Fiction: Entre ciel et terre, entre amour et vengeance (terminée)

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J’étais heureuse. Oui, en y réfléchissant, je pleurais souvent, mais j’étais heureuse. En tout cas ça ressemblait à du bonheur.
Non, en fait, la vie ne pouvait pas être plus belle.
J’avais une multitude d’amis à qui parler. J’avais surtout, deux meilleurs amis.
Le premier, malgré ses gaffes constantes et son don pour me faire sortir de mes gonds, avait toujours été là, dès le premier jour. C’était Naruto.
La seconde était mon éternelle rivale, mais l’amitié avait finalement triomphée. Même si je me refuse à l’avouer, elle a toujours été mon modèle. Je l’admirais. Avec ses magnifiques cheveux dorés et sa ligne parfaite, Ino avait fait chavirer le cœur de plus d’un shinobi. Elle m’avait consolée, aussi, plus d’une fois.
Et puis, à cette époque où tout allait pour le mieux, j’avais un maître. Le plus grand maître qu’un ninja puisse avoir.
Tsunade-sama, le cinquième Hokage en personne.
Avec elle, j’ai appris à me battre.
Avec elle, j’ai appris à sauver des vies.
Je me croyais plutôt douée dans ce domaine. Il faut croire que j’étais dans l’erreur.
Parce que je n’ai pas réussi à la sauver, elle.
J’ai tout essayé, pourtant. Durant ses dernières heures, je l’ai veillée, j’ai bandé ses multiples blessures, j’ai tenté de la soigner avec mon chakra. Toutes les techniques de soins qu’elle m’a apprise, je les ai appliquées sur son corps ensanglanté. J’ai réussi à stopper l’hémorragie. Mais c’était trop tard.
De ses beaux yeux noisette, elle m’a regardé. Il y avait de l’affection, je crois, dans ses yeux. Un peu de fierté, peut être. Elle m’a souri. Et puis son regard s’est voilé. Ses magnifiques yeux reflétaient les étoiles qu’elle ne verrait plus jamais. Mes larmes n’ont put s’empêcher de couler. Je m’étais retenue de pleurer durant ses longues heures d’agonie, me forçant à espérer. Mais l’espoir venait de s’envoler, en même temps que le chakra de mon maître. J’ai serré mes poings si fort que mes ongles se sont enfoncés dans ma peau. Le sang a commencé à goutter sur le sol déjà rouge. Ploc, ploc. J’ai pleuré longtemps, sur le corps de Tsunade. Mes sanglots désespérés s’accompagnaient de l’incessant ploc, ploc.
Ploc, ploc.
Ploc, ploc.
Soudain, mes larmes se sont taries. A croire que j’avais épuisé toutes mes réserves. J’ai regardé une dernière fois le visage de celle à qui je devais tant. Le jutsu de jeunesse avait disparu. Mais même avec des rides, Tsunade restait la plus belle femme que j’ai jamais connue. Mon regard s’est posé sur la flaque de sang, de mon sang, qui s’écoulait de mon poing. Je l’ai porté à ma bouche. J’ai ressenti un goût de fer. A cet instant là, je n’étais plus qu’un bloc de haine. Il m’avait fait tombé dans le même piège dans lequel lui-même était tombé, des années plus tôt.
- Je jure, murmurais-je, que je vengerais mon maître. Je le jure, sur mon sang. Je te tuerai. Tu entends ? Je te tuerai, Sasuke !
Et voilà, j’étais condamnée. J’ai juré, comme lui l’a fait à la mort de ses parents.
Je me suis levée, et j’ai contemplé les ruines qui avaient été, le bureau de l’Hokage. Ce même endroit où Sasuke avait lâchement attaqué Tsunade, alors qu’elle somnolait sur son bureau, comme à son habitude. Elle n’a pas pu se défendre. J’ai entendu une énorme explosion. J’ai couru, aussi vite que j’ai pu. Mais, pour changer, je suis arrivée trop tard. Quand j’ai pénétré dans ce qui restait du bureau, Sasuke était là, grand, froid, arrogant, Tsunade à ses pieds. Tsunade qui se mourrait déjà. Il a été impitoyable avec elle. Il l’a transpercé de part en part, sans lui laisser la moindre chance. Je me suis ruée sur lui. Il a été trop rapide. Il s’est enfui, sans un regard pour moi. Moi qui, il n’y a pas si longtemps, le considérais comme l’homme de ma vie. Moi qui, tant de fois, ai pleuré pour lui, parce qu’il était parti, et ne revenait pas.

Et maintenant, me revoilà, accroupie, misérable créature couverte de sang, et pas seulement du mien.
Il fait nuit. Pendant un court instant, je me suis crue protégée, au milieu de ces arbres touffus. J’ai cru pouvoir rester ici, pour l’éternité. Mais je devrais bien affronter le regard des autres, tôt ou tard.
Je devrais bien assumer ce que j’ai fais.
J’entends les cris de Lee et de Tenten. Ca fait des heures qu’ils me cherchent.
Car depuis trois jours, j’ai déserté Konoha. Je l’ai poursuivi. Ca n’a pas été de tout repos, je dois dire. Mais j’ai fini par le rattraper, dans cette forêt. Et le combat a commencé.

Je n’aurais jamais pensé être capable de le battre un jour. Simplement, mes yeux étaient tellement aveuglés par la haine, par le désir de vengeance, que je l’ai attaqué, sans réfléchir.
La colère décuple les forces.
Le combat a été rude et long. Il ne m’a pas loupé, lui non plus. J’ai plusieurs côtes cassées, le sang coule de ma bouche, et mon mollet gauche se vide de son sang.
Mais voilà, lui est mort, alors que moi, je suis toujours vivante, bien que mal en point.
Il est mort sans un mot, pas même une excuse. Mais venant de lui, fallait pas rêver.
Par contre, jusqu’à ce que ses yeux se ferment, il n’a pas arrêté de m’observer. Je l’ai laissé faire. Ce moment a été le seul où j’ai put lire en lui. Hein, Sasuke ? Tu étais surpris, pas vrai ? Qui aurait cru, que la gentille Sakura, Sakura qui t’aimait tant, aurait pu t’infliger toutes ces blessures mortelles ? Pas toi, en tout cas. Ta plus grande erreur a été de me sous-estimer. Sans blague, tu pensais vraiment que j’allais te laisser en vie, après que tu aies tué mon maître ? Baka. Tu as toujours été trop sûr de toi. C’est ce qui t’a perdu.
Mon estomac se contracte. Je crache du sang, je crache sans pouvoir m’arrêter. Mes côtes me font horriblement mal. Ma vue se trouble. J’entends des voix :
- Tenten, où es tu ? Kuso, on n’y voit rien dans ce trou…
Quelque chose me heurte.
- Qu’est ce que… Bon sang, Sakura ! Tenten, viens m’aider ! Je l’ai trouvée ! J’ai trouvé Sakura !
Apparemment, ce quelque chose, c’était Lee, qui ne m’avait pas vu, dans l’obscurité. Je le sens qui s’accroupit à côté de moi. Il pousse un cri. Il a dût remarquer le corps inerte de Sasuke, devant moi.
- Lee ! et… oh, Sakura !
Tenten a remarqué, elle aussi. Mais ils ne disent rien. Il n’y a rien à dire. Je sens qu’on m’allonge au sol. Tenten commence à bander ma jambe blessée. Des bruits lointains se font entendre.
- Naruto et Ino arrivent, dit Lee.
Je me force à garder les yeux ouverts. Lee se penche sur moi. Dans ses grands yeux, je peux lire l’inquiétude, l’incompréhension aussi. Il s’efforce de ne pas me juger. C’est si facile de lire en toi, Lee. Pas comme celui dont je viens de prendre la vie. Dans un dernier effort, je murmure :
- Qu’aurais tu fais, si Sasuke avait tué Gaï-sensei ? Dis moi, qu’aurais tu fais, Lee ?
- Probablement la même chose que toi, Sakura.
Des cris montent dans l’obscurité, mes deux meilleurs amis sont arrivés. En me voyant allongée sur le sol, Ino hurle mon nom. Bientôt, je sens son chakra qui tente de me guérir. Elle, je sais qu’elle ne m’en voudra pas. Elle est avec Choji, maintenant, ça fait un moment qu’elle ne pense plus à Sasuke. Et puis, Tsunade était son maître, à elle aussi.
Par contre, Naruto… Je le distingue, accroupi, comme tous les autres. Mais ce n’est pas ma main qu’il serre. C’est celle de Sasuke. Son meilleur ami. Son frère de cœur, que je viens de lui enlever. Enfin, il daigne me regarder.
C’est ce regard, si triste, si déçu, qui me fait perdre connaissance.


J’aurais bien aimé vivre encore un peu. Histoire de parler une dernière fois aux gens que j’aime. Quoique, maintenant, je ne suis plus tellement sûre qu’ils veuillent vraiment m’écouter.

Au moins, je vais rejoindre mon maître. J’espère vraiment atterrir au paradis, avec elle.
Parce que si j’atterris en enfer, je retrouverai Sasuke. Et ça je ne le supporterai pas.

Bye bye, tous. Je vous aime.
A toi, Shizune, qui a au moins autant souffert que moi de la mort de Tsunade.
A toi, Ino, à qui je souhaite de vivre heureuse avec l’homme de ta vie, Choji. Au moins, toi, tu l’as trouvé.
A vous, Kakashi-sensei, qui avez toujours été là. Je me demande si vous me traiterez d’idiote, lorsque vous aurez appris ce que j’ai fait. Ou alors, serez-vous fier de mes progrès ?
A toi, Saï, mon coéquipier. Pardonne-moi tous ces coups que je t’ai donné, mais tu ne sais vraiment pas y faire avec les filles.
A tous les autres, mes amis. Tenten, Lee, Neji, Kiba, Shino, Shikamaru, Choji, Hinata.
Merci, vivez heureux. Oubliez moi, je ne vaux pas la peine que vous me pleuriez.

Et enfin… A toi, Naruto. Si tu savais comme je suis désolée. D’un autre côté, je ne regrette pas. Je devais le tuer, même si c’était ton meilleur ami. J’espère que tu ne m’en veux pas trop.
J’aurais aimé te le dire, mais… je n’en ai pas eu le temps. Ni le courage.

Bon, je crois que c’est tout. Adieu, alors.
…
…
…
…
Bon, c’est quand que j’arrive au paradis, là ? Pourquoi il se passe rien ?
J’aime pas ce silence.
…
…
Tiens, j’entends des voix.
- T’es sûre qu’elle va se réveiller ?
- Mais oui, ne t’inquiètes pas. Sa vie n’est plus en danger.
- T’es sûre hein ?
- Lee, si tu n’arrêtes pas je te fais sortir de la chambre.
- Non, pas ça ! C’est juste que… elle a failli y passer, et puis ça fait des heures qu’on attend.
- Sa guérison dépend d’elle, à présent.
- Ben pourquoi elle se réveille pas, alors ?
- Peut être qu’elle a pas envie de voir ta tronche ?
- Tenten ! T’es dure !
- Niak niak.
- Arrêtez, vous deux.
- Eh, regardez, elle a bougé !
J’ouvre les yeux. Tout est blanc, autour de moi. Le plafond, les murs, les draps… Je ne savais pas que le paradis ressemblait à une chambre d’hôpital.
…
Hein ? Une chambre d’hôpital ??
J’essaye de bouger la tête. Je me redresse, pour retomber aussitôt sur mon oreiller. J’ai mal partout.
- SAKURA !!
Ce cri me fait sursauter. Ino se précipite sur moi et me serre dans ses bras en pleurant, bientôt suivie de Lee, Tenten et Shizune. Quand ils s’écartent enfin, je ne suis pas dans un meilleur état. Mes cheveux roses tombent lamentablement sur mon visage, et je peine à reprendre ma respiration. Bon sang, on n’a pas idée d’étouffer une amie qui sort juste du coma ! Mais je suis bien contente de les retrouver. Au moins, ces quatre là n’ont pas l’air de m’en vouloir. Ino retape mon oreiller, et je les aperçois. Eux, ils sont restés en retrait. Mais ils sont tous là, dans cette chambre d’hôpital. Ils me regardent. J’ai beau cherché, je ne décèle pas de colère ou de mépris dans leurs yeux. Juste du soulagement. Des larmes, parfois. Hinata pleure de tout son soul dans les bras de Kiba.
Mes amis…
Ils sont là, réunis.
Ils me bombardent de questions, prennent de mes nouvelles.
Ils ne m’en veulent pas.

La vie peut être merveilleuse.

La folie des retrouvailles passée, ma chambre se vide. Le soleil se couche, dans un magnifique ciel rougeoyant. Ne reste plus qu’Ino près de moi. Je lui demande, tentant en vain de maîtriser les tremblements de ma voix :
- Où est Naruto ?
C’est le seul qui n’était pas présent, à mon réveil. Le seul.
Je la vois qui baisse les yeux.
- Au cimetière. Sur la tombe de… Sasuke.
Je me mords la lèvre. Ainsi, il a choisi. Je garde un visage impassible.
- Merci, Ino. Je vais me reposer, maintenant.
Elle me borde, et m’embrasse sur le front.
- Si tu as besoin de quoi que ce soit, n’hésite pas.
Elle quitte la chambre, ferme la porte. Les larmes coulent sur mes joues. Je pleure en silence. Le désespoir me prend. J’ai été si naïve. Comment pourrait-il me pardonner un jour ? Je lui ai pris son meilleur ami, en croyant que je pourrais le remplacer. Mais je ne compte pas assez, pour lui. Alors que Sasuke… Mais Sasuke est mort. Par ma faute.

Par ma faute, l’ami qui m’est le plus cher se retrouve seul, comme avant.
Je ne supporte pas d’être la cause de tant de souffrance.

Mue par une soudaine impulsion, je bondit de mon lit, et me rue hors de la chambre. Je grimpe les étages, encore et encore… Jusqu’à arriver sur le toit. Je m’avance. De mes yeux brillants de larmes, j’admire le paysage. D’ici, Konoha est magnifique. Les visages de pierres me font face. Le soleil couchant les domine. C’est si beau…
J’avance encore. Quelques pierres tombent du toit. Je suis au bord.
Un pas de plus, et je tombe.
Un pas de plus, et fini les soucis.
Un pas de plus…
Je regarde en bas. J’ai le vertige. La nausée me prend, mais je ne recule pas.
A trois, ma vie s’achève. A trois, je dis adieu à tous ceux que j’aime. A trois, je rejoins Tsunade.
A trois je saute.
Un…
Un cri monte, du bas de l’hôpital.
Deux…
Un fracas de fin du monde dans les escaliers.
Trois.
Je sens qu’on me tire par derrière. Je recule, malgré moi. On me force à me retourner. Et là, je le vois.
A quelques centimètres de mon visage, Naruto me fixe intensément.
- T’es vraiment trop bête, ma fleur de cerisier, murmure-t-il.
- Na… Naruto… bégaie je.
- Et ouais. Je suis de retour.
C’est trop. J’éclate en sanglots.
- Pardon, Naruto ! Je… je m’en veux tellement !
- Sakura.
Je continue de pleurer. Il répète :
- Sakura.
Rien à faire, je suis un vraie fontaine. J’essaie de me libérer de son étreinte. Il me serre contre lui, plus fort.
- Tu n’as rien à te reprocher, Sakura.
Ai-je bien entendue ?
- Non, tu ne rêves pas. Je ne te reproche rien, Sakura. Tu as fais ce que tu avais à faire. La vie continue.

Je lève les yeux vers lui. Il a toujours été là. Il est encore là. Et, dans les années à venir, il sera là, encore et toujours.
Il ne m’a jamais laissé tomber.
Un sourire vient illuminer mon visage humide. Je me pelotonne contre lui, guérie.


Me voyez vous, de là haut, Maître ?
Je suis désolée, j’aurais aimé vous revoir, mais il faudra attendre un peu.
J’ai toute la vie devant moi…


Je suis heureuse.

Définitivement.

En même temps, trouver l’homme de sa vie, ça aide.

Avoir des amis fidèles aussi.

Entre ciel et terre, il y a un monde.

Entre amour et vengeance, il y a une vie.




Voilou, mettez des coms svp !
Merci d'avoir lu !
Nibouilles ! ^^

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