Fiction: La Malédiction du Coeur

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Il marchait. D'une démarche élégante, majestueuse. Un roi, voilà ce qu'il était. Autour de lui, ses huit compagnons d'armes le saluaient d'une légère révérence. Il savait parfaitement que derrière son dos, on contredisait ou approuvait ses manières de faire. Il s'en moquait parfaitement. Ce qui importait, c'était la victoire. Il entra dans l'immense salle où ils étaient réunis. Leur société, leur gang. Certains les auraient qualifiés de mafieux, d'autres de groupes terroristes. Il pensait simplement que ses idéaux étaient décalés avec ceux du monde actuel. Ses huit frères d'armes étaient tous installés en cercle, le scrutant avec attention. Il en manquait un. Pas étonnant… La bataille sera longue et périlleuse, certains sacrifices étaient nécessaires. Quels qu'ils soient.

Il se leva, digne et fier, et s'exclama à sa petite assemblée:

"-Bientôt. Bientôt sonnera le glas d'un monde nouveau…"

***

Les paupières lourdes de fatigue, Temari ouvrit difficilement les yeux. Embué par le sommeil, elle ne distinguait pas bien l'endroit où elle se trouvait. La jeune femme frotta ses yeux pour se réveiller, puis se leva sur le coude. Elle n'était pas dans sa chambre. Ni dans aucun lit qui ne lui était familier. Elle se releva précipitamment et glissa par terre de surprise et d'incompréhension. La pièce où elle se trouvait était sombre et lugubre et si elle ne s'appelait pas Temari Sabaku, elle aurait frissonné de peur. Elle était installée sur un lit à baldaquin d'où pendaient de fins rideaux rouges, sous des couettes noires de jais. Presque aucune lumière ne filtrait dans la pièce, elle arrivait à se repérer uniquement avec une petite bougie posée sur un bureau en bois foncé. En face du lit se trouvait une armoire qui tenait sur quatre gros pieds noirs et avait une allure gothique qui ne donnait pas réellement envie à la jeune fille. Pas de doute, la personne qui vivait dans cette chambre habituellement devait avoir un problème –ou tout simplement adorait le noir-.

Temari sortit du lit et s'approcha de la petite bougie, proche qui brillait difficilement. Elle y approcha ses mains glacés pour ressentir un soupçon de chaleur l'envahir. L'atmosphère, tout comme le fond de l'air, était glaciale. C'était pourtant le printemps, mais on se croirait en hivers dans l'Arctique. La jeune fille, habituée depuis sa plus tendre enfance au soleil et à la chaleur du pays de Suna sentait facilement le contraste. C'est donc en s'approchant de la lumière que la blonde vit de quelle manière elle était accoutrée. Ces derniers souvenirs remontaient à sa rencontre avec Sai, au loup noir et à l'apparition inattendue de Naruto –des rêves, encore des rêves se persuadait-elle. Et dans sa mémoire, elle était habillée d'une veste en jean par-dessus un léger tee-shirt en coton blanc, superposé sur un pantacourt en jean délavé. Alors que maintenant qu'elle se regardait dans un miroir, elle était habillée d'une ample robe velours noire lui collant à la peau, dentelée de rouge au col et à ses extrémités. Ses cheveux blés –auparavant attachés en quatre couettes comme à son habitude- étaient désormais détachés et lui tombaient en cascades sur ses épaules. La jeune fille fronça les sourcils en admirant son reflet. Elle se savait peu laide, sans être exceptionnellement jolie, mais elle trouvait réellement que ses habits sobres l'embellissaient à vue d'œil.

Tout à coup, un bruit sourd retentit derrière elle, faisant légèrement craquer le plancher. L'adolescente se retourna vivement vers le bruit et ouvrit la bouche de surprise et d'incompréhension. Shikamaru était apparu du plafond, sans qu'elle ne l'ait encore aperçu et se tenait devant elle les mains encore et toujours dans ses poches et un sourire mi-amusé, mi-blasé peint sur ses lèvres.

"On se pomponne, Fille galère ?" murmura-t-il pour ne pas briser la magie de cet instant.

La dite fille galère continua à jouer au poisson rouge en ouvrant et en fermant la bouche simultanément. Si bien que le fils unique Nara finit par froncer les sourcils et à approcher son visage de celui de la jeune fille, pour vérifier si tout allait bien. Et sans prévenir, sans crier gare, Temari se gifla. Mais pas une de ces petites gifles gentilles. Elle se gifla elle-même violemment, jusqu'à en faire sursauter le garçon présent qui recula d'un pas de surprise. La joue de la jeune fille se colora d'une teinte rougeâtre. Le jeune homme s'approcha de la jeune fille:

" Mais tu es réellement folle ma parole ! Ça ne vas pas de te gifler comme ça ?"

Temari était un peu sonnée, elle leva la tête pour plonger son regard. Un sourire naquit alors sur ses lèvres devant l'expression éberlué de son ami et elle éclata de rire. Comme ça, sans prévenir. Le garçon s'en retrouva un peu déstabilisé, mais finit par se laisser aller et à rire à son tour, sans savoir pourquoi. Lorsque Temari releva la tête et s'arrêta enfin de rire, de fines larmes coulèrent le long de ses joues et vinrent s'échouer à la commissure de ses lèvres, qui formaient toujours ce même sourire radieux et chaleureux qui retournait complètement et ce, dans tous les sens du terme, Shikamaru.

Ces larmes qui gisaient désormais au creux du menton de la jeune femme, belles et d'une noblesse rare, inquiétèrent le garçon. Il fronça tristement les sourcils devant cette apparition d'eau inattendue, mais se tut malgré tout. La blonde s'avança et caressa de sa main chaude la peau glaciale de son ami, comme pour vérifier qu'il était bien là, en chair et en os.

"Ce n'était donc pas un rêve… murmura-t-elle à elle-même."

Shikamaru ferma les yeux au contact de la peau de la blonde contre sa joue. Et sans crier gare, elle s'approcha de lui plus que nécessaire et cala son front contre le torse du garçon et l'emprisonna de ses bras. Le Nara eut un vif geste de recul devant cet élan d'affection. Tout d'abord, il resta longtemps immobile, stupéfait, détaillant contre son grès la magnifique chevelure dorée collée à lui. Ensuite, il marmonnait seulement des: "lâche-moi fille galère" en se mordant la langue. Mais elle continuait de s'agripper à lui. Si bien qu'il commença à la repousser, plus violemment. Ceci contraint la jeune fille à le lâcher à contre cœur, malgré la blessure qu'il venait de faire à son cœur en agissant ainsi. Mais elle ne s'en formalisa pas.

Le garçon ne savait plus où se mettre, il se sentait gêné de l'avoir repoussée. Mais il savait également que s'il l'avait fait, c'était pour son bien. Temari sourit malicieusement, se mit sur la pointe des pieds et le gifla violemment. Il en trébucha de surprise. Mais celle qui souffrait le plus de ce coup était bien la blonde, qui avait rencontré une peau aussi dure que de la pierre. Elle gémit de douleur, pendant que Shikamaru massait sa joue et marmonnait:

"- Tu es vraiment folle ma pauvre fille… Tu ris puis tu pleures, tu m'enlaces puis tu me gifles…

- J'ai ri de ma bêtise, j'ai pleuré de la tienne… Je t'ai enlacé car j'étais heureuse de t'avoir retrouvé après quatre ans d'absence et… Pour la gifle, c'était pour rattraper le temps perdu !"

Shikamaru roula des yeux, alors qu'il marmonna:

"Ouais, contente de te voir en pleine forme Tema' !"

L'interpellée ne put s'empêcher de sourire devant le cynisme et le surnom qu'avait employé son ami. Elle avait imaginé d'innombrable fois la scène de leurs retrouvailles. Elle s'imaginait lui crier dessus, lui hurler combien elle avait souffert, combien elle lui en voulait pour l'avoir abandonnée comme ça. Mais lorsqu'elle s'était rendue compte qu'elle ne rêvait pas, qu'il était réellement là en face d'elle, elle avait ressenti une foule de sentiment qui l'avait empêché de s'énerver, et elle avait eu l'envie folle de le prendre dans ses bras, malgré son refus…

Pour garder contenance, elle serra les bras sous sa poitrine et s'exclama d'une voix forte et sévère:

"Enfin, si tu crois te faire pardonner pour ton absence comme ça, tu te mets le doigt dans l'œil… ça m'a fait mal Shikamaru."

Le jeune homme détourna le regard pour le fixer dans un coin mort de la pièce, pour éviter son regard. Il savait parfaitement qu'elle avait souffert à cause de lui. Mais il avait des circonstances atténuantes.

Remarquant le trouble de l'adolescent, Temari tourna sur elle-même faisant voleter sa robe. Shikamaru se surprit à rougir légèrement et à la trouver gracieuse et…belle ainsi.

" Explique-moi maintenant où je suis ? Pourquoi suis-je habillée ainsi ? Pourquoi as-tu disparu ? Que s'est-il passé avec Hidan ? Et Tenten ? Et…"

Le brun posa un doigt sur la bouche pulpeuse de la jeune fille qui se tut immédiatement à ce contact.

"Si tu es ici, c'est parce qu'on a jugé que tu devais savoir… Parce qu'à notre plus grand malheur, tu es impliquée plus que nous le souhaitons dans cette histoire…"

La blonde fronça les sourcils d'incompréhension. Qui était "nous", "on" ? De quelle histoire parlait-il ? Elle allait poser la question mais le Nara agrippa son bras assez violemment. Temari protesta, mais elle fut rapidement coupée par la voix grave du Nara:

"C'est une question de précaution. Quoi qu'il arrive, tu restes à côté de moi."

Le ton de sa voix n'autorisait aucune contradiction, et bien que ça l'énerve, la jeune femme se tut et le suivit. Ils sortirent de la chambre et se retrouvèrent dans un long couloir sombre, éclairé uniquement par de faibles bougies.

" L'architecte de cette demeure était-il dépressif ?"

Shikamaru rit doucement à cette remarque digne de Temari Sabaku, la Temari qu'il connaissait. La Temari arrogante, sûre d'elle et particulièrement hautaine. C'était tout ce qu'il détestait chez une femme mais que pourtant, il adorait chez la blonde.

Ils continuèrent à marcher et dépassèrent le couloir. Ils sortirent par une porte immense en bois craquelant et atterrirent en haut d'escalier menant tout droit à un vestibule. Les murs étaient décorés de tapisseries et de tableaux représentant des scènes macabres, pleines de désespoirs de guerre et de souffrances. Ils marchaient sur un parquet foncé rappelant l'ambiance morbide qui régnait constamment dans ce lieu austère. Les escaliers étaient drapés d'un tissu rouge continuant à l'infini. S'ils étaient dans un décor de film, Temari aurait juré que ce serait un film d'horreur. Les armures, l'odeur nauséabonde, le manque total de couleur et de touche personnelle. Elle n'osait même pas poser la main sur les objets qui ornaient la pièce, et elle sentait que marcher en ce sol était un privilège.

"- Shikamaru, où sommes-nous ?

- Tout ce que je peux te dire, c'est que nous sommes dans un manoir qui est à cinq minutes de Konoha."

Il s'arrêta là, et ne donna pas d'informations supplémentaires. Un manoir. Ceci pouvait éventuellement expliquer la décoration froide des pièces, mais ne l'éclairait pas plus que ça sur sa position et sur les raisons qui l'amenaient ici. Ils descendirent quatre à quatre les marches d'escalier lorsque deux mains chaudes vinrent se coller devant ses yeux, la tirant légèrement en arrière:

"- Temari-san, devine qui c'est ?

- Naruto, soupira Shikamaru, ce n'est pas bientôt fini ces gamineries ?"

Les mains se décolèrent du visage de la blonde qui se retourna vers le jeune garçon. Elle n'avait donc pas rêvé, il était bien vivant… Ce dernier se disputait avec Shikamaru, soit disant qu'il n'était pas drôle et que c'était toujours à cause de lui que ses blagues oh combien hilarantes échouaient si souvent. Temari ne put retenir un sourire nostalgique, cette scène la ramenant quelques années en arrière lorsqu'ils étaient encore tous des adolescents insouciants qui riaient ensembles. Naruto se retourna en pleins milieu de la conversation et sembla apercevoir quelqu'un ou quelque chose qui retint son attention. Il sourit bêtement et sautilla à grandes enjambées derrière un vase en marbre et en tira une magnifique jeune fille que Temari ne reconnut pas immédiatement. Elle était petite et menue, fixait le sol avec insistance et semblait rougir de gêne et de timidité. Ses cheveux étaient noirs aux reflets bleus et lui tombaient jusqu'en bas du dos. C'est uniquement lorsqu'elle releva la tête et plongea ses iris couleur corbeaux – avait-elle mis des lentilles sur ses magnifiques yeux neiges?- dans ceux sapins de Temari que cette dernière la reconnut. Hinata Hyûga, héritière de la Hyûga Corporation disparue il y a de cela cinq ans.


"- Allez Hinata, ne fais pas ta timide ! Approche… susurra le blondin en tenant la main à Hinata."

Cette dernière obéit à Naruto et s'approcha timidement. On sentait pourtant qu'elle faisait un effort surhumain pour se calmer et pour paraître sereine et à l'aise. Etait-ce dû à sa timidité légendaire ou… à autre chose ?

"- C…contente de te…te revoir Temari. Articula la jeune fille.

-Hinata."


Temari s'approcha d'un pas vers la jeune fille pour la prendre dans ses bras, la toucher… Vérifier que son amie, celle qui l'avait toujours écoutée en hochant timidement la tête, celle qui tremblait à sa place lorsque la blonde passait outre les droits et les lois était bien là, en chair et en os. Elle n'y croyait plus vraiment maintenant et avait besoin de preuve, bien que ce flot soudain d'apparition ne la laissait pas de marbre.

Mais à ce moment là, lorsque les deux anciennes amies et confidentes n'étaient plus qu'à quelques centimètres l'une de l'autre, Hinata eut un étrange geste de répulsion et recula vivement. Naruto la retint par les épaules et lui murmura quelques mots en lançant des sourires désolés à Temari, retenue par le bras par Shikamaru.


"- E…excuse-moi Temari. Trembla la brune. Je c-crois que je ne me sens pas bien…

-On va retourner dans notre chambre et nous descendrons dans quelques minutes. Compléta celui qui semblait être son petit ami."


Et ils s'éloignèrent, comme ils étaient venus, Hinata s'agrippant avec difficulté au bras de Naruto. Temari fronça les sourcils et se retourna vers Shikamaru et l'interrogea du regard:

" -Qu'est-ce qu'il se passe ici…?

-Patience, tu le découvriras bien assez tôt." Répondit Shikamaru en haussant légèrement les épaules.


Et sans lui demander son avis, il la tira vers le bas des escaliers et la fit rentrer dans une pièce sombre et vide, où trônaient uniquement en son centre une immense table rectangulaire et quelques chaises. Shikamaru la fit s'asseoir à l'une d'elle et lui annonça que c'est ici qu'elle aurait droit aux explications…et aux retrouvailles.


Au même moment, la porte s'ouvrit sur deux personnes qui n'étaient pas inconnues à la jeune fille. Temari reconnut sans mal Sasuke Uchiwa, qui n'avait cessé d'embellir au fil des années. Grand, la peau de neige, brun, les cheveux en bataille coupés courts, des yeux noirs de jais dans lesquels l'adolescente plongeait la tête la première. Sasuke était beau. Mais pas de cette beauté passagère, il n'était pas "mignon", ou "pas mal". Il était véritablement beau, du genre à tomber amoureuse de lui en le croisant dans la rue. Le seul garçon de sa promotion à avoir attiré toutes les filles qu'il a croisées. Même Temari avait succombé à ses charmes en arrivant à Konoha, tentant vainement de le séduire après avoir abandonné et s'être désintéressé de lui. Mais dire qu'elle ne ressentait pas de regret ou même, une légère amertume en le voyant serait mentir.


Le deuxième garçon était son ancien voisin, grâce à qui elle avait rencontré Shikamaru et d'autres de ses plus proches amis. Choji Akimichi. Le garçon brimé, mal traité par ses camarades pour sa corpulence. Temari se souvient avec honte qu'elle l'avait une ou deux fois méprisé et ignoré pour son poids. Elle s'en maudit depuis, car c'était un garçon adorable et d'une très grande générosité qu'elle avait découvert par la suite. Si lorsqu'il était enfant il était tout sauf attirant, il était maintenant plein de charme. Il était toujours un peu enveloppé, mais ce n'était plus une tare, ça le mettait même plutôt en valeur. Ses yeux noisettes riaient toujours autant, son sourire marchait le long de ses joues rondes tatoués de spirales. Ses cheveux bruns avaient énormément poussés et lui tombaient en piques au niveau des épaules, ce qui le rendait plus adulte et mature. Toutefois, sa peau autrefois couleur abricot avait pris une horrible teinte grisâtre, presque blanche. La jeune femme se demanda d'ailleurs s'il n'était pas malade.

" -Sabaku, marmonna le plus beau garçon des deux.

-Uchiwa, lui répondit-elle, un étrange sourire sur les lèvres."

Puis elle détourna son regard de son magnifique visage et s'approcha de Choji pour serrer sa main. A son passage, elle sentit Sasuke se raidir et vit que Choji réprimait une grimace et avalait difficilement sa salive. Une réaction presque similaire à celle d'Hinata… Où avait-elle donc atterrit ? Qu'avait donc fait de ses amis ?


Les retrouvailles faites, Shikamaru la tira vers lui et la força à s'asseoir. Il semblait dresser une barrière entre elle et les deux autres, qui s'assirent à la table, loin de Temari. Les trois garçons échangèrent un regard indéfinissable, que la blonde perçut à peine. Sasuke allait ouvrir la bouche, mais la porte s'ouvrit au même moment, laissant apparaître Naruto et Hinata. Naruto tenait tranquillement la main de cette dernière qui approcha près de Shikamaru et Temari –à une distance plutôt raisonnable quand même-:

"- Je… je suis désolé Temari, s'excusa la brune. Je ne sais p…pas ce qu'il m'a pris…

-Il n'y a pas de soucis Hinata. Ce n'est pas grave."

L'Hyûga sourit doucement tout en rougissant, et partit s'asseoir à la droite de Naruto, qui s'était assis à côté de Sasuke. Ils murmuraient quelque chose que Temari n'arrivait pas à entendre. Le silence était très pesant et l'irritait énormément. Elle avait l'horrible envie de se lever et de partir, plutôt que d'assister à des retrouvailles plus froides que jamais.


" N'y pense même pas…"

C'était Sasuke qui avait prononcé cette phrase. L'adolescente blonde fronça les sourcils d'incompréhension. Naruto commença à réprimander Sasuke sur quelque chose qu'elle ne comprenait pas, alors que sa petite amie se triturait les doigts et que Choji tentait de lancer un sujet de conversation qui tombait toujours à plat. Shikamaru posa sa main sur celle de Temari pour la calmer. Cette dernière rougit de surprise et d'incompréhension, mais choisit plutôt de se détendre et de profiter de ce contact inespéré.

" Shikamaru, s'écria Naruto –faisant sursauter l'assemblée-, ils ont dit qu'ils arriveraient bientôt."

Hinata hocha la tête pour appuyer l'affirmation du blondin, Sasuke leva la tête et fixa un point inconnu:

" Deux d'entre eux arrivent d'ailleurs…"

Temari ne comprenait rien: elle ne reconnaissait pas ses amis, ils semblaient différents, étranges. Ceci la mettait mal à l'aise, et la rendait nostalgique des anciens jours.


Shikamaru approcha son visage de l'oreille de la jeune femme et murmura, dans un souffle presque inaudible :


" N'oublie surtout pas ce que je t'ai dit : quoi qu'il arrive, tu restes à mes côtés."

Elle pencha la tête en signe d'incompréhension mais se retourna vers la porte immédiatement, qui grinça en s'ouvrant. Les yeux de la Sabaku s'écarquillèrent de surprise, sa bouche s'ouvrit puis un immense sourire naquit sur ses lèvres. Elle se leva dans un bruit sourd et courut dans les bras de la personne qui venait d'entrer: Elle entendit à peine Shikamaru hurler: "Naruto, Neji, retenez-les !"


Elle repoussa les bras de Naruto et s'agrippa au tee-shirt de son amie. Tenten… Tenten était là, en face d'elle, vivante… Magnifique… Elle n'avait pas changé, mais semblait plus… mature, sexy. Sauvage. Cette dernière l'avait accueillie dans ses bras en éclatant de rire, mais au moment du contact de leur corps s'enlaçant affectueusement, Tenten eut un mouvement étrange. Sa respiration s'était faite saccadé, ses mains sur sa robe noire s'étaient agrippées. Elle semblait possédée, fascinée.


Neji –le beau, le magnifique cousin d'Hinata… De longs cheveux bruns lui tombaient au bas du dos et comme sa cousine, ses yeux blancs fascinants étaient devenu noir charbon…- tira Tenten vers l'arrière et l'accueillit dans ses bras. Elle tremblait et serrait Neji contre elle comme si sa vie en dépendait. La blonde fut également tirée par deux bras imposant, ceux de Shikamaru et Naruto. Le brun à la couette relevé écarta les deux jeunes filles et l'attira vers un fond de pièce.

"- Temari, tu es folle. Une chieuse de fille galère ! –il hurlait presque, et retenait sa voix, voulant paraître parfaitement calme… ce qui ne trompait pas la Sabaku- Quand je te dis tu restes à mes côtés, tu m'obéis !

-Je ne suis pas ton chien, ni ta femme que je sache ! –Temari, par contre, ne se retenait pas de crier, malgré les airs mi amusé, mi fatigué, mi terrifié de leurs compagnons- t'arrête de te prendre pour le chef, j'ai parfaitement le droit d'aller retrouver ma meilleure amie ! Je te rappelle qu'elle avait disparu de la circulation depuis deux mois !"


Shikamaru n'eut pas son mot à dire, l'intéressée avait sorti sa tête du torse de Neji pour poser un regard désolé sur sa meilleure amie. Cette dernière reprit son souffle et continua, d'une voix plus posée, plus calme. Plus triste.


"- Mais tu ne peux pas comprendre… Tu ne peux pas comprendre la solitude que j'ai ressentie. J'étais toute seule merde ! Toute seule ! Sans personnes, sans amis, avec juste un frère mal dans sa peau comme compagnie ! C'est pas une vie bordel ! Tu n'as pas à m'interdire d'être heureuse pendant un instant ! "

Son corps tremblait de fureur. Elle continua à fixer son meilleur ami, qui était complètement décontenancé par ses paroles. Il la savait malheureuse, il la savait seule… Mais il ne pensait pas qu'elle gardait autant de rancœur, de chagrin au fond d'elle. Elle, Temari Sabaku, une femme fière et forte… Tout cela n'est finalement qu'une façade.

"-Ne crois pas que je fais pas ça par plaisir…réussit-il simplement à répondre. J'ai mes raisons."


La blonde lâcha l'affaire et partit s'asseoir aux côtés de Naruto, évitant le regard du brun à la queue de cheval. Neji et Tenten s'assirent à ses côtés, Tenten broyant à moitié la main de l'Hyûga qui ne semblait pas ressentir la douleur. Pour changer de sujet et apaiser l'ambiance, Temari se tourna vers eux et demanda en souriant:

" Alors, vous êtes ensemble vous deux ?"

Tenten rougit légèrement, croisa le regard de Neji et marmonna:

" Oui… enfin non… C'est plutôt…compliqué."

Le garçon aux cheveux longs fronça les sourcils et détailla longtemps du regard celle qui était apparemment sa petite amie. Sa meilleure amie fronça également les sourcils et allait demander des précisions lorsque Naruto s'exclama:


" Ils passent leur temps à se disputer ! Prenez exemple sur Hinata et moi !"

En guise de réponse, le cousin de la Hyûga lui lança un regard lourd de reproche et de sous-entendus morbides, alors que Sasuke frappa le blondin sur la tête, exaspéré. C'était étrange, Tenten était très amoureuse de Neji pendant longtemps, et s'ils ne s'entendaient pas toujours, ils avaient toujours été en bon termes. Alors maintenant qu'ils étaient en couple… ça aurait dû être le paradis pour les deux. Que s'était il passé pendant ces deux mois ?



La coupant dans ses réflexions, cinq autres adultes qui lui étaient inconnus entrèrent dans la salle.

Le premier était un homme, certainement le plus grand des personnes présentes. Sa stature était imposante, mais il était très négligé et semblait ne pas se rendre compte de ce qui l'entourait. Un épouvantail. Voilà ce qui était venu immédiatement à l'esprit de Temari quand elle le vit. Ses cheveux étaient argentés coiffés en bataille. Il portait un masque sur presque la totalité du visage, lui cachant un œil et le bas de son visage. Derrière lui, discutaient avec animation une femme grande et brune et un homme brun, taillé en V portant une barbe qui lui allait étonnement bien, qui riait à gorge déployé. Temari devina sans mal que ces deux là étaient en couple, et ceux depuis longtemps. Shikamaru s'approcha doucement derrière elle et lui murmura à l'oreille, sans qu'elle ne lui prête la moindre attention:


" – Les trois personnes qui viennent d'entrer sont Asuma Sarutobi, Kakashi Hatake et Kurenai Yuhi."


Mais elle ne l'écoutait plus et se concentrait uniquement sur les deux dernières personnes qui les rejoignirent: le premier était un homme de taille et de corpulence moyenne, ses cheveux d'un blanc pur lui tombaient jusqu'au bas du dos. L'homme n'était pas beau à proprement parler, mais il avait un charme indescriptible. Peut-être se logeait-il dans ses fossettes, dans son sourire espiègle et malicieux ou dans ses yeux rieurs ? Quoi qu'il en soit, le regard appuyé qu'il lançait à la poitrine généreusement mise en valeur par la robe noire de Temari la fit froncer les sourcils et elle détourna son regard de cet homme.



Derrière lui, entrait une femme resplendissante, que Temari connaissait parfaitement pour avoir déjà vu son visage dans les journaux. Une femme superbe. Taillée tel un mannequin, des courbes plus que généreuse, telle était la carrure, qui faisait baver quiconque, de Tsunade, nouvelle Hokage de Konoha. Ses cheveux étaient d'un blond cendré, contrastant peu avec la pâleur de son visage, coiffés en deux longues couettes. Son expression inspirait le calme et le respect, mais Temari savait parfaitement que leur Hokage était également une femme forte et colérique qui ne se laissait jamais marcher sur les pieds. A son grand bonheur.

Les deux nouveaux venus s'approchèrent de la blonde aux cheveux relâchés lorsqu'ils l'aperçurent. Shikamaru posa une main sur l'épaule de la jeune fille, crispée, qui la repoussa. Elle ne vit pas la grimace de déception qui se peint alors sur le visage du Nara. L'hokage la scruta du regard, prit une longue inspiration –comme pour se donner contenance- et clama:


"- Contente de te connaître… Temari n'est-ce pas ? Bienvenue dans ce manoir, qui est le notre, à Jiraya –elle désigna l'homme à ses côtés d'une main lasse- et moi. Tout d'abord je…

-Je suis heureuse de vous rencontrer également, la coupa Temari après un soupir non dissimulé, mais s'il vous plait, épargnez-moi tout un discours, ça ne m'intéresse pas."

Toute l'insistance ouvrit la bouche de surprise et fronça les yeux d'incompréhension. La blonde entendit Shikamaru râler devant son impolitesse et son arrogance et l'imagina parfaitement en train de sourire avec malice. Tsunade et Jiraya la fixaient, puis éclatèrent de rire quelques minutes après.

"- Je te remercie Temari, la diplomatie ce n'est pas mon truc !" s'exclama l'Hokage.

Jiraya laissa échapper un murmure : "ça, on l'avait remarqué". Mais la blonde le remit à sa place avec un regard rempli de sous-entendu. Les deux nouveaux arrivés s'assirent en face de Temari et de Naruto. Tsunade joint ses mains contre son menton et questionna la jeune fille en face d'elle, tout à coup sérieuse:

"- Je suppose que Shikamaru –elle le désigna du regard- t'a tout expliqué… Hidan, les disparitions, les cadavres, le loup…

-Pas vraiment. J'attends toujours des explications."

Les regards des adultes se posèrent sur le brun à la queue de cheval, qui passa une main lasse sur son visage ennuyé. Coupant court au calvaire du jeune homme, Jiraya se leva et posa ses mains sur la table en bois, plongea son regard dans celui de Temari et débita d'une traite:

"- On ne va pas y aller par quatre chemins, mademoiselle Sabaku: toutes les personnes présentes dans cette pièce, que vous les connaissiez ou non… Toutes ses personnes ne sont –et ce depuis bien trop longtemps malheureusement- plus humaines… Nous sommes même, d'un certain point de vue, plus morts que vivants."


A suivre…



Héhé ! L'histoire se met ENFIN en place !

J'espère que ce chapitre vous a plu.

Prochainement: Révélations (vous saurez TOUT).

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