Fiction: Fuhen' Keibo

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Temple de Cristal, Camp Iwa, au crépuscule

- L'équipe de Masao ne devrait pas tarder à arriver.

Natsuo sortit de sa torpeur lorsqu'une main chaleureuse se posa sur ses épaules. Inoru, Jounin réputé du village et ami de toujours, se tenait à ses côtés avec un léger sourire. Il était connu pour son éternel optimisme. Natsuo leva les yeux vers son ami.

- Oh, je ne m'en fais pas pour eux ..., finit-il par répondre.
- Je pensais que tu avais un coeur. Le taquina Inoru.
- Ce sont d'excellents Shinobis, ils devraient s'en sortir sans trop de dégâts.
- Tu dis ça pour te réconforter. Finalement, tu t'inquiètes pour ta soeur ! Qui aurait crut que le grand Natsuo réputé pour son sang-froid serait si préoccupé par le sort de Kumiko ? Fit-il avec un sourire malicieux.
- Avec Masao comme capitaine, je ne m'inquiète pas.
- C'est une bonne équipe...

Les feux s'allumaient au fur et à mesure que la nuit tombait sur le temple. Les discussions étaient animées. Beaucoup parlaient de cette foutue guerre, qu'elle était pire que les précédentes, que jamais nous ne pourrions vivre en paix et que le destin s'acharnait contre notre pays. D'autres préféraient changer de sujet, las d'entendre toujours la même chose. Malgré les blessures et la fatigue, des rires s'élevaient parfois dans les airs. L'ennemi était loin et la base protégée. Une sorte de cessez-le-feu avait été instauré entre les camps ennemis. Aussi sournois qu'étaient les ninjas de la Pluie et de l'Herbe, jamais ils ne viendraient déranger cette quiétude car eux aussi subissaient des dommages et devaient impérativement se reposer.


Aux environs de 21h, nous arrivions à destination : fatigués par les combats et la longue route que nous avions faite, mais heureux de retrouver les nôtres. Les gardes ouvrirent les portes pour nous laisser passer après vérification ( Bien que ce ne fusse pas vraiment utile puisque seuls ceux d'Iwa connaissaient l'existence du temple de Cristal ).
Nous avions rendez-vous directement avec plusieurs Jounins d'Iwa. Nous devions leur faire notre rapport sur les événements qui avaient eu lieu quelques heures plus tôt : l'attaque de Yuu et son équipe, la disparition de l'équipe de Kotaro, et puis la mort de Tadao. Les pertes s'accumulaient tristement sur les feuilles de rapport. Mais notre rage et notre conviction ne changeaient pas. Nous n'avions pas de missions assignées pour le moment. Nous étions mis au repos pendant deux ou trois jours.

En sortant de la tente :

- Masao-sempai ?
- Oui, Kumiko ?
- Je voulais savoir ce que notre équipe va devenir maintenant que... Tadao n'est plus avec nous ?
- Je ne sais pas encore. Pour l'instant, nous sommes toujours une équipe. Peut-être que nous aurons un nouveau membre transféré avec nous. Ou bien nous serons transférés dans d'autres équipes qui sont dans le même cas que nous. Je ne peux pas dire pour le moment.
- Je vois...
- Pour le moment, songe seulement à reprendre des forces. Nous devons faire le maximum pour notre pays. Ne sois pas si triste si nous sommes séparés. On se retrouvera certainement à un moment ou à un autre. Et puis, nous étions tout autant opérationnel lorsque Tadao n'était pas encore avec nous. Il suffit juste de revenir aux anciennes habitudes. Fit Aki, avec un léger sourire.
- Oui, on verra bien ce qui aura été décidé plus tard. Répondis-je.


Nous traversions le camp à la recherche d'une place où s'installer. Notre équipe s'arrêta au pied d'un grand chêne. Nous nous laissions tomber au sol quelques minutes, épuisés par notre journée. Délaissant notre équipement, nous nous dirigions ensuite vers la tente commune où un repas chaud et réconfortant nous attendait. Nous rencontrions plusieurs amis en chemin. Un signe de main, quelques mots échangés, un sourire. Nous étions enfin chez nous.
Le repas se passa doucement. Les voix qui s'élevaient autour nous berçaient légèrement. Après avoir passés plusieurs jours seuls, entourés par les ténèbres, nous avions enfin l'impression de revivre. Plusieurs Shinobis venaient nous parler, prenaient de nos nouvelles, apprenaient les tristes événements qui venaient de se passer, nous donnaient des informations sur la frontière.

- On vous attendait avec impatience, fit une voix.
- On se demandait si vous alliez enfin arriver !

L'équipe se retourna et vit Natsuo et Inoru côte à côte, un sourire sur les lèvres.

- Heureux de te voir toujours vivant Onee-san.
- Je suis un dur à cuire, je te signale, petite soeur ! Me répondit-il en accentuant particulièrement la fin de sa phrase.
- Arrête de faire le fier ! C'est pas toi qui était inquiet tout à l'heure au sujet de sa soeur adorée ? Rigola Inoru.
- Dis donc, quand je t'aurais demandé ton avis, je te le signalerais. Répondit mon frère.
- Haï, haï ! Bien Natsuo-SAMA ! Je ne voulais pas t'offenser.
- Vous avez fini, les deux baka ? Demandai-je.
- Hahahaha, heureusement que t'as le même caractère que ton frère Kumiko ! Sinon j'en oublierais presque que vous faites parti de la même famille. Au fait, t'avais pas quelque chose à donner à ta soeur ? Questionna Inoru, en se tournant vers Natsuo.
- Si, mais on vient à peine de se retrouver. Rien ne presse. Me fit-il avec un clin d'oeil. Kumiko, tu viendras avec moi tout à l'heure, j'ai quelque chose à te montrer.
- Okay.
- Bon on vous laisse manger tranquille, on a des choses importantes à régler. Bonne soirée !
- A tout à l'heure ! 

Ils s'éloignèrent rapidement en direction des tentes. Une légère brise souffla sur les tentures.

Il était tard lorsque je quittais mon équipe à la recherche de mon frère dans le temple. Je parcourais lentement les allées, me laissant aller à la flânerie. Je m'étais égarée dans les dédales des jardins où personne n'était venu. Ordre des moines qui ne voulaient pas troubler la stabilité de ces lieux. Je n'étais jamais venue ici et même en temps de guerre, le temple recelait de surprises : les jardins étaient entretenus avec un soin méticuleux, les boiseries étaient travaillées dans les meilleures essences et avec une finesse incroyable, l'architecture générale regorgeait de peintures... C'était un lieu hors du temps, impassible à la dureté des événements extérieurs.

Je ne suis pas là pour faire du tourisme. Je dois trouver mon frère. Mais je ne pensais pas que le temple serait si immense. Vu de l'extérieur, on dirait un simple temple banal de province. Pourtant, il est vraiment fabuleux lorsqu'on est à l'intérieur.

Je m'arrêtais au bord d'un bassin. Je regardais les poissons nager tranquillement entre les nénuphars. Une libellule vint se poser sur le rebord en pierre quelques secondes avant de reprendre un rapide envol à travers les bonsaïs. La guerre semblait vraiment insignifiante dans cet endroit. Le bruit de l'eau de la fontaine jouait une douce berceuse qui venait troubler le silence de ce lieu apaisant. Seules les lucioles et la lune produisaient une faible lumière. Les rayons traversaient le feuillage du tilleul et venaient se refléter dans l'eau du bassin. Je voyais les lueurs rougeoyantes des feux de camps, au-delà du patio par lequel j'étais entrée dans le jardin, qui contrastaient férocement avec celles d'ici. J'y voyais une image simple mais très réaliste de la situation actuelle.

La guerre et le sang contre la paix et le bonheur... Triste comparaison de la réalité avec l'irréel. Ne peut-on pas rêver d'un monde sans que la guerre vienne tout massacrer ?

Je vis deux moines qui m'observaient de loin. Je regagnais les campements lentement, triste de quitter ce lieu divin pour retourner au monde réel. Je marchais à travers les tentes, toujours à la recherche de mon frère. Je le trouvais assis au coin d'un feu, l'air pensif.

- Natsuo ?
- Hé, p'tite soeur ! T'as réussi à me trouver.
- Arrête de m'appeler comme ça, répondis-je, vexée. Et je t'ai trouvé totalement par hasard. Tu m'avais pas dis où tu étais dans le camp, alors je me suis baladée.
- Ce temple est extraordinaire, n'est-ce pas ?
- Oui, dommage que nous ne puissions pas rester plus longtemps. J'aurais aimé le visiter entièrement.
- Quand la guerre sera finie, on reviendra ici.
- Promis ?
- Promesse de grand frère ! Fit-il, fièrement, en bombant le torse.
- Au fait, tu n'avais pas quelque chose à me montrer ?
- Si, si. Je n'ai pas oublié. Qu'est-ce que tu peux être impatiente.
- Hééé ! C'est pour ça que je te cherchais dans le temple figure-toi !
- Pas pour voir et discuter un peu avec ton frère adoré ?
- Bon alors ?! Tu me montres, oui ou non ?
- Haï, haï !

Il sortit de sa veste un petit paquet de papier froissé.

- Le papier est un peu abîmé mais je suis sûr que ça te fera plaisir. Je l'ai emporté avec moi, ne sachant pas très bien si j'allais pouvoir te voir pour te le donner.
- Pourquoi tu ne me l'as pas donné le jour du départ ?
- Je ne sais pas trop. Je me suis dis que ce n'était pas le bon jour. Et puis, je voulais te souhaiter ton anniversaire dans un autre contexte.
- Mais... On aurait pu le fêter après. Tu n'étais pas obligé de faire ça maintenant ! J'avais complètement oublié d'ailleurs.
- En attendant, je t'offre ça et j'espère que tu va l'accepter, sinon mon honneur de grand frère sera bafoué ! Me dit-il la mine boudeuse.
- Je trouve que tu utilises beaucoup trop ton statut de frère pour me faire culpabiliser. Donne ton cadeau.

Je découvris une chaîne et un magnifique médaillon représentant un serpent, symbolisant mon année de naissance. Les yeux étaient de minuscules lapis-lazuli.

- Merci beaucoup Natsuo !! Il est magnifique. Je vais le garder bien précieusement.
- Content qu'il te plaise ! Bon il est tard et nous avons eu une dure journée ! Retourne près de ton équipe te reposer, nous aurons le temps de se voir demain !
- Bonne nuit Oee-san !
- Bonne nuit...

Je rejoignis Masao et les autres. Ils s'apprêtaient aussi à aller se coucher. Je m'endormis rapidement, bercée par le vent et le cri lointain d'une chouette, d'un sommeil sans rêves ni cauchemars.


Entrée du Temple, à l'aube

Le soleil venait à peine de se lever qu'une équipe se préparait déjà à partir en mission. Les gardes leur souhaitèrent un bon courage, mais pas d'adieux car les adieux portent toujours malheur.

- Tu crois qu'elle va t'en vouloir ?
- De quoi, Inoru ?
- Tu lui as dis que tu partais en mission aujourd'hui ?
- Non mais elle le découvrira bien assez tôt.
- Tu aurais pu la mettre au courant toi-même, au lieu qu'elle l'apprenne par d'autres !
- Nous ne serons pas partis longtemps. C'est juste une mission de reconnaissance. Il ne devrait pas y avoir trop de problèmes en vue.
- Espérons-le, Natsuo !
- Allez, en route ! 





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