Fiction: Dégâts collatéraux (terminée)

Quatre drabble sur les restes de la guerre.
Classé: -12D | Drame | Mots: 1478 | Comments: 6 | Favs: 4
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Garok (Masculin), le 24/11/2008
Bon, bah voilà, quatre one shots trops courts pour être publié séparément, et donc regroupés en une suite.



Chapitre 1: dégâts collatéraux



One shot premier : Le sang ne pleut pas des nuages


Il se réveille. Et l’horreur de la bataille passée l’agresse immédiatement.

Il tremble de tous ses membres, et redresse sa tête blonde. Ses yeux bleus terrorisés balayent le carnage. Pas un seul survivant. Tous. Tous les ninjas de Konoha, et de Suna, et d’Iwa, et de Kiri. Tous morts. Pas un seul survivant. A part lui. Comme toujours.

Il se lève, tout doucement, tout tremblant. Son cœur bat trop fort. Il a un petit rire, très aigu, comme pour conjurer le sort, comme pour dire « c’est un rêve ».

Il commence à marcher au milieu du charnier. Il aperçoit des corbeaux becquetant une chevelure rose. Qui était-ce, déjà ?

Il continue d’avancer. Il ne s’arrête pas. Pourquoi s’arrêter, de toute façon ?

Ses pas collent au sol. Au sol poisseux de sang.

Lui aussi est plein de sang. Du sang séché sur son visage, qui le gratte. Mais il ne pense pas à se gratter. Du sang séché sur ses vêtements, aussi, qui pèsent lourds, lourds du sang. Mais il ne les enlève pas.

Il marche toujours. Jusqu’à s’effondrer de fatigue, à genoux. Et pourtant, il y a toujours des cadavres.

Soudain, il lève la tête et adresse un hurlement au ciel, au ciel si bleu. Un hurlement de bête, un hurlement d’homme, un hurlement de monstre. Puis il s’écrase au sol, dans le sang poisseux, le corps vivant, mais le regard vide et écarquillé.

Juste avant de mourir, son esprit lui a murmuré une dernière pensée, « Le sang ne pleut pas des nuages ».




one shot deuxième : La Der des ders


Dans la tranchée, l’ordre d’attaque passait.

Encore un assaut. Fallait pas relâcher la pression sur ces salauds d’Iwa gakure.

En entendant cela, Itachi se mit à trembler. Pas de peur. D’horreur. Ses yeux écarquillés ne fixaient aucun point en particulier. Ou plutôt, ci. Dans ses souvenirs.

A sept ans, il n’en était pas à sa première bataille. Mais celle-ci était la plus longue. Et la plus horrible.

Ses souvenirs amplifiés lui montraient certains de ces camarades coupés en deux, une jambe ou un bras manquants, et même ses propres victimes, la gueule brûlée, la gorge tranchée, les tripes se répandant.

Il y avait l’odeur, aussi… Celle de la chair carbonisée, de la pourriture, de la boue, de la fiente des corbeaux, de la merde des rats, du sang, du sang, et encore du sang…

Et les bruits… Le bruit des pas, des déplacements furtifs, le cliquètement des armes, le son spongieux d’un corps transpercé, le crépitement des flammes, la détonation des parchemins, le rugissement des vagues et le grondement des tremblements de terre.

Maintenant, c’était de terreur qu’Itachi tremblait. Il ne voulait pas revivre ça. Il ne voulait pas. Mais il y était obligé. C’était son devoir de ninja.

Une main rassurante s’abattit sur son épaule. Une voix gouailleuse lança :

-Qu’est ce qu’il y a, Itachi chan ? T’as la frousse ?

-Tatsuo sempai !

Tatsuo n’était pas un ninja particulièrement doué comme son cadet. En fait, il avait surtout survécu par chance. Mais il avait soutenu Itachi dès son entrée dans le régiment, et ne l’avait jamais lâché. Il était sa bouée de sauvetage.

Voyant qu’Itachi continuait de trembler, il essaya de le rassurer :

-T’inquiètes donc pas, Itachi chan, cette guerre, c’est la der des ders, je te le promet !

À ce moment, l’appel à l’attaque sonna dans la tranchée. Tatsuo lança un dernier sourire à son cadet.

-Allez, Itachi chan, faut y aller, c’est l’heure des héros !

Et ils bondirent ensemble de la tranchée.



Un an plus tard, Itachi rentrait au village. Quand tout le monde eut fini de célébrer l’armistice, il se rendit au monument au mort. Il y avait un autre garçon là, mais il ne lui prêta pas attention. Ils restèrent un long moment immobiles devant la pierre, puis le garçon s’en alla.

Itachi resta encore un peu face à la pierre, puis s’agenouilla. Il caressa les noms gravés dans la pierre. Le sien n’y était pas. Ceux de tous les ninjas ne pouvaient pas y être. Seuls les plus grands y avaient droits.

Il murmura tout de même à la stèle, comme si il s’y trouvait :

-Cette fois, Tatsuo sempai, c’est moi qui te promets. Ça ne se passera plus jamais. Ça sera la der des ders, je te le jure.

Puis il se leva et partit.

Oui, ce serait la der des ders. Plus jamais. Quoiqu’il en coûte.



One shot troisième : gueule cassée


Le bourreau approcha un kunai de la bouche de sa victime.

-Allez, mini croc blanc, puisque tu veux rien cracher, tu vas au moins nous faire un grand sourire…


Des années plus tard…

Kakashi était nu, et sa compagne aussi. Ne restait entre leurs bouches que le morceau de tissu noir qui ne quittait jamais Kakashi.

La femme leva la main pour le retirer, mais il la chassa doucement avec un sourire mystérieux. Puis il replongea sur elle, ses mains expertes compensant très largement son absence de travail buccal.

Plus tard, profitant de ce Kakashi dormait, elle retira l’étoffe. Elle étouffa une exclamation, mais le bruit réveilla tout de même Kakashi.

-Quoi ? demanda-t-il. Qu’y a-t-il ?

Puis il sentit quelque chose de bizarre avec son visage. Il se sentait plus au frais que d’habitude, et ses expirations ne chauffaient plus sa bouche. Il baissa légèrement les yeux réalisant petit à petit.

Instinctivement, il porta sa main à sa joue, et sentit sa peau, et ses cicatrices.

Gêné, il osa enfin lever le regard vers elle et l’interrogea :

-Alors ?

Il avait les yeux d’un enfant penaud devant une bêtise.

Elle resta encore un peu confuse, puis, bien qu’il fut cinq heures du matin, elle bégaya :

-Je… je dois y aller.

Elle se rhabilla rapidement, puis quitta l’appartement. Kakashi n’avait pas fait un geste pour la retenir. Trop habitué. Il savait que ça ne marcherait pas.

En désespoir de cause, il se leva, et résolut de se raser.

Il contempla un instant son reflet dans la glace de la salle de bain. Rêveusement, il caressa les balafres qui partaient de chaque coin de sa bouche, et remontaient presque jusqu’aux oreilles.

« Tu vas au moins nous faire un grand sourire… » Les mots de son tortionnaire, résonnèrent un instant dans sa mémoire.

Il avait été capturé et torturé car il était un des élèves du plus grand juunin du village, de Minato Namikaze. On voulait des infos sur ses techniques, ses tactiques, ses capacités, ses faiblesses, pour les vendre. Ils étaient même pas affiliés à un village, c’étaient des profiteurs. Mais lui, il avait refusé de parler.

Alors on lui avait fait ça.

Son équipe était arrivée après. La plaie avait commencé à s’infecter, et Rin n’était encore qu’apprentie médecin. Alors elle avait pu que réparer le gros du dégât dans l’urgence, et il était trop tard lorsque les médecins accomplis purent l’examiner pour lui refaire son visage comme avant.

Alors il avait dû vivre toute sa vie avec ce sourire grotesque et terrifiant pour toujours.

Personne ne savait. Plus personne de vivant, en tous cas, à part l’Hokage peut-être, qui devait lui verser une indemnité en plus de son salaire, en tant que « victime de guerre ».

Et c’est précisément parce qu’il ne voulait pas qu’on le traite en victime, qu’on pense à lui plutôt qu’aux morts, qu’on ait pitié de lui, que Kakashi ne laissait personne savoir, qu’il portait un masque.

Kakashi est une victime de guerre, une gueule cassée. Mais il a sa fierté.



One shot final : War Drug.


On ne le dira jamais assez, le retour à la vie civile, ça n’existe pas.

Kisame le savait, et le bruit des jeux d’enfants le faisait parfois encore sursauter dans les rues de Kiri.

Quand on avait connu la guerre, l’environnement tout entier devenait instantanément hostile.

Tout à coup, un bruit lui fit porter la main à son épée.

Il se retourna, et vit un enfant que sa mère consolait : son ballon venait d’éclater.

Respirant enfin, il se dirigea vers son bar préféré.

Kisame avait désormais ses petites habitudes. Tous les jours, il buvait. Il buvait pour endormir ses réflexes paranoïaques, puis il continuait à boire parce que boire lui rappelait tous ces camarades perdus, et qu’il voulait oublier. Et finalement, il s’effondrait, masse ivre morte.

Aujourd’hui, Zabuza était là, lui aussi.

Il n’en pouvait plus non plus. Tous ces bruits, ces craquements, ces crissements, tous ces petits bruits autrefois quotidiens, étaient désormais vitaux et dangereux.

Au moins, quand c’était la guerre, en général, à un moment ou à un autre, on rinçait l’adrénaline dans le sang. Tandis que là, plus rien. On n’avait que la fébrilité.

La guerre, c’était une drogue. Et les sept sabreurs étaient en manque.



Même si vous avez trouvé que c'était de la merde, laissez des comms.



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