Fiction: Obsession (terminée)

One-shot sur un Naruto psychologiquement... défaillant.
Drame / Romance | Mots: 1759 | Comments: 13 | Favs: 7
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aka oni (Masculin), le 28/12/2008
Ça faisait longtemps que je n'avais pas écrit et ça se voit x)



Chapitre 1: Gotta catch you out of my miserable brain



Le rayon de soleil vint frapper son œil brusquement, le faisant grogner mollement. Fallait-il qu’il n’ait pas de chance pour que ce rayon vienne le réveiller alors que le store était baissé… Mal baissé, nota-t-il en ouvrant un œil vaseux, avant de se rappeler que de toutes manières, le store était cassé et ne pouvait fermer correctement. Il soupira et décida de se lever. Il se dressa difficilement de son vieux matelas taché. Il se passa la main dans ses cheveux sales et gras en mâchonnant le vide, l’air encore endormi. Puis il se leva soudainement et retomba aussitôt en poussant un cri de douleur.

- Putain de tesson de bouteille ! Gueula Naruto en serrant son pied, d’où du sang s’écoulait à présent.

Il serrait son pied en grommelant des insanités diverses et variées. Il eut toutefois la bonne foi de noter que ne pas marcher sur un bout de verre explosé dans cette turne relevait de l’exploit. Il avait encore piqué une crise alors qu’il était ivre, à en juger par l’état de la pièce, où la vieille table de nuit tenait tant bien que mal sur trois pieds, soutenant vaillamment un monceau de bouteilles d’alcool divers et une quantité astronomique de cibiches à moitié fumées, débordant du cendrier de plastique fendu. Au sol, une bonne vingtaine de bouteilles de bières avait été brisée méthodiquement, et le soleil, filtrant tant bien que mal à travers le store déglingué, jouait avec les reflets vert sombre, sans parvenir à camoufler totalement les traces de crasse au sol et autres taches douteuses.
Naruto s’extirpa de ses draps humides de sueur et sauta jusqu’à sa salle de bains. Tout en pansant sa plaie – superficielle – avec une vieille bande de premiers secours, il repensa amèrement à ce qui l’avait poussé à aller se souler, comme tous les autres soirs. Sakura, Sakura, Sakura, à nouveau tournait dans son esprit, désormais réveillé et bien conscient de sa gueule de bois. Un regard dans la glace fendue lui apprit qu’il ne s’était pas rasé depuis pas mal de temps, et l’odeur qui se dégageait de ses vieux vêtements, dont les traces douteuses indiquaient que vingt bouteilles de bière étaient vraiment trop pour son estomac, ne disait que trop que sa dernière douche remontait à un temps reculé. Naruto rentra donc dans sa cabine de douche et découvrit là le reste de ce que son estomac avait rejeté la veille. Il rinça longuement l’endroit, sans un mot, l’esprit entièrement occupé par le visage de Sakura. Il psalmodia doucement son nom en se douchant, puis en balayant rapidement les dangereux tessons dans un recoin obscur de la pièce. Quand ce fut fait, Naruto, comme à son habitude, se saisit d’une vieille photographie de Sakura et s’affala dans un vieux fauteuil, tout aussi sale et défoncé que le reste. Il caressa l’image de la jeune fille, tout en murmurant.

- Salut, Sakura. Sale nuit. La journée commence mal, non ? Si tu avais été là, t’aurais pu me soigner, remarque, ha ha. Enfin bon. T’as remarqué, je me suis lavé, je me suis mal rasé. Pour toi, hein, ne va pas t’imaginer des choses ! Je me suis même changé, j’ai mis des vêtements presque propres.

Naruto s’interrompit.

- Tu ne réponds pas ? Sans déconner.

Il envoya balader la photo dans un coin de la pièce et resta prostré sur lui-même quelques instants. Le visage de Sakura tournait dans sa tête. Depuis tout petit, son visage, son corps, l’occupaient, tournoyant en permanence dans son cerveau fatigué, seulement éloignés par les brumes de l’alcool. Au début, il remédiait à cela par l’exubérance, en lui parlant tout le temps, mais peine perdue. Cela ne faisait que le rendre plus insupportable à ses yeux, il le savait mais ne pouvait s’empêcher de continuer. Ils étaient jeunes, à l’époque. Puis ils avaient grandi, et l’image de Sakura dans la tête de Naruto aussi. Puis ce jour-là, alors que Kakashi les avait laissés seuls, il avait complètement perdu l’esprit, et si Sasuke n’était pas arrivé à temps, les images que Naruto ne cessait de voir défiler dans son crâne seraient devenues réalité. La suite était allée vite, la radiation des forces ninjas, la mise à l’écart immédiate et totale de tout le monde. Le mépris de tous et de toutes. Un seul rêve s’était écroulé, au fond, puisqu’il lui avait été formellement interdit de revoir Sakura, de s’en approcher de quelque manière que ce soit. Puis la déchéance, la pauvreté, le chômage, évidemment. Mais cela, Naruto s’en fichait, il n’y avait que l’image de Sakura qui comptait. D’un coup, son corps de tendit à l’extrême et il se jeta d’un bond sur le cadre brisé de la photo.

- Pardon, pardon, Sakura, désolé, je vais te réparer, promis, tu n’m’en veux pas, hein ? Dis ? Dis ? Désolé, Balbutia Naruto en sanglotant et en caressant la photo cornée.

Puis il recommença à lui parler, lui racontant des projets d’avenir grandioses, elle et lui, elle et lui.

Le froid mordant de la fin d’année dissipait déjà l’alcool ingurgité dans le bar miteux du coin. Naruto marchait rapidement, le nez engoncé dans un manteau déchiré qui ne protégeait que très symboliquement du froid. Sakura revint lui tenir compagnie, dansant devant ses yeux, lui faisant des sourires et des baisers. Naruto tendit le bras et se mit à courir. Ce n’était pas une hallucination, cette fois, c’était bien trop réel ! Plus réel que jamais. Naruto accéléra le pas, courant de plus en plus vite.

- AÏE !
- Bordel, tu ne peux pas faire gaffe, merde, quel con ! Gueula la femme par terre.

Naruto se releva vite, cherchant du regard Sakura, mais rien.

- Et m’aider, ça t’arracherait la gueule ?

Naruto jeta un regard. Une prostituée, relativement jeune vu la moyenne d’âge des professionnelles du quartier, tentait de se relever, glissant sur la neige fondue et boueuse.

- Ah, salut, heu… Yuhiko.

Naruto la tira hors de la boue. La péripatéticienne ne prit pas la peine de le remercier, tenant d’enlever la boue maculant son manteau grotesque, angoissée à l’idée de ce que son mac lui ferait en découvrant cela.

- Tiens, hm, t’es libre, là ?
- T’as du fric ? Demanda Yuhiko sans regarder Naruto.
- Ouais, aujourd’hui, ouais.
- Ok, allons-y…

Ils se dirigèrent ensemble vers l’hôtel dédié à ce genre de commerce du quartier. Contrairement à ce que le quartier laissait à supposer, l’hôtel était propre, la façade récemment peinte et l’ensemble assez classe. Arrivés là, Naruto et la prostituée louèrent une chambre. Si la chambre, à l’image de l’hôtel, était assez propre, les cloisons n’en étaient pas moins fines et laissaient passer tous les bruits de copulation de la faune qui usait des services des femmes de petite vertu.

- Bon, déshabille toi, je fume une sèche et j’arrive, commanda Yuhiko. Une passe, comme d’hab’ ? J’suppose que ne t’as pas assez pour plus, de toutes manières.
- Ouais… Grommela Naruto en enlevant rapidement ses vêtements.

Yuhiko termina sa clope, jeta le mégot à terre et se dirigea rapidement vers le lit grinçant.

- Allez, soupira-t-elle.

Naruto ferma les yeux et tenta de se représenter Sakura. Il expira longuement.

- Sakura, Sakura, gémit-il au bout de quelques minutes. Aah, Sakura, Sakura…
- Encore cette Sakura, ricana la prostituée. Tu me fais le coup à chaque fois. Va la voir si elle est si bien, ta Sakura, ha ha ha !

Naruto ouvrit les yeux. L’odeur de tabac froid le prit à la gorge, sentir la peau collante et sale de cette femme vulgaire sur lui manqua de le faire vomir. Le visage trop maquillé de la prostituée, l’odeur, sa peau, le ricanement las de la femme, et Sakura qui s’effaçait dans l’atmosphère humide et lourde...

- Sakura, t’es où ? Murmura Naruto.
- Hein ?

Naruto termina son affaire rapidement et sèchement.

- Et le fr… Commença Yuhiko alors que Naruto se rhabillait, interrompue par une poignée de billets froissés jetés dans la pièce.

Naruto sortit rapidement de l’hôtel et courut, courut, mais Sakura était toujours devant lui, il se retourna, elle était derrière lui, l’invitant à le suivre, lui promettant monts et merveilles dans les brumes de son esprit.
Naruto regagna son domicile, sous les yeux apeurés d’une vieille voisine derrière sa fenêtre. Il entra en trombe et se cala dans son fauteuil. Il saisit une image de Sakura, encore jeune, au temps où l’équipe Sept était une réalité.

- Je crois qu’il faut que cela finisse, Sakura. Tu ne peux plus continuer à me hanter ou je vais devenir fou, tu sais. On ne veut pas cela, ni l’un, ni l’autre, non ? Faut que ça s’arrête, putain. Faut…

Naruto se leva et fit les cent pas dans son appartement dévasté.

- … Que ça finisse, tu comprends, Sakura. Je vais résoudre nos problèmes, dit-il tristement, à voix basse, en enfilant son manteau. C’est un sacrifice que je dois faire, non ?

***


La clinique brillait dans le soleil couchant. Le bâtiment, recouvert de vitres, renvoyait le moindre éclat de lumière, faisant baigner les alentours dans une atmosphère orangée. Il se dirigea vers le département psychiatrique. Il passa rapidement devant l’accueil surchargé, les vigiles occupés à se réchauffer en discutant autour d’un café. Il grimpa les escaliers en soufflant, ses poumons de fumeur ne l’autorisant pas à ce genre d’efforts. Arrivé au sixième étage, il parcourut les couloirs, bordés de cellules capitonnés, dont les occupants ne parvenaient qu’à l’occasion d’un bref hurlement désespéré à percer l’isolation phonique. Il fut rapidement en vue de la salle du personnel de l’étage, ralentit et s’arrêta sur le pas de la porte. Quelques membres de l’équipe médicale riaient en se racontant des histoires quelconques. Un infirmier l’aperçut.

- Monsieur ? J’peux vous aider ? C’est pour une visite ?
- Hem… Oui. La doctoresse Sakura est-elle ici ? Demanda-t-il lentement, en transformant sa voix.
- C’est moi, dit une jeune femme d’une vingtaine d’années, en se levant, intriguée.

Naruto sentit sa résolution défaillir en voyant sa vision devenue réalité. Sakura était si belle, si belle, si belle, auréolée d’une lumière orangée, oui, si belle. Mais il ne fallait pas défaillir.

- Heu… Vous désirez ? Demanda Sakura, en reculant d’un pas devant le regard insistant de l’inconnu. Mais, je vous connais… Vous êtes… Tu es… Dit-elle, en écarquillant les yeux d’horreur.
- J’ai un cadeau, Sakura, un cadeau qui va résoudre nos problèmes, sourit Naruto en sortant un couteau aiguisé de son manteau. Joyeux noël, Sakura.




Hm...



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