Fiction: Paralèlles

Tokyo de nos jours. Neji, riche héritier d'une grande famille industrielle, enfermé dans sa bulle de luxe, se perd un jour dans la banlieue de la grande capitale japonaise. Il y rencontre Tenten son exact opposé : orpheline effrontée et extravertie, elle règne avec sa bande d'amis des rues sur la vaste banlieue Ouest. Confrontation entre deux milieux ou fresque urbaine romantico-réaliste. ^^ = Sujet de BASE !! (De multiples dérives sur d'autres persos et couples se feront dans cette fic... qu
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Saya-chan (Féminin), le 12/07/2012
Dans le Tokyô de nos jours, quelques vies s'entremêlent...
Dans l'épisode précédent. Il semble que Tenten soit résolue à couper les ponts avec Neji. Mais parallèlement, elle décide de faire équipe avec Ino dans le but de sortir Saï du gouffre financier dans lequel il s'est fourré. De leur côté, Sasuke et Sakura assistent au réveil difficile d'Itachi après de longs jours de coma. Malheureusement, celui-ci ne leur est pas franchement reconnaissant des efforts qu'ils ont consentit pour le sauver.




Chapitre 19: Retrouvailles



Vendredi :
Le jour suivant, Sakura se leva très tôt, enjambant précautionneusement le corps endormi de Sasuke. Elle s'habilla rapidement, attacha ses cheveux en queue de cheval, attrapa son manteau et sortit.
Elle acheta un café au Starbuck du coin et le sirota dans le bus en réfléchissant une fois de plus à ce qu'elle allait faire. Mais même lorsqu'elle franchit les portes coulissantes de l'hôpital elle n'avait encore aucune ébauche de plan. Elle se dirigea cependant d'un pas décidé vers la chambre 301. Son cœur rata un battement quand l'idée la traversa qu'Itachi s'était peut-être encore échappé, mais quand elle ouvrit la porte il était bel et bien là, comme ils l'avaient laissé la veille, pâle et défait.
Il se redressa cependant quand elle entra et lui adressa un sourire arrogant.
- Mais qui voilà donc...
- Je viens en paix, soupira-t-elle, lassée du ton perpétuellement provocateur de son interlocuteur.
Il ricana.
- Mais bien sûr, comme le geôlier est en paix avec le prisonnier j'imagine.
- C'est plus compliqué que ça, rétorqua Sakura. Est-ce que tu crois vraiment qu'on a envie de faire ça ?
- Ce que je crois surtout c'est que vous me privez de ma liberté. Et ça je ne suis pas près de l'accepter.
- Est-ce que tu nous comprends au moins ? Insista-t-elle en le regardant dans les yeux.
Itachi plissa les siens, visiblement décidé à ne pas lâcher un pouce de terrain. Mais au dernier moment il se ravisa et dit :
- Disons que je peux envisager de penser que vous faites ça pour mon bien.
Sakura voulut acquiescer mais il ne lui en laissa pas le temps.
- Le truc c'est que vous vous trompez. Ce n'est pas en m'envoyant en désintox que vous soignerez ma dépression.
- C'est un début, répliqua Sakura.
Il secoua la tête.
- Tu crois que la drogue est le problème... Mais c'est plus profond que ça. Je n'en ai jamais parlé à Sasuke parce qu'il est tellement attaché à l' « honneur » (il singea le mot) de la famille qu'il ne peut pas comprendre, mais je déteste tout ça. Non, je hais ce monde là.
Il se passa la main sur ses joues mal rasées.
- Où est l'honneur de servir une famille aussi pourrie que la mienne, pour des intérêts tout aussi égoïstes et dangereux ? Quand on a une once de moralité, on ne fraie pas avec les Uchiwa. Tu considères peut-être les dealers comme des voyous, mais crois-moi ce n'est rien par rapport à la haute société. Comment crois tu que notre famille s'est enrichie ? En exploitant, en volant, en trompant, en éliminant. Je refuse d'entrer dans ce système. Je refuse de rendre le monde encore plus pourri qu'il n'est déjà.
- Alors tu choisis la fuite dans la drogue... observa Sakura en haussant les sourcils.
- Le problème c'est que ce système c'est le monde en lui-même. Tu n'as aucun moyen de lutter sans jouer selon les mêmes règles qu'eux. La seule échappatoire c'est le rêve.
- Même si la mort par overdose est à la clé ?
Il souffla avec un sourire désabusé.
- Qu'est-ce que la mort franchement par rapport à l'humanité ?
- Alors qu'est-ce que tu attends pour te jeter sous les roues du prochain camion ? Ironisa Sakura.
Là, il rit.
- C'est un peu plus compliqué que ça.
- Tu sais ce que je vois là ? L'interrompit-elle. Je vois un mec qui a la trouille. Sasuke va peut-être travailler pour les Uchiwa mais au moins il fait ce qui lui semble juste.
- Parlons-en de Sasuke... Tu es d'accord avec ses magouilles pour me garder ici ?
- Ce qu'il veut c'est que tu restes en vie, ça me semble un objectif louable.
- C'est toujours comme ça que ça commence...
- Est ce que c'est une raison suffisante pour ne plus lui adresser la parole ?
- Nous y voilà, c'est pour ça que tu es venue pas vrai ?
- Il est anéanti !
- Ça ne m'étonne pas. J'ai toujours été son modèle sur terre.
- Plus maintenant, persifla Sakura.
- Oh si, je pense que je continue de l'être. Encore maintenant, il ferait exactement ce que je lui dirais de faire.
- N'importe quoi !
- Tu n'imagines pas à quel point il a été près de me donner la drogue quand je la lui demandais...
- Mais il ne l'a pas fait !
- Parce que tu n'étais pas loin. Je crois qu’en fin de compte ton influence s'est substituée à la mienne.
- Ce qui n'est pas plus mal, répliqua-t-elle, acerbe.
Il sourit. Son regard de charbon n'avait pas de fond et ça la mettait mal à l'aise.
- Ce que je crois, poursuivit-elle en fermant les yeux pour se soustraire à son pouvoir hypnotique, c'est que malgré tout, Sasuke reste ton frère, malgré les choix que tu n'aurais pas fait à sa place, malgré tout ce que vous n'avez pas en commun. Tu ne peux pas le rayer purement et simplement de ta vie.
- Tu crois ça ? Railla Itachi.
- Oui je le crois. Parce que le seul moyen d'échapper à la famille Uchiwa c'est de partir très loin. Et quelque chose me dit que tu ne vas pas faire ça.
- Et pourquoi pas ?
- Parce que j'ai appelé quelqu'un...
- Si tu crois que...
- Quelqu'un qui te retiendra.
Il haussa les sourcils, ouvertement incrédule.
- Elle ne devrait pas tarder à arriver, elle m'avait dit 8h.
- De qui...
- Tu verras.
Il plissa les yeux.
- Si tu penses ce que je pense alors tu es complètement à côté de la plaque. Kurenai ne veut plus me voir. Si vous avez fait toutes ces petites recherches sur moi, vous devriez le savoir.
- C'est ce qu'on verra.
Tandis qu'elle consultait sa montre, Itachi se renfonça dans ses oreillers, en arborant un air sûr de lui. Mais Sakura était certaine de l'avoir déstabilisé. Elle pouvait presque entendre les pensées se bousculer dans son cerveau. On frappa à la porte. Itachi écarquilla les yeux. Les épaules de Sakura se détendirent et elle lança « Entrez ! » d'un ton assuré.
La porte s'ouvrit lentement et une Kurenai blanche comme un linge apparut sur le seuil. Sakura vit les mains d'Itachi se crisper sur les draps.
- Bonjour Kurenai, dit-elle en se levant de sa chaise. J'allais m'en aller.
Mais la jeune femme ne parut même pas avoir entendu. Son regard angoissé était tout entier focalisé sur le lit. Sans un mot de plus, Sakura s'éclipsa.
- Yuhi... murmura Itachi, alors que la porte se refermait. Je n'étais pas vraiment préparé...
- Moi non plus, le coupa l'autre en passant une main nerveuse sur ses yeux.
- Je n'avais pas envie que tu me vois comme ça. Si on m'avait laissé choisir, je ne t'aurai pas appelé.
Kurenai le regardait dans les yeux.
- Mais tu es là... (Pour la première fois, la voix du jeune homme s'étrangla un peu). Alors qu'est-ce que tu en dis, hein ? J'ai l'air bien non ?
- Tu as une mine affreuse, dit Kurenai. Tu étais tellement beau et maintenant tu as l'air d'un cadavre.
- Ça a le mérite d'être clair, observa Itachi, ses lèvres s'étirant en un fin sourire.
Elle fit quelques pas dans la pièce, son regard se posant alternativement sur les objets sans les voir réellement.
- J'étais tellement inquiète ! S'exclama-t-elle soudain. Quand ces gamins sont venus me voir pour me dire que tu avais disparu, j'ai failli devenir folle.
- Comme c'est mignon...
Le ton se voulait ironique mais c'était un échec.
- Quelle famille tu as ! Ton frère est un sacré numéro.
- Je te l'avais bien dit, un vrai petit Uchiwa.
- Ils sont tous comme ça ?
- Tous.
- Alors tu as raison, tu as une famille redoutable.
Itachi hocha la tête sans rien ajouter. Kurenai continua de faire les cent pas, les yeux baissés, sa main fourrageant dans ses cheveux épais.
- Itachi qu'est-ce qu'on va faire ?
- Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
- Tous les deux... comment on va...
- Je t'arrête tout de suite, Yuhi, la coupa-t-il tout à coup. Il n'y a plus de « tous les deux ».
Elle le dévisagea, les sourcils haussés.
- C'est moi qui ai rompu Itachi. Je peux parfaitement...
- Non tu ne peux pas.
- Quoi ?
- Tu ne peux pas revenir.
Elle ouvrit la bouche pour protester mais il ne lui en laissa pas le temps.
- Je suis une loque Yuhi. Mon frère m'envoie en cure de désintox, je pars dans 3 jours. Tu mérites mieux qu'un junkie dépressif.
- Je suis la seule à décider ce que je mérite ou non, dit doucement Kurenai. J'ai eu très peur de perdre mon job quand on était ensemble. Mais j'étais terrifiée quand j'ai su que tu avais disparu. Entre les deux, y a pas photo.
- C'est juste de la culpabilité.
Exaspérée, Kurenai donna un coup de pied dans le lit dont l'armature en métal rebondit contre le mur.
- Je t'aime Itachi. La culpabilité n'a rien à voir là dedans.
- Alors nous voilà bien.
Pour la première fois depuis qu'elle était entrée dans la pièce, la jeune femme sourit. Itachi lui rendit un rictus tordu, à la mesure de son angoisse. Puis, sans crier gare il se redressa, repoussa la couverture, et tira ses jambes maigres hors du lit.
- Qu'est ce que tu fais ?
Sans répondre, il se leva avec difficulté secouant négativement la tête quand elle fit mine de vouloir l'aider. Péniblement, il fit quelques pas vers elle, s'arrêta un moment en plongeant son regard dans le sien. Pour finir, il écarta les bras et les referma maladroitement sur le dos de la jeune femme.
- Je te prends dans mes bras... murmura-t-il.
C'en était trop et Kurenai éclata en sanglots.

***

Le même matin, Temari s'éveilla avec la pire gueule de bois qu’elle n’eut jamais connue. Elle gémit, se retourna de l'autre côté et tenta vainement de calmer les pulsations sourdes sous son crâne. Mais quelques secondes à peine plus tard, elle fut prise d'une nausée si violente qu'elle fut bien obligée de se lever pour se précipiter dans la salle de bain attenante. En levant les yeux elle croisa son regard vitreux et cerné dans la glace. Elle s'inspecta une seconde puis replongea la tête dans le lavabo.
Quelques heures plus tard, elle avait vidé la dernière boîte de dolipranes et se sentait toujours aussi mal. La mort dans l'âme à l'idée de sortir dans cet état lamentable, elle se résolut pourtant à marcher jusqu'à la pharmacie la plus proche afin de reconstituer ses stocks, avant de retourner s'enfouir sous la couette. En s'habillant de manière approximative d'un sweat à Kankurô et d'un vieux jogging, elle tenta de rassembler ses esprits. Par quel miracle avait-elle réussi à rentrer chez elle hier soir ? Elle ne se souvenait pas d'avoir pris un taxi, ni marché non plus. D'ailleurs elle ne se souvenait pas de grand chose. Vaguement du DJ qui l'avait rapidement soulé et dont elle s'était débarrassée en emballant fougueusement un grand brun à la barbe mal rasée. Qu'était devenu ce mec après ? Aucune idée. Et elle ? Elle avait dansé, vidé pas mal de shooters offerts par des mecs trop vieux, chanté faux sur le dernier tube, embrassé pas mal d'autres mecs et fait des trucs pas nets dans les toilettes avec l'un d'eux. Quoi d'autre ? Les pulsations sous son crâne l'empêchaient de réfléchir. Elle tituba jusqu'à la porte d'entrée, attrapa ses clés et sortit. La lumière l'éblouit. Comment était-elle rentrée ? A l'aide de son i-phone elle vérifia son compte en banque : il n'avait pas été débité. Pas de taxi donc. Elle n'avait certainement pas pris les transports en commun, même bourrée, fallait pas déconner non plus. A pieds ?? Ca faisait loin quand même et puis vu comment elle avait bu, il aurait été surprenant qu'elle retrouve le chemin jusqu'à son lit.
La musique dans les oreilles et une casquette enfoncée jusqu'aux yeux, Temari en était là de ses réflexions quand un mouvement sur sa droite lui fit lever les yeux. Quelqu'un s'approchait d'elle, mais la lumière l'empêchait de le distinguer correctement. Ce ne fut que lorsqu'il fut à quelques mètres d'elle que Temari le reconnut. Le mec du bar, un large sourire accroché aux oreilles.
- Je venais justement prendre de tes nouvelles. Remise de tes bêtises d'hier soir ?
- Pardon ? Bredouilla Temari.
- Ouais, c'est bien ce que je me disais, mémoire envolée pas vrai ?
Le sourire était moqueur mais le regard sincère. Enfin toujours est-il qu'elle ne comprenait toujours rien.
- De quelles bêtises tu parles ?
- Par où tu veux que je commence ? Le striptease improvisé autour de la barre de pole dance ?
Des images surgirent devant les yeux de Temari. Elle dégrafait sa chemise face à une masse de gens qui dansaient en hurlant. Elle secoua la tête.
- Comment tu sais tout ça ? Demanda-t-elle alarmée.
- Parce que j'étais aux premières loges pardi !
« Oh non ».
- Tu... Tu étais là ?
- De bout en bout ! Se réjouit le jeune homme.
Elle fit la grimace.
- Bon, alors j'imagine que tu sais aussi comment je suis rentrée ?
- Oui, je sais.
Elle l'interrogea du regard, il se contenta de sourire.
- Alleeeez, dis-moi ! J'angoisse trop là. T'imagines que je sais pas ce qui a pu se passer entre 2 heures et 10 heures ce matin ?
- Je te rassure, rien du tout. Tu t'es couché bien sagement, et toute seule dans ta chambre de princesse.
- Comment tu... Attends une seconde, tu m'as ramené ?
- C'était nécessaire je crois. Sinon le mec chelou qui t'a offert quatre cocktails allait prendre les choses en main.
Temari le fixait avec des yeux ronds.
- Mais qu'est-ce que tu faisais dans cette boîte au fait ?
- Un simple merci aurait suffit !
- Rêve ! Je ne vais quand même pas te remercier pour... Qui me dit que tu ne m'as pas violé au passage ?
L'autre haussa les épaules.
- Toi ? Ca me viendrait même pas à l'idée.
Agacée, elle balança son bras pour le frapper, loupa sa cible d'une bonne trentaine de centimètres, perdit l'équilibre et...
- Attention !
Il lui avait attrapé le poignet pour la rattraper et, une fraction de seconde avant qu'elle ne se dégage, elle se retrouva la joue contre son blouson. Cette odeur lui était familière. Elle fronça le nez pour essayer de se rappeler et ce n'est qu'en avisant la veste en question que la mémoire lui revint. Le grand brun mal rasé... Avant d'avoir pu se contrôler, elle piqua un fard authentique qui la fit se sentir comme une préado complexée. De son côté, Shikamaru (il lui semblait bien que c'était son nom), la fixait le sourcil relevé.
- Laisse-moi deviner, la mémoire te revient ?
- Je... marmonna Temari qui aurait voulu mourir sur place.
- Ne t'inquiète pas, je me suis douté que tu ne me reconnaissais pas, auquel cas tu ne m'aurais surement pas sauté dessus comme ça.
Il lui fit un clin d'œil qui eut le don de la faire rougir davantage. (Depuis combien de temps n'avait-elle pas été gênée ?)
- Je regrette juste de ne pas m'être trouvé sur ton chemin plus souvent dans cette boîte, ajouta-t-il goguenard, t'as allumé la moitié des mecs à l'intérieur, t'aurais dû voir l'état des autres filles. Si le vieux des cocktails t'avait pas tué elles s'en seraient chargé je pense.
Elle lui fila un coup de pieds en attendant de retrouver une contenance.
- Sois pas gênée va, dit-il. Promis j'efface ça de ma mémoire si tu me payes un paquet de clopes.
Trop heureuse d'avoir quelque chose à faire, Temari acquiesça. Ils se remirent à marcher en silence, tandis que la jeune fille s'efforçait de reprendre un peu d'aplomb. Elle n'était pas du genre à se laisser déstabiliser, mais embrasser ce mec après qu'il ait été aussi odieux lors de la première rencontre, elle ne s'en remettait pas. Il avait surement dû se croire irrésistible. Ce qu'il n'était pas du tout. Pas tant que ça. Bon, certes il avait un visage fin et intelligent et il sentait bon mais niveau fringues c'était une catastrophe.
- Qu'est-ce que tu faisais dans cette boîte hier soir alors ? Tu ne me traquais pas j'espère ?
- Ca va pas la tête ? J'ai l'air d'un harceleur ?
Elle lui jeta un regard éloquent. Il éclata de rire.
- Tu juges à ce point sur l'apparence ?
- Qu'est-ce que tu as contre l'apparence ? Rétorqua-t-elle sèchement.
- J'avoue, c'est bien la seule chose que tu as pour toi alors tu fais bien de t'y accrocher.
Il se mordit la lèvre presque instantanément.
- Désolé, j'aurais pas dû dire ça. Tu es sacrément chiante comme fille, mais je pensais pas ce que...
- Ecoute, c'est pas grave, le coupa Temari. Je t'achète tes clopes et puis chacun sa route OK ? On va pas se pourrir mutuellement la matinée ça sert à rien.
- Je t'ai vexé.
- Pas du tout.
- Je voulais pas.
- Je suis pas vexée.
- Si tu le dis.
- Je le dis.
- Bon.
Temari enfonça les mains dans les poches de son sweat. C'était quoi cette manie de penser qu'elle était seulement jolie ? « J'ai un cerveau comme tout le monde, fulminait-elle. Je parie que je suis même plus intelligente que cette cruche d'Ino ».
- Je ne suis pas superficielle, annonça-t-elle brusquement. C'est ce que tout le monde à l'air de penser mais c'est pas vrai.
- En tout cas, tu fais bien semblant, répondit honnêtement Shikamaru.
Temari le fusilla du regard.
- Je disais rien de mal, se défendit le jeune homme. Seulement que si tu veux paraître plus profonde, il faut arrêter de te comporter comme une pétasse sans intérêt.
- Parce que tu crois que j'ai des leçons à recevoir d'un abruti mal sapé ? Répliqua-t-elle, volontairement agressive.
- Pétasse sans intérêt.
Avec un sifflement de rage, elle le poussa sur la chaussée. Une voiture qui passait fit un écart en klaxonnant.
- Ca fait deux fois que tu manques de me tuer.
- Je te paye un deuxième paquet de clopes et tu disparais de ma vie OK ?
- J'ai pas vraiment envie de disparaître de ta vie.
Elle se retourna pour le dévisager.
- Je veux dire, tu fais pas vraiment exprès mais t'es plutôt drôle comme fille. Galère mais drôle.
- Ben pas toi, rétorqua-t-elle en pivotant sur ses talons pour entrer dans le bureau de tabac.
Nan mais sérieux, c'était quoi son problème ?
Shikamaru n'était pas encore sorti de la boutique qu'il avait déjà allumé une première cigarette. Après avoir tiré quelques bouffées, une expression satisfaite sur le visage, il la tendit à Temari.
- Ca va te détendre.
Elle lui tira la langue mais prit la cigarette. Ils allèrent s'asseoir sur un banc au pied d'une tour de verre vertigineuse.
- Tu m'as pas répondu, tu faisais quoi dans cette boîte ? C'est pas trop ton genre de danser avec les gosses de riches je me trompe ?
- Non. En fait, j'essayais de gagner de l'argent.
- En jouant au pickpocket ?
- En jouant aux échecs avec les videurs.
Temari laissa échapper un petit rire et s'étouffa un peu avec la fumée.
- Aux échecs ? Tu sais jouer aux échecs ?
- Je suis même assez bon.
- Alors ça, ça m'étonnerait.
- Et pourquoi ça ?
- Parce que...
- Parce que c'est un jeu intelligent ? Laisse-moi te montrer quelque chose mademoiselle snob.
Il glissa sa main à l'intérieur de sa veste et en ressortit un jeton blanc poli, avec des caractères gravés au centre.
- Tu sais ce que c'est ?
Elle fit la moue.
- Où tu l'as trouvé ? Aucune chance pour qu'il t'appartienne. Jamais le Chess Club ne prendrait un mec comme toi.
- Et c'est là que tu te trompes.
Elle fronça les sourcils.
- Tu peux pas être si doué !
- Je te dis que si.
Devant le regard toujours sceptique de Temari, Shikamaru finit par se lever.
- OK, tu me crois pas, alors viens le constater de tes propres yeux.
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Suis-moi.
Il attrapa sa manche et la tira en avant.
- Où est-ce que tu vas ? Râla-t-elle, en pressant le pas pour le rattraper.
- Tu vas voir, répondit Shikamaru en souriant.
On aurait dit que quelque chose s'était réveillé chez lui. Son regard était plus vif, et sa démarche presque alerte. Ils marchèrent ainsi une dizaine de minutes, zigzagant entre les immeubles, jusqu'à ce que le jeune homme ne s'arrête devant une porte sombre. Sans prendre la peine de frapper, il poussa le battant et tira Temari à l'intérieur.
- Mais qu'est-ce que... ? Commença-t-elle alors que la porte se refermait pour les laisser dans l'obscurité.
- Suis-moi.
- Mais je vois rien !
- T'as fini de te plaindre un peu ?
Temari allait répondre mais à ce moment là, elle sentit une large main chaude attraper la sienne et cela coupa court à toute velléité de revendication.
- Attention escalier.
Quelques marches glissantes plus tard, ils atteignaient un palier en sous sol qui sentait le moisi. Temari était encore sur le point de dire quelque chose quand Shikamaru ouvrit une porte faisant jaillir une lumière jaunâtre sur le sol. Il la poussa à l'intérieur avant de refermer la porte. Ils se trouvaient maintenant dans une pièce bas de plafond, très enfumée dont l'unique lumière provenait d'ampoules nues au plafond. La salle était assez large et remplie de nombreuses tables et chaises dépareillées, presque toutes occupées par des hommes de tous âges qui jouaient aux échecs. Revenue de sa surprise, Temari laissa tout de même échapper :
- Tu parles du Chess Club !
Mais Shikamaru ne l'écoutait déjà plus beaucoup. Il s'était avancé au milieu de la pièce, s'arrêtant de temps en temps à l'une ou l'autre des tables, jetant des regards intéressés aux parties en cours.
- Tu m'expliques ce qu'on fait là ? Commença Temari.
Mais à ce moment là, un homme d'un certain âge, largement pourvu en cheveux blancs et vêtu d'un ample kimono rouge, sortit de nulle part et saisit Shikamaru par l'épaule.
- Shikamaru, c'est un plaisir de te revoir par ici.
- Jiraya-senseï, tout le plaisir est pour moi.
Temari observa les platitudes d'usage avec un regard ennuyé. Cet endroit était bizarre, avec des gens bizarres. Sans compter qu'elle ne savait toujours pas ce qu'elle foutait là.
- Senseï j'ai un service à vous demander, dit alors Shikamaru. Cette demoiselle ici présente ne me croit pas quand je lui explique que j'ai quelques dispositions pour les échecs. Je me demandais s'il était possible de lui faire une petite démonstration...
- L'orgueil est un vilain défaut, répliqua le vieux avec un sourire. Mais bon je vois que l'enjeu est de taille...
Il reluqua Temari de la tête aux pieds avec un aplomb tel que Temari elle-même ne trouva rien à rétorquer.
- Alors, vous pouvez me trouver un adversaire digne de ce nom aujourd'hui ?
- Laisse-moi regarder ça, répondit le vieux en se détournant à regret de la jeune fille. Il me semble que Kakashi est seul ce matin. Mais je te préviens, il est de mauvaise humeur. Son dernier roman ne s'est pas terminé comme il l'aurait voulu.
C'est en effet un homme assez jeune, un bandeau sur l'œil avec un air morose qui attendait dans un coin de la pièce, en tapant impatiemment le bout de ses doigts sur l'échiquier.
- Bonjour Kakashi-senseï lança Shikamaru, en entraînant toujours Temari derrière lui. Comment allez-vous aujourd'hui ?
L'autre lui jeta un regard torve en ne faisant même pas mine de le saluer.
- Laissez-moi deviner reprit le garçon, Kiyoko ne va pas chercher Haruki à la fin des Quatres saisons de l'amour ?
- Cette pétasse... Ca fait quatre tomes que j'attends qu'elle se déshabille mais toujours pas !!
- Je vous présente Temari, dit Shikamaru. Je tiens à lui prouver que je sais jouer aux échecs alors s'il vous plait, ne m'épargnez pas.
- Ca tombe bien je n'en avais pas l'intention, grogna le dénommé Kakashi en avançant un pion.
S'ensuivit la partie la plus passionnante à laquelle Temari eut jamais assisté. Sans être elle-même une bonne joueuse, elle avait suivi des cours quand elle était plus jeune et savait reconnaître un bon jeu quand elle en voyait un. En fait elle ne vit même pas le temps passer, jusqu'à ce que, alors les deux partis étaient engagés dans un féroce combat mental, Shikamaru finisse par jeter un coup d'oeil à sa montre (en toc Temari pouvait le dire au premier regard).
- Kakashi, je crois qu'il va falloir nous excuser, mademoiselle doit sûrement avoir faim et à ce que j'ai cru comprendre elle n'a pas vraiment l'habitude qu'on la fasse attendre.
Il se redressa et repoussa sa chaise, faisant mine de se lever.
- Mais attends, le coupa Temari, toujours absorbée dans le jeu. Tu allais peut-être l'avoir ! Si tu bouges ton fou en F6...
- … alors il va bouger son cavalier et me coincer mon roi. Mais ne t'inquiète pas, je l'aurai la prochaine fois.
Temari était agacée. Plus que tout elle détestait avoir l'impression de perdre.
- La partie était pas finie, tu aurais pu...
- Je sais qu'elle n'est pas finie, la coupa-t-il, et j'ai bien l'intention de la gagner mais pour le moment j'ai envie d'aller manger quelque chose avec toi.
Elle le regarda avec des yeux ronds.
- Tu me dragues ?!
- Pourquoi pas ? Avoue que je t'ai impressionnée. J'ai bien le droit de profiter de mon petit effet pour passer un peu de temps avec une fille canon.
Elle haussa les sourcils.
- Si tu crois que c'est comme ça que tu vas m'avoir...
Il sourit, énigmatique en l'entraînant vers la sortie.
- Où est-ce que tu as appris à jouer comme ça ? Demanda-t-elle, une fois à l'air libre.
Il alluma une autre cigarette avant de répondre.
- Mon père adoptif était un très bon joueur. C'est lui qui m'a donné envie. Quand il est mort j'ai continué à aller à des rencontres comme celle que tu viens de voir. Et puis je suis devenu bon. Jiraya a même fini par me faire entrer au Chess Club, mais j'y vais jamais. Les gens là-bas n'aiment pas vraiment les échecs.
- Je suis désolée pour ton père.
Il haussa les épaules.
- Ca fait longtemps. Allez viens, je connais un marchand ambulant pas loin qui fait les meilleurs hamburgers de tout Tokyô.
- Tu m'emmènes manger des hamburgers ? Dit Temari sans faire aucun effort pour réprimer sa grimace de mépris.
- La nourriture du pauvre je sais. Mais jusqu'ici le meilleur remède que je connaisse contre la gueule de bois !
Il avait mis les mains dans ses poches, la cigarette au bec et avait l'air sincèrement heureux à l'idée de manger un hamburger. A sa grande surprise, Temari se dit qu'elle n'avait aucune envie de rentrer chez elle. Pire, elle avait réellement envie d'un hamburger.




Et c'est le gd retour du ShikaTema ! J'avoue que je me suis régalée à écrire leurs dialogues. Temari est réellement un personnage auquel il est très amusant de créer des mésaventures. Attendez vs par la suite à voir la relation entre ces deux là se complexifier encore. Par contre les scènes avc Itachi sont assez lourdes pcq son attitude est profondément pessimiste, il ne croit plus en rien. Qu'adviendra-t-il de son couple avec Kurenaï ? Et que deviennent Gaara, Neji et les autres ? A suivre...



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