Fiction: Tolérance : l'apprentissage de la vie (terminée)

Sakura, Ino, Tenten, Hinata et Temari sont des lycéennes très douées en gymnastique. Elles vont toutes à La Feuille, école réservée aux filles. Leur point commun ? Une peur mêlée de haine envers le sexe opposé, pour des raisons que peu de gens connaissent... Mais quand le lycée devient mixte, les cinq gymnastes n'ont pas le choix : pour avancer dans la vie, elles vont devoir oublier ce qui leur est arrivé... Avec l'aide, peut-être, de nouveaux amis. School-fic
Classé: -12D | Général / Romance | Mots: 42267 | Comments: 215 | Favs: 184
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Ari05 (Masculin), le 27/04/2009
Quand la mixité s'impose, cela ne fait pas la joie de tous...

Crédits : les personnages sont bien sûr à Kishimoto-sensei, merci à lui !




Chapitre 12: Epilogue



La roulotte avançait lentement sur l'herbe, sa peinture rouge et blanche tranchant avec le vert de la chlorophylle. Elle laissait derrière elle deux traces parallèles, éloignées d'environ un mètre, et au milieu, des espèces d'ovales resserrés au centre. Un parasol bariolé protégeait du soleil le responsable de ces étranges traces, ou plutôt le précieux contenu de sa carriole.
« Bonjour ! »
Dans un grincement à peine audible, le chariot s'arrêta.
« Bonjour ! Vous désirez ?
- Une simple straciatella, une double noix/menthe, une double réglisse/café, un sorbet chocolat aux amandes et un autre à la fraise, s'il vous plaît.
- Je m'en occupe tout de suite. »
Le propriétaire de la voix masculine, un homme aux cheveux noirs coupés courts, âgé d'une vingtaine d'années à peine, saisit une grande cuillère métallique et la plongea dans un des bacs qui parsemaient sa roulotte. Il en ressortit une boule blanche piquetée d'éclats noirs qui trouva rapidement sa place dans un cornet à sa gauche. Sa main fouilla dans les entrailles métalliques de la charrette pour en ressortir avec un mouchoir immaculé. Après avoir trouvé sa place autour de la friandise, celle-ci échoua contre la paume de la cliente, une adolescente dont les cheveux bruns soyeux étaient attachés en deux macarons.
Soudain la jeune fille ouvrit grand ses yeux noisette.
« Vous avez aussi parfum ramen ?
- Et oui, pour le plus grand plaisir des amateurs !
- Dans ce cas, je vous en prendrais une simple. Non, attendez, plutôt une double.
- Comme vous voudrez. »
D'un coup de main talentueux, le vendeur fit une nouvelle boule d'un ton beige sur laquelle se trouvaient de nombreux morceaux de noix, qu'il déposa soigneusement dans un large cornet, puis effectua les mêmes gestes dans un bac un peu plus proche, rempli d'une glace verte aux petits bouts marron foncé.
« Et une noix/menthe ! »
La jeune fille le remercia d'un sourire, avant de récupérer d'un coup de langue le liquide blanc de la première glace, qui commençait à imbiber le mouchoir. La louche disparut à nouveau dans une pâte noire, puis une autre marquée « Café ».
« Avec ça, vous allez réveiller votre ami, mademoiselle.
La brune laissa échapper un rire.
- C'est le genre de personne qu'on ne peut pas réveiller.
- Ah, nous verrons bien ! »
Il s'étira pour aller chercher le dernier parfum, dont la couleur ressemblait à s'y méprendre à celles des nouilles japonaises.
« Je vous met quelques naruto dessus ?
- Avec plaisir.
Le marchand posa deux étoiles roses sur le sommet du cornet, avant de remuer dans un bac à part de nombreux emballages. Il finit par remettre à sa cliente un sorbet rose et un autre marron foncé piqueté d'éclats blancs, protégés de la chaleur par un plastique transparent.
- Et voilà ! Ça vous fera dix euros tout rond, mademoiselle.
- Ils sont sur le comptoir.
Baissant les yeux, l'homme se rendit compte qu'en effet, un billet rouge ornait à présent sa roulotte. Il ne se donna pas la peine de réfléchir au moyen que sa cliente avait dû employer pour sortir l'argent, puisqu'elle avait deux glaces dans chaque main et les sorbets dépassant des poches de son pantalon, et se contenta de récupérer vivement son salaire.
- Et bien, bonne journée !
- A vous aussi... »
Puis Oneira Tenten se retourna et commença à marcher.

* * *


"Bon, elle arrive, Tenten ? Je commence à avoir soif !
- Si tu as soif, ce n'était pas une glace qu'il fallait commander mais un soda, Kiba !
La blonde lâcha un bâillement avant de s'étirer, mettant en valeur son ventre plat.
- Mais c'est vrai qu'elle tarde un peu...
Un jappement lui répondit. Avec un sourire, Ino se tourna vers la boule de poils assise sur le banc à ses côtés et leva une main pour caresser affectueusement la tête du chiot.
- Il y a pas à dire, Akamaru sait s'y prendre avec les filles ! Kiba, tu devrais prendre exemple sur lui, ça t'aiderait à séduire...
- La ferme, Naruto !
- Continue, Naruto, je suis sûre que ce que tu allais dire intéresserait Ino...
Sakura lâcha ces mots sur un ton dégagé, sans toutefois parvenir à masquer son intérêt. La Yamanaka posa ses yeux céruléens sur le maître-chien, puis sur le lycéen au tee-shirt orange, curieuse. Celui-ci se mit à rougir, se rendant peu à peu compte de sa gaffe. Kiba, en le coupant net, avait évité le pire. Dévoiler le prénom de la fille en question n'aurait pas aidé son ami, mais la surprise aurait sans douté été générale...
- Apprend à réfléchir avant de parler, imbécile...
Le blond se tourna vers Sasuke, qui venait de lui souffler cette phrase, mais rien dans l'attitude de son meilleur ami n'avait changé : le dos de l'Uchiha restait droit, alors que ses yeux noirs parcouraient les lignes d'un cahier posé sur ses genoux dénudés par un court short noir. Il remplissait inlassablement les pages d'une main sûre, et l'encre avait à peine le temps de sécher que déjà l'héritier passait à l'exercice suivant.
L'orphelin aux iris océan allait répliquer quand une voix leur parvint.
- Est-ce que l'un de vous pourrait m'aider ? Je ne vais pas tenir très longtemps ! »
D'un même mouvement, tous se tournèrent vers l'origine de l'appel.
C'était bien Tenten, vêtue de son débardeur moulant au style militaire. Elle semblait débordée : une traînée blanche maculait son menton, et des liquides de couleurs variées, naviguant entre le noir, le marron foncé et le vert, coulaient sur ses poignets. Ses doigts se tordaient entre quatre cornets qui aux yeux des spectateurs affolés ne restaient là que par miracle.
Hinata se leva immédiatement ; ses ballerines blanches laissèrent de légères traces entre les marguerites. Elle tendit la main et récupéra une glace aux boules disparates : la première lui évoquait les yeux de Sakura, alors que la deuxième rappelait la robe longue de Temari, dans le même beige un peu sableux. Soulagée d'une partie de son fardeau, la brune aux macarons réussit à répartir ses achats et put avancer jusqu'au groupe sans en renverser.
Une main s'enroula autour d'un cornet dans un geste lent, mais sûr, puis, quand la prise fut bien assurée, revint vers son propriétaire, emportant avec elle son trophée.
« Tu aimes, Shikamaru ?
Le Nara délaissa sa glace pour se tourner vers Sakura, qui était assise à côté de lui. La rose n'avait pas dit un mot depuis plusieurs minutes, se contentant de regarder Sasuke remplir les pages de son cahier. Elle venait juste de lever la tête et observait avec curiosité le mélange noir et marron commandé par le génie à Tenten.
- Ouais... Tu veux goûter ?
- Réglisse et café, non merci.
La petite étincelle de dégoût qui luisait dans ses yeux verts amusa le lycéen : ses lèvres formèrent un très léger arc de cercle.
- Kiba-kun, je crois que celle-ci est la tienne.
Hinata regarda le brun avec un sourire doux. Il était appuyé au dossier du banc, juste derrière Ino, et semblait dormir à moitié tout en caressant machinalement son chiot. L'appel de la fille aux yeux de nacre dut le sortir de sa torpeur car ce fut d'un pas vif qu'il contourna le banc pour aller récupérer la glace qu'elle tenait.
- On dirait Akamaru ! s'amusa la blonde aux yeux bleus en le voyant lécher une boule à la noix.
L'Inuzuka fit la sourde oreille, heureux sans le montrer de l'ambiance détendue qui régnait.
- Naruto, celle-là est pour toi !
Le blond releva la tête, surpris. Ses coudes dénudés par un tee-shirt orange vif étaient posés sur le dossier du banc, entre les cheveux roses de Sakura et ceux, corbeau, de Sasuke.
- Moi ? Mais je n'ai rien demandé !
- Parfum ramen, lâcha la brune en levant la glace beige.
Voyant l'air de convoitise sur le visage de l'Uzumaki, elle avança jusqu'à se retrouver face à lui, de l'autre côté du siège collectif, et tendit juste assez le bras pour que son ami faisant le même geste puisse s'emparer du cornet avec avidité. Une grande partie de la première boule, recouverte de naruto, ne tarda pas à disparaître dans la bouche de l'amateur de nouilles.
Quand la glace ressortit, elle était amputée d'une bonne partie de son corps. Naruto écarquilla ses paupières, offrant en spectacle ses magnifiques iris océan, puis articula difficilement :
- Ch'est froid !
Les réactions furent différentes : les joues pâles d'Hinata prirent une teinte rouge alors que la jeune fille cachait son rire derrière sa main ; Shikamaru lâcha un « Galère... en levant les yeux au ciel ; Kiba émit un son entre le rire et l'aboiement et alla même jusqu'à se frapper la cuisse d'un geste amusé, laissant une marque sur le tissu écorce de son jogging ; Ino secoua la tête comme pour indiquer que l'orphelin était un cas désespéré ; Sakura se pinça les lèvres pour ne pas s'esclaffer, mais laissa échapper un rire étouffé en voyant Sasuke lancer :
- Mais quel baka... Incapable de comprendre que même si les ramens se mangent chauds, une glace est forcément froide.
Quant à Neji, qui jusqu'ici était resté à l'écart et venait seulement de rejoindre Tenten, il ferma un instant ses yeux blancs puis les rouvrit. Sa petite amie donna un coup de langue sur sa glace blanche et sentit ses joues prendre une très légère teinte rosée quand le Hyuuga s'approcha par derrière. Elle se retourna et lui offrit un sourire désarmant, avant de faire volte-face avec rapidité pour rejoindre Sakura et sortir de sa poche le sorbet rose.
- Fraise ! annonça-t-elle fièrement. »
La Haruno récupéra la friandise en lâchant un « Merci ! » joyeux. Ses doigts s'agitèrent autour de l'achat et après quelques crissements, elle put enfin fourrer l'emballage dans la poche de sa robe rouge. L'air béat qui apparut sur son visage quand le sorbet toucha ses lèvres pâles amusa Naruto.
« Si tu continues comme ça, Sakura-chan, tu vas finir par prendre du ventre !
La lycéenne se retourna, outrée, et lança son bras par dessus le dossier du banc : les doigts repliés atterrirent dans le ventre de l'insolent, lui coupant le souffle pour quelques secondes.
- Il n'a pas tort, tu sais.
Ino, étendue à la droite de la fille aux cheveux roses, avait jeté ces mots avec insouciance. Elle fit un clin d'œil à l'autre gymnaste qui se tournait vers elle, menaçante, et les deux filles partirent d'un rire complice. L'Uzumaki leur jeta un regard étonné.
- C'est vrai, comment veux-tu faire tes figures correctement si tu passes ton temps à te goinfrer de sorbets ?"
Tous se tournèrent vers Temari. Debout devant le banc, la gymnaste tapait du pied tout en secouant la tête de gauche à droite : ses quatre couettes d'un beau blond cendré s'agitaient en même temps. Son bras gauche suivait la courbe de sa taille, soulignée par une robe aussi sobre que longue, alors que de l'autre, elle agitait un très bel éventail en bois odorant, sur lequel s'étalait fièrement un motif de fleurs bleutées. Une petite étiquette flottait sur le côté de l'objet, et un bon observateur aurait pu lire en minuscules lettres noires les mots "Made in Suna".
Mais si aucune des personnes fixant Temari - Sakura, Naruto, Kiba, Ino - n'avait besoin de lunettes, la concentration n'était pas leur fort ; aussi, ils se contentaient d'observer le visage fier de la Sabaku, cherchant à comprendre si elle plaisantait ou non.
Cachant ses traits derrière l'éventail, la blonde aux yeux verts laissa apparaître sur ses lèvres un sourire fugitif. Avant, peut-être, quand la gymnastique prenait une grande part dans sa vie, avant elle aurait prononcé cette phrase avec conviction, et voir Sakura manger un sorbet l'aurait de toute façon stupéfiée. Ou avant, elle aurait fait beaucoup de choses qui aujourd’hui ne lui paraissaient plus si logiques.
L'odeur douce du bois emplit ses narines, surpassant sans peine le parfum léger de l'encre de haute qualité. Ce cadeau était de premier choix : la lycéenne ne pouvait faire autrement que l'apprécier à sa juste valeur. Oui, il n'avait pas lésiné sur les moyens, lui, à présent assis à même le sol sous l'autre extrémité du banc, près de Shikamaru qui se reposait.
Un crissement se fit entendre, sortant Temari de ses pensées. Tenten venait de sortir de sa poche le dernier sorbet, et sa main se tendait en direction du flemmard à moitié assoupi. Mais elle dévia au dernier moment pour disparaître derrière la jambe du Nara. Un léger bruit d'herbe trahit le mouvement de la personne installée là.
Quelques mèches flamboyantes apparurent. Puis progressivement, tandis que leur propriétaire se levait, un tatouage rouge vif se révéla, contrastant avec un épiderme pâle. Et avec deux yeux sans pupilles au bleu clair semblable à celui de la banquise...
"Tiens, Gaara-kun."
Le garçon hocha la tête en un remerciement muet : des cheveux roux tombèrent devant ses iris, les cachant à sa soeur.
La Sabaku prit une grande inspiration. Elle avait beau se répéter que son cadet ne lui voulait aucun mal, il était difficile de rester rationnel sous le poids de ce regard glacial. Des réflexes oubliés lui revenaient depuis l'arrivée du futur chef de clan. Sa famille avait sur elle une influence bien plus grande que la jeune fille ne voulait l'admettre, la venue de son petit frère à Konoha l'avait obligée à en prendre conscience.
Mais cela ne devait pas l'empêcher de lutter contre ces réactions, décida Temari. Rester figée devant une personne plus jeune qu'elle ne lui ressemblait pas
"J'ignorais que tu aimais les sorbets.
La roux releva la tête, au grand regret de son aînée dont le sourire se crispa aussitôt.
- Tu le sais, à présent."
Il posa une main sur le dossier du banc, à quelques centimètres de la nuque de Shikamaru, et de l'autre amena la glace jusqu'à sa bouche. Malgré elle, la gymnaste au regard sapin sentit un reste de tendresse l'envahir. Debout, tête baissée, des mèches enflammées dissimulant le kanji sur son front, une large manche blanche retombant jusqu'au coude, le bout du sorbet pénétrant entre ses lèvres, Sabaku no Gaara avait l'apparence d'un collégien ordinaire. Loin de l'imperturbable et redouté héritier de sa puissante famille, désigné depuis peu par l'actuel chef de celle-ci. Loin de celui qui n'avait pas hésité à user de menaces pour asseoir son autorité sur son propre frère Kankuro, d'un an son aîné. En cet instant, la lycéenne à la peau mate avait presque l'impression qu'il n'était qu'un enfant venu rendre visite à un membre de sa famille, savourant le plaisir simple d'une friandise.
Mais 'l'enfant' lâcha quelques mots et sa voix sans timbre vint détruire l'illusion.
"As-tu froid ?
Les sourcils blonds de son interlocutrice se rapprochèrent ; de fines rides apparurent entre eux.
- Bien sûr que non ! s'exclama-t-elle.
- En hiver.
La fille de Suna se mordit nerveusement la lèvre inférieure.
- Un peu, comme tout le monde...
- Tu n'as pas grandi ici.
Les spectateurs se demandaient pour la plupart où il voulait en venir. Leur amie n'était pas née dans cette ville, mais pourquoi en parler maintenant ?
- Le chauffage poussé à son maximum était-il suffisant pour retrouver la chaleur du désert ?
Une étincelle surprise s'alluma dans les prunelles sombres de Sasuke. Le stylo entre ses doigts redevint inerte, marquant la fin du ballet qu'il accomplissait sans relâche depuis un long moment.
- De quoi as-tu dû te priver pour payer ?
Les poings de Temari se mirent à trembler, à la mesure de la force avec laquelle ses ongles entamaient la chair. Evidemment. Elevé parmi de grandes fortunes, Gaara savait gérer des budgets autrement plus colossaux que le sien. Et sa sœur, ayant passé son enfance dans le même milieu, prenait soin de garder les factures qu'on lui envoyait, au cas où.
Or la boîte où s'entassaient tous ces papiers reposait en évidence sur la table de la cuisine, à deux pas du salon qui servait aussi de chambre d'amis. Jamais Hinata, Sakura, Ino ou Tenten n'auraient eu l'idée de fouiller dans les affaires de leur amie ; en revanche, la blonde cendrée était bien placée pour savoir que son frère n'aurait certes ce genre de scrupules.
Après, c'était un jeu d'enfant : soustraire à la somme envoyée par le Kazekage - titre honorifique du dirigeant de Suna - celles qui s'affichaient en bas des factures. Même un gamin se serait alors rendu qu'il ne restait à la concernée qu'un montant ridicule, tout juste suffisant pour les repas...
Et loin de l'être assez pour s'offrir des vêtements chauds.
Gaara était intelligent, malgré son mutisme quasi-permanent : il avait dû deviner que parler avec son aînée dans l'appartement ne servirait à rien. Lancer ce sujet au milieu des amis de Temari, tous soucieux de sa santé, serait beaucoup plus efficace...
Il avait calculé juste, comme souvent.
"Temari, c'est vrai ?
Sakura fixait la blonde aux yeux verts avec une inquiétude non dissimulé ; son sorbet commençait à fondre, mais le liquide rose coulant sur ses doigts ne semblait pas l'occuper.
- En partie...
- Temari-chan, pourquoi tu ne nous as rien dit ? On aurait pu t'aider, l'hiver dernier !
La concernée jeta un regard furieux à son jeune frère. Un sourire mystérieux, très léger, apparut sur le visage de celui-ci. Et l'éclat polaire des prunelles couleur du ciel diminua un peu.
Sabaku no Gaara n'avait plus de raisons de s'inquiéter : sa sœur était entre de bonnes mains. D'après le souci qui transparaissait sur les traits de Nara Shikamaru, elle était même plus que ça...


* * *



La nuit était tombée avec lenteur, comme une chape de brume, révélant aux yeux de tous les étoiles qui à présent scintillaient. Même les lumières de la ville ne pouvaient rivaliser avec cette beauté nocturne : telle était la pensée de la jeune femme à sa fenêtre, assise sur une petite chaise brune.
Elle délaissa le paysage pour laisser courir ses prunelles de menthe sur une photographie, éclairée par la lueur de la pleine lune. Sourires joyeux, joues un peu rouges, et un magnifique gâteau rose, orange et noir trônant au centre de la tablée... Le seul regret que pouvait avoir celle qui observait le cliché était que le visage de Temari était un peu flou : la blonde, après avoir enclenché le minuteur, avait dû jouer des coudes pour revenir à sa place, et l'appareil l'avait immortalisée en plein mouvement. Enfin, on pouvait compenser en se disant que les vingt bougies étaient toutes parfaitement rendues, les petites flammes se reflétant presque dans les iris des invités.
Un léger soupir s'échappa des lèvres pâles de la femme quand elle s'arracha à la contemplation de la mégalopole - Konoha avait tant changé ! - endormie. Soupir de tristesse, de lassitude ? Ou résultat d'une simple fatigue ? De l'avis de la concernée, ça ne pouvait être que la deuxième solution. Impossible d'être triste dans un moment pareil... Le berceau, devant le lit blanc aux draps défaits au fond de la chambre, la conforta dans cette pensée. Un drap immaculé recouvrait la petite créature qui se trouvait là, ce si précieux trésor auquel pour rien au monde la jeune femme aux yeux verts n'aurait renoncé. Prise d'une inspiration subite, elle bloqua sa respiration - son ample robe rouge se tendit sur la poitrine devenue proéminente au cours des neuf mois précédents. Le silence se fit aussitôt, tout juste brisé par de lointains bruits de pas, des sons de chariots poussés dans les couloirs, toutes sortes de choses que la nouvelle mère avait appris à reconnaître. Ses poumons ne tardèrent pas à devenir douloureux, et un picotement parcourut sa gorge. Avec une mine un peu déçue, elle relâcha son souffle. Pendant un instant, elle avait espéré percevoir les faibles inspirations de son enfant, peut-être pour s'assurer que tout ceci n'était pas un rêve. Les trois trimestres passés ici et la foule d'évènements survenus après la naissance ne l'en avaient pas tout à fait convaincue... Mais la bosse formée par le corps était bien visible, malgré l'ombre de la pièce, preuve que la douleur qui avait déchiré les entrailles de la jeune femme et celle qui, toujours, lui déchirait le cœur, avaient eu un but.
Des murmures vinrent rompre le calme nocturne. Au prix d'un effort plus dur qu'il n'y paraissait, la jeune adulte parvint à quitter du regard le nouveau-né pour tenter de discerner les contours de la porte. Ceux-ci lui apparaissaient flous, sûrement une conséquence de la fatigue. Les cernes violacées soulignant la teinte de menthe des iris faisaient aussi partie de ces choses désagréables et pourtant impossibles à éviter, dans son état.
A présent, plus de doute, des gens parlaient. Des femmes, l'une sans souci de l'heure avancée, vu la force de son ton, l'autre dans un murmure rapide, comme pour inciter la première au silence. La jeune mère, dans sa chambre sombre, sentit son dos se redresser, comme si on y avait attaché une planche, et son ventre rond - vestige d'une grossesse difficile qui heureusement disparaîtrait sous peu - peser sur ses genoux. Réflexe adopté dans sa plus tendre enfance, révélateur de son malaise. La visiteuse dont les paroles devenaient plus nettes à chaque seconde, à chaque claquement sec sur le lino, ne manquerait pas de la remarquer.
La poignée s'abaissa brutalement et dans le même mouvement, le panneau de bois alla s'écraser contre le morceau de caoutchouc incrusté dans le mur. La lumière du couloir pénétra à flots dans la pièce, et la jeune femme dut plisser ses yeux en amande. Le souci de son enfant l'emporta sur son propre confort, et sa main se leva pour désigner le berceau. L'une des deux silhouettes, dans l'embrasure, reçut le message et tira sans ménagement la première à l'intérieur, avant de refermer la porte avec d'infinies précautions. Dès que la pénombre revint, la mère réussit à nouveau à se servir de ses pupilles. La lueur blafarde de l'astre lunaire ne suffisait pas pour distinguer les couleurs des habits, mais on pouvait en revanche en définir vaguement la forme ; or les uniformes d'infirmière étaient reconnaissables, avec les jupes plissées et les chemises étroites.
Les vêtements de la deuxième étaient par contre nettement plus surprenants dans un tel endroit. Mais le contraire aurait surpris l'adulte aux prunelles d'émeraude... Un bustier mettant en valeur le contraste entre poitrine avantageuse et taille exagérément mince, un cycliste soulignant de fines cuisses, surmonté bien sûr d'une mini-jupe au tissu lisse - cela, l'occupante de la chambre ne pouvait pas le voir, mais elle en était certaine.
La porteuse de cet ensemble aguicheur avança d'un pas assuré, n'hésitant pas à écarter légèrement la fonctionnaire, jusqu'à pénétrer sans ralentir dans le cercle formé par les rayons lumineux. Elle ne s'arrêta qu'une fois parvenue devant son amie, se plantant pile entre le berceau et la chaise de celle-ci.
"Sakura ! Tu as l'air épuisée !
La jeune femme posa sa tête dans ses maigres mains et se frotta énergiquement le visage.
- Je suis épuisée, Ino...
- Madame, je suis désolée, mais vous devez partir ! Cette patiente a besoin de repos, et des visites à une telle heure de la nuit ne sont vraiment pas conseillées !
La Haruno secoua un bras d'un geste las, calant son front dans le creux de son autre paume.
- Laissez-la rester, s'il vous plaît... j'ai plus besoin de soutien moral que de sommeil...
- Mademoiselle, je ne crois pas que...
L'infirmière se tut. La jeune femme venait de lever la tête, laissant de courtes mèches roses glisser de ses épaules pour venir se balancer comme des rideaux le long de ses joues creuses. Et la lumière de la lune, dans son dos, n'était pas nécessaire pour voir l'étincelle déterminée dans ses yeux chlorophylle.
- Je veux parler tranquillement avec mon amie. Retournez surveiller les vrais malades.
Le ton était rauque. L'ordre incontestable.
La fonctionnaire le comprit rapidement. Elle savait qu'il était inutile de raisonner la Haruno, que cela ne ferait que la braquer encore plus. Mais tant qu'à admettre la défaite, autant diminuer les dégâts...
- Je reviendrai dans une demi-heure, prévint-elle en reculant en direction de la porte.
- Une heure, négocia la blonde, le poing sur la hanche.
- Une demi-heure !"
La porte se referma silencieusement.
Ino poussa un soupir et, de sa démarche de mannequin tant enviée, rejoignit le bord de la fenêtre. Elle contempla un instant sa ville natale illuminée, puis tourna le dos à cette vision pour fixer son regard bleuté sur le berceau. Les deux femmes observèrent la petite silhouette qui dormait là, innocente.
Quand la nouvelle mère reprit la parole, ce fut avec un ton apaisé.
"Tu ne m'en veux pas ?
Les iris de son amie croisèrent les siens ; une lueur surprise y apparut.
- Bien sûr que non ! C'est à lui que j'en veux. C'est sa faute si tu est là.
Un sourire mi-triste, mi-amusé se dessina sur les lèvres de la rose.
- Arrête, tu sais très bien que je suis entièrement responsable...
Un rire sans joie s'échappa de sa bouche, se transformant rapidement en sanglots étouffés.
- Je le savais... Je savais qu'il réagirait comme ça... Il a toujours été orgueilleux...
- C'est ce qui fait son charme, plaisanta la belle blonde.
- Oui ! D'ailleurs, je n'y croyais pas quand il a accepté de sortir avec moi, tu te souviens ?
- Parfaitement ! j'ai même été un peu jalouse, au début. Avant de me rendre compte qu'on n'était pas faits pour être ensemble...
Ino eut l'impression qu'un très fin et invisible pinceau venait de tracer une ligne courbée sur la bouche de sa meilleure amie. Celle-ci leva son bras - les os du poignet saillaient - et effleura avec une délicatesse féminine l'anneau d'or entourant le doigt de la Yamanaka.
- Qui aurait pu imaginer, il y a cinq ans, que c'est à lui que tu te fiancerais ?
- Sûrement pas moi ! pouffa la concernée.
- Vos fiançailles étaient vraiment somptueuses. Il n'a pas lésiné sur les moyens.
- Complètement impersonnel ! râla la blonde. Tu imagines, il m'a fallu changer de kimono au moins trois fois en une journée ! Qu'est-ce que ça va être le jour du mariage !
Les paupières de la convalescente s'écarquillèrent : si l'éclat lunaire n'avait pas été dans son dos, on aurait presque pu constater que ses pupilles s'agrandissaient. Avec une vigueur renouvelée, elle tourna son buste vers l'autre femme.
- Le mariage est prévu pour quand ?
L'affolement dans son ton était clair ; la visiteuse croisa ses longues jambes et s'appuya contre le mur.
- Il n'aura pas lieu avant que tu sois sortie d'ici, rassure-toi ! Je n'ai même pas eu besoin de négocier, lui aussi était d'accord. S'il n'avait pas été habitué à l'étiquette depuis toujours, j'aurais cru que la cérémonie l'avait autant énervé que moi, tiens !
- C'est peut-être le cas, remarqua la rose d'un voix un peu rauque.
Une quinte de toux secoua sa maigre poitrine, et ce fut avec effort qu'elle plaça sa main à la verticale, devant le buste d'Ino, signe clair qu'elle refusait son aide. Celle-ci ne recula que lentement, prête à soutenir son amie de longue date.
- Même un homme élevé dans une des plus grandes familles au monde peut avoir envie de s'unir tranquillement à celle qu'il aime.
- Et c'est d'autant plus vrai pour une femme élevée dans une des plus modestes familles au monde ! Il faut vraiment qu'il soit mon âme sœur pour que j'accepte de supporter tout ça pour lui...
Un long soupir s'échappa de ses lèvres entrouvertes alors que les doigts aux ongles manucurés se posaient sur son bustier. Sakura éclata d'un rire enfantin devant cette pose théâtrale, mais sa gorge douloureuse l'incita à s'arrêter plus vite qu'elle n'en avait envie. Inutile, pourtant, d'alerter la Yamanaka par une nouvelle toux. Ce moment de retrouvailles était trop précieux pour elles deux.
- Il faudra que tu me dises comment tu fais pour ne pas attraper de coups de soleil avec une peau aussi pâle que la tienne, en habitant dans une ville en plein milieu du désert...
Une petite ride apparut entre les sourcils de la femme aux yeux bleus ; l'interrogation naquit dans ses prunelles avant de descendre jusqu'à ses cordes vocales.
- Comment sais-tu que je n'en ai pas ? Il fait si sombre ici que j'ai du mal à voir la couleur du berceau !
- Si il y avait des taches rouges sur ton corps, tu aurais emporté une cape ou un manteau pour les recouvrir, dans les couloirs, et empêcher l'infirmière de les voir. Ou alors ta tenue te couvrirait un peu plus.
Cette constatation avait été prononcée d'un ton plus vivant, rappelant presque celui de la jeune femme pleine d'énergie, la paume diaphane de son petit ami Uchiha posée sur un ventre arrondi. Seule une petite fêlure distinguait les deux timbres - en plus de l'inévitable fatigue. Il faudrait du temps avant que cette douleur ne disparaisse, du temps et beaucoup d'amour. Cette pensée en amena une autre dans l'esprit d'Ino, qui décida pourtant de continuer encore un peu sur ce sujet banal. Les nouvelles viendraient ensuite.
- En fait, j'ai dû le ruiner en crème solaire. Et j'ai bronzé, tu sais ! Bien sûr, pas autant que Temari, mais elle a passé plusieurs années dans cette fournaise...
- Elle vous rend souvent visite ?
- Dès qu'elle peut, avec ses études d'avocate ! D'ailleurs...
L'étincelle dans ses iris était celle, typique, des colporteuses de ragots. En parfaite nouvelle adulte, la Haruno se pencha, captant sans peine le murmure.
- Shikamaru l'accompagnait, la dernière fois. Il avait beau passer son temps à se plaindre de la chaleur et de l'énergie de Tema, on voyait bien qu'il ne la lâchait pas d'une semelle ! Il lui parlera bientôt.
Sakura inclina sa tête sur le côté, levant ses cils rosés au maximum. La question muette fit son chemin dans l'esprit de la visiteuse, qui répondit aussitôt :
- C'est mon meilleur ami, je le connais, tout de même !
- Oui, c'est vrai...
Les deux femmes se turent, leurs yeux clairs posés sur la petite forme dont la poitrine bougeait presque imperceptiblement.
- A une époque, j'ai vraiment cru que vous alliez finir ensemble.
Ino éclata d'un rire rafraîchissant, qu'elle étouffa pourtant en voyant son amie lui désigner l'enfant endormi.
- Tu veux dire au milieu de la terminale ? J'avoue que j'en avais envie, mais il s'est passé tellement de choses cette année-là !
- S'il y avait eu un peu moins de choses, justement, ç'aurait été mieux... Au moins on aurait pu faire plus attention à Hinata...
Les mains de Sakura se rejoignirent, ses doigts maigres s'entremêlant avec gêne. La culpabilité ne l'avait pas quittée - serait-elle libérée un jour de ce poids ? La Hyuuga avait refait sa vie, mais cet épisode restait gravé dans les mémoires de ses proches. Comment la timide jeune fille avait failli tomber. Comment cette enfant sage et innocente avait fait ce que plus tard, un psychiatre qualifierait de crise d'adolescence...
- Dire que personne ne s'en est rendu compte. Dire qu'on lui racontait toutes nos histoires sans se soucier un instant des siennes.
- J'ai honte en y repensant, acquiesça Ino. Reconnais quand même que c'était complexe : Sasuke qui se faisait rabaisser quotidiennement par son père et en plus s'interrogeait sur les sentiments qu'il éprouvait envers Naruto, Naruto, justement, fou de toi...
Un tressaillement agita le corps faible de la rose. Ses lèvres se pincèrent brusquement, et elle jeta à son amie un regard inquiet - la blonde aux courbes voluptueuses avait-elle remarqué cette réaction ? Sans doute, car elle enchaîna rapidement :
- ... Je disais, Naruto et sa crise d'identité, Tema tellement obsédée par la pensée de revenir à Suna qu'elle en rêvait toutes les nuits, Tenten découvrant sa stérilité et inquiète à l'idée que Neji lui en veuille, Neji obligé d'affronter son oncle - quelle idée, en même temps, de lâcher ça devant Hiashi-san ! - qui voulait l'obliger à prendre une concubine, Shikamaru dans sa période philosophie à moitié dépressif à force de cogiter sur l'espèce humaine, Kiba enchaînant les petites amies parce qu'il se sentait trop seul, avec sa mère et sa sœur toujours au cabinet vétérinaire, toi en conflit avec ta mère et te sentant coupable du divorce de tes parents, moi qui apprenait que si les miens s'étaient séparés, c'était parce que ma mère travaillait plus la nuit que le jour...
- Cela n'excuse rien !
La force du ton contrastait avec la maigreur de la jeune mère. Sans se laisser impressionner, Ino haussa ses fins sourcils et pencha sa tête sur le côté.
- Ai-je dit que quoi que ce soit pouvait nous excuser ? Je tente juste de te montrer que nous avions des circonstances atténuantes, pas de les prendre pour prétexte. Absolument rien ne peut nous excuser de ne pas avoir remarqué ça. Hinata n'a jamais été fan de manches courtes, mais la voir porter des gants au printemps pour cacher ses coupures aurait dû nous interpeller... Heureusement que cette Karin a rencontré Hinata et nous a prévenus.
L'éclat des yeux verts s'affaiblit alors que leur propriétaire fixait honteusement ses genoux. Ses mains jouaient avec le tissu de la longue robe qui la recouvrait - si ample qu'elle lui donnait un air de matrone.
- Mais Ino...
- Qu'est-ce qu'il y a, Saku ?
Le surnom affectif ramenait les deux femmes à des temps plus beaux. Retrouvant un peu de vigueur, la Haruno leva le menton. Des mèches roses tombèrent dans son dos, dévoilant d'autant plus la maigreur de son visage, clairement visible malgré la lune dans son dos.
- Comment va-t-elle, maintenant ? Voilà plus de neuf mois que nous ne nous sommes pas vues...
La Yamanaka s'éloigna du mur et vint se planter devant sa meilleure amie, poing sur la hanche, la lune donnant une teinte blafarde à son visage fier. Elle tendit un bras et posa son doigt sur le front de la rose.
- Cesse de t'inquiéter pour les autres, Haruno Sakura, et fais-toi du souci pour toi et ton enfant au lieu de passer ton temps à lire de vieux romans !
L'accusée se secoua, cherchant à éloigner la pression de l'index.
- Pourquoi dis-tu ça ?
- Parce que tu parles comme dans les bouquins, Saku ! Encore pire que Sasuke...
Léger tressaillement. Imperceptible si la main de la blonde n'avait été en contact direct avec le visage de son interlocutrice. Un air navré vint s'installer sur les traits de la nouvelle habitante de Suna.
- Oh, Saku, pardonne-moi... Mais tu vas bien devoir tourner la page, te décider à contacter l'un ou l'autre ! Il faut un père à ton fils. C'est mauvais pour un enfant de n'avoir q'un parent.
- Je sais !
La voix étranglée de la convalescente montrait sa détresse. Balayant d'un geste les excuses d'Ino, elle enfouit son visage émacié au creux de ses paumes.
- Mais j'ai tellement peur...
- Grand front...
La Yamanaka s'agenouilla et commença à caresser doucement les cheveux secs de la rose.
- Tu te souviens ? C'était le surnom que je te donnais, en terminale... Et tu me répondais que c'était parce qu'il fallait de la place pour contenir ton intelligence, contrairement à moi...
Elle fit glisser sa main fine le long de la joue secouée de sanglots, prit appui sur le menton pour forcer Sakura à relever la tête. Vrilla ses iris bleus dans ceux de sa meilleure amie.
- Il faut faire un choix, Saku. Je peux te conseiller, mais tu es seule face à cette décision. Choisis bien, ou il risque de te le reprocher plus tard.
Comme pour confirmer ces propos, un petit gémissement enfantin se fit entendre. La Haruno se dégagea vivement de la prise d'Ino, observant avec angoisse le berceau. Ce ne fut qu'après quelques secondes de silence que son attention se reporta sur la fiancée de Gaara.
- Karin.
- L'amie de Hinata ? interrogea avec surprise la femme.
- Elle m'a appelée, il n'y a pas longtemps. Pour me prévenir au sujet de Sasuke.
Les prunelles vertes ne lâchaient pas le ventre arrondi.
- Hinata l'a mise au courant, et elle s'est informée. Il est furieux. Il ne reconnaîtra jamais mon enfant comme son fils. Le sang a plus de valeur pour lui que les liens du cœur...
Une larme tomba, petite tâche sombre sur l'ample vêtement.
- Et tu l'as crue ? Saku, tu sais parfaitement que cette fille n'est pas désintéressée !
- Pas cette fois. J'ai entendu sa voix, au téléphone, elle était sincère, elle m'a demandé si elle pouvait faire quelque chose pour moi ou le bébé.
- Ainsi ce sera lui ? Ce baka ?
Un hochement de tête suffit. Le sourire doux sur les lèvres gercées de Sakura montrait que le cœur approuvait le choix de la raison.
- Finalement, je ne suis même pas sûre de le regretter... J'étais tellement heureuse quand Sasuke m'a dit qu'il m'aimait ! J'imaginais qu'à mon contact, le glaçon allait fondre.
Patiente mais attentive, Ino écoutait.
- J'aurais dû me rendre compte que s'il n'était pas devenu plus chaleureux au contact de son meilleur ami, une vraie boule de feu, ce n'était pas moi qui allait changer la donne. Seulement cette euphorie m'empêchait de réfléchir, je ne voulais croire que nos sentiments réciproques.
Les cercles humides se multipliaient. La voix hachée, Sakura poursuivit pourtant son récit.
- Ce n'est pas lui qui a fondu ; c'est moi qui me suis glacée... Et je ne l'ai pas supporté. J'aime l'été, la chaleur, les effusions... Alors je l'ai trompé !
La jeune mère releva brusquement la tête, comme pour quêter l'approbation de son amie. L'éclat rassurant des yeux couleur de ciel sembla lui donner l'assurance suffisante.
- Oui, je l'ai trompé, avec son meilleur ami ! Je l'aimais de moins en moins, mon amour se reportait sur cette tornade porteuse de joie... J'ai fini par comprendre que j'avais trouvé mon âme sœur. Je comptais le dire à Sasuke.
Ino connaissait la suite de l'histoire, mais elle laissa la Haruno se vider de cette souffrance. Comme un abcès vidé de son pus.
- C'est là que mon ventre a commencé à s'arrondir. Il avait l'air si heureux, le ténébreux Uchiha, je pensais que je l'aimais à nouveau, j'ai espacé les rencontres avec mon amant... Puis l'enfant est né, et les masques sont tombés. Sasuke ne s'est pas laissé trompé, la ressemblance est trop frappante. Il m'a haï, insultée, a craché sur mon nom et sur mon fils.
- Et le père... Saku, sait-il au moins que son enfant l'attend ?
La concernée secoua la tête.
- Il est en voyage, je n'ai pas osé le déranger.
La blonde se releva lentement, l'anneau d'or à son doigt scintillant sous la lune. Puis elle se retourna, parfaitement à l'aise malgré la hauteur de ses talons, et de sa démarche de mannequin avança vers le berceau. L'ombre engloutit sa magnifique silhouette et Sakura ne put que la deviner, sa chevelure cascadant au-dessus du bébé...
Le faible vagissement provoqua chez les deux femmes des réactions radicalement opposées : autant la Haruno tendit un bras osseux vers l'être qu'elle aimait tant, autant sa meilleure amie sourit en distinguant les yeux du nouveau-né.
- Tu as raison, murmura-t-elle avec affection, impossible de s'y tromper.
Des iris océan brillaient comme s'ils ne dépendaient que de leur propre lumière.
- Naruto reconnaîtra son fils...


* * *


L'amour et l'amitié... Parfois l'un peut supplanter l'autre. Le dépasser. Le noyer.
Sakura écrit. Son opulente chevelure rose tombe en mèches épaisses et soyeuses sur le cahier rouge où son stylo doré trace d'élégantes courbes.
Naruto et Sasuke ne se sont plus revus depuis que Naruto et moi avons emménagés avec notre fils...
Elle pose un coude sur la table en chêne, le menton calé dans sa paume blanche, et fixe le plafond avec un faux intérêt. Les motifs du papier peint ne l'intéressent plus à présent. Puis d'un geste vif saisit à nouveau l'objet et pose la plume sur le papier. Ce contact l'enchante toujours autant ; c'est avec un plaisir d'enfant qu'elle redécouvre le plaisir des mots.
J'ai des nouvelles de lui par Karin, via Hinata. On dirait que cette fille a réussi à mettre le grapin dessus. Etrangement, ça me fait plaisir. Elle est plus osée que moi, elle ne fera pas fondre la glace, mais la brisera à coups de marteau.
La belle femme pouffe comme une adolescente.
Mon fils est très beau... Il a de la chance, il n'a pas hérité complètement de ma teinte de cheveux ! Lui est blond avec des mèches rosées. C'est parfait avec des yeux bleus. Peut-être rencontrera-t-il un jour l'enfant de Sasuke, s'il se décide à en faire un...
La Haruno - malgré le mariage, elle a gardé son nom de jaune fille - souffle sur l'encre luisante puis referme le cahier, caressant la couverture rouge velours.




La fin.
Ne vous étonnez pas si le style d'écriture s'est un peu modifié, il y a eu un délai de six mois entre le chapitre XI et le XII, cet épilogue...

Alors, vous êtes surpris ?
S'il y a des choses que vous voulez éclaircir, contactez-moi par MP.
Quelqu'un avait-il deviné la fin ? Je ne pense pas ! Honnêtement, j'estime m'être pas mal débrouillée !

Bon, vais me faire hurler dessus mais voilà : j'ai arrêté d'écrire. Cette fiction a été faite il y a longtemps, j'ai écrit des OS depuis, mais j'arrête. Les explications sont ici : http://ari05-narutofiction.sky

Laissez un commentaire, s'il vous plaît, si la fiction vous a plu, ne serait-ce que pour dire que vous l'avez suivie ! C'est ça qui m'encourage, en plus du plaisir d'écrire... Enfin, qui m'a encouragé...

Merci à tous, j'ai beaucoup aimé publier cette fanfiction. Heureuse de vous avoir divertis pendant quelques temps au moins ^^

Ari'




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