Fiction: Troubles.

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Sakura pleurait encore. Cela faisait des heures qu’elle soignait la plaie invisible qui avait eu raison de son amant. Kogito contenait mal ses larmes, retenant dans ses bras les deux enfants qui ne cessaient de hurler, d’appeler leur père tant aimé. Watage et Senkô avaient été retrouvées, comme plus de la moitié des shinobis de Konoha, sous l’emprise d’un Genjutsu permanant. Heureusement, elles étaient là maintenant, saines et sauves. Kakerô, représentant de l’armée Anbu, s’avança vers la fleur de cerisier. Il posa son museau humide dans le cou de la jeune fille et émit un petit gémissement compatissant.

- « Je suis désolé, Sakura-sama. »
- Tu n’y peux rien, Kakerô…

Sakura caressa la joue du loup, et le repoussa gentiment.

- Je veux être utile à Konoha, expliqua-t-elle. Pardonne-moi.
- « Quoi ? »
- Il n’y a que comme ça que le village survivra.
- « Non, ne faites pas ça ! » aboya Kakerô.

Toutes la troupe regardait la jeune femme allonger son mari, sous le regard horrifié du chien. Les deux enfants stoppèrent leurs pleurs et fixèrent leur mère, poser ses mains sur le torse de Naruto. Kakerô bondit sur Sakura, mais la kunoichi repoussa l’animal d’un coup de poing violent, le projetant à l’autre bout de la salle. Tous les autres Anbus se mirent en garde, comme si Sakura était soudainement devenue un ennemi à neutraliser. La jeune femme éclata en sanglot, replaça ses mains sur le tronc de Naruto. Une aura verte s’échappa alors de ses paumes, et les traits de Sakura se durcirent. Kakerô, immobilisé par le coup, aboya à nouveau, mais en vain. Elle s’était décidée. Et rien ne la ferait plus changer d’avis maintenant. Elle regarda ses enfants, qui n’avaient pipé mot depuis le début de la soirée.

- Veillez bien sur votre père, tous les deux.

Elle sourit faiblement, tristement. Kurume tira fortement sur le bras de Kogito qui, surpris, le lâcha. Le garçon courut vers sa mère, mais Senkô apparut devant lui et l’intercepta.

- Maman ! Qu’est-ce que tu fais à papa ? Maman !

Kogito, abasourdit, ayant enfin comprit les intentions de la shinobi, libéra Ylenia, qui alla se réfugier dans les bras de Watage, une grande amie de la famille Uzumaki. Sakura ne stoppait pas son jutsu pour autant.

- Je vous aime, tous les deux. Promettez-moi, que…

La jeune femme chancela. Kogito se précipita à ses côtés et la retint. L’aura de chakra diminua subitement, et Sakura s’insulta intérieurement de sa faiblesse devenue bien plus qu’évidente. Kogito sentit en lui un point douloureux et lourd à porter, et il murmura à Sakura, d’une voix étouffée :

- Mon chakra. Utilisez mon chakra… Sakura-sama.

Ces quelques mots ravivèrent des souvenirs dans l’esprit de Haruno.

« Chiyo-baasama… Le monde a changé… Vous voyez… »

Elle se redressa dans un dernier élan de force et posa son regard vide, pâle, dans celui de Kogito, humide.

- Pose tes mains… Sur les miennes…

« Il a changé… Tellement changé… Ce monde… »

- Oui, gémit Kogito, en s’exécutant.

L’auréole de chakra s’agrandit à nouveau. Elle allait accomplir ce que très peu de ninjas avaient eu le courage de faire. Elle allait donner sa vie. Pour celui qu’elle aimait.

« Changé… Les gens aussi… Ont changé… »

- Sakura-sama… ?

Elle releva la tête, devenue plus blanche que jamais, transpirante.

- Oui, Kogito ?
- Je… Je veillerais sur Naruto-sama… Pour vous…

« Tellement… Changé… » La technique de résurrection s’acheva.

…

- Mamaaan !!

Un cri de désespoir raisonna, au milieu des décombres. C’était la fin…

D’Uzumaki Sakura. Mais aussi le second réveil…

D’Uzumaki Naruto.

…

{…}


- « Tu as bien agi. »
- Non. J’ai fait n’importe quoi… J’aurais dû…
- « Kogito ! »
- Kakerô… C’est vrai, je ne suis pas digne d’être… Aïe !

Le ninja dévisagea le chien, les crocs plantés dans la chair de son bras droit, sanguinolent. Un long silence, entrecoupé des grognements du loup, s’installa. Une rafale balaya le sol poussiéreux en bas des portes du village de Konoha. Kogito soupira.

- Merci.

Kakerô le lâcha.

- « La mort rime avec le métier de ninja. Tu le savais, en t’engageant dans cette voie. »
- Ouais. Sûrement.
- « La cérémonie va commencer. Tu viens ? »
- Vas-y déjà. Je vous rejoindrais.
- « N’arrive pas trop tard, alors. »
- Hn.

L’enterrement de Sakura Haruno, femme du Rokudaime Hokage, allait débuter dans quelques heures. Personne n’avait revu Naruto depuis cette horrible nuit. Ylenia et Kurume avaient été confié à Watage et à son clan, réputé pour être très proches des Uzumaki.

Kogito évaluait l’horizon, perdu. Il se sentait coupable. Ses sentiments entravaient ses pouvoirs de shinobi, toujours, depuis son enfance. Il n’avait rien fait cette soirée là, pour venir en aide à Naruto, et la culpabilité le rongeait lentement. Peut-être que s’il s’était conduit en bon mercenaire, Sakura serait encore là aujourd’hui, avec l’Hokage et ses deux enfants.

Le jeune homme se leva et arrangea sa toge noire, pour les funérailles. Il essuya sa joue du revers de sa manche et disparut dans un soupire.

…

- C’est bizarre, je ne vois pas Kogito, murmura Watage en examinant la foule.
- Kakerô m’a dit qu’il serait là, arrête de t’en faire pour rien.
- Dis, Sen-san, tu crois qu’il nous en veut ?
- Je n’espère pas. Mais je crois qu’il culpabilise en fait, chuchota Senkô, son aiguille d’encens au coin de la bouche.
- Il prend toujours trop sur lui…

Watage serra son bâton fermement dans ses mains et cacha son visage dans la boule duveteuse de son extrémité. Senkô la dévisagea de biais.

- Tu t’inquiètes pour lui ? Tu le crois incapable de surmonter le premier problème qui lui vient de face ? Tu le vois comme un faible ?
- Non, Sen ! Ne le prends pas de cette façon !
- Kogito est un shinobi de Konoha, tout comme nous.
- Je sais…
- Mais il est aussi humain. Il a juste un trop gros cœur.

Watage eut un petit sursaut. Elle ferma les yeux et resserra son étreinte sur l’arme.

- Oui…

Senkô posa délicatement sa main sur l’épaule de la jeune fille et sourit faiblement.

- Allez, si ça se trouve, il est déjà dans le rassemblement. On y va.
- Sen-san ?
- Oui ?
- … Est-ce que c’est un défaut ou une qualité ?
- Quoi donc ? interrogea Senkô, ahurie.
- D’avoir des sentiments…

Senkô se sentie étrangement touchée par cette question. Elle amena la petite kunoichi contre elle et soupira.

- On dit qu’un ninja doit savoir faire taire ses émotions, peu importe la situation. Mais rappelle-toi de ce que nous a enseigné Naruto-sama.
- Un shinobi est maître de son émoi, à lui de le laisser transparaître ou non, récita Watage en refermant les yeux. Mais…
- Ne cherche pas plus loin…

Senkô prit la main de son amie et la traîna en avant.

- On va vraiment finir par être en retard.
- Excuse-m-…
- Oh ! Là, Kogito ! s’écria Senkô.

Watage leva enfin la tête et aperçut le jeune homme, pressé dans la masse qui s’amoncelait devant un petit piédestal. Elle sentit son cœur s’alléger et un mince sourire se dessina sur son visage angélique. Senkô le remarqua et sourit à son tour.

Les deux amies rejoignirent leur équipier, qui se montra le même, si ce n’est plus malheureux qu’à l’ordinaire.

A l’intérieur de son appartement, Naruto, la mine sombre, finalisait sa tenue, serrant entre ses doigts la fleur blanche d’adieu. Il se contempla dans le miroir avec dégoût, et quelque chose chez lui le répugna. Un détail manquait. Le détail qui ne ferait plus de lui le grand shinobi qu’il était. Sans savoir réellement ce qui le choquait dans son physique, la main de Naruto se posa distraitement sur sa joue, et le Rokudaime comprit.

Kyûbi.

La seconde source de son pouvoir, celle qui le tenait au dessus de tout, avait disparu. Tout comme les trois petites moustaches noires sur ses joues pâles. Naruto soupira. Un homme âgé entra dans la pièce.

- Uzumaki-sama. La cérémonie va commencer.
- J’arrive.

Le vieillard quitta la chambre, abandonnant l’Hokage devant son pathétique reflet.

Quelques secondes plus tard, Naruto Uzumaki apparut, dans une longue toge noire, fleur blanche à la main, et fit face à son village. Le vieil homme de tout à l’heure, nouveau haut placé de Konoha, se joint à ses côtés.

- Il manque la moitié de nos ninjas, chuchota Naruto, désemparé.
- Oui. Sans que l’on sache pourquoi. Mais nous ne pouvons retarder le commencement de la cérémonie, votre Honneur, intervint le vieux.
- C’est pourtant ce qu’on va faire. Une personne importante est absente.
- Qui donc ? demanda-t-il en regardant l’assemblée.
- Mon frère.
- Sasuke Uchiwa ?
- …
- Mais nous ne nous permettrons pas une seconde de retard de plus. Je suis désolé, mais nous ferons les funérailles de votre épouse sans lui.
- Très bien…

Naruto n’écouta pas une seule seconde les paroles du prêtre, et oublia même de déposer sa rose devant le petit piédestal d’or et d’argent, où était posée une photo de Sakura Haruno, figée, mais si souriante et pleine de vie.

Il la déposerait tout à l’heure. Avec une centaine de plus, pour se faire pardonner…

Ou pour essayer, au moins…

{…}

Wasabi pénétra la première dans la petite grotte qui se dressait sur leur chemin, suivi de ses deux acolytes. Elle allait enfin obtenir ce qu’elle attendait : sa reconnaissance ainsi que sa confiance. Tout ce dont elle avait besoin pour terrasser le village tout entier de Konoha no kuni, en fin de compte. Un tremblement secoua l’antre et derrière l’équipe Korosu, une paroi de roche boucha l’entrée. Nayami sursauta, comme à chaque fois, ne s’étant toujours pas fait à ce monde sombre et froid. Wasabi continua son déplacement, et s’arrêta devant une imposante statue.

- Nous sommes là.

Un petit « hun » raisonna en haut du bronze.

- Mm ?
- Nous avons réussi, déclama la chef de Korosu.
- Excellent.

Les trois membres de l’équipe sourirent de contentement et d’autosatisfaction.

- Nous avons la voie libre alors ? Kyûbi s’est laissé avoir si facilement ?
- Le Bijuu ne s’est pas plus manifesté que ça, en effet, avoua Nayami, trouvant tout ça presque trop facile.
- Il n’en a pas eu le temps, rectifia Teru, confiant.
- Bien… Nous pourrons donc lancer l’assaut.
- Oui, soupira Wasabi. Madara-sama.

La jeune femme baissa la tête et regarda le sol.

« La fin de Konoha, nii-san. Eh oui, Kogito. J’ai gagné mon pari. »

Madara fixa le visage crispé de la jeune princesse. Il ricana.

« J’aime beaucoup ce regard. Presque le même que le mien. »





Merci infiniment d'avoir lu ! ^^

A suivre ! =)

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