Fiction: Dunes meurtrières

Plusieurs années se sont écoulées depuis la défaite de l'Akatsuki, et les villages de Konoha et de Suna se sont d'autant plus rapprochés. Quand le Kazekage demande à Shikamaru Nara de se déplacer à Suna pour résoudre un meurtre, celui-ci ne se doute pas du guêpier dans lequel il s'est plongé. Enquête, intrigues noires et une Temari plus mystérieuse et sensuelle que jamais...
Classé: -16D | Romance / Suspens | Mots: 30131 | Comments: 73 | Favs: 46
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Elfian (Féminin), le 28/12/2009
Héhé, les choses commencent à chauffer à partir de maintenant... J'espère que vous aimerez ce chapitre ^^

Résumé du chapitre précédent : après avoir eu une discussion assez étrange avec Temari la veille, Shikamaru se prépare à de nouveau enquêter avec cette fois pour partenaire Anako...

Bonne lecture ^^




Chapitre 9: Proches de l'explosion... Envie d'abandon...



Un grand coup de vent ouvrit avec fracas sa fenêtre, le forçant à se lever malgré l'heure très matinale qu'indiquait la pendule de sa chambre.
Considérant que son boulot de ninja ne l'obligeait pas à rester éveillé à 5h du matin, il s'allongea sur son lit et le souvenir de la soirée de la veille lui revint doucement. Complètement perdu dans ses pensées, il songea que le mieux était sûrement de réfléchir calmement à la situation. Sinon, adieu le sommeil.
Le meurtrier devait être une femme, tout l'indiquait. Et de haut niveau, visiblement. En admettant qu'il s'agisse de quelqu'un de ce village, ce qui était le plus probable, cela laissait envisager deux personnes : Anako et Temari.
Dans chaque cas, deux possibilités : Baki pouvait avoir été tué pour une raison personnelle, ou pour une raison impérieuse. Les deux femmes pouvaient en vouloir personnellement au ninja : la première parce qu'elle le pensait dangereusement pervers – quoi qu'elle en ait l'air plus attristée qu'en colère -, et la seconde parce qu'il lui avait volé l'homme de sa vie.

* Je me demande qui cela pouvait-il bien être... Si je le découvrais, peut-être que cette histoire apparaîtrait plus claire. *

Cependant, Temari avait bien dit qu'elle n'aurait pas tué Baki pour un grief personnel.

Dans le second cas, les raisons pouvaient être diverses, mais en règle générale, la seule et unique raison qui puisse justifier qu'un ninja tue un de ses coéquipiers était que celui-ci soit une menace directe pour le village, ses habitants et son gouvernement.
En ce qui concernait Anako, cela pouvait avoir un rapport avec le rôle de Baki dans les disparitions, ce qui voudrait dire soit qu'elle le pensait impliqué dans les disparitions ou en tout cas qu'il essayait de couvrir ceux qui les provoquaient, soit qu'elle-même était impliquée et qu'elle a voulu s'en débarasser. Mais la seconde interprétation le dérangeait : Anako avait l'air très motivée et désespérée de ne pas résoudre cette affaire.

* Les apparences sont parfois trompeuses mais j'ai quand même l'impression que c'est quelqu'un d'honnête. *

Quant à Temari, elle pouvait aussi avoir des soupçons sur Baki. Ça pouvait aussi être lié aux disparitions, ou alors à d'autres causes. Essayait-il de trahir le Kazekage ? De le renverser ? Nul ne connaissait vraiment les motivations des ravisseurs, mais le complot contre le pouvoir en place semblait être le plus probable : des voleurs auraient demandé une rançon, un autre village aurait préféré s'attaquer à des ninjas et les tuer pour impressionner Suna. Cependant, si les villageois enlevés n'étaient pas morts, où étaient-ils donc passés ?

* J'espère que la journée qui s'annonce me donnera plus de réponses. *

Enfin, Shikamaru envisagea une autre hypothèse : et si ce n'était ni Anako ni Temari qui l'ait tué ? Qui cela pourrait être ?

* La déesse des vents ? *

Non, cela semblait impossible. Mais il voulait garder à l'esprit que peut-être des éléments lui manquaient, et que même s'il était logique que la meurtrière se cache en Temari ou Anako, il ne fallait pas qu'il les pourchasse pour autant.
Et si Anako et Temari avait fait ça de concert ? Anako attirant Baki et Temari le tuant ? Ou bien si l'une s'était confiée à l'autre ? Que de questions sans solutions...
* Aujourd'hui, j'essayerai de déterminer si Anako et Temari sont proches ou non. *

Dans tous les cas, l'une comme l'autre n'avait pas agi seule. Sinon, pourquoi on aurait tenté de l'assassiner aujourd'hui ? Temari semblait certes lui en vouloir pour une raison inconnue, mais sûrement pas au point de le tuer. Et quant à Anako, elle ne devait même pas être au courant de sa mission. Vivement que les agents spéciaux arrivent à faire parler celui qui avait tenté de l'assassiner.

A la base, seul Gaara et lui semblaient être au courant. A cela s'ajoutait Temari. Puis Ikaru. A quel moment de la chaîne quelqu'un avait pu apprendre son secret ? Il avait été le plus discret possible, donc l'une des personnes au courant avait dû vendre la mèche. Gaara se méfiant de tout le monde, il ne restait plus qu'Ikaru et Temari. Ikaru avait juré de ne rien dire. Mais c'était un enfant et il aurait pu en parler sans faire attention.

Cependant, le plus probable était que Temari ait parlé. Ses réactions le prouvaient. Elle savait qu'il était en danger. Elle avait été rassurée. Mais surtout, elle paraissait en colère et était partie plus ou moins contre la volonté de son frère rechercher le mercenaire, et elle l'avait ramené en même pas une demi heure. Preuve qu'elle devait savoir exactement où il se cachait.

L'hypothèse valable semblait être la suivante : Temari avait parlé à un allié/supérieur, lui apprenant qu'il enquêtait sur la mort de Baki. Celui-ci a semblé bien réagir, et Temari ne s'est pas méfiée. Cependant, pour une raison inconnue, lorsqu'elle a appris qu'il voulait le faire assassiner, elle était impuissante. C'est donc après qu'elle a décidé d'agir. Peut-être qu'elle pensait pouvoir cacher qu'elle était dans le coup, et qu'elle ne voulait pas montrer son soulagement après.

* Peut-être qu'elle n'avait pas voulu intervenir parce qu'elle savait que je le battrais sans problème. Mais ce qui est sûr, c'est qu'il y a au moins une autre personne très influente dans cette histoire... *

Fatigué de ces sempiternelles réflexions qui ne menaient pas à grand-chose, il finit par se rendormir péniblement.


Sur le coup des 8h, il eut toute la peine du monde à se relever. Une fois douché et habillé, il sortit de sa chambre pour aller déjeuner.

Pas de Temari, comme la veille, mais cette fois Kankurô était avec son jeune frère.

« Alors Shikamaru, bien dormi ?

- Oui, ça va, merci Kankurô. Par contre je me suis réveillé dans la nuit à cause du vent.

- Ah ben c'est sûr qu'il faut s'habituer, mais bon le vent a soufflé très fort cette nuit, je sais pas trop pourquoi d'ailleurs, normalement on n'est pas dans la saison des tempêtes.

- Je ne sais pas, peut-être que je ne suis pas le bienvenu ici.

- Ne dis pas n'importe quoi voyons ! » s'écria-t-il en riant aux éclats.

- Et donc aujourd'hui nous sommes sensés faire quoi exactement ?

- On va un peu aider Anako qui a l'air de patauger totalement dans cette histoire de disparitions. Mais je suppose que si l'homme aux 200 points de Q.I. nous accompagne, c'est pour que ce soit lui qui établisse une stratégie de recherche, n'est-ce pas Gaara ? » demanda-t-il en se tournant vers son frère.

- C'est exact. Mais ça ne vous empêche pas de l'aiguiller. Il est juste là pour apporter un regard nouveau sur cette affaire, pour mettre au point peut-être d'autres méthodes, pas pour remplacer nos hommes. » annonça Gaara en fixant le marionnettiste à l'air suspicieux.

Ils continuèrent à parler tout en mangeant, jusqu'à ce qu'Anako soit annoncée à l'entrée du Palais. Les deux hommes se levèrent alors, et après avoir salué le Kazekage, sortirent de la grande salle pour retrouver la jeune femme.



***********************************************



Quelques heures plus tard, après s'être laissé guidé par l'expérience d'Anako et avoir interrogé des familles de victimes disparues, Shikamaru dût se rendre à l'évidence : leurs témoignages n'apportaient rien, parce que tout était fait pour ne laisser aucune preuve, aucun témoin. Kankurô quant à lui avait été appelé pour une affaire urgente et avait juré revenir d'ici le début de l'après midi.
Convaincu par la nécessité de ne pas rester bredouille d'ici la fin de la matinée, il se décida à parler à Anako, qui avait exigé qu'il la tutoie.

« Par hasard, est-ce que tu connais bien Temari ?
- Pourquoi cette question étrange ? » demanda-t-elle, des soupçons dans les yeux
- Eh bien, je ne l'avais pas vraiment revu depuis plusieurs années, mais il me semble qu'elle a beaucoup changé et qu'elle ne va pas très bien. Je pense qu'elle a besoin d'aide. Et la mort de son sensei semble l'avoir beaucoup affectée. »

La jeune juunin se rasséréna et lui dit qu'en effet elle et Temari se connaissaient bien depuis longtemps, que pour elle, Temari avait toujours été comme une petite sœur, bien que maintenant elle n'ait plus besoin qu'on l'aide à voler.

« Dans ce cas, est-ce que tu peux me dire si tu sais ce qui s'est passé entre elle et Baki à propos de 'l'homme de sa vie' ?

- Si Temari n'a pas voulu t'en parler, je ne vois pas pourquoi je devrais t'en dire davantage...

- Je cherche juste à comprendre, à l'aider... Est-ce que Baki l'a tué ?

- Tué ? Non, il a fait bien pire que ça, en un sens...

- Qu'est-ce qui peut être pire que ça ???

- Faire qu'ils se séparent à cause de lui. Et lorsque Temari s'est rendue compte que c'était de sa faute, il était bien trop tard pour essayer de revenir en arrière. Alors elle a dû renoncer à lui...

- C'était une sacrée raison de lui en vouloir, ça ! Au point de le tuer tu crois ?

- Temari n'est pas une meurtrière !! Et quand bien même elle le serait, tu crois vraiment qu'en tant qu'amie je te dirai 'Ben oui, c'est évident, c'est elle qui l'a tué' ?

- Non bien sûr, je ne voulais pas dire ça...

- Encore heureux !

- Tu sais, c'est juste que je m'inquiète pour elle. »

Anako émit une moue désabusée, mi souriante mi déçue.

« Mais pourquoi est-ce que tous les hommes sont amoureux de Temari ? Il ne m'en reste aucun à moi... Dommage, t'étais plutôt mignon. » ria-t-elle en posant délicatement sa main sur l'épaule de Shikamaru dont les joues avaient pris une couleur se rapprochant dangereusement de celle des cheveux du Kazekage.

Essayant de se redonner une consistance, il reprit son air blasé habituel et grommela quelque chose comme :

« Mais qu'est-ce que tu es en train de t'imaginer ? Je ne suis pas amoureux d'elle... Ah les femmes, on s'inquiète pour quelqu'un et elles s'imaginent directement des scénarios loufoques...

- Oui oui c'est cela... »

Elle riait encore alors qu'il était empêtré dans des explications négatives totalement fumeuses lorsque le même chuunin que la veille arriva de nouveau tout essoufflé devant eux.

« Monsieur Nara, je vous ai cherché partout, j'ai une... une... très mauvaise nouvelle » hoqueta-t-il en haletant difficilement.

« Qu'est-ce qu'il y a ? Que s'est-il passé ? » s'écria le juunin de Konoha.

« Le prisonnier, celui qui a tenté de vous assassiner, il est... il est... mort.

- QUOI ???? »

Tous les trois se précipitèrent vers les prisons du Palais en courant. Arrivés là-bas, ils virent Gaara devant la porte de la cellule, alors que des médecins légistes s'affairaient à examiner le corps sans vie du mercenaire.

« Gaara-sama, qu'est-il arrivé ?

- Je ne sais pas, apparemment quelqu'un s'est introduit dans sa cellule et l'a poignardé à 3 ou 4 reprises.

- Comment cela a pu se produire ? Les cellules ne sont pas gardées ? » demanda Shikamaru

- Normalement si, et les gardes font des rondes autour d'elles, je ne comprend pas comment cela a pu se passer... »

Le ninja de Konoha commença à regarder autour de lui dans la cellule. La porte n'avait pas été forcée, donc la personne devait avoir la clé pour l'ouvrir.

« Qui était de garde au moment où il s'est fait tué ? »

Gaara se tourna pour poser la question aux gardes qui s'étaient amassés devant la cellule. Le plus âgés d'entre eux répondit :

« C'était le petit nouveau, Hiroyuki. Il était tout fier, il venait juste d'être embauché. D'ailleurs, je n'avais pas remarqué tout de suite mais... il n'est plus là... »

Gaara se frappa la tête comme pour éviter de frapper quelqu'un d'autre.

« Retrouvez-le ! Tout de suite !

- Bien Kazekage-sama ! »

Les gardiens commencèrent à s'affairer et fouillèrent l'ensemble de la prison. Quelques minutes plus tard, l'un d'eux revint en annonçant :

« On l'a retrouvé ! »

Alors que le Kazekage restait en compagnie des médecins légistes prêts à établir une première estimation des circonstances de sa mort, Shikamaru et Anako suivirent le gardien qui les mena quelques couloirs plus loin dans une cellule grande ouverte. Ils y virent alors un jeune homme ligoté, étendu sur le sol, portant l'uniforme des gardiens. Après l'avoir détaché, ses collègues sortirent des sels vaporeux que l'un d'eux passa sous son nez. Hiroyuki se réveilla alors en toussotant.

« Où suis-je ? Que s'est-il passé ?

- C'est justement ce qu'on essaye de comprendre ; le prisonnier que tu gardais a été retrouvé mort.

- Oh non ! C'est pas vrai ! J'ai échoué dans ma mission ! » cria-t-il en commençant à s'arracher les cheveux.

Shikamaru s'accroupit en face de lui. D'un regard signifiant « n'essaye pas de me mentir », il commença à l'interroger :

« Comment est-ce que vous vous êtes retrouvé ligoté dans cette cellule ? »

Après quelques instants de réflexion, il commença à expliquer :

« Je faisais la ronde devant les cellules 8 à 15. Voyant que le gardien d'à côté restait proche de ma zone de garde, je suis parti satisfaire un besoin naturel. En sortant des toilettes, j'ai entendu un bruit suspect au bout du couloir. J'y suis donc allé et je n'ai vu personne, mais soudain j'ai pris un grand coup sur la tête et j'ai sombré dans l'inconscience. Le reste, je ne m'en souviens plus... »

Il avait les larmes aux yeux, probablement honteux d'avoir loupé sa première mission importante.

Le juunin de Konoha lui tapota l'épaule puis la tête en le rassurant sur le fait que cela arrivait à tout le monde.

* Il a bien une grosse bosse sur le crâne, ce qui confirme ce qu'il dit. *

Après avoir discuté avec les autres gardiens, il en déduit que la personne ayant agressé Hiroyuki s'était fait passer pour lui, probablement grâce à un Henge No Jutsu. Ainsi, impossible de le retrouver puisqu'il avait attaqué le jeune homme de dos.

* Décidément, dès que la moindre occasion d'avoir une piste se présente, on dirait que quelqu'un s'acharne pour qu'elle disparaisse... *

Il réfléchit un moment : qui était en général le suspect systématiquement ? Temari. Or ici, il n'y avait aucune raison qu'elle soit responsable de ce qui s'était passé : c'était elle qui avait ramené le prisonnier, si elle avait voulu le tuer, elle aurait pu le faire simplement lorsqu'elle l'avait retrouvé. Il soupira joyeusement à cette pensée : pour une fois, la belle blonde ne craignait rien.



******************************************



Deux heures plus tard, il était dans son bureau en train de manger avec Anako et ils ressassaient leurs découvertes de la matinée.
« Bon, jusqu'à présent nous avons interrogé deux des quatre personnes suffisamment influentes pour engager pleins de mercenaires organisés capables d'orchestrer les disparitions à Suna.

- Les deux autres sont difficilement interrogeables...

- Bah, pour le seigneur féodal je veux bien, mais pour Mishi ?

- Pour moi cette femme représente la fierté de Suna, je pense qu'elle prendrait mal le fait qu'on l'interroge, ça reviendrait quelque part à l'accuser » dit simplement Shikamaru, « de plus, elle n'aime pas les étrangers, alors si je le faisais je me ferai rembarrer méchamment...

- Il n'empêche que c'est une suspecte comme une autre...

- Oui mais réfléchis un peu : elle détient les forces spéciales de Suna, pourquoi ferait-elle appel à de simples mercenaires pour faire ce boulot puisque les forces spéciales pourraient s'en charger ?

- Pour détourner notre attention d'elle ?

- C'est possible... Mais au niveau personnalité aussi ça ne colle pas : elle fait partie de ces familles qui vivent pour une autre famille, et dont le seul but est de les protéger, toute son éducation est forgée sur ce modèle. Or pour moi, ça ne fait aucun doute que ces disparitions ont pour but d'ébranler le pouvoir en place : soit directement, en formant un complot dans lequel le rôle des disparitions reste encore à cerner, soit indirectement en créant un climat de peur et de défiance envers le Kazekage impuissant à maintenir la sécurité intérieure... Tu verrais Mishi trahir Gaara ?

- Bon d'accord, oublions la gouvernante pour le moment... Reste Namura-sama et Tenshu-sama que nous avons interrogés ce matin...

- Tenshu m'a semblé un homme très froid, petit et sec, c'est vraiment à tel point le comptable type que c'en est presque caricatural... Aigri, ridé, s'énervant pour un rien... Il doit pas être facile à vivre au sein du conseil » ria le jeune Nara, « de plus, il est ouvertement contre la politique mise en place par le Kazekage.

- Il trouve qu'elle est trop ambitieuse, qu'à intervenir comme ça dans la vie sociale, la santé, l'éducation de ses habitants, nous risquons d'être à court d'argent au cas où une guerre se déclarerait. Il n'a pas tort d'ailleurs, mais les temps ne sont pas vraiment à la guerre...

- Oui. En plus, après avoir épluché ses comptes reliés à ceux du Trésor Public de Suna, il apparaît clairement qu'il a accumulé et fait transiter de grosses sommes d'argent ces derniers temps... Comme l'argent qui doit payer les mercenaires, n'est-ce pas ?

- Exactement. Sur la liste des suspects, il est donc placé en tête. Et pour Namura, tu en penses quoi ?

- Je le trouve très cool pour quelqu'un dont la famille est en rivalité depuis des générations avec celle des Sabaku. Il a parlé de Gaara comme si c'était une bénédiction qu'il soit Kazekage.

- Il est possible qu'il le pense vraiment, d'ailleurs son fils est aussi au Conseil donc ce n'est pas comme s'ils étaient mis à l'écart du pouvoir. Au contraire, s'ils ont obtenu ce poste c'est grâce à Gaara-sama.

- Oui mais je trouve quand même ça suspect. Son fils, c'est celui que j'avais vu le soir de mon arrivée ? Celui qui était en totale admiration devant le Kazekage ?

- Oui, c'est bien lui. Et si on peut douter de la sincérité de son père, je ne pense pas qu'on puisse douter de la sienne... »

Shikamaru repensa à Namura : un type grand, musclé, probablement un ancien très bon ninja. Une bonne cinquantaine grisonnante, le regard fier et avenant. D'une politesse et d'un soutien remarquable, c'était lui qui avait tenu à faire preuve de la plus grande transparence en proposant de lui-même de leur montrer ses comptes. Rien, aucun mouvement important d'argent à signaler. A priori sans histoire donc. Et pourtant, ça paraissait trop beau...

« Je le placerai après Tenshu pour sûr, mais je ne le l'enlèverais pas pour autant de la liste des suspects...

- Je suis d'accord avec toi, Shikamaru, il peut très bien nous avoir caché une certaine partie de ses comptes, et c'est bizarre qu'il ait été si coopératif...

- Voilà. Tiens j'ai une idée à propos de Mishi. On n'a qu'à lui demander si elle peut envoyer quelques forces spéciales surveiller les agissements des deux autres, comme ça elle verra qu'on lui fait confiance.

- D'accord, mais si pour le coup elle est complice avec l'un d'eux, elle se débrouillera peut-être pour faire suspecter l'autre ?

- Je sais bien, mais c'est justement pour observer ces réactions que nous devrions lui proposer.

- C'est risqué tout de même.

- Oui mais as-tu une meilleure idée ? Et puis qui ne risque rien n'a rien dans la vie, cette affaire ne peut pas être résolue simplement, il faut donc faire appel à la chance...

- Intelligent et spontané, décidément, je passe vraiment à côté de quelque chose... » sourit-elle en le regardant dans les yeux.

Shikamaru déglutit difficilement : si elle aussi s'y mettait, il n'allait pas tenir longtemps dans ce village...

« Tu sais, on a quasiment 10 ans de différence...

- Rooo, je te taquinais ! » ria-t-elle

- Oui bah je me doutais mais bon... » s'embourba-t-il encore une fois sans pouvoir faire mieux, « bon, trêve de plaisanteries, tu sais si le seigneur féodal du pays du vent aurait intérêt à faire tomber le Kazekage ?

- Je ne vois pas pourquoi, non. Le village n'a jamais été aussi prospère, les alliances avec l'étranger et avec elles les échanges de marchandises sont en hausse permanente, je ne vois donc aucune raison qui le pousserait à vouloir mettre un terme à ça... Temari devrait nous donner la confirmation dès demain.

- Temari ?

- Oui, demain l'ambassadeur du seigneur vient à Suna, c'est elle qui est chargée de le recevoir et de passer avec lui les accords nécessaires.

- Ah je vois. »



******************************************************



L'après-midi fut assez calme, Kankurô les rejoignant et Shikamaru tentant d'établir une zone de recherche à partir du plan de Suna et des attaques successives ayant mené à des disparitions. Le mot clé était « aléatoire ». En effet, les attaques avaient lieu partout, parfois plusieurs fois au même endroit, parfois carrément à l'opposé. Tout était fait pour qu'il soit impossible aux enquêteurs de prévoir la prochaine attaque. Shikamaru pensait donc que s'ils cherchaient à être aussi discrets, c'est probablement parce qu'ils n'avaient qu'un repère ; ainsi, si jamais ils étaient retrouvés, ce serait une catastrophe. Se basant autour de la fréquence des attaques et leurs positions, il put établir une sorte de périmètre dans lequel les recherches seraient prioritaires.

En fin d'après-midi, il se décida à aller voir Ikaru qui devait désespérer de ne pas l'avoir vu à l'Académie. Ils discutèrent un peu de tout et de rien, de pourquoi Ikaru avait voulu devenir ninja, de Konoha qu'il n'avait encore jamais eu l'occasion de voir, etc...

« Dis-moi Ikaru, à part celle de la déesse des vents, y a-t-il d'autres légendes concernant Suna ?

- Hum... Il y en a pleins, notamment sur des grands ninjas qui auraient fait beaucoup pour le village.

- Non, je pensais plutôt à des légendes sur le village en lui-même : des lieux secrets, l'histoire des grottes qui
entourent Suna, le désert... des choses comme ça.

- Ah je sais ! Je me souviens que quand on est entré à l'Académie, on nous a raconté une histoire bizarre : comme quoi il y aurait des souterrains secrets à Suna, mais que personne ne savait quand ils ont été construits et s'ils existent encore parce que les plans ont disparu ! »

* Des souterrains ? Ça expliquerait par où se faufilent les mercenaires qu'on ne voit nulle part alors que trimbaler un corps sans se faire remarquer est quasiment impossible. *

« Tu en sais un peu plus sur ces souterrains ?

- Pas du tout, désolé Nousai, c'est à peine si je me souviens de cette histoire. On a tous cherché partout des passages secrets, mais personne ne les a trouvés. Je pense que ce ne sont que des histoires qu'on nous raconte pour nous fasciner...

- Tu as sans doute raison... »



********************************************



Après l'avoir quitté et être allé à la bibliothèque pour en ressortir bredouille de tout renseignement sur de quelconques souterrains, il décida malgré le fait qu'il ne soit même pas 19h de se rendre à la Rose des Sables, espérant y glaner quelques informations.

Il entra dans le bâtiment, un lieu totalement lugubre même en plein jour. Le genre de bars où doivent se rencontrer tous les bandits et égorgeurs de la terre. Non sans une légère appréhension, il entra donc dans cet endroit, demanda un verre de saké au serveur et se mit à écouter.
Un homme fuyant son laideron de femme commère comme pas deux, une femme venant noyer dans l'alcool le chagrin procuré par les coucheries de son mari, un autre ayant perdu son emploi... Toute la misère du monde en quelques instants.

Puis, au milieu du tumulte, deux voix distinctes. Deux hommes.

« Ça va bientôt péter... Depuis le temps qu'on attendait ça !

- Parle pas trop vite, rien n'est encore fait, les derniers préparatifs ne sont pas terminés...

- Bah le pouvoir est déjà bien éborgné, une étincelle et l'incendie ravagera tout...

- Mouais... N'empêche que pour l'instant on a pas encore reçu tout ce qu'on devait recevoir, alors moi je dis que c'est pas fini.

- Ouais c'est vrai, t'as raison... Ah et au fait, pour la princesse ?

- Bah j'en sais rien, c'est pas clair cette affaire. Dans tous les cas, elle va mal finir... Tous les Sabaku doivent disparaître... Et le fait qu'elle soit liée à nous n'y changera strictement rien...

- Dis chuut, parle-moins fort, j'ai comme l'impression que quelqu'un nous écoute. »

Le sang de Shikamaru ne fit qu'un tour, il se leva et se retourna dans la direction où il avait entendu les voix, mais il n'y avait plus personne à cet emplacement. Seule une chaise en train de bouger avant de s'écrouler par terre indiquait qu'une présence humaine l'avait habité il y a quelques instants.

« Merde ! »

Il s'en retourna, énervé, au Palais, où il mangea peu de temps après en compagnie de Gaara et Kankurô. Il fit son rapport à Gaara, en éludant cependant quelques points comme d'habitude. Non pas qu'il ne fasse pas confiance au Kazekage, mais celui-ci risquait de tout faire exploser s'il avait une réaction inconsidérée.

Il mangea en silence, affamé, puis s'en retourna dans ses appartements.



***********************************



Fatigué mais n'ayant pas envie de se coucher tout de suite, il préféra finalement s'en aller déambuler dans les rues de Suna. Il cherchait un endroit en hauteur d'où il pourrait voir le ciel étoilé de la nuit et méditer en paix. Lui d'ordinaire si paresseux, il était au bord du surmenage. Il sourit à cette pensée en songeant que quelques années plus tôt il aurait déjà fait une crise d'apoplexie.

Un endroit en hauteur. A Konoha, rien de plus facile. Pas à Suna. Ici, les toits prenant une forme ronde pour résister aux vents forts du désert, trouver un toit faisant l'affaire relevait du casse-tête.

Après avoir marché environ un quart d'heure, il finit par trouver son bonheur : un bâtiment assez haut, qui semblait être une vieille usine désaffectée. Le toit était fait de tuiles et l'escalade semblait facile, il prit donc le parti de s'y arrêter et grimpa jusqu'au sommet.

C'est alors qu'il la vit.
« Non, pas encore elle, c'est pas possible, elle me poursuit ! » ; puis, se rendant compte qu'il s'était caché pour l'épier, « Dans cette position, c'est plutôt moi qui a l'air de la poursuivre ».

Il l'observait. Les rayons de la lune baignaient sur son visage. Un visage où il n'y avait aucune trace d'un quelconque artifice, aucune empreinte de séduction. Un visage d'une tristesse infinie, un visage apeuré et esseulé, un visage d'une profondeur indiscible.

Ce spectacle surprit Shikamaru mais lui soutira un sourire.

* Ça prouve bien qu'elle se cache, quelque part... *

Deux voix discordantes provoquèrent en lui des échos antagonistes : l'une lui intimait de la laisser réfléchir en paix pour ne pas la déranger et l'autre, trop curieuse, lui criait d'aller la rejoindre, de lui parler. Après quelques minutes de joutes intérieures, il se décida à écouter la seconde voix.

Il s'agrippa totalement sur le toit, se redressa et s'approcha d'elle. Lorsqu'elle le vit, ses yeux s'affolèrent un peu puis se posèrent. La femme fatale était revenue.

« Alors Nara ? On vient goûter à la douceur du clair de lune ? »

Il s'assit à côté d'elle en hochant affirmativement la tête. Elle se pencha, lascive, vers lui : « A moins que ce ne soient d'autres douceurs que tu recherches... ?

- Temari, je t'ai déjà dit que tu n'avais pas besoin de jouer à ce jeu-là avec moi...

- Je ne vois pas du tout de quoi tu parles... Et je me trompe où tu n'es pas insensible à ce jeu, comme tu l'appelles ? » demanda-t-elle en articulant chaque syllabe tout doucement à quelques centimètres de son oreille.

Luttant contre ses réactions naturelles, Shikamaru braqua sur elle un regard qu'il voulait le plus froid possible.

« Arrête... Il y a un instant tu regardais le ciel avec une telle mélancolie dans les yeux... Je me fiche de ce que tu veux paraître moi, je veux voir la vraie Temari, celle que j'ai aperçu à l'instant. Tu t'évertues à croire que personne ne te connaît, que personne ne te voit telle que tu es vraiment, mais moi, même si je ne te connais pas bien, je sais que tu mens à tout le monde. Tout ton corps est un mensonge, et bien trop doivent s'y perdre. Mais moi je ne suis pas comme ça, les apparences ne m'intéressent pas, je veux te voir TOI, avec ta part de laideur et ta part de beauté. Si tu veux parler, vas-y, ça ne sortira pas d'ici. »

Au fur et à mesure de son discours, Temari avait peu à peu écarquillé les yeux. Elle avait rougi aussi, peut-être de gêne d'être ainsi mise à nue, peut-être de gratitude et de soulagement, il n'aurait su le dire.

Elle lui sourit. De nouveau, un vrai sourire, son si beau sourire. Pas un sourire de vamp ni un sourire carnassier, le sourire de Temari, tout simplement.

Il sentit une grosse chaleur dans sa poitrine remonter jusqu'à son front. Il détourna la tête :

« T'es galère quand même comme fille, et ça s'est même pas arrangé avec l'âge... »

Elle se mit à rire de bon cœur d'un rire clair, pur comme le son d'une cloche d'église annonçant des liesses.

« En fait, si t'avais voulu, t'aurais pu faire une très grande actrice, j'avoue que t'es bluffante... Mais bon, entre nous, se cacher sans cesse comme ça... C'est épuisant, n'est-ce pas ?

- Oui, ça m'épuise... Je cours tout le temps après moi-même pour ne pas oublier qui je suis. »

Elle se retourna vers le ciel, un regard bucolique émanant de ses yeux océans.

« Dis-moi Temari...

- Hnn ?

- Est-ce que c'est toi la meurtrière ? »


Un long silence gêné, rompu par un seul mot :

« Non »

Puis, une floppée d'autres : « Je sais que ce n'est rien de le dire, tout m'accuse, et je comprendrais si...

- Je te crois Temari, je te fais confiance. »

La phrase avait fait taire la jeune femme qui sourit gentiment. Shikamaru s'inclina alors sur le côté pour être juste en face d'elle.

Il plongea ensuite son regard ébène dans celui de la blonde, il y plongea comme s'il avait voulu sonder tout son être. Un regard étourdissant. Temari ne le soutint pas plus longtemps, elle détourna les yeux et appuya ses mains sur les tuiles pour se relever, mais il ne lui en laissa pas l'occasion.

Il l'attrapa par le bras et la ramena vers lui. Tenant toujours fermement son poignet, il se pencha vers elle lentement. Ses yeux de braises la fixaient toujours intensément et on pouvait à présent y lire un immense désir, un feu promettant de le consumer d'ici peu.

* Putain mais qu'est-ce que je fais ? Mon corps ne me réponds plus, c'est pas bon... Ses lèvres, j'ai tant envie d'y goûter... *

Pensant cela, il se rapprocha d'autant plus, agrippant son autre poignet pour la plaquer contre les tuiles. Il était à présent juste au dessus d'elle. Un éclat traversa les yeux de Temari. Une envie d'abandon. Il n'en fallait pas plus.

Leurs lèvres se touchèrent, se frôlant d'abord, se titillant, pour ensuite enfin se trouver et tout partager. Baiser sans fin au goût de miel et au parfum d'ambre...

Puis les lèvres du Nara quittèrent celle de la Sabaku, pour descendre lentement et aller chatouiller son cou.

Il lâcha ses poignets et, de ses mains, commença à parcourir tout son corps, encouragé par les petits gémissements qu'elle émettait.

Une de ses mains descendit le long de sa cuisse avant de remonter et d'atteindre des monts et merveilles.

Sa langue traversa les lignes de son cou pour aller se perdre sur sa poitrine, puis il remonta la tête pour croiser à nouveau son regard.

La voyant hésitante, il ne la retint pas plus longtemps.

« Excuse-moi Temari, je me suis emporté...

- Je... euh... moi aussi, désolée... »

Le brun espérait de tout son être qu'elle allait se retourner vers lui et de nouveau céder au désir, mais elle n'en fit rien. Elle se releva, épousseta sa tunique en la remettant correctement en place et lui dit qu'elle voulait rentrer se coucher, une journée longue et pénible l'attendant le lendemain.

« La mission avec l'ambassadeur du seigneur féodal ?

- En quelle sorte, oui. »

Sur ces mots, il la suivit, oubliant totalement la raison qui l'avait à la base mené en haut de cet immeuble.

Arrivés devant leurs chambres respectives, il lui lança un long regard, un de ces regards qui veulent dire beaucoup, si ce n'est pas tout.

La jeune kunoichi y répondit par un grand sourire et s'approcha du garçon hébété, pour lui susurrer à l'oreille :

« Pas maintenant, c'est trop dangereux... ».

Elle déposa un bref baiser sur ses lèvres, ce qui le fit frissonner, et rentra alors dans sa chambre.
Il en fit de même, et sans trop comprendre pourquoi tellement il était partagé entre la fatigue et le bonheur, il s'endormit d'un seul coup.





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