Fiction: Y'a une fille qu'habite chez moi (terminée)

Ne laissez jamais une femme vous sauver la vie. Jamais. Après, elle va s'immiscer dans votre existence, critiquer votre cuisine, vous faire revoir vos théories machistes et même, qui sait, vous faire tomber amoureux. Galère... ShikaTema
Version imprimable
Aller au
Hakina (Féminin), le 14/02/2009
Coucou =)

Voici donc notre chapitre 6 qui est un peu plus long que les chapitres habituels. Comme j'avais annoncé une fic de moins de dix chapitres, vous vous doutez donc qu'on approche lentement mais sûrement de la fin.

En tout cas, j'espère qu'il vous plaira. Merci pour vos commentaires qui m'encouragent et qui, parfois, me font même rire.

Je vous souhaite une bonne lecture à tous,

Hakina




Chapitre 6: Hésitations



Bien qu'il fût réveillé, Shikamaru gardait les yeux fermés. Si, d'habitude, c'était par pure fainéantise, ce n'était pas le cas cette fois-ci : il réfléchissait. La situation dans laquelle il se trouvait était pour le moins... compliquée. Le sujet de ses préoccupations dormait encore, à quelques centimètres de lui, ayant réussi, par un tour de force inexplicable, à réquisitionner les trois quarts des coussins qui servaient momentanément de lit au jeune homme. Bizarrement, cette constatation ne l'avait pas fait que soupirer : elle l'avait aussi fait sourire, le genre de sourire attendri qui n'annonce rien de bon, même s'il refusait encore de voir la réalité en face.

« Ressaisis-toi... », s'ordonna mentalement le jeune homme en essayant de repousser le problème Temari dans un coin reculé de sa tête.

Malheureusement, c'était peine perdue. Son devoir de ninja lui dictait d'envoyer au plus tôt son rapport à Gaara. Ce dernier l'attendait sûrement avec impatience... Shikamaru était persuadé que cette histoire pesait autant au Kazekage qu'à Temari. Tsunade-sama avait raison : sur le moment, la colère avait pris le dessus et ses mots avaient dépassé sa pensée. Maintenant qu'il prenait pleinement conscience qu'il avait banni sa propre sœur, Gaara devait certainement regretter chaque seconde que cette dernière passait loin de Suna.

Cependant, ce n'était pas le genre de ninja à reconnaître facilement ses erreurs, surtout lorsqu'il n'était pas le seul en tort. La fierté le retenait. C'était pour cela que Shikamaru devait envoyer ce rapport lui indiquant que Temari n'avait visiblement rien contre une invitation à rentrer dans son village : Gaara pourrait réparer sa bêtise tout en gardant la tête haute. D'une certaine manière, Shikamaru le comprenait : il aurait détesté faire le premier pas en prenant le risque de se prendre un refus de plein fouet. Surtout quand les choses s'étaient envenimées à un tel point...

« Envoyer un rapport... On ne peut pourtant pas faire plus simple... », essaya de se convaincre le jeune homme sans pour autant y parvenir.

Quelque soit la façon dont il tournait les choses, il avait l'impression de trahir Temari. Cette dernière ne devait pas imaginer une seule seconde que Shikamaru était capable de l'espionner pour le compte de son frère. Non, elle devait penser qu'il valait beaucoup mieux que ça... Malheureusement, une mission était une mission, même s'il regrettait de plus en plus de l'avoir accepté, et il devait mettre ses états d'âme de côté.

« S'ils se réconcilient, ce sera grâce à moi, songea le jeune homme, bien conscient de se chercher des excuses. Temari ne pourra pas m'en vouloir bien longtemps... »

Peut-être était-ce vrai... Peut-être que la jeune femme comprendrait qu'il ait pu accepter la proposition de Gaara et peut-être même qu'elle lui en serait reconnaissante, sur le long terme. Dans ce cas là, il ne lui restait plus qu'une raison de ne pas accomplir cette mission, une raison bien moins avouable sur laquelle il refusait catégoriquement de se pencher.

Le plus silencieusement possible, il se redressa. La lueur du jour, encore faible, éclairait le visage de la jeune femme et il resta alors de longues minutes à le détailler, parfaitement immobile, se demandant comment une simple fille à l'air si paisible et si inoffensif avait pu mettre autant de pagaille dans son quotidien. Regrettait-il sa venue ? C'était difficile à dire. Finalement, il aurait simplement voulu pouvoir continuer comme avant. Là était tout le problème : il ne pouvait plus continuer comme avant et il ne pourrait plus. Qu'elle parte ou qu'elle reste ni changerait rien car c'était lui qui avait changé. Changé de façon infime, il le savait, mais changé quand même. Le temps où il se contentait de sa petite vie tranquille, pour ne pas dire minable, était révolu. De là à dire qu'il souhaitait qu'une fille s'installe durablement dans son petit monde, il y avait un fossé, pour ne pas dire un ravin (et même un ravin où on aurait pu caser le Grand Canyon, deux fois).

Ce ne fut que lorsque Temari bougea dans son sommeil qu'il s'arracha à sa contemplation et à ses profondes réflexions. Après tout, il n'avait aucune envie qu'elle se réveille subitement et le surprenne entrain de la dévisager. Il avait assez de choses chiantes à régler pour ne pas en plus devoir expliquer l'inexplicable...

En soupirant, il se leva et se dirigea vers la salle de bain, dans l'espoir qu'une bonne douche froide lui remettrait les idées en place. La règle était pourtant simple. Éviter les galères, éviter les filles. Car Shikamaru avait mieux compris que personne que les deux étaient intimement liés.

OoOoO

Ce fut l'eau qui coulait qui réveilla Temari. Un peu déboussolée, il lui fallut quelques secondes avant de se rappeler où elle était. Lorsque la soirée de la veille lui revint en mémoire, elle sentit le rouge lui monter aux joues et elle ne put s'empêcher de remonter la couverture jusqu'à dissimuler entièrement son visage. La technique de l'autruche n'avait jamais aidé personne mais s'enterrer sous les couvertures en espérant pouvoir y rester jusqu'à la fin de ses jours avait quelque chose de réconfortant.

- Comment ai-je pu faire une chose pareille ? gémit-elle à mi-voix, pour elle même.

Elle se revoyait, complètement effondrée, pleurant comme une gamine sur l'épaule de Shikamaru dont elle imaginait, sans peine, le visage fataliste et les soupirs muets qui suintaient l'exaspération. Cette image, qui refusait de quitter ses pensées malgré tous ses efforts, la contrariait au plus au point. Comment avait-elle pu ainsi étaler ses faiblesses ? C'était pathétique... Elle secoua vivement la tête, la gorge serrée. Le jeune homme devait maudire le ciel d'être tombé sur une fille aussi chiante... Et dire qu'elle avait osé le traiter de pleurnichard ! Il pourrait lui retourner le compliment parce qu'elle le méritait bien plus que lui ! Elle se retourna violemment, enfonçant son visage dans l'un des oreillers. Tout aurait pu tellement bien se passer en d'autres circonstances. Si seulement elle n'avait pas eu l'air d'une pauvre cruche désespérée sans raison apparente...

- diote ! siffla-t-elle, rageuse. Tu n'es qu'une idiote !

L'auto-flagellation n'avait rien de réconfortant mais, au moins, la colère éclipsait la honte. Ces derniers temps, c'était bien la colère qui avait fait avancer Temari. D'abord dirigée contre son frère puis ensuite contre elle-même, elle lui avait donnée l'énergie de se battre et de ne pas sombrer. Ce matin-là, encore, elle avait l'impression que c'était la seule chose qui lui restait et s'y accrochait à deux mains. La colère... C'était toujours mieux que de se sentir faible. Il suffisait juste de faire abstraction du jeune homme et tout irait bien. Cependant, c'était plus facile à dire qu'à faire : son flegme, sa tranquillité déteignait sur elle et elle n'avait plus envie de se sentir furieuse. C'était comme si elle s'autorisait à se laisser flotter un peu, plutôt que de nager de toutes ses forces à contre-courant. Ce n'était pas si désagréable mais elle se sentait si... vulnérable. Arrêter de se battre, c'était faire suffisamment confiance à quelqu'un pour qu'il se batte pour vous. Seulement, l'idée même que Shikamaru se batte pour elle était risible. Le pauvre devait surtout prier chaque jour pour qu'elle débarrasse le plancher...

Dans la salle de bain, le bruit de l'eau s'arrêta, signe que le jeune homme n'allait pas tarder à sortir de la douche. Elle ne se sentait pas tout à fait prête à l'affronter mais ce n'était comme si elle avait le choix.

« Hors de question de passer pour une fille faible », songea-t-elle en repliant la couverture et en la déposant sur le tas de coussin qui lui avait servi de lit cette nuit-là.

Cependant, lorsqu'elle se retourna et aperçut le jeune homme qui refermait la porte de la salle de bain derrière lui, elle perdit tout son courage.

- Ca va ? lui demanda-t-il simplement avec le même ton détaché que d'habitude.

Comment faisait-il donc pour conserver toujours cette attitude nonchalante et calme ? Pourquoi était-il aussi indifférent ? Elle aurait juste voulu... Voulu quoi au juste ? Qu'à lui seul il comble le vide que son départ de Suna avait créé ? Oui, c'est ce qu'elle aurait voulu. Elle aurait voulu qu'il ait besoin d'elle autant qu'elle avait besoin de lui parce que c'était l'assurance que Shikamaru ne voudrait lui aussi qu'elle débarrasse le plancher... Se sentir indispensable à quelqu'un, c'était un moyen comme un autre de se sentir vivant. C'est ce qui avait tant manqué à Gaara et ce qu'elle avait été incapable de comprendre. Jusqu'à maintenant...

- Ca va ? répéta le jeune homme en fronçant les sourcils, étonné par son silence.

Temari se rappela qu'elle était censée dire quelque chose. Elle essaya bien de lui répondre mais aucun mot ne daigna sortir de sa bouche. Peut être que s'il arrêtait de la fixer comme ça, ça l'aiderait un peu... Mais non, il ne la lâchait pas du regard et elle se sentit rougir alors que son cœur battait la chamade. La colère avait cédé la place à une foule d'autres sentiments et elle n'avait plus qu'une envie : disparaître. Malheureusement, ce n'était pas si facile et ces yeux noirs continuaient de scruter son visage dans l'attente d'une réponse. Sa gorge, étrangement sèche, l'empêchait toujours de prononcer le moindre mot. Elle se contenta donc de déglutir difficilement en acquiesçant.

- Très bien, soupira le jeune homme en détournant enfin le regard. Alors je vais préparer le petit déjeuner.

Se sentant encore plus idiote qu'auparavant, Temari s'empressa de se réfugier dans la salle de bain. Elle venait de se donner une autre raison d'être furieuse contre elle-même et cela n'avait rien de réjouissant. A vrai dire, elle n'espérait plus grand chose. A moins, peut-être, que l'eau froide lui permette de retrouver l'usage de la parole...

OoOoO

Lorsqu'il entendit la jeune femme fermer le verrou de la salle de bain, Shikamaru s'empressa de refermer la porte du frigidaire. Il devait prendre une décision, maintenant. Il avait une vingtaine de minutes devant lui, ce qui lui laissait le temps d'aller envoyer son rapport à Gaara et de revenir sans que Temari ne s'en aperçoive. C'était ce qu'il devait faire, en tant que ninja. Cependant, il pouvait tout aussi bien repousser cette mission au soir, juste pour voir comment les choses allaient évoluer entre Temari et lui...

Cette option était tentante. Il avait toujours eu une légère tendance à reporter les choses gênantes à plus tard. Il prit encore quelques secondes pour réfléchir et laissa échapper un long soupir avant de rouvrir la porte du frigidaire. Il allait s'accorder une journée avec Temari avant d'envoyer ce maudit rapport. Gaara pouvait bien attendre un peu et il avait besoin de faire le point. Après tout, une journée de réflexion ne pouvait pas aggraver les choses... N'est-ce pas ?

Sur cette décision, bonne ou mauvaise, Shikamaru s'affaira à préparer le petit déjeuner. Pour une raison sur laquelle il ne parvenait pas à mettre le doigt, il se sentait étonnamment plus léger, comme délivré d'un poids. Il faut dire qu'il avait passé une bonne partie de la nuit à essayer de comprendre ce qu'il ressentait sans pour autant y parvenir. Le nombre incalculable de « galère » qui lui était venu à l'esprit était bien la preuve que cette situation lui donnait matière à réfléchir. La soirée de la veille avait changé beaucoup de choses. Il s'était impliqué dans les affaires de Temari bien plus qu'il ne l'aurait voulu et avait conscience de jouer à double jeu dangereux. Sans compter que la jeune femme ne semblait pas aller mieux : elle ne lui avait pas adressé un seul mot... Shikamaru se remémora chacun de ses gestes de la veille en se demandant s'il avait pu faire ou dire quelque chose de mal mais rien de particulier ne lui vint à l'esprit.

Lorsque Temari sortit de la salle de bain, le jeune homme avait terminé de préparer le petit déjeuner. Il attendait, nonchalamment appuyé contre la table, les mains dans les poches. Il remarqua tout de suite que la situation ne s'était pas arrangée : les bras ballants, la jeune femme se tenait à quelques mètres de lui, comme hésitant à s'approcher. Tout à l'heure déjà, elle semblait distante avec lui, presque gênée. A présent, il ne pouvait plus mettre ça sur le compte d'un réveil difficile et l'impression d'avoir commis une faute se renforça, même s'il ne voyait absolument pas laquelle. Il leva les yeux vers la jeune femme qui gardait les siens ostensiblement baissés et il ne put se mentir plus longtemps. Peut-être... Peut-être qu'il avait envisagé des choses impossibles. Temari et lui ? Il avait essayé de ne pas y penser. Vraiment essayé. Cependant, c'était plutôt difficile quand la dite fille habitait chez vous et s'amusait à vous tourmenter. Alors, peut-être y avait-il songé un peu, un tout petit peu... C'était égoïste. C'était pire que ça : c'était faillir à son devoir de ninja. S'il n'avait pas été envoyé son rapport à Gaara, c'était uniquement parce qu'il avait peur. Si le Kazekage savait que sa sœur n'était pas furieuse contre lui mais affreusement attristée par la situation, il la ferait revenir à Suna en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire... Et ce qu'il y avait entre Temari et lui était bien trop fragile pour résister à ça. La voilà, la vérité... Maintenant qu'il était parvenu à admettre cela, tout ce qui lui fallait, c'était un peu plus de temps. Ainsi que des réponses.

- J'ai fait quelque chose de mal ? lui demanda-t-il simplement.

Temari parut surprise. Elle leva enfin les yeux vers Shikamaru qui la regardait sans ciller, impassible, fidèle à lui-même.

- Pardon ? murmura-t-elle, pas certaine d'avoir bien compris la question.

- J'ai fait quelque chose qui t'as déplu ? répéta-t-il en observant sa réaction. Dans mes gestes ou dans mes paroles ?

- Tu... Tu n'as rien fait de mal, bégaya-t-elle, de plus en plus surprise. Rien du tout.

- Pourtant, tu m'évites, releva-t-il en haussant un sourcil. C'est comme si tu cherchais à maintenir une distance entre nous. Ce qui est plutôt difficile, vu la taille de mon appartement...

Temari eut du mal à croire ce qu'elle entendait. Elle savait que Shikamaru remarquerait qu'elle ne se comportait pas normalement avec lui. Il était très observateur... Mais le Shikamaru habituel n'aurait jamais fait ce genre de remarques. Il avait trop la flemme de s'occuper des comportements féminins, incompréhensibles et ennuyeux aux possible. Pourtant, il voulait savoir pour quoi elle maintenait une distance entre « eux ». Elle inspira légèrement avant de murmurer d'une voix tremblante :

- Tu dois me prendre pour une idiote... Hier soir, je me suis complètement laissée aller et...

Shikamaru secoua la tête d'un air las, l'interrompant.

- L'un des nombreux problèmes avec les filles, c'est qu'elles se prennent la tête pour un rien, murmura-t-il d'un ton docte.

-J e ne me prends pas la tête pour un rien, tu sais, hésita-t-elle.

Le jeune homme la regarda, stupéfait. Il savait d'ores et déjà ce qu'elle allait dire mais il peinait à y croire. Si elle se livrait à lui, celui signifiait qu'elle devenait vulnérable. Oh, c'était un soulagement bien sûr : ni masque, ni faux-semblants avec lui, juste la triste vérité. Cependant, cela signifiait aussi et surtout qu'elle offrait à Shikamaru les meilleures armes pour la blesser. Elle lui indiquait, en toute connaissance de cause, où frapper pour faire mal. Shikamaru ne connaissait qu'un seul mot pour justifier une telle violation de l'instinct de survie : la confiance. Comme pour confirmer ses prédictions, elle s'approcha de quelques pas, jusqu'à lui faire face et reprit, sans le quitter des yeux :

- La vérité, c'est que je ne suis pas du tout en mission à Konoha et que je risque d'y rester... disons longtemps.

Shikamaru n'eut pas à feindre la surprise. Bouché bée, il ne pouvait détourner le regard de Temari qui lui expliqua tout ce qu'il savait déjà.

- Quant il a su ce que j'avais fait, il est entré dans une colère noire. Je ne l'avais pas vu comme ça depuis des années. J'ai désobéi à ses ordres et trahi sa confiance. Je lui ai dit des choses horribles que je ne pourrais jamais retirer... J'ai... Je ne pourrais plus jamais servir Suna car j'ai perdu la confiance du Kazekage. Pire, j'ai perdu celle de mon frère.

- Ne dis pas ça..., intervint-il soudainement.

- Il m'a bannie, Shikamaru. Bannie !

La jeune femme serra les dents. Elle s'en voulait assez pour la nuit précédente, inutile, donc, de remettre ça.

- Temari, l'appela doucement le jeune homme. Temari...

Puis, voyant qu'elle gardait les yeux ostensiblement baissé, il lui attrapa le menton et la força à le regarder, avec une douceur qui ne lui était pas coutumière.

- Les choses vont s'arranger, je te le promets.

- Ne dis pas ça, protesta-t-elle faiblement. Tu n'en sais strictement rien.

- Je sais que Gaara n'est pas un imbécile et c'est suffisant. Laisse-lui le temps de se calmer et de mesurer l'ampleur de la bêtise qu'il a faite.

Temari ne put s'empêcher de se sentir mieux. Le soutient et l'amitié que lui offrait le jeune homme, c'était tout ce dont elle avait besoin. Même si elle savait qu'en espérant, elle risquait une lourde déception, Shikamaru avait un effet rassurant sur elle et elle parvenait à envisager les choses sous un jour meilleur. Profitant de cette brèche, le jeune homme poursuivi :

- Mets-toi à sa place. Tu es sa sœur. Je te parie qu'il regrette déjà ce qu'il a fait et qu'il est à peu près aussi mal que toi en ce moment.

- Tu penses vraiment ce que tu dis ? s'enquit Temari, l'air sceptique mais le regard plein d'espoir.

Shikamaru hésita. Il faillit lui dire la vérité sur cette satanée mission que lui avait confié Gaara mais il se retint. Le Kazekage avait fait confiance à Konoha pour une mission sensible qui réclamait de la discrétion. Ce n'était sûrement pas à lui de trahir ça. Finalement, il se contenta de répondre, sans savoir ô combien il regretterait :

-B ien sûr que je le pense vraiment. Si j'étais à sa place, je guetterais chaque jour ton retour.

Cette remarque tira la jeune femme de ses doutes. Elle s'autorisa même un petit rire discret.

- On dirait presque une déclaration, souligna-t-elle d'un air taquin, visiblement requinquée.

Shikamaru sentit son teint virer au rouge. Lui, qui avait dix coups d'avance sur ses adversaires, ne parvenait même pas à trouver une réplique cinglante... Mais était-ce de sa faute si les filles étaient si imprévisibles ? Si elles fondaient en larmes dans vos bras et vous lançaient des piques bien senties la seconde d'après, le sourire aux lèvres ? Si elles s'amusaient à jouer avec vos nerfs en se montrant tout bonnement insupportables puis vous embrassaient l'air de rien ?

- C'est un coup bas, grogna-t-il en désespoir de cause.

C'est alors qu'elle recommença. Elle se pencha et déposa à nouveau ses lèvres sur la joue du jeune homme, à peine plus longtemps que la dernière fois mais tout aussi délicatement.

« Sorcière ! », ne put s'empêcher de songer le jeune homme en sentant qu'il s'empourprait encore plus.

Au moment où elle se redressait, il sentit sa propre main attraper le bras de la jeune femme pour la retenir. Il y eut une seconde de flottement pendant laquelle ils se regardèrent, l'air presque aussi surpris l'un que l'autre. Cette seconde sembla durer une éternité et Shikamaru vit les yeux de Temari s'écarquiller un peu plus alors qu'il s'avançait légèrement. Leurs lèvres se frôlèrent et un léger soupir échappa au jeune homme. Enfin ! C'était une affreuse erreur, une bêtise indigne de ses principes pourtant bien établis mais, mon Dieu, que c'était bon ! Il sentit sa prise sur la jeune femme se raffermir et il l'attira tout contre lui, l'embrassant sans retenue, fermant les yeux pour savourer ce moment. Il sentit les bras de la jeune femme s'enrouler autour de son cou alors qu'elle répondait à son baiser avec un désir non dissimulé. Leur cœur battaient à tout rompre, en parfaite unisson, et, soudain, il eut l'impression que plus rien autour d'eux n'existait. Ce fut tout du moins le cas jusqu'à ce que Temari s'éloigne brusquement de lui.

- Je... Je suis désolée, bégaya-t-elle, aussi rouge que confuse, en reprenant tant bien que mal son souffle.

- Pourquoi ?

La question du jeune homme était simple mais elle ne parvint pas à lui trouver une réponse convenable. Elle se contenta donc de garder le silence en baissant, une fois de plus, les yeux. Shikamaru retint de justesse un soupir. Galère, que les filles sont prise de tête... Lentement, il remit ses mains dans ses poches et s'approcha d'elle, parcourant en deux enjambées la distance qu'elle avait mise entre eux.

- Ne fais pas ça, lui souffla-t-il doucement à l'oreille. Ne regrette rien...

Elle ne put retenir un frisson et, lorsqu'il fit lentement descendre ses lèvres du haut de sa mâchoire à la naissance de son cou, elle dut s'accrocher à lui pour ne pas perdre pied.

- Shikamaru..., murmura-t-elle dans un souffle.

C'était une supplication mais le jeune homme ne s'arrêta pas pour autant. Ses lèvres remontaient à présent jusqu'à la tempe de Temari. A nouveau, il se pencha vers elle et déposa ses lèvres sur les siennes. La jeune femme sembla hésiter quelques instants puis le repoussa lentement mais fermement.

- Shikamaru..., répéta-t-elle avec plus de conviction.

- Quoi ? s'enquit-il enfin, d'un ton franchement dépité, le regard incertain.

Temari prit une profonde inspiration puis, évitant de le regarder dans les yeux de peur de ne plus avoir le courage d'aller jusqu'au bout, elle s'expliqua, la voix tremblante :

- Si ce que tu dis est vrai, je vais rentrer à Suna. Ce sera peut-être dans une semaine, un mois ou même un an mais j'y retournerais. C'est mon village et il représente la même chose pour moi que Konoha à tes yeux. C'est pour ça que je suis si mal d'avoir été bannie...

Elle reprit son souffle avant de poursuivre :

- Trois jours nous sépareront alors l'un de l'autre, Shikamaru. Trois longs jours de voyage, six aller-retours. Ne rendons pas les choses plus difficiles qu'elles ne le sont déjà...

Le jeune homme ne répondit pas immédiatement. Avec lenteur, il se baissa jusqu'à laisser son front se poser sur l'épaule de la jeune femme et noua ses bras autour de sa taille. Elle avait raison mais la raison lui importait peu. Il ne voulait plus revenir en arrière.

- Laisse-moi une bonne demi-heure, soupira-t-il enfin. Une demi-heure et j'ai des choses à t'avouer.

Il se redressa alors et, voyant qu'elle ouvrait déjà la bouche pour le questionner, posa un doigt sur ses lèvres pour la faire taire.

-Une demi-heure, Temari, et je t'expliquerais tout.

La jeune femme fit un léger signe de tête afin de lui assurer qu'elle acceptait le marché. Il retira alors son doigt, hésita une demi-seconde et déposa ses lèvres sur celles de la jeune femme. Puis, sans attendre plus longtemps, il attrapa sa veste et quitta son appartement. Il avait une demi-heure pour tout arranger. Lui, Shikamaru Nara, allait en toute connaissance de cause vers les galères. Le pire, c'est qu'il y allait le sourire aux lèvres...




Chapitres: 1 2 3 4 5 [ 6 ] 7 8 9 Chapitre Suivante »



Veuillez vous identifier ou vous inscrire:
Pseudo: Mot de Passe: