Fiction: Paralèlles

Tokyo de nos jours. Neji, riche héritier d'une grande famille industrielle, enfermé dans sa bulle de luxe, se perd un jour dans la banlieue de la grande capitale japonaise. Il y rencontre Tenten son exact opposé : orpheline effrontée et extravertie, elle règne avec sa bande d'amis des rues sur la vaste banlieue Ouest. Confrontation entre deux milieux ou fresque urbaine romantico-réaliste. ^^ = Sujet de BASE !! (De multiples dérives sur d'autres persos et couples se feront dans cette fic... qu
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Saya-chan (Féminin), le 08/12/2013
Ds le Tokyô de nos jours, plusieurs vies s'entremêlent...
Ds le dernier chapitre, Sasuke est nommé héritier direct des affaires familiales puisque Itachi annonce à son père qu'il ne veut plus rien avoir à faire avec les Uchiwa. Cette nvelle arrive à un mmt critique pour Sasuke qui n'a jamais été aussi suspicieux vis-à-vis de sa famille. Mais c'est sans compter Sakura, qui a plus d'un tour dans son sac. De son côté, depuis l'épisode du vernissage, Temari est hantée par le souvenir de Shikamaru..




Chapitre 24: Désillusions



Les vacances avaient commencé depuis trois jours, trois jours que Gaara avait littéralement passé au stade, à s'entraîner. Tayuya n'était pas là, mais il y avait bien longtemps qu'il ne courait plus pour gagner un quelconque pari. Il courait pour l'état second dans lequel il se retrouvait après une heure à enchaîner les tours de stade. Pour la première fois de sa vie, il se sentait pousser des ailes. La sensation d'épuisement perdait du terrain au profit d'un sentiment de bien être. Il était maître de son corps et celui-ci allait l'emmener toujours plus loin. Il accéléra sur la dernière ligne droite et franchit la ligne d'arrivée une minutes plus tôt que son record de la veille. Essoufflé malgré tout, il entamait un tour de stade pour tenter de reprendre une respiration normale, quand il avisa une silhouette massive qui s'approchait.
- Hé gamin !
Gaara se retourna en haussant un sourcil. Il n'avait pas franchement envie que l'on trouble sa séance d'entraînement.
- C'est un bon temps que tu viens de nous faire, dit le mec qui avançait vers lui.
Le jeune homme haussa les épaules.
- La joue pas modeste, je suis pas en train de dire que t'es bon, mais disons que y a le potentiel.
- Qu'est ce que vous voulez ?
- Je veux que tu intègres le club, voilà ce que je veux. Et en bonus, je peux même te coacher.
L'inconnu lui adressa un sourire carnassier. Il arborait des lunettes de soleil qui masquaient son regard, et un bandana sur ses cheveux d'un blond pâle. Au delà de ça, il était impressionnant. Anormalement bronzé, sa carrure musculeuse était mise en valeur par un marcel ample et de son short de basket dépassaient des jambes et des pieds démesurés. Mais plus que son apparence, c'était sa façon d'occuper l'espace qui laissait penser à Gaara que l'inconnu savait ce qu'il faisait. N'importe qui d'autre aurait cherché à se concilier les faveurs de ce géant, mais s'il y avait bien une chose à savoir sur Gaara c'est que celui-ci avait rarement peur, si ce n'était de lui même, des fois.
- Et pourquoi ça m'intéresserait ?
L'autre le dévisagea, vaguement surpris.
- T'es sérieux là ? Je te propose de t'entraîner et toi tu fais comme si tu me connaissais pas ?
- Mais je ne vous connais pas, rétorqua Gaara d'une voix morne.
- Nan mais tu te fous de ma gueule c'est pas possible, tu viens ici toutes les semaines et t'as jamais entendu parler de moi ?
Gaara secoua négativement la tête en se demandant ce que c'était que ce guignol.
- Je suis Killer Bee, enfin c'est comme ça que les gens m'appellent. Ca te dit forcément quelque chose.
- Désolé non, dit Gaara en faisant mine de reprendre sa route.
- Hé attend gamin, j'ai pas fini de parler. Tu t'appelles comment ?
Le jeune homme finit par marquer son impatience.
- Écoutez, je suis bien tout seul ok ? J'ai aucune envie de m'entraîner avec qui que ce soit alors il va falloir que vous trouviez quelqu'un d'autre.
A sa grande surprise, l'inconnu – Killer Bee apparemment – ne manifesta aucune colère, et en vérité, ne parut même pas surpris par ce mouvement d'humeur.
- Je vois, on est un solitaire hein. Je comprends. Bon et bien tout ce que je peux dire c'est que y a une compétition ouverte le week end prochain, ici même. Si tu ne veux pas d'entraîneur, tu peux au moins mettre la misère aux concurrents des autres clubs. Samedi 14h.
Gaara hocha la tête sans avoir la moindre intention d'être dans les parages le week end prochain.
- Je compte sur toi ! Lança encore le géant en s'éloignant d'un pas étonnamment élastique pour quelqu'un de sa corpulence.
Comme s'il n'avait rien entendu, Gaara reprit son tour de stade.

***

- Pas mal, pas mal...
Temari essayait d'avoir l'air blasé, mais le rire que l'on entendait dans sa gorge démentait ses paroles. D'ailleurs Shikamaru dont la tête ébouriffée émergeait de sous les couvertures n'était pas dupe.
- Seulement pas mal ? Je recommence alors ?
Cette fois-ci, elle ne put s'empêcher de glousser.
- Non, c'est bon, ça ira comme ça...
- Sûre ?
Sa tignasse recommençait à descendre le long du ventre de Temari. Celle-ci se mordit les lèvres en se tortillant pour tenter d'échapper à son emprise.
- Arrêêête... s'exclama-t-elle entre deux éclats de rire.
Shikamaru réapparut.
- Tu as raison, il est tard, je dois filer.
- Où est ce que tu vas ? Demanda Temari en regrettant immédiatement sa question.
- Je dois voir quelqu'un.
Elle se composa de nouveau une expression indifférente dont elle avait compris depuis un moment qu'elle n'était qu'un masque, mais un masque qui la rassurait sacrément.
- Ca tombe bien, moi aussi.
Il roula sur le côté pour attraper ses affaires éparpillées au pied du lit. En faisant mine de pianoter sur son i-phone, Temari l'observait du coin de l'oeil. Deux semaines s'étaient écoulées depuis cette fois à la galerie et en comptant le jour du concours d'échecs, elle et Shikamaru s'étaient revus cinq fois. Et ces cinq fois là, elle s'était demandé ce qu'elle trouvait à ce garçon. Il y a trois semaines de ça, on le lui aurait montré dans la rue et elle aurait éclaté de rire. Aujourd'hui... eh bien aujourd'hui elle n'avait pas envie qu'il s'en aille. Mais plutôt crever que de l'admettre. Elle repoussa les couvertures tandis que Shikamaru balançait déjà sa veste en velours râpé sur son épaule.
- On s'appelle ?
Il l'embrassa rapidement et s'éclipsa. Temari jeta un regard noir à la porte qu'il venait de refermer. Nan mais c'était quoi ça ? Rêvait-elle ou venait-il de lui sortir la réplique des serial-séducteurs que d'habitude elle croquait tout cru ? Rien n'allait plus dans l'ordre des choses tel qu'elle le concevait. Et pourtant... Elle soupira et se laissa retomber dans ses oreillers. Et pourtant elle n'avait jamais été aussi satisfaite. Diable le type savait s'y prendre.

***

Il était 20h45 et Neji était toujours penché sur les dernières prévisions trimestrielles que la secrétaire de son père lui avait transmis quelques heures plus tôt. Il était en train d'évaluer la progression de l'indice de productivité durant les mois précédents quand la sonnerie de son téléphone retentit. Il décrocha sans même jeter un œil à l'écran.
- Neji Hyûuga, de Hyûuga Corporation, j'écoute ?
- Neji ? Dit une voix timide au bout du fil.
Il reconnut immédiatement les intonations indécises de sa cousine, Hinata, et dans la même seconde se rappela de ce qui avait momentanément quitté son esprit ce soir-là : ils devaient dîner ensemble. Il jeta un regard éclair en direction de sa montre. Il avait 45 minutes de retard.
- Oh Hinata je suis désolé ! Ca m'était complètement sorti de la tête. J'arrive, je suis là dans... (il calcula à toute vitesse) une demi-heure ?
- Oh euh... ce n'est pas la peine Neji, en fait je t'appelle pour te prévenir que euh... qu'ils viennent d'attribuer notre table à deux autres personnes.
- Comment ça ils ont attribué notre table ? Ils t'ont jeté dehors ? Hinata, tu leur as dit qui tu es ?
Il pouvait presque entendre la gêne de sa cousine et voir ses joues cramoisies.
- Non mais...
- Bon, ne bouge pas, j'arrive.
- Non, Neji, je t'assure... ce n'est vraiment pas la peine...
- Je suis là dans 25 minutes.
Il raccrocha avant d'avoir laissé à sa cousine le temps de protester encore plus faiblement. A regrets, il abandonna son étude, attrapa sa veste et sortit. Son dîner avec Hinata était un rituel mensuel que jusqu'à présent il avait honoré sans y penser outre mesure. Sa cousine était une créature frêle et perpétuellement inquiète, par ailleurs l'héritière légitime de l'empire industriel familial, mais il avait été décidé au grand soulagement d'Hinata que Neji était davantage bâti pour endosser cette responsabilité.
Neji n'éprouvait pas grand intérêt pour cette parente, qu'il jugeait pathétiquement faible mais par convention, il avait maintenu des contacts réguliers avec celle qui officiellement, représentait toujours l'honneur de la famille. Récemment pourtant, Hinata semblait avoir repris sa vie en main, avait entamé des études d'infirmière et trouvait dans ses nouvelles activités une sérénité qui lui avait longtemps fait défaut. Il n'empêchait, elle était toujours incapable de montrer un tant soit peu d'assurance dans la vie, Neji en voulait pour preuve l'épisode du restaurant. Il n'avait pas besoin d'user beaucoup de son imagination pour se représenter sa cousine s'excusant platement alors qu'on la jetait hors du restaurant. A cette image, il leva les yeux au ciel en soupirant, mais au fond il savait bien que cet agacement dissimulait en fait sa culpabilité à l'idée d'avoir oublié leur rendez-vous. Malgré son insignifiance, dont elle était d'ailleurs très consciente, Hinata s'était toujours montrée d'un soutien sans failles à l'égard de Neji, et une oreille attentive à tout ce qu'il avait bien voulu lui confier. Au fond, Neji savait qu'Hinata ne rêvait que d'une chose: parvenir à mériter son estime. Quand ils étaient petits et qu'elle était encore la princesse de la famille, Neji était son chevalier servant. Toujours prêt à prendre sa défense voire à se faire gronder à sa place. Le temps les avait peu à peu séparé et lui en particulier était passé à autre chose, mais il savait que dans son cœur, Hinata avait toujours gardé de lui cette image de champion et qu'elle se sentait une dette envers lui. Il pensait d'ailleurs que c'était en partie de là que venait son effacement docile face à lui, quand il s'était agit de désigner qui allait hériter de l'entreprise.
Il ruminait ces pensées quand son chauffeur le déposa devant KANDA le restaurant étoilé qu'il avait réservé pour deux plus tôt dans la semaine. Hinata attendait devant, l'air plus menue que jamais recroquevillée dans sa veste en fourrure, son parapluie noir l'abritant tant bien que mal de la pluie battante. Le cœur de Neji se serra à la pensée qu'elle était seule depuis plus d'une heure. Il se hâta de sortir de la Mercedes noire, donna ses instructions au chauffeur puis traversa la rue à grandes enjambées pour rejoindre sa cousine. Celle-ci s'inclina respectueusement devant lui.
- Bonjour, Neji-san.
- Hinata-san.
Elle ouvrit la bouche pour dire autre chose, mais Neji l'avait déjà prise par le coude et tirée à l'intérieur du restaurant. Se composant une expression exaspérée, il fit un signe impérieux à l'hôtesse d'accueil.
- Ma cousine ici présente vient de m'annoncer que vous l'avait chassée de la table que nous avions réservé.
- C'est à dire que vous étiez en retard et... commença la jeune femme.
Mais Neji ne lui laissa pas le temps de finir.
- C'est inadmissible. Je compte sur vous pour trouver une solution et ce le plus rapidement possible.
- Je regrette monsieur, nous sommes complets pour ce soir... mais vous pouvez-
- Je crois que vous ne comprenez pas Mademoiselle, ma compagne ici présente s'appelle Hinata Hyûuga. Il me semble qu'elle mérite davantage que d'être jetée dehors, sous une pluie battante, qui plus est.
La pauvre hôtesse était rouge de confusion mais Neji n'en avait cure. Il fallait qu'il passe ses nerfs sur quelqu'un. A ses côtés, il sentait Hinata se rétracter sur elle-même tant la situation la gênait.
- Bon eh bien maintenant que vous le dites, je vois qu'une table vient de se libérer au service supérieur... si vous voulez bien me suivre.
Neji fit passer sa cousine devant lui.
- Tu vois, lui glissa-t-il, il suffit de mentionner ton nom.
- Tu n'aurais pas dû faire ça... lui reprocha-t-elle de sa voix faible.
- Bien sûr que si, Hinata. Tu es une Hyûuga, à un moment donné, il faudra bien que les gens le réalisent et agissent en conséquence.
Hinata examinait ses ongles.
- Justement, je ne suis pas sûre de vouloir qu'ils se comportent différemment.
- Ne sois pas ridicule. Si tu étais n'importe qui, nous n'aurions pas mangé ici ce soir.
- Nous y aurions mangé si tu avais été à l'heure.
Surpris par ce sursaut d'impertinence, il lui jeta un regard interdit, mais à la rougeur de ses joues, il comprit qu'elle n'assumait pas du tout ce qu'elle venait de dire. Il décida de faire amende honorable.
- Excuse-moi Hinata-san, j'étais absorbé dans un rapport et je n'ai pas vu le temps passer. Je suis sincèrement désolé.
Elle accepta ses excuses avec un petit mouvement de tête gêné. L'hôtesse les fit asseoir à une table vraisemblablement dressée pour d'autres personnes. Ils la virent enlever à la hâte un bouquet de rose dans un vase en cristal. Un silence un peu embarrassé s'ensuivit, avant qu'Hinata ne reprenne, osant à peine lever les yeux :
- On m'a dit que tu travaillais beaucoup ces derniers temps Neji, tout va bien ?
Le jeune homme ne put s'empêcher d'émettre un petit soupir frustré. Pourquoi dans la conscience collective, le fait de consacrer davantage d'ardeur à sa tâche semblait-il être synonyme de problèmes personnels ?
- Non, tout va bien, l'entreprise a besoin de moi, c'est tout.
- Bien sûr, reprit très vite Hinata. Et il paraît que tu fais un excellent travail.
Il haussa les épaules, pour tenter de paraître modeste. Elle lui sourit. Il remarqua alors à quel point son sourire la transformait et eut un pincement au cœur en réalisant que sa cousine était sans nul doute une personne extraordinaire mais que si peu de personnes le savaient.
- Et toi Hinata, raconte moi, comment se passent tes études ?
Elle parut tout à coup s'illuminer.
- Ca me plaît beaucoup. Tu n'as pas idée Neji d'à quel point les hôpitaux sont des endroits fantastiques, on y apprend tellement tous les jours !
Neji se dit que lui même ne gardait pas un très bon souvenir de sa dernière expérience avec un hôpital puisque c'est là que Tenten avait décidé qu'elle ne lui adresserait plus la parole.
- J'imagine...
Elle lui raconta ses nuits de garde où il fallait lutter contre le sommeil, ses amitiés avec d'autres apprenties infirmières, le groupe de soutien aux victimes du cancer dont elle faisait partie. Plus elle parlait, plus son visage s'illuminait d'une lumière chaleureuse. De nouveau, la sensation qu'il se tenait en face d'une personne hors du commun resurgit. C'était une sensation familière jugea-t-il. Quand l'avait-il ressenti pour la dernière fois ? Il fit mentalement défiler tous les profils de ses amis. Aucun d'entre eux ne réveillait en lui cet enthousiasme qu'il éprouvait en écoutant sa cousine parler. Voilà une personne passionnée songeait-il. Quelqu'un qui a véritablement trouvé sa voie et sa place dans le monde. Et puis, tout à coup, elle s'imposa à lui, l'image de Tenten, rayonnante, surgissant derrière une cheminée : « Hé ben Princesse, tu as peur de te salir ? ». C'était ça. Quand Hinata parlait de sa vie d'interne, elle lui rappelait l'expression bienheureuse de Tenten, sautant de toit en toit. Qu'avaient-elles de plus que les autres ? Pourquoi, avec elles se sentait-on... vivant ? Que manque-t-il à ma vie, se demandait Neji, pour que je puisse être moi-même ce genre de personne ? La réponse lui vint avant même qu'il n'ait eu le temps de la chasser de son esprit : il lui manquait Tenten.
- Et toi, l'interrogea Hinata, les joues roses d'avoir trop parlé, raconte-moi. Est-ce que tu es heureux en ce moment ?
Neji la regarda un moment sans comprendre. Etait-il heureux ? Quelle drôle de question.
- Je ne sais pas. C'est important ?
Les yeux violets d'Hinata se plissèrent d'amusement.
- Il me semble, oui.
- Mais pourquoi tu me demandes ça maintenant ? Je veux dire, c'est la première fois que tu...
- Parce qu'avant je ne savais pas ce que ça voulait dire. C'est ça le bonheur, il faut y goûter avant de réaliser qu'on était malheureux avant.
Neji cligna des yeux. Il se sentait tout à coup très fatigué et très triste.
- Et quand on touche au bonheur, on le sait ?
- Des fois ça prend un moment avant que tu réalises ce que c'est, le bien-être. Mais je crois qu'à un moment ou à un autre, y a un déclic. Moi c'était au moment où j'ai participé à la première sortie des enfants du service oncologique. Je savais une chose : je voulais me sentir comme ça pour le restant de mes jours.
L'assiette devant Neji refroidissait à vue d'oeil mais il n'y prêtait plus la moindre attention désormais. Les paroles de sa cousine trouvaient un écho étrange en lui. Oui, il en était sûr maintenant, il avait ressenti ça lui aussi.
- Et comment on fait... (il avala sa salive). Comment on fait si ce bonheur n'est plus accessible ?
- Qu'est ce que tu veux dire ?
- Admettons que pour une raison ou pour une autre, tu ne puisses plus aller à l'hôpital. Qu'est ce que tu ferais ?
Hinata parut très désemparée.
- Je... Je ne sais pas. Je n'y ai jamais pensé. Je trouverai quelque chose d'autre, j'imagine.
L'angoisse étreignit soudain Neji. Trouver quelque chose d'autre ? Mais quoi ? Il ne savait même pas ce qu'il cherchait. De quoi avait-il envie ? Tous les rêves qu'il entretenaient depuis son enfance (hériter de l'entreprise familiale, avoir des responsabilités) lui paraissaient futiles et ils étaient de l'ordre de l'acquis.
- Je ne sais pas ce que je veux, avoua-t-il.
- Je ne le savais pas non plus. Et puis tout à coup ça devient évident.
- J'avais l'évidence, murmura Neji, et je l'ai perdue.
Hinata le considéra d'un air grave.
- Est ce que ton évidence est une personne ?
Il hésita une seconde seulement.
- Oui.
- Vivante ?
- Oui.
- Alors ce n'est jamais perdu.
- Vraiment ?
- Vraiment.
Il y eut un court silence, puis Neji secoua la tête en souriant.
- On devrait dîner plus souvent ensemble Hinata, j'ai l'impression de comprendre mieux ce qui est important quand tu es là.
Elle lui rendit son sourire, et tout l'amour du monde brillait dans ses yeux.

***

- Et tu es absolument certaine qu'on peut lui faire confiance ?
Sakura hocha vigoureusement la tête.
- C'est certes l'avocat de ma famille, mais tu vas voir, il n'est pas comme les autres. Il peut être un peu déstabilisant au départ, mais je t'assure qu'il sait ce qu'il fait. Et puis de toutes façons, c'est seulement une réunion d'information, tu n'as pas à prendre de décision aujourd'hui.
- Et s'il vend la mèche à ma famille au sujet de ce que je planifie de faire ?
- Il ne le fera pas.
- Bon...
D'un geste décidé, Sasuke appuya sur le bouton d'appel de l'interphone.
- Cabinet de Maître Kakashi bonjour ? Dit une voix féminine, déformée par la boîte métallique.
- Bonjour, nous avons rendez vous aujourd'hui.
- 35ème étage, au bout du couloir à gauche.
- Merci.
La voix de Sasuke était nerveuse, jugea Sakura. Mais après tout, cela n'avait rien d'étonnant puisqu'il était sur le point de concrétiser ce qui hantait son esprit depuis plusieurs semaines maintenant : attaquer sa propre famille en justice.
Ils poussèrent la porte et empruntèrent l'ascenseur quelques mètres plus loin dans le couloir feutré. Le silence entre eux était palpable.
Après la propreté luxueuse du couloir et de l'ascenseur, le bureau de Hatake Kakashi apparaissait comme un magistral désordre. Des piles de dossiers traînaient ça et là, des cendriers pleins débordaient sur le large bureau en bois, des emballages de fast food inondaient le parquet autour de la poubelle saturée. Les rayonnages de la bibliothèque étaient clairsemés puisque la plupart des bouquins étaient ouverts, sur le bureau ou à même le sol, pages cornées, annotés dans tous les sens, parfois jusqu'à devenir illisibles.
Et au milieu de ce bazar, trônait le désordre en personne, un homme assez jeune encore, coiffé avec un pétard, un œil recouvert par un bandeau noir et l'autre souligné par des cernes violettes impressionnantes. Sa chemise blanche était froissée, son pantalon noir tâché et trop court. Sasuke observa même avec un léger mouvement de répulsion que sa ceinture était ouverte. Les pieds sur le bureau, le personnage était absorbé dans la lecture d'un bouquin à la couverture explicite au moment où ils avaient poussé la porte. En les entendant arriver, il ramena ses pieds au sol pour se lever et eut la présence d'esprit de retenir son pantalon d'une main, tout en tendant l'autre à ses invités.
- Sasuke Uchiwa je présume ? Vous ressemblez beaucoup à votre père. Vous avez l'air aussi antipathique que lui.
Sasuke cligna des yeux plusieurs fois de suite, sans trouver quoi que ce soit à répondre. Mais l'homme s'était déjà tourné vers Sakura.
- Et voilà « the good wife », celle qui se tient aux côtés de celui qu'elle aime, quoi qu'il arrive.
Sasuke n'avait pas besoin de se retourner pour savoir que Sakura avait rougi. Lui même n'était pas du tout à l'aise. Qu'est ce que c'était que cet huluberlu ?
- Comment allez-vous, maître ? Demanda Sakura, dans un effort pour paraître assurée.
- Oh bien-bien (il fit un geste en direction de la pièce qui les entourait). La routine quoi. Asseyez vous je vous en prie.
Mais les deux fauteuils ordinairement réservés aux invités étaient tous les deux encombrés par une pile de dossiers, surmontés d'une boîte de pizza où moisissait une dernière part, vraisemblablement depuis un moment, jugea Sasuke. Il se demandait de plus en plus ce qu'ils étaient venus faire ici.
« Oh pardon ! » Dit l'homme, et il se pencha pour déplacer les dossiers, lâchant du même coup son pantalon ce qui permit à nos deux adolescents d'avoir une vue imprenable sur son caleçon. Sasuke jeta un regard effrayé à Sakura qui fit son possible pour ne pas pouffer de rire.
- J'espère que vous excuserez le bazar, mais je travaille mieux dans ces conditions.
- Vous... commença Sasuke, mais il n'avait pas la moindre idée de comment se comporter en présence d'un tel personnage. Kakashi ne lui laissa pas le temps de se ressaisir, et une fois qu'il se fut rassis en face d'eux, avec une agilité surprenante pour quelqu'un d'apparence si grotesque, il prit la parole.
- Bon alors comme ça, vous voulez vous attaquer à la famille Uchiwa ?
Sasuke ouvrit la bouche plusieurs fois, sans que rien ne lui traverse l'esprit.
- Nous sommes ici pour voir quelles sont nos chances à ce sujet, intervint Sakura.
Kakashi leva un sourcil.
- Jusqu'à présent, aucune. Mais c'est à ça que je sers, à augmenter vos chances.
- Donc vous pensez qu'on peut gagner, dit Sasuke.
L'autre éclata soudainement de rire, ce qui les fit tous les deux sursauter
- Hola ! Je n'ai pas dit ça ! Au mieux, je peux faire passer vos chance de 0 à 2%. Je ne promets rien de plus.
Sasuke capta le regard « je te l'avais bien dit » de Sakura mais il refusait encore d'admettre ce qu'il venait d'entendre.
- Mais j'ai une preuve !
Il sortit son smartphone et se mit à parcourir ses photos mais Kakashi l'arrêta d'un geste.
- Je connais le document, Sakura m'en a parlé. Désolé gamin, mais ce que tu as trouvé ne constitue en aucun cas une preuve. Pire, en cas de procès, cela pourrait se retourner contre toi.
Sasuke ouvrit la bouche pour protester, mais que pouvait-il dire ? Le mec savait de quoi il parlait.
- Si tu as quoi que soit d'autre, c'est le moment de balancer.
- Je me souviens...
- Quel âge ?
- Excusez-moi ?
- De quand date ton souvenir ?
- J-Je ne sais pas... J'avais 8 ans peut être ?
Kakashi secoua négativement la tête.
- Trop jeune. Les enfants ont toujours eu une imagination débordante.
- Ce n'était pas... (à mi-chemin, il renonça) Mon frère était plus âgé ! Il a décidé de couper les ponts avec notre famille pour cette raison.
L'avocat ricana.
- Ah oui... Le frère drogué...
Sasuke se retourna vers Sakura pour la fusiller du regard.
- Tu lui as dit ??
- Évidemment, répondit-elle. Itachi fait partie de l'équation.
- C'est mon procès ! Itachi n'a rien à voir là-dedans ! S'énerva Sasuke.
- Jeune homme, ne soyez pas idiot, intervint sèchement Kakashi. Votre frère a tout à voir avec cette histoire. Si j'ai bien compris, c'est même lui qui tire les ficelles.
- Quoi ? s'insurgea Sasuke.
- Itachi cherche à te manipuler! S'exclama Sakura. Il veut sa vengeance à la fois contre toi et contre sa famille. En provoquant un procès, il obtient de vous que vous vous blessiez mutuellement. Il est gagnant dans tous les cas. Je n'arrive pas à croire que tu persistes à faire de lui une victime !
Sasuke était vraiment furieux maintenant.
- Tu n'as aucun droit de...
- De toutes façons, le coupa Kakashi, d'une voix forte pour le dissuader d'enchaîner, en tant que junkie, votre frère ne vaut pas grand chose comme témoin.
- Alors quoi ? S'écria Sasuke. On laisse tomber ? Si c'était pour m'annoncer ça, je ne vois pas bien l'utilité d'un rendez vous !
- Non on ne laisse pas tomber. Seulement aujourd'hui n'est pas le bon moment. Nous nous ferions exterminer. Il faut attendre.
- Attendre quoi ?
- L'occasion, dit simplement Kakashi.
Sasuke se tourna vers Sakura, pour la prendre à témoin de l'incompétence de leur interlocuteur. Mais celle-ci avait les yeux fixés sur l'avocat.
- Dites m'en plus sur votre frère, demanda Kakashi, reprenant le vouvoiement formel. Si nous sommes là à cause de lui, il me semble nécessaire de comprendre un peu mieux le personnage.
Dans un premier temps, Sasuke garda obstinément le silence. Cette alliance contre son frère lui paraissait une trahison. Kakashi soupira.
- Écoutez moi jeune homme. J'ai envie de vous aider. Croyez moi ou non mais cette affaire m'excite. Mais si vous pensez pouvoir garder votre orgueil et vos petits secrets lors d'un procès contre l'une des plus puissantes familles d'Asie (vous êtes bien placés pour le savoir) vous vous trompez lourdement. Alors soit vous me donnez toutes les informations que je demande, soit vous partez à la recherche d'un autre avocat, et croyez-moi, je serais surpris si vous en trouvez un seul pour vous aider.
Sasuke serrait les dents. Sakura posa une main légère sur son bras.
- Dis-lui Sasuke. Si tu as une seule chance contre ta famille c'est avec lui.
Le jeune homme prit une grande inspiration.
- Vous me promettez que mon frère pourra poursuivre sa désintox sans être inquiété ?
- Je ne promets rien de tel.
Sasuke serra les poings de frustration.
- Très bien. Je vais vous dire tout ce que je sais.




On avance, on avance... Une fois de plus, je m'excuse platement pr le rythme de parution. J'espère que vs parvenez à suivre malgré tt.
Je me suis bien amusée ac le personnage de Kakashi et pr être honnête, il me tarde de le faire revenir ds le scenario. Les scènes entre Temari et Shikamaru sont elles aussi très stimulantes :)
Au prochain chapitre, on assiste au retour d'Itachi et à une rencontre intéressante impliquant Gaara et un autre personnage précédemment rencontré ! Je vous embrasse !




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