Fiction: Petit frère (terminée)

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Tu sais, tu as presque réussi à me faire rire. Toi là, juste en face de moi, forme claire dont je distingue mal les contours flous au loin, je m'imagine ton regard terrorisé. Il est vrai que je dois vraiment te faire peur, avec mes yeux blancs d'aveugle et ma voix rauque, en m'approchant de toi tel un fantôme, répétant ces seuls mots qui te font trembler à présent :

- Bien, désormais tes yeux sont à moi. Je vais te les arracher lentement.

J'ai envie de sourire, de vraiment te faire un beau sourire, un bien grand du genre très fier de toi, comme quand tu gagnais enfin la partie de cache-cache en m'ayant retrouvé collé au plafond, tu avais l'air tellement heureux de gagner et moi j'étais tellement content d'avoir perdu, car cela indiquait que tu progressais. Je le voyais bien de toute façon, de jour en jour tu avançait et perfectionnait tes sens et ton intelligence. Tu était né pour être un ninja, je l'ai toujours su, dès que je t'ai vu et que tu n'étais alors qu'un petit être aveugle et tout juste sorti du ventre de notre mère, j'ai su que tu était venu au monde pour cela et j'en était alors fier et heureux.

Mais je résiste à te sourire, je ne fait que continuer cette comédie qui dure depuis tant d'années et qui t'as tant fait de mal. Je le sait que je t'ai fait souffrir et que tu me haïs en ce moment plus que tout au monde, mais je sens mon cœur battre de plus en plus fort alors que je m'approche de toi, car je sais que c'est bientôt fini. De toute façon mon but premier est résolu, celui de te débarrasser d'Orochimaru, cette enflure ! Il a voulu profiter de toi et de tes yeux... Mais jamais il ne t'auras. J'ai tout prévu contre ça.

Bien sûr, j'aurais pu m'arrêter maintenant et tout te dévoiler mais je sens que j'en serais malheureux, car pour une fois c'est moi qui ai envie de gagner, alors s'il te plait laisse-moi ce plaisir. Tu pues la défaite à plein nez, ça se sent sur toi d'ici ! Ma vue baissant, mes sens se sont affutés naturellement et étrangement, l'odorat est l'un de ceux que je privilégie le plus, avec l'ouïe. Mais... ça me fait plaisir. Car c'est contre moi que tu perds et je sait donc que je suis, pour l'instant, encore plus fort que toi. C'est égoïste de ma part, surtout sachant que je suis censé t'aider à progresser mais c'est plus fort que moi, je me sens tellement fébrile à l'idée de te faire cette si terrible farce. Je suis ton grand-frère tout de même...

Mince, me voilà à cracher du sang. Je sens que mon invocation change d'apparence, il va bientôt me prendre ma vie, je le sais. De toute façon, j'étais condamné au moment même où je l'ai invoqué et depuis le massacre du clan, j'ai toujours su que j'allais mourir.

Et je voulais que ce sois de ta main.

Tu tente de me repousser avec des parchemins explosifs et des kunaï. Ridicule. Ce n'est pas ça qui m'arrêtera, je suis invincible, jusqu'à ce que je ne tiennes plus. Je sens ta peur, tu refuses la défaite, mais ce n'est pas ça qui m'arrêtera. Pas cette fois-ci.

L'explosion fait d'énormes dégâts sur le terrain autour de moi mais je suis toujours indemne, protégé par mon invocation. Allez, arrête de chercher, c'est sans issue et tu le sais. Aujourd'hui, c'est moi qui vais gagner...

- Et merde !!!

En voilà des mots grossiers ! Sortant de ta bouche, je prend cela comme un compliment, ça veut dire que je t'ai poussé à bout, complètement dans tes retranchements et surtout, je sens que tu n'as plus rien d'autre sous la main que les parchemins explosifs et les shuriken que tu tentes de me lancer pour m'envoyer vers l'autre monde. Non, même si l'envie en est grande, je ne dois pas me laisser aller, pas encore...

- Mes yeux... Mes y...

Te voilà qui tente un dernier coup d'état, en te jetant sur moi avec ton sabre ! Je m'en doutais un peu tu sais, tu as toujours eu la mentalité d'un gagnant et tu tiens énormément à la vie. Alors tu ne supportes pas de perdre. Cette manie de toujours croire à l'incroyable... Franchement, je vais te faire un énorme cadeau aujourd'hui, alors j'espère que tu en sera heureux et pour une fois, fier de ton frère. Tu n'imagines pas comme ça me ferait plaisir.

Te voilà à terre... Je te l'avais dit que c'était sans issue. Mon cœur bat de plus en plus lentement dans ma poitrine, mais paradoxalement, j'ai aussi l'impression qu'il bat plus fort. C'est parce que je sens que le cadeau que je vais te donner arrive de plus en plus vite devant toi. Quand à moi, je vais enfin pouvoir me permettre une chose dont j'ai rêvé depuis voilà tellement longtemps...
Merci.
Merci d'être resté en vie, malgré tout ce que je t'ai fait subir, malgré tout ce que je t'ai dit et t'ai obligé à faire. Malgré tout ce que tu as vécu.


Tu t'es relevé, je sais que c'est la fin, que je vais enfin pouvoir te montrer, t'expliquer... Si seulement j'en ai la force. Je ne te vois plus du tout maintenant, je sens juste ton souffle et tes muscles fatigués qui se tendent à mon approche. Je sais que je suis face à toi, ton odeur me monte au nez, celle de notre sang et de l'air rempli de chakra. Il y a celle de Susanoo aussi, mais celle-là, je préfère l'oublier.

J'ai levé les doigts, je tente de parler et d'enfin t'expliquer, cette petite phrase que j'avais réservé pour ce moment-là, mais je n'y arrive pas. Je ne m'entends pas moi-même de toute façon. Mes doigts s'approchent de ton front, j'espère que je ne vais pas me planter et te les enfoncer dans les yeux, mais je sais que je ne me tromperais pas et que tu ne me feras pas l'affront de tomber par terre. Merci d'avoir confiance en moi. Même si je sais que c'est simplement la peur qui te fait tenir debout et rester immobile. Merci quand même...

Et puis je touche ton front. Le sang fait un peu glisser mes doigts mais ce n'est pas très grave. Je ne vois plus rien désormais et je sens que je n'ai plus de force. Ma main glisse... doucement... mais tellement trop vite... j'aurais voulu que ce moment dure toujours. Susanoo disparait, je sens la vie me quitter...


Le sourire que je te donne maintenant est celui que je sentais gronder dans le fond de mon cœur depuis que j'ai dû t'abandonner. Je revoit tout les passages où toi et moi on s'entraînait, on s'amusait et on s'en donnait à cœur joie. Et le voici, ce cadeau que je souhaitait te donner depuis le début du combat, il est à toi, sur un plateau d'or. Oh, il y a l'Amaterasu, bien sur, mais cela, tu t'en rendras compte plus tard. Non, celui dont tu ne saura jamais l'existence est le plus précieux que tu recevra jamais de moi.

Sasuke... Le saura-tu un jour ? C'est ma vie que je te donne.

Je ne sais d'où sortent les derniers mots que j'ai prononcé. Souvenirs d'un autre temps où toi et moi étions si proches... Trop proches peut-être ? Non, malgré tout ce qui s'est passé, je ne regretterais jamais.

- Désolé Sasuke... C'est la dernière fois.

Les limites sont les limites et c'est par-delà la mort que te viennent ces paroles. Tandis que je m'écroule sur ton épaule, mon âme était déjà partie depuis longtemps.



Adieu, petit frère. Je t'aime, veille bien sur toi.



Ce chapitre est très court (1300 mots au lieu du minimum fixé à 1500) mais je l'ai fait vraiment sur le vif et sans filet, il retranscrit les sentiments qui cohabitaient en moi et il est à la taille de ce que j'avais à écrire, un peu comme si le texte ne demandais qu'à sortir...

Merci à vous modérateurs si vous l'acceptez et merci à vous lecteurs si vous l'appréciez.




Votre dévouée Lowena.

edit Rastamilie > ton texte n'est pas trop court... il y a juste ce qu'il faut comme il faut... T_T

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