Fiction: Paralèlles

Tokyo de nos jours. Neji, riche héritier d'une grande famille industrielle, enfermé dans sa bulle de luxe, se perd un jour dans la banlieue de la grande capitale japonaise. Il y rencontre Tenten son exact opposé : orpheline effrontée et extravertie, elle règne avec sa bande d'amis des rues sur la vaste banlieue Ouest. Confrontation entre deux milieux ou fresque urbaine romantico-réaliste. ^^ = Sujet de BASE !! (De multiples dérives sur d'autres persos et couples se feront dans cette fic... qu
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Saya-chan (Féminin), le 19/11/2014
Dans le Tôkyo de nos jours, plusieurs vies s'entremêlent...
Dans les derniers épisodes, Neji tente de se racheter auprès de Tenten en faisant discrètement du bénévolat dans son orphelinat. De son côté, Temari découvre que son petit jeu avec Shikamaru n'est pas passé inaperçu aux yeux de Kankurô qui semble voir clair dans ce qui se passe réellement entre eux. Gaara, lui peine encore à se remettre de sa rupture avec Ino. Et pour finir, Sasuke reçoit un coup de téléphone inquiétant.




Chapitre 28: Dissimulations



Sasuke passa le reste de la nuit à faire les cent pas dans sa chambre. Mais il avait beau retourner le problème dans tous les sens, il ne parvenait pas à prendre une décision. Le désespoir dans la voix d'Itachi lui semblait réel mais... et si c'était un piège ? Sakura et Kakashi l'avaient tant mis en garde contre le caractère manipulateur de son frère qu'il avait pris le parti de se méfier de tout ce que celui-ci pourrait lui dire. Et d'ailleurs, même s'il était sincère, qu'attendait-il de lui au juste ? Qu'il découvre par ses propres moyens où était retenue Kurenaï ? Qu'il se précipite pour la libérer ? Et puis quoi encore ? Il n'était pas Superman.
« Réfléchis ! » s'intima-t-il pour la énième fois. Comment sa famille avait-elle découvert où était Itachi ? Quel intérêt y avait-il à kidnapper Kurenaï s'ils ne prenaient pas Itachi avec pour le faire parler ? Quelle maudite logique suivait donc son père ?
A cinq heures du matin, à bout de nerfs il se décida à appeler Sakura. Celle-ci décrocha au bout de six longues sonneries.
- Mmmmmmmmh ? Fut tout ce qu'elle fut capable d'émettre.
- Sakura, j'ai besoin de ton aide.
- Qu'est ce qui se passe ?
Son élocution était plus claire, elle devait avoir perçu l'urgence dans la voix de Sasuke. Il prit cinq minutes pour lui raconter le coup de fil qu'il avait reçu. Un court silence s'ensuivit.
- Bouge pas, j'arrive, finit par annoncer Sakura.

Vingt-cinq minutes plus tard, elle était là et il la serrait dans ses bras. Elle se dégagea rapidement pour aller préparer du café. « Raconte-moi encore une fois ce qu'elle t'a dit » demanda-t-elle en versant le café moulu dans la cafetière italienne. Il obtempéra.
- Cette histoire est très étrange, dit elle quand il eut terminé. Pourquoi kidnapper Kurenaï quand c'est Itachi qui sait où est la vidéo et que là où il est il ne peut pas être interrogé ?
- C'est ce que je me demandais. Peut être qu'ils n'ont pas pu l'emmener lui, du fait qu'il est en régime surveillé et...
Elle fronça les sourcils.
- Non, c'est de ta famille dont on parle Sasuke, s'ils avaient voulu kidnapper Itachi, ils l'auraient fait. Ils ont les ressources nécessaires.
Sasuke haussa les épaules.
- Je ne comprends rien...
- Non, j'ai réfléchi sur le chemin, et la seule explication que je vois c'est qu'ils estiment que c'est Kurenaï la responsable.
- Comment ça ?
- Réfléchis ! Quand ils ont retrouvé la trace de ton frère au centre de désintox, qui était avec lui ? Et si Kakashi a vu juste, Itachi a dû envoyer une lettre à ton père le prévenant qu'il avait la vidéo. La vérité c'est qu'il entendait utiliser cette preuve pour tenir ta famille à l'écart, mais peut être que ton père a pensé que c'était un moyen de lui faire du chantage ? Et s'il est suffisamment parano pour penser ça, alors il n'y a plus qu'à extrapoler un peu pour imaginer que c'est Kurenaï elle-même qui a tout manigancé. Qu'elle a manipulé ton frère, qu'elle l'a drogué pour le tenir à sa merci et qu'elle a l'intention de faire chanter ta famille grâce à la vidéo sur laquelle elle a mis la main.
Stupéfait, Sasuke resta sans voix un moment. De son point de vue, tout ça lui paraissait tiré par les cheveux, mais en s'efforçant de considérer les événements avec la perspective de son père, il devait bien reconnaître que c'était cohérent.
- Tu pourrais bien avoir raison, murmura-t-il. Il est bien plus facile pour mon père d'imaginer qu'Itachi est victime d'une machination plutôt que d'envisager une véritable trahison de sa part.
- C'est ce que je me disais aussi...
Il se tourna vers elle, soudain très impressionné.
- Sakura, tu sais que tu es un génie ?
Elle sourit modestement.
- Tu exagères. J'ai seulement une perspective extérieure sur cette affaire qui me permet de voir les choses un peu plus clairement, c'est tout.
- Je maintiens, tu es un génie.
Il se pencha pour l'embrasser. L'odeur de café flottait dans la pièce. Elle finit par le repousser doucement.
- Ça ne nous dit pas ce qu'on va faire.
- Maintenant ça me paraît évident. Si mon père pense véritablement que Kurenaï est derrière tout ça, alors elle est en danger. Il va essayer de lui faire dire où se trouve l'original de la vidéo et comme elle n'en sait rien cela va sûrement très mal se terminer pour elle. On doit aller voir la police.
- Avec quoi ? Qu'est ce qui te fait croire qu'ils vont nous écouter accuser une des familles les plus puissantes du Japon ?
- Parce que c'est moi qui leur parlerait. Moi l'héritier de l'entreprise, je n'ai rien à gagner à lancer un scandale. Et puis j'amènerai la vidéo.
- Tu es sûr ? Sasuke, c'est notre seule munition pour l'instant...
- Itachi a raison, on doit faire quelque chose. Ce n'est pas lui, pensionnaire de Kôchi, que la police va écouter. Si on ne se bouge pas, Kurenaï est morte.
Sakura frissonna.
- Tu as raison. Mais d'abord, il faut qu'on vérifie quelque chose.
Elle attrapa son i-phone et surfa dessus quelques instants avant de trouver ce qu'elle cherchait et de composer un numéro. « Oui, bonjour, excusez moi de vous déranger à une heure aussi matinale. Je voudrais savoir si vous avez quelqu'un répondant au nom de Kurenaï Yuhi résidant dans votre hôtel... Oui ? … Oui bien sûr, je comprends monsieur. Malheureusement, nous ne savons pas non plus où elle a pu passer... Merci de votre aide, si nous la retrouvons, je lui dirai de venir régler sa chambre. Au revoir ». En raccrochant, elle jeta un regard sinistre à Sasuke.
Le gérant de l'hôtel confirme. Elle est partie en emportant toutes ses affaires et sans régler son séjour. Je crois que notre théorie se renforce...

Deux heures plus tard, ils faisaient le pied de grue devant le Commissariat de Police de Tokyô, accompagné de Kakashi, en attendant l'ouverture qui d'après les horaires indiquées sur la porte aurait lieu dans un quart d'heure.
- Êtes vous vraiment sûrs de vouloir vous lancer ? Demanda ce dernier pour la énième fois.
Il était emmitouflé dans une sorte de parka kaki trop grande pour lui et les cernes sous son œil n'avaient jamais été aussi violettes.
- Puisque je vous dis que nous n'avons pas le choix, répliqua avec agacement Sasuke. Kurenaï est en danger.
- Ça je l'ai bien compris. Mais ce qu'il me paraît important de vous signaler ici, c'est qu'une telle démarche va exiger de vous la plus complète honnêteté sur vos relations avec cette femme et avec votre frère. C'est-à-dire qu'il vous faudra justifier un sevrage sauvage et non consenti, et votre volonté de mêler le moins possible votre famille à cette histoire. Sans parler du fait que vous grillez toutes vos futures chances de gagner un procès en divulguant votre carte maîtresse dès maintenant...
- Vous nous avez déjà dit tout ça !
- Je sais bien. Écoutez Sasuke. En tant qu'avocat il est de mon devoir de vous inciter à faire ce qui est dans votre intérêt. Malgré le souci que je peux me faire du destin de Mlle Yuhi, elle n'est pas ma cliente. Vous l'êtes. Et votre intérêt serait de ne pas aller voir la police maintenant.
- En tant que client-
- S'il vous plaît, laissez-moi finir. Vous avez l'air sûrs de vous, alors puisque c'est vraiment ce que vous voulez, voilà ce que nous allons faire.
Il leur fit signe de se rapprocher de lui et leur expliqua ce qui allait se passer.

***

[Le même jour]
On était jeudi, et le jeudi était le jour où Neji allait donner un coup de main à l'orphelinat. Ce jour-là, il avait passé en revue la consommation de gaz et avait établi une liste de recours possibles pour faire baisser la facture. La semaine prochaine, il s'attellerait à mettre au clair la comptabilité passée de l'établissement qui pour l'instant prenait la poussière dans un énorme carton que Mme Shijimi avait sorti du grenier. Il était découragé d'avance par la tâche, d'autant plus qu'il avait le sentiment très net que M. Shijimi - paix à son âme - n'était pas particulièrement doué avec les chiffres.
Il rejoignait l'arrêt de bus, comme toutes les semaines quand le même miaulement que la dernière fois attira son attention. Il se retourna pour découvrir le chaton de la semaine précédente qui claudiquait derrière lui.
- Tiens, tu es encore là toi !
Le chaton leva les yeux vers lui et ne fit pas mine de reculer quand il s'accroupit pour tendre la main vers lui. Il était encore très maigre, mais Neji remarqua qu'il avait tout de même meilleure allure que la semaine dernière. En se penchant, il s'aperçut qu'il avait une attelle à la patte.
- Je ne suis donc pas le seul à prendre soin de toi, good to know.
Un miaulement aigu lui répondit.
- Tu as encore faim ? Ne bouge pas, je vais te chercher à manger.
Cette fois-ci, Neji ne se pressa pas, certain que le chaton aurait une fois de plus disparu quand il reviendrait avec la nourriture. Aussi fut-il surpris de le trouver à l'endroit exact où il l'avait laissé, comme si l'animal l'avait pris au mot. Il s'agenouilla et ouvrit la boîte de conserve sur le sol. Récupérant la coupelle de la dernière fois, il y versa à nouveau le contenu de la briquette de lait qu'il venait de se procurer. A peine le liquide avait il touché le fond du récipient que l'animal s'était déjà jeté dessus. Neji sourit.
- Tu es un warrior toi.
Il resta dix minutes à regarder le chaton dévorer son festin avant de recevoir un coup de fil de sa secrétaire. Elle l'informait que la réunion du Conseil d'Administration avait été avancée d'une heure. Il regarda sa montre : il allait être en retard. « Très bien, j'arrive ! ». Il raccrocha, caressa une dernière fois la tête frêle de l'animal qui tout à son déjeuner ne lui prêtait plus la moindre attention.
- Je dois y aller... à la semaine prochaine !
Il se releva, rajusta sa sacoche sur son épaule et reprit son chemin en direction de l'arrêt de bus. Il faudrait qu'il trouve un nom à ce chat... Était-ce une bonne idée ? Donner un nom c'est s'attacher. Or, rien ne garantissait que l'animal ne survive une semaine de plus dans un environnement aussi hostile. Il verrait bien la semaine prochaine. Si le chaton était encore là, il lui trouverait un nom. Il en était là de ses pensées quand il aperçut le bus au loin et dû se mettre à courir.

A quelques mètres de là, Tenten émergea de sa cachette, un sourire aux lèvres devant les tentatives désespérées de Neji pour attirer l'attention du chauffeur de bus.
- Ce serait drôle s'il le loupait hein, qu'est ce que tu en penses ?
Le chaton miaula en claudiquant jusqu'à elle. Elle s'accroupit pour le prendre dans ses bras.
- Dis donc qu'est ce que tu pues ! Je crois qu'il est temps de changer ton bandage.
Au loin, Neji avait réussi à faire s'arrêter le bus.
- Dommage, ce n'est pas encore cette fois que la princesse s'attardera dans le quartier...
Mais un sourire bienveillant adoucissait sa dernière remarque.
- Peut être que je devrais lui parler, non ?
Calé contre son coude, le chat émit un feulement belliqueux.
- Oui, tu as raison, on va encore attendre un peu !

***

Vendredi matin
En croquant dans sa tartine de Nutella, Temari faisait ostensiblement le plus de bruit possible. Mais il en fallait visiblement davantage pour déconcentrer Kankurô de son manga. Une semaine s'était écoulée depuis leur dernière dispute et pendant ce laps de temps, Kankurô n'avait pas jugé bon d'adresser de nouveau la parole à sa sœur. Temari en avait assez d'être la femme invisible dans cet appartement. En effet, Gaara non plus ne lui parlait pas mais bon, son attitude à lui n'avait pas grand chose d'extraordinaire puisqu'elle demeurait à peu près inchangée depuis le début de son adolescence.
- Et sinon, tu vas reconnaître que j'existe ? Finit par demander abruptement Temari, qui n'y tenait plus.
- Tu as reçu du courrier, répondit sobrement Kankurô.
Il lui tendit une enveloppe de papier kraft, sans lever les yeux de son livre. Temari émit un glapissement surexcité en avisant le tampon de l'expéditeur.
- C'est la LSE !
- Mais encore ?
- Je leur ai envoyé mon dossier de candidature il y a un mois.
- Tu veux étudier à Londres ?
Cette fois, Kankurô avait posé son manga et il fixait sa sœur avec un regard interrogateur.
- Pourquoi pas ? C'est une excellente université.
Elle décacheta nerveusement l'enveloppe et en extirpa fébrilement une feuille de dimension A4. A mesure qu'elle la parcourait des yeux, son visage se décomposa.
- Qu'est ce qui se passe ? Interrogea Kankurô.
- Ils ne m'ont pas prise...
Elle avait répondu dans un souffle, les yeux écarquillés toujours fixés sur la lettre, comme s'ils refusaient de comprendre ce qu'ils venaient de lire.
- Qu'est ce qu'il te disent ?
- Que mes résultats sont insuffisants... Je n'en reviens pas. Certes, mes notes ont baissé au dernier trimestre, mais ce n'est rien qui remette en cause...
Elle avait la gorge serrée. Elle n'allait quand même pas se mettre à pleurer ?
- Tu ré-essaieras l'année prochaine.
- Tu ne comprends pas, c'est maintenant ou dans trois ans ! Je n'ai aucune envie d'attendre aussi longtemps !
- Je ne vois pas ce qui t'embête autant. Il y a des tas de bonnes universités au Japon.
- Tu le fais exprès ou quoi ? Je n'ai aucune envie de rester ici !
- C'est donc ça le problème...
- Bien sûr que c'est ça le problème !!
Elle froissa rageusement la lettre avant de la jeter à l'autre bout de la pièce. « Saloperie de bordel ! » jura-t-elle en claquant la porte. En montant les escaliers quatre à quatre, elle tentait vainement de retenir ses larmes. Fallait-il que cela lui tombe dessus maintenant ? Alors que sa vie allait aussi mal, qu'elle subissait au quotidien l'indifférence de ses frères, qu'elle avait perdu sa cour et ses amis, et que depuis une semaine elle s'efforçait de mettre à distance la seule personne qui lui apportait du réconfort ? Quelle vie de merde ! Elle se laissa tomber en pleurs sur le couvre-lit brodé d'inspiration islamique. Tous ses espoirs de nouveaux départs dans une capitale européenne à l'autre bout du monde venaient de partir en fumée. Persuadée d'être prise, elle n'avait postulé nulle part ailleurs au Royaume-Uni, ni même en Amérique. Et il était trop tard pour s'y mettre maintenant. Quelle idiote elle faisait. Si on lui avait dit il y a quelques mois qu'elle serait la victime d'un tel acharnement du destin, elle n'en aurait pas cru un mot.

Au bout d'une vingtaine de minutes passées à se lamenter sur son sort, elle roula sur le côté pour attraper son portable. Il répondit au bout de la troisième sonnerie.
- Tiens, tu te manifestes ? Je commençais à penser que tu avais disparu de la circulation.
- J'étais occupée, mentit Temari. Dis-moi, qu'est ce que tu fais aujourd'hui ?
- Rien, je m'entraîne. Le tournoi commence demain. Mais toi, tu n'es pas censée avoir cours ?
- Je n'ai aucune envie d'aller en cours. Est-ce qu'on peut se voir ?
- Quelque chose ne va pas ?
- Non tout va bien. Je veux juste changer d'air.
- D'accord. Rejoins-moi chez moi dans une heure.
- Ok, à tout de suite.
Elle raccrocha et se leva pour aller s'examiner dans le miroir. Elle essuya d'un revers de main son mascara qui avait coulé mais ça ne changea rien au fait qu'elle avait une tête affreuse. Pendant quelques minutes elle tenta d'arranger le tout à grands renforts d'anti-cernes et de blush mais le résultat était encore pire. Elle finit par aller prendre une douche en désespoir de cause, puis attrapa les premières fringues qui lui passaient sous la main avant de sortir en claquant la porte.

Elle donna l'adresse au taxi puis se laissa retomber dans le cuir du siège arrière et regarda, amorphe, défiler le paysage par la vitre fumée. Ses efforts pour prendre de la distance avec Shikamaru étaient eux-aussi en train de se réduire à néant, mais peu lui importait à ce moment-là. Elle avait besoin de s'échapper de sa vie, or à sa connaissance, Shikamaru était la seule porte de son monde qui donnait sur l'extérieur.
Trois quarts d'heure plus tard, la voiture s'arrêta devant le pavillon de banlieue des Nara. Elle était sur le point d'appuyer sur la sonnette quand Shikamaru ouvrit la porte. Il portait un jean, une veste kaki dont les manches étaient sérieusement élimées, une paire de converses noires et un sac à dos. Il l'embrassa sur la joue et l'entraîna à sa suite dans la rue jusqu'à son scooter accroché un peu plus loin.
- Qu'est ce que tu fais ?
- Il y a quelque chose que je veux te montrer, dit-il en lui tendant un casque.
Haussant les épaules, Temari l'enfila et lui laissa le soin d'attacher la lanière de sécurité. Puis elle s'assit à califourchon derrière lui et se plaqua contre son dos. Il voulait l'emmener ailleurs, soit, elle était partante. Pourvu que ce soit le plus loin possible !

Mais c'est seulement après une demi-heure de circulation sur les boulevards encombrés que le véhicule s'arrêta. Redressant la tête, Temari avisa un immeuble en ruine qui s'élevait sur une trentaine d'étages.
- Où est ce qu'on est ?
- Suis-moi, lui intima Shikamaru.
Après avoir solidement attaché son scooter, il s'avança vers le bâtiment, passa par dessus les barrières de sécurité et invita Temari à faire de même. Celle-ci râlait un peu pour la forme, mais au fond d'elle, l'excitation était en train de prendre le dessus.
- Où est ce que tu m'emmènes ?
- Tu verras bien !
Il lui attrapa la main alors qu'elle enjambait précautionneusement les débris de béton qui barrait l'entrée. Heureusement qu'elle avait chaussé ses baskets, pensait-elle en observant Shikamaru qui escaladait les obstacles qui les séparaient encore de l'intérieur.
- Désolé, l'ascenseur ne marche plus depuis un bail !
Elle fronça les sourcils quand il désigna l'escalier.
- Attend une minutes, tu n'envisages quand même pas de nous faire monter trente étages à pieds ?
Il lui renvoya un sourire d'excuse.
- Promis, ça vaut le coup.
En râlant, elle entama la montée. Une dizaine de minutes à peine plus tard, elle était déjà hors d'haleine. « On est à quel étage là ? » En guise de réponse, Shikamaru l'embrassa. L'escalier était glissant, les ouvertures béantes qui avaient dues être des fenêtres étaient privées de vitres depuis longtemps si bien que la pluie avait ruisselé à l'intérieur, favorisant le développement de champignons et de dieu savait quoi encore. Elle grimpa encore cinq étages supplémentaires avant de se laisser tomber sur une marche.
- Je m'arrête là, j'en peux plus. Tu veux me tuer ou quoi ?
- Attrape !
Elle eut à peine le temps de se retourner que quelque chose atterrit sur ses genoux.
- Un Twix ! Alors ça, c'est la meilleure idée que tu aies eu de la journée !
Elle arracha l'emballage et mordit avec enthousiasme dans la barre chocolatée.
- T'as pas de l'eau aussi ?
Il lui tendit la bouteille. Après quelques gorgées, Temari se sentait beaucoup mieux. Elle jeta un œil à Shikamaru qui l'attendait quelques marches au-dessus. Quelles ressources dissimulait-il encore derrière ses airs blasés ? Elle avait vraiment envie d'arriver au sommet maintenant. Après ce qui lui sembla être une éternité, ils atteignirent le dernier étage. L'escalier n'allait pas plus loin.
- On y est ?
- Pas tout à fait, corrigea Shikamaru.
Il l'entraîna sur la gauche, dans un enchaînement de pièces désertes aux portes arrachées et dont le sol était encore recouvert par endroits de lambeaux de moquette, jusqu'à une porte de service barrée d'un panneau « DANGER ». A l'aide d'un fil de fer sorti de sa poche, Shikamaru crocheta la serrure. Quand il ouvrit la porte, un courant d'air s'engouffra dans les cheveux de Temari. Même à deux mètres de l'ouverture, la jeune fille fut prise de vertige. On voyait toute la ville... à une centaine de mètres en contrebas.
- Un dernier effort.
- Tu... tu veux qu'on sorte par là ? S'affola Temari.
- C'est un escalier extérieur, tu ne risques rien c'est promis. Je l'ai pris des centaines de fois.
- Un escalier ? Dit plutôt une échelle !
C'était en effet une échelle à crinoline qu'il lui proposait d'emprunter, suspendue à la paroi d'un bâtiment en ruine, à une centaine de mètres du sol.
- Vas-y la première, j'assure tes arrières.
Temari prit une profonde inspiration pour se calmer. C'était ce qu'elle voulait non ? De l'aventure, se frotter au monde extérieur, dire merde à son quotidien l'espace de 24 heures...
- D'accord, d'accord, je vais y aller.
S'efforçant de ne pas regarder en bas, elle s'avança sur la plate-forme métallique.
- Le premier barreau est juste au-dessus de toi.
Elle l'attrapa, se hissa, recommença. Elle avançait centimètre par centimètre mais elle avançait. Encore un effort et l'échelle la déposerait sur le toit de l'immeuble. Un dernier barreau... Épuisée, terrorisée, elle se laissa tomber sur le sol de béton et résista à la tentation de se rouler en boule et de fermer les yeux. Derrière elle, Shikamaru escalada les derniers barreaux et atterrit souplement à sa droite. Il l'aida à se relever.
Une fois debout, elle prit enfin le temps de regarder autour d'elle. Et elle écarquilla les yeux. A perte de vue, Tokyo scintillait de millions de reflets métalliques. Au loin, on apercevait la Tokyo Sky Tree et même la Tokyo Tower. Et encore plus loin, la mer. Le bruit de la circulation avait presque disparu. Si elle se penchait en avant, elle pouvait apercevoir le trafic en contrebas. C'était tout simplement incroyable. Elle fit quelques pas sur le toit. Celui-ci avait été aménagé avec un vieux canapé, une table basse en bois envahie de canettes de bière et les restes de ce qui ressemblait à un petit feu de bois. Dans un coin de l'espace, une bâche en plastique montée sur des piquets métalliques devait servir de protection sommaire contre la pluie.
- Alors qu'est ce que tu en penses ?
Elle se retourna vers lui.
- C'est... à ton image.
Elle tentait d'avoir l'air dégagée mais en vrai, elle était soufflée.
- Comment ça à mon image ?
Elle aurait voulu répondre « négligé, pratiquement à l'abandon mais absolument sensationnel ». A la place, elle désigna le canapé :
- Tu es sûr qu'il n'y a pas de puces là-dedans ?
Il éclata de rire.
- Tu es sérieuse ? C'est vraiment ça qui occupe ton esprit là maintenant ?
Elle se rapprocha de lui.
- Non, pas exactement non.
Il répondit à son baiser mais quand elle essaya de l'entraîner vers le canapé, il résista.
- Pas tout de suite, d'abord on se met dans l'ambiance.
- Quelle ambiance ? maugréa Temari qui n'aimait pas être interrompue.
En réponse, il dégagea son sac de son épaule et en tira deux bouteilles de saké et deux verres en plastique. Temari recommençait à sourire. Décidément, le garçon n'était jamais à cours de surprises. Il s'approcha ensuite de la table et vida consciencieusement le contenu de son sac dessus. Autrement dit : un paquet de Twix, un autre de Mars, une boîte d'allumettes, un paquet de cigarettes et quelques bûches à combustion lente. Puis il se laissa tomber sur le canapé et alluma sa première clope.

Deux heures plus tard, Temari immobile, la tête calée sur les genoux de Shikamaru regardait le ciel tourner au-dessus d'elle. L'alcool l'avait d'abord rendue d'humeur partageuse et elle n'avait pas tardé à avouer à Shikamaru la raison pour laquelle elle avait eu besoin de le voir ce jour-là. A sa grande surprise, sa réaction à sa déconvenue fut d'éclater de rire. D'abord vaguement offensée, Temari avait fini par se laisser gagner par la gaîté du jeune homme et par la suite ils avaient hurlé de rire en se racontant tous les échecs qu'ils avaient traversés chacun de leur côté au cours de leur courte vie. Maintenant elle était plus calme, mais non moins heureuse. Pendant une fraction de seconde, elle se demanda ce qu'elle aurait été chercher à Londres quand tout ce dont elle avait besoin était un paquet de Twix, une bouteille de saké, Tokyô, le ciel au-dessus de sa tête et bien sûr l'idiot qui l'accompagnait.
Temari tendit la main au dessus de son visage. Elle comptait 8 doigts et demi là où il y aurait dû en avoir 5 et elle jugea que c'était suffisant pour pouvoir dire ce qui lui trottait dans la tête depuis cinq bonnes minutes.
- Kankurô trouve qu'on ressemble à un couple.
Elle guetta sa réaction en fermant un œil car sinon, son visage était flou.
- Mmmh, fut tout ce qu'il répondit.
Elle n'abandonna pas pour autant. Se redressant tant bien que mal, elle attrapa une clope dans son paquet et craqua une allumette pour l'allumer.
- Est-ce que tu vois d'autres filles régulièrement à part moi ?
- Non.
Il avait fermé les yeux et paraissait dormir.
- Tu sais quoi, je trouve que tu envoies des signaux contradictoires. Tu couches avec cette fille, tu me dis qu'on est pas exclusifs et ensuite tu m'emmènes ici et tu admets qu'avec les autres, ce n'est pas sérieux.
L'alcool lui enflammait les joues, à moins que ce ne soit autre chose.
- Qu'est ce que tu penses de moi à la fin ?
Cette fois-ci, elle avait capté son attention. Il se redressa pour la regarder dans les yeux.
- Tu m'as dit un jour que tu ne voulais pas savoir ce que je pensais de toi.
Elle en resta sans voix. Bien sûr qu'elle avait dit ça. Elle ouvrit la bouche pour parler mais ne trouva rien à dire. Shikamaru la regardait toujours.

***

- Tu veux savoir ce que je pense vraiment ?
Elle hocha la tête.
- Tu es une gamine capricieuse. Parce que tu es belle, riche et certainement plus maline que la moyenne, tu crois que le monde entier doit te manger dans la main. Jusqu'à présent ça a plutôt bien marché pour toi, tu as toujours obtenu ce que tu voulais, qui oserait te dire non ? Il faut avoir du cran pour affronter ton indignation. Les gens ont trop à perdre pour risquer de te contrarier. Mais ça, c'est jusqu'au moment où ils réalisent qu'il y a des choses plus importantes dans leur vie. Ino est tombée amoureuse et elle a cessé de te considérer comme le centre de son monde. Et là, c'est le moment où ça tourne mal pour toi. Ton frère a raison, tout ce que tu as construit c'est du vent, parce qu'en réalité parmi les gens dont tu avais l'habitude de t'entourer, personne ne te connaît vraiment. Tu es seule parce qu'à force de te croire au-dessus de tout le monde, tu n'as laissé personne approcher. Et maintenant tu leur en veux parce que c'est plus facile de rejeter la faute sur le monde qui ne tourne pas rond plutôt que de se remettre en question. Voilà qui tu es Temari : tu es une fille magnifique et intelligente mais tu es seule et aigrie.
Temari était muette. Il soupira.
- Maintenant, comment je te vois... Bien sûr, je garde tout ça en tête, mais c'est comme si je m'en fichais. Tu es qui tu es, et tu as beau avoir tous les défauts de la terre, je n'ai jamais rencontré de fille comme toi. Tu es lumineuse, tu es drôle, tu ne laisses rien ni personne te dicter ta conduite ; tu es orgueilleuse, bornée et terriblement attachante. Tu es intelligente, et revancharde. Tu es incroyablement sexy et honnêtement, tu n'as aucune idée de la volonté qu'il m'a fallu pour t'éloigner de moi tout à l'heure. Je pense à toi tout le temps, même quand je suis avec d'autres filles, ce qui franchement ne m'était jamais arrivé avant. Je ne sais pas ce que j'aurais fait si tu ne m'avais pas rappelé ce matin, parce qu'une semaine sans te voir, on aurait dit une année entière. J'aime tes yeux, ton nez, tes oreilles et je déteste ton vernis à ongle. Mais même ton vernis à ongles, je ne l'échangerais pour rien au monde. Voilà. Je crois sincèrement que si je rencontrais un jour quelqu'un comme toi, je ne pourrais pas la supporter. A priori tu me tapes sur les nerfs, tu es agressive en permanence, tu as besoin de toujours plus... et pourtant ne serait-ce qu'imaginer que tu te lasses de ça me rend malade. Mais voilà, tu prends tout ce que je te donne pour acquis alors je ne peux pas me permettre de te dire tout ça. Parce qu'une fois que tu connaîtras la vérité, elle ne te suffira plus. Tu auras gagné et ça ne t'amusera plus. J'ai compris comment tu fonctionnais depuis la première seconde où je t'ai vu Temari. Les filles comme toi n'aiment pas, elles jouent. Je ne sais pas comment j'ai pu accepter de me laisser embarquer là-dedans. Mais maintenant j'y suis et je donnerais n'importe quoi pour que le jeu continue. Je n'ai pas le choix, je dois garder le masque et toi tu ne dois rien savoir.

***

Voilà ce que Shikamaru aurait voulu dire. A la place, il lâcha en refermant les yeux :
- Galère... Mais qu'est ce que tu veux que je te dise ?




Shikamaru et Temari, sans conteste mon couple préféré et les personnages les plus attachants de cette fic, de mon point de vue. Ils me manqueront quand cette fic sera finie (et elle se terminera bientôt).

Prochain chapitre : Des problèmes et des solutions. Merci de continuer à me suivre !




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