Fiction: Paralèlles

Tokyo de nos jours. Neji, riche héritier d'une grande famille industrielle, enfermé dans sa bulle de luxe, se perd un jour dans la banlieue de la grande capitale japonaise. Il y rencontre Tenten son exact opposé : orpheline effrontée et extravertie, elle règne avec sa bande d'amis des rues sur la vaste banlieue Ouest. Confrontation entre deux milieux ou fresque urbaine romantico-réaliste. ^^ = Sujet de BASE !! (De multiples dérives sur d'autres persos et couples se feront dans cette fic... qu
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Saya-chan (Féminin), le 18/08/2012
Dans le Tokyô de nos jours, quelques vies s'entremêlent.
Dépitée par la réaction d'Itachi qui annonce qu'il ne reverra jamais Sasuke, Sakura décide de lui faire une visite surprise et pr tenter de le faire changer d'avis, arrange ses retrouvailles avc Kurenaï. Temari qt à elle, multiplie les frasques. Elle ne se doute pas que la solution à ts ses problèmes est p-ê juste là, sous son nez. En effet, c'est bien Shikamaru qui la tire de ses idées noires lors d'une belle matinée.




Chapitre 20: Préparatifs



On était samedi matin, Gaara sortait de son cours de kick boxing (une idée de la psy qu'il avait essayé de consulter il y a un an ou deux. La psy n'avait pas fait long feu mais le kick boxing il aimait bien). Depuis sa rupture avec Ino il y allait presque quatre fois par semaine. Sa psy aurait dit qu'il avait besoin d'évacuer sa colère et sa frustration. C'était peut-être vrai, il s'en fichait. Posant son sac à ses pieds, il s'étira en grimaçant. Et maintenant quoi ? Il avait envie d'une cigarette. La cigarette aussi c'était nouveau, mais Gaara n'avait aucun doute sur sa capacité à arrêter quand il le souhaiterait. Se contrôler était quelque chose qu'il maîtrisait assez bien la plupart du temps. Il glissa la main dans sa poche pour attraper son paquet mais constata qu'il était vide. Bon ben il était parti pour le bureau de tabac le plus proche.
Il arriva au comptoir en même temps qu'une fille aux cheveux bizarrement rose foncé, avec un bonnet enfoncé sur les oreilles.
- Un paquet de Winston s'il vous plait.
Ils avaient parlé en même temps. Le buraliste se dirigea vers sa réserve avant de revenir en haussant les épaules.
- Désolé, il ne m'en reste qu'un seul.
Il les regarda à tour de rôle, indécis.
- Honneur aux dames, dit Gaara, automatiquement.
- C'quoi ces conneries, marmonna la fille.
- La politesse, répliqua le garçon en fronçant les sourcils.
- Qu'est-ce qu'on en a à foutre de la politesse, grogna l'autre. Je préfererais qu'on se batte.
Gaara la regarda avec des yeux ronds.
- Qu'on se batte ?
- Pourquoi pas ? Dit elle, d'un air de défi.
- Pour un paquet de clopes ??
- C'est bien comme ça qu'ils faisaient avant non ?
- Qu'on se batte ? Répéta encore le garçon.
- Quoi, tu flippes ? le nargua-t-elle.
Voyant que Gaara tiquait d'impatience, le buraliste lui lança à la hâte le dernier paquet :
- Réglez ça comme vous voulez mais surtout pas chez moi ! Allez, filez !
Une fois dehors, Gaara mit de force les clopes dans les mains de la fille et s'apprêta à s'en aller.
- Trop bien élevé pour te battre hein ? Railla-t-elle alors qu'il lui tournait le dos.
- Ca n'a rien à voir, répondit il en tâchant de garder son calme.
- Alors qu'est-ce qui te retient ?
- Et toi qu'est-ce qui te pousse ?
Ils se dévisagèrent furieusement. Il finit par hausser les épaules.
- Je ne me battrai pas avec toi, mais si tu veux on peut régler ça à la course. Celui qui court le plus longtemps.
Il avait besoin de se défouler. Elle pesa un instant le pour et le contre, puis hocha la tête avec un sourire carnassier.
- Ca marche. On va où ?
- Au stade, viens avec moi.
En chemin, il commença à réaliser l'idiotie de la situation. Mais il était un peu tard pour faire machine arrière et la fille paraissait sur-motivée. Il se demanda si elle était aussi folle que lui. Elle avait clairement un problème. Inexplicablement, il se sentit un peu moins seul.
Le bus les laissa devant le stade olympique. La fille émit un sifflement narquois mais paraissait plus que jamais décidée. Enfonçant les mains dans ses poches, Gaara la suivit et ils entrèrent dans le stade.

***

- Oui monsieur, je suis bien la fille de Monsieur Yamanaka. Mon père approuve totalement mon entreprise, d'ailleurs il envisage même de récompenser la galerie qui accueillera l'évènement que j'organise. Je peux vous laisser son numéro si vous voulez, il se fera un plaisir de vous le confirmer lui-même... Oui c'est cela même, le weekend prochain. Toutes les relations de la famille seront là, je vous garantie un succès mémorable pour votre établissement... C'est entendu j'attends votre appel monsieur. Bonne journée !
Sans dissimuler son sourire triomphant, Ino raccrocha. On dirait bien qu'elle était douée pour ça. Les choses se mettaient en place. Elle avait un bon pressentiment. Elle retourna vers son lit où elle avait étalé les unes à côté des autres les toiles de Saï que Tenten lui avait fournies. Ino n'y connaissait pas grand chose à l'art mais elle savait au moins une chose : c'était typiquement ce qui se faisait dans les galeries en vogue en ce moment. Elle le savait parce que sa mère avait fait l'acquisition de plusieurs tableaux dans le même genre récemment, tableaux qu'Ino jugeait moins réussis que ceux de Saï mais bon, il était vrai qu'elle n'était pas très objective.
Songeuse, elle passa ses doigts sur la peinture séchée. La toile n'était pas figurative, c'était une harmonie de couleurs chaudes et lumineuses qui tranchait avec le reste des toiles beaucoup plus sombres et torturées. « Celui-la il l'a fait après t'avoir rencontré » lui avait dit Tenten sur un ton exagérément détaché.
Chassant son excitation, Ino se remit à la préparation des invitations.

***

Gaara était à son maximum. Ils couraient autour du stade ovale depuis près de deux heures maintenant mais aucun d'entre eux ne se décidait à lâcher prise. Même en étant pessimiste sur ses chances de gagner, Gaara n'aurait jamais pensé qu'elle put tenir si longtemps. Avec sa constitution maigre, ses épaules saillantes et sa posture qui n'avait rien d'athlétique, il n'aurait pas misé un yen sur elle. Et pourtant elle tenait la route, même mieux que lui s'il en jugeait à son souffle régulier. Le sien se faisait plus erratique et ses jambes commençaient à le lâcher. Mais il faut dire qu'il n'avais jamais été particulièrement bon sur la durée. Il était plutôt du genre à exploser de puissance au début et à mettre son adversaire KO dès les premières minutes. Du moins il fonctionnait comme ça au kick boxing.
Le paquet de cigarettes était devenu un enjeu superflu. Il s'agissait plutôt de sauver l'honneur, et Gaara prenait la chose très sérieusement. Toutefois, il semblait que sa motivation ne soit pas suffisante face à l'endurance à toute épreuve de la jeune fille et une demi heure plus tard il dut déclarer forfait. Abandonnant toute dignité, il s'affala dans l'herbe qui bordait la piste. Bonne joueuse, son adversaire le rejoignit et s'assit à côté de lui.
- Je m'appelle Tayuya, dit-elle en lui tendant la main.
Elle souriait.
- Gaara, articula-t-il à bout de souffle.
Sans un mot de plus, elle attrapa le paquet qui était désormais le sien en tira une cigarette et le lui tendit. Bien qu'il n'ait pas encore retrouvé une respiration suffisamment régulière pour fumer, il apprécia le geste et se servit.

***

Samedi soir, Neji sortait de la tour Nord, le siège de l'entreprise familiale Hyûga, la tête pleine de prévisions de rendements, de calculs d'intérêts, de stratégies de long terme. Il commençait à se familiariser avec l'environnement managérial. Mieux que ça, il sentait qu'il était fait pour ça. De toutes façons, n'était-ce pas ce que tout le monde attendait de lui ? Son père avait entrepris de l'initier aux ficelles et il sentait qu'il avait la dextérité qu'il fallait, qu'il avait les bonnes intuitions aussi. Son avenir était tout tracé. Neji s'en sentait un peu rassuré. Sa rencontre d'avec Tenten, si éloignée de ce qu'il connaissait l'avait un temps perturbé. Elle était arrivée à un moment où il doutait du chemin tout tracé pour lui et à son contact un autre monde de possibilités s'ouvrait, infini, imprévisible. Cela l'avait un instant attiré, l'herbe n'était-elle toujours pas plus verte ailleurs ? Mais ces doutes n'avaient plus leur place maintenant. Tenten lui avait ouvert d'autres horizons et pour ça, il lui en était redevable et reconnaissant. Mais il savait où était sa place. D'ailleurs il semble que Tenten elle-même ait voulu refermer la parenthèse, elle avait compris avant lui qu'ils étaient trop différents.
Distraitement, il jeta un œil à sa montre. Que faisait-elle à cette heure là ? Aidait-elle d'autres inconscients égarés comme il avait pu l'être ? Lui en voulait-elle toujours autant ? Les paroles qu'elles avaient prononcé il y a quelques jours l'avaient marquées plus qu'il ne voulait l'admettre et davantage, cela il en convenait, que tout ce qu'avaient jamais pu lui dire Temari, son père ou une quelconque personne appartenant à son cercle. Il se rendait compte maintenant de son arrogance, bien dissimulée, presque inconsciente, derrière le masque des bonnes manières. Il s'était comporté comme un idiot et il avait perdu son amitié, pour peu qu'elle ait existé. Cette idée l'irritait et revenait comme un spectre le hanter à tout moment de la journée, même dans les instants de grande concentration dans les bureaux de son père. Il l'avait perdue. Agacé, il projeta un caillou avec son pied. Son chauffeur était en retard alors qu'il n'avait qu'une envie : être chez lui, allongé sur son lit et plongé dans les plans de la prochaine fusion-acquisition qu'envisageait son père. Se vider la tête pour se concentrer seulement sur son avenir, voilà où en étaient ses ambitions du moment. Il ne savait pas quand il reverrait Tenten, il devinait qu'il allait lui falloir du temps pour rassembler l'argent qu'elle lui devait. Il n'avait pas envie de revoir ses anciens amis qui lui semblaient tous futiles et superficiels après ses tribulations avec Tenten. En fait, il voulait seulement être seul et s'appliquer à ne plus décevoir personne. C'est pourquoi ce fut avec un agacement croissant qu'il sentit son portable vibrer dans sa poche intérieure et qu'il vit l'écran afficher le prénom d'Ino. Déterminé à ne pas faire durer la conversation, il décrocha.
- Allô ?
- Salut Neji c'est moi. Je te dérange ?
- Non, j'attends mon chauffeur. Qu'est-ce qui se passe ?
- Ecoute, je sais qu'en ce moment tu es très occupé et pas spécialement d'humeur à t'amuser mais sois attentif s'il te plaît, parce que ce dont je vais te parler est très important pour moi et pourrait également te rendre service.
- Je t'écoute.
- Alors voilà : ce weekend j'organise une exposition à la Tokyo Art Gallery pour présenter et on l'espère vendre, les œuvres de Saï. Tu te rappelles de lui ?
L'image du brun renfermé et de son bloc à dessin s'imposa dans l'esprit de Neji.
- Oui.
- Il s'avère qu'il a quelques problèmes financiers en ce moment et que cette expo pourrait l'aider à joindre les deux bouts. Le temps qu'il remonte la pente tu vois ? Alors avec Tenten on s'est organisées, elle m'a fourni les toiles et moi j'ai fait jouer mes relations...
- Attends une seconde, avec Tenten ?
Il ne fit aucun effort pour marquer son incrédulité.
- Oui, c'est elle qui a eu l'idée en fait. Elle est super futée comme fille, bien plus intéressante que Temari soit dit en passant.
Neji ne remarqua pas le ton légèrement hargneux de son amie à la mention de son ex, tant il était surpris que Tenten fasse confiance à Ino pour l'aider. En réalité, davantage que surpris il était... amer. Il aurait pu s'en charger.
- Toujours est-il que tu es invité, Neji et que je me disais que c'était peut être l'occasion de t'expliquer avec Tenten, j'ai cru comprendre que vous étiez un peu en froid.
C'était le moins que l'on puisse dire.
- C'est gentil de t'y intéresser mais je pense que c'est peine perdue à ce niveau là, répliqua un peu sèchement Neji.
- On ne sait jamais, tenta Ino. Elle a l'air un peu fier mais je suis sûre que si tu dis ce qu'il faut, tout redeviendra comme avant.
- Ouais... Écoute, je te tiens au courant d'accord ?
- D'accord, fit Ino visiblement dépitée.
- Bye.
Il raccrocha, tendu et frustré. Tenten avait fait appel à Ino, à elle elle n'avait pas de problèmes pour demander de l'aide ! Bon sang que cette fille était agaçante ! Son chauffeur qui venait d'arriver détourna momentanément ses pensées, mais sitôt assis à l'arrière de la confortable berline, l'amertume qu'avait suscité l'appel d'Ino revint agacer ses nerfs. Tenten et Ino... c'était le couple le plus improbable dont il ait jamais entendu parler. Quelle blague !

***

Sasuke tenait la main de Sakura bien serrée dans la sienne. Distraitement, celle-ci inspectait les vitrines de la rue commerçante dans laquelle ils se trouvaient. Elle ne se rendait pas compte de l'intensité soudaine des sentiments que le garçon éprouvait, trop occupée à chercher des yeux un indice sur ce qu'elle allait bien pouvoir porter à l'exposition d'Ino dans une semaine. Sasuke lui repensait à tout ce qu'ils avaient vécu ces derniers temps, et à comment il avait radicalement changé de point de vue sur elle.
- Qu'est-ce que tu penses de celle-ci ? Interrogea Sakura, avec un geste de la main vers une robe courte à la couleur jaune acide.
- Mmmh, marmonna évasivement le garçon qui n'avait aucun avis sur la question d'une part et d'autre part était à mille lieux de penser à la tenue idéale pour un événement qui par ailleurs ne l'intéressait pas.
- T'as raison, c'est un peu trop agressif. Et puis vu mon teint de cadavre ces derniers jours il vaut mieux que j'évite les couleurs vives.
Sasuke tourna la tête pour la regarder. C'est vrai qu'elle avait maigri, qu'elle était pâle et que des cernes violets s'étaient durablement installés sous ses yeux verts. Malgré ça, il ne pouvait pas concevoir qu'elle puisse se trouver laide. Mais pour lui la laideur était éminemment subjective et il fut un temps où il trouvait que Sakura n'avait rien de particulièrement attractif. Comme cette époque lui semblait loin. De même que le temps où il pensait à sa famille comme un lieu où chacun avait sa place, où tout allait bien.
La haine et le mépris d'Itachi pour les siens l'avaient impressionné. Il n'avait jamais pensé aux Uchiwa autrement que comme un clan soudé et puissant, certes peut-être quelques fois au-delà des limites de la légalité, mais quelles grandes entreprises ne l'étaient pas ? Or Itachi avait dépeint à Sakura une sorte de mafia avide et cynique. Où était la vérité ? Certainement pas dans ses souvenirs d'enfance car Sasuke se rendait compte à présent de toutes ces fois où il avait fermé les yeux. Parfois certains épisodes lui revenaient, comme celui où son oncle était revenu au manoir dans un état de surexcitation tel qu'il n'avait pas attendu d'avoir refermé la porte du bureau du père de Sasuke pour ouvrir une valise qui, l'image avait marqué le garçon, devait contenir des millions et des millions de Yen. Des billets avaient voltigé dans la pièce et son père avait précipitamment refermé la porte. Il soupira. Itachi avait-il pour autant raison ? Son frère ne vivait plus tout à fait dans la réalité depuis un moment. Quelle était la part de vérité et où avait-il romancé ?
- Sasuke... A quoi tu penses ?
La voix douce de Sakura le tira de sa rêverie.
- A ma famille.
- Tu crois à tout ce qu'Itachi raconte ?
- Je ne sais pas...
Elle lui avait fait le récit de sa visite en solitaire à l'hôpital, de ce qu'Itachi lui avait dit et de comment elle l'avait peut-être convaincu de ne pas s'enfuir. Il n'en croyait pas ses yeux qu'elle ait eu le cran de lui tenir tête (il savait pour avoir été sa première victime, à quel point son frère pouvait être persuasif). Mais il était vrai que depuis quelques semaines, elle n'en finissait pas de l'étonner.
- Tu ne devrais pas trop y penser, reprit-elle. Que les Uchiwa soient malfaisants, tu n'y es pour rien et ce n'est pas comme si tu pouvais faire quelque chose.
- Je pourrais les dénoncer, aider la police à obtenir des preuves...
- D'abord tu ne sais pas jusqu'à quel point ce qu'Itachi raconte est vrai...
- Sakura j'ai VU cette valise !
- … ensuite personne n'attend de toi que tu trahisses toute ta famille. C'est un peu trop pour un lycéen tu trouves pas ?
- Tu trouves qu'on a encore l'air de lycéens ? S'amusa Sasuke avec un sourire ironique.
- Pourquoi pas ? Fit-elle mine de s'offusquer. Je suis encore jeune et belle !
Elle rit et l'embrassa sur la joue.
- Ne t'en fais pas. Je suis sûre que tout va s'arranger.
- Tu es toujours optimiste..
- Regarde-nous Sasuke, et compare avec l'état dans lequel on était il y a une semaine. Dis-moi que tu ne crois pas à l'optimisme après ça !
- Mmmmh...
Mais cette vision des choses avait quelques attraits.

***

Quand Temari reçut l'invitation d'Ino, l'officielle, pas le coup de fil que ses amis proches avaient reçu (et pas elle), sa première réaction fut de la jeter à la poubelle. Jamais elle ne ferait le jeu de celle qui lui avait volé toutes les attentions. Il ne manquerait plus que ça tiens ! Et puis en réfléchissant, elle se dit que tout le monde allait surement s'y rendre et que s'abstenir ne ferait que la couper encore davantage de son ancienne cour. Temari était imbue d'elle-même et terriblement rancunière mais elle était lucide. En ce moment sa vie ne valait pas grand chose loin de l'audience habituelle. Il fallait à tout prix qu'elle retrouve la place qui lui revenait.
- Et moi tu me situes où dans tout ça ? Je ne cadre pas spécialement bien avec la vie dont tu rêves, ironisa Shikamaru renversé sur le fauteuil, les jambes sur l'accoudoir.
Elle lui avait raconté, sans savoir précisément pourquoi, tous les malheurs dont elle se considérait victime : la négligence de Neji, le désintérêt croissant pour sa personne de tous ses amis, la colère de Gaara à son égard, et pour finir l'insolence d'Ino qui sans même le vouloir, lui avait ravi sa place de reine. Il s'était montré étonnamment impassible alors qu'elle s'attendait à ce qu'il lui renvoie à la figure ses petites considérations futiles. Il était resté là, à la même place où il se trouvait aujourd'hui, sur le fauteuil vintage de sa chambre, calme et pensif. Pour un peu on aurait dit qu'il ne la jugeait pas (cependant Temari n'aurait pas parié là dessus !).
- Je sais pas vraiment ce que tu fiches là en effet, répliqua-t-elle.
Mais son air malicieux adoucissait la brusquerie de sa réponse.
- Mais puisque tu es là, autant que tu serves à quelque chose ! Je vais aller à cette expo ridicule et tu vas venir avec moi.
- Moi ?! Tu plaisantes.
- Pas du tout, qui d'autre que toi pour que l'on me remarque ?
Il ne s'offusqua pas, même, il paraissait amusé par l'idée.
- Donc je suis ton faire-valoir en fait.
- Si ça t'embête tu me le dis, je trouverai quelqu'un d'autre. Quoique je trouve que tu es le mieux placé.
- Et pourquoi ça, demanda-t-il sourcils haussés.
- Parce que tu es bien le seul qui sache qui je suis et ce que je veux. T'es le complice parfait ! Quelque chose me dit qu'avec toi de mon côté, je peux arriver à tout.
Elle jeta son regard vert dans le sien et malgré sa tranquille assurance, elle savait qu'elle l'avait troublé. Se pourrait-il qu'il soit sensible à son charme ? Lui qui l'avait tant malmenée, ça paraissait étonnant, mais après tout pourquoi pas ? Et quant à elle, elle en était venue à réellement apprécier les moments qu'ils passaient ensemble. C'était le meilleur listener qu'elle ait jamais rencontré.
L'air concentré, il se leva du fauteuil et fit quelques pas dans la pièce.
- Et pourquoi pas ? Finit-il par dire, en haussant les épaules. Je n'ai rien prévu de plus intéressant qu'assister à la reconquête d'un trône. Je viendrai avec toi.
Elle lui adressa un sourire resplendissant.
- Mais que l'on soit bien d'accord, ajouta-t-il en la fixant droit dans les yeux, je ne suis pas à ton service. Tu ne me dis pas ce que je dois faire, je suis libre de mes allers et venues, à tes risques et périls.
Elle le jugea du regard.
- Bien-sûr que oui, je n'avais pas l'intention de te forcer à quoi que ce soit...
Il s'approcha d'elle si vivement qu'elle n'eut pas le temps de le voir venir, et souleva son menton avec son index. Mais loin d'être menaçant, il semblait plutôt s'amuser.
- Ne fais pas comme si tu ne savais pas de quoi je parle, j'ai compris comment tu fonctionnes, je ne vais pas me prendre à tes pièges Temari, et tu devrais arrêter d'en poser parce que tu vas finir par tomber toute seule dedans.
- Je ne vois pas de quels pièges tu parles, rétorqua sèchement la jeune fille en se dégageant.
- Tu sais user de ton charme pour avoir ce que tu veux, mais ton frère a raison, tu ne construis que du vent. Les gens ne te contrarient pas, du moins dans un premier temps. Mais vient toujours un moment où ils se lassent de servir tes désirs. Nous n'avons plus une monarchie régnante pour rien Temari.
- Pour qui tu me prends ? S'insurgea-t-elle.
Elle avait l'impression d'être scannée et analysée et elle avait horreur de ça. C'était donc la raison pour laquelle il avait paru aussi impassible lorsqu'elle lui avait confié tout ce qu'elle ressentait. Pendant ce temps il n'avait eu de cesse que de la juger. Et quel jugement ! L'image qu'il lui renvoyait n'était ni plus ni moins que celle d'une gamine capricieuse.
- Ne le prends pas mal, se défendit-il, je ne crois pas que tu sois fondamentalement mauvaise. Et même, je t'aime bien. Je sais pas trop bien pourquoi d'ailleurs, mais je suis bien avec toi, même quand tu élabores tes petits plans puérils.
Et, sûrement pour lui prouver qu'il n'avait pas d'intentions belliqueuses, il lui offrit un sourire qu'elle qualifia spontanément de désarmant. Tout à coup, malgré les horreurs qu'il lui avait dites il y a moins d'une minute, Temari n'avait pas la force de lui en vouloir. Après tout, il ressemblait bien à son seul ami.
- Je ne veux pas savoir ce que tu penses de moi, d'accord ? Finit-elle par dire. Tout ça c'est moi et que ça te plaise ou non, je n'ai pas de comptes à te rendre.
Il lui adressa un clin d’œil.
- Il me semble qu'on est quittes. Pas de manipulations de ta part, et pas de leçons de la mienne.
Elle baissa les bras, soudainement fatiguée. Shikamaru le perçut et se pencha pour attraper son sac.
- Je vais te laisser choisir ta tenue, se moqua-t-il gentiment, mais je serais toi et pour ce que j'en connais, je choisirais quelque chose de très court. Et le vert te va vraiment très bien.
Elle haussa les sourcils.
- Tu as un avis vestimentaire toi maintenant ?
- Je suis plein de surprises, déclara-t-il avec un sourire énigmatique.
Et sans crier garde, il se pencha en avant et déposa un baiser léger sur ses lèvres. Temari écarquilla les yeux mais avant qu'elle ne trouve quelque chose à répliquer il avait tourné les talons et quittait sa chambre.

***

Jeudi en fin d'aprèm.
Tenten tapotait impatiemment des doigts sur la table en PVC verni, à la terrasse d'un café où Ino lui avait donné rendez-vous, il y avait de ça... un quart d'heure. Du coin de l’œil, elle apercevait le serveur qui l'observait d'un air soupçonneux voyant qu'elle ne consommait pas. Il était sur le point de lui dire de lever le camp quand Ino se montra enfin. Rayonnante, ses cheveux blonds encadrant irrégulièrement son visage elle adressa un franc sourire à Tenten.
- Tu es en retard, fit celle-ci avant même que l'autre n'ait eu le temps d'articuler un salut.
- Je sais, je sais... balaya Ino, d'un haussement d'épaule insouciant.
- Et je t'avais dit que je n'avais pas l'intention de boire quoi que ce soit...
- Peu importe, coupa l'autre, mais j'avais besoin d'une table. J'ai des super bonnes nouvelles ajouta-t-elle, radieuse.
Tenten fit un effort pour ne pas avoir l'air trop enthousiaste.
- Un monaco bien frappé, lança Ino à l'adresse du serveur qui tourna les talons, satisfait.
Elle sortit de son sac un carnet Moleskine noir et l'ouvrit devant elle.
- Alors, j'ai harcelé la Tokyo Art Gallery et ils ont fini par céder, ils accueilleront l'expo à leur meilleur horaire de fréquentation. Ensuite, j'ai envoyé les invitations et j'ai déjà une bonne centaine de confirmations. Ca part vraiment bien !
Elle fit le compte en tapotant son stylo plume sur une liste de noms.
- Les Hyûga et les No Sabaku seront là, mais aussi les Uchiwa, les Haruno et d'autres amis de mes parents. Ce M. Deidara est par exemple un grand amateur d'art, sa présence va faire de la pub.
Tenten avait de plus en plus de mal à dissimuler son emballement.
- Tous ces gens ? Pour de simples peintures ?
Ino sourit.
- Tu sais, les expositions c'est surtout histoire de se montrer et d'afficher son bon goût.
- Ouais.. Du moment que ça rapporte un peu à Saï.
- Justement, je me demandais, vu l'ampleur que prend l'évènement tu pourrais pas dégotter une ou deux toiles supplémentaires ?
Tenten secoua la tête.
- J'ai vidé tous ses placards... et en ce moment il ne peint pas grand chose. Par contre je crois que je sais où en trouver d'autres...
Elle expliqua alors que Saï vendait déjà ses toiles à un obscur revendeur d'art qui, d'après elle, se faisait une plus value scandaleuse sur le dos de son ami.
- Très bien, déclara Ino, allons voir ce mec.
Cette fois réellement enthousiaste, Tenten lui adressa un franc sourire.

En rentrant au foyer, Tenten sifflotait. Qui aurait cru que ce projet allait tenir debout ? Mieux encore, qu'il s'annonçait encore plus triomphant que prévu ? Elle pensa à Saï, au courage dont il avait fait preuve jusqu'ici et se dit qu'il méritait sans aucun doute un tel honneur. « La Tokyo Art Gallery... » Tenten n'y connaissait rien aux endroits huppés de la ville mais cet intitulé résonnait très agréablement à ses oreilles. Il n'allait pas en croire ses yeux.
Par ailleurs elle devait bien admettre qu'elle était positivement impressionnée par l'assurance de sa nouvelle complice. Ino avait négocié avec le revendeur peut-être encore mieux que Tenten l'aurait fait si elle avait eu le compte en banque adapté. Sans laisser un pouce de terrain, elle avait tenu bon face aux tentatives de l'homme pour faire monter les enchères. Au final, elle avait consenti à un prix élevé mais pas exagéré. « De toutes façons, c'est cinq fois moins que ce qu'ils vont être vendus samedi » avait assuré Ino, face à l'expression dégoutée de Tenten. Au souvenir de ce qui allait survenir ce weekend, la jeune fille s'autorisa un sourire satisfait.





Bon ce chapitre, comme pas mal dans la fiction sert plutôt de transition au lieu de vraiment faire avancer l'histoire, mais c'est indispensable, il ne peut pas y avoir de l'action tout le temps :) Que pensez vous du dilemme de Sasuke ? Devrait-il ou non enquêter contre sa propre famille ? Et comment va évoluer la situation entre Temari et Shikamaru ? Une partie des réponses au prochain chapitre : Une exposition et des rebondissements.



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