Fiction: Ishitsu, le rêveur et la reine

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« Fatigué... Je suis tellement fatigué… Et cette tête qui me fait si mal ! Pourquoi ne puis-je dormir ne serait-ce qu’une nuit complète, pourquoi mes pensées ne peuvent me laisser en paix… »

Loin des petites douleurs frontales, c’était tout le crâne d’Ishitsu qui le faisait souffrir comme compressé de toutes parts dans un étau. S’accompagnait à cela un régulier « clac » qui se faisait ressentir telle une liaison entre deux neurones qui céderait ou comme un élastique trop tendu.
Un médecin lui avait expliqué qu’une partie des échanges d’informations neuronales s’effectuaient très mal, voir quasiment plus. Pour schématiser certaines de ses synapses étaient bloquées par un neurotransmetteur et le résultat avait pour effet celui d’un péage d’autoroute que l’on fermerait pendant les vacances. Bien sur, en plus de cette pression cumulée, les informations ne passaient pas.

Mais si le pourquoi lui avait été expliqué, cela ne solutionnait pas son problème. A la difficulté de s’endormir, s’était au fil du temps ajouter la faim qui disparaissait, l’obligeant à se forcer à manger quand il n’oubliait pas. Et cette douleur... Cette douleur !

Il avait tout de même apprit à la comprendre plus que par une simple explication scientifique. Lorsqu’une difficulté survient dans le quotidien de tout à chacun, un problème personnel sur lequel on s’interroge soi-même pour essayer de trouver une solution, et bien pour lui les questions s’accumulaient dans sa tête, sans pouvoir déboucher sur une réponse. Et plus il se questionnait, plus elles allaient et venaient, semblant rebondir partout dans son crâne, et s’entrechoquer violement lorsqu’elles se rencontraient, ajoutant à la pression ce « clac » très douloureux.


Il ne pouvait rien pour ses plus gros problèmes, de ceux qui touchent l’âme et le cœur. Mais pour les plus banales, les plus courants, il avait trouvé dans l’occupation un remède à ces pensées harcelantes. Il ne pouvait par contre rester trop longtemps sur une même activité, puisque dans la lassitude qui s’installe avec le temps, les problèmes personnels s’insinuaient de plus en plus apportant avec eux ce mal de crâne. La seule solution restait donc le changement régulier d’occupation, afin de ne pouvoir être prit que par celle-ci.

Autour de lui, les murs de sa chambre commençaient à se colorer d’une teinte chaude et orangée, et par la fenêtre, au loin derrière l’horizon apparaissaient les premières lueurs du jour. Si les nuits étaient les mêmes depuis des mois, Ishitsu s’était, malgré les blessures passées, remis à avoir des projets… A vrai dire c’était totalement nouveau pour lui penser et faire des choses pour soi et personne d’autre. Ce n’est pas ce qui lui plaisait le plus mais il sentait bien que c’est ainsi qu’il lui fallait avancer. Il s’était alors trouvé un nouvel appartement, pas forcément plus grand, mais qui symboliquement l’aiderait sûrement à écrire une nouvelle page. Il retrouvait goût aussi dans les différentes tâches que le Shodai lui confiait même si il était pressé d’être véritablement installé dans son nouveau logement pour pouvoir pleinement s’y remettre. Il ne se sentait pas moins seul pour autant, mais avait apprit à faire avec et s’était finalement résigné à cela…

Après s’être préparé, et que le jour fut levé, il fit un rapide détour au bureau du Shodai afin de savoir si des problèmes majeurs n’étaient pas survenu dans la nuit, mais aussi afin de savoir simplement comme allait le Kage et Sherasan. Généralement cette dernière n’était pas là, mais lorsqu’il demandait au Shodai comment il allait, Ishitsu espérait toujours que si le Shodai lui allait bien, alors Sherasan aussi…

C’était certes une déduction un peu simplifiée des choses, mais Ishitsu ne souhaitait pas empiéter sur leur vie privée. Et après tout si la réponse avait été « non, elle ne va pas bien » ou « on s’est engueulé », il aurait fallu demander pourquoi. Seulement Ishitsu a ce don de se mêler de choses qui ne le regarde pas, créant parfois plus de problème qu’il n’y en avait au départ. Alors et bizarrement uniquement pour le Shodai et Sherasan, Ishitsu avait pris l’habitude de ne pas poser plus de question que cela.

Ensuite il se rendit au bar du village.
A vrai dire les habitants s’y rendaient plus pouvoir y discuter et rencontrer du monde ainsi qu’y échanger des informations que pour consommer. Et il arrivait, l’alcool ou la simplicité d’esprit de certain aidant, que des discussions dégénèrent ou encore que dans la foule certains s’essayent à quelques arnaques.
On y rencontrait tout le village, et on y parlait toutes les langues. Ici deux simples badauds qui s’exprimaient en langage smsien, certainement pour ne pas être compris, là un pickpocket qui se faisait harceler afin qu’il rende ce qu’il avait volé, ou là encore une bagarre qui explosait pour une raison qu’aucun des participants ne semblaient eux même connaître.

Malgré tout cela, il était tout de même agréable de s’y rendre dès lors qu’on savait se tenir à l’écart des bols de saké qui traversaient la salle, et un grand nombre de personne profitait au calme de cet espace. Depuis longtemps tout de même, quelques videurs avaient été engagés afin que les quelques petits problèmes qu’il pouvait y avoir se règlent dans le calme sous peine de se faire sortir. Si beaucoup des habitants du village et autres ninjas ne les appréciaient guère, ils étaient toutefois très nécessaires et efficaces dans un tel lieu de rencontre. Et il y a peu, Ishitsu avait rejoint cette équipe.

Ce matin là il fut accueillit en arrivant par deux personnes qui avaient dû trop traîner cette nuit dans le bar en compagnie de quelques bouteilles de saké et étaient entrain de se foutre sur la gueule. C’est toujours agréable de commencer la journée en devant sortir deux personnes du bar… Après les avoir sortit il rerentra et aperçu une autre personne avec un panneau « A vendre », un de ces arnaqueurs qu’il voit tous les jours et que chaque jour il faut sortir… C’était une journée qui commençait bien, et qui avait tout pour le mettre de bonne humeur.

Dans un coin de la salle, Wolfgang et Ysabell. Amoureux fous ils arrivaient pourtant toujours à s’engueuler. Parfois on aurait dit qu’ils étaient sur le point de se déchirer, d’autres fois ils faisaient penser à un vieux couple qui ne cesse de s’engueuler. Mais pour eux aussi tout n’étaient pas rose, ils n’avaient pas vraiment de moment à eux, et c’est ce manque d’intimité qui les poussait parfois à se dire des choses que peut être ils ne pensaient pas… Mais c’était aussi leur façon de s’aimer, un jeu de « je t’aime, moi non plus ».

Ishitsu aimait d’ailleurs les charrier à ce sujet là, et s’amusait parfois à jouer les pseudos amants d’Ysabell sans que personne ne soit dupe afin d’attiser la jalousie de Wolfgang. Pourtant quand Ishitsu était seul avec elle, c’est du couple qu’ils parlaient, de lui, d’elle, de leur Amour même si il n’était pas toujours simple à vivre. Et quand c’est elle qui n’était pas là, parce qu’elle devait s’absenter quelques jours, c’est de lui qu’il fallait s’occuper afin que le manque ne soit pas trop douloureux.
Comme à chaque fois qu’il les apercevait dans le bar, Ishitsu leur adressait un signe ou une petite remarque plus affectueuse que méchante avant de les laisser tranquille si on peut dire et d’aller s’installer seul à une table d’où il pouvait surveiller l’ensemble de la salle.

La matinée suivait son cours comme les autres, et régulièrement Ishitsu devait rappeler quelques règles de respect ici, sortir un ninja qui tentait d’obtenir illégalement des informations sur une mission là, ou encore servir de point d’information sur les actions actuelles du Kage. A force d’entraînement il s’était rapidement habitué à suivre tout ce qui se passait dans la salle et dissocier les différentes discussions. D’où il se trouvait il pouvait alors entendre ce que Wolfgang et Ysabell se disaient, à une autre table on parlait des derniers combats au Naruto Fight Club, ailleurs une voix fluette qui s’élevait en disant bonjour, ou encore un ninja qui avançait à travers les tables afin de recruter pour son clan. Ishitsu surveillait tout ce petit monde tout en pensant à autre chose.

Tout d’un coup il s’aperçut que le bonjour n’avait pas trouvé de réponse. D’habitude il ne réagissait pas et celui-ci finit toujours par trouver réponse, mais là, pour une fois, il parcouru la salle à la recherche de la personne à qui pouvait appartenir cette petite voix. Au milieu de la salle se tenait bien droite et toute souriante une jeune femme. Ishitsu s’approcha et lui rendit son bonjour lorsque la jeune femme se retourna vers lui plutôt étonnée de voir que quelqu’un lui ait finalement répondu.

Ils s’assirent à une table et se mirent à parler de tout et de rien, simplement parler et rire. Elle s’appelait Framboise et travaillait à la correction de l’espace littéraire du village. Et pendant cet instant Ishitsu oublia ses soucis, ses maux de tête, les voix autour de lui dans la salle. Pendant cet instant plus rien ne semblait le troubler si ce n’est les yeux de Framboise posés sur lui. Pendant cet instant Ishitsu était heureux comme il ne l’avait pas été depuis trop longtemps et une bagarre générale aurait pu éclater à ce moment qu’il serait resté assis à l’écouter parler.






hmm .. always look the bright side of life ? :D

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