Fiction: Paralèlles

Tokyo de nos jours. Neji, riche héritier d'une grande famille industrielle, enfermé dans sa bulle de luxe, se perd un jour dans la banlieue de la grande capitale japonaise. Il y rencontre Tenten son exact opposé : orpheline effrontée et extravertie, elle règne avec sa bande d'amis des rues sur la vaste banlieue Ouest. Confrontation entre deux milieux ou fresque urbaine romantico-réaliste. ^^ = Sujet de BASE !! (De multiples dérives sur d'autres persos et couples se feront dans cette fic... qu
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Saya-chan (Féminin), le 07/07/2013
Dans le Tokyô de nos jours, quelques vies s'entremêlent...
Au dernier épisode, l'exposition organisée par Tenten et Ino a fait un carton. L'argent amassée par la vente va permettre à Saï de s'acheter un nouvel appartement. Du même coup, le couple se retrouve. Pour de bon ? De son côté, Neji se désespère de pouvoir jamais récupérer l'amitié de Tenten. Quant à Sasuke et Sakura, rien ne semble plus aller entre eux...




Chapitre 23: Dilemme



(Samedi)

A la veille des vacances de printemps, M. Uchiwa, le père de Sasuke reçut parmi le paquet de lettres qui lui étaient quotidiennement adressées, une lettre de son fils aîné. Il avait eu peu de nouvelles d'Itachi ces derniers temps, mais il ne s'était pas inquiété. D'une part parce que des tas d'autres choses plus urgentes occupaient sans cesse son esprit et d'autre part parce qu'Itachi était un garçon extrêmement indépendant. Brillant sans aucun conteste, mais qui ne laissait guère sa famille se mêler de ses affaires. M. Uchiwa savait qu'il arriverait un moment où il faudrait que son fils se décide à rentrer dans le rang, mais il redoutait la confrontation, tant il le savait attaché à son indépendance. Il ne se doutait pas à ce moment là, que ce jour était encore plus loin qu'il ne pouvait le soupçonner.

La lettre était courte et concise. Itachi annonçait à son père, et par là à toute la famille, qu'il renonçait à reprendre d'une quelconque manière que ce soit l'entreprise familiale. Il faisait part de son projet de s'éloigner le plus possible de ce milieu « pourri » et recommandait vivement à son père de ne pas se mettre en tête de le retrouver et encore moins d'essayer de le faire changer d'avis. « J'ai pris soin, écrivait-il, d'emporter avec moi un enregistrement vidéo que je possède depuis un moment déjà et qui pourrait se révéler extrêmement nuisible pour les Uchiwa s'il venait à se retrouver dans de mauvaises mains. J'espère que cette précision vous persuadera, toi et les autres, de me laisser tranquille à l'avenir et j'irai même jusqu'à dire : de vous faire à l'idée que je disparais de vos vies pour toujours ».

En reposant la lettre sur le vaste bureau de chêne, M. Uchiwa était livide. Il lui fallut plusieurs minutes et 3 relectures consécutives de la missive, avant qu'il ne se décide à décrocher son i-phone et à joindre son fils cadet.

Sasuke décrocha presque immédiatement.

- Oui ?
- Sasuke, dit son père d'une voix dont l'apparente sévérité ne parvenait pas à masquer la tension, j'aurais besoin que tu viennes dans mon bureau. J'aimerais te parler de quelque chose.
- Quand ?
- J'ai un rendez vous important à 11h mais je serai dans mon bureau vers 14h30. Viens à ce moment là.

Il raccrocha avant que Sasuke ait pu demander davantage d'explications.

Ce jour là, il devait déjeuner avec Sakura. Elle avait insisté pour l'inviter dans un nouveau restaurant en haut d'un gratte-ciel vitré, d'où on avait une vue splendide sur la ville. En quittant la résidence Uchiwa vers 12h 30, Sasuke était partagé. D'une part, il avait toujours envie de voir Sakura, d'autre part il ne pouvait nier que leur relation s’était dégradée depuis qu'Itachi était parti pour le centre de désintox. Il savait que c'était en grande partie de sa faute, qu'il se montrait littéralement obsédé par ce que cachait sa famille, tiraillé qu'il était entre l'honneur des Uchiwa et l'intuition qu'Itachi voyait juste. Mais il s'agaçait qu'elle ne le soutienne pas dans sa quête de la vérité, préférant fermer les yeux et faire comme si le problème n'existait pas.

Leur rendez-vous se révéla aussi tendu qu'il l'avait redouté. Après s'être accrochés sur des détails, ils n'ouvrirent pratiquement plus la bouche et très vite, quittèrent la table. Sakura l'embrassa sans enthousiasme avant de partir en direction du centre commercial tandis qu'il prenait la direction des bureaux de son père. Il était très en avance mais il ne s'en inquiétait pas. Depuis qu'il était petit, il avait l'habitude de patienter des heures dans les locaux immenses, fasciné par le ballet des employés en costumes qui chacun à leur mesure participaient à la bonne marche de l'empire. Il se souvenait avoir circulé sans fin dans les couloirs aseptisés du building, monté et redescendu des dizaines d'étages, passé des heures à contempler des graphiques de prévisions sur l'évolution des parts de marchés. Il se réjouissait presque d'y retourner tant l'entreprise familiale exerçait sur lui un attrait féroce.
Il prit place dans le luxueux ascenseur et appuya sur le bouton du 58ème étage. La cabine s'éleva sans bruit. Quand les portes s'ouvrirent de nouveau, il se trouvait dans un couloir aux tons neutres. Au fond à gauche se trouvait le bureau de son père, à droite celui de sa secrétaire. Sasuke tourna à droite, il était 14h.

- Bonjour Sasuke, le salua Shizune. Tu es en avance, ton père ne va pas revenir avant une bonne demi-heure.
- Je sais, lui sourit-il. Je vais attendre dans son bureau.
- D'accord. Je vais t'ouvrir.

Elle se leva et il la suivit dans le couloir. Une fois devant la porte, elle fit rapidement glisser un pass devant une fenêtre de lecture. Un déclic se fit entendre et la porte s'ouvrit quand Shizune appuya sur la poignée.

- Appelle-moi si tu as besoin de quelque chose.

Sasuke hocha la tête et fit mine de s'asseoir dans un des confortables fauteuils en cuir réservés aux visiteurs. Mais aussitôt la porte refermée, il se releva prestement et, contournant le large bureau de chêne, se laissa tomber dans l'imposant fauteuil paternel. Il sourit de sa gaminerie. Depuis qu'il était petit, il ne loupait pas une occasion de s'asseoir à cet endroit. Distraitement, il poussa le sol du pied et laissa le fauteuil pivoter lentement. Du côté opposé à la porte, le mur consistait en une gigantesque baie vitrée, semblable à celle du restaurant qu'il venait de quitter, qui donnait directement sur la jungle de verre et de béton de Tôkyô. En se penchant, il pouvait apercevoir les passants, comme des fourmis. Il savoura un instant la vue, avant d'orienter à nouveau le fauteuil vers le bureau. Comme d'habitude, celui-ci était impeccable. Le stylo plume Mont-blanc étincelait dans un coin, le coupe papier au manche d'ivoire polie, l'agenda volumineux, tout était comme dans ses souvenirs. Mais Sasuke lui, ne se sentait pas tout à fait comme d'ordinaire. Le doute avait envahi son esprit et tout dans ce bureau auparavant admiré lui paraissait suspect. Il ne tarda pas à se mettre au travail.

Il commença par compulser l'agenda mais évidemment rien n'accrocha son regard. Ce serait trop facile. Il essaya les tiroirs. Le premier était fermé à clé, mais les habitudes de Sasuke lui avaient déjà permis de découvrir la cachette, bien des années plus tôt. Il tira le deuxième tiroir, glissa ses doigts dedans et chercha à tâtons la clé scotchée au fond. Il la trouva sans difficulté et la serrure du premier tiroir coulissa sans bruit.
A l'intérieur, pas grand chose sinon une lettre dans une enveloppe qui n'attira pas l'attention de Sasuke, un i-phone de rechange et quelques feuillets agrafés. Il en sortit plusieurs et remarqua qu'ils étaient annotés. Sur l'un d'eux, un post-it disait : « source fiable ? » Intrigué, Sasuke se pencha en avant pour l'examiner plus en détail. Il n'eut pas besoin d'aller bien loin pour trouver quelque chose qui clochait. Le logo en haut à droite, qui ornait chacune des pages du rapport n'était pas celui des entreprises Uchiwa. Plus bizarre encore, c'était celui de la famille Senju, à la tête d'une firme ouvertement concurrente. Ce détail seul ne valait rien, mais quelques minutes d'une lecture attentive suffirent à Sasuke pour confirmer ses doutes : il s'agissait d'un rapport sur les prévisions en matière de bénéfices du prochain semestre ainsi que le résumé des directions que la firme s'apprêtait à prendre pour pallier aux insuffisances du semestre actuel. Autrement dit, ce qu'il avait entre les mains n'aurait jamais dû quitter le siège de la concurrence. De là à parler d'espionnage industriel il n'y avait qu'un pas.

Sasuke ne mit que quelques secondes à se décider. Vérifiant sur sa montre qu'il lui restait suffisamment de temps, il tira de sa poche son propre Smartphone et photographia une à une les pages qu'il avait sous les yeux, ainsi que l'intérieur du tiroir ouvert. Satisfait de la qualité de ses clichés, il remit soigneusement le rapport en place dans le tiroir, le referma et replaça la clé dans sa cachette. Le cœur battant, il jeta un regard circulaire au bureau pour vérifier que tout était à sa place avant de retourner se rasseoir dans le fauteuil des visiteurs. Il était 14h 25.

Son père ne fut pas long à arriver. En entendant le système d'ouverture de la porte biper, Sasuke se releva et se tint bien droit face au bureau, s'efforçant de paraître le plus détaché possible. M. Uchiwa ouvrit la porte, et traversa le bureau d'un pas que Sasuke jugea plus tendu que d'ordinaire.

- Sasuke, dit son père une fois en face de lui.
- Père, répondit le jeune homme en inclinant le buste.
- Tu peux t'asseoir.

Il obéit.

- J'ai reçu une lettre de ton frère ce matin, commença M. Uchiwa sans préambule.

Sasuke réfléchissait à toute vitesse pour anticiper ce que pourrait lui annoncer son père. Celui-ci se racla la gorge. Visiblement, ce qu'il était sur le point de dire ne lui plaisait pas.

- Il annonce qu'il ne reprendra pas l'entreprise.

Le jeune homme sentit le soulagement détendre ses entrailles. Ce n'était que ça.

- Et il... (M. Uchiwa serra les poings sur le bureau) Il dit qu'il ne veut plus nous voir.

Sasuke fit de son mieux pour avoir l'air estomaqué.

- Comment ça, « ne plus nous voir » ?
- Apparemment ton frère ne nous juge pas assez bien pour lui, cracha son père avec mépris. Je ne te cache pas que je suis extrêmement déçu par son attitude. Un tel égoïsme de sa part me sidère.

Sasuke hocha vigoureusement la tête.

- Enfin toujours est-il que je voulais te demander deux choses. La première concerne ton frère (Sasuke nota qu'il ne disait plus « Itachi »). As-tu la moindre idée de ce qui a pu lui passer par la tête ? S'est-il acoquiné avec des gens peu fréquentables ? A-t-il des ennuis ?

Le jeune homme essaya d'avoir l'air désemparé.

- Je ne sais pas... Je ne l'ai pas beaucoup vu ces derniers temps.
- Bon... soupira son père. J'imagine qu'il va falloir que j'invente quelque chose pour ta mère.
- Vous n'allez pas le lui dire ? S'alarma Sasuke.
- Bien sûr que non, tu la connais, elle ne comprendrait pas ! Elle voudra des explications, remuera ciel et terre pour retrouver son fils et il faudra gérer tout ce bazar... Non c'est bien plus simple si elle ne sait rien.

Sasuke était sidéré.

- Mais elle se rendra bien compte à un moment donné qu'il est injoignable !
- D'ici à ce qu'elle se rende compte de quoi que ce soit, nous aurons remis la main sur ton frère et d'une façon ou d'une autre, il sera bien obligé de renouer des liens avec nous.

Le jeune homme allait objecter son scepticisme mais il aurait alors montré qu'il en savait plus qu'il ne prétendait.

- Et la deuxième chose dont vous vouliez me parler ?
- Ah oui. (Il attrapa son agenda) Et bien étant donné la conduite de ton frère je me vois dans l'obligation de te désigner l'héritier de la firme. J'en ai parlé au conseil d'administration tout à l'heure, sur le principe ils sont d'accord. Bien sûr, il va falloir te former. C'est pourquoi à partir de la semaine prochaine il faudra que tu sois bien plus souvent ici. Mais nous avons le temps d'en reparler. En attendant, tu enverras ton emploi du temps à Shizune pour qu'elle compare nos disponibilités.

A ce moment là, son téléphone sonna et il fit signe à Sasuke qu'il pouvait s'en aller. Peinant à réaliser ce qui venait d'être dit, le jeune homme quitta la pièce d'un pas absent.
En longeant le couloir, il aperçut Shizune dans son bureau, en train de gérer plusieurs appels à la fois. Elle leva les yeux quand il arriva dans son champ de vision et lui adressa un sourire radieux. «Félicitations » articula-t-elle sans bruit, tout en tapant un rapport de ses doigts libres. Profondément perturbé, il lui répondit par un sourire vague.

***

- Ton père t'a nommé son successeur direct ?

Le ton de Sakura était bien trop enthousiaste au goût de Sasuke. Ils se trouvaient dans un café en centre-ville, attablés dans un coin un peu à l'écart.

- C'est génial ! ajouta-t-elle, alors qu'il grinçait des dents. C'est ce dont tu as toujours rêvé.
- Je sais... essaya de tempérer Sasuke. Mais avec la fuite d'Itachi, je n'ai pas vraiment l'impression d'être légitime, tu vois ?
- Bien sûr que tu es légitime ! Tu es un Uchiwa ! Ton frère a abandonné ta famille, il est logique que ce soit à toi que revienne l'héritage.
- Ce n'est pas la faute d'Itachi s'il a dû partir, protesta Sasuke.
- Je sais bien, répondit Sakura d'une voix douce. Ce que je voulais dire c'est que tu as tort de t'inquiéter : tu es le mieux placé pour remplacer ton frère.

Le jeune homme baissa la tête. 24 heures s'étaient écoulées depuis l'annonce que lui avait faite son père sans qu'il soit parvenu à prendre une décision quant au contenu du tiroir fermé. Il avait même hésité à en parler à Sakura. Ils ne manquaient pas de sujets de tensions ces derniers temps et il lui en coûtait d'en ajouter un autre sur le tapis. Néanmoins, elle restait la personne la plus proche de lui et après tout ce qu'ils avaient traversé ensemble, il estimait qu'elle avait le droit de savoir.

- Ce n'est pas tout, reprit-il en soupirant. J'ai des réticences à prendre la relève à cause de ce que j'ai découvert.

Elle fronça les sourcils.

- Qu'est ce que tu as découvert ?

En sortant son i-phone de sa poche pour lui montrer les photos, il lui raconta comment il avait fouillé le bureau de son père. Elle examina un moment les clichés, n'hésitant pas à zoomer sur le logo que Sasuke lui montrait. Finalement, elle lui rendit le téléphone.

- C'est sûr que c'est louche, convint-elle.
- Tu vois ! En fait Itachi avait raison, toute ma famille n'est que...
- De là à parler d'espionnage industriel... l'interrompit-elle.
- Comment ça ?
- Ce ne sont que des renseignements concernant la concurrence Sasuke, tu ne peux pas déduire de ce simple feuillet dans le tiroir de ton père qu'il y a espionnage !
- Sakura... le logo !
- Je l'ai vu. Mais ton père a pu se procurer ce rapport de manière parfaitement légale, quelle preuve as-tu qu'il a été volé ?

Sasuke devait bien admettre que de ce côté là, rien n'était sûr. Mais pour lui, là n'était pas l'essentiel. La découverte de ce document dans le bureau de son père avait achevé de saper la confiance qu'il avait dans l'honnêteté de sa famille.

- Tu ne comprends pas... Ceci ne fait que s'ajouter à la liste de tout ce dont je me souviens, et de tout ce qu'Itachi m'avait déjà balancé à mots plus ou moins couverts.
- Des souvenirs et des déclarations certainement faites sous le coup de la colère ne fabriquent pas une affaire Sasuke...

Il baissa les bras, tout à coup excédé.

- Mais tu ne vois pas qu'il y a quelque chose là-dessous ? Tu te contentes de la vérité apparente, de celle que l'on veut bien te raconter, tu refuses de voir plus loin !
- Ce que je te dis, répliqua Sakura dont le ton commençait lui aussi à monter, c'est de ne pas aller voir la police sans preuves tangibles, tu ferais du mal à tout le monde, sans rien résoudre du problème.
- Même si j'avais des preuves sous la main, tu n'irais pas avec moi voir la police.

Elle se figea, ouvrit la bouche pour protester puis se ravisa.

- C'est vrai que j'aurais du mal à dénoncer ma propre famille, dit-elle finalement. Pense un peu à ce que tu as à perdre...

Sasuke lui jeta un regard furieux.

- Je te pensais plus honnête ! S'exclama-t-il avant de tourner les talons et de s'éloigner à grands pas.

Restée seule, Sakura cligna des yeux avec obstination pour ne pas laisser les larmes déborder ses paupières. Elle commanda un deuxième café noir. Bien sûr, elle le comprenait. Elle était honnête comme lui, quoi qu'il ait eu l'air d'en penser au moment de quitter le café. Mais, à la différence de Sasuke, elle mesurait les implications qu'une dénonciation des Uchiwa pouvait entraîner. Passé l'instant de surprise, leur vaste réseau industriel, politique et juridique se mettrait en branle et à moins d'avoir des preuves très solides, des avocats déterminés et des soutiens politiques, Sasuke serait broyé. Par les siens. Cette idée était atroce à Sakura pour qui les valeurs familiales étaient fondamentales.

« Mais lui est obsédé par l'idée de venger la vie gâchée de son frère, ragea-t-elle, il ne voit que ça, et occulte volontairement tous les autres aspects du problème. Quel idiot ! Il va finir aussi seul et parano qu'Itachi. » Agitée, elle frappait à coups réguliers sa petite cuillère contre le bois de la table.

Mais que pouvait-elle faire ? Sur ce point, les Uchiwa étaient tous les même, têtus jusqu'au bout, même dans l'erreur. Sasuke ne faisait pas exception à la règle, elle se demandait même si ce n'était pas le pire de tous, Itachi mis à part. Jamais il ne l'écouterait...
Au bout d'un moment, elle se ressaisit, attrapa son Smartphone et chercha un nom dans sa liste de contacts.

- Cabinet d'avocats Kakashi & associés, je vous écoute ?
- Bonjour, je suis Sakura Haruno, j'aimerais parler à Maître Kakashi s'il vous plait.
- Une seconde, mademoiselle Haruno, je vous mets en relation. J'espère que vos parents vont bien.
- Ils vont très bien, je vous remercie.

Elle patienta un court instant avant que le timbre de voix inimitable de Kakashi ne résonne dans son oreille.

- Sakura, que me vaut ce coup de fil ? Les ennuis ne sont pas exactement ta marque de fabrique il me semble ?

La jeune fille retint un léger sourire en se disant que, sur ce point au moins, l'avocat se trompait.

- Vous avez raison, maître, je vous appelle seulement pour vous poser quelques questions.
- D'ordre juridique ? Tu sais que mon assistante fait cela très bien...
- Non ce serait plutôt de l'ordre du conseil.
- Je t'écoute.

Elle hésita un court instant. Elle n'avait pas prévu comment formuler la chose.

- Bouge-toi un peu, la pressa Kakashi, j'étais à la fin d'un chapitre passionnant.

Cette fois, elle sourit franchement. Kakashi était fidèle à lui-même : distrait, fantasque, irresponsable. Ses parents ne le toléraient que pour ses qualités remarquables au barreau, mais elle, elle l'adorait.

- Eh bien voilà, je me demandais s'il était vraiment raisonnable de s'attaquer à la famille Uchiwa.
- Tu veux dire, lors d'un procès ?
- Il est probable que cela mène jusque là, en effet.
- Sakura, dis-moi sincèrement, cette idée idiote ne vient pas de toi ?
- Non, admit-elle. Donc vous pensez que c'est une idée idiote.
- Bien pire qu'idiote, dangereuse. Je crois que tout le monde sous-estime la puissance de cette famille. Ils ont la main sur à peu près tout.
- C'est bien ce que je pensais, soupira-t-elle tout haut.
- Si je ne t'apprends rien, pourquoi m'appelles-tu ?
- Parce que je crains que l'idée idiote n'advienne quoi qu'il arrive et que je risque d'avoir besoin de vous.

Au bout du fil, la voix se fit plus sérieuse.

- Je crains de ne pas faire le poids face à l'arsenal juridique des Uchiwa. Mais je mentirais si je disais que je ne meurs pas d'envie d'essayer.

Dans le café, Sakura eut l'impression que l'atmosphère se réchauffait nettement.

- Je n'étais pas sûre que vous seriez partant.
- Voyons Sakura, tu sais bien que je ne résiste pas à l'esprit de chevalerie. Défendre la veuve et l'orphelin, c'est encore la raison pour laquelle je n'arrête pas sur le champ toute activité pour me consacrer à la rédaction de la suite des 4 saisons de l'amour.

Elle éclata de rire.

- Par contre, ajouta-t-il, je ne pense pas que tes parents me pardonneront ce coup là, et que ce sera l'excuse qu'ils cherchaient depuis des années pour changer de cabinet.
- Vous ne perdez pas grand chose, mon père est très radin avec les avocats.
- J'ai bien peur que ce ne soit qu'avec moi... soupira Kakashi. Enfin, assez parlé d'argent. Si je me lance dans l'aventure ce n'est certainement pas pour amasser des millions puisque de toute évidence nous allons perdre. Et si tu me racontais toute l'histoire ?

Rassérénée par l'enthousiasme de l'avocat, Sakura entreprit de lui raconter ce qu'elle savait. Quand elle eut finit, Kakashi resta un moment silencieux.

- Il me semble évident qu'avec ce que ce garçon possède, vous n'irez même pas au procès. Vous serez déboutés en début de procédure, si votre plainte ne se retourne pas contre vous !

Sakura fit la grimace.

- C'est ce que j'essaie de lui expliquer...
- Néanmoins, il est extrêmement intéressant que ce soit le fils qui fasse la démarche. Et s'il est vraiment déterminé à faire toute la lumière sur les agissements de sa famille, alors nous avons sans nul doute un atout dans notre jeu. Mais il va falloir être prudent et ne pas jouer cette carte trop rapidement. Avant tout, je tiens à m'assurer que tous les deux êtes sérieux lorsque vous parlez d'entrer en croisade contre une des plus puissantes familles du Japon...
- Sasuke l'est. Moi j'étais pas spécialement pour au début, mais je ne le laisserai pas seul là dedans.
- Je te reconnais bien là, ma petite Sakura, prudente, mais dévouée. Ecoute, ce que je vous propose c'est de venir me voir tous les deux pendant les vacances au cabinet. Je discuterai un peu avec Sasuke pour évaluer sa détermination et l'informer des risques. Ensuite on résumera la situation et on prendra les décisions qui s'imposent d'accord ?
- D'accord, approuva Sakura, soulagée que quelqu'un d'autre prenne les choses en main.
- Bien. Je te charge de raconter cette conversation à ton ami Sasuke car je suppose que tu ne l'as pas mis au courant ?
- Non, admit-elle, une fois de plus impressionnée par l'assurance que dégageait l'avocat.
- Bon, alors on fait ça et on se retrouve la semaine prochaine. Rappelle ma secrétaire pour avoir un rendez-vous.
En raccrochant, Sakura se sentait bien. Avec Kakashi de son côté, même les Uchiwa ne lui faisaient plus peur.

***

Ce même dimanche, Ino ouvrit les yeux sur le plafond de bois d'un petit cottage. Elle sourit instantanément, et se tourna sur le côté pour regarder l'autre occupant du lit dormir. Saï dormait sur le ventre, les bras glissés sous l'oreiller les yeux presque entièrement dissimulés sous ses mèches sombres. Les draps avaient glissé sur son dos nu. Ino avança les doigts pour le caresser et suspendit son geste de peur de le réveiller.

- Vas-y, je ne dors pas.

Elle sursauta. En effet, sous les cheveux trop longs, les yeux d'onyx étaient bel et bien ouverts. Elle rit de sa propre frayeur et se pencha pour l'embrasser.

- Ca fait longtemps que tu es réveillé ?
- J'aurais voulu rester debout toute la nuit, pour te regarder dormir mais je n'ai pas tenu.

Elle sourit.

- En tout cas, moi j'ai super bien dormi.
- J'ai vu ça oui. Tu as parlé.
- C'est vrai ? Merde ! J'ai dit quoi ?
- La plupart du temps je ne comprenais pas. Et puis comme tu ne parlais pas de moi, au bout d'un moment j'ai arrêté de t'écouter.

Amusée, elle roula sous les couvertures pour se rapprocher de lui. Il glissa une main légère autour de sa taille. Excitée par l'effleurement de ses doigts, elle se redressa pour s'asseoir à califourchon sur son torse. Imperturbable, Saï la regardait faire. Depuis qu'ils étaient ensemble, il se comportait souvent de cette manière un peu passive. Si cela l'avait un peu dérouté au début, elle avait fini par comprendre que c'était sa manière à lui de profiter de l'instant, de figer le temps pour les faire basculer dans une dimension qui leur appartenait. Il respirait un peu vite, s'efforçant de maîtriser ses sens tandis qu'elle explorait son anatomie avec application. Si elle avait été plus patiente, elle se serait amusée à expérimenter le Tantra avec lui, qui consiste à faire l'amour uniquement par le regard. Elle ne doutait pas qu'il s'y révèlerait très doué, étant donné qu'il arrivait déjà à l'exciter rien qu'en promenant sur elle ses yeux noirs. Au bout d'un moment, il n'y tint plus, s'anima soudain et la renversa sur le lit. Elle éclata de rire tandis qu'il se glissait entre ses jambes.

- Tes cheveux me chatouillent, gloussa-t-elle.

Il lui jeta un regard brûlant à travers ses mèches en bataille.

- Promets-moi de ne jamais les couper, chuchota-t-elle tandis qu'il l'embrassait dans le cou.

Les jours suivants s'écoulèrent dans une sorte d'euphorie permanente. Ils avaient loué une petite maison dans la province de K. et employèrent leurs journées à découvrir les environs. En 5 jours, ils ne se disputèrent qu'une fois : après un repas au restaurant, Saï voulut payer l'addition. Ino lui opposa un refus catégorique ce qu'il interpréta comme une tentative de lui rappeler qu'elle était toujours plus riche que lui. Il se vexa et observa un silence obstiné jusqu'à ce qu'elle lui explique qu'elle procédait toujours de cette façon quand elle sortait avec des amis. Elle n'avait pas envie de parler d'argent avec lui donc chacun paierait séparément. Une fois le sujet clôt, elle commença à lui faire du pied sous la table et ils se dépêchèrent de quitter le restaurant pour regagner leur lit.

***

Un lundi matin, un texto réveilla Temari. C'était Shikamaru. Le cœur battant un peu trop vite à son goût, elle l'ouvrit : « Aujourd'hui, tournois d'échecs au QG à partir de 14h. Viens. » Elle s'étonna de son ton impératif avant de se rappeler que le gars n'était pas du genre à tourner autour du pot. Elle hésita jusqu'à midi, puis lui renvoya : « Si je viens c'est uniquement pour l'amour des échecs ». Deux minutes après, elle recevait un « Cela va de soi » dont elle ignorait à quel point il était ironique. Elle savait de pas avoir été très crédible mais elle n'avait pas mieux sous la main. La vérité c'est que depuis l'épisode de la réserve, elle brûlait d'envie de recommencer, sans toutefois parvenir à se décider à l'appeler. Ce tournoi d'échecs était un moyen comme un autre de le revoir sans avoir à admettre devant lui qu'elle en avait envie.

« Où ? »
« Même endroit que la dernière fois »

Se persuadant elle-même qu'elle n'était pas du tout sensible au charme (autre que sexuel) du jeune homme, Temari enfila son jean, sa veste en cuir et ses escarpins et pris le bus en direction du club d'échecs.
Elle arriva volontairement très en retard. Le tournoi était vraisemblablement commencé depuis un bon moment quand elle se glissa dans la cave mal éclairée, encombrée par ses sacs de shopping. Sur un tableau de papier, un schéma en arbre indiquait que trois manches s'étaient déjà écoulées. Il ne restait un peu moins d'une dizaine de participants, tous concentrés sur les plateaux. Elle avisa Shikamaru dans un coin, en face d'un adversaire du double de son âge. Il leva à peine les yeux vers elle quand elle s'approcha. Si elle en fut légèrement froissée au début, elle fut rapidement si absorbée par la partie en cours qu'elle oublia l'offense.
Shikamaru était un joueur patient, mesuré, réfléchi. Son adversaire au contraire était nerveux et offensif. Ses coups étaient audacieux et il était très certainement expérimenté. Mais Temari comprit très vite qu'il ne faisait pas le poids face à la finesse du jeune homme. Celui-ci semblait en permanence avoir trois coups d'avance sur son adversaire. Un quart d'heure plus tard à peine, le roi blanc était dans l'impasse. « Echec et mat » s'exclama le vieil homme que Temari reconnut de la dernière fois. Jiraya-quelque chose, le propriétaire de l'endroit de toute évidence.

- Il faut dire qu'il n'avait pas vraiment le choix, poursuivit le vieux sur un ton complice, il fallait impressionner la ravissante demoiselle ici présente !

Il adressa un clin d'œil appuyé à Temari, qui fit mine de n'avoir rien entendu. Shikamaru releva alors la tête et salua Temari d'un signe du menton.

- Salut.
- Salut, répondit-elle avec un sourire crispé.

Ils n'eurent pas le loisir de poursuivre la conversation plus longtemps car la partie d'à côté s'achevait à son tour et Shikamaru venait de trouver son futur adversaire. Il s'agissait d'un homme mûr lui aussi, dont l'œil gauche était recouvert de bandage et qui répondait (le tableau le lui apprit) au nom de Danzô. Tout de suite, Temari sentit que celui là serait d'une autre trempe. Cependant, c'est sans paraître le moins du monde impressionné, que Shikamaru prit place à la nouvelle table, et la partie commença.
Très vite, Temari sentit que quelque chose n'allait pas. Shikamaru était toujours aussi réfléchi, mais ses coups avaient perdu en assurance, et il manqua au moins deux bonnes occasions, jugea Temari. Il paraissait loin de la partie en cours, absorbé par quelque chose d'autre.

- Bouge ton putain de fou ! Finit par s'exclamer Temari, frustrée de le voir perdre l'avantage.
- Mademoiselle, la reprit sévèrement le vieux pervers qui n'était jamais loin, aussi charmante que vous puissiez être, je me verrai dans l'obligation de vous mettre à la porte si vous intervenez une nouvelle fois.

La jeune fille lui jeta un regard incendiaire mais se tint coite. En attendant Shikamaru s'était légèrement repris et petit à petit regagna un avantage précaire. Toutefois, elle le jugeait toujours largement inférieur par rapport à ce qu'il avait pu être quand elle l'avait vu jouer pour la première fois. Si bien que même lorsqu'il s'imposa laborieusement trois quart d'heure plus tard, elle fit la moue.

- La finale aura lieu la semaine prochaine, annonça Jiraya. D'ici là, reprenez des forces parce que gagner le tournoi local garantit une place au tournoi de Tokyô qui réunit les meilleurs joueurs de la capitale.
- Vraiment ? S'étonna Temari à voix haute.
- Oui mademoiselle, mais je ne me fais pas de soucis pour Shikamaru, nul doute qu'il remportera ce concours et celui de Tokyô dans la foulée, comme l'année dernière.

Sur le coup, Temari en oublia presque son dégoût pour l'attitude du vieux et se tourna vers lui, abasourdie.

- Comme l'année dernière ?
- Vous ne saviez pas ? Se réjouit l'autre, ravi d'avoir une bonne histoire à raconter. Shikamaru a écrasé le champion incontesté de la ville au bout d'une partie sensationnelle qui a duré dix heures ! Je suis fier de lui, ça je peux le dire !
- Shikamaru c'est vrai ? Voulut se faire confirmer Temari.
- Ouais ouais... répondit le jeune homme en repoussant mollement sa chaise.

Il avait l'air fatigué. Temari n'en croyait toujours pas ses yeux.

- Je ne savais pas que tu étais bon à ce point là !
- Je te l'ai dit ! Répliqua-t-il avec un haussement d'épaules.

Il attrapa sa veste et se dirigea vers la porte de sortie.

- Enfin il n'empêche que t'étais nul aujourd'hui.

Il avait atteint le couloir obscur quand il se retourna vers Temari. Ses yeux glissèrent sur son jean, sa veste, son décolleté, avant d'accrocher son regard.

- J'ai été distrait.

Temari se mordit la lèvre et hésita une seconde de trop quant à rétorquer quelque chose, Shikamaru lui avait de nouveau tourné le dos. Ils montèrent les escaliers en silence. Quand ils émergèrent à la lumière du soleil, toute trace de fatigue avait disparu du visage du jeune homme. Il se tourna vers sa compagne.

- Tu as envie de manger quelque chose ?

Elle lui sourit de manière espiègle. Le soleil illuminait ses yeux. Elle se pencha vers lui, l'attrapa par son blouson et lui murmura à l'oreille :

- A vrai dire, j'avais autre chose en tête...




Une fois de plus, je m'excuse pr le retard. Cela fait déjà 6 mois que j'ai posté le précédent chapitre ms la validation se fait désirer. J'espère que vous ne perdez pas trop le fil de l'histoire pdt ce temps. Que dire ? J'ai pris bcp de plaisir à imaginer le dialogue entre Sakura et Kakashi, je sens que ce personnage va me plaire. Que va-t-il advenir de Sasuke ? Va-t-il mettre ses menaces de procès à exécution ?
Merci pour tout !




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