Fiction: Catch me if you can!

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L’Electron libre était la boîte chic en vogue ! Le genre chic trash qui plaisait à une certaine tranche de la population. On pouvait voir des jeunes femmes se baigner dans des coupes de champagnes géantes, le bar était en marbre rose, les murs de diamants presque bruts et les spots bleus qui éclairaient la piste de danse tournaient sur eux-mêmes à un rythme effréné. Les corps presque nus se frottaient, la sueur qui perlait du plafond donnait des airs de région tropicale à l’endroit, et le DJ derrière aux platines avalait des doses grandioses d’alcool en tout genre.

C’était le lieu où il fallait être le samedi soir, particulièrement si on voulait montrer au monde l’étendue de ses capacités monétaires ou de sa profonde vénalité. Pour le jeune homme assis sur le fauteuil en crocodile, le nez plongé au fond de son verre de rhum/coca, observant un groupe de filles qui auraient fait éclater le ballon s’il avait fallut souffler dedans, sa présence dans la boîte était bien simple : la chasse, pure et simple. Il fallait dire qu’il avait un sacré palmarès et donc une réputation à entretenir. Cela faisait près de 8 ans qu’il n’avait pas passé un samedi soir seul et il n’avait pas l’intention de commencer ce soir. Mais sa proie ne se trouvait pas dans cette boîte, elle n’était même pas à l’entrée, tentant de soudoyer le videur, ni même dans les alentours. Hors il en était complètement ignorant pour l’instant, il avait jeté son dévolu sur une jeune fille à la poitrine 100% refaite, portant une mini-jupe qui ne couvrait que le strict minimum et à entendre les gloussements qu’elle partageait avec le reste du poulailler, elle ne devait plus être en pleine possession de ses moyens. Et c’était tant mieux, il ne lui en demandait pas plus.

Le fauve allait entrer en action ! Posant son verre il réajusta sa chemise, vérifiant qu’il n’avait aucuns faux plis, puis se dirigea d’un pas assuré vers le bar, effleurant à peine la hanche de la jeune femme au passage. Il n’avait pas besoin de se retourner pour savoir que toute la bassecour avait maintenant les yeux braqués sur lui. Dans 5 secondes la jeune fille viendrait s’accouder au bar, ça lui laissait juste le temps de commander deux gins, cette sorte de fille aimait les gins à cette heure-ci…

- Bonsoir.
- Bonsoir, puis-je vous offrir un verre ?
- Hihihi. Avec plaisir !

C’était tellement facile, presque décevant. Mais il n’allait pas de plaindre non plus ! Alors qu’il s’apprêtait à enregistrer le numéro de la jeune nubile sur son mobile, un bruit assourdissant se fit entendre. Suivit d’un mouvement de foule en panique se ruant vers les sorties de secours, abandonnant derrière ceux qui étaient tombés au combat. Malgré les cris angoissés du gérant, un bonhomme ventripotent et à moiti chauve habillé d’une salopette rose qui lui donnait un air de bonbons acidulé, tentant vainement de retenir sa clientèle à l’intérieur, le fait que ce n’était qu’un faux contact qui avait déclenché l’alarme incendie ne parvenait pas jusqu’aux oreilles des fuyards. En moins de 5 minutes le jeune homme se retrouva seul, encore accoudé au bar, regardant le DJ qui continuait à mixer, ne se rendant même pas compte que plus personne ne se trémoussait sur ses rythmes aléatoires.

- Merde ! S’exclama la fraise-tagada en descendant du bar.

Le gérant fixa un regard mauvais sur les deux ou trois personnes gémissantes sur le sol puis claqua la porte de service et entreprit sans doute de briser tout un lot de mousseux contre les murs. Le jeune homme poussa un soupir, finit son verre et tira de sous le bar une bouteille puis se dirigea tranquillement vers la sortie. Il ouvrit la bouteille de ce qui se révéla être de la vodka verte, un bien mauvais choix, et se dirigea d’un pas lent vers l’autre côté de la route puis s’assis sur le trottoir et posa les yeux sur son mobile qui vibrait dans sa main.

- Yep ?
- Itachi ? T’es où ?
- Devant l’Electron, j’ai chopé une ‘teille de vodka verte, à gerber.
- Mais qu’est-ce que tu fous devant l’Electron ?!
- Je passe le temps…
- Bon écoute, t’es encore capable de marcher ?
- Ouais bien sure, je suis dégouté pas soul.
- Ok alors rejoins-nous à l’Azure. Y a un joli lot de fin de soirée si tu vois ce que je veux dire.
- Très bien. Mais moi j’ais pas encore commencé la soirée…
- Quoi ?! Même Kizame a réussi à emballer quelque chose à cette heure.
- J’étais sur le point mais y a eu un bug dans la boîte, tout le monde s’est tiré.
- Bon ben amène toi avant qu’il y ait plus rien de bien !
- J’arrive.

Il envoya rouler la bouteille au fond d’une ruelle avec un regard mauvais à la trace verdâtre qu’elle avait laissée sur sa main puis se dirigea vers l’Azure, les mains dans les poches, soufflant de la buée dans l’air froid de la nuit. S’il avait tourné l’angle de la rue une seconde plus tard il aurait surement rejoins Deidara, Sasori et Kizame à l’Azure, aurait ingurgité une quantité d’alcool qui l’aurait empêché de ramener son lot de consolation en voiture jusqu’à son appartement et se serait contenté des toilettes plus ou moins propres de la boîte pour prendre le dessert. Mais il tourna l’angle de la rue pile au même moment qu’une furie qui lui entra en plein dedans avant de s’effondrer à ses pieds.

- Ho ! ça va ? Demanda-t-il en se penchant.
- Désolée, vraiment désolée…
- Où est-ce que vous courrez comme ça ? Demanda-t-il en souriant, elle était mignonne.
- Désolée, au revoir, encore désolée.
- Attendez !
- Pas le temps ! Vous sentez terriblement l’alcool vous devriez rentrer chez vous.
- Je… Quoi ?!

Mais la jeune fille avait déjà disparu à l’angle d’un immeuble, entrainant avec elle son grand sac à fleur et un parfum de soir d’été. Il leva les yeux au ciel, qu’avait-elle de si pressant à faire pour courir ainsi un samedi soir à 3h du matin, ou bien un dimanche matin plutôt… Décidant que la réponse lui importait peu il reprit son chemin mais marcha sur une petite bille qui craqua sous son pied alors qu’il poussait un juron et se retenait au mur pour ne pas tomber.

- Qu’est-ce que c’est que cette connerie ?

Cette « connerie » c’était une pomme rouge, une toute petite pomme rouge montée sur un porte-clés. Il l’avait déjà vue quelque part, et puis soudain ça lui revint en même temps qu’un fou rire irrésistible. Sasuke avait débarqué avec deux cartons entiers de ces trucs à la maison, tentant de les cacher discrètement au fond de l’armoire de sa vieille chambre. La dernière trouvaille de Naruto pour faire de la pub ! Mais que faisait cette fille avec ça ? Sasuke avait pris la décision de cacher tous les stocks. Encore une question sans réponse, ou pas ! Il prit son mobile.

- Appel petite tête.

Le numéro se composa automatiquement, puis, au bout de 5 longues sonneries, une voix enrouées décrocha.

- Hun…
- Sasuke ?
- O…oui.
- Tu dors ?
- Non je coupe du bois dans la forêt ! chuchota-t-il
- Pourquoi est-ce que tu parles si doucement ?
- Veux pas réveiller…Commença-t-il puis il s’interrompit.
- Hoho, le petit frère a fait bonne pêche ce soir !
- Qu’est-ce que tu veux ?
- Tu sais les porte-clés en forme de pomme ?
- Putain… C’est 3h pauvre malade ! Tu m’appels pour ça ?!
- Non mais écoute, j’ai croisé une miss avec un de…
- « Sasuke, qu’est-ce qu’il se passe ? » dit une voix étouffée derrière Sasuke.
- Oh la sirène s’est réveillée !
- Va faire un tour sur l’autoroute.

Itachi éclata de rire et fourra son mobile au fond de sa poche, le petit frère allait surement devoir passer plus de temps qu’il ne l’avait espéré avec la jeune femme. Le glissement hors du lit au petit matin, discrètement, pour ne pas réveiller la maitresse des lieux, n’allait pas se dérouler comme prévu. Vivement le repas de famille ! Sa montre indiquait 3h15 et il était tout prêt de chez Liana, pourquoi ne pas faire un petit crochet pour lui dire bonjour, ça faisait longtemps après tout… Il arriva devant l’interphone et sonna.

- Qui est-ce ?
- Ton chevalier servant.
- Itachi ! Le fléau du week-end…
- Pour vous servir.
- Monte.

Et la soirée pris fin, finalement, sur un canapé en daim avec deux coupes de champagnes et un rideau de douche. Liana avait des lubies exotiques qui ne le laissaient jamais de marbre. Pourtant, alors qu’il sombrait dans le sommeil du juste une image vint se plaquer sur ses paupières closent, celle d’un petit porte-clés rouge à l’odeur de fruit des bois.




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