Fiction: Paralèlles

Tokyo de nos jours. Neji, riche héritier d'une grande famille industrielle, enfermé dans sa bulle de luxe, se perd un jour dans la banlieue de la grande capitale japonaise. Il y rencontre Tenten son exact opposé : orpheline effrontée et extravertie, elle règne avec sa bande d'amis des rues sur la vaste banlieue Ouest. Confrontation entre deux milieux ou fresque urbaine romantico-réaliste. ^^ = Sujet de BASE !! (De multiples dérives sur d'autres persos et couples se feront dans cette fic... qu
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Saya-chan (Féminin), le 03/01/2012
Dans le Tokyô de nos jours, quelques vies s'entremêlent...
Dans les épisodes précédents, tandis que Sakura et Sasuke intensifient les recherches pour retrouver Itachi, Tenten après une mauvaise chute se fait emmener à l'hopital par Neji. Furieuse qu'il lui ai désobéï, qu'il ait payé ses frais et qu'il soit allé jusqu'à visiter son foyer, elle décide de ne plus lui adresser la parole. De son côté, Ino vit de plus en plus mal sa situation amoureuse sans pour autant se résoudre à quitter Gaara. Pour que les choses se dénouent il va peut être falloir que quelqu'un se sacrifie. Quant à Temari, il est l'heure pour elle d'ouvrir les yeux sur l'illusion qu'elle persiste à entretenir.




Chapitre 16: Evasion



Quand Tenten se réveilla ce matin là, elle avait les idées très claires. Son plan était simplissime et elle était assez sûre de son coup. Depuis deux jours, elle avait sympathisé avec la femme de ménage qui venait changer ses draps et passer le balai. Grâce aux précieuses informations de cette dernière, Tenten savait où et quand elle avait une chance de franchir les limites de l'hôpital sans être aperçue. Mais ce qu'il fallait d'abord, c'était récupérer son dossier, sans quoi elle ne ferait pas long feu à l'extérieur de l'hôpital, et puis elle n'aimait pas l'idée que toutes ses informations personnelles puissent être dans les mains de n'importe qui. Neji avait été la personne de trop.
Tenten sourit. Pour la première fois depuis un moment, elle se sentait maîtresse de son destin et c'était quelque chose d'incomparable que les multiples contraintes de sa vie quotidienne ne lui offraient pas souvent. Elle s'offrit même le luxe de sourire à son infirmière attitrée qui n'avait pas eu la chance de voir la moindre expression agréable sur le visage de la jeune fille depuis son arrivée dans cette chambre.
A midi, elle était prête. D'après Kyoko, la femme de chambre c'était l'heure la moins zélée de la journée. Le déjeuner c'était sacré pour tout le monde. Furtivement, elle se glissa hors de sa chambre en prenant bien soin à ce que personne ne la remarque, ce qui n'était pas chose aisée quand on boitait furieusement. Elle se dirigea d'abord vers les escaliers de secours où elle fracassa soigneusement la vitre qui protégeait la sonnette d'alarme en cas d'incendie. Le résultat fut presque instantané. En un instant, l'hôpital entier hurlait et s'agitait dans tous les sens si bien que Tenten n'eut aucun mal à se faufiler hors de la cage d'escalier jusqu'à un cagibi que lui avait indiqué la femme de chambre. Là elle trouva une blouse blanche à peu près à sa taille dans la poche de laquelle elle rangea un stylo pour faire plus crédible, avant de défaire ses chignons trop caractéristiques et de les arranger plutôt en queue de cheval passe-partout. Bon, restait son plâtre qui était le gros point faible de son plan. Enfin avec l'alarme qui hurlait toujours on pouvait imaginer que les gens ne prêteraient pas attention à une claudication, fut-elle sévère.
Tenten avait vu juste. Les couloirs de l'hôpital ressemblaient à une ruche attaquée et les infirmières et médecins étaient trop occupés à sortir les patients un par un, tout en veillant sur leurs perfusions pour remarquer qu'une nouvelle recrue brune boiteuse avait mis sa blouse à l'envers. Tout en prenant un air très occupée, Tenten se précipita à l'étage inférieur où se trouvait le bureau des admissions où d'après Kyoko toute la « paperasse » était rangée. Elle avait presque atteint la porte vitrée quand une voix l'interpella :

- Hé toi là bas, j'ai besoin de quelqu'un pour transporter le 727 !
- Euh, oui une minute... répliqua Tenten qui tenta de s'échapper discrètement.
- Non non j'ai besoin d'aide tout de suite !! insista l'homme, d'un ton sévère. Il est dans le coma et son lit est bloqué.

A défaut de trouver une idée lumineuse pour se sortir du pétrin, Tenten se retourna en prenant soigneusement soin de ne pas lever les yeux et entreprit de trouver ce qui coinçait dans le lit du patient 727. Ce n'était pas bien compliqué, la roue était simplement calée et elle eut tôt fait de la débloquer. Le médecin allait finalement emmener le 727 quand elle aperçut le visage de l'homme allongé dans le lit. Même blafard et incroyablement maigre, elle le reconnaissait. Ou du moins elle était sûre de l'avoir déjà vu quelque part. Mais où donc...

- Euh... il a quoi ?
- Qui ?
- Lui...

Elle pointa le 727 du doigt.

- Overdose, l'informa le médecin. Mais au fait, vous êtes qui ?
- Euh... stagiaire, marmonna Tenten avant de détaler aussi vite que lui permettait son plâtre.
- Hé attendez !

Mais la foule des abeilles paniquées engloutit le médecin et le 727 et Tenten put rejoindre le bureau des admissions sans encombre. Trouver son dossier ne fut pas difficile, et elle n'eut même pas à jouer la comédie pour le récupérer, le bureau étant resté sans surveillance. Son dossier sous le bras, elle rallia rapidement la sortie de secours indiquée par Kyoko décidément très utile. Quelques minutes plus tard, elle savourait l'air libre. Vite, elle se débarrassa de la blouse mais elle avait oublié un détail important : elle portait toujours le pyjama de l'hôpital plus reconnaissable tu meurs. D'ailleurs, la grand-mère derrière la cabine téléphonique la regardait bizarrement. Elle récupéra la blouse dans la benne à ordure et fit de son mieux pour avoir l'air de savoir où aller. Mais elle ignorait complètement où elle se trouvait et une demi-heure plus tard elle n'était pas plus avancée. Ce quartier lui était inconnu. Elle devina qu'elle se trouvait au delà de la zone résidentielle privilégiée où habitait Neji, peut-être même (elle frissonna) l'hôpital se trouvait-il en banlieue !! C'était à des dizaines de kilomètres de chez elle ! Et elle ne connaissait même pas la direction à prendre. Une fois de plus, il fallait improviser.

- Excusez-moi madame, je cherche à rejoindre le lycée Sakura, pourriez vous m'indiquer une direction ?

La jeune femme la dévisagea, ses yeux s'attardant sur sa blouse tachée et son plâtre. Elle fronça les sourcils. Tenten sut qu'il fallait se montrer plus convaincante.

- Il y a eu une bagarre et un des élèves a été blessé. On a demandé une infirmière mais c'est le bazar à l'hôpital, l'alarme incendie s'est déclenchée et du coup... ils ont réquisitionné les stagiaires...

Si elle avait été à la place de la dame, Tenten n'aurait pas cru un seul mot de son petit discours. Mais son interlocutrice paraissait pressée et peu soucieuse de connaître son histoire.

- C'est facile, il faut prendre la ligne 8 du bus et changer au niveau du boulevard Kan. Ensuite c'est la ligne 11 jusqu'à l'arrêt Sakura.
- Je vous remercie.

Une fois sur les toits, à suivre de loin la ligne 8, Tenten se sentit très satisfaite d'elle-même. On peut dire qu'elle s'était débrouillé comme un chef et pourtant c'était moins une... Tout à coup l'incident du patient 727 lui revint en mémoire. Qui diable était-il ? Où avait-elle pu le rencontrer ? Elle avait la vague impression que c'était important. Mais ça pouvait être n'importe où ! Il avait été frappé d'overdose... des drogués elle en avait vu par centaines ! Elle aurait bien voulu le sortir de sa tête pour savourer sa victoire tranquillement mais tout le monde a déjà vécu ça : quand quelque chose résiste à la mémoire alors qu'on sait pertinemment que l'information est quelque part et qu'on peut la retrouver, il est absolument impossible de penser à autre chose.
Tenten fronçait les sourcils de concentration. Pourquoi était-il si important ? Qu'y avait-il d'important dans sa vie ? La réponse lui vient naturellement : Neji. Cela avait un rapport avec Neji. Elle remonta le fil rapidement. Non pas Neji mais ses amis. Très vite, la réponse lui apparut. Elle savait où elle l'avait vu et elle savait pourquoi c'était si important. Elle avait aperçut ce garçon de loin, à une soirée qu'il organisait à l’Éclipse et où Neji l'avait invitée. Et il ressemblait furieusement à son ami, le brun taciturne qu'elle avait vu en compagnie de la fille aux cheveux roses. Or, ce jour là, elle les avait entendus. Ils cherchaient désespérément le grand frère, drogué notoire, qui avait disparu.

***

Temari se sentait inexplicablement mieux. Depuis quelque jours, elle gambadait, chantonnait, se montrait agréable même avec ses domestiques, qu'on était plus sensé appeler comme ça mais Temari persistait. Elle n'élucidait pas le pourquoi de sa bonne humeur mais elle en profitait à fond. Au début, elle avait tenté d'y associer Neji en lui proposant des sorties mais l'humeur de ce dernier était précisément à l'opposé de la sienne, si bien qu'elle finit par lâcher l'affaire et en profita même pour le tromper avec le DJ rencontré à l’Éclipse et qui attendait ça depuis trop longtemps. C'était fun bien qu'il fut totalement dénué d'esprit ce dont Temari se moquait totalement une fois au lit. Elle n'avait aucun remord vis à vis de Neji vu son comportement exécrable ces derniers jours. Il paraissait extrêmement tendu et anxieux et un rien l'angoissait. Par exemple, hier il lui avait fait tout un cirque parce qu'il y avait eu une fausse alerte incendie à l'hôpital du coin. Temari se disait bien que quelque chose clochait avec son petit ami mais elle ne se sentait pas concernée. D'ailleurs étaient-ils encore ensemble ? Elle n'avait pas envie d'y réfléchir et préféra choisir avec soin son maillot de bain pour aller bronzer sur sa terrasse.
Elle y trouva Gaara qui se morfondait, les yeux dans le vague. Temari aimait beaucoup son frère aussi bizarre et lunatique qu'il pouvait être des fois, et elle n'aimait pas le voir dans cet état.

- Gaara, qu'est ce qui se passe ? Demanda-t-elle en se doutant de la réponse de son frère.
- Rien, répondit-il en levant les yeux vers elle et en s'efforçant d'avoir l'air épanoui.

Temari savait qu'elle n'arriverait jamais à lui faire avouer ce qui le tracassait. Mais en réalité elle n'en avait pas besoin. Il aurait fallu être aveugle pour ne pas voir que le problème c'était Ino.

- Tu n'arrives pas à savoir ce qu'elle a ?

Gaara comprit tout de suite à qui elle faisait allusion et décida que parler un peu à sa sœur ne pourrait pas lui faire de mal même si exposer ses ruminations n'était pas tellement son truc.

- Elle est malheureuse, dit-il, et Temari pensa tout de suite qu'il l'était certainement tout autant qu'Ino.
- Elle a peut-être des ennuis chez elle, tenta Temari qui ne croyait pas un mot de ce qu'elle disait.
- Non, je pense que le problème vient de moi, dit Gaara sur un ton tristement résolu.
- Je ne pense pas, répondit Temari cette fois en toute sincérité.

Elle pensait à Saï. Il fallait être une fille pour deviner que la tête que tirait Ino depuis quelques jours était due à un chagrin d'amour. Gaara ne pouvait pas comprendre. Si Ino ne lui avouait pas la vérité il resterait dans son incertitude, malheureux. Temari fut soudain en colère contre son amie. Elle se comportait vraiment comme une égoïste. Elle ne pouvait pas ne pas avoir remarqué la détresse de Gaara mais elle faisait comme si de rien n'était et se complaisait dans ses propres problèmes.

- Tu sais quoi, je vais parler à Ino, annonça-t-elle, résolue, en se levant.

En une fraction de seconde, Gaara était debout et lui barrait le chemin. Une lueur inquiétante brillait dans ses yeux.

- C'est hors de question, déclara-t-il d'une voix lente et mesurée.
- Mais pourquoi ? Insista Temari qui trouvait qu'elle était dans son bon droit de protéger son petit frère contre une salope égoïste.
- Parce que c'est ma vie privée et que je te demande de t'en tenir à l'écart.
- Enfin Gaara, je veux simplement t'aider...
- Mais tu comprends pas ! C'est MA vie Temari et t'as aucun pouvoir là dessus OK ? Tu crois peut-être que tu peux tout contrôler, que tout le monde va gentiment t'obéir simplement parce que tu le demandes ? Mais tu te trompes Temari, tu n'es la reine de personne.
- Je n'ai jamais...
- Tu crois que je n'ai pas vu quand tu t'es permise de mettre en garde Ino ? Quand tu lui as carrément demandé de m'aimer !!?
Temari était stupéfaite.
- Tu ne vois pas que ce que tu construis c'est du vent. Les gens ne t'admirent que pour ton fric ou ton physique, même Neji a fini par se rendre compte que tu n'étais pas si intéressante que ça.

Là, Temari devint livide.

- Comment peux-tu dire une chose pareille ?
- Réfléchis un peu. T'es pas bête, tu te rendras vite compte de ce qui se passe, mais pour ça il faut un peu ouvrir les yeux et accepter le monde réel ma grande.

Sur cette déclaration fracassante, Gaara quitta la terrasse à grands pas furieux.
Temari était anéantie. Elle ne comprenait pas ce soudain accès de rage de son frère, pourtant coutumier du fait. Pour la première fois, il s'en était pris à elle. On ne peut pas dire qu'ils avaient jamais été proches mais elle avait toujours été épargnée lors de ses crises de colère. Cela dit, cela ne ressemblait pas à ses accès de rage habituels. Au contraire Gaara avait été particulièrement cohérent et il paraissait se retenir. Était-il sérieux ? Pensait-il vraiment ce qu'il venait de dire ? Temari avait du mal à y croire. Il semblait la considérer comme une horrible marâtre autoritaire, doublée d'une capricieuse. Temari voulait bien reconnaître qu'elle aimait bien quand tout lui obéissait et qu'elle se mêlait volontiers de ce qui ne la regardait pas (elle ne pouvait pas nier cette conversation qu'elle avait eue avec Ino) mais était-elle vraiment si horrible ? Et ce qu'avait dit Gaara sur Neji la blessait. Bien sûr Neji n'était pas aussi important pour elle que n'aurait du l'être un petit ami ordinaire, oui elle l'avait un peu choisi parce qu'il était beau et riche mais elle l'estimait quand même et qu'il la méprise la heurtait.
Son beau moral fondait comme neige au soleil. Il était peut-être temps de faire son introspection. Or Temari n'aimait pas la difficulté c'était quelque chose qu'elle ne connaissait que de très loin. Elle préféra la fuite qui se présenta sous la forme de son scooter et quitta la maison, en espérant naïvement que les paroles de Gaara se disperseraient dans le vent.
Mais c'était peine perdue. La voix furieuse de son frère résonnait encore sous son casque et elle était plus distraite que jamais. Elle pensa au mec qu'elle avait failli renverser, et eut soudain envie de le voir avant de se rappeler que lui aussi la prenait pour une gosse gâtée et capricieuse. Restait-il une seule personne dans son camp ? Temari fit le compte et ne trouva personne. Toutes les filles avec qui elle traînait, comme Ino ou Sakura n'avaient jamais été très proches d'elle, au fond elles étaient toutes les faire-valoir de l'autre, sauf peut-être Ino pour Sakura et vice-versa. Les deux filles avaient toujours été liées, dès la maternelle. Mais Temari, elle, était seule. La vérité la frappa soudain avec l'impact d'une voiture lancée à pleine vitesse. Elle était seule. Comment était-ce possible, elle qui avait mis tant d'application à séduire tout le monde ? Gaara avait-il raison ? Tout cela n'était-il que du vent ? Elle avait besoin de se rassurer, et pensa que Neji pourrait remplir ce rôle. Après tout, peut être que Gaara avait seulement voulu être mesquin en faisant allusion à Neji et si ça se trouve celui ci était toujours aussi fou d'elle. Elle se raccrocha de toutes ses forces à cette pensée en mettant le cap sur la demeure des Hyuuga.
Elle fut très vite déçue. La demeure était vide, Neji était parti. Jusqu'à présent, elle pensait qu'elle était la seule personne capable de faire sortir le jeune homme de sa tanière, et il se trouvait que non. Elle se demanda combien d'illusions elle conservait encore. Profondément abattue, elle remonta sur son scooter. Elle avait besoin d'un verre.
Instinctivement, elle retourna au bar où elle avait revu le garçon avec la coiffure bizarre. Évidemment, il n'était pas là, mais si ça se trouve, il repasserait dans l'aprèm. Temari se décida à l'attendre. Elle ne savait pas pourquoi et se rendait à peine compte de l'absurdité d'attendre quelqu'un à qui on a pas donné rendez-vous. Pour la première fois de sa vie, elle venait de subir une défaite. Et une défaite magistrale.

***

Gaara errait dans le quartier en se demandant s'il était plus furieux que malheureux ou bien l'inverse. Certes, il avait explosé face à sa sœur à peine quelques instants plus tôt, mais c'était parce que, depuis un moment, il touchait le fond. Il était à cran jour et nuit. D'aussi loin qu'il se souvienne, il avait toujours été torturé. Il ignorait d'où lui venait cette inaptitude au bonheur qui faisait de lui un être taciturne et solitaire que même sa plus proche famille avait des difficultés à comprendre. Gaara ne s'expliquait pas sa nature, cependant, il pensait naïvement que l'arrivée d'Ino dans sa vie atténuerait en quelque sorte la malédiction qui pesait sur lui.
Bien sûr, elle lui avait toujours plu. Depuis le début, il aimait sa joie de vivre, son grand cœur et ses manières délurées. Mais il ne parvenait pas à s'imaginer avec elle. Quelque part, il était intimement convaincu que ça ne marcherait pas, pire, que ça les rendrait tous les deux malheureux. Il avait néanmoins fini par se décider ce fameux soir en boîte. En observant la réaction de ce garçon brun devant Ino et la réciproque, il avait cruellement senti la morsure de la jalousie. Il s'était alors dit que merde, pourquoi pas lui ? Et il s'était lancé. Il n'avait pas regretté, du moins pas dans les quelques jours qui suivirent. Ino avait éclairé sa vie. Il avait du mal à croire que ça lui arrivait à lui, depuis si longtemps seul et malheureux. Comment une simple fille pouvait-elle tout remettre en question ? Au début donc, tout allait bien. Il n'en croyait pas ses yeux. Et puis petit à petit, il avait senti qu'elle s'éloignait. Tout se passait toujours bien entre eux, mais elle était imperceptiblement distraite et avait l'air gênée par quelque chose. Cela l'avait profondément perturbé. Au fond de lui, il se disait qu'il l'avait toujours su, qu'il n'était pas fait pour le bonheur, et que tout cela finirait mal. Mais il était désespéré à l'idée d'abandonner le sentiment de plénitude qu'il éprouvait à chaque fois qu'il était avec elle. Pour finir, elle s'était enfoncée dans un mutisme buté qui l'angoissait.
Il n'était pas idiot. Il avait parfaitement compris quels sentiments elle nourrissait pour l'artiste brun et ce depuis le premier soir. Si Gaara y avait connu quelque chose il aurait su que cela s'apparentait à un coup de foudre réciproque. Il savait qu'il s'était décidé trop tard. Mais il avait cependant envie d'y croire. Il se disait qu'il aimait sincèrement Ino et que même si elle était attirée par l'artiste, ça pouvait marcher quand même, il n'exigeait pas un amour unique et inconditionnel de sa part. Maintenant, il devait bien reconnaître qu'il s'était trompé. Ino était malheureuse, peut-être à cause de lui, de l'artiste ou bien des deux. Il avait échoué et cette pensée le minait. Il s'efforçait de se persuader que ce n'était pas grave mais au final, la même idée le hantait toujours : il n'était pas fait pour le bonheur.
Consterné mais résolu, il composa le numéro d'Ino.

***

Le même jour, Saï s'éveilla vers midi avec la gueule de bois. Comme chaque matin depuis quelques jours, il pensa que dans moins de 3 semaines, il n'ouvrirait plus les yeux sur le confort relatif de son appartement mais sur la rue. Pour la énième fois il se demanda ce qu'il allait bien pouvoir faire. Avec son salaire d'artiste livreur de pizza, il ne fallait même pas rêver à un prêt. D'ailleurs, même un prêt ne serait que temporaire. Il fallait voir à plus long terme. Mais il avait tellement mal à la tête qu'il renonça une fois de plus à faire des projets.
La vérité, c'est que Saï ne possédait aucune confiance en lui. Même le succès de ses expositions ne parvenait pas à éveiller en lui une quelconque estime de lui-même. Tenten s'acharnait à lui répéter qu'avec son talent, il pourrait aller bien plus loin, mais il ne la croyait pas. En fait, il ne connaissait rien à l'art et encore moins à son marché. Il se contentait de dessiner et s'il avait de la chance, il vendait quelques unes de ses toiles, mais il n'avait pas la moindre idée de ce que ses dessins valaient vraiment. Tenten, toujours suspicieuse, lui disait de se méfier de son prétendu agent et lui racontait que ses œuvres attiraient toujours plus de monde dans la galerie. Mais il ne parvenait pas à s'y intéresser. En parlant de Tenten, comment allait-il lui annoncer que dans quelques semaines il n'aurait plus de toit ? Cet appart était autant son refuge que le sien. D'ailleurs, il se demandait où elle était passé. Elle n'avait pas réapparu depuis au moins 3 jours et bien que ce ne fût pas la première fois, Saï se sentait un peu anxieux.
Pour se forcer à arrêter de ruminer, il se leva avec peine et alla se réchauffer une tasse du café de la veille qu'il avala en fixant par la fenêtre la façade en béton défraîchi de l'immeuble à côté. Il avait parcouru les petites annonces d'appartements, mais il semblait que la hausse du cours de l’immobilier fut un mouvement général et il ne trouva rien qui fut dans ses moyens actuels. Désormais majeur, le foyer ne pouvait plus rien pour lui. Il ne lui restait aucune option. Dans un sursaut de combativité, il se décida à descendre chercher dans les petites annonces si un job à temps partiel ne pourrait pas lui convenir.
Il en était à la troisième agence et il était presque 4 heures quand quelqu'un lui sauta brutalement dessus.

- Ah te voilà enfin !! Je suis passée à ton appartement mais il n'y avait personne et ça fait au moins 2 heures que je vadrouille au hasard.

C'était Tenten, mais fringuée bizarrement, avec une blouse d'infirmière et presque méconnaissable sans ses deux macarons. Malgré tout, Saï était drôlement content de la voir.

- Je me demandais où tu étais passée, dit-il de sa voix calme et en esquissant un sourire.

C'est à ce moment là qu'il aperçut le plâtre à sa cheville.

- Mais... qu'est-ce qui s'est passé ?

Elle fit la grimace.

- Un petit contretemps mais ne t'en fais pas, tout est réglé.
- Mais Tenten et la facture que tu vas devoir...

Elle le coupa d'un geste.

- Tout est réglé je te dis, j'ai un plan.

Saï émit un grognement un peu sceptique mais n'ajouta rien. Cette histoire tombait au pire moment pour lui et il était réduit à l'impuissance. Devinant ses états d'âme, Tenten balaya l'espace devant elle, comme pour chasser ses préoccupations.

- Ne t'en occupe pas d'accord, je me débrouille. A côté de ça, faut qu'on discute toi et moi.

Saï leva des yeux interrogateurs. Tenten avait l'air embêtée et hésitait visiblement à cracher le morceau. Finalement elle dit :

- Je suis au courant pour ton appart.

Saï vécut la nouvelle comme une douche froide.

- J'ai pas fait exprès, ajouta-t-elle précipitamment. Je suis tombée sur la lettre de saisie, alors que je cherchais une couverture...
- Tu...
- Écoute Saï, on va trouver une solution d'accord ? Avec mon job au chantier, il me reste une petite centaine d'euro est-ce que tu crois que...
- Tenten, c'est pas de l'argent qu'il me faut, c'est une nouvelle vie.
- Hein ?
- La vie est de plus en plus chère, je ne peux simplement pas continuer comme ça. Tu pourrais me sauver cette fois-ci, mais tôt où tard, je serai de nouveau exposé. Il faut que je trouve un autre job, stable et bien payé.

Tenten eut un air angoissé.

- Saï, tu sais à quel point...
- C'est difficile, je sais. Mais j'ai plus le choix là, tu vois. Va falloir que je me démerde.

Elle acquiesça d'un signe de tête.

- D'accord, mais prends les 120 euros, tu pourras peut-être rester encore un mois.

Il secoua négativement la tête.

- Non c'est fichu. Je dois quitter l'appart dans 3 semaines. D'ici là, il faut que j'ai les moyens d'en louer un autre.

Tenten ne s'était jamais sentie aussi désespérée. Changer de vie en 3 semaines, et puis quoi encore ? Ce fut Saï qui tenta de se montrer rassurant.

- Ça va aller, dit-il en lui posant une main légère sur l'épaule.

Mais il savait que ça n'allait pas du tout.

- Bon, et si tu me racontais comment tu te retrouves avec un plâtre et une blouse d'infirmière à l'envers ?




J'aime beaucoup la complicité entre Saï et Tenten, je pense qu'on peut parler d'une vraie solidarité alors que du côté des élèves du Sakura les relations sont surtout basées sur l'image qu'on souhaite renvoyer. Torturer Saï et Gaara n'a par contre pas été très facile, j'adore ces deux personnages mystérieux et plein de failles. A l'inverse, remettre Temari à sa place a été assez jouissif ! Son personnage va devenir plus intéressant par la suite, à mesure qu'elle prend conscience de ses propres problèmes... J'ai également hâte de faire réapparaître Shikamaru qui vous l'avez deviné va surement jouer un grand rôle dans la métamorphose de notre peste préférée. Malheureusement ce n'est pas encore pour tout de suite, il faut revenir un peu sur Sakura et Sasuke... J'espère que vous suivez toujours, et que la fréquence de parution des chapitres ne vous perd pas un peu dans l'évolution de l'histoire. Merci à ceux qui me lisent encore et qui postent des avis toujours encourageants !
Prochain chapitre : L'envol et la chute.




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