Fiction: Fallen memories

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Alors que les deux ninjas passaient la tenture de devant chez Ichiraku, ils furent stoppés dans leur élan par des cris provenant de l’intérieur du restaurant.

- Choji ! Arrête ça tout de suite !
- T’as qu’a dire à ton chien de se calmer, aussi ! Il me pique mes râmens !
- Et alors ? C’est bien dans son droit !
- A ... arrêtez tous les deux ...

Le flemmard et la jeune femme se regardèrent, complices. Inutile de se demander qui pouvait bien être ici ! Ils passèrent la tenture en souriant.

Sourire qui s’effaça bien vite, lorsqu’ils aperçurent les dégâts causés par l’Akimichi et le maître-chien.

Sur le comptoir se juchait une pile de bols vides, empilés en un équilibre précaire, ainsi que sa jumelle, au sol, celle-ci, avec à ses côtés un immense chien blanc, qui faisait au moins un bon mètre aux épaules, et ... qui semblait adorer les ramens de son maître, qui le regardait d’un air désemparé. Partout par terre jonchaient des nouilles, et, tandis que Shino regardait la scène indifféremment, Hinata, elle, souriait, attendrie par le spectacle qu’Akamaru –car c’était bien lui- donnait.

Temari, qui n’avait plus vu tout ce petit monde depuis bien longtemps, se surprit à les dévisager.

Kiba, Shino et Choji n’avaient pas énormément changé, leurs traits s’étaient endurcis, et ils semblaient plus matures, mais c’était une des rares différences à noter.

Hinata, elle, avait laissé pousser ses longs cheveux noirs aux reflets si bleus jusqu’au bas de son dos. Elle avait grandi, et portait des vêtements plus légers, signe de son émancipation. Elle restait cependant timide bien que courageuse, ayant prouvé bien des fois son appartenance au clan Hyûga, par sa détermination. Sa beauté lui valait une foule d’admirateurs toujours plus nombreux, étant considérée comme une des plus belles femmes de tout Konoha.

Une fois les dégâts réparés (ce fut Shikamaru qui paya le tout), les deux arrivants s’installèrent enfin à côté de leurs amis. Les discussions animèrent la table, et, finalement, vers la fin du repas, le sujet porta sur l’étrange rumeur qui flottait partout dans le village.

- Il y a une rumeur qui circule en ce moment. Tout le monde pense que Naruto, en compagnie de Sasuke, seraient de retour au village, commença Kiba.
- Ce n’est pas une rumeur, dit Shikamaru. Ils sont à l’hôpital, actuellement. Sakura s’occupe de Sasuke, tombé dans le coma. Naruto les aide, lui aussi.

Temari hocha la tête en signe d’assentiment, bien qu’elle trouva la manière de les en informer un peu brutale. Hinata, elle, ne put retenir un hoquet de stupeur, et se leva vivement.

- Ils ... ils sont à l’hôpital ? Excusez-moi, je ... je dois y aller !

Elle sortit en courant.

« Naruto-kun est de retour ! Il est de retour ! Il faut que je le voie ! » Pensait-elle de toutes ses forces, alors qu’elle zigzaguait dans les rues de Konoha, courant à s’en faire éclater les poumons.

Ebahis, ses amis ne purent que la voir sortir de chez Ichiraku à tout allure.

Kiba mit sa tête dans ses mains. Ce fut Temari qui remarqua son trouble la première.

- Elle compte donc tant pour toi ? demanda-t-elle au maître-chien doucement.

Celui-ci sursauta. Puis il regarda la sunnienne, esquissant un petit sourire douloureux.

- Oui ... C’est tellement dur de la voir partir pour un autre... A croire qu’elle n’a jamais vu que lui, dit-il d’une voix rauque, où on sentait nettement percer le chagrin.

Shikamaru le regarda, songeur, puis finalement, lui posa la main sur l’épaule en gage de compréhension.

Kiba lui sourit, alors que, sous sa carapace de bonne humeur, son cœur était torturé par la peine et l’amour qu’il portait à la Hyûga.

Encore et toujours lui. Elle ne voyait que lui, alors qu’il était toujours là pour sécher ses larmes et l’épauler. Et pourtant, c’est après lui qu’elle était partie, courant pour le retrouver.

La vie est vraiment injuste parfois.

Le poing de l’Inuzuka heurta la table, rageur, tandis qu’il serra les mâchoires avec tant de force que ses dents grincèrent.

De toute manière, il était trop tard.

Seule Temari vit la larme couler sur la joue du maître-chien, pour finalement mourir dans son cou, créant un sillon de douleur et de rage sur sa peau mate.

°°°

Sasuke, le sharingan activé, me toisa, une lueur de colère dans les yeux.
- Que fais-tu ici ? dit-il d’une voix menaçante.

Je frissonnai. Les effets qu’avait sa voix sur moi n’avaient pas changé, contrairement à ce que je croyais. Je répondis cependant, avec une voix ferme et mesurée, toisant le regard rouge avec autant de dureté que je le pouvais.

- Je suis venu ramener à la raison un certain ninja qui se fait désirer.
- Ne te moque pas de moi !

Sa voix fuse. Dure. Forte. Ses mots, sans doute en écho avec le lieu dans lequel je me trouve, créent une lame de vent qui m’écorche la joue et déchire une partie de la manche de ma blouse. Je grimace, voyant du sang s’échapper de mon bras.

Je tente de me soigner, mais sursaute, me rendant compte que c’est impossible.

Je suis dans son esprit, après tout, et c’est lui qui mène la danse.


°°°

Naruto surveillait Sakura, qui, toujours inconsciente, avait encore la main sur le front de Sasuke.

- Tout se passe bien, Tsunade-sama ? demanda-t-il, tellement inquiet qu’il tenait à peine en place.
- Oui Naruto, tout se passe bien. Leurs fonctions vitales sont stables, elle se débrouille bien, répondit Tsunade, remarquant que, sous l’angoisse, Naruto ne l’appelait plus grand-mère.

Cela la fit sourire.

Tous deux ne virent pas l’entaille à la joue de Sakura, et le sang qui commença à s’écouler de son bras, caché par une couverture placée là par un ninja anxieux.

°°°

- Tu perds ton temps, Sakura. Je ne me réveillerai pas. Tout ce qui m’attend, c’est la mot ou la prison à vie. Alors repars immédiatement. Je ne te suivrai pas.

Sa voix résonne, troublant le silence qui s’était installé entre nous.

Je le fixe durement, compressant mon bras de ma main valide pour empêcher l’hémorragie de s’aggraver.

- Je pourrais t’aider. Et Naruto, aussi, répondis-je, pleine malgré moi d’un espoir que je croyais disparu.

Il éclate d’un rire méprisant et amer.

- Toi ? M’aider ? Naruto est un grand ninja, on l’écoutera, mais toi ! Laisse moi rire. Tu n’as aucun poids au village, boulet.

Le poids de ses mots, ajoutés à l’environnement, me fait l’effet d’un coup de poing à l’estomac. Je tombe à genoux, penchée en avant.

Le petit Sasuke, qui n’avait pas bougé, se précipite vers moi.

- Sakura-chan, Sakura-chan, tu vas bien ? Me demande-t-il, angoissé.

Alors que je tente de répondre, Sasuke toise son double miniature avec un air méprisant. Il sort son sabre ...

- Non ! Pas ça ... Pas ça ... tu es mon ami, je t’ai aidé ... ne me fais pas de mal, ne me tue pas ... implore le petit en éclatant en sanglots.

Sasuke ne prête même pas attention à ses paroles.

J’hurle. Le ninja déserteur fend l’air avec son sabre, et touche le petit de plein fouet. Ce dernier disparaît comme de la brume, non sans pousser un cri d’horreur déchirant. Je ne détourne pas le regard, cependant écœurée.

Il me toise de haut, un petit sourire supérieur sur ses lèvres parfaites. Je lui rends son regard, furieuse, et lui réponds, ma voix prenant un petit accent prétentieux et narquois :

- Parce que tu crois qu’une ancienne élève de l’Hokage, ancien membre des forces spéciales, ninja de rang S, interne en tant que chirurgien et médecin à l’hôpital n’a pas d’importance au village ? Mais mon pauvre petit Sasuke, tu n’as même pas autant d’importance au village que mes doigts de pied, imbécile prétentieux, et ce n’est pas en tuant un gosse que tu pourras me prouver quelque chose achevais-je, méprisante.

Je me relève. Si son visage ne reflète pas l’importance que ma tirade a eue sur son ego, dans ses yeux brillent une lueur de trouble.

- Je ne te crois pas, dit-il posément.
- C’est tellement étonnant de ta part, répondis-je, sarcastique.
- Je n’ai aucune raison de te croire. Tu n’as aucune preuve de ce que tu avances.
- C’est ce que tu veux ? Une preuve ?

Je souris, et, lentement, je commence à défaire les boutons de ma blouse. Lui me regarde, surpris.

- Que fais-tu ?

Sa voix avait tremblé. Je souris encore face à cette petite victoire.

- Désolée, mais si c’est ce que tu espérais, je ne vais pas te sauter dessus, Sasuke, lui dis je, moqueuse.

La proie qui jouait avec les nerfs du prédateur. Avait-on déjà vu un jeu plus dangereux que celui-ci ?

- Que fais-tu, alors ?!

Sa voix avait augmenté en force, signe du fait qu’en lui la panique commençait à éclater.

- Eh bien, je te montre ta preuve, Sasuke-kun, dis-je, aguicheuse, en insistant bien sur le « kun »

Je réussis à enlever ma blouse, me retrouvant avec pour seul haut des bandelettes qui me servent de soutien-gorge.
J’entends nettement son rythme cardiaque s’accélérer.

- Tiens ? Le grand Sasuke Uchiwa est effrayé par un peu de peau ? Je crois avoir trouvé ton point faible, lui dis-je, jouant toujours au jeu de l’ironie.

Je lui montre mon épaule gauche. Y est tatoué le signe des ANBU.

- Ca te suffit, comme preuve ?

Un long silence suit ma question. Il détourne finalement la tête, et je crus apercevoir une teinte légèrement rouge sur ses joues. Je cligne des yeux, et n’aperçoit plus rien. J’ai sans doute rêvé.

- Remets ta blouse. Je te crois.

Une minute s’écoule pendant que je remets ma blouse. Lui ne cesse de me fixer, impénétrable.

- Si tu pouvais arrêter de te rincer l’œil, ça m’arrangerait, raillai-je.

Un vague sourire moqueur apparaît sur son visage, une lueur éclaire ses yeux, pour finalement disparaître.

- Ca ne change rien à ma réponse, Sakura. Je ne partirai pas.
- Avec Naruto et moi comme garants, tu échapperas à la peine de mort, et, qui sait, tu pourras même réintégrer le village ... Réfléchis un peu. Tu as le choix entre rester bloqué ici toute ta vie, ou recouvrer ta liberté et recommencer une nouvelle vie... Ce serait bête de passer à côté, non ?

Je pestai intérieurement. Ma voix s’était encore teintée d’espoir. Il sembla le remarquer, car un fin sourire moqueur s’étala sur ses lèvres fines.

- Tu tiens donc tant que ça à me voir revenir ?
- ... Ce n’est pas que pour moi. Tu manques à beaucoup de monde, au village. On veut tous que tu reviennes, Sasuke.
- Qui te dit que j’ai envie de revenir vivre ma vie au village au milieu d’hypocrites ? C’est beau d’avoir des rêves, Sakura. Mais celui-là, il va falloir que tu le laisses tomber. Car c’est une utopie de petite fille. (Sa voix avait recouvré ses accents glacials, et plus aucun sourire n’éclairait un tant soit peu son visage. Je m’emportai.)

- Alors tu veux rester ici, avec pour seuls compagnons tes vieux souvenirs, c’est ça ? Je les ai vus, tes souvenirs, Sasuke. Ils sont creux. Creux parce que tu refuses d’y apparaître ! Tu veux que je te dise ? Tu as peur ! Peur de faire face à la vie ! Peur de nous faire face ! Tu refuses de réintégrer le village car tu ne veux pas prendre le risque d’y être refusé ! Tu as peur ... qu’on te rejette, c’est ça ?

Ma voix flanche sur ces derniers mots. Lui me regarde, furieux.

- Tais-toi ! Tu ne sais pas ce que tu avances !!

Encore une fois, ses mots créent un vent violent qui me coupe à la cuisse, cette fois-ci. Si ça continue comme ça, je vais finir par y passer …

- Si je n’en sais rien, dis-moi pourquoi tu t’obstines, Sasuke. Pourquoi tu t’obstines à rester, si tu n’as pas peur de faire face ? Je ne te comprends pas … dis-je, la voix douce.

Pour toute réponse, il tourne la tête sur la droite. Suivant son regard, j’aperçois, émergeant de la brume de ses souvenirs, un couple d’adultes aux cheveux noirs, tenant chacun par une main un petit garçon… Je retiens un hoquet. C’est Sasuke !

Je regarde son visage. Bien qu’impassible, je vois nettement dans ses yeux une tristesse ravageante.

- Sasuke …

Ma voix n’a été qu’un soupir. J’ai enfin saisi une partie de sa souffrance …

Je m’approche de lui, jusqu’à me retrouver à ses côtés. Lui se laisse faire, ou en tout cas ne me remarque pas, tout à son chagrin. Tous deux, nous regardons ce souvenir s’effacer, remplacé par un autre… Une scène de famille comme une autre, mais tellement triste, par son titre posthume …

- Sasuke… dis-je doucement. Je ne peux comprendre toute l’ampleur de ton chagrin, mais je ne peux te dire qu’une chose… Si tu restes ici, tu finiras par mourir de chagrin, c’est inévitable… Je peux comprendre que tu veuilles rester ici, au milieu de ce qu’il te reste de ta famille, mais … tu as tellement de choses à vivre ! Nous sommes là, Sasuke. Depuis le début. Le seul problème c’est que tu n’as pas su où regarder.

Je m’approchai encore, si près que j’aurais pu le toucher sans avoir besoin de tendre mon bras.

- Souviens toi … Nous avons toujours été là, dès le début… Prêts à t’aider, à t’épauler. Tu as juste choisi de ne pas nous voir …

Il me regarde. Dans ses prunelles onyx luit du doute.

- Sakura …

Sa voix n’est que murmure. Je me recule. Il tend la main vers moi, doucement. Je me recule encore. Je me force à ne pas attraper cette main, à la serrer contre mon cœur… Il a un choix à faire.

- Sasuke … à toi de choisir. Nous serons toujours là. A attendre. A t’attendre. N’oublie juste pas où il faut regarder …

Il s’avance vers moi, impénétrable. Seule sa main blanche tendue vers moi m’empêche de penser qu’il veut me tuer.

Je tends la main, effleure ses doigts … et disparais comme la brume.

- A toi de choisir, murmurais-je avant que le jutsu ne se dissipe.

Ma dernière vision de lui est un visage parfait dans lequel les yeux onyx reflètent une tristesse infinie.

Maintenant, c’est à lui de choisir …





Un chapitre de plus ... Et cette fois-ci, je vous laisse patauger en plein suspense !! (et quel suspense -_- parfois, j'ai honte xD )

Merci, vos com's et vos appréciations me réchauffent le coeur !! <3

Raiko666 =)

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