Fiction: Paralèlles

Tokyo de nos jours. Neji, riche héritier d'une grande famille industrielle, enfermé dans sa bulle de luxe, se perd un jour dans la banlieue de la grande capitale japonaise. Il y rencontre Tenten son exact opposé : orpheline effrontée et extravertie, elle règne avec sa bande d'amis des rues sur la vaste banlieue Ouest. Confrontation entre deux milieux ou fresque urbaine romantico-réaliste. ^^ = Sujet de BASE !! (De multiples dérives sur d'autres persos et couples se feront dans cette fic... qu
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Saya-chan (Féminin), le 28/04/2016
Dans les chapitres précédents : Kurenaï a été enlevée sur les ordres de la famille Uchiwa. Désespéré, Itachi fait appel à son frère pour qu'il la retrouve. Soutenu par Sakura, Sasuke se décide à se tourner vers la police. De son côté, Temari est de plus en plus troublée par l'attitude de Shikamaru à son égard et les sous-entendus de son frère Kankurô. Quant à Gaara, il va recevoir une visite à laquelle il ne s'attendait pas.



Chapitre 29: Des problèmes et des solutions



Dimanche matin
Cela faisait bientôt trois jours que Sasuke et Sakura tournaient en rond comme deux lions en cage, en attendant des nouvelles du Commissariat.
- Tu crois qu'ils ont oublié de nous appeler ? Demanda Sakura à bout de nerfs, après avoir passé la matinée à se ronger les ongles. Si ça se trouve, ils l'ont retrouvée mais ils sont tellement occupés à interroger les hommes de ton père qu'ils ont oublié qu'on attendait.
- Non, ils ont promis qu'ils le feraient. Et ils ont un secrétariat chargé de ce genre de choses...
- Oui mais plus on attend plus il y a de chances pour que...
- Je sais, Sakura je sais ! Si ça se trouve elle est déjà morte à l'heure qu'il est.
- Ne dis pas ça, gémit-elle. Itachi ne s'en remettrait pas.
- Et moi non plus, murmura-t-il.
Après tout, c'était lui qui en venant la trouver lorsqu'ils avaient perdu la trace d'Itachi l'avait entraînée dans cette histoire. Percevant son trouble, Sakura s'approcha pour l'envelopper de ses bras.
Ce n'est pas de ta faute. On a fait tout ce qu'on a pu.

En effet, à l'heure qu'il était, Sasuke savait qu'ils avaient fait le maximum. Sur les conseils de Kakashi, ils avaient seulement déclaré une personne disparue, et devant les questions que leur avaient immanquablement posé les enquêteurs, ils avaient tout raconté : le sauvetage d'Itachi en brouette, le sevrage sauvage, la fugue, l'aide que leur avait apportée Kurenaï, l'hôpital, l'envoi en désintox, la promesse d'Itachi de ne plus jamais lui adresser la parole, jusqu'à ce coup de fil qu'il avait reçu pendant la nuit. A partir de là, la vérité avait été légèrement altérée. Sasuke avait soigneusement évité de mentionner la vidéo, puisque Kakashi estimait qu'il était vital de conserver cet atout dans leur jeu. Il s'était contenté de dire que son frère lui avait signalé la disparition de Kurenaï et l'avait supplié de faire quelque chose.
Tout d'abord, des sourcils s'étaient haussés, et Sasuke comprenait pourquoi : vue de l'extérieur, cette histoire était complètement rocambolesque. Et elle sonnait encore plus invraisemblable une fois que Sasuke avait fait part de ses soupçons concernant sa famille :
- Vous comprenez, ils perçoivent Kurenaï comme une menace. Elle a distrait mon frère de ses obligations d'héritier. Ils sont sûrement persuadés que c'est elle qui l'a fait sombrer dans la drogue pour le manipuler plus facilement et peut être récupérer de l'argent de la famille. Sauf qu'ils se trompent complètement ! Kurenaï n'a rien à voir avec tout ça ! Son seul tort a été de tomber amoureuse de mon frère.
- Vous semblez convaincu que votre propre famille est prête à aller jusqu'à commettre un meurtre pour protéger ses intérêts... Excusez-nous de trouver ça un peu gros.
- Quand mon père veut quelque chose, il est d'usage qu'il l'obtienne, avait répondu Sasuke, paraphrasant Shizune. Je le crois capable de telles extrémités en effet. Mais en l'absence de preuves je ne peux que vous encourager à creuser dans cette direction.
Derrière lui, Kakashi avait hoché vigoureusement de la tête. C'était son plan de laisser la police faire le cheminement elle-même. « De cette manière, ta crédibilité n'est pas entamée aux yeux de ta famille, Sasuke. Or tu risques d'en avoir besoin très vite » avait-il ajouté.
Malgré ces précautions, l'affaire avait bien failli tomber à l'eau. Ce ne fut que quand les enquêteurs se furent aperçus que quelqu'un d'autre avait déclaré Kurenaï disparue qu'ils décidèrent que cette histoire était peut être plus sérieuse qu'elle n'en avait l'air. La déclaration de disparition émanait de la sœur de Kurenaï, Meiko, à qui elle avait l'habitude de téléphoner tous les matins. Ne pouvant pas la joindre deux jours de suite, celle-ci avait fini par s'inquiéter.
Sasuke bénissait la présence d'esprit de cette femme, sans laquelle il n'y aurait probablement même pas eu d'enquête. Enfin, enquête ou pas, rien ne garantissait qu'ils retrouvent Kurenaï vivante. Cette pensée le fit frissonner. « Pitié mon Dieu, faites qu'elle ne soit pas morte... »

Le bruit de la sonnette les fit tous les deux sursauter. Sakura se précipita pour ouvrir.
- C'est eux ! S'écria-t-elle en apercevant les gyrophares bleus à travers la fenêtre de la salle à manger.
Sasuke ferma les yeux. Il entendit la porte d'entrée s'ouvrir et deux personnes entrer en saluant Sakura. Elle les entraîna jusqu'à la cuisine où Sasuke attendait, le cœur battant à tout rompre.
- Nous avons de bonnes nouvelles, annonça le premier policier. Nous avons retrouvé Mlle Yuhi. Elle est vivante et en bonne santé.
Sasuke émit un petit cri étouffé et Sakura éclata en sanglot.
- Où est-elle ?
- Pour le moment, à l'hôpital. Je ne vous cache pas qu'elle est très choquée par ce qui lui est arrivé.
- Est-ce qu'ils lui ont fait quelque chose ?
- Le policier hésita, jeta un regard en coin à celui qui l'accompagnait avant de répondre.
- Elle présente des traces de torture.
- Oh mon dieu... murmura Sakura, les mains croisées sur sa bouche.
- Mais tout va bien maintenant, reprit l'autre. Deux suspects ont été appréhendés alors qu'ils étaient sur le point de fuir les lieux du crime.
- Vous les avez mis en accusation ?
- Bien entendu. Ils subissent en ce moment même un interrogatoire visant à établir leurs motivations. Cependant...
- Cependant quoi ?
- Il semblerait que quelles qu'aient pu être celles-ci ils ne soient pas prêts à nous les dévoiler.
- Qu'est ce que vous voulez dire ?
- Ce que j'essaie de vous dire, c'est que s'ils ne craquent pas dans les prochaines heures nous ne pourrons sans doute jamais établir avec certitude qui avait commandité cet enlèvement.
- Donc on ne pourra pas remonter jusqu'à mon père...
- Si votre père est en effet à l'origine de cette histoire, ce que pour l'instant rien ne semble indiquer, en effet, il est pour l'instant hors d'atteinte.
Sasuke serra les poings.
- Enfin, vous ne pouvez pas vous arrêter là ! On ne kidnappe pas et on ne torture pas une femme pour rien, il y a forcément un objectif derrière ! Celui de mon père est évident, vous ne pouvez pas l'ignorer.
De loin, il sentit la main fraîche de Sakura s'enrouler autour de la sienne et le tirer légèrement en arrière. Il réalisa qu'il avait avancé de deux pas vers les policiers sans s'en rendre compte. Ceux-ci n'avaient pas bougé.
- Je vous le répète : pour l'instant, rien ne relie votre famille à ces deux hommes. Et puisqu'ils ne semblent pas décidés à parler, nous ne pouvons guère faire davantage.
- Vous avez intérêt à essayer !
- Sasuke !
Sakura avait haussé le ton. Croisant son regard, elle fronça les sourcils. Il se reprit difficilement.
- Excusez-moi messieurs. Vous faites le maximum et je vous en suis reconnaissant. L'essentiel est que Kurenaï soit vivante.
- Quand pourrons nous la voir ? Demanda Sakura.
- Les médecins l'ont pour l'instant plongée dans un coma artificiel afin qu'elle se remette de ses blessures. Vous pouvez la voir mais elle ne sera pas en état de vous parler.
Sasuke hocha la tête. Il oscillait toujours entre soulagement et fureur.
- Messieurs, je vous remercie infiniment de vous être déplacé, reprit Sakura. Sans compter que sans vous, notre amie serait sûrement morte à l'heure qu'il est. Nous vous sommes éternellement reconnaissants.
- C'est exact, souligna Sasuke.
Les deux hommes prirent alors congé et à peine la porte fut-elle refermée derrière eux que Sasuke et Sakura tombèrent dans les bras l'un de l'autre. Ils pleuraient tous les deux. Les minutes s'écoulèrent ainsi jusqu'à ce que Sakura se dégage brusquement :
- Sasuke ! Ton frère ! Il faut le prévenir !

Au téléphone, Itachi ne dit rien, mais ils l'entendirent distinctement éclater en sanglots.

***

Toujours dimanche, dans l'après-midi
Allongée sur une chaise longue sur son balcon, Temari ferma les yeux.

- Laisse-tomber, c'était une question idiote, je crois que j'ai trop bu.
- Raison de plus pour ouvrir la deuxième, non ?
Shikamaru se redressa pour attraper la bouteille sur la table. Temari se laissa servir, impatiente d'effacer ces dernières minutes de sa mémoire. S'efforçant de redevenir enjouée, elle relança la conversation sur leurs vies d'avant et leurs erreurs de jeunesse et bientôt ce fut comme si la mauvais volonté de Shikamaru n'avait été qu'un mauvais rêve.
Ils étaient encore en train de discuter quand tout à coup la pluie se mit à tomber. Cela faisait un moment que le ciel au-dessus d'eux se faisait menaçant mais trop absorbés par leur conversation, ils ne s'étaient aperçu de rien. L'averse se révéla rapidement torrentielle.
- La bâche ! S'exclama Shikamaru en bondissant du canapé.
A deux, ils parvinrent à caler les piquets de manière à être protégés du déluge. La pluie tombait maintenant dans un fracas assourdissant sur le plastique. Temari frissonna. Quelques secondes sous l'averse l'avaient trempée jusqu'aux os. Shikamaru passa le bras autour de ses épaules et elle s'appuya sur lui. Elle était sur le point de dire quelque chose mais le silence respectueux de Shikamaru l'en dissuada. Elle suivit son regard et regarda la ville, brouillée par la pluie, qui s'étendait à perte de vue sous leurs yeux. C'était un moment hors du temps. Bientôt elle se rendit compte que toute sensation de froid l'avait quittée et qu'elle ne sentait plus les effets de l'alcool non plus. Elle était là, tout simplement. Et c'était beau d'être juste comme ça, immobile entre la ville et la pluie, comme si plus rien d'autre au monde n'existait. Shikamaru respirait doucement. L'odeur d'asphalte et de poussière mouillée commençait à monter autour d'eux. C'était une odeur d'orage que Temari avait toujours apprécié. Elle l'associait à la sensation de liberté. Et c'était vrai qu'elle était plus libre à cet instant qu'en aucun autre, du moins c'est ce qui lui semblait.

Leur répit fut de courte durée. Au bout de quelques minutes l'averse eut l'air de redoubler d'intensité et ils s'aperçurent que leur protection prenait l'eau. L'accoudoir en tissu du canapé était déjà trempé. En poussant des cris ils repoussèrent la bâche, rassemblèrent leurs affaires éparpillées sur le sol et se précipitèrent vers l'échelle. Trop occupée par l'idée d'échapper à l'humidité Temari ne pensa même pas à avoir peur en enjambant le parapet. Une fois sains et saufs à l'intérieur du bâtiment, hors d'haleine et littéralement dégoulinants de pluie, le fou-rire les reprit. Shikamaru l'attira à lui et ils restèrent un moment l'un contre l'autre à tenter de retrouver leur respiration.

Ce souvenir amena un vague sourire sur les lèvres de Temari, et pour éviter de laisser son esprit s'égarer, elle entreprit de se retourner sur sa chaise longue. Une fois sur le ventre, elle enfouit son visage dans sa serviette moelleuse. Cette après midi avait été parfaite ! Pourquoi avait-il fallu qu'elle pose cette maudite question en plein milieu ? Et surtout, pourquoi diable avait-il évité d'y répondre ?? Après tout, par le passé, il ne s'était pas gêné pour lui avouer qu'il couchait avec d'autres filles. Alors quel était le problème ? Temari avait beau retourner le problème dans tous les sens, son attitude était toujours contradictoire : si pour lui elle n'était rien de plus que la fille de l'autre fois, pourquoi l'amener dans cet endroit ? Pourquoi refuser de coucher avec elle et partager autre chose à la place, quelque chose qui était, à bien des égards, beaucoup plus intime ? Mais d'un autre côté, si comme elle avait envie de le croire, elle représentait plus pour lui que toutes ses conquêtes d'un soir, pourquoi avait-il ignoré la perche qu'elle lui avait tendu ?
Avec un soupir d'agacement, Temari retira ses lunettes de soleil. Il fallait qu'elle arrête de ruminer cette histoire. Il n'avait pas attrapé sa perche, tant pis pour lui. Elle n'allait pas se mettre à genoux non plus ! Ce qu'ils avaient était par ailleurs suffisamment satisfaisant pour qu'elle n'ait pas envie de prendre le risque de tout gâcher. Il suffisait de se remettre dans l'état d'esprit où elle était il y a quelques jours à peine. « Il est cool, ce qu'on a est cool, mais on n'est pas en couple et je ne suis pas amoureuse ».
Elle essayait encore de s'en convaincre une heure plus tard, en sortant du sauna.

***

Toujours dimanche, dans l'après-midi
- Shikamaru bon dieu, concentre toi ! Tu ne peux pas bouger ton cavalier comme ça, tu vois bien que je vais te prendre ta dame !
- Oui-oui, pardon.
Consterné, Jiraya secoua la tête.
- Heureusement que tes adversaires d'hier avaient un niveau catastrophique parce qu'avec un jeu comme ça, je ne donne pas cher de ta peau dans les jours qui viennent !
Shikamaru voulut corriger son coup mais Jiraya leva la main.
- Laisse tomber garçon, je vois bien que tu n'es pas d'humeur. On reprendra l'entraînement plus tard. Tu es sûr que tu n'as rien à me dire ?
Les yeux fixés sur l'échiquier, Shikamaru secoua la tête.
- Bon, alors je ne peux rien pour toi. Mais je te conseille de te reprendre, et vite ! Je sais que tu n'as jamais été un fan de la compétition mais le club compte sur toi. Alors fais le nécessaire et demain, je te veux en pleine forme pour la suite du tournoi.
Dans un froissement de kimono, Jiraya avait quitté la pièce. Seul devant l'échiquier encore envahi de pièces, Shikamaru soupira. Il n'était pas stupide. Il savait pertinemment que son maître avait raison : depuis la veille, toutes ses facultés de concentration s'étaient évanouies. Et il se trouvait aussi qu'il savait précisément pourquoi. « Galèèèère... » Il se laissa tomber sur le dos, sur le plancher de sa chambre. Mais qu'était-il censé faire ? Se sortir Temari de la tête ? Ce n'était pas prêt de se produire.
Les mains derrière la tête, il mâchonnait un cure dents en réfléchissant. Ce n'était pas tant Temari qui l'empêchait de se concentrer – sauf quand elle était dans la pièce auquel cas c'était une autre histoire. Non, ce qui le hantait le plus, c'est de n'avoir pas répondu à sa question de la dernière fois. D'avoir gardé pour lui ses sentiments et ce qu'ils impliquaient. Indubitablement, il n'était pas en paix avec ce choix.
Il resta un moment ainsi, allongé sur le sol et les yeux fixés au plafond jusqu'à ce qu'il prenne une décision. Le cœur battant, il attrapa une feuille et à même le plancher se mit à écrire.
Une heure plus tard, il plia la feuille en quatre, débarrassa son échiquier des pièces qui le recouvraient encore et le retourna. En passant une lame de couteau dans une rainure, il parvint à faire sauter la plaque de bois qui masquait une cavité dissimulée. Cet échiquier appartenait à son père et en son temps ce dernier y cachait des stratégies de jeu acquises de haute lutte contre des adversaires réputés. Cela faisait bien longtemps que Shikamaru avait appris ces stratégies par cœur. Au club, tout le monde était unanime : le fils était incomparablement plus doué que son père, ce qui était beaucoup dire. Mais depuis, la cachette était demeurée vide. Plus pour longtemps : Shikamaru y glissa la feuille pliée avant de remettre le panneau à sa place. Une fois le tiroir refermé, il se sentit l'esprit beaucoup plus tranquille. Au point même de s'accorder une petite sieste.

***

Toujours dimanche, dans l'après-midi
Gaara était allongé immobile dans son lit, tentant vainement de trouver le sommeil quand la sonnerie de la porte d'entrée retentit. Il songea un instant à l'ignorer et rester ainsi dans l'obscurité, qui pour lui avait quelque chose de réconfortant. Mais depuis une heure qu'il avait fermé les volets, il fallait bien admettre que tout ce qu'il avait fait c'était ruminer ses sombres pensées et que ce n'était pas à proprement parler une activité qui le soulageait. Il se tira donc hors des couvertures et traversa l'appartement à pas silencieux, dans son bas de jogging froissé, se passant la main sur le visage pour en effacer les marques évidentes du manque de sommeil.
En ouvrant la porte, il resta un moment interdit, tant la présence en face de lui était improbable. Mais le fait était qu'Hinata se retrouva encore plus interdite que lui en constatant qu'il ne portait pas de T-shirt. Ses joues s'enflammèrent tandis qu'elle tentait vainement d'articuler un son. Le silence aurait pu durer encore un moment, si Gaara ne s'était pas ressaisi le premier.
- Hinata ? Mais qu'est ce que vous faites là ?
Sous ses yeux, la jeune fille fit un effort évident pour surmonter son trouble, et c'est en fixant obstinément le sol qu'elle répondit d'une voix hachée.
- Vous n'êtes pas revenu me voir, alors j'ai décidé de faire moi-même le chemin.
En un éclair il se souvint qu'il avait fait ce qui avait pu être interprété comme une promesse. Ce n'était alors pas du tout son intention - il voulait simplement se montrer poli – mais visiblement, elle l'avait pris au sérieux et voilà qu'elle était venue jusqu'à chez lui !
- Oui bien sûr ! Je suis désolé, j'ai été très occupé ces dernières semaines.
C'était un mensonge mais il ne coûtait pas grand chose. Il hésita encore une seconde avant de lâcher, un peu à regret :
- Je vous en prie, entrez.
Hinata dût percevoir son manque d'enthousiasme car elle releva brutalement la tête.
- Je suis désolée, je ne voulais pas vous déranger. Vous dormiez peut être ? Je peux revenir un autre jour...
- A vrai dire, j'essayais de dormir. Mais ça ne mène à rien, alors autant passer à autre chose. Ça me fait plaisir que vous soyez venue.
Il tenta un sourire, mais il lui sembla que les muscles de sa mâchoire étaient rouillés et il se douta que sa grimace ne devait pas être très convaincante. Cela dit, ça ne sembla pas décourager Hinata, qui entreprit de gravir les dernières marches du perron. En passant devant lui, elle s'arrêta une seconde pour observer son visage.
- Vous avez une mine affreuse, comme l'autre fois. Vous ne parvenez pas à dormir ?
Il secoua la tête.
- C'est récurrent chez moi.
- Il y a une explication physiologique ?
Haussement d'épaule.
- Plutôt psychologique d'après mes médecins.
Elle hocha gravement la tête, sans répondre. Après avoir refermé la porte derrière elle, il la conduisit jusqu'au salon.
- Au fait, comment m'avez-vous retrouvé ?
Elle eut un sourire gêné.
- Le registre de l'hôpital... Je sais que je n'aurais pas dû, ces registres sont confidentiels, mais je n'ai pas pu résister.
Elle baissa les yeux sur le panier qu'elle portait et dont jusqu'à présent, Gaara n'avait même pas remarqué l'existence.
- Je voulais tellement trouver un moyen de vous remercier pour la boucle d'oreille...
Elle souleva le couvercle du panier et en tira un tupperware qui une fois ouvert découvrit un assortiment de petits gâteaux multicolores.
- Ce n'est pas grand chose, mais j'y tenais. Je ne connaissais pas vos goûts, alors il y a de tout. Des mochis, des manjus mais aussi des macarons qui sont des gâteaux français et quelques cupcakes.
Elle les désigna du doigt. Gaara ouvrait de grands yeux.
- C'est vous qui avez fait tout ça ?
Elle sourit.
- J'aime faire la cuisine.
- Merci beaucoup, dit Gaara qui ne savait pas quoi dire d'autre. Je peux en prendre un maintenant ?
Elle rit d'un rire à la fois ravi et gêné, qui n'avait rien à voir avec les crises d'hilarité spontanées d'Ino qui dévastaient tout sur leur passage et le laissaient systématiquement le cœur battant – même leur souvenir déclenchait en lui une vague d'émotion. Mais ce rire-là avait quelque chose de touchant. On avait envie d'en prendre soin, de l'aider à se développer.
- Mais je vous en prie, ils sont faits pour ça !
Gaara ne se le fit pas dire deux fois et attrapa le premier mochi qui lui passait sous la main. Il était délicieux.
- Vous êtes très douée.
Elle lui adressa un sourire heureux.

Dans l'ensemble, ils ne se dirent pas grand chose cette après midi là. Elle le regarda manger avec appétit, renouvelant chaque fois ses compliments qu'elle accueillait avec un petit hochement de tête reconnaissant. Elle ne lui posa pas de questions sur qui il était, pourquoi il était seul un dimanche après-midi dans le noir alors que tout le monde était sorti profiter du soleil. Elle avait les mains croisées sur les genoux et son regard était simplement bienveillant. De son côté, Gaara qui n'avait jamais été très doué pour faire la conversation appréciait qu'elle ne tente pas d'en maintenir une qui sonnerait à coup sûr très artificielle. Quand il eut fini de manger, elle referma le tupperware, le remercia encore pour la boucle d'oreille et pris congé très poliment. « J'espère que la digestion vous apportera le sommeil » dit elle avec une note de malice dans la voix. Il referma la porte derrière elle et retourna s'allonger dans sa chambre. Ce fût peine perdue, une fois de plus, mais au moins ses états d'âme lugubres ne tournoyaient plus comme un sombre présage dans sa tête. A la place il se demandait comment un être aussi simple et pur avait pu naître au sein de la grande famille Hyûuga.




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