Fiction: That's my fucking life

Tayuya, 16 ans, fille d'immigrés, vivant dans une banlieue sale et pauvre, essayant de nourrir de son mieux ses nombreux frères et soeurs, ayant recours pour cela à des moyens parfois illégaux et à divers petits boulots. Suigetsu, 16 ans et demi, fils aîné d'une famille bourgeoise et plutôt aisée, héritier d'une énorme entreprise, avec un avenir tout tracé, mais dont il ne veut pas. Tout oppose ces deux jeunes, qui se trouveront pourtant rapprochés par une fâcheuse coïncidence.
Version imprimable
Aller au
Kaze Princess (Féminin), le 24/01/2009
Une idée toute récente, alors que je me disais que mes fanfictions étaient assez légères, pas vraiment approfondies. Alors voilà un ptit truc tout neuf, beaucoup plus sérieux que ce que j'ai l'habitude de faire, un gros changement, quoi. Des problèmes plus sérieux, une relation moins simple, enfin bref, vraiment différent, je vais essayer de faire de mon mieux pour que ça ne tourne pas finalement court.

En espérant que vous aimerez,

Bonne lecture !




Chapitre 1: We can't go out of the shit, so we're furious



Je les hais. Je les hais, tous autant qu’ils sont. Je hais leur façon de vivre, de se comporter, d’imposer leur volonté au monde, de choisir pour les autres. C’est ce qu’ils ont fait pour moi, comme pour mes frères et sœurs. Nous n’avons pas de liberté, pas de choix. Nous avons un avenir tout tracé, une place déjà décidée dans leur société de merde. Une station d’épuration. Non mais vraiment. Comme si ça pouvait un tant soit peu m’intéresser. Je n’ai aucune envie de nettoyer l’eau pour faire la tisane du soir de mamie Ginette, moi.
Mais vous ne savez pas le pire.
Le pire, c’est que je suis l’aîné. Allez hop, effet papillon, action, réaction, c’est donc à moi que revient la direction générale de l’entreprise « Hôzuki Water ».Et je n’ai pas le droit de discuter, encore moins de refuser. Mon avenir est tout tracé, depuis ma naissance, je n’ai fait que suivre la route sur laquelle on me poussait, à la carotte et au bâton. Le simple fait que je sois inscrit dans le lycée le plus bourgeois de la ville en est un témoignage. La plupart de mes amis de primaire sont dans leur lycée de secteur, mélangés à des personnes qui, il y a quelques mois, étaient encore inconnus pour eux, et avec qui ils ont tissé des liens. Moi, je suis avec les gens de « ma condition », de « mon milieu ». Comme les frères Uchiwa, par exemple, icônes du lycée et proie des filles de quasiment toute la ville. Ou l’autre pouffe de Karin, toujours couverte de Dior, Dolce&Gabanna ou autres Chanel.

Je suis condamné à suivre tous ces gens, superficiels et arrogants, de devenir comme eux, me fondre dans la masse, faire partie du banc, petit poisson que je suis. Une sardine condamnée à être mise en boîte avec d’autres pauvres sardines et beaucoup, beaucoup d’huile, oui.

Je suis condamné à être quelqu’un d’autre. Une image, un modèle, un gabarit préparé à l’avance, et que sais-je encore… pas moi, en tout cas.


Furieux, Suigetsu referma d’un geste sec l’antivol de son scooter et passa la grille du parc.

***

De l’autre côté du parc, au même instant, une autre grille claquait après avoir été relâchée brutalement par une jeune personne ruminant des pensées amères.

Ville de merde, pays de merde, société de merde, vie de merde !…

L’adolescente shoota dans une cannette vide qui gisait par terre, fruit d’un citoyen irresponsable et pollueur, l’envoyant valser dans le tibia d’un petit garçon d’environ cinq ans qui gémit de douleur et auprès duquel elle ne s’excusa pas, passant son chemin en ignorant superbement les gens alentour, broyant du noir.

Pourquoi ? Pourquoi, alors que les politiciens, ces connards, nous bassinent avec des discours à chier sur l’intégration, l’égalité des chances et tout le reste… dans ce cas, POURQUOI reste-t-il autant d’injustice, de classes sociales, pourquoi des enfants, pourtant innocents, sont défavorisés, privés d’accès à des études supérieures avant même de savoir parler, avec pour seul crime d’être nés dans la mauvaise famille, d’être originaire du mauvais pays ?

L’égalité des chances… des conneries, oui… est-ce qu’il y en a un seul, ministres, conseillés, parlementaires, toutes ces grandes gueules, est-ce qu’un seul pense seulement ce qu’il raconte ? Qu’ils aillent tous se faire foutre, bien propres dans leur costard-cravate… Pas un ne sait réellement ce qui se passe, pas un n’a déjà vécu dans une cité, pas un ne connaît la difficulté financière, les boulots au black, les ZEP, les fins de mois difficiles, les guerres des gangs et les trafics illégaux pour avoir de quoi se nourrir. Pas un n’a connu ces coups durs, pas un n’a vu ses meilleurs potes tomber dans le piège de la drogue et de la contrebande, pas un n’a vu ses amies fondre en larmes, craquant, avouant du bout des lèvres à une ou deux personnes dignes de confiance qu’elles se prostituaient pour permettre aux petits frères et aux petites sœurs d’avoir un bon plat de nouilles au beurre dans leur assiette le soir.

Pas un ne connaît l’horreur.

Pas un ne sait ce que signifie survivre.

Moi, je sais.

Moi, Tayuya, 16 ans, fille d’immigrés, en passe d’obtenir enfin les foutus papiers qui me manquent depuis ma naissance, mère décédée, père alcoolo, fille cadette d’une famille comptant 6 enfants, répondant présente à toutes les manifestations, toutes les émeutes, ayant 11 bagnoles et 15 poubelles de cramées au compteur, séchant la plupart des cours et revendant de la cocaïne pour me faire du fric et me barrer avec les petits dès mes 18 piges, moi, oui, moi, je connais ça mieux que n’importe lequel de ces enfoirés à attaché-case.

Avisant un jeune garçon habillé de vêtements apparemment de très bonne qualité et assez coûteux, elle reprit ses sombres ruminements.

Lui non, plus, je suis sûre, il sait pas ce que c’est, ça se voit sur sa gueule, et surtout sur ses fringues. Nan mais sérieux, y en a qui se font pas chier. Que de la marque. Converse, Levis, Eden Park, et je vois pas le blouson, mais c’est pas de la merde non plus. Franchement, quand on a du fric, pourquoi le gâcher en le donnant à des assos, hein, mieux vaut le garder pour son p’tit cul et ignorer les autres…

Dans le parc, on vit soudain une jeune fille, cheveux rouges, veste en jean et bonnet enfoncé sur la tête, pâlir, tituber sur un ou deux mètres, et finalement s’effondrer, rattrapée de justesse par un deuxième adolescents à la chevelure pâle bleu-argent qui dégaina immédiatement un téléphone portable dernier cri et composa le numéro des urgences, affolé.

***

Est-ce que je flotte ? Ou bien est-ce que je m’enfonce ? Je me sens bien, depuis tout à l’heure, étrangement anesthésiée, comme si mon corps s’était transformé en coton. Il fait tiède, ma tête est bien callée, mes yeux sont fermés, je suis donc plongée dans le noir… c’est le paradis ?
Avec toutes les conneries que j’ai faites, j’aurais quand même droit au paradis, moi ?

Ah, non. Y a un putain de truc qui bipe depuis tout à l’heure et qui m’empêche de plonger, de rendre à mon cerveau la consistance qu’il avait il y a une minute, c’est-à-dire à peu près la même que mon corps. Et c’est très, très chiant. Une vraie prise de tête. Donc, je suis en enfer. Pas étonnant.

Si on admet que Dieu, les anges et toutes ces conneries à deux balles existent. Parce que, franchement, s’il existe un dieu ou quelconque truc s’en approchant, kryptonite, araignées radioactives, Bible, Coran et toutes les foutaises que vous voudrez, eh ben il fait très mal son boulot, le gus, c’est moi qui vous le dit. Et vous pouvez me croire.

Lentement, clignant plusieurs fois des paupières, la jeune fille allongée sous les draps blancs ouvrit deux grands yeux noisette.

Allons bon, v’là que l’enfer est blanc, maintenant. Tout à l’heure le paradis était noir, et ce coup-ci c’est l’enfer avec sa machine de merde qui bipe toujours et me résonne dans le crâne qui est devenu blanc. Nan, mais moi je vous dis, vive les croyances populaires, quoi. Les gens sont trop cons, quand même, pour accepter, comme ça, tout ce qu’on leur raconte, sous prétexte qu’un con ou un autre l’a dit.

« Oh, vous êtes réveillée ? »

Non, je suis la créature de Frankenstein, pauv’ cruche. Nan mais franchement, quand quelqu’un ouvre les yeux, c’est qu’il est réveillé, ou bien c’est un zombie. Non mais quelle conne, celle-là, je sais pas qui c’est mais j’ai aucune envie d’échanger mon cerveau contre le sien, morte ou pas.

L’adolescente leva un sourcil interrogatif vers la jeune infirmière brune qui lui souriait gentiment.

« Tu es à l’hôpital. Tu te promenais dans le parc quand tu as fait un malaise, un jeune homme a eu le réflexe d’appeler immédiatement. Tu t’es évanouie suite à une crise d’hypoglycémie, de stress et de fatigue. Nous t’avons fait une perfusion au cas où, et tu as été nourrie grâce à une sonde. Tu te sens mieux ?
-Donc je suis pas en enfer ? »

L’infirmière eut l’air complètement égarée.

« Euh… non, pourquoi ?
-Rien, rien, je croyais… J’espère que vous m’avez pas mis n’importe quoi dans le bide, hein, parce que généralement, la bouffe de l’hosto, c’est à risquer l’intox.
-Eh bien, non… nous vous avons injecté des protéines, des fibres et des éléments nutritifs… Vous souvenez-vous si vous avez mangé, aujourd’hui, et quoi ?
-Une bonne dose de rage, une crise de nerfs, et j’étais en train de prendre un bon bol d’air pour digérer le tout quand apparemment je me suis cassé la gueule.
-Ah… rien, donc… bon, très bien… je… je vais vous laisser vous reposer…
-OK d’acc’. »

La femme prit quelques notes sur son dossier, vérifia la perfusion, jeta un rapide coup d’œil au moniteur qui continuait de biper en traçant le rythme cardiaque de Tayuya et sortit de la pièce, fermant doucement la porte derrière elle.

Merde, je lui ai pas demandé combien de temps j’allais rester… Faut que je fasse la bouffe aux petits, moi, ce soir, et que j’aille les chercher à l’école, c’est pas l’autre poivrot qui va s’en charger…

Puis, rapidement, sans même s’en apercevoir, la jeune fille replongea dans un sommeil sans rêves.




Alors ? Je continue ou pas ?

Vous aurez remarqué que Tayuya est TRES vulgaire... vous inquiétez pas, c'est fait exprès. Je voulais rendre encore plus flagrante l'opposition avec Suisui, qui s'exprime bien, met les "ne" dans ses phrases négatives même à l'oral, utilise un vocabulaire assez soutenu...

Bon, je crois que c'est tout. Comme toujours, je remercie Sakura2blond pour toute la motivation qu'elle me donne, les idées, les délires...
Et pour avoir fait pas mal de boulot de mise en forme (italiques) à ma place, aussi XD

Donc voilà, à bientôt les gens, et laissez des comms, svp !




Chapitres: [ 1 ] 2 Chapitre Suivante »



Veuillez vous identifier ou vous inscrire:
Pseudo: Mot de Passe: