Fiction: Tolérance : l'apprentissage de la vie (terminée)

Sakura, Ino, Tenten, Hinata et Temari sont des lycéennes très douées en gymnastique. Elles vont toutes à La Feuille, école réservée aux filles. Leur point commun ? Une peur mêlée de haine envers le sexe opposé, pour des raisons que peu de gens connaissent... Mais quand le lycée devient mixte, les cinq gymnastes n'ont pas le choix : pour avancer dans la vie, elles vont devoir oublier ce qui leur est arrivé... Avec l'aide, peut-être, de nouveaux amis. School-fic
Classé: -12D | Général / Romance | Mots: 42267 | Comments: 215 | Favs: 184
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Ari05 (Masculin), le 25/04/2009
Quand la mixité s'impose, cela ne fait pas la joie de tous...

Crédits : les personnages sont bien sûr à Kishimoto-sensei, merci à lui !




Chapitre 11: Chapitre XI



« Merci, Monsieur...
La voix avait des accents voluptueux, remplis de sous-entendus. En comparaison, celle qui lui répondit paraissait trop grave, presque rauque. Les mots se suivaient, s'entrechoquant comme des billes, perdant leur sens aux oreilles du gamin.
Il était là, enfermé dans sa petite chambre, la tête collée à la porte. De tout son être irradiait une intense concentration, mais une petite ride entre ses sourcils montrait à quel point il était frustré. Puis les sons incompréhensibles furent à nouveau remplacés par la voix douce, et le pli disparut, alors que le visage se détendait :
- Allons, ne vous inquiétez pas... Je suis à vous toute entière, vous le savez bien...
L'ouïe exercée du garçon décela l'inquiétude dans cette dernière phrase. Il savait que l'homme avait perçu ce sentiment, lui aussi : n'était-ce pas le but de la manœuvre ?
- Quand pourrons-nous revoir ? Ne me faites pas trop attendre... J'ai peur sans vous, je me sens si seule...
L'enfant se mordit la lèvre, tentative dérisoire de retenir les émotions qui le submergeaient. Il ne devait pas pleurer, non, il ne devait pas. La dernière fois qu'il avait pleuré, l'homme l'avait entendu, était venu le voir pour finalement partir en claquant la porte.
Le bruit des pas qui s'éloignaient lui parvint. Alors il se retourna, observa son misérable mobilier : un petit lit en bois recouvert d'une mince couette de laine, trop chaude en été, trop froide en hiver, et qui grattait en plus, un bureau culminant à quelques centimètres de la moquette et une chaise repoussée à l'autre bout de la pièce, c'est-à-dire à peine deux mètres, vu la taille de l'endroit. Son quotidien.
Il avança vers le meuble bon marché et s'agenouilla sur le sol pelucheux. Sous son petit nez dansaient quelques taches d'encre bleues, conséquence d'un stylo qui fuyait. Sa mère ne voulait pas gâcher son argent, son si précieux argent, en achetant un matériel de qualité. Reprendre les objets cassés des camarades de son fils était pour elle une bien meilleure solution... L'enfant serra les dents. Malgré son jeune âge, l'injustice dont il était victime le frappait cruellement.
Résultat de quoi ? D'une mère sans mari, sans éducation, et donc sans travail. Officiel tout au moins... Une mère qui rechignait à dépenser, femme avare dont les yeux brillaient devant les billets donnés par ses clients, une mère qui n'en était pas vraiment une. Le gamin se pencha au-dessus de la table ; son dos formait une courbe peu naturelle que tout médecin compétent aurait déclaré mauvaise pour la colonne vertébrale. Mais qui, ici, aurait pu le lui dire ?
Il planta ses longs ongles dans le bois, laissant une marque bien visible. Sa mère... Pourquoi l'avait-elle donc mis au monde ? Il la haïssait, elle qui ne s'occupait jamais de lui, qui le délaissait pour emmener des hommes dans sa luxueuse chambre... Oui, il la détestait !
Dans son dos, la porte s'ouvrit brusquement. L'enfant ne bougea pas, refusant de se retourner. Après quelques secondes et des pas feutrés, son odorat capta un doux parfum de fleurs.
« Mon fils...
- Maman... »
Autant la voix féminine était assurée, autant celle du garçon tremblait. Il tenta de résister à l'envie qui le prenait de tourner la tête vers elle, de l'admirer sans se cacher, mais sa volonté était loin d'être suffisante. La douce odeur lui piquait les narines, son cœur battait déjà plus vite, un léger rouge monta à ses joues lorsqu'une douce main lui caressa la nuque.
« Mon fils... »
N'y tenant plus, l'enfant se retourna et laissa son regard parcourir le visage de sa mère.
Celui-ci était d'un bel ovale sur lequel tombait une crinière blonde et soyeuse, légèrement ondulée. La peau pâle semblait douce, et le jeune Ijiro dût résister à l'envie de poser sa main sur elle pour profiter de ce contact. La bouche était fine et rose, les yeux à peine bridés. Le garçon les contempla un long moment. Les iris étaient bleus et de petits traits plus foncé partaient de la pupille pour venir mourir à la frontière entre la couleur et le blanc. De longs et épais cils noirs bordaient les paupières, donnant à ce regard un éclat envoûtant, alors que les sourcils parfaitement dessinés ajoutaient à l'ensemble un effet soigné.
Pour l'enfant, ce visage était la perfection, la beauté incarnée. Et le sourire bienveillant qu'il y vit suffit à le remplir de joie.
« Mon fils... »
A nouveau ce ton aussi doux que du satin, sur lequel toute la rancune de l'enfant glissait, à nouveau ces deux mots qui lui donnait l'illusion d'un lien privilégié avec celle qui les prononçait. Sa lèvre inférieure trembla légèrement, puis une petite larme s'échappa, roulant sur sa joue gauche, vite rejointe par une autre tombée de l'œil opposée.
« Maman... Pourquoi tu fais ça ? Ils ne t'aiment pas, maman !... »
Les derniers mots se perdirent dans de légers sanglots. Oui, pourquoi sa mère, sa si belle mère lui préférait des hommes cupides et grossiers qui ne voulaient que son corps ? Pourquoi ne voyait-elle pas que seul lui l'aimait vraiment, lui, son unique enfant ?
« Tu es jaloux ? »
Un léger sourire s'épanouit sur les lèvres de la femme. Elle se pencha vers le garçon, déposa un baiser sur son front puis leva une main comme pour se recoiffer.
« Idiot ! »
Les yeux verts de l'enfant s'écarquillèrent : la gifle laissa une trace douloureuse sur sa joue. Il ne put que bafouiller :
« Ma... Maman...
- Idiot ! Tu es trop faible, tu trembles dès que quelqu'un te regarde trop fixement ! C'est à peine si tu peux discuter avec une personne sans tourner de l'œil ! Tu pourras te permettre des réflexions quand il te suffira d'un coup d'œil pour qu'une fille ne te lâche plus, comme moi avec ces hommes ! »
Puis elle se leva et quitta la pièce sans un regard pour son fils, cette chose se recroquevillant sous la dureté des mots. Pourtant, il voulait tant lui plaire... Il était prêt à tout pour cela. Oui, il deviendrait un séducteur, un bourreau des cœurs, pour l'amour de sa mère.
Telle était la décision de Kohami Ijiro.


* * *


Temari, emmitouflée dans son gilet beige, sentit un frisson la parcourir. Un mélange de froid et de... peur.
Oui, de peur. Devant la porte ouverte du gymnase, face à cette chaleur à laquelle son corps aspirait, l'adolescente avait peur. Les rires qu'elle entendait derrière la porte grise, masquant jusqu'aux bruits des pas sur les tapis, la paralysaient plus sûrement qu'un poison. Elle voulait les retrouver, se joindre à eux – eux, et non elles ; tous ceux qui riaient dans cette salle, et pas ses seules amies – mais en même temps, une partie de son corps rejetait violemment cette éventualité. Il s'agissait d'hommes, bon sang, semblables à ceux qu'elle avait connus ! Des hommes !
Dans son cœur, cette bataille commencée à son départ du petit appartement continuait.


* * *


FLASH BACK


L'hiver était enfin là, avec quelques semaines de retard. De légers flocons tourbillonnaient, poussés par la brise, et terminaient leur courte existence sur la vitrine d'un magasin, ou bien sur le trottoir déjà recouvert d'une fine couche blanche. Mais l'un d'eux connut une fin différente.
Cet anonyme ne rencontra pas l'ampoule froide du lampadaire qui décorait la rue, ni le pelage épais du chien errant traversant la route sans se soucier le moins du monde des voitures.
Ce fut dans une main que s'acheva son insignifiante vie. De blanc, il passa à transparent, et devenu eau, coula le long de la paume bronzée – bronzée, en mars ? – avant de rejoindre ses frères sur le goudron.
Mais l'innocent flocon devait avoir contrarié les dieux, car il n'avait pas fini de regeler que déjà une botte imperméable l'écrasait sans pitié. Est-ce par esprit de vengeance qu'il resta collé à la semelle, au milieu de ses semblables, et refroidit d'autant plus le pied à l'intérieur, ou juste parce que c'était dans sa nature de flocon ?
Sabaku no Temari ne se posa pas la question. Elle se contenta de maudire l'hiver, la neige, le froid et tout ce qui s'y rapportait de près ou de loin, incluant ce pauvre flocon qui n'avait rien demandé.
Oui, la lycéenne était frileuse. Son enfance et une bonne partie de son adolescence s'étaient déroulés sous le soleil de Suna, en plein désert rappelons-le, et si sa peau gardait un bronzage qui lui plaisait bien, son corps, lui, réclamait de la chaleur en permanence. Elle cracha un énième juron en laissant tomber lourdement sa jambe sur le trottoir. Ses pieds étaient déjà gelés, malgré la laine qui garnissait l'intérieur des chaussures, et vu le trajet qui lui restait à parcourir, ça n'allait pas s'arranger. Pourquoi la Feuille était située en plein centre-ville ? Pourquoi, comme tous les lycées et collèges normaux, son établissement ne pouvait pas se trouver en banlieue à l'instar de l'appartement qu'elle louait ? Pourquoi fallait-il donc qu'elle se cogne tous les matins depuis son arrivée une marche d'une demi-heure afin d'aller s'asseoir sur une chaise et d'entendre des profs parler de choses dont elle se foutait comme de son premier justaucorps ?
Marcher dans la neige à sept heures du matin avait le don de faire perdre à la jeune fille sa bonne éducation. Si elle avait trimé ainsi pour rejoindre ses amies au gymnase et rire avec elles pendant quelques heures, les pots d'échappement des 4X4 – au milieu de la ville, ils se foutaient de qui ? – auraient peut-être trouvé un quelconque intérêt, mais ce n'était pas le cas.
Bien sûr, l'adolescente dont les yeux verts balayait les plaques d'immatriculation avec agacement ne pouvait nier qu'elle allait bien au gymnase rejoindre ses amies, et peut-être même rire avec elles, même si cette partie s'annonçait plutôt mal. Non, c'était après que ça clochait. Car, pour la blonde, rire avec ses amies sous-entendait être seule avec ses amies.
Et la présence de cinq garçons enlevait tout le plaisir des retrouvailles.
La lycéenne serra ses bras autour d'elle. Son irritation la poussait à s'énerver de tout, que ce soit de l'air glacial qui pénétrait dans son nez à chaque inspiration, de ses gants noirs qui la réchauffaient si mal qu'elle avait envie de se faire rembourser, du manteau beige peu adapté à une telle température ou de l'état de ses finances qui ne lui permettait pas de s'en acheter un nouveau.
Et bien sûr, cerise en plastique sur le gâteau en carton – expression qui lui venait d'un garçon de Suna – de la solitude. L'absence de Hinata se faisait ressentir : depuis que la fille aux yeux blancs avait emménagé chez son amie, toutes deux avaient parcouru ensemble cet ennuyeux trajet. Mais maintenant...
Temari serra les dents et jeta un regard venimeux à un petit garçon qui la montrait du doigt. L'enfant, vêtu d'une épaisse parka bleue, recula d'un pas et ramena sa main enveloppée dans une moufle contre lui. D'habitude, la Sabaku se moquait des gamins ; ce n'était pas la première fois que l'un d'eux la fixait, ou plutôt fixait son étrange coiffure, ces quatre couettes symétriques. Mais aujourd'hui, elle n'était pas d'humeur à supporter les sales gosses à qui on avait visiblement oublié d'apprendre que montrer les gens du doigt ne se faisait pas.
Et la blondeur de l'enfant, ainsi que ses yeux bleu océan, rappelait à la lycéenne un certain garçon qu'elle allait retrouver dans très peu de temps, trop peu à son goût. Uzumaki Naruto avait beau être joyeux et sympathique, il avait malheureusement le défaut inchangeable d'appartenir au sexe masculin, ce qui provoquait en Temari une aversion immédiate. D'autant plus que ce lycéen était ami avec Hyuuga Neji, et que quand elle pensait au noble héritier des Hyuuga, cela la ramenait forcément à...
« Hinata ! marmonna-t-elle, le nez enfoncé dans son écharpe. »
La brune aux iris nacrés était repartie chez son père la veille, après avoir reçu de son cousin l'assurance que le chef de clan ne lui ferait rien. La blonde de Suna soupçonnait Tenten d'avoir un peu forcé la main à son petit ami. Dans quel but ? Pour aider Hinata ou pour éviter à Temari de devoir s'occuper de son amie alors qu'elle avait déjà du mal à s'occuper d'elle-même ? De l'avis de la Sabaku, la balance penchait pour la deuxième solution... Et cela ne manquait pas de la troubler. La brune aux macarons avait cru bien faire en épargnant à Temari la charge d'une deuxième personne. Mais pour la fille aux quatre couettes, la présence de la douce Hinata était une joie, et Tenten ne l'avait pas compris.
Le nœud du problème se trouvait là : alors qu'auparavant, l'entente avait toujours régné entre les cinq filles, à présent, elles ne se comprenaient plus.
Une boule de neige s'écrasant sur son ventre mit temporairement fin à ces réflexions. Furieuse, la lycéenne chercha le responsable, ses yeux verts lançant des éclairs menaçants. Elle ne tarda pas à le trouver : il s'agissait d'un petit brun aux iris d'encre. Quelques larges enjambées lui suffirent pour rejoindre et saisir le fautif, alors que l'eau marron sale dégoulinait sur son manteau beige. Le gamin prit un air apeuré, et ses paupières s'ouvrirent démesurément. Première erreur : ainsi, il offrait à Temari une vue plongeante sur ses prunelles, dont la couleur seule – un noir dérangeant, le même qu'un arrogant héritier – suffit à faire passer l'irritation de l'adolescente au cran au-dessus.
La deuxième erreur fut commise quelques secondes après. Alors que derrière la jeune fille, une voix de femme s'approchait et qu'un chauffeur klaxonnait, l'enfant bafouilla :
« Excusez-moi... Excusez-moi, Madame ! »
C'était la goutte qui faisait déborder le vase ; mais pour la Sabaku, l'étincelle qui met le feu aux poudres convenait mieux...
Car la mère de l'imprudent, avançant au pas de course vers son rejeton, eut réellement l'impression d'assister à une explosion.
Sans prévenir, la gymnaste attrapa le fautif par le col et le souleva. Ses doigts se resserrèrent pour ne pas lâcher, et elle mit une main de chaque côté pour équilibrer sa prise. Les gants noirs formaient avec la parka blanche un contraste frappant, mais aucun des protagonistes ne prit la peine d'apprécier cette image.
« Madame ? Tu m'as appelée MADAME ?
Sur le trottoir, la plupart des passants avaient cessé leur marche pour observer passivement la scène. Seuls les flocons continuaient de tourbillonner, insouciants, piquetant les chevelures d'éclats blancs.
- Je ne suis pas mariée, c'est clair ?!
- Mademoiselle, s'il vous plaît, laissez mon fils tranquille !
La femme courait à présent. Brusquement, Temari se retourna pour la foudroyer du regard.
- C'est votre fils ?
- Oui, et vous n'avez pas à le traiter comme ça ! Ce n'est qu'un enfant !
- Avant de me faire remarquer quoi que ce soit, apprenez à ce gosse qu'on ne lance pas de neige sur les gens en plein milieu de la rue !"
Puis les poings de la Sabaku s'ouvrirent et le garçon, trop surpris pour réagir, termina sa courte chute sur les fesses. La lycéenne tourna les talons, enleva d'un geste énervé les dernières traces de neige sur son vêtement et repartit.


FIN DU FLASH BACK


* * *



Ino s'étira longuement, à la manière d'un chat. Sa crinière blonde se balançait dans son dos alors que les muscles de ses jambes se tendaient au maximum.
La gymnaste se relâcha et enleva d'un mouvement vif l'élastique autour de son poignet, pour regarder d'un air navré la marque rouge qui contrastait avec sa peau si fine. Elle avait beau être d'une minceur confinant à la maigreur, les objets servant à attacher sa chevelure étaient toujours si serrés qu'ils laissaient immanquablement une trace sur le poignet pâle. La jeune fille s'ordonna pour la énième fois d'acheter des chouchous plus larges alors que, d'un geste expert, elle passait la masse de ses cheveux dans l'élastique. Une mèche plus courte que les autres retomba devant son œil, le couvrant complètement.
Yamanaka Ino était là depuis de nombreuses minutes : sa maison était sans doute la plus proche du gymnase, après celle de Sakura. Mais curieusement, celle-ci n'était pas encore là. Plus étrange encore, elle avait oublié sa clef sur la serrure – son amie aux yeux bleus l'avait trouvée en arrivant. On reconnaissait sans peine les initiales HS inscrites en peinture rose sur le porte-clef en métal. Cela la préoccupait, à tel point qu'elle ne s'était même pas rendue compte que depuis maintenant trois quarts d'heure, son corps répétait les mêmes mouvements, étirements, un peu de musculation, figures de base, en boucle. Le justaucorps blanc qui la moulait parfaitement se tendait au rythme des étirements. Ce vêtement convenait très bien à une gymnaste du niveau d'Ino ou de toute autre fille parmi ses quatre amies. Il n'avait qu'un seul défaut : laisser passer le froid. L'adolescente n'avait interrompu sa chaîne répétitive d'échauffements en tout genre que pour faire des allers-retours entre les tapis et le chauffage, qui ne cessait d'augmenter la température sans pour autant réchauffer la jeune fille.
Un léger grincement interrompit cette chaîne monotone. Surprise en train de pousser le bouton à son maximum, la Yamanaka tourna la tête vers l'arrivant.
Il s'agissait de Kiba, Shikamaru, Neji, Hinata et Tenten. Voir tout ce monde débarquant dans la salle rendit à Ino ses esprits : en deux rapides enjambées, elle fut près de Hinata et, après une rapide bise, lui remonta la manche pour regarder la montre blanche incrustée d'améthyste.
Une moue déforma son visage quand la vision de la courbe décrite par les aiguilles depuis son arrivée s'imposa à elle. Les maths n'étaient pas son point fort, mais elle aurait mis sa main au feu – ce qui ne lui aurait pas fait de mal, car le bout de ses doigts était frigorifié – qu'environ deux cent soixante-dix degrés avaient été parcourus.
Soit trois quarts d'heure d'échauffement, se rendit subitement compte la blonde. Elle posa ses yeux bleus sur les trois garçons, remarquant que les deux filles étaient parties se changer, et leur désigna d'un signe de tête altier le coin de la salle. Kiba lui jeta un coup d'œil puis défit son manteau, laissant bondir Akamaru. Il fixait la belle gymnaste avec méfiance, craignant sans doute une nouvelle confrontation au sujet du jeune chien. Mais à son grand étonnement, celle-ci se pencha pour caresser l'animal, fourrant ses ongles dans le pelage blanc. Sans suivre Neji et Shikamaru, déjà partis s'asseoir, le maître-chien s'accroupit à son tour et gratta affectueusement la tête de son ami canin. Un jappement de contentement s'échappa de la bouche du chiot, et Kiba laissa sa paume descendre le long du dos, savourant l'éclat malicieux dans les yeux de la bête.
Jusqu'à ce que sa peau rencontre celle d'Ino. La lycéenne ne s'était pas méfiée, trop heureuse de voir ce petit être plein de vie. Mais le contact rompit cet instant paisible : la gymnaste se releva avec vivacité et fit quelques pas en arrière. L'Inuzuka se contenta de la regarder faire, puis comme s'il ne s'était rien, gratta Akamaru sous le menton. Surprise de se voir ignorée, la blonde en justaucorps choisit de se retourner.
Et croisa le regard nacré de Neji. L'air imperturbable de l'héritier acheva de la troubler, mais ce fut le sourire en coin de Shikamaru, affalé contre un mur, qui provoqua une réaction dont l'adolescente ne se souvenait même plus.
Elle rougit. Sa peau pâle se piqueta de rose, et le froid se mua en une agréable et troublante chaleur. Le Nara poussa un soupir en levant les yeux au ciel, mais une étincelle amusée dansait dans ses prunelles. Quant au Hyuuga, il baissa légèrement la tête pour la remonter tout aussi vite. De la part du lycéen, si économe de ses gestes, celui-ci ne pouvait signifier qu'une chose : une approbation.
Mais Ino avait passé quelques années sans approcher des représentants du sexe opposé, et la relation forte qui la liait à ses quatre amies les poussait à parler de tout à voix haute. Aussi les sous-entendus et messages cachés ne lui étaient pas très familiers.
Personne, entre autres, ne lui avait jamais dit qu'on ne devait pas énoncer tout fort ce genre de choses, et c'est sans doute pour cela qu'elle lâcha :
« Arrêtez avec vos regards, ce que vous pensez ne m'intéresse pas !
Cette belle déclaration fut malheureusement gâchée par un souffle prêt de son oreille.
- Qu'est-ce qui ne t'intéresse pas, Yamanaka ?
Kiba s'était approché en silence. Le doux rose teintant les joues d'Ino devint un bel écarlate, et le bruit de deux portes ouvertes simultanément n'arrangea pas cela.
Dans son dos retentit la voix de Naruto :
- Kiba, tu fais quoi au juste ? On dirait que tu veux embrasser Yamanaka-chan !
- Na...Naruto-kun... J'ai l'impression qu'Ino-chan aimerait que...
- Aucun tact, Uzumaki !
- Naruto, t'en as jamais assez de jouer les boulets...
- Ino, je ne veux pas te déranger mais ils ont raison... Pourquoi Inuzuka a le nez dans ton cou ?
Le visage rouge vif, la gymnaste fit volte-face. Le brun aux yeux chocolat, prudent, choisit de s'éloigner un peu.
Hinata et Tenten étaient vêtues du justaucorps blanc, la porte des vestiaires ouverte derrière elles. Sakura, emmitouflée dans un pull rouge décoré d'un cercle blanc, refermait le battant gris. A côté d'elle, on voyait Naruto dans un traditionnel orange et Sasuke en bleu foncé. Tous, excepté l'Uchiha, gardaient le regard vrillé sur la blonde. Furieuse et embarrassée, celle-ci montra le maître-chien du doigt :
- C'est lui qui s'est approché sans prévenir ! Ce n'est pas ce que vous croyez !
- On ne croit rien, Yamanaka."
Le brun aux iris noirs qui venait de prononcer ces paroles ne lâchait pourtant pas Sakura, qui faisait semblant de ne pas s'en rendre compte. Préférant se sauver plutôt que résoudre ce mystère, la rose alla s'enfermer dans les vestiaires.


* * *



Temari ne savait plus. Devant la porte ouverte, elle hésitait. Une autre personne qu'elle aurait immédiatement fait son choix : en effet, entre rentrer dans le gymnase chauffé ou rester au froid dehors, le choix n'en était même pas un.
Mais pour la Sabaku, il prenait une dimension toute particulière. Rentrer, cela signifierait accepter de se joindre à ses amies, mais aussi à ces garçons. Ces garçons qui restaient des hommes, semblables à ceux qui l'avaient fait souffrir ! Portant, malgré tous ses efforts, la jeunes fille ne parvenait pas à superposer à leurs visages ceux des racailles de Suna. Après tout, ne devait-elle pas avancer, elle aussi ?
"Ne dois-tu pas être heureuse ?" lui murmura avec douceur une petite voix.
La lycéenne secoua la tête. Pas de cette manière-là.
« Pourtant, on veut tous être heureux, peu importe la manière. Tu ne crois pas que toute cette histoire a assez duré ? »
Non, elle ne le croyait pas. Plus jamais elle ne revivrait ces années dans sa ville natale, quitte à se priver de la joie qui retentissait avec les éclats de voix.
« Elles sont heureuses, elles. Essaie, toi aussi. Essaie avant qu'il ne soit trop tard. La solitude est la pire des souffrances... »
Solitude. Ce mot résonna dans l'esprit de la jeune fille, comme le son grave d'une cloche de bronze. Solitude, elle connaissait. Entourée de serviteurs aux petits soins pour elle, de sa famille, des collégiens, l'aînée des chefs de Suna restait seule.
Car y a-t-il un autre mot pour définir l'absence de confident, d'un simple ami ? Le brouhaha qui jamais ne s'apaisait autour d'elle et dont aucun mot ne la concernait. Ces centaines de paroles dont aucune ne lui était dédiée.
Solitude, triste compagne. Pendant longtemps, une gangue de glace avait emprisonnée le cœur de l'adolescente, plus froide encore que la neige qui tombait en minces flocons. Et le printemps n'était là que depuis son arrivée à Konoha...
Temari posa un pied sur le parquet, pénétra toute entière dans la salle, se tourna vers l'extérieur puis, avec une profonde inspiration, avança sa main gelée vers la poignée, la tira et claqua bruyamment la porte.
Dans son dos retentit le rire cristallin et si rare de Hinata.




L'avant-dernier chapitre...
Vous savez quoi ? Au départ, il devait être le dernier. Le suivant sera le futur, en deux étapes : après quelques mois, puis après un an.

Merci à Kakasha ! Beaucoup beaucoup !

Et à vous tous qui lisez et commentez : même quelques mots me font très plaisir (alors un long com, vous imaginez, je bondis de joie et enlace virtuellement l'auteur...)





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