s'agissait.
- La une de l'Asahi Shinbun ! L'enquête officielle lancée contre les Uchiwa !
Sakura poussa un profond soupir. Ce n'était pas de l'agacement, plutôt de la lassitude. « Ce n'est que le début, se répéta-t-elle pour se donner du courage, il va falloir tenir la longueur ». Heureusement, Ino n'était pas née de la dernière pluie.
- C'était ça n'est ce pas ?
- Quoi ça ?
- Ce que tu me caches depuis des lustres. Toi et Sasuke vous manigancez ça depuis super longtemps ! L'article mentionne des sources internes à la famille. En fait, c'était vous !
La jeune fille chercha un moment la réponse appropriée.
- Tu ne m'en veux pas ?
A l'autre bout du fil, Ino eut l'air perplexe.
- Bien sûr que non, je ne suis pas stupide. Ce genre de chose c'est trop sérieux pour qu'on prenne le risque d'en parler, même à sa meilleure amie. Et puis si la famille de Sasuke est réellement malhonnête alors il a raison de dénoncer leurs agissements aux autorités.
- C'est si évident que ça pour toi ? Demanda Sakura. Moi au début, je trouvais que c'était une attitude déloyale.
- Déloyale ? Tu déconnes ? Pas de loyauté pour les escrocs ! D'ailleurs, je peux te le dire maintenant, ça ne m'étonne pas. J'ai toujours trouvé que son père était sinistre. Et ma mère a dit ce matin que ça expliquait beaucoup de choses quant à la remise à flot inexpliquée de l'entreprise il y a 13 ans. Enfin bon. J'en reviens pas que vous ayez quelque chose à voir avec cette enquête ! Vous êtes dingues !
Il y avait une note d'admiration dans sa voix.
- Et encore, tu n'as pas tout entendu, sourit Sakura. Viens déjeuner avec moi tout à l'heure et je te raconterai tout.

Une heure plus tard, Ino sonnait à la porte, les bras encombrés de boîtes de sushis. Sakura embrassa son amie et elles emmenèrent leur déjeuner dans sa chambre où elles avaient le moins de chances d'être interrompues. Cela lui prit plus de deux heures, mais Sakura parvint à lui raconter toute l'histoire. Du sevrage sauvage d'Itachi à l'enlèvement de Kurenaï en passant par le chantage qu'ils avaient dû mettre en place pour convaincre le jeune homme d'aller en désintox. Et puis elle arriva aux derniers rebondissements.
- Tu comprends, les deux suspects de l'enlèvement de Kurenaï refusaient de désigner les Uchiwa comme commanditaires. Et la police n'a pas réussi à les connecter, de quelque manière que ce soit, les Uchiwa sont bien trop prudents. Alors Sasuke a dû agir. C'est Kakashi qui a proposé l'espionnage. Moi j'étais contre, je trouvais ça trop risqué. Mais Sasuke était prêt à tout, je te jure, cette histoire le rendait dingue. Il ne dormait plus et devoir donner le change auprès de sa famille alors qu'il savait pertinemment que son père était derrière tout ça... il était fou. Alors j'ai fini par céder. Il est allé voir son père. Je ne sais pas comment il a fait pour réussir à le faire parler. Il a dû se montrer particulièrement dur envers l'attitude d'Itachi pour parvenir à convaincre Fugaku qu'il était de son côté, qu'il était prêt à tout pour préserver les intérêts de la famille. Il a gagné sa confiance. En même temps, d'après Sasuke, son père ne demandait que ça : que son fils se montre aussi impitoyable que lui-même. J'imagine qu'il était content d'avoir trouvé son alter ego. Il se trompait bien. Sasuke a réussi à lui faire dire ce qu'il avait mis en œuvre pour récupérer la preuve vidéo. Et ensuite, il a apporté l'enregistrement à la police. La suite tu la connais. La police judiciaire a ouvert une enquête, les journaux se sont emparés de l'affaire et voilà.
Ino resta un moment silencieuse.
- Wow... fut tout ce qu'elle fut capable d'articuler au bout d'une longue minute. Et dire que je ne me doutais de rien. Je veux dire, je savais qu'il se passait quelque chose, quelque chose de suffisamment sérieux pour que tu ne m'en parles pas mais ça... Je renouvelle mon commentaire de tout à l'heure : vous êtes dingues ma parole ! C'est inconcevable qu'il ne vous soit rien arrivé de grave !
Sakura eut un sourire contrit.
- Je sais.
- Cela étant dit, reprit Ino, je tiens à te le dire : je n'ai jamais été aussi fière que tu sois mon amie ! Et je porte un toast à la chute du clan Uchiwa, qui ne saurait tarder !
Elle leva son verre de limonade.
- D'ailleurs, j'imagine que dans l'éventualité où cela arrive, c'est Sasuke qui héritera de tout, non ?
- Dans l'éventualité où cela arrive comme tu dis, répondit sombrement Sakura, parce qu'à mon avis, les Uchiwa ne se rendront pas sans se battre, et comme dirait Kakashi, ils ont les moyens de mener une guerre sanglante. Mais si effectivement, l'enquête aboutit, alors on peut imaginer que l'entreprise reviendra à Sasuke puisque Itachi ne semble pas prêt de revenir aux affaires.
- J'espère sincèrement que c'est ce qui va se passer, dit Ino. Après tout ça, vous méritez tous les deux qu'il vous arrive enfin quelque chose de bien.
Sakura sourit à son amie.
- Je suis désolée de t'avoir caché tout ça. Je n'avais pas le choix bien sûr, mais tout de même, ça nous a éloigné pendant des mois et c'était vraiment la dernière chose que je voulais.
Ino lui fit un clin d’œil.
- Ne t'inquiète pas va, de mon côté, j'étais pas mal occupée non plus... Rien qui ne provoque de scandale national cela dit !
Elle éclata de rire, et avec un sourire ému, Sakura se rendit compte que ce visage éblouissant de gaîté était probablement ce qui avait rendu son amie aussi indispensable à tant de gens : elle, Gaara et maintenant Saï. Ino était la joie de vivre incarnée et le court épisode pendant lequel elle s'était morfondue avant que Gaara ne prenne l'initiative de la quitter n'était que l'exception qui confirmait la règle.
- Je t'adore, finit-elle par déclarer après qu'Ino eut retrouvé son sérieux. Je porte un toast à notre amitié !
Et elles entrechoquèrent une fois de plus leurs verres en plastique.

***

Jeudi en fin d'après midi.
Comme à son habitude, Gremlin était au rendez-vous. Gremlin c'était le nom qu'il lui avait donné parce que ça voulait dire « lutin » en anglais et que ce chat lui faisait de plus en plus penser à Tenten, comme si celle-ci s'était soudainement réincarnée dans cet animal têtu, farceur et imprévisible. Comme d'habitude, Neji déposa ce qu'il avait apporté sur le bord du trottoir et le chaton (qui avait bien grandi mais était resté plutôt maigre) se jeta dessus. Il le regarda dévorer son festin avec la satisfaction qu'on éprouve parfois quand on constate le parfait bonheur de quelqu'un. Mais quand il eut terminé et que Neji s'apprêta à lever le camp, pour la première fois, le chaton le suivit.
Indécis quant à l'attitude à adopter, Neji fit d'abord mine de poursuivre son chemin sans le remarquer pour voir si l'animal persistait. Il persista. Une fois arrivé à l'arrêt de bus, il lui sauta même sur les genoux. Le jeune homme tenta plusieurs fois de le chasser mais le chat n'en faisait qu'à sa tête. « Eh bien, ça a pris le temps que ça a pris, mais maintenant il ne veut plus me lâcher » soupira Neji.
- Bon. Puisque tu insistes, je veux bien te garder... Mais il va falloir que tu fasses un petit effort au niveau de l'hygiène d'accord ? Parce que là, c'est pas le top.
Comme s'il avait compris, le chat se mit à se lécher consciencieusement la patte. Amusé, Neji observa ses contorsions jusqu'au moment où le bus se gara à côté de l'abribus. Il se leva alors, le chat dans les bras, et il était sur le point d'atteindre le marchepied quand une voix retentit derrière lui.
- Alors comme ça tu kidnappes mon chat ?
Il aurait reconnu ces intonations entre toutes.
- Tenten ?
Il se retourna et c'était elle en effet, les poings sur les hanches et l'air faussement fâché.
- Mais qu'est ce que tu fais là ? Et comment ça « ton chat » ?
- Bon vous montez ou non ?? s'impatienta le chauffeur.
Neji sauta du marchepied et lui fit signe de reprendre sa route. Le bus démarra et ils se retrouvèrent seuls, face à face. Le jeune homme tentait encore de comprendre ce qui était en train de se passer quand Gremlin s'échappa tout à coup de son étreinte, atterrit sur le sol et courut se frotter amoureusement aux jambes de Tenten.
- Il te connaît ? Oh ! Attend une minute, son attelle à la patte c'était toi ?
- Bien vu Einstein !
Elle lui adressa un sourire un peu timide. Il n'en revenait pas de ne percevoir aucune rancœur dans sa voix. Il avait perdu l'habitude de ne pas la voir énervée. En attendant, Gremlin avait quitté les jambes de Tenten et levé le nez vers Neji. Il paraissait hésiter.
- Je crois qu'il est pris dans un conflit de loyauté là.
- Le pauvre, ça doit être dur de choisir.
- Je ne vois qu'une seule manière de régler ça, annonça Tenten.
- Je t'écoute ?
- Il faut mettre en place une garde partagée. Une semaine avec moi, et une semaine avec toi.
Il leva les yeux vers elle, elle avait l'air de bien s'amuser. Ses yeux pétillaient de malice.
- Je ne suis pas contre, dit-il prudemment, mais qu'est ce qui me prouve que tu vas bien t'en occuper ?
- Et c'est toi qui me dit ça ? Tu es un père sacrément indigne, tu ne viens le voir qu'une fois par semaine ! Je te signale que je te fais une fleur en proposant une garde alternée !
- Bon, bon... se dépêcha-t-il de céder. Tu as raison, la garde alternée est une bonne solution. Qui commence ?
- Prend le cette semaine puisqu'il avait l'air de vouloir te suivre !
- Hé, une minute, depuis quand tu nous observes ?
- Depuis un sacré bout de temps, s'esclaffa-t-elle.
- Juste aujourd'hui ou...
- Tu n'as pas besoin de le savoir ! Trancha-t-elle. Je suis venue enterrer la hache de guerre Neji. Est ce qu'on peut faire ça ?
- Avec plaisir, s'empressa-t-il de répondre.
Il n'en croyait pas ses yeux. Avec comme un air de défi, elle lui tendit la main, et il la serra.
- Je t'offre un café ? Avec tout ce que tu as fait pour l'orphelinat ces derniers temps, il me semble que je te le dois bien...
- Tu es au courant de ça aussi ?
- Qu'est ce que tu crois ? J'ai bien vu que tu faisais tous les efforts du monde pour jouer au donateur anonyme, mais ça ne marche pas avec moi ! Tout ça, dit-elle en faisant un geste pour désigner le quartier, c'est mon domaine. Je n'ignore rien de tout ce qui s'y passe !
Il décida de lui laisser son instant d'autosatisfaction et à la place, il hocha favorablement la tête.
- Un café ne serait pas de refus.
Elle lui sourit.
- Alors suis-moi !
A peu de choses près, Neji se serait cru il y a six mois de ça, quand il l'avait rencontré pour la première fois et décidé de lui faire confiance. A une dispute et un chat près. Il était content.

***

Gaara termina de griffonner une dédicace sur la deuxième de couverture du petit livre qu'il venait d'acheter. On pouvait désormais lire : « Merci pour le colis, ça a très bien marché. Voilà pour ma reconnaissance. Ne vous privez pas pour me faire goûter vos dernières réalisations ! Amicalement, Gaara ». Il tendit ensuite le livre à la vendeuse pour qu'elle fasse le papier cadeau qu'il aurait été proprement incapable de faire lui-même.
- C'est sympa comme cadeau, un livre de pâtisserie, se permit-elle de commenter. Comme ça tout le monde y gagne !
Il haussa les épaules, vaguement embarrassé. La vendeuse n'insista pas et encaissa son dû avant de lui souhaiter une bonne journée. Gaara quitta la boutique, son paquet sous le bras. Il se sentait bizarre. Certainement parce qu'il n'avait pas pour habitude d'offrir des cadeaux, à qui que ce soit d'ailleurs. C'était quelque chose que les gens normaux, ceux qui entretiennent des relations équilibrées avec leurs semblables font. Pour lui c'était nouveau. Mais en l'occurrence, il n'avait pas le choix. Il y a deux semaines, Hinata lui avait rendu un fier service et depuis lors, il n'avait eu de cesse de chercher un moyen de lui rendre la pareille.
C'était trois jours après qu'elle soit venue lui apporter les gâteaux. Il était rentré du lycée et il avait trouvé une petite boite fermée par un ruban devant sa porte. Un mot était glissé dessous. « Pour trouver le sommeil. Meilleurs vœux, Hinata ». Incrédule, il avait ouvert la boîte pour y trouver une pochette en plastique qui contenait environ 200 grammes de ce qui ressemblait à de l'herbe séchée et que Gaara identifia comme de la tisane. Le soir même, il était pris d'une insomnie carabinée, certainement causée par le degré de frustration qu'il avait ressenti pendant la journée. Il avait croisé Ino dans les couloirs du lycée ce matin-là. Elle avait eu l'air embarrassée. Pour être polie elle était venue lui faire la bise et lui avait distraitement demandé comment il allait, mais il n'était pas dupe. Elle s'était esquivée la première occasion venue. Excédé, il avait fini par se lever et avisant la boîte qui traînait toujours sur le bar de la cuisine il avait décidé de lui donner sa chance. Et aussi surprenant que ça puisse paraître, ça avait marché. Pas immédiatement certes, mais il s'était installé dans le canapé du salon, avec sa tasse brûlante et Généalogie de la morale de Nietzsche et une demi heure plus tard il avait senti le sommeil lui picoter les yeux. Après s'être prudemment déplacé jusqu'à sa chambre, il avait fini par s'endormir. Sa première nuit complète depuis des mois peut être. Les jours suivants il avait renouvelé l'expérience qui s'était révélée fructueuse à chaque fois. C'était tout bonnement miraculeux.
Voilà donc pourquoi il tenait à remercier Hinata. Mais la question du comment l'avait taraudé pendant au moins une bonne semaine. Il ne voulait pas l'inviter à prendre un café : ni l'un ni l'autre ne semblaient très portés sur la conversation, et une telle proposition les aurait mis mal à l'aise tous les deux. Un cadeau était une autre option envisageable, mais que choisir ? Il ne savait rien d'elle ! L'évidence l'avait frappé très tard : la cuisine. La seule chose dont il était sûre qu'elle lui faisait plaisir. Mais arrivé au rayon « manuels de cuisine », il y avait trop de choix et il avait dû demander de l'aide.
Enfin il en était là, son paquet sous le bras, en route pour l'hôpital afin de le déposer à l'accueil. Si on lui avait dit il y a trois semaines qu'il parviendrait à dormir et qu'il allait passer une demi-heure soumis à un choix impossible entre un bouquin de pâtisseries européennes et un autre de spécialités japonaises, il n'y aurait jamais cru. « Il y a un début à tout » aurait dit Kankurô qui était de plus en plus philosophe ces derniers temps.



Le rythme de parution continue de s'espacer, mais la fin approche, je vous assure ! J'espère que vous êtes toujours là et je vous embrasse bien fort ! A très vite,

Saya-chan




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