Fiction: La chute

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Alors que se profilait devant lui le croisement qu'il devait emprunter pour rentrer chez lui, le ninja copieur bifurqua, pour se retrouver sur un autre chemin, qu'il connaissait par coeur. Encore affaibli par les combats, il ne se risqua pas à courir, mais pressa le pas pour arriver jusqu'à une stèle assez isolée. Il soupira, songeant que les guerres n'avaient de cesse de lui retirer les personnes importantes de sa vie. D'abord son père, puis Obito et Rin, maintenant Jiraiya... Au moins, Naruto et Sakura allaient bien. Les deux jeunes juunin ne le savaient pas, mais c'était grâce à eux qu'il avait surmonté sa peine, et son sentiment de culpabilité, autrefois.


Au cours d'une de ses entrevues avec Sandaime, peu avant d'être désigné sensei de l'équipe 7, il avait craqué. Lui que tout le monde considérait comme distant et détaché de tout avait soudainement laissé tomber son masque et pleuré toutes les larmes de son corps, ouvrant pour le première fois son coeur à quelqu'un. Il avait tout dit à Sarutobi: bien sûr il aimait Rin de tout son cœur, mais comment aurait-il pu aller la sauver, sachant que cette même attitude avait eu raison de son père ? Et à cause de lui, Obito avait trouvé la Mort, et il avait dû faire face à sa culpabilité des années durant, et...

Quand finalement il avait réussi à se calmer, le Sandaime avait simplement posé une main sur son épaule, et prononcé ces quelques mots, qui avaient changé la vie de Kakashi :

"Tout homme fait des erreurs, Kakashi. Et un ninja est avant tout un homme. Heureusement pour toi, il est encore temps de les réparer."

Quelques jours plus tard, l'épouvantail rencontrait son équipe et leur faisait passer le test des clochettes. Oui, il était encore temps de tout recommencer. Et de leur inculquer à eux ce que lui avait mis trop de temps à comprendre.

Pourtant, lors du départ de Sasuke, il avait été assailli par de nouveaux doutes. Mais il avait repensé au Sandaime: bien qu'il fut un sensei hors-pair, celui-ci non plus n'avait pas pu empêcher Orochimaru d'être Orochimaru.
Sasuke avait fait son choix seul, personne, et surtout pas Kakashi, n'était à blâmer pour son départ. C'est pourquoi il trouvait dérisoire l'acharnement de Naruto à vouloir le ramener. Il avait essayé de l'en dissuader, puis au cours d'une discussion avec Jiraiya, il avait compris que Sasuke était le but à atteindre pour le jeune jinchuuriki. Et que sans ce but, Naruto n'aurait pas avancé comme il l'avait fait.

Il sourit, attendri au souvenir du jeune ninja blond. Décidément, il était bien le digne fils de ses parents. Plus fort encore que Minato, plus bruyant que Kushina, il avait tout hérité d'eux, sans jamais les avoir connus.
Parfois, il lui rappelait étrangement Obito, dans son enthousiasme et sa maladresse maladive. Dans ses attitudes protectrices envers sa coéquipière, aussi.

Soudain, il eut l'impression d'avoir remonté le temps. L'enfant qu'il avait été resurgit en lui inopinément, et il lui sembla voir son ami rire, assis sur la stèle sous laquelle son corps reposait.
Une bourrasque fit voler ses cheveux, amenant jusqu'à lui le parfum de terre fraîchement retournée qu'avait toujours eu Konoha, le faisant sortir de ses pensées. Il valait mieux rentrer se reposer, la journée du lendemain risquait d'être mouvementée.
Et pour la première fois depuis bien longtemps, Kakashi Hatake trouva le sommeil sans même le chercher.



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La kunoichi aux cheveux couleur de blé mûr reprit peu à peu conscience. Après cette profonde léthargie, elle peinait à ouvrir les yeux, et préféra les garder fermés un moment, pour commencer par ressentir les choses autour d'elle. Elle était recroquevillée en position foetale sur une surface dure et rugueuse qui sentait le renfermé et la vieille humidité. L'épaule qu'elle gardait appuyée au sol lui faisait un mal de chien, mais en bon ninja, ne sachant pas où elle était, elle ne fit pas le moindre mouvement qui aurait pu trahir son éveil.

Elle avait quelques connaissances en médecine, aussi elle se concentra sur les sources de chakra en elle, et parcourut mentalement le trajet de ses vaisseaux sanguins, puis celui de ses nerfs. Visiblement, elle avait une jambe de cassée, mais quelqu'un l'avait recouverte d'herbes médicinales et lui avait posé une attelle.
La jeune Yamanaka n'avait aucune idée de l'endroit où elle se trouvait, ni de qui l'avait portée jusqu'ici. Ses derniers souvenirs prenaient place pendant un combat sanglant contre des ninjas d'Iwa. Elle se souvenait s'être battue aux côtés de Lee, et aussi de Kotetsu, et puis plus rien. Elle se résolut à ouvrir ses yeux un minimum, juste assez pour voir sans être vue, et ce qui lui apparut lui glaça les sangs...


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"Sakura-chan, vas-tu m'expliquer où nous allons à la fin ?"

La jeune femme restait murée dans son silence, sachant très bien que si elle ouvrait la bouche, aucun mot n'en sortirait, sinon un long sanglot. Elle avait insisté auprès de Godaime pour annoncer elle-même la nouvelle de la mort de Jiraiya à Naruto, et pourtant elle s'en sentait incapable. Mais elle ne devait pas penser à elle en cet instant. Naruto allait avoir besoin de soutien, et Sakura savait qu'il ne se laisserait aller auprès de personne d'autre qu'elle. C'était à son tour d'être là pour lui, après qu'il ait toujours été présent à ses côtés.
L'interminable couloir de l'hôpital lui donnait l'impression d'être dans un mauvais cauchemar, de ceux où l'on marche sans discontinuer, sans but aucun mais sans pouvoir s'arrêter. Finalement, rompant le silence qui s'était fait pesant, Sakura s'arrêta devant une porte et murmura :

"C'est ici."

Elle tourna la poignée et se sentit défaillir. Non, il fallait qu'elle soit forte, qu'elle tienne le coup pour Naruto. Poussant la porte, elle avança dans l'ombre, suivie de près par son ami.

"Ero-sennin ! Alors c'était vous qui aviez demandé à me voir !!"

La jeune femme ne put retenir un sanglot.

"Er...Ero-sennin ? Sakura, tu penses qu'il s'est rendormi pendant que tu venais me chercher ?"

Elle gardait la tête baissée, mais le jeune ninja ne put s'empêcher de remarquer que ses épaules tremblaient. Elle avait croisé ses bras et s'enlaçait elle-même dans une attitude de protection. Et il réalisa. Il eut un hoquet étrange, et se laissa tomber sur la chaise attenante au lit où reposait son deuxième sensei et plus proche parent. Pour l'éternité.

Hébété. Incapable d'émettre un son. Incapable même de songer un instant à la découverte qu'il venait de faire. Cela ne pouvait tout simplement pas être.
La jeune femme avait cessé de trembler, et observait son ami, à l'affut d'une réaction de celui-ci, afin qu'elle-même puisse agir en conséquence. Mais rien ne vint. Naruto garda le même regard vide durant de longues minutes. Elle nota cependant que ses poings se serraient. D'un ton sans équivoque, il finit par demander entre ses dents :

"Est-ce qu'on sait qui a fait ça ?"
"Genma a assisté au combat mais un puissant genjutsu l'empêchait de bouger."
"Il saurait identifier le ninja responsable de la ... de la mort de Jiraiya-sama ?"
"Naruto..."
"Je suis persuadé que Tsunade voudrait que je le venge. Pour quelle autre raison pourrait-elle tenir à ce que je le voie dans cet état ? Elle me connait très bien et sait de quoi je suis capable. Si elle ne souhaitait pas de vengeance, elle aurait tout fait pour que sa mort me soit cachée. Elle a déjà fait des choses similaires par le passé. J'irai parler avec elle sitôt qu'elle aura un moment."
"Très bien mais... fais attention à toi, Naruto. Et pense à ce qui est bon pour Konoha."

La jeune med-nin contourna le lit où reposait l'ermite et posa une main sur l'épaule de son ami. Elle s'apprétait à ajouter quelque chose mais ses mots restèrent bloqués dans sa gorge. Elle se contenta de tourner les talons et de quitter la pièce, laissant le ninja à ses prières.

La nuit était loin d'être terminée, pour elle comme pour tous les autres med-nins. Et Naruto allait avoir besoin d'un moment pour se recueillir auprès de la dépouille de son parrain. Une fois dans le couloir et suffisamment éloignée, elle se laissa de nouveau submerger par les larmes, un instant. Juste le temps de faire baisser la pression. Puis, prenant une profonde inspiration, elle s'essuya le visage d'un revers de manche et reprit sa course jusqu'au bloc 3. Tsunade et Shizune devaient l'y attendre depuis un moment déjà.

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